Patrimoine et cultures des Landes

Des airiaux des Landes de Gascogne à l’influence architecturale béarnaise en terres de Tursan, de la mayade à la course landaise, le département dévoile une vraie richesse patrimoniale et culturelle.

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L'écomusée de Marquèze permet de s'imprégner de l’atmosphère d'un airial - Crédit photo: FranceSudOuest

L’écomusée de Marquèze permet de s’imprégner de l’atmosphère d’un airial – Crédit photo: FranceSudOuest

L’habitat traditionnel

La maison typique landaise à laquelle on pense tout de suite est celle qui correspond aux régions du Born, du Marensin et de Maremne, mais le département profite d’un véritable éclectisme architectural et patrimonial selon ses pays, de la Chalosse au Gabardan.

Le long du littoral, donc, mais aussi dans les Grandes Landes, la maison landaise (oustaù) est reconnaissable entre mille grâce à ses colombages apparents. Entre chaque poutre, les charpentiers (qui construisaient généralement seuls les maisons, sans l’aide d’un maçon) utilisaient du torchis puis, plus tard, de la briquette, disposées à plat ou en oblique (en fougère). La pierre, rare dans cette région, est rarement utilisée, c’est vraiment le bois tiré du chêne qui constitue l’ossature du bâtiment.

Assez souvent, la charpente déborde la façade et forme un auvent, façade toujours orientée à l’est afin de ne pas subir les intempéries et les rafales de vent issues de l’océan.

À l’instar de bon nombre de constructions domestiques réparties à travers tout le département, l’intérieur est assez simple, composé d’une travée centrale (ou pièce commune), où chambres et réserves sont attenantes, disposées dans les travées latérales.

La pièce principale sert de salle à manger et de cuisine, à proximité de la vaste cheminée. Au plafond, les poutres sont volontairement apparentes. Elles s’avèrent utiles pour suspendre de bons gros jambons, qui sèchent en toute quiétude et qui rétrécissent au fur et à mesure des découpes gourmandes.

Les Landais ont été des précurseurs en matière de télé en relief.

Les Landais ont été des précurseurs en matière de télé en relief.

La particularité de nombreuses maisons de cet univers agropastoral est la proximité directe de la salle commune et de l’étable. Une large ouverture est pratiquée dans le mur, à mi-hauteur, de façon à permettre le passage de la tête des bœufs à l’intérieur même de la maison. Il est ainsi plus facile de les nourrir (plus besoin de sortir) et leur haleine réchauffe un peu la pièce. Pour peu que les bœufs soient de nature joviale ou blagueuse, ils représentent une excellente source de distraction lors des longues soirées d’hiver. Un peu l’ancêtre de la télé, quoi.

Ces maisons typiques de la façade ouest du département ne constituent pas pour autant des bourgs ou des hameaux. Elles sont organisées en quartiers, et selon une hiérarchie précise entre maisons de maîtres et de métayers, au sein d’un airial, une petite clairière entretenue dans les profondeurs de la lande. Les pins ont été coupés et seuls quelques chênes occupent cette surface couverte de pelouse.

L’airial regroupe la maison du maître, celle des métayers, les dépendances, la bergerie, le four à pain, le poulailler, le fenil, la grange ou encore l’abreuvoir. C’est un espace de vie en commun.

En Chalosse, les villages et bourgs viennent remplacer les airiaux. L’environnement, moins hostile, autorise donc à construire des bâtiments en pierres de taille et moellons. La façade principale, enduite, est exposée à l’est et développe un large pignon.

Ce sont généralement des maisons ou des fermes cossues, agencées à l’image des maisons des Landes de Gascogne, avec une travée principale et deux travées latérales. Fait important, même riches, les maisons du pays affichent la sobriété, à l’exception peut-être des remarquables linteaux au-dessus des portes.

Dans le pays de Tursan, l’influence béarnaise commence à poindre le bout du nez. Les maisons sont à 4 eaux et la toiture, plus raide, est constituée de tuiles plates à crochets. On utilise davantage la pierre et le galet. On y trouve moult maisons bourgeoises et des fermes plus isolées.

Enfin, en terres d’Armagnac, les fermes sont édifiées à hauteur des douces collines, souvent agencées en « U », privilégiant la cour fermée. Les maisons, privées d’auvent, sont massives et à étages. La couleur terre des façades épouse celle des paysages.

L’Armagnac est aussi le territoire des bastides (Saint-Justin, Labastide d’Armagnac), édifiées au XIIIe siècle et qui révèlent encore aujourd’hui de petits bonheurs architecturaux, comme les maisons à pans de bois sculpté de Saint-Justin.

Mayades et autres joyeuses coutumes

Ça n’est un secret pour personne : les Landais sont réputés pour leur esprit festif. Les fêtes de la Madeleine, organisées chaque année en juillet, ou la feria de Dax, qui prend place en août, ne sont en fait que les manifestations les plus renommées du département, mais certainement pas les seules.

Les beaux jours venus, les festayres envahissent les bodégas de nombreux villages du département pour perpétuer la tradition, assister aux corridas ou courses landaises, danser au rythme enlevé des bandas et essayer de retrouver leur lieu de villégiature à 4 heures du matin après avoir réalisé qu’il était plus facile de se mouvoir à quatre pattes, même si la direction empruntée un peu au hasard ne s’avère pas être la bonne.

En grattant un peu l’histoire du département, ce besoin de se rassembler et de partager dans la bonne humeur des moments privilégiés s’inscrit dans la vie locale depuis de très nombreuses décennies, voire plusieurs siècles.

Ainsi, les « despourguères », ces travaux qui consistaient à dépouiller le maïs de sa feuille, étaient souvent l’occasion de se rassembler après une dure journée de travail, de discuter, de plaisanter et de chanter.

Le « pèle-porc » était un évènement festif très apprécié, qui réunissait les fermiers. Un porc bien gras était choisi, tué, soigneusement nettoyé et finalement dépecé par le paysan-charcutier. Les participants se réunissaient ensuite autour d’une grande tablée gourmande où étaient servis rôtis, canards, poulets, fromages, desserts sans oublier les quantités généreuses de vin.

La fête du pèle-porc va bientôt battre son plein. Tout le monde, ou presque, s'en réjouit.

La fête du pèle-porc va bientôt battre son plein. Tout le monde, ou presque, s’en réjouit.

L’après-midi était consacré à la détente (pour les hommes) et à la préparation du boudin (pour les femmes).

L’asouade, pratiquée du Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle, consistait à faire asseoir un mari trompé ou battu par sa femme sur le dos d’un âne, à l’envers, et à le balader dans les ruelles du village, accompagné par quelques joyeuses personnes qui ne manquaient pas de crier ou de chanter pour attirer l’attention. À défaut de la présence du mari, un voisin jouait le rôle du malheureux. Cette tradition, quelque peu humiliante, fut heureusement interdite.

Les mariages se déroulaient de manière plus amicale. Généralement, tous les habitants du village étaient conviés à l’évènement. Les voisins des futurs époux, munis d’une canne appelée imbitedou, passaient de maison en maison, où chaque invité à la cérémonie entourait la canne d’un ruban de couleur et leur offrait par la même occasion un petit coup à boire. En fin de tournée, il est à parier que l’imbitedou leur servait principalement à rester debout.

Lors du grand repas, les mariés devaient respecter la « roste », consistant à boire dans un pot de chambre.

Enfin, les mayades, qui perdurent encore aujourd’hui dans certains villages, permettent aux jeunes de 18 à 19 ans de choisir une marraine et un parrain, qui les aideront à planter un « mai » (pin maritime décoré) devant le logement du maire, celui de ses adjoints et au centre de la commune, le soir du 30 avril. Un grand banquet est organisé ensuite.

Selon la tradition, le but est ensuite d’aller faire tomber les « mais » des villages voisins tout en n’oubliant pas de défendre le sien.

Quelques jours plus tard, la mayade prend fin à l’occasion d’un grand bal. Certains villages des Landes organisent toujours cet évènement pittoresque, à l’instar de Saint-Vincent-de-Tyrosse, Saubion ou encore Narrosse.

La course landaise

Elle participe grandement à l’identité du pays landais et à son expression culturelle, et ce depuis fort longtemps. Selon l’Observatoire National des Cultures Taurines, « Le document authentique le plus ancien conservé aux archives nationales fait état en 1457 d’une coutume immémoriale de faire courir vaches et bœufs dans les rues de Saint Sever à l’occasion des fêtes de la Saint-Jean. Ensuite, pendant plusieurs siècles, on connaît surtout la tauromachie landaise par les différentes tentatives d’interdiction dont elle fut l’objet à maintes reprises et sans succès. »

Au cours du XIXe siècle, il est décidé que les courses soient organisées dans des périmètres fermés, les arènes. Ensuite, des tampons sont placés à l’extrémité des cornes des vaches, afin d’éviter les coups mortels.

Les vaches, autrefois attrapées dans la nature, sont aujourd’hui élevées au sein de ganaderias. Leur destin est plus joyeux que celui des taureaux destinés à la corrida puisque la course landaise n’implique aucune mise à mort. Le but n’est pas ici de combattre l’animal, mais de faire preuve d’une redoutable agilité pour éviter sa charge.

Trois figures caractérisent la course landaise : la feinte, l’écart et le saut.

L'écarteur dans toute sa splendeur (fêtes de Gabarret en 2015) - Crédit photo : Florian (Flickr

L’écarteur dans toute sa splendeur (fêtes de Gabarret en 2015) – Crédit photo : Florian (Flickr)

L’écarteur, placé au centre de l’arène, appelle et provoque la vache pendant quelques instants. Passablement énervée de recevoir des noms d’oiseau, celle-ci amorce sa charge en direction du bonhomme, qui, au dernier moment, alors que les cornes le frôlent, amorce un écart intérieur ou extérieur. Tout se joue en une fraction de seconde et l’écarteur doit aussi veiller à la beauté du geste.

Le sauteur, quant à lui, peut s’apparenter à un véritable gymnaste. Il lui faut en effet une sacrée dextérité, une souplesse sans faille et un don de propulsion quasi divin pour s’élever dans les airs dès le fougueux animal arrive à son niveau. Le saut peut revêtir différents aspects : le saut à pieds joints ou le saut à la course, le torero allant dans ce cas à la rencontre de l’animal. À l’époque, on pratiquait également le saut à la perche, mais cette pratique a été abandonnée.

Il existe différents types de course, tout au long de la saison, de février à novembre : la course formelle, le concours landais, la course de seconde… chacune répondant à une organisation différente. Certaines de ces courses entrent dans le champ de la compétition, qui intègre en son sein les clubs affiliés à la FFCL.

Chaque course landaise s’accompagne bien sûr d’une animation digne de ce nom, souvent assurée par une banda. Pendant la période estivale, la course est considérée comme un évènement majeur de n’importe quelle feria. Elle permet de réunir de vieux Landais à la culture phénoménale et des vacanciers, souvent surpris et impressionnés.

L’on dit que la Mecque de la course landaise est le village de Pomarez. Ses arènes accueillent les courses les plus réputées. Dès leur plus jeune âge, les gamins de la commune et des environs sont initiés à la noblesse de la discipline et apprennent avec beaucoup de sérieux l’art de l’écart, un gros ballon remplaçant bien sûr la vache.