Si la présence romaine a permis de transformer Bordeaux en place incontournable du négoce, les premières invasions barbares, dès la fin du IIIe siècle, déstabilisent la production viticole. Il en sera ainsi jusqu’à l’an Mil.
Le Moyen-Âge se révèle autrement plus favorable. D’abord, l’expansion du christianisme s’accompagne d’une demande croissante de vin, essentiel au culte. Ensuite, le défrichement de nouvelles terres permet la plantation de nouveaux vignobles. Enfin, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et de Henri II Plantagenêt en 1154 fait basculer l’Aquitaine sous l’autorité anglaise. Il permet aussi de développer la distribution de vin vers la Grande-Bretagne. Pendant trois siècles, les Bordelais profitent d’avantages fiscaux, les autorisant à construire un commerce solide. Le port de la ville tourne à plein.
Les guerres menées par les rois de France contrarient certes les exportations, mais n’empêchent pas la vigueur viticole. D’autant plus que la qualité du vin ne cesse de s’améliorer et la réputation de Bordeaux de s’amplifier. Au 17e, les Hollandais deviennent d’importants consommateurs. Un siècle plus tard, le commerce explose grâce au trafic colonial et aux îles d’Amérique (Saint-Domingue et les petites Antilles).
Rien ne semble arrêter la prospérité des producteurs et marchands bordelais. Pourtant, en 1853, la maladie de l’oïdium contamine le vignoble français et dévaste les deux tiers de la récolte. Les vignes touchées sont arrachées, la production dégringole. Le remède, à base de vaporisation de soufre, n’est trouvé que quatre ans plus tard.
Quelques années plus tard, la crise du phylloxéra ravage une nouvelle fois les vignes du pays. Le Bordelais est touché en 1866. Malgré les efforts déployés pour endiguer la propagation du puceron, les viticulteurs se résolvent à arracher l’intégralité de leurs pieds de vigne, progressivement remplacés par des plants américains, plus résistants. Ils servent de porte-greffe pour recevoir des greffons français afin de pérenniser les cépages autochtones.
Il faut quasiment attendre le début du 20e siècle pour que le Bordelais se couvre à nouveau de vignobles en pleine santé. Dorénavant plantés en rangs alignés et non plus en ordre dispersé, ils facilitent le passage de chevaux de trait et l’aération du sol.