Interviews à Bordeaux

Pollux se proclame elle-même « historienne du dimanche ». Cet excès de franchise ne l’empêche pas de mener ses interviews imaginaires, toujours très bien documentées, avec passion et humour.

Après avoir (faussement) rencontré les personnalités historiques de Nantes et de Lyon, l’auteur a jeté son dévolu sur la ville de Bordeaux, elle-même grande pourvoyeuse de personnages emblématiques ayant contribué au rayonnement du pays.

On est donc heureux de retrouver Montaigne, Montesquieu, Rosa Bonheur, Jacques Chaban-Delmas ou encore Odilon Redon, peintre symboliste.

C’est bien sûr l’humour qui caractérise en premier lieu le ton des interviews. Pollux n’hésite pas à installer une vraie proximité avec ses personnalités, suscitant de leur part des réponses spontanées et souvent surprenantes. Ainsi, l’interview de Montesquieu :

« P : À l’âge de 32 ans, vous publiez les Lettres persanes.
M : Chuuuut, je les publie anonymement !
P : Enfin, Montesquieu, soyons sérieux, tout le monde sait que c’est vous, voyons ! Concentrons-nous plutôt sur le contenu de cet ouvrage.
M : C’est un ensemble de lettres de deux Persans (fictifs, du coup), Usbek et Rica, qui quittent Ispahan et voyagent en Europe. Le récit sous forme de lettres permet d’avoir des textes courts, et le regard d’Usbek crée un effet décalé qui donne une vision faussement naïve sur différents aspects de notre société occidentale.
P : Un peu genre les Marseillais à New York ?
M : Plaît-il ? »

En cette période de confinement, propice à la lecture, l’ouvrage de Pollux saura apporter de belles tranches de culture et des sourires spontanés. Toujours ça de pris.