Plusieurs communes du Sud-Ouest rejettent le label « Les plus belles fêtes de France »
La polémique ne cesse d’enfler depuis quelques semaines. La raison ? Le lien entre le label et le milliardaire d’extrême droite Pierre-Edouard Stérin.
Olivier Sorondo – 14 août 2025 – Dernière MAJ : le 14 août 2025 à 14:37

Prise de contrôle de Studio 496
Au début, tout allait pourtant bien. Attirées par le programme de l’association « Les plus belles fêtes de France », de nombreuses communes de Nouvelle-Aquitaine et de France ont demandé le label. L’association avance des arguments intéressants :
« En donnant de la visibilité aux fêtes et à leurs organisateurs, notamment à travers son label de qualité, les plus belles fêtes de France proposent aux Français de redécouvrir la richesse de leurs régions. »
« En proposant une aide concrète aux organisateurs de fêtes sous forme de formations et d’accompagnement à la recherche de financement ou sous forme d’appel à projets, l’association veut initier un élan pour que chaque territoire puisse se donner les moyens de faire vivre sa fête traditionnelle. »
L’association est pilotée par l’agence Studio 496, dirigée par Thibault Farrenq, un ami de Pierre-Edouard Stérin. Ce dernier est d’ailleurs entré au capital de la société en mai dernier.
Catholique fervent, proche de l’extrême droite, l’homme d’affaires a suscité la polémique en déclarant que son action prioritaire était d’encourager une politique nataliste chrétienne et de souche européenne, à travers le projet PERICLES : Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes.
Sa prise de participation dans Studio 496, révélée par la presse, a rapidement suscité la polémique, notamment chez les élus du Sud-Ouest, qui refusent toute récupération politique du label. « Comment valoriser le patrimoine local tout en évitant que les fêtes populaires ne deviennent aussi des terrains d’influence idéologique ? » s’interroge Zian Palau dans Sud-Ouest (10/08/25).
Les premiers désengagements
Des comités d’organisation de plusieurs fêtes, notamment au Pays basque et en Gironde, dénoncent un manque de clarté sur le fonctionnement de l’association et sur l’utilisation du label. Certaines fêtes rappellent leur volonté de poursuivre leurs activités sans influencer ni leur caractère, ni leur organisation par des mécènes ou structures dont les valeurs peuvent être sujettes à débat. Le souhait est d’éviter avant tout risque d’instrumentalisation.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, la mairie d’Hendaye, organisatrice de la Fête basque, a demandé la semaine dernière la résiliation de son adhésion et le retrait du label. Même démarche à Hasparren, qui refuse toute récupération politique.
La célèbre Fête du Piment d’Espelette sort elle aussi du catalogue de l’association « Les plus belles fêtes de France ». La décision a été prise après consultation du conseil d’administration et des membres de la Confrérie du Piment d’Espelette. « Peu importe l’idéologie, qu’elle soit de droite, de gauche ou du centre, nous sommes une association apolitique, donc on préfère se retirer » déclare Romain Casemajor, le président de la confrérie, cité par le site Boulevard Voltaire (11/08/25).
En Gironde, les organisateurs de l’emblématique Fête des Bœufs Gras de Bazas et des Médiévales de Lesparre-Médoc tournent casaque à leur tour. « La Ville de Bazas annonce officiellement sa décision de se retirer du label des plus belles fêtes de France. Ce choix s’inscrit dans la volonté affirmée de préserver l’indépendance et l’authenticité qui caractérisent nos traditions et notre fête des Bœufs Gras » déclare la maire de Bazas, Isabelle Dexpert, au site Républicain Sud-Gironde (06/05/25).