Le chien de berger basque, l’indispensable compagnon des troupeaux

Le chien de berger basque, l’indispensable compagnon des troupeaux


Peu connu du grand public, le Berger Basque assure ses missions de gardien du bétail avec intelligence et habileté.

L’Iletsua constitue l’une des deux variétés de la race – Crédit photo : Euskal Artzain Txakurraren Adiskideak – Travail personnel – CC BY-SA 4.0

Une origine préhistorique

C’est surtout l’image du Border Collie que l’on associe aux bergers et à leurs troupeaux. Discipliné, obéissant et travailleur, le chien noir et blanc s’est imposé comme une figure incontournable du pastoralisme. La race est même utilisée au Pays Basque, où l’activité d’élevage reste importante.

Pourtant, quelques bergers préfèrent s’adjoindre les services du Berger Basque, certes moins répandu, mais tout aussi efficace dans la gestion d’un troupeau au pied des Pyrénées.

Cette race autochtone serait considérée comme l’une des plus anciennes. Des fouilles archéologiques au Nord de l’Espagne ont ainsi permis de mettre à jour des squelettes canins vieux de 12 000 ans, affichant des caractéristiques proches de celles du Berger Basque.  

Traditionnellement implantée dans les zones de pâturage de Navarre, Guipuzcoa ou de Bizkaia, la race s’est révélée particulièrement adaptée à la conduite de troupeaux.

Son existence n’a pas été oubliée par la mythologie basque. L’une des légendes raconte que le Basajaun (géant des montagnes) l’aurait créé pour mener le combat contre un loup menaçant.

On retrouve aussi le Berger Basque dans de nombreuses peintures du 16e au 18e siècle, signe de son intérêt de la part de l’aristocratie. Des artistes comme Doré ou Guiard représentent ainsi le toutou dans leurs œuvres, tout comme le fera, au 20e siècle, l’artiste Ramiro Arrue.

Néanmoins, la race est menacée à partir de la fin du 19e siècle, à cause notamment des attaques de loups. Les bergers trouvent la parade en faisant appel à des Mastiffs ou à des Patous, dont la puissance apporte une réponse plus appropriée.

Fort heureusement, l’initiative de quelques bergers évite la disparition annoncée du Berger Basque. Ce dernier est employé comme chien d’alarme à proximité des hameaux. À défaut de pouvoir attaquer les loups, le chien prévient de leur arrivée.

Le chien endémique du Pays Basque

Aujourd’hui encore, la population des Bergers Basques reste marginale et localisée dans ses terres d’origine.

La race se compose de deux variétés, aux caractéristiques similaires, mais physiquement différentes.

Il s’agit d’abord du Gorbeiakoa, reconnaissable grâce à sa robe de couleur vive fauve ou rouge feu, son pelage lisse et son museau mince et allongé, souvent pourvu d’une pigmentation. Ses yeux épousent une forme d’amande et ses pattes apparaissent fortes et musclées.

De nature docile et affective, le Gorbeiakoa est particulièrement apprécié au sein des familles d’agriculteurs et de bergers. Ses qualités physiques et son intelligence contribuent à faciliter son dressage et à l’utiliser comme chien de troupeau. C’est donc lui que le public découvre lors des concours de chiens de berger.

Pour sa part, l’Iletsua laisse voir un pelage plus long, une couleur du poil cannelle, une largeur de poitrine plus importante et des oreilles toujours tombantes.

Un peu plus rebelle que le Gorbeiakoa, l’Iletsua reste un gardien vigilant de son territoire, pouvant se montrer méfiant envers les inconnus. Son physique plus imposant lui permet d’assurer des tâches de gardiennage.

« Beaucoup utilisent le Border Collie, qui fait un excellent travail, mais si nous, les Basques, nous ne développons pas le chien de berger basque, qui le fera ? Le Gorbeiakoa a un caractère plus dur que le Border Collie, et il est plus difficile à dresser. Mais une fois que les ordres sont assimilés, ça va assez vite » explique Juan Maiza, éleveurs de Bergers Basques, dans un reportage de France 3 Aquitaine.

La race apparaît toujours menacée aujourd’hui, du fait notamment de l’emploi plus important du Border Collie. Le défi des éleveurs consiste donc à l’imposer davantage auprès des bergers, mais peut-être aussi parmi les particuliers à la recherche d’une race authentique. Il convient toutefois de préciser que le chien n’est pas adapté à la vie citadine, malgré sa gentillesse naturelle. Son quotidien se nourrit de courses et de jeux à la campagne ou dans les décors montagnards.


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Quand une exploitation agricole se transforme en réserve naturelle régionale

Quand une exploitation agricole se transforme en réserve naturelle régionale


Malgré l’intensification de l’agriculture, la ferme du Moulin de la Ville lutte pour protéger et préserver un milieu naturel à la riche biodiversité.

Crédit photo: CPIE Pays de Serres-Vallée du Lot- Association ARPE 47

Une certaine vocation écologique

C’est à toute proximité de la bourgade de Tombebœuf que se trouve la ferme du Moulin de la Ville.

Pendant fort longtemps, les propriétaires, la famille Piveteau, se sont livrés à la polyculture, assez massive en Lot-et-Garonne.

Pourtant, la dernière génération a décidé de revoir son modèle, excédée par l’agriculture intensive et l’utilisation des produits phytosanitaires.

« Mes parents étaient des écolos sans le savoir. Pendant leur activité, ils ont observé les oiseaux, les insectes et les fleurs présents sur leurs terres et n’ont pas voulu que tout cela disparaisse. Ils n’ont pas souhaité vendre à d’autres agriculteurs pour faire du tournesol ou du blé » précise Lydie Piveteau, la propriétaire, à Céline Belliard de Rue 89 Bordeaux (09/11/2020).

Dès les années 90, la famille a eu à cœur de valoriser ses terres, en traçant un circuit de promenade au sein de la forêt alluviale et en maintenant les espaces semi-naturels dans un bon état de conservation.

De fait, les 12 hectares de l’exploitation, dont une partie a été reconvertie en prairie de fauche depuis une vingtaine d’années, constituent un domaine préservé au cœur d’un territoire tout entier dédié à l’activité agricole.

Le paradis de la biodiversité

Depuis le retour à la vie « sauvage », le domaine du Moulin de la Ville s’est transformé en véritable îlot de quiétude. Les milieux naturels se sont développés, à l’instar des prairies humides ou permanentes, de la lande à fruticée, des ruisseaux, de la chênaie mésophile, des forêts alluviales ou encore des pelouses à orchidées.

La flore laisse découvrir des espèces protégées, comme la jacinthe romaine, la tulipe sylvestre et l’orchis à fleurs lâches.

Ce retour en force du monde végétal contribue à celui de la faune, qui se révèle riche et variée. Au total, plus de 300 espèces ont été recensées, dont 95 sont protégées au niveau national. Les différentes études ont ainsi permis de recenser de nombreux oiseaux, qu’ils soient nicheurs ou pas, parmi lesquels la chouette hulotte, le busard Saint-Martin, le milan royal et le héron pourpré.

Parmi les mammifères, le site abrite des renards roux, des blaireaux, des lapins de garenne, des putois d’Europe et même des loutres. L’endroit présente un écosystème favorable à l’accueil des musaraignes et des chauves-souris, qui se seraient déjà installées, selon les premières études.

Les amphibiens trouvent sur place toutes les conditions propices à leur développement. Les différents inventaires ont ainsi permis d’identifier la présence de tritons marbrés et de pélodytes ponctués.

Enfin, cinq espèces de reptiles ont été observées, dont le lézard vert ou la couleuvre à collier. Le site offre en effet de nombreux milieux favorables aux serpents (haies, zones humides, prairies…), laissant d’ailleurs supposer la présence de la couleuvre d’Esculape, inconnue en Lot-et-Garonne.

En route pour le classement !

L’implication des propriétaires a permis, au cours des dernières années, de préserver le site, riche d’une grande biodiversité que nourrit la mosaïque d’habitats naturels. Leurs efforts ont déjà permis d’obtenir le label départemental « Espace Naturel Sensible » depuis 2011.

Surtout, la famille Piveteau a su se tourner vers l’association ARPE 47 (CPIE Pays de Serres-Vallée du Lot) pour l’aider à pousser plus loin son ambition et prétendre au classement en Réserve Naturelle Régionale (RNR), un précieux sésame qui permettrait de faire face aux pressions agricoles environnantes.

Depuis déjà quelques années, l’association procède à un référencement méticuleux des nombreuses espèces qui composent le territoire. Le souhait est de constituer un dossier solide en vue du futur classement. Une première sollicitation du Conseil Régional a d’ailleurs été initiée dès 2014 afin de mieux cerner les modalités administratives nécessaires à l’obtention du statut de RNR.

Les démarches juridiques n’empêchent bien sûr pas d’ouvrir le site aux visiteurs, à travers des sorties thématiques. Le public peut ainsi observer les amphibiens, mammifères et oiseaux, découvrir le verger riche de nombreuses variétés anciennes ou plus simplement s’imprégner de la beauté des lieux.

Il est également prévu d’y organiser des échanges sur l’agroécologie en partenariat avec des professionnels de l’agriculture (INRA, Agrobio47, Conservatoire Végétal d’Aquitaine de Montesquieu).

Enfin, le CPIE poursuit son action en assurant notamment le suivi des populations d’orchis bouffons et de tulipes sylvestres et en organisant différents ateliers participatifs, à l’instar des pêches de l’écrevisse de Louisiane, espèce invasive.

La politique de préservation du site passe aussi par la mise en place d’évènements (projection de films, randonnées …) destinés au public afin de le sensibiliser à la valeur patrimoniale de ce petit bout de paradis.


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L’Arche de Noé du Sud-Ouest

L’Arche de Noé du Sud-Ouest


Créé en 1991, le Conservatoire des Races d’Aquitaine nourrit la noble ambition de sauvegarder et valoriser la variété des animaux domestiques d’élevage. Une action de longue haleine.

Crédit photo : Conservatoire des Races d’Aquitaine

Et si l’identité d’une région dépendait aussi de ses animaux ?

L’exemple du porc basque illustre à lui seul la nécessité de mener le combat en faveur de la conservation des races locales.

Durement frappé par la déforestation initiée au 20e siècle qui le prive de la source principale de son alimentation, le porc Pie Noir, élevé en semi-liberté, disparaît progressivement des montagnes basques. Sa quasi-extinction ne semble pas susciter d’émotion particulière, d’autant que les éleveurs privilégient d’autres races plus productives.

En 1988, Pierre Oteiza, producteur et salaisonnier, retrouve une vingtaine de truies et deux verrats. Associé à quelques autres producteurs de la vallée des Aldudes, il fonde l’association du Porc Basque et décide de lancer un élevage de conservation de la race. Aujourd’hui sauvé, le Pie Noir est élevé et engraissé sur une période de 18 mois. L’animal est à l’origine du jambon de Bayonne Kintoa, détenteur de l’AOC depuis 2016.

Le porc basque a bien sûr rejoint la liste des races d’Aquitaine placées sous la vigilance de l’Observatoire. L’association, fondée en 1991, mène de multiples missions en faveur de la sauvegarde et la pérennisation de la biodiversité des animaux d’élevage.

Pour chaque race suivie, le Conservatoire coordonne les études zootechniques, écologiques et sociologiques, en lien avec différents instituts techniques et scientifiques (INRA, institut de l’élevage, FranceAgrimer…).

La relation étroite entretenue avec les éleveurs permet de leur fournir différents conseils et d’identifier les meilleurs reproducteurs pour la constitution de cheptels en race pure ou à des fins de cryoconservation des semences.

Le Conservatoire cherche aussi à sensibiliser le public aux races menacées ou protégées en participant à de nombreux comices, foires agricoles ou colloques.

Il s’agit enfin de mener différentes actions de valorisation écologique, touristique ou pédagogique.

De la vache bazadaise au dindon gascon

Une vingtaine d’espèces compose le « cheptel » du Conservatoire des races d’Aquitaine.

Ainsi, la vache bazadaise, originaire du secteur de Bazas, en Gironde, fut longtemps utilisée pour l’attelage en agriculture, grâce à sa robustesse. La montée en puissance de la mécanisation, à partir des années 1940, contribua néanmoins à réduire les effectifs, qui passèrent de 60000 têtes à une petit millier 30 ans plus tard. Aujourd’hui, la race est élevée à une seule finalité bouchère, puisque la viande du bœuf gras de Bazas jouit d’une excellente réputation gustative.

L’origine du pottok, emblématique du Pays basque, remonte à la nuit des temps. Ce petit cheval rustique, habitué à la vie en altitude sur les massifs montagneux, a vu sa population baisser en raison du morcellement de ses espaces naturels. Sauvegardé dès les années 1960, le pottok profite pleinement de sa liberté, même dans le cadre d’un élevage. On estime sa population actuelle à environ 6000 têtes.

Pour sa part, le mouton landais a forcément contribué à l’image d’Épinal du berger revêtu d’un gilet de laine et surveillant son troupeau du haut de ses échasses. Pourtant, ses effectifs ont fondu comme neige au soleil au 19e siècle après le déploiement du vaste programme de boisement des Landes, souhaité par l’empereur Napoléon III. L’élevage disparaît au profit de nouvelles activités plus lucratives, à l’instar du gemmage ou de l’exploitation du bois. En 1965, on considère que la race a quasiment disparu. Dix ans plus tard, les quelques souches conservées par les éleveurs et le Parc Naturel des Landes de Gascogne ont permis de relancer l’espèce, qui compte 3000 moutons aujourd’hui.

Enfin, le dindon gascon (ou Noir du Gers) a bien failli disparaître lui aussi, indélicatement remplacé par des animaux issus d’élevage industriel. Très répandu dans le Sud-Ouest, il a longtemps constitué un mets de choix grâce à son environnement fermier et à son alimentation naturelle. Heureusement, il a été possible de reprendre l’élevage à partir de trois souches anciennes retrouvées par les équipes du Conservatoire des Races d’Aquitaine.

Pérenniser l’action du Conservatoire

La sauvegarde des races d’Aquitaine suppose un retour aux méthodes d’élevage traditionnel, plus respectueuses de l’environnement et moins axées sur les objectifs de production. Le Conservatoire peut d’abord s’appuyer sur un réseau d’éleveurs dévoués. Sa démarche dépend également de l’implication de nombreuses associations, à l’instar du Club du Lapin Chèvre, de l’Association Nationale des Ânes et Mulets des Pyrénées ou de la Maison du Pottok.

Les partenaires, qu’ils soient financiers, institutionnels ou scientifiques, apportent eux aussi leur pierre à l’édifice.

Enfin, le Conservatoire privilégie depuis quelques années l’écopastoralisme, « qui permet de promouvoir des races peu utilisées, car souvent moins adaptées à l’agriculture actuelle. Une grande diversité d’espèces et de races rustiques, locales et/ou à petit effectif est ainsi remise au gout du jour par l’écopastoralisme ».

Parmi les races particulièrement bien adaptées, il convient de citer les vaches landaises et bordelaises, les moutons landais ou encore les chèvres des Pyrénées.

La région dispose de sites naturels proposant un environnement propre à accueillir les animaux. Ainsi, l’étang de Langouarde, situé non loin du Porge (Gironde), correspond bien à l’écosystème des moutons landais. Les animaux contribuent à entretenir les lieux tout en favorisant la diversité de la flore.

Sur le massif du Mondarrain, au Pays basque, ce sont les vaches dites Betizu qui se trouvent fort à leur aise. Vivant en toute liberté, elles font quand même l’objet d’une surveillance étroite pour assurer leur protection. Des panneaux de signalisation ont été installés afin de prévenir les randonneurs de la présence des bovins.

Les marais de Plata accueillent pour leur part deux poneys landais. Fournis par le Conservatoire, les équidés suivent la délicate mission d’entretenir les zones humides de la lande tourbeuse. Au programme : nourriture abondante, paysages magnifiques et sentiment de liberté. Une vraie revanche pour cette race, dont la population a fortement chuté depuis le 19e siècle.


Pratique :
Adresse et contact : Conservatoire des Races d’Aquitaine – 6, rue Massena – 33700 MERIGNAC – Tél. 05 57 35 60 86
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