Le littoral aquitain est-il vraiment menacé par l’érosion ?

Le littoral aquitain est-il vraiment menacé par l’érosion ?


Changement climatique, tempêtes sans cesse plus violentes, montée du niveau de la mer… Les côtes de Nouvelle-Aquitaine subissent de plein fouet l’érosion.

Les plages aquitaines sont-elles condamnées ? – Crédit photo : Valentin Wechsler

L’une des régions les plus concernées ?

Les études régionales ne prêtent guère à l’optimisme. Plus de 25% du linéaire côtier aquitain, soit environ 270 km, sont concernés par l’érosion, avec certains secteurs (Gironde, Landes) particulièrement touchés. Le recul moyen du trait de côte se situe actuellement à 2,5 m/an en Gironde et à 1,7 m/an dans les Landes, pouvant atteindre localement plus de 10 m/an lors d’événements extrêmes.

Entre l’estuaire de la Gironde et celui de l’Adour, la côte est constituée essentiellement de dunes et de plages sableuses, donc fragiles face aux tempêtes et aux courants.

Certaines zones apparaissent critiques, à l’instar de la pointe de la Négade, de Soulac-sur-Mer et d’autres communes littorales : Cap Ferret, Biscarrosse, Mimizan, Capbreton… En moyenne, le recul du trait de côte sableux pourrait atteindre 50 mètres d’ici 2050, en plus des reculs liés à d’éventuels événements tempétueux majeurs.

On le sait, le changement climatique accentue l’élévation du niveau de la mer, l’intensité des tempêtes et modifie le transit sédimentaire naturel, aggravant ainsi l’érosion. Les activités humaines, telles que l’urbanisation du littoral et l’installation de protections artificielles, déséquilibrent également les processus naturels de renouvellement du sable.

Les conséquences peuvent être importantes. Ainsi, des milliers de logements, équipements publics et infrastructures touristiques sont menacés à moyen et long terme. D’ici 2100, plus de 85 000 logements pourraient être impactés si aucune mesure n’est prise.

L’érosion entraîne également la déstabilisation des écosystèmes côtiers et le recul des dunes, sans même évoquer la pression exercée sur le tourisme.

Diverses stratégies à mettre en place

La région Nouvelle‑Aquitaine privilégie une combinaison de mesures de protection du littoral et de repli stratégique pour répondre à la menace. Ce sont d’abord des techniques de génie écologique, favorisant les solutions douces, telles que la restauration des milieux naturels côtiers (dunes, plages, cordons dunaires) et le renforcement de la végétation pour retenir les sables et limiter l’érosion.

Les autorités ont recours ensuite à la mise en place ponctuelle d’enrochements, épis, ou autres infrastructures défensives seulement là où leur impact environnemental reste limité.

La préservation des espaces littoraux s’impose aussi dans la lutte contre l’érosion. Il s’agit par exemple d’appliquer de manière stricte la Loi Littoral, d’interdire toute construction dans la bande des 100 mètres depuis le rivage hors zones déjà urbanisées, d’assurer une protection renforcée des espaces boisés et des sites remarquables.

Lorsqu’aucune solution pérenne ne peut être envisagée, l’alternative reste celle du repli stratégique, préférentiellement par le déplacement des biens exposés vers des zones moins vulnérables, soit via translation proche, soit par relocalisation complète d’activités ou de bâtiments quand le risque devient critique.

Dans certains cas, il pourrait être procédé à la suppression et à la démolition des installations ou à l’évacuation des populations.

La stratégie régionale (SRGBC) insiste sur la prévention, la culture du risque, le développement de la connaissance, et la concertation locale pour adapter chaque action aux spécificités des territoires.

Depuis 2012, plus de 45 communes sont engagées dans des stratégies locales de gestion de la bande côtière : diagnostics, plans d’actions, financements dédiés pour les opérations de relocalisation et d’adaptation.

Bien que l’état des plages du littoral aquitain ne soit pas alarmant aujourd’hui, les pouvoirs publics encouragent un repli stratégique anticipé et maîtrisé, tout en adaptant les mesures de protection là où elles restent pertinentes, afin de réduire la vulnérabilité à moyen et long terme.