La Gironde, terre de cinéma

La Gironde, terre de cinéma


La diversité de ses paysages et la richesse de son patrimoine attirent les équipes de tournage depuis des décennies. Petit état des lieux, forcément limité et subjectif.

Camping, sorti en 2006, avec Franck Dubosc.

La Gironde, vieille habituée des plateaux

Est-il besoin de rappeler que l’une toutes premières vedettes du cinéma français, Max Linder (1883-1925), est originaire de Gironde, et plus précisément de Saint-Loubès. Jeune homme, il entre au Conservatoire de Bordeaux et joue le répertoire classique dans les théâtres de la ville, avant de connaître un formidable succès cinématographique quelques années plus tard à Paris. En 1922, il revient sur ses terres natales pour tourner le début de son film L’étroit mousquetaire, une parodie de l’œuvre de Dumas.

Autre enfant du pays, Émile Couzinet (1896-1964) lance sa carrière dans l’exploitation de salles de cinéma dans le Sud-Ouest et à Bordeaux avant de privilégier la production et la réalisation de films. Ses œuvres s’inspirent de l’esprit vaudeville du théâtre. Dès 1939, il plante ses caméras dans la capitale girondine (et à Royan) pour tourner L’intrigante (la belle Bordelaise), une histoire de rivalité amoureuse puis de complicité entre un père et son fils.

S’il est difficile de savoir quel a été le premier film réalisé dans le département, on sait que Julien Duvivier a tourné en 1919 sa toute première œuvre, Haceldama ou le prix du sang, dans le Médoc et en Corrèze. Les paysages se prêtent parfaitement à l’ambiance western voulue par le jeune homme, qui s’imposera en quelques années comme un réalisateur majeur.

En 1922, Abel Gance tourne quelques plans de son film La Roue au Casino Mauresque d’Arcachon. L’action du film se déroule à Nice, mais le cinéaste a choisi la station balnéaire girondine pour quelques jours afin de permettre à sa compagne, malade, de profiter des vertus de l’air marin. Cette dernière décèdera pourtant à la fin du tournage…

Des châteaux et des vignes

Pourvoyeuse de talents, la Gironde a aussi su charmer les scénaristes et réalisateurs au fil des décennies. Certains sites se prêtent volontiers à l’accueil des tournages. Ainsi, le château de Roquetaillade, à Mazères, accueille en 1963 Louis de Funès et Jean Marais pour le tournage de quelques scènes de Fantômas. En 1972, c’est au tour de Jean-Paul Belmondo de profiter du prestigieux décor de Roquetaillade dans le film Docteur Popaul, réalisé par Claude Chabrol. Le réalisateur Christophe Gans choisit également le château girondin pour quelques scènes de son célèbre film Le pacte des loups (2001), qui attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles.

Bien sûr, l’immense vignoble du département s’impose naturellement aux productions relatant les sagas des riches producteurs de vin. En 1982, le réalisateur Robin Davis choisit le château Pontet-Canet, situé à Pauillac, pour tourner J’ai épousé une ombre, réunissant Nathalie Baye et Francis Huster. Le scénario relate l’histoire de Hélène, enceinte et abandonnée par son compagnon, qui prend la place d’une femme lui ressemblant au sein de la belle famille, riche propriétaire d’une exploitation.

En 2011, ce sont les relations difficiles entre un père (Niels Arestrup) et son fils (Lorànt Deutsch), qui exploitent un vignoble prestigieux de Saint-Émilion, que choisit de raconter Gilles Legrand dans son film Tu seras mon fils. Vigneron exigeant et passionné, Paul considère que son fils manque de talent et de charisme pour assurer sa succession. Outre le drame familial, le long-métrage rend un vibrant hommage à l’univers vinicole.

Le bassin d’Arcachon, studio en plein air

Grâce à ses décors de carte postale, le bassin d’Arcachon suscite l’engouement des réalisateurs.

Si Claude Chabrol, dans son film La fleur du mal (2003), situe une bonne partie de la narration sur le bassin, Fabien Onteniente décide quant à lui de s’y consacrer pleinement. Excellente décision puisque son film Camping (2006), avec Franck Dubosc dans le rôle principal, dépasse les 5,5 millions d’entrées. Tourné au Camping de la Dune (Camping des Flots bleus à l’image), au pied de la dune du Pilat, le film narre les aventures estivales de Patrick Chirac et de ses amis vacanciers.

Le décor devenu emblématique du film Camping – Crédit photo : Camping de la Dune

Le succès populaire est tel que deux suites sont tournées en 2009 et 2015, mais sans jamais atteindre le même nombre d’entrées.

Détruit lors du terrible incendie survenu à l’été 2022, le camping ayant servi au tournage a pu être entièrement reconstruit, au terme de sept mois de travaux. Les prémices d’un futur camping 4 ?

Autre succès commercial, Les petits mouchoirs, tourné par et avec Guillaume Canet en 2009, donne la part belle aux décors du Cap Ferret, que le public retrouve dix ans plus tard dans Nous finirons ensemble.

C’est également à la pointe du Cap-Ferret qu’a été tourné L’année du requin en 2021. Librement inspiré du célèbre film de Spielberg, Les dents de la mer, le long-métrage des frères Boukherma décrit la frayeur des touristes d’une station balnéaire à l’approche d’un gros requin-bouledogue, en misant toutefois sur quelques touches d’humour. Il ne semble pas que ce pari narratif ait séduit le public ou la critique. « Hybride foutraque qui doit tout à la passion de ses auteurs, mais ne sait pas sur quel aileron nager, ce film de requin made in France est assurément le divertissement le plus bizarroïde de l’été » écrit ainsi le site Écran Large.

Bordeaux, incontournable

Il serait fastidieux de dresser la liste exhaustive des films tournés à Bordeaux. La capitale girondine peut s’enorgueillir d’avoir accueilli des tournages importants, à l’instar de celui du Corniaud en 1964, avec Bourvil et Louis de Funès. Certes, Bordeaux n’apparaît qu’une vingtaine de secondes à l’image, mais les plans d’ensemble filmés par Gérard Oury suffisent à identifier la ville, notamment grâce aux quais, au Pont de Pierre et à la Grosse Cloche. Le film permet aussi de se rendre compte à quel point la ville a changé.

Une autre comédie populaire tournée à Bordeaux ? Les fugitifs ! Réalisé en 1986, le film de Francis Veber complète la trilogie des films d’aventure du couple Pierre Richard et Gérard Depardieu, après La chèvre et Les compères. Cette fois, la cité girondine ne sert pas à tourner quelques plans, elle constitue le décor principal de la fiction. Les aventures rocambolesques de Jean Lucas (Depardieu), ancien repris de justice, et de François Pignon (Richard), chômeur au bout du rouleau, permettent d’identifier quelques lieux, comme le jardin public, la rue Sainte-Catherine ou encore la place du Champs-de-Mars.

Nul besoin de construire des décors historiques et onéreux lorsque les rues bordelaises répondent à l’attente des cinéastes, même si leur histoire est supposée se dérouler à Paris.

Ainsi, en 1982, Robert Hossein adapte Les misérables de Victor Hugo et tourne quelques scènes à Bordeaux. Même réflexe de la part de Patrice Chéreau en 1993 lorsqu’il lance le tournage de La reine Margot, avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre. Ce sont les rues de la Tour-du-Pin et de Saint-Éloi qui accueillent techniciens et comédiens pendant trois semaines.

La même rue de la Tour-du-Pin, décidément très cinégénique, sert également de décor au film Vidocq en 2000, avec Gérard Depardieu et Guillaume Canet.


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La renaissance du château des Milandes en Dordogne

La renaissance du château des Milandes en Dordogne


Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker en novembre dernier, le château de Milandes enregistre une explosion de ses entrées.

château des Milandes
Le public se presse au château des Milandes – Crédit photo: Jacques Bodin – CC BY 2.0

Joséphine Baker entre dans l’Histoire de France

L’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, le 30 novembre 2021, a suscité une abondante couverture médiatique. Peut-être était-elle due au choix singulier d’une femme noire, d’origine américaine, rendue célèbre par la Revue Nègre en 1925. Il s’agissait surtout de rendre hommage à un personnage exceptionnel, militante de la Ligue internationale contre l’Antisémitisme en 1938, infirmière à la Croix-Rouge, résistante zélée tout au long de l’Occupation.

En 1937, elle loue le château des Milandes, non loin de Castelnaud-la-Chapelle. Bâti en 1489, il accueille les seigneurs de Caumont jusqu’à la Révolution. La demeure profite d’une architecture Renaissance et intègre de somptueux éléments gothiques.

Dix ans plus tard, Joséphine Backer décide d’acheter le château et y apporte le confort moderne : électricité, eau courante, chauffage central… Le monument se transforme en nid douillet, permettant à l’artiste et à son mari d’adopter et d’accueillir douze enfants. La grande famille y vivra une vingtaine d’années.

joséphine Baker au château des Milandes
Joséphine Baker au château des Milandes en 1961 – Crédit photo : Jack de Nijs pour Anefo – CC0

Accablée par les dettes, Joséphine Baker doit pourtant se résoudre à vendre le château en 1968. Quatre propriétaires se succèdent, dont Henry et Claude de Labarre, qui l’acquièrent en 2001. Ils en confient la gestion à leur fille Angélique, qui entreprend de lui redonner tout son panache en dépoussiérant l’œuvre de Joséphine Baker.

C’est bien grâce à son travail que le château des Milandes est aujourd’hui associé à l’artiste franco-américaine.

La gardienne du temple ne cache pas son admiration, comme elle l’explique au journal Le Point (01/08/20216) : « Tout me fascine chez cette femme, car c’est une personnalité à facettes. Tout le monde essaie de se raccorder à Joséphine. On voit débarquer des juifs – son premier mari, Jean Lion, était juif –, des francs-maçons, des chrétiens, des libres-penseurs qui affirment qu’elle est des leurs. Mais elle refusait tout embrigadement. Elle militait pour un idéal de fraternité en voulant se mélanger à tout le monde. Pour elle, il n’y avait qu’une race : la race humaine. »  

Une fréquentation en forte hausse

Le travail accompli par Angélique de Saint-Exupéry ces dernières années n’aura pas été vain. Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker, le château des Milandes attire un nombre croissant de visiteurs.

La responsable de l’accueil, Oriane Rouland, constate le dynamisme initié par l’évènement, comme elle le confie à France Bleu (14/08/2022) : « On a presque doublé par rapport à juillet août 2019. On fait des journées à plus de 2.400 visiteurs et ces journées s’enchainent depuis fin juillet. Habituellement, pendant l’été, il y avait certains jours avec des pics à 1.700 ou 1.900 voire 2.000 visiteurs. »

De fait, le château des Milandes s’impose depuis cette année comme une attraction incontournable de la Dordogne. Le public attiré par l’aura de Joséphine Baker profite sur place du travail de fourmi réalisé par la propriétaire des lieux. Angélique de Saint-Exupéry n’hésite pas à parcourir le monde entier pour chiner et récupérer le moindre objet, document ou vêtement ayant appartenu à l’artiste.

La visite des salles muséographiques permet de se plonger dans la vie de Joséphine Baker, depuis sa naissance miséreuse à Saint-Louis (Missouri) en 1906 jusqu’à son bonheur familial au château périgourdin. Succès artistiques à Paris, missions secrètes au service du contre-espionnage français pendant la guerre, combats en faveur de l’égalité raciale aux États-Unis… Ce sont des décennies d’engagement et d’abnégation que relate aujourd’hui le château des Milandes.

Le lieu s’est progressivement adapté à l’inflation heureuse des visiteurs. Ainsi, un food truck et un snack proposent une offre de restauration, en plus de la brasserie. De petits spectacles organisés par des associations locales s’offrent au public coincé dans la file d’attente.

Parallèlement, les travaux de restauration se poursuivent et se concentrent depuis peu sur la chapelle et l’une des tours.

Ce regain de dynamisme vise à pérenniser le magnifique château des Milandes et, surtout, à porter le souvenir d’une femme exceptionnelle, à qui le pays vient de rendre le plus précieux des hommages.

Jeu vidéo « Dordogne » : un peu de quiétude dans un univers de brutes

Jeu vidéo « Dordogne » : un peu de quiétude dans un univers de brutes


Le studio bordelais Un Je Ne sais Quoi sortira en début d’année prochaine sa dernière production, Dordogne. Un jeu vidéo bucolique et nostalgique, qui revendique sa différence et son originalité.

jeu vidéo dordogne
Une approche picturale originale et poétique – Crédit photo : Studio Un Je Ne sais Quoi

Un pari osé, mais prometteur

Inutile de nier la réalité. L’industrie du jeu vidéo s’est essentiellement construite sur des modèles de violence extrême, à même du subjuguer les joueurs et les inciter à interagir en permanence. Call of Duty, Fortnite, Grand Theft Auto, Warcraft… Tuer avant d’être tué, selon une règle entendue et sans doute appréciée du public.

Les possibilités technologiques qu’offrent les consoles ou PC permettent aussi de concevoir des univers apaisés et de proposer une approche ludique plus respectueuse de la manette.

C’est en tout cas l’ambition du studio bordelais Un Je Ne sais Quoi. Associée à la compagnie Umanimation (installée non loin, à Pessac), l’entreprise s’apprête à commercialiser sa dernière production, intitulée Dordogne.

Le jeu nous met en présence de Mimi, une jeune femme de 32 ans de retour dans la maison périgourdine de sa grand-mère, récemment décédée. Cette dernière lui a laissé des lettres et des énigmes à résoudre, obligeant Mimi à se replonger dans ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle passait ses vacances auprès de son aïeule.

Annoncé depuis deux ans, le jeu a été présenté à la dernière Gamescom, organisée en août à Cologne. Le public et les journalistes ont pu découvrir une approche picturale à rebours des productions actuelles. Les 180 décors qui composent le jeu ont en effet été peints à l’aquarelle.

Les créateurs ont privilégié la narration, un peu hors du temps, plutôt que les situations poussant à la dextérité. Il s’agit ici de s’imprégner des mille et un petits détails de la vie à la campagne, comme le chant des oiseaux, le vent qui souffle dans les arbres ou le clapotis de l’eau.

L’émotion comme fil conducteur

La progression dépend donc de la capacité du joueur à résoudre les puzzles et énigmes laissés par la grand-mère. Mimi est ainsi appelée à prendre des photos Polaroïd, à enregistrer des sons, à trouver des mots… bref, à se montrer curieuse. La petite fille explore d’abord la maison de sa grand-mère.

« Nous parcourons d’abord avec Mimi les pièces comme nous feuilletons les pages d’un livre d’images. Au passage, nous interagissons avec des éléments du décor, comme de vieux Paris Match dans les toilettes. Certaines actions nous permettent de trouver des mots, que l’on récolte comme des coquillages glissés dans une poche lors d’une promenade en bord de mer. Une fois que nous les avons tous glanés, nous avons ensuite accès à une nouvelle pièce de la maison : la cuisine, où nous attendent des tartines et du lait » écrit Pierre Trouvé, dans Le Monde (25/08/2022).

Mimi poursuit sa quête hors des murs de la vieille maison, à la découverte des paysages magnifiques de la Dordogne. Les collines, villages lointains, rivières qui serpentent, forêts majestueuses contribuent à attirer l’attention du joueur et à l’inviter à la contemplation. Ici, il est avant tout question de prendre son temps avant de dénicher les réponses aux énigmes.

La commercialisation du jeu est annoncée pour le premier trimestre 2023. Son originalité ne manquera pas de susciter la curiosité du public et de la presse internationale. Les créateurs ont d’ores et déjà été invités au prochain Tokyo Game Show.

À n’en pas douter, Dordogne soufflera un vent nouveau et bienvenu, à même de séduire ceux qui considèrent que le jeu vidéo ne se limite pas à un tir de rafales ou à l’explosion d’une grenade.

Combien y a-t-il de châteaux en Dordogne ?

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Combien y a-t-il de châteaux en Dordogne ?


Surnommée « le Pays des 1001 châteaux », la Dordogne abrite un patrimoine impressionnant. Essayons de faire le compte.

Le magnifique château de Château-l’Évêque, ouvert à la visite – Crédit photo : Père Igor – CC BY-SA 3.0

L’influence des guerres

Le Périgord, ancré dans la longue histoire de France, s’est enrichi au fil des siècles d’un paysage de monuments. Le département profite d’ailleurs de cet héritage unique pour attirer chaque année de très nombreux touristes venus du monde entier.

La construction des châteaux a été initiée dès le début du Moyen-Âge, lors des tensions entre le duché d’Aquitaine et le royaume de France. Elles forment les prémices de la guerre de Cent Ans, qui oppose Anglais et Français à travers les dynasties des Plantagenêt et des Valois.

Les terres périgourdines représentent le cœur des batailles, justifiant l’édifice de châteaux fortifiés pour protéger les populations et asseoir les positions. La rivière Dordogne forme une frontière naturelle entre le royaume de France et les territoires anglais, plus au sud.

Les rois, soucieux de remporter la guerre et de reconquérir l’Aquitaine, accordent aux seigneurs locaux le droit de construire leurs fortifications, à la condition que ces derniers prêtent allégeance à la couronne de France. Le conflit guerrier motive la décision de la royauté, car, en temps normal, la construction de forteresses représente une menace directe en cas de velléité d’indépendance de l’aristocratie périgourdine.

Tout au long des décennies, de magnifiques et imposants châteaux forts sortent de terre, parmi lesquels les célèbres châteaux de Castelnaud et de Commarque.

Bien sûr, la fin de la guerre de Cent Ans ne marque pas la fin des constructions. L’architecture des châteaux épouse le style de l’époque. Certains monuments adoptent ainsi le style Renaissance ou Classique, moins massif et plus harmonieux que celui ayant prévalu pendant la période médiévale.  

On continue d’édifier des bâtisses jusqu’au 19e siècle, à l’image du magnifique château de la Valouze à la Roche-Chalais.

Un comptage forcément approximatif

La notion même de château peut poser problème, car les manoirs, maisons fortes ou demeures nobles ne sont pas considérés comme tel dès lors qu’ils n’ont jamais hébergé de seigneurs.

Néanmoins, le site Châteaux de France a effectué un recensement exhaustif, incluant les châteaux forts, forteresses, manoirs, vestiges de châteaux et ruines importantes.

Sa conclusion est la suivante : 661 châteaux, 67 châteaux forts et 339 manoirs.

De fait, la Dordogne est le département le plus richement doté de France. Il regroupe près de 11 % des châteaux édifiés dans le pays. Certains sont classés Monuments historiques ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Bon nombre de ces demeures appartiennent à des propriétaires privés. Leur état est variable, selon l’ancienneté ou la rigueur des chantiers de rénovation. Des châteaux ont changé de finalité, à l’instar du château d’Embellie, devenu une grande ferme, ou du château de la Barde, qui accueille des jeunes filles handicapées.

La grande majorité reste fermée au public, mais ceux destinés aux visiteurs attirent chaque année une foule importante, avide d’histoire et de sensations. Si les châteaux de Castelnaud, de Biron ou de Beynac peuvent être considérés comme des super stars, d’autres bâtisses méritent le coup d’œil.

Ainsi, le château de Fénelon, à Sainte-Mondane, impressionne par son architecture et son emplacement en hauteur. Bâti au 12e siècle, classé aux MH en 1962, il promet une visite instructive.

Le château de Beauvais, à Lussas-et-Nontronneau, semble tout droit sorti d’un film de Walt Disney. Construit de 1533 à la fin du 16esiècle, il épouse le style d’architecture archaïsante du Périgord Vert.

Enfin, le château Château-l’Évêque (ou château Vincent) ne peut laisser indifférents ses visiteurs, s’agissant notamment de sa façade nord, qui impose le respect. Le monument a été construit au début du 14e siècle, sous l’impulsion d’un évêque.

Le château de Monbazillac fait peau neuve

Le château de Monbazillac fait peau neuve


Décidée à réveiller un monument assoupi, la coopérative de Monbazillac a lancé un ambitieux programme de rénovation et de promotion.

Crédit photo : Jonny – Flickr

Image emblématique des célèbres liquoreux

Les vins de Monbazillac, outre leurs qualités gustatives évidentes, profitent d’une image de marque particulière, que leur apporte le château de même nom. Le magnifique monument, édifié au 16e siècle, attire inévitablement le regard grâce à ses quatre grosses tours circulaires. Acquis par la cave coopérative de Monbazillac en 1960, il domine les 25 hectares de vignes et contribue à leur réputation.

Mais « le lieu ronronnait » depuis quelques années, comme le reconnaît Guillaume Barou, président de la cave. Soucieux de réveiller le château, classé aux Monuments historiques, les vignerons ont initié un projet en 2017, à même de faire entrer pleinement l’appellation Monbazillac dans l’ère de l’œnotourisme.

Après un investissement de deux millions d’euros et huit mois de travaux, le prestigieux édifice révèle un nouveau visage, tout entier tourné vers les visiteurs. « Le château de Monbazillac s’ancre dans le tourisme d’avenir avec cette restructuration de notre offre oenotouristique, et devient ainsi une pépinière d’initiatives » se réjouit Guillaume Barou, cité par le site d’information Vitisphere, dédié aux professionnels de la vigne.

Programme ambitieux et ludique

Depuis le mois de juin, le public est invité à découvrir les trois espaces thématiques.

Le premier, agencé sur une superficie de 300 m², suit une finalité muséographique. Les visiteurs découvrent l’histoire de l’appellation et le processus de vinification, de la vigne à la mise en bouteille. Les concepteurs ont insisté sur les outils high-tech, à grand renfort d’images et de son. L’ambition est de proposer « une approche instructive, ludique et humaine », selon Pauline Auban, la responsable de l’œnotourisme citée par Sud-Ouest.

Le deuxième espace se consacre aux expositions dédiées à l’histoire du terroir, selon différents aspects. La première porte sur le protestantisme et la seconde évoque la famille de Bacalan, habitante des lieux pendant la Révolution française.

Enfin, le troisième et dernier espace ouvre ses portes aux artistes. Depuis le 24 juin, Marlène Mocquet et Laurent Mareschal, respectivement céramiste et sculpteur plasticien, exposent le fruit de leur création. Le château suit aussi une politique de résidence d’artistes, en leur offrant l’histoire des lieux et la beauté du parc pour nourrir leur imagination et leurs projets.

Une demi-journée d’immersion

La variété des animations impose de consacrer quelques heures au château de Monbazillac. Les visites se concluent évidemment par une dégustation du divin breuvage, au pavillon des Arômes.

Même si le vin ne les concerne pas de prime abord, les enfants n’ont pas été oubliés par les organisateurs. Ils peuvent se rendre dans les caves, où différentes attractions les attendent, comme la conception et l’édition d’une étiquette d’une bouteille de jus de raisin.

Des animations sont prévues tout au long de l’été, construites autour de quatre thèmes : le métier, l’utilisation de la robotique, le château dans le territoire et le rendez-vous des vignerons. C’est l’occasion rêvée de rencontrer les viticulteurs et d’échanger en leur compagnie.

Le cadre prestigieux du château de Monbazillac se prête aussi fort bien à l’organisation d’un petit pique-nique, à moins que l’on ne préfère profiter du restaurant maison, le Pavillon Brizay.

Les visiteurs enthousiastes et les amateurs de bon vin concluront certainement leur visite par un passage à la boutique, entièrement rénovée.

Tarifs :

 Deux formules sont proposées :

  • Le Monba’licieux : visite de tous les espaces et dégustation commentée de trois vins : 15 €
  • Le Monbazill’Art : visite libre du château et dégustation d’un vin parmi la sélection : 10 €

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Quelques destinations originales dans le Sud-Ouest

Quelques destinations originales dans le Sud-Ouest


Mine de rien, la région regorge de petits endroits sympathiques pas toujours inscrits en tête de liste des lieux touristiques. C’est aussi ce qui fait leur charme.

Le domaine des Terres Blanches, à Espiet – Crédit photo: les Terres Blanches

Les Jardins d’eau de Carsac (24)

Non loin de Sarlat, au cœur du Périgord noir, se niche un petit paradis que n’aurait pas renié Claude Monet. Les Jardins d’eau de Carsac invitent, sur plus de 3 hectares, à une balade hors du temps. Ici, les lotus du Nil, les nymphéas exotiques et de nombreuses autres plantes aquatiques forment un univers enchanté. On le traverse en s’imprégnant des odeurs, en admirant la composition du paysage et en observant la faune, omniprésente. Ce sont les carpes Koï qui frétillent dans les bassins, les hérons cendrés et les aigrettes qui se régalent des têtards, les libellules qui frôlent les plantes ou encore les grenouilles, véritables maîtresses des lieux.

La visite se nourrit aussi d’un labyrinthe aquatique, dont la superficie dépasse les 3 000 m² et l’itinéraire se prolonge sur 550 mètres de passerelles. Il abrite une trentaine de variétés de lotus, plus de soixante espèces de nymphéas et 150 plantes diverses, parmi lesquelles les papyrus du Nil.

Labellisés « Jardin remarquable » en 2012 par le ministère de la Culture, les Jardins d’eau de Carsac promettent une parenthèse rafraîchissante au cœur de l’été et un retour raffiné à la nature.


Adresse : Saint Rome – 24200 CARSAC
Tél : 05 53 28 91 96
Horaires : Mai, juin et juillet : 10h à 19h – Août : 18h30 – Septembre : 11h à 18h.
Tarifs : Adulte : 8,50 € – Étudiants, jeunes (12 à 17 ans inclus), demandeurs d’emploi, personnes handicapées (indiv. et groupes) : 7 € – Enfants de 6 à 11 ans inclus : 5 €

les jardins d'eau de carsac
Crédit photo: Les Jardins d’eau de Carsac

Les Terres Blanches d’Espiet (33)

Si le Bassin d’Arcachon attire de très nombreux touristes chaque année, la Gironde recèle des destinations un peu plus intimes, mais non moins charmantes. Ainsi, à Espiet, village situé à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, les Terres Blanches épousent les contours du paradis. Le domaine, d’une superficie de 90 hectares, est né après des années de travaux, visant à transformer l’ancienne carrière d’un cimentier en lagon de carte postale.

Planté au milieu des vignobles et des forêts, le domaine se consacre aux plaisirs du farniente et de la baignade. Il est vrai que la plage de sable blanc et la vaste étendue d’eau turquoise promettent quelques heures d’abandon et de frissons de plaisir.

Mais le lieu se prête aussi et surtout aux plaisirs de la glisse aquatique. Le Windsor Wakeboard Camp, l’académie de wakeboard et de wakesurf, y a élu domicile, proposant des stages ou la location d’une large gamme d’équipements.

Ceux qui le souhaitent pourront déjeuner ou dîner au restaurant et même prolonger leur envie de détente au spa Les Petits Bains.


Adresse : 13 La Gueynotte – 33420 ESPIET
Tél : 06 11 51 68 24
Horaires : Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 heures à 19 heures.
Tarifs : Adulte : 5 € – Enfant de moins de 12 ans : 4 € – Réservation obligatoire en ligne.

les terres blanches d'espiet
Crédit photo: les Terres Blanches d’Espiet

La grotte de Lastournelle (47)

En cette période de forte chaleur, la recherche désespérée de fraîcheur peut aussi correspondre à une petite visite culturelle. A Sainte-Colombe, dans le Lot-et-Garonne, la grotte de Lastournelle laisse voir de magnifiques stalactites et stalagmites, mais aussi des coulées de calcite, des draperies et même des colonnes. C’est un spectacle naturel flamboyant qui s’offre au public à travers les sept salles de la grotte, sur plus de 300 mètres.

Pour ajouter un peu d’authenticité à la visite, il est possible de partir à la découverte des salles dans l’obscurité, avec sa seule lampe de poche comme accessoire de progression.

Découverte en 1878 par un paysan qui creuse un puits, la grotte de Lastournelle fait l’objet de quelques explorations. En 1955, les propriétaires du terrain, Joseph et Maria Brys, mettent à jour l’entrée naturelle de la cavité. Un passage est finalement dégagé, permettant un accès plus aisé aux salles et à ses trésors minéraux.

Des animations sont régulièrement proposées au public, comme des chasses au trésor, à même de ravir les enfants.

Un petit restaurant, une boutique et des jeux pour les petits sont proposés aux visiteurs.


Adresse : 1851 Route des Grottes de Lastournelle – 47300 SAINTE-COLOMBE-DE-VILLENEUVE
Tél : 05 53 40 08 09
Horaires : Avril à décembre – Horaires des visites variables suivant l’affluence.
Tarifs : Adulte : 7,50 € – Enfant (de 4 à 14 ans) : 5 €

la grotte de lastournelle
Crédit photo : JYB Devot — Travail personnel, CC BY-SA 4.0,

L’Esturgeonnière du Teich (33)

Depuis déjà quelques années, le caviar français s’impose parmi les meilleurs du monde. Le département de la Gironde contribue grandement à la production, notamment grâce au Moulin de la Cassadote à Biganos et au Caviar Perlita, situé non loin, au Teich.

L’établissement ouvre régulièrement ses portes afin de dévoiler toutes les étapes de fabrication du précieux aliment. Fondée en 1990, la ferme aquacole de L’Esturgeonnière s’est d’abord destinée à la production de chair d’esturgeon, avant de se tourner vers le caviar, au terme d’importants travaux.

Aujourd’hui, l’entreprise assure l’ensemble du processus de production, de la naissance des alevins au conditionnement du caviar. Le site profite de la proximité d’une source géothermale, qui préserve la température de l’eau tout au long de l’année. Grâce à une station de traitement dotée d’une double filtration, les eaux ressortent propres dans les milieux naturels avoisinants.

La visite permet donc de s’immiscer dans l’univers si particulier de la production de caviar, servi dans les restaurants gastronomiques de la planète. C’est aussi l’occasion de prendre (un peu) part à la fête puisqu’une dégustation est même proposée au public.


Adresse : Route de Mios Balanos – 33470 LE TEICH
Tél : 05 56 22 69 50
Horaires : Avril à septembre, uniquement sur rendez-vous.
Tarifs : Adulte : 30 € – Enfant (de 8 à 12 ans) : 24 €

l'esturgeonnière du teich
Crédit photo: Gironde Tourisme

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Nouvelle saison pour le petit train d’Artouste

Nouvelle saison pour le petit train d’Artouste


Le jeudi de l’Ascension a marqué la réouverture de la célèbre ligne pyrénéenne, prisée des touristes.

petit train d'artouste
On évite de regarder en bas – Crédit photo: Ville de Laruns

La promesse de paysages somptueux

Tranquillement installés à l’air libre, sous de petits arceaux métalliques, les passagers s’apprêtent à (re)vivre l’émotion que procure le petit train d’Artouste. Ses couleurs jaune et rouge ne laissent jamais indifférent, pas plus que son itinéraire, perché à 2000 mètres d’altitude.

Le train le plus haut d’Europe sur voies étroites a repris du service jeudi dernier. Jusqu’au 2 octobre, il va multiplier les allers et retours entre la gare de la Sagette et le lac d’Artouste, pour un trajet de 55 minutes.

Le voyage réserve son lot d’adrénaline et de sentiments intenses, entre ravins profonds et paysages impressionnants. Loin de toute activité humaine, sur une portion de voie bâtie à flanc de montagne, le petit train d’Artouste invite à s’imprégner d’une nature authentique et sauvage, que facilitent la faible allure et l’absence de tout habitacle.

Joyeux anniversaire !

Cette année 2022 est particulière, car elle correspond au 90e anniversaire d’exploitation de la ligne d’Artouste.

Construite originellement pour transporter les ouvriers vers l’énorme chantier du barrage destiné à construire une retenue d’eau (lac d’Artouste), la ligne s’est ensuite consacrée au tourisme, en plein essor dans les années 1920.

Sage décision, car elle ravit les vacanciers depuis plusieurs décennies et connaît aujourd’hui un succès sans précédent, avec près de 100 000 passagers chaque année.

L’anniversaire s’accompagne de différentes manifestations : repas organisés dans les télécabines, exposition à la médiathèque de Laruns, jeux-concours, surprises…

L’autre bonne nouvelle est l’inauguration, le 25 juin, de la base nautique du lac de Fabrèges, qui met à disposition paddles et autres pédalos. De quoi se remettre de ses émotions après un trajet vertigineux.

Un air de Bordeaux : tous dehors !

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capture d'écran du site un air de bordeaux

Site: Un air de Bordeaux

URL: www.unairdebordeaux.fr

Facebook: www.facebook.com/unairdebordeaux

Piloté par l’office de tourisme et des congrès de Bordeaux Métropole, le site propose une multitude d’opportunités de sorties dans la capitale girondine et ses environs. Culture, gastronomie, activités sportives, balades nature, bons plans… Rien n’est laissé au hasard avec cette conviction que Bordeaux justifie pleinement de fermer sa porte et d’aller voir ce qui se passe au bout de sa rue ou un peu plus loin.

La rubrique « Week-end », comme son nom l’indique, propose un calendrier de sorties ou de rendez-vous dont on n’aurait pas forcément eu l’idée. C’est ainsi l’invitation à assister à un concert au Rocher du palmer de Cenon, à se rendre à un atelier philo au MADD, à s’initier à la relaxation sonore aux bols tibétains (eh oui !) ou à profiter des activités proposées par quelques fermes pédagogiques au parc Triaire de Talence.

« Un air de Bordeaux » voit également au-delà de la ville et propose une sélection de balades nature, comme le « bain de forêt », en compagnie d’une guide, au domaine d’Hosteins. L’opportunité de se déconnecter et de laisser bercer par la quiétude des lieux…

Les aventuriers ou fans de Koh Lanta pourront lire l’article consacré à Denis Tribaudeau, spécialiste de la survie, avant d’envisager de suivre un stage dans la région bordelaise.

En matière de culture et de patrimoine, le site propose de multiples visites, toutes expliquées et détaillées. Par exemple, la cité Frugès, conçue par Le Corbusier au cœur de Pessac, ravira les amateurs d’architecture.

Le site répond aussi à des questions pratiques (ou existentielles) qui peuvent parfois se poser. Que faire à Bordeaux quand la famille débarque ? Où voir des animaux ? Comment profiter de Bordeaux en restant chez soi ?

On l’aura compris, le site se révèle être une mine d’or d’idées de sorties et d’activités. Il s’impose comme l’ultime argument à quiconque ose encore dire : « Qu’est-ce que peux faire ? J’sais pas quoi faire. »

Le Parc naturel régional du Médoc, terre de sites remarquables

Le Parc naturel régional du Médoc, terre de sites remarquables


Labellisé en 2019, au terme d’un long processus, le Pnr du Médoc suit la vocation de protéger et de pérenniser un territoire aux mille richesses.

Le magnifique château Cante-Merle à Macau, au cœur du Parc naturel régional du Médoc – Crédit photo: PA – CC BY-SA 4.0

Les Pnr, ancêtres du développement durable

C’est en 1968 que naît le premier Parc naturel régional (Pnr), dans les Hauts-de-France. Sa création marque l’aboutissement des efforts consentis par la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale), jeune institution interministérielle apparue quelques années auparavant.

Disposant d’une véritable liberté d’action, la DATAR cherche à privilégier les initiatives locales en matière d’économie et d’écologie. C’est dans cette perspective qu’elle réunit, en septembre 1966, une centaine de personnalités à Lurs-sur-Provence. Les participants (composés de fonctionnaires, de ministres, d’architectes, d’ingénieurs, d’agriculteurs et aussi de…poètes !) sont invités à réfléchir à l’aménagement du territoire, intégrant les problématiques des milieux naturels sensibles, des zones urbaines et des territoires isolés.

Le fruit de leur travail se traduit par la proposition de Parcs naturels régionaux, au cadre juridique moins contraignant que celui des Parcs nationaux.

Cinq missions principales leur sont confiées :
– la protection et la gestion du patrimoine naturel, culturel et paysager ;
– l’aménagement du territoire ;
– le développement économique et social ;
– l’accueil, l’éducation et l’information ;
– l’expérimentation et l’innovation.

Dans un souci constant de décentralisation, les Pnr obéissent à une politique mise en œuvre par les élus locaux, le financement étant essentiellement assuré par les Conseils départementaux et régionaux. Il n’en demeure pas moins que les partenaires (représentants socioprofessionnels, associations…) jouent un rôle essentiel au sein des organismes de gestion, épicentres des Parcs.

Chaque Pnr s’appuie sur sa propre charte, élaborée localement pour une durée de 15 ans. Elle fixe la stratégie de développement du territoire, selon des critères de préservation du patrimoine ou d’activités économiques privilégiant les ressources naturelles et humaines.

Aujourd’hui, 58 Parcs naturels régionaux contribuent au développement durable en France.

Le Médoc méritait bien son Parc

Quatrième parc de Nouvelle-Aquitaine, le Pnr du Médoc est aussi le plus récent puisque son classement est intervenu en mai 2019. Il couvre une superficie de 2334 km², qui s’étend tout le long de l’estuaire de la Gironde jusqu’aux limites de l’agglomération bordelaise. Sa façade Ouest est dessinée par les longues plages océanes, mais sans atteindre le Bassin d’Arcachon.

Le périmètre du Pnr inclut une cinquantaine de communes et près de 105 000 habitants.

carte du parc naturel régional du médoc

Initiatrice du projet, la Région Aquitaine a lancé son étude d’opportunité en 2008, première étape d’un long processus administratif et juridique. Entre visites du territoire, auditions, enquêtes publiques, consultations, réunions de concertation, attente des avis et élaboration du projet de charte, plus de dix ans d’efforts ont été nécessaires avant d’obtenir le fameux décret !

La charte du Pnr du Médoc se nourrit des nombreuses opportunités de son environnement, riche et varié. Il englobe en effet l’estuaire et sa faune fragile, les vignobles réputés, les plages de sable fin, l’interminable forêt de pins. C’est aussi la préservation de son économie forestière, de son activité viticole et ostréicole, de son artisanat et de son dynamisme touristique.

Interrogé par le site d’informations Aquitaine On line, Gonzague Lurton, ancien Président du syndicat viticole des Vins de Margaux, approuve la démarche : « Le Pnr est en parfaite cohérence avec ce qu’on essaie de faire sur « Margaux s’engage pour la biodiversité ». En 2013, on a lancé une réflexion pour voir quel pourrait être le travail que l’on pouvait faire pour réduire notre empreinte sur le territoire. On voulait être capable de montrer que notre travail allait au-delà de produire un nectar quel que soit sa qualité, mais aussi avoir une empreinte douce sur le territoire. L’intérêt du Pnr, c’est qu’il peut nous aider ensuite derrière à partager. »

Une multitude de sites remarquables

Le Médoc profite d’une géographie généreuse et d’un patrimoine précieux, que viendra protéger le Pnr. Le territoire offre, il est vrai, de multiples opportunités de découvertes. La politique d’information et d’éducation incluse dans la charte contribue à les valoriser et à sensibiliser le public.

Parmi les idées de visites, la réserve naturelle de l’Étang de Cousseau propose un sentier de 7 km, qui se faufile entre marais, boisements de pins et barins humides jusqu’à l’étang. Ambiance sauvage garantie.

Argument majeur du Parc, l’estuaire de la Gironde n’est plus à présenter. Outre les randonnées le long de ses rives, qui promettent des paysages somptueux, il est possible de profiter des quelques croisières pour se rendre sur les îles.

Le Pnr, ce sont aussi les vignobles réputés du Médoc. Le développement de l’œnotourisme offre des itinéraires variés à la découverte des châteaux, du travail des hommes et des crus prestigieux (Margaux, Pauillac, Saint-Estèphe…).

Les amateurs de monuments ont quant à eux le loisir de grimper au sommet du phare de Cordouan ou de la tour d’honneur de Lesparre, haute de 30 mètres. La richesse patrimoniale locale se nourrit également de l’abbaye de Vertheuil, de Fort-Médoc, complexe militaire érigé au 17e siècle ou encore de la basilique Notre-Dame-de-la-fin-des-terres à Soulac, inscrit au patrimoine mondial par l’UNESCO.

Forte-Médoc
Vue depuis le Fort-Médoc. Une p’tite balade s’impose – Crédit photo: Remi Mathis – CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Mais profiter pleinement du Parc, c’est aussi se promener le long de l’immense plage atlantique, bordée de dunes et aux vagues parfois capricieuses. C’est aller à la rencontre des aquaculteurs, dont l’activité a failli disparaître dans les années 1980.

Une rapide visite sur le site Web officiel permet de prendre connaissance de l’actualité du Parc, au gré des saisons et de ses envies.


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Pourquoi les bergers landais utilisaient-ils des échasses ?

Pourquoi les bergers landais utilisaient-ils des échasses ?


C’est toujours l’image d’Épinal des Landes : un berger dressé sur ses échasses, revêtu d’une peau de mouton, auprès de son troupeau. Si les échassiers ont disparu au 19e siècle, le folklore permet de ne pas oublier la culture pastorale landaise, un peu particulière.

Crédit photo : Félix Arnaudin (1844 – 1921)

Une origine incertaine

La documentation historique s’avère insuffisante pour dater avec précision l’apparition des échasses dans les Landes et expliquer leur provenance, si provenance il y a.

Certaines sources pointent vers les Flandres, où les échasses étaient utilisées dès le 12e siècle. Elles auraient été importées par des voyageurs puis progressivement adaptées, car les Flamands les tenaient par les mains, sans fixation au-dessous du genou.

On retrouve même la présence des échasses à des temps encore plus lointains. En Grèce antique, elles servaient aux danses rituelles et aux rites initiatiques. Pour leur part, les Romains y avaient recours lors des représentations théâtrales.

Plus globalement, les échasses ont été adoptées par de très nombreux pays, du Sri Lanka (chez les pêcheurs) au Togo (lors des évènements festifs).

En France, il faut attendre le début du 18e siècle pour voir apparaître les premières mentions des échassiers landais dans la littérature, dont l’ouvrage « Mémoire sur la généralité de Guyenne », rédigé par l’intendant de Bordeaux en 1714.

En 1726, un certain G. Mamier constate « des vachers qui gardent les bestiaux, montés sur des échasses de 3 ou 4 pieds de haut. » Cinquante ans plus tard, le comte de Guibert, de l’Académie française, remarque leur utilisation dans la région de Dax.

Des échasses, mais pour quoi faire ?

Avant leur transformation radicale, décidée par l’empereur Napoléon III, les Landes de Gascogne se composent de grandes étendues d’herbes, de broussailles et de hautes brandes. Le sol est pauvre, sableux, peu propice aux cultures. En revanche, le territoire se révèle particulièrement adapté à l’élevage des moutons et des chèvres.

C’est dans cet environnement que les échasses montrent toute leur efficacité. Juché de 3 à 5 pieds au-dessus du sol, le berger peut surveiller plus facilement son troupeau, généralement constitué de 100 à 150 têtes. Le loup n’est jamais loin.

L’homme peut également se déplacer rapidement malgré la difficulté des sols, éviter les piqûres d’ajoncs, omniprésents, et protéger ses pieds des terrains humides et de la boue. Contrairement à une croyance bien ancrée, les échasses ne servent pas à traverser les marécages (au risque de s’enfoncer), mais plutôt à les repérer afin de les éviter.

bergers landais sur leurs échasses
Les bergers landais vu par le peintre Jean-Louis Gintrac (1808-1886)

Les échasses sont constituées de deux pièces. C’est d’abord « l’escaça », qui signifie « jambe » en gascon, dont la longueur varie entre 90 cm et 1,20 m, et ensuite le « paousse pé » (ou « repose pied »). Elles sont fixées autour de la jambe, juste sous le genou, par une lanière en cuir, bien serrée. Enfin, les embouts sont renforcés de clous.

Le berger peut ainsi profiter de ses mains libres pour vaquer à différentes activités ou tenir son long bâton, sur lequel il s’appuie pour surveiller le troupeau.

Le berger, cet être solitaire

Le géographe Louis Papy apporte quelques précisions sur le berger landais dans son texte « L’ancienne vie pastorale dans la Grande Lande », publié en 1947 dans la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest : « Le pâtre de la Grande Lande est spécialisé dans l’élevage des moutons. Un propriétaire l’a engagé pour un an. Il a la charge de faire paître et de soigner son troupeau. Sa rétribution comportera quelque argent, quelques boisseaux de seigle et de millet, quelques cents de sardines, du sel, une toison. »

Tout au long du 18e siècle, la lande accueillera ce personnage devenu emblématique. Vêtu d’une prisse faite de peau de mouton et d’un béret de laine vissé sur la tête, il parcourt de vastes territoires, accompagné d’un ou deux chiens.

La population locale le considère un peu comme un sorcier, du fait de sa solitude au cœur d’une nature parfois hostile. L’homme vit chichement. Ses repas frugaux se composent de bouillies, de lard, de sardines, de pain frotté d’ail. Il les agrémente parfois du fruit de la chasse.

Lorsque la journée est paisible, ses activités consistent à filer la laine de ses bêtes ou à jouer de petits airs de musique à l’aide de sa tchalemine, une sorte de hautbois rudimentaire.

Ses périples lointains l’amènent de temps en temps à croiser d’autres bergers, avec qui il partage l’oustalet, une petite maison située au milieu de nulle part dans le cœur de la grande lande. Les foires et les fêtes représentent les seules opportunités d’échanges avec les habitants des villages environnants.

Le berger est un nomade, loin de toute vie sociale, parfait connaisseur de son environnement infini.

Une disparition inéluctable

Sous le Second Empire, l’ingénieur Chambrelent s’attaque à l’infertilité des sols de la grande lande. Il observe que l’imperméabilité du sous-sol, née de l’agglutination du sable par les sucs végétaux, rend les eaux de pluie stagnantes l’hiver. La sécheresse estivale contribue également à appauvrir le sol.

Après avoir réglé le problème du drainage, grâce au creusement de petits fossés de 50 cm de profondeur, Chambrelent réalise que la culture de céréales s’avère quasi impossible. Il faudrait pour cela ajouter au sol sableux un mélange d’argile et de calcaire.

En revanche, la culture de pins maritimes peut tout à fait être envisagée pour l’assainissement des sols. En cinq ans, plus de 20 000 hectares sont transformés et ce n’est qu’un début.
Le succès de l’opération incite l’Empereur Napoléon III à généraliser la plantation de forêts de pins à partir de 1857.

forêt landaise
Les forêts de pins maritimes ont mis fin à la vie du berger – Crédit photo : By Maarten Sepp, CC BY-SA 3.0

Le bouleversement de la nature landaise marque la fin du pastoralisme. Le métier de berger ou de paysan disparaît au profit de celui de gemmeur ou d’exploitant de forêts. Les échasses ne se justifient plus et finissent par prendre la poussière dans les appentis. La sylviculture s’impose de manière écrasante en quelques décennies.

Le folklore pour ne pas oublier

Le berger landais juché sur ses échasses aura finalement vécu moins d’un siècle. Il a néanmoins marqué la culture landaise, peut-être grâce à l’originalité de son apparence.

Aujourd’hui, de nombreux groupes folkloriques contribuent à la réputation des échassiers. Ils perpétuent une tradition lancée au 19e siècle, consistant à utiliser les échasses pour des danses, des jeux ou des défis sportifs lors des fêtes de village ou autres évènements.

Le premier groupe folklorique a vu le jour en 1889 à Arcachon, sous l’impulsion de Sylvain Dornon, rendu célèbre par son exploit consistant à gravir les deux premiers étages de la tour Eiffel perché sur ses échasses. La toute première danse exécutée sur des échasses fut «Lou Quadrilh dous Tchancats ».

Les compétitions sportives comprennent la course de vitesse, dont la distance peut varier de 400 mètres à 5 km ; les raids de longue distance, jusqu’à 100 km, ou encore le gymkhana, une course organisée lors de la feria de Dax sur un parcours semé d’épreuves.