Patrimoine et cultures en Lot-et-Garonne

Ici, la culture nourrit la culture. Depuis toujours, ou presque, la qualité de la terre, l’abondance de l’eau, et la bienveillance du climat ont contribué à faire de cette belle contrée du Sud-Ouest le potager et le verger de la France.

Pigeonnier à Layrac

Pigeonnier à Layrac – Crédit photo: Renaud Camus – Flickr

Une tradition avant tout rurale

Les activités agricoles dictent toujours le rythme de vie du département et représentent le cœur de son économie. « Les citadins n’ont jamais rompu avec la campagne et possèdent de solides racines paysannes. Si la bourgeoisie a cédé quasiment la totalité des métairies ou des biens fonciers qu’elle possédait encore, elle a acheté des maisons de maître, les fermes abandonnées par les paysans pendant la phase de concentration de la propriété agricole, pour y établir résidences secondaires ou principales. Ainsi, se poursuit l’osmose entre gens des villes et du milieu rural, renforcée par la pratique fréquente d’un double emploi » écrit Jean-Paul Charrié dans son ouvrage « Le Lot-et-Garonne » (Éditions Sud-Ouest, 2009).

Les délicieuses tomates de Marmande

Les délicieuses tomates de Marmande – Crédit photo: Par Robyn Jay — https://www.flickr.com/photos/learnscope/4192837989/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37148768

L’agriculture du Lot-et-Garonne se définit avant tout par sa pluralité. Les sols, faciles à travailler, et les structures d’irrigation permettent de favoriser la polyculture.
Tout le long de la Garonne, les cultures maraîchères façonnent les paysages et fournissent des quantités de production parfois impressionnantes : 40 000 tonnes de tomates et de pommes de terre, 30 000 tonnes de melons, 25 000 tonnes de fraises, 10 000 tonnes de haricots verts.

Certaines autres cultures ne bénéficient pas de surfaces aussi importantes, mais participent à la pluralité agricole, à l’image de l’asperge, de la carotte, de la scarole, de l’artichaut et du poivron.

It’s raining vegetables, Alléluia !

Que les amateurs de la chose sucrée se rassurent, ils trouveront ici un véritable paradis grâce aux 16 000 hectares consacrés aux vergers : pommes, poires, prunes, melons, kiwis, raisins, pêches et même des noisettes, dont la production ne cesse d’augmenter.

Le Lot-et-Garonne est aussi une terre de vins, et de bons vins. Les efforts menés par les caves coopératives ont permis d’attribuer l’AOC à quatre vignobles : les Côtes de Duras (1937), les Côtes de Buzet (1975), les Côtes du Marmandais (1990) et les Côtes de Brulhois en 2011.

En conclusion, même si le nombre de chefs d’exploitation est passé de 65 000 à la fin du XIXe siècle à 10 000 à l’aube du XXIe siècle, en raison de la mécanisation, du passage des micro-exploitations à des exploitations plus importantes (42 hectares en moyenne), la tradition agricole reste vivace et humaine en Lot-et-Garonne. Aujourd’hui, 80 % des exploitations sont individuelles et les agriculteurs continuent de préférer, à un niveau respectable, la polyculture plutôt que la spécialisation.

Le pays des bastides et des… pigeonniers

Si le Sud-Ouest est le pays des bastides, le Lot-et-Garonne contribue grandement à cette réputation, avec pas moins de 42 cités en son sein.

Les bastides ont été essentiellement édifiées lors de la guerre de Cent Ans, sous l’impulsion des rois de France et d’Angleterre. Construites sur un même élan, en quelques courtes années, généralement au sommet d’une colline pour mieux surveiller l’environnement, elles ont été à l’avant-garde de l’agencement urbain, en privilégiant un plan qui soit le même partout. Les rues, tracées depuis la halle, se devaient d’être rectilignes, parallèles et perpendiculaires, se coupant à angle droit. Cette astuce géométrique était justifiée par la nécessité faite aux cavaliers de parvenir rapidement aux murs d’enceinte afin de bloquer toute velléité d’intrusion des envahisseurs.

Les habitants devaient respecter la charte de coutumes, mais bénéficiaient de nombreux avantages : participation à la gestion de la ville, allègement des impositions, protection contre les invasions, vie sociale plus dense grâce à la place centrale où les gens aimaient à se retrouver.

Vue de la vallée du Lot depuis Laparade

Vue de la vallée du Lot depuis Laparade – Crédit photo: Par Jacques MOSSOT — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35145473

Aujourd’hui, les bastides apportent aux paysages du Lot-et-Garonne cette petite touche de magie qui les rend différents. Ainsi, la bastide de Laparade, bâtie à 200 mètres sur un plateau dominant le Lot, offre l’un des plus beaux panoramas du département.

La halle et l’église fortifiée de Villeréal sont typiques du renouveau architectural qui dicta l’édification des bastides. L’église permettait d’accueillir les habitants en cas d’attaque et une vingtaine de défenseurs, postés au sommet des tourelles d’angle. La halle est intéressante grâce à son étage supérieur, utilisé comme comme local municipal.

La bastide de Vianne impressionne par son mur d’enceinte toujours debout, ses tours de défense et ses courtines. Sa création, décidée par le sénéchal du roi d’Angleterre au XIIe siècle, a été justifiée par la volonté de défendre un territoire agricole particulièrement riche.

Autre élément indissociable du patrimoine agricole lot-et-garonnais : le pigeonnier. Le département en dénombre plus de 6 000, ce qui n’est pas rien. Jusqu’au Moyen-Âge, en avoir un était considéré comme un privilège mais, au terme de la Révolution française, leur usage se développe à grande échelle.

La vocation du pigeonnier est d’élever les volatiles appréciés pour leur chair, mais aussi de récupérer leur fiente, appelée colombine, un engrais de premier choix. De plus, le pigeonnier permet d’enfermer les pigeons lors de la période des semailles et de les protéger contre les attaques de rats.

Dans le Lot-et-Garonne, les pigeonniers peuvent dévoiler différentes formes architecturales : pigeonnier à arcades, pigeonnier accolé, pigeonnier auvent.

« Les différents styles et la diversité des formes en font un élément très particulier du décor des campagnes. Si celui de Mézin est sur colonnes de pierre et dispose d’un mur à pan de bois, les autres, avec un étage, utilisent plus fréquemment la brique et la pierre. À Castillonnès, le pigeonnier est de forme ronde. Ceux de Douzains dans le Duraquoi ou de Ferrensac ont une forme carrée » écrit Jean-Paul Charrié dans son livre.