Les bienfaits des produits du Gers

Cœur de la Gascogne, le Gers est réputé pour son art de vivre et la qualité de sa gastronomie. C'est également l'un des départements où l'on vit le plus vieux et où l'on enregistre le moins de maladies cardiovasculaires.

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Paysages gersois

Les produits du Gers sont bons pour notre santé – Crédit photo: FranceSudOuest

Le pays de d’Artagnan est très certainement le berceau du French Paradox qui intrigue les scientifiques américains et fait toujours l’objet de nombreuses études. La richesse de la cuisine gersoise et plus encore la qualité des produits qui la compose en sont la principale explication.

Trois d’entre eux méritent d’être découverts ou redécouverts : la figue, le melon et l’ail.

La figue, riche en calcium

Les figues : plaisir de la dégustation et bienfait pour notre petit corps.

Les figues sont historiquement l’une des premières cultures de l’homme et la gastronomie gersoise lui rend chaque année ses lettres de noblesse en l’accommodant dans ses plats et desserts. À juste titre puisque les figues peuvent jouer un rôle équilibrant dans l’alimentation, grâce à sa densité élevée en minéraux, notamment le calcium.

Ainsi, en mangeant l’équivalent d’une demi-tasse de figues, vous obtenez autant de calcium que lorsque vous buvez une demi-tasse de lait. Nécessaire pour les os forts et les dents, le calcium est le minerai le plus abondant dans le corps, mais qui souvent manque dans les régimes. Les adolescents en pleine croissance et les femmes enceintes ont particulièrement un besoin élevé de calcium.

Et ce n’est pas tout. La figue assure également un complément non négligeable en vitamines du groupe B (souvent déficitaires dans l’alimentation), ainsi qu’en substances anthocyaniques ayant des propriétés « vitamine P » (précieuses pour la santé des petits vaisseaux sanguins). Son apport énergétique se révèle finalement raisonnable, puisqu’une figue représente moins de 25 kcalories : la figue est donc sans danger pour la ligne.

Enfin, le fruit est riche en fibres qui se trouvent très efficaces pour stimuler les intestins. De ce fait, la figue est particulièrement indiquée en cas de tendance à la constipation et, pour une meilleure digestibilité, il est conseillé de la choisir bien mûre. Cependant, les personnes souffrant de diverticulose colique doivent impérativement l’écarter de leurs menus : ses petits « grains » risqueraient de s’accumuler dans les diverticules de l’intestin, et de provoquer des troubles.

Consommée en fruit, en accompagnement de magrets et confits, la figue peut être également réduite en purée et employée pour substituer la graisse dans les aliments cuits au four. Mais en terre de Gascogne, la figue sert également au gavage des canards. L’engraissement à base de figues est ici une tradition plus que millénaire qui confère à la chair du canard une finesse, une onctuosité et une saveur incomparables et des propriétés diététiques élevées.

Le Professeur René Babile, de l’École Nationale Supérieure d’Agriculture de Toulouse, a mis en évidence grâce à une étude réalisée en 1998, que la figue modifie la composition des tissus adipeux des canards en apportant plus d’acides gras poly-insaturés et notamment les acides linoléiques et alpha-linoléniques. En augmentant le rapport entre acides gras insaturés sur acides gras saturés, la figue attribue à la viande des facteurs plus favorables à la santé humaine que le canard engraissé au maïs.

Le Melon, sans modération !

Introduit en France à la fin du 15e siècle, le melon a trouvé en Lomagne un sol particulièrement propice. Fruit de l’été par excellence, il peut se consommer dès juin sans hésitation. Il se situe parmi les fruits moyennement énergétiques : il apporte environ 48 kcalories aux 100 g, soit 200 kJ, et sa teneur en sucre est comparable à celle de la plupart des fruits frais (10 à 12 %). Il constitue une excellente source de provitamine A (ou carotène), dont il assure un apport de sécurité : on couvre la moitié du besoin quotidien avec une portion de 100 g de melon.

Le melon fournit également une quantité appréciable de vitamine C (25 mg aux 100 g en moyenne), ainsi que de nombreux minéraux. Riche en potassium (300 mg/100 g), ce fruit du soleil est aussi très désaltérant (92% d’eau). Enfin, c’est surtout une excellente source d’acide folique (ou vitamine B9), nécessaire au développement et au fonctionnement du système nerveux et à l’élaboration des cellules sanguines. Le melon est donc tout particulièrement recommandé pour les femmes enceintes, qui sont souvent carencées en vitamine B9.

Consommé en hors-d’œuvre, il possède des vertus apéritives, et en dessert, il constitue une fin de repas légère et digeste. C’est aussi le fruit de l’élimination, puisque ses fibres favorisent un bon transit intestinal, tandis que sa richesse en potassium et en eau facilite la diurèse. Attention si vous avez les intestins fragiles, ses fibres peuvent elles aussi être agressives pour votre digestion.

melons de lectoure

La réputation des melons de Lectoure n’est plus à démontrer – Crédit Photo: Agence de l’alimentation de Nouvelle Aquitaine

L’ail, facteur de longévité

Qu’il soit blanc ou rose, le Gers est le premier producteur d’ail en France et sa cuisine l’utilise abondamment. L’ail est un condiment apporté par les Croisés qui présente de nombreuses vertus nutritionnelles et pharmacologiques : il préserve l’organisme de bien des atteintes et le maintien en parfait état jusqu’à un âge avancé.

Les chercheurs étudient d’ailleurs activement ses propriétés médicamenteuses, surtout en matière de prévention cardio-vasculaire. Ainsi, l’ail présente une action diurétique qui semble porter surtout sur l’élimination de l’eau, et non de l’urée ou du sodium. Elle est due au rapport potassium/sodium élevé, ainsi qu’à la présence des fructosanes, substances dotées de fortes propriétés diurétiques. De même, l’ail offre une action antibactérienne reconnue expérimentalement par Pasteur en 1858. Cette action vise notamment les bactéries gram +, ainsi que les salmonelles et Escherichia coli. Cette propriété serait le résultat de l’action de l’allicine (ou de ses dérivés).

L’ail renferme également, et en faibles quantités, une substance hypotensive, la prostaglandine PGA 1. Sa consommation régulière permet d’abaisser la pression sanguine.

Enfin, l’ail a des effets bénéfiques sur la fluidité du sang et le taux du cholestérol sanguin. Il réduit en effet l’agrégation plaquettaire, garde au sang une fluidité satisfaisante, et évite la formation de caillots indésirables. Cela s’explique par la présence de certains composés soufrés : trisulfure de méthyle, trisulfure d’allyle, et « ajoène E ». Par ailleurs, selon les études les plus récentes, la consommation d’une gousse d’ail cru par jour (soit environ 3 grammes) permettrait d’obtenir un abaissement significatif – de l’ordre de 20 % – du taux du cholestérol sanguin, et particulièrement du « mauvais » cholestérol LDL.

Aïl du Gers

Ail Violet de Cadours – Crédit photo: Office de Tourisme Grand Auch coeur de Gascogne

Sur les parois des vaisseaux sanguins, l’ail inhibe la prolifération cellulaire à l’origine des premières lésions d’athérosclérose. L’ail pourrait également diminuer la synthèse des triglycérides, et freiner ainsi l’évolution d’une éventuelle pathologie cardio-vasculaire.

Des études japonaises ont mis en évidence que l’ail possède un effet antiallergique particulièrement puissant : des extraits d’ail diminuent de plus de 90 % la réponse cellulaire après exposition à un allergène. Dans ce domaine, il se montre huit fois plus actif que l’oignon, et quatre fois plus que le poireau. On a pu démontrer que l’extrait d’ail agit comme un antioxydant (au même titre que la vitamine E), protégeant ainsi les cellules contre les indésirables radicaux libres.

Last but not least, l’ail pourrait avoir, outre ses propriétés antimicrobiennes et bactéricides, une action antitumorale vis-à-vis de certaines cellules cancéreuses. Chez l’homme, la consommation régulière d’ail (ou d’extrait d’ail) semble renforcer les défenses immunitaires de l’organisme. Sans hésiter, la consommation d’ail est nécessaire, sinon vitale !

Dr A.B., médecin nutritionniste.