Quelle est la signification du drapeau basque ?

Reconnaissable entre mille, le drapeau basque, ou ikurriña, fut hissé pour la première fois en 1894 à Bilbao.

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drapeau basque

Crédit photo: Joseba Ariznabarreta – Flickr

La revendication d’un parti nationaliste naissant

Sa vie fut brève, mais intense. Mort à 38 ans en 1903, Sabino Arana Goiri peut être considéré comme le plus fervent partisan du projet de nation basque, traditionnelle, culturelle et catholique, à l’opposé de la vague industrielle qui touche la Biscaye dans les années 1880. Son amertume se nourrit également de la suppression des fueros (privilèges et libertés accordés aux Basques depuis l’occupation romaine), imposée par une loi espagnole promulguée en 1876.

Arana consacre dès lors sa vie à l’identité basque. Il créé le partido nacionalista vasco (parti nationaliste basque), rédige des ouvrages, diffuse des journaux d’opinion, propose la devise « Jaungoikoa eta Laggi-Zarra » (Dieu et les vieilles institutions) et même un hymne, Euzko Abandaeren Ereserkija.

Sa bataille nationaliste passe aussi par le nouveau nom qu’il donne au Pays basque, Euskadi, et par le drapeau qu’il conçoit et dessine avec son frère Luis, l’ikurriña.

Un drapeau d’abord destiné à la seule province de Biscaye

L’ikurriña est hissée pour la première fois le samedi 14 juillet 1894 au 22 de la calle del Correo, dans le quartier de Siete Calles, à Bilbao. L’honneur en revient à Ciriaco de Iturri, le doyen de la société Euskeldun Batzokija.

Pour Sabino Arana Goiri, aucune ambiguïté ne transparaît : le nouveau drapeau se destine seulement à la Biscaye en attendant que les autres provinces basques conçoivent le leur. En dernière phase, un drapeau de la confédération de l’ensemble des provinces symbolisera la naissance d’Euskadi.

portrait de sabino arana

Poète, écrivain, idéologue, idéaliste, nationaliste, Sabino Arana est le père de l’ikurriña.

L’idéologue basque n’a cependant pas envisagé le succès rapide que rencontre sa création. Les provinces renoncent à créer leur propre étendard pour adopter l’ikurriña.

Cité par Pays Basque Magazine (février-mars-avril 1996), l’abbé Pierre Laffite écrit : « Les Labourdins trouvèrent l’ikurriña si jolie qu’ils l’adoptèrent tout de suite et, peu à peu, on fit partout de même. »

Dévoilé pour la première fois à l’étranger en 1927 à l’occasion d’un spectacle de danse basque organisé au Royal Albert Hall de Londres, le drapeau profite de la mise en place de la seconde République espagnole en avril 1931 pour être largement diffusé.

Emblème du parti nationaliste, l’ikurriña tend à symboliser au fil des années l’unité spirituelle des Basques. Ainsi, « des milliers de drapeaux basques sont déployés lors du premier Aberri Eguna (jour de la Patrie), organisé à Bilbao en mars 1932 (…) On trouve aussi l’ikurriña à Bayonne en juillet 1932 lors du congrès des Txistularis qui coïncide avec les premières fêtes de Bayonne » écrit Jean-Claude Larronde dans Pays Basque Magazine.

Sur l’ensemble des provinces, le drapeau est avant tout perçu comme un signe de ralliement, voire de fraternité.

En 1936, la guerre civile espagnole encourage le statut d’autonomie d’Euskadi. À ce titre, l’un des premiers décrets signés par le gouvernement est de considérer l’ikurriña comme emblème officiel. Le texte précise même ses dimensions et les mesures des deux croix.

Un design séduisant pour un message clair

C’est un fait : l’ikurriña a suscité un véritable enthousiasme auprès des Basques du Sud et du Nord. Il est vrai que son design (ou vexillographie : design propre aux drapeaux) est agréable à l’œil. Certains y ont vu quelques similitudes graphiques avec le drapeau de l’Union Jack.

Néanmoins, la symbolique répond à des principes auxquels étaient très attachés les frères Arana.

drapeau basque

L’ikurriña tel que conçu par les frères Arana en 1894, puis sa version actuelle.

D’abord, le fond rouge représente le peuple basque.

Ensuite, la croix-verte de Saint-André, de la même couleur que le chêne de Biscaye, symbolise la loi qui doit être au-dessus du peuple.

Enfin, la croix blanche sur la croix verte et sur le fond rouge exprime la morale du Christ qui doit régner sur la loi et sur le peuple.

« Ainsi, les différents termes de la devise sont tous représentés au sein du drapeau. Jaungoikoa (Dieu) est représenté par la croix blanche ; Lagi-Zarra (La Vieille Loi) est représentée par la croix verte ; Eta (et) est représenté par l’union des deux croix au centre du drapeau » écrit Sabino Arana.