Une nouvelle AOP dédiée au Médoc blanc

Une nouvelle AOP dédiée au Médoc blanc


Il deviendra plus difficile d’associer désormais le Médoc à la seule production de vins rouges. Depuis l’été dernier, le terroir compte officiellement une nouvelle AOP dédiée aux vins blancs, baptisée « Médoc Blanc », validée par l’INAO et publiée au Journal Officiel le 5 août 2025.

vignobles dans le Médoc
Crédit photo : Eileen O’Shea – CC BY-NC-SA 2.0 – Flickr

Finalement, une renaissance

La viticulture en blanc existait déjà dans le Médoc au 19e siècle, avec une production significative jusqu’au début du 20e siècle (jusqu’à 16 000 hectolitres en 1929) avant de disparaître des cahiers des charges des AOC locales au profit des seuls vins rouges. Au fil des décennies, les vignobles ont été divisés par dix pour ne représenter qu’une part confidentielle de l’activité médocaine.

Hélène Larrieu, directrice de l’organisme de défense et de gestion (ODG) Médoc, Haut-Médoc et Listrac-Médoc, estime que le blanc a aujourd’hui toute sa place. « La première raison pour laquelle les vignerons ont demandé d’inclure les vins blancs dans le cahier des charges qui protège les vins du Médoc était de protéger des pratiques et un savoir-faire local qui ont une antériorité importante. Ils voulaient aussi faire reconnaître des qualités organoleptiques communes et spécifiques à une région, et donc une typicité hiérarchiquement supérieure à Bordeaux » déclare-t-elle au site Échos Bordeaux.

Le renaissance se veut toutefois prudente et raisonnable. Si la délimitation géographique de l’appellation Médoc n’a pas été modifiée, tous les châteaux ne peuvent pas ou ne souhaitent pas lancer une production de vin blanc. De fait, celle-ci reste aujourd’hui limitée, ne dépassant pas les 180 hectares, exploités par 75 producteurs.

Le cahier des charges autorise une dominance de sauvignon blanc, complétée par les cépages sémillon, muscadelle et sauvignon gris. Il admet également quelques cépages expérimentaux adaptés au changement climatique comme floréal, sauvignac, alvarinho, liliorila ou souvignier gris, dans la limite de 5 % des surfaces et 10 % des assemblages.

L’élevage sur lie est obligatoire, souvent en barriques (au moins 30 %), afin de renforcer le corps et la typicité du vin.

Se diversifier pour continuer d’exister

Comme le rappelle Pierre Cheminade dans La Tribune (14/10/2025), « le vignoble bordelais pousse sa communication autour de vins de toutes les couleurs pour effacer l’étiquette du vin rouge qui lui colle trop souvent à la peau. Il est donc question dans le Bordelais de plus en plus de vins blancs et rosés, de crémant (vin pétillant) et du clairet, un vin rouge léger. »

La consommation de vin rouge ne cesse de régresser en France, les exportations subissent une conjoncture délicate et un nombre croissant de vignerons se résolvent à arracher leurs pieds de vigne… Diversifier l’offre en misant sur la qualité semble être la ligne de conduite adoptée par les producteurs du Médoc, soucieux de séduire une nouvelle clientèle, notamment féminine.

Les quelques châteaux déjà impliqués dans la production de blanc se réjouissent de la nouvelle appellation. Pour Laura Sorin du château Castéra, cru bourgeois supérieur, citée par le Figaro Vin (21/10/2025), « l’AOC est synonyme d’exigence et de fiabilité et rassure le consommateur. » Même satisfaction chez Clémence de Pourtalès, de château Doyac, qui considère l’appellation comme « une reconnaissance du terroir et l’intérêt du collectif ».

Dès cette année, les viticulteurs pourront apposer le célèbre logo jaune sur leur étiquette.  Le consommateur pourra découvrir un vin blanc qui se distingue par sa fraîcheur, sa minéralité et sa salinité subtile, expression du terroir proche de l’estuaire et de l’océan.

La palette aromatique évoque les agrumes, la pêche, l’abricot et les fleurs blanches, avec un potentiel de garde estimé jusqu’à dix ans.

« Cette reconnaissance valorise un savoir-faire déjà bien ancré sur le territoire et ouvre de nouvelles perspectives pour les producteurs médocains. C’est une étape importante pour renforcer la diversité et la qualité des vins de cette grande région » conclut l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO).