De novembre à mars, les gourmands se donnent rendez-vous sur les marchés au gras. C’est une tradition hivernale. A vous les goûts d’antan grâce au canard et à l’oie. C’est là que l’on retrouve foie gras mais aussi rillettes, gésiers, magrets fourrés et autres conserves.
Prenez le temps de parcourir les étals et d’échanger avec les producteurs, ce sont des lieux de rencontre conviviaux et chaleureux. Envie de régaler et d’impressionner vos proches pour les fêtes ? C’est facile, demandez leur conseil, ils partageront avec vous leurs recettes et astuces gourmandes.
D’ailleurs, lors des marchés primés (à certaines dates), profitez d’animations comme des cours de cuisine et démonstrations culinaires.
Votre panier est prêt ? Direction Périgueux, Sarlat, Excideuil, Thiviers, Ribérac et St Astier pour préparer les fêtes et faire ses provisions. Terrine, confits, foie gras poêlé ou canard rôti aux poires pochées à vous les plaisirs gourmands du Périgord.
Source: Comité départemental du tourisme de Dordogne
Pratique
PERIGUEUX:
Lieu : place Saint-Louis Tous les mercredis et samedis matins du 09 Novembre 2024 à mi-février 2025 2 marchés primés seront organisés les samedis 16 novembre et 21 décembre avec animations musicales, dégustations et remises des prix. Plus d’infos : Tél. 05 53 02 82 00
SARLAT:
Lieu : place Boissarie Le samedi matin en décembre, janvier et février.
EXCIDEUIL:
Lieu : Sous la halle municipale Le jeudi matin de novembre 2024 à mars 2025. Plus d’infos : Tél. 05 53 62 48 59 ou 05 53 55 31 05.
SAINT-ASTIER
Lieu : Place de la République (sous la halle ou sous chapiteau), du 31 octobre 2024 à mars 2025. Le jeudi matin. Plus d’infos : Tél. 05 53 54 13 85
Réputée pour sa diversité et ses produits de terroir d’exception, la gastronomie périgourdine incarne une tradition culinaire où la générosité et l’authenticité sont au cœur des plats.
Olivier Sorondo – 28 janvier 2025
Produits du terroir
Le foie gras
Avec les Landes et le Gers, La Dordogne s’impose comme un département incontournable de la production du foie gras du Sud-Ouest. Apprécié pour son goût raffiné, on le consomme surtout pendant les fêtes, même s’il peut être dégusté à tout moment de l’année. Dans le commerce, on le trouve sous différentes formes, selon ses envies. Les puristes le préféreront sûrement vendu tel quel sous vide et le cuisineront selon leurs préférences et leurs petits secrets. Les plus impatients trouveront le produit en foie gras entier, en bloc, mi-cuit ou en semi-conserve.
En Dordogne, les producteurs se sont regroupés au sein de l’association Foie Gras du Périgord, afin d’harmoniser tout le processus qualité. La démarche se veut payante puisque le foie gras local bénéficie d’une IGP (Indication géographique protégée), qui stipule que les canards sont nourris au maïs, élevés dans une ferme, abattus et préparés par un conservateur local.
Si le foie gras de canard est le plus consommé, le foie gras d’oie fait, paraît-il, le bonheur des gourmets.
Les cèpes
Autre produit raffiné dont le Périgord a le secret : le cèpe. Les grandes forêts de chênes et de châtaigniers permettent au champignon de trouver l’environnement idéal à sa pousse. On peut bien sûr tenter d’aller le cueillir soi-même à l’automne, mais gare de ne pas tomber sur les « locaux » qui défendent avidement leurs coins. Peut-être vaut-il mieux se rabattre sur les marchés agréés à Villefranche-du-Périgord, Mussidan ou encore Saint-Saud Lacoussière.
Dans le département, ce sont surtout le cèpe de Bordeaux et le cèpe « tête noire » que l’on débusque. Pour bien le choisir, quelques petites recommandation s’imposent, comme l’explique le site Traditions du Périgord : « Le cèpe doit être d’apparence jeune et d’une couleur uniforme. Au toucher, vous devez sentir qu’il est bien ferme et d’aspect croquant. Pensez à vérifier aussi que votre cèpe est bien propre et que vous ne voyez ni de grosses taches ni de vers. Enfin, jetez un œil en dessous du chapeau, ce dernier doit être blanc ou gris. »
Oh, le bestiau ! – Crédit photo: Association Cèpe du Périgord
Le champignon est tellement prisé qu’il a justifié la création de l’association Cèpe du Périgord, constituée de producteurs qui organisent la filière à travers un cahier des charges rigoureux et lancent les aménagement nécessaires pour favoriser la pousse du divin boletus.
Il existe bien sûr de multiples façons de le déguster, aussi bien en omelette, en velouté que mélangé à des pommes de terre sarladaises.
Les truffes noires
Encore plus rare et (peut-être) plus recherchée que le cèpe, la truffe se hisse au firmament des petites merveilles produites par la nature périgourdine. Elle se ramasse de novembre à mars, essentiellement dans des truffières, même s’il est toujours possible d’en trouver sur les pieds de vigne, au pied des noisetiers ou des chênes truffiers. Sa quête impose la présence d’un cochon ou d’un chien dressé, capable de flairer le diamant noir sous terre. Certains caveurs ont même recours à l’observation des mouches à truffe, qui pondent à l’aplomb du tubercule.
On dit que la truffe du Périgord est la meilleure de toutes. « Cette truffe a une incomparable odeur de sous-bois, de terre et d’humus, sublimée de fruits secs torréfiés. Son goût finement poivré rappelle les odeurs déjà citées. Elle agrémente tout ce qui est à son contact » indique le site du Comité départemental de tourisme de la Dordogne.
La Tuber Melanosporum est tellement ancrée dans la culture locale qu’on luit a dédié un écomusée. L’établissement apporte toutes les explications sur la trufficulture en Dordogne. Sa boutique propose un large choix de produits truffés et autres spécialités du terroir.
Enfin, ceux qui souhaiteraient acquérir quelques pépites noires en saison feront le déplacement vers les marchés dédiés, notamment à Saint-Alvère, Saint-Astier, Bergerac, Sarlat ou Thiviers. On prendra soin d’effectuer un joli retrait d’argent liquide, car la truffe, du fait de sa rareté, est réputée pour ses prix très élevés.
Les noix du Périgord
Certes moins prestigieuse que la truffe, la noix du Périgord contribue aussi à la réputation gastronomique de la Dordogne. Nous nous sommes déjà intéressés au produit, à l’histoire tumultueuse.
Il semble que les noyers ont toujours composé le paysage du Périgord grâce un sol argilo-calcaire favorable et un climat particulièrement adapté à leur développement. Bref, on y trouve des noix depuis plus de 15 000 ans.
Protégées du gel en fond de vallée ou en coteaux, les noyeraies permettent la production de quatre variétés concernées par l’AOP : la Corne, la Marbot, la Grandjean et la Franquette, introduite plus tardivement que ses copines.
On connaît bien sûr les nombreuses vertus nutritionnelles des noix. Elles sont de très bonnes sources d’Oméga 3 et autres acides gras appréciés par l’organisme humain. On y trouve aussi du calcium, du magnésium, du phosphore, du fer ou encore du zinc.
Elles peuvent être dégustées en cerneaux (par exemple pour agrémenter une salade ou enrichir un bon gâteau), en huile d’assaisonnement et même en liqueur.
Plats typiques
Les pommes de terre sarladaises
Voilà un plat simple et réjouissant, qui sublime les pommes de terre en remplaçant avantageusement le beurre ou l’huile d’olive par une bonne rasade de graisse de canard. On n’oublie bien sûr pas d’ajouter ce qu’il faut d’ail et de persil. La cuisson mérite quand même un peu d’attention. Les pommes de terre sautées doivent être dorées et croquantes à l’extérieur et fondantes en leur cœur.
Le confit de canard
Le palmipède étant sans doute la star des élevages du Périgord, on imagine bien sûr le nombre de plats auquel il participe. Le confit se hisse à la première place (ex-aequo avec le magret) et depuis un certain temps. Cette méthode traditionnelle de conservation de la viande consiste à cuire lentement les morceaux de canard (généralement les cuisses) dans leur propre graisse avant de les stocker immergés dans cette graisse pour une longue conservation. Le plat est réputé pour sa chair fondante et son goût riche et savoureux. On peut s’en régaler avec des pommes de terre sarladaises (voir plus haut).
Le pâté de Périgueux
Oh, voilà un plat qui était tombé dans l’oubli jusqu’à sa résurrection en 1998 grâce à l’initiative d’une bande de gourmets passionnés. Ces derniers créent la Confrérie du Pâté de Périgueux pour retrouver un produit fier et délicieux et, surtout, contribuer à sa réputation grâce à un concours annuel destiné aux artisans. Mais la recette n’accepte pas la moindre improvisation : « Il doit être composé de 57 % de farce de porc de grain du Sud-Ouest, de 40 % de foie gras de canard ou d’oie du Périgord et d’au minimum 3 % de Truffe du Périgord » nous apprend le site Foie Gras Périgord.
Résister à la tentation – Crédit photo: Confrérie des Maîtres Pâtissiers et du Pâté de Périgueux
La flognarde
Et pour finir, une petite touche sucrée. La flognarde est une pâtisserie traditionnelle du Périgord, que l’on peut rapprocher du flan ou du clafoutis. La différence fondamentale repose sur le choix du fruit : si le clafoutis est traditionnellement réalisé avec des cerises, la flognarde, elle, est préparée avec des pommes, des poires, des prunes ou des raisins. On la savoure tiède ou froide, avec, pourquoi pas, une petite boule de glace à la vanille, un peu de crème fouettée ou une sauce caramel pour encore plus de gourmandise.
Vins & spiritueux
Le Bergerac
Sûrement le vignoble le plus emblématique de la Dordogne. Dotés de l’AOC depuis 1936, les vins de Bergerac sont disponibles en rouge, en rosé ou en blanc, dont le célébrissime Monbazillac parmi les productions liquoreuses. On est obligé de citer le Pécharmant, une appellation rouge connue pour ses vins charpentés et élégants, souvent issus d’assemblages de merlot, cabernets et malbec. Mais ont peut aussi évoquer l’appellation Rosette, plus timide, qui réserve quelques bonnes surprises.
Le vin de Domme
Si l’AOC Bergerac s’impose assez facilement en Dordogne, il serait regrettable de ne pas lorgner du côté des autres productions, même si elles peuvent sembler confidentielles. C’est le cas pour le vin de Domme (AOC lui aussi), dont le vignoble pousse sur les coteaux calcaires du Céou. Au 16e siècle, sa réputation était européenne et les cours royales s’en régalaient. Emporté par la crise du phylloxéra, le vignoble renaît sous l’impulsion d’une bande de passionnés. Les premières vendanges sont assurées en 1996. Aujourd’hui, la superficie de production est considérée comme l’une des plus petites de France, ce qui n’empêche pas le retour d’un vin autrefois plébiscité.
Le Sarlanoix
Pour la distillerie du Périgord, « le Sarlanoix est une boisson légendaire du Périgord, inventée en hommage aux énoiseuses (décortiqueuses de noix) ». Apprécié en apéritif, la boisson est élaborée à partir de macération d’écorces de noix vertes dans l’alcool ajoutées à un vin de liqueur. On l’apprécie depuis plus de 150 ans.
Menacés de disparition dans les années 1950, les vins de l’appellation Rosette, en terres bergeracoises, traversent le temps en toute discrétion.
Olivier Sorondo 7 décembre 2022 – Dernière MAJ : le 7 décembre 2022 à 19 h 50 min
Crédit photo : Les Vins de Bergerac Duras – Facebook
Un vignoble installé depuis… 1322
Partir à la conquête des vins et appellations de Bordeaux et du Sud-Ouest impose une solide motivation tant leur diversité est grande. Si les vins prestigieux du Médoc ou charpentés de Madiran jouent les têtes d’affiche, d’autres se détachent de toute ambition de célébrité.
Ainsi, le vin blanc moelleux de l’AOC Rosette poursuit son bonhomme de chemin à travers les siècles. Son territoire correspond à celui délimité en 1322 sous l’appellation de « Vinée de Bergerac ». La vinée aurait d’abord correspondu à la fusion du vignoble du châtelain de Bergerac et de celui de la paroisse de Saint-Martin, avant de s’étendre plus au sud en 1495.
Malgré la modestie de sa surface de production, le Rosette profite pleinement du commerce des vins aquitains vers l’Angleterre pour asseoir sa réputation. Du 17e au 18e siècle, le développement du commerce avec la Hollande lui permet de contribuer au rayonnement des vins du Sud-Ouest, en apportant sa touche souple et moelleuse.
En 1881, la crise du phylloxéra ravage le petit vignoble, comme tous ceux de France. Les quelques pieds survivants ne résistent pas aux terribles gelées hivernales un an plus tard.
Replantées, les vignes reprennent leur existence confidentielle, à l’ombre des fameux Monbazillac et Pécharmant, leurs voisins de terroir. Tout vient à point à qui sait attendre, car en 1946 un décret hisse le Rosette au rang d’AOC, en récompense de sa qualité et de sa singularité.
Hélas, l’appellation ne contribue pas vraiment à son essor commercial. Jusqu’aux années 1980, sa consommation dégringole. Éloigné des attentes du public, à une période où la publicité impose la notoriété à ceux qui peuvent se l’offrir, le vignoble se contracte. La densification urbaine de Bergerac grignote aussi son territoire.
Il faut toute l’énergie d’une petite équipe de viticulteurs rapatriés d’Afrique du Nord pour lui éviter de disparaître.
Continuer d’exister
L’appellation Rosette dépend d’une aire de production délimitée entre les communes de Bergerac, Creysse, Ginestet, Lembras, Maurens et Prigonrieux. Le vignoble est installé sur les coteaux de la rive droite de la Dordogne, dans un environnement enchanteur composé de collines et de massifs forestiers.
Sa superficie officielle s’étend sur 125 hectares, mais seule une quarantaine est actuellement exploitée. La surface reste certes modeste, mais elle s’est étirée depuis les années 2000. En 2008, elle ne dépassait pas les 11 hectares. Le vignoble a su échapper à une disparition lente et inéluctable.
Il profite de sérieux atouts pour justifier sa survivance. D’abord, le microclimat qui couvre cette petite zone de la Dordogne se révèle particulièrement bien adapté à la maturité du raisin. Protégées par un amphithéâtre de collines et plantées sur des coteaux baignés de soleil, les vignes profitent de conditions précieuses.
Ensuite, le sol se compose de sables argileux, d’alluvions et de graviers charriés par la rivière. Riche en fer et en minéraux, il se réchauffe rapidement au printemps, aidé par les coteaux drainants.
Enfin, les trois cépages de l’AOC Rosette (sémillon, sauvignon et muscadelle) restent particulièrement appréciés des consommateurs, justifiant leur pérennité. Ils contribuent à singulariser le Rosette, considéré comme un blanc moelleux et non pas liquoreux.
Aujourd’hui, une dizaine de viticulteurs se consacre à l’appellation. Ils procèdent au passerillage pour obtenir une bonne surmaturation des grains et s’assurer d’une teneur en sucres résiduels suffisante.
Les vendanges sont lancées avant l’apparition du botrytis (ou peu après selon les parcelles) et suffisamment tôt pour conserver la fraîcheur, l’acidité et l’arôme des raisins. Toute l’identité de l’AOC Rosette tient en cette alchimie entre grains suffisamment sucrés et récolte pas trop tardive.
Les raisins sont pressés immédiatement et la fermentation alcoolique se produit en quatre à cinq jours. Le breuvage est ensuite conservé deux à trois mois en cuve ou barrique avant d’être embouteillé.
La production reste modeste, pour atteindre les 14 000 bouteilles les années fastes.
Un plaisir forcément rare
Il n’est bien sûr pas envisageable de trouver des bouteilles d’AOC Rosette dans son supermarché de quartier, à moins, peut-être, d’habiter Bergerac et ses environs. Le vin sait se faire discret pour encore mieux se faire désirer.
Les amateurs chanceux apprécient le travail d’assemblage effectué par les vignerons, signature d’un vrai savoir-faire.
À l’œil, le vin dévoile une robe pâle et un jaune paille aux reflets dorés.
Au nez, « les premières senteurs dévoilent un bouquet complexe où les fleurs blanches, l’acacia et le chèvrefeuille en tête, rencontrent les agrumes. À cela s’ajoutent des notes de mangue et d’ananas pour une pointe d’exotisme et de savoureuses touches de poire » écrit Le site spécialisé Tout le Vin.
Des notes anisées ou mentholées peuvent parfois se dévoiler, renforçant le sentiment de fraîcheur.
En bouche, le sucre apporte une sage onctuosité au nectar, en bon équilibre avec la fraîcheur. « Le sémillon apporte la structure, le gras, l’onctuosité, et le sauvignon, la fraîcheur aromatique. On retrouve l’alliance de notes suaves de fruits exotiques et de nuances plus fraîches d’agrumes, qui soulignent la vivacité de la finale » précise le Guide Hachette des Vins.
Le Rosette s’apprécie bien sûr à l’apéritif, servi entre 8 et 10°. À table, il accompagne les volailles, les fruits de mer, les poissons en sauce, le foie gras, les plats truffés ou encore les formages à pâte persillée.
Sa dégustation rend hommage à sa longue histoire, parfois tourmentée. Considéré comme élégant et de grande distinction, le Rosette continue d’exister vaille que vaille et en toute confidentialité.
La renaissance du château des Milandes en Dordogne
Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker en novembre dernier, le château de Milandes enregistre une explosion de ses entrées.
Olivier Sorondo – 20 septembre 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 14 h 26 min
Le public se presse au château des Milandes – Crédit photo: Jacques Bodin – CC BY 2.0
Joséphine Baker entre dans l’Histoire de France
L’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, le 30 novembre 2021, a suscité une abondante couverture médiatique. Peut-être était-elle due au choix singulier d’une femme noire, d’origine américaine, rendue célèbre par la Revue Nègre en 1925. Il s’agissait surtout de rendre hommage à un personnage exceptionnel, militante de la Ligue internationale contre l’Antisémitisme en 1938, infirmière à la Croix-Rouge, résistante zélée tout au long de l’Occupation.
En 1937, elle loue le château des Milandes, non loin de Castelnaud-la-Chapelle. Bâti en 1489, il accueille les seigneurs de Caumont jusqu’à la Révolution. La demeure profite d’une architecture Renaissance et intègre de somptueux éléments gothiques.
Dix ans plus tard, Joséphine Backer décide d’acheter le château et y apporte le confort moderne : électricité, eau courante, chauffage central… Le monument se transforme en nid douillet, permettant à l’artiste et à son mari d’adopter et d’accueillir douze enfants. La grande famille y vivra une vingtaine d’années.
Joséphine Baker au château des Milandes en 1961 – Crédit photo : Jack de Nijs pour Anefo – CC0
Accablée par les dettes, Joséphine Baker doit pourtant se résoudre à vendre le château en 1968. Quatre propriétaires se succèdent, dont Henry et Claude de Labarre, qui l’acquièrent en 2001. Ils en confient la gestion à leur fille Angélique, qui entreprend de lui redonner tout son panache en dépoussiérant l’œuvre de Joséphine Baker.
C’est bien grâce à son travail que le château des Milandes est aujourd’hui associé à l’artiste franco-américaine.
La gardienne du temple ne cache pas son admiration, comme elle l’explique au journal Le Point (01/08/20216) : « Tout me fascine chez cette femme, car c’est une personnalité à facettes. Tout le monde essaie de se raccorder à Joséphine. On voit débarquer des juifs – son premier mari, Jean Lion, était juif –, des francs-maçons, des chrétiens, des libres-penseurs qui affirment qu’elle est des leurs. Mais elle refusait tout embrigadement. Elle militait pour un idéal de fraternité en voulant se mélanger à tout le monde. Pour elle, il n’y avait qu’une race : la race humaine. »
Une fréquentation en forte hausse
Le travail accompli par Angélique de Saint-Exupéry ces dernières années n’aura pas été vain. Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker, le château des Milandes attire un nombre croissant de visiteurs.
La responsable de l’accueil, Oriane Rouland, constate le dynamisme initié par l’évènement, comme elle le confie à France Bleu (14/08/2022) : « On a presque doublé par rapport à juillet août 2019. On fait des journées à plus de 2.400 visiteurs et ces journées s’enchainent depuis fin juillet. Habituellement, pendant l’été, il y avait certains jours avec des pics à 1.700 ou 1.900 voire 2.000 visiteurs. »
De fait, le château des Milandes s’impose depuis cette année comme une attraction incontournable de la Dordogne. Le public attiré par l’aura de Joséphine Baker profite sur place du travail de fourmi réalisé par la propriétaire des lieux. Angélique de Saint-Exupéry n’hésite pas à parcourir le monde entier pour chiner et récupérer le moindre objet, document ou vêtement ayant appartenu à l’artiste.
La visite des salles muséographiques permet de se plonger dans la vie de Joséphine Baker, depuis sa naissance miséreuse à Saint-Louis (Missouri) en 1906 jusqu’à son bonheur familial au château périgourdin. Succès artistiques à Paris, missions secrètes au service du contre-espionnage français pendant la guerre, combats en faveur de l’égalité raciale aux États-Unis… Ce sont des décennies d’engagement et d’abnégation que relate aujourd’hui le château des Milandes.
Le lieu s’est progressivement adapté à l’inflation heureuse des visiteurs. Ainsi, un food truck et un snack proposent une offre de restauration, en plus de la brasserie. De petits spectacles organisés par des associations locales s’offrent au public coincé dans la file d’attente.
Parallèlement, les travaux de restauration se poursuivent et se concentrent depuis peu sur la chapelle et l’une des tours.
Ce regain de dynamisme vise à pérenniser le magnifique château des Milandes et, surtout, à porter le souvenir d’une femme exceptionnelle, à qui le pays vient de rendre le plus précieux des hommages.
Jeu vidéo « Dordogne » : un peu de quiétude dans un univers de brutes
Le studio bordelais Un Je Ne sais Quoi sortira en début d’année prochaine sa dernière production, Dordogne. Un jeu vidéo bucolique et nostalgique, qui revendique sa différence et son originalité.
Olivier Sorondo – 12 septembre 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 15 h 47 min
Une approche picturale originale et poétique – Crédit photo : Studio Un Je Ne sais Quoi
Un pari osé, mais prometteur
Inutile de nier la réalité. L’industrie du jeu vidéo s’est essentiellement construite sur des modèles de violence extrême, à même du subjuguer les joueurs et les inciter à interagir en permanence. Call of Duty, Fortnite, Grand Theft Auto, Warcraft… Tuer avant d’être tué, selon une règle entendue et sans doute appréciée du public.
Les possibilités technologiques qu’offrent les consoles ou PC permettent aussi de concevoir des univers apaisés et de proposer une approche ludique plus respectueuse de la manette.
C’est en tout cas l’ambition du studio bordelais Un Je Ne sais Quoi. Associée à la compagnie Umanimation (installée non loin, à Pessac), l’entreprise s’apprête à commercialiser sa dernière production, intitulée Dordogne.
Le jeu nous met en présence de Mimi, une jeune femme de 32 ans de retour dans la maison périgourdine de sa grand-mère, récemment décédée. Cette dernière lui a laissé des lettres et des énigmes à résoudre, obligeant Mimi à se replonger dans ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle passait ses vacances auprès de son aïeule.
Annoncé depuis deux ans, le jeu a été présenté à la dernière Gamescom, organisée en août à Cologne. Le public et les journalistes ont pu découvrir une approche picturale à rebours des productions actuelles. Les 180 décors qui composent le jeu ont en effet été peints à l’aquarelle.
Les créateurs ont privilégié la narration, un peu hors du temps, plutôt que les situations poussant à la dextérité. Il s’agit ici de s’imprégner des mille et un petits détails de la vie à la campagne, comme le chant des oiseaux, le vent qui souffle dans les arbres ou le clapotis de l’eau.
L’émotion comme fil conducteur
La progression dépend donc de la capacité du joueur à résoudre les puzzles et énigmes laissés par la grand-mère. Mimi est ainsi appelée à prendre des photos Polaroïd, à enregistrer des sons, à trouver des mots… bref, à se montrer curieuse. La petite fille explore d’abord la maison de sa grand-mère.
« Nous parcourons d’abord avec Mimi les pièces comme nous feuilletons les pages d’un livre d’images. Au passage, nous interagissons avec des éléments du décor, comme de vieux Paris Match dans les toilettes. Certaines actions nous permettent de trouver des mots, que l’on récolte comme des coquillages glissés dans une poche lors d’une promenade en bord de mer. Une fois que nous les avons tous glanés, nous avons ensuite accès à une nouvelle pièce de la maison : la cuisine, où nous attendent des tartines et du lait » écrit Pierre Trouvé, dans Le Monde (25/08/2022).
Mimi poursuit sa quête hors des murs de la vieille maison, à la découverte des paysages magnifiques de la Dordogne. Les collines, villages lointains, rivières qui serpentent, forêts majestueuses contribuent à attirer l’attention du joueur et à l’inviter à la contemplation. Ici, il est avant tout question de prendre son temps avant de dénicher les réponses aux énigmes.
La commercialisation du jeu est annoncée pour le premier trimestre 2023. Son originalité ne manquera pas de susciter la curiosité du public et de la presse internationale. Les créateurs ont d’ores et déjà été invités au prochain Tokyo Game Show.
À n’en pas douter, Dordogne soufflera un vent nouveau et bienvenu, à même de séduire ceux qui considèrent que le jeu vidéo ne se limite pas à un tir de rafales ou à l’explosion d’une grenade.
Surnommée « le Pays des 1001 châteaux », la Dordogne abrite un patrimoine impressionnant. Essayons de faire le compte.
Olivier Sorondo – 19 août 2022 – Dernière MAJ : le 14 novembre 2022 à 17 h 09 min
Le magnifique château de Château-l’Évêque, ouvert à la visite – Crédit photo : Père Igor – CC BY-SA 3.0
L’influence des guerres
Le Périgord, ancré dans la longue histoire de France, s’est enrichi au fil des siècles d’un paysage de monuments. Le département profite d’ailleurs de cet héritage unique pour attirer chaque année de très nombreux touristes venus du monde entier.
La construction des châteaux a été initiée dès le début du Moyen-Âge, lors des tensions entre le duché d’Aquitaine et le royaume de France. Elles forment les prémices de la guerre de Cent Ans, qui oppose Anglais et Français à travers les dynasties des Plantagenêt et des Valois.
Les terres périgourdines représentent le cœur des batailles, justifiant l’édifice de châteaux fortifiés pour protéger les populations et asseoir les positions. La rivière Dordogne forme une frontière naturelle entre le royaume de France et les territoires anglais, plus au sud.
Les rois, soucieux de remporter la guerre et de reconquérir l’Aquitaine, accordent aux seigneurs locaux le droit de construire leurs fortifications, à la condition que ces derniers prêtent allégeance à la couronne de France. Le conflit guerrier motive la décision de la royauté, car, en temps normal, la construction de forteresses représente une menace directe en cas de velléité d’indépendance de l’aristocratie périgourdine.
Tout au long des décennies, de magnifiques et imposants châteaux forts sortent de terre, parmi lesquels les célèbres châteaux de Castelnaud et de Commarque.
Bien sûr, la fin de la guerre de Cent Ans ne marque pas la fin des constructions. L’architecture des châteaux épouse le style de l’époque. Certains monuments adoptent ainsi le style Renaissance ou Classique, moins massif et plus harmonieux que celui ayant prévalu pendant la période médiévale.
On continue d’édifier des bâtisses jusqu’au 19e siècle, à l’image du magnifique château de la Valouze à la Roche-Chalais.
Un comptage forcément approximatif
La notion même de château peut poser problème, car les manoirs, maisons fortes ou demeures nobles ne sont pas considérés comme tel dès lors qu’ils n’ont jamais hébergé de seigneurs.
Néanmoins, le site Châteaux de France a effectué un recensement exhaustif, incluant les châteaux forts, forteresses, manoirs, vestiges de châteaux et ruines importantes.
Sa conclusion est la suivante : 661 châteaux, 67 châteaux forts et 339 manoirs.
De fait, la Dordogne est le département le plus richement doté de France. Il regroupe près de 11 % des châteaux édifiés dans le pays. Certains sont classés Monuments historiques ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Bon nombre de ces demeures appartiennent à des propriétaires privés. Leur état est variable, selon l’ancienneté ou la rigueur des chantiers de rénovation. Des châteaux ont changé de finalité, à l’instar du château d’Embellie, devenu une grande ferme, ou du château de la Barde, qui accueille des jeunes filles handicapées.
La grande majorité reste fermée au public, mais ceux destinés aux visiteurs attirent chaque année une foule importante, avide d’histoire et de sensations. Si les châteaux de Castelnaud, de Biron ou de Beynac peuvent être considérés comme des super stars, d’autres bâtisses méritent le coup d’œil.
Ainsi, le château de Fénelon, à Sainte-Mondane, impressionne par son architecture et son emplacement en hauteur. Bâti au 12e siècle, classé aux MH en 1962, il promet une visite instructive.
Le château de Beauvais, à Lussas-et-Nontronneau, semble tout droit sorti d’un film de Walt Disney. Construit de 1533 à la fin du 16esiècle, il épouse le style d’architecture archaïsante du Périgord Vert.
Enfin, le château Château-l’Évêque (ou château Vincent) ne peut laisser indifférents ses visiteurs, s’agissant notamment de sa façade nord, qui impose le respect. Le monument a été construit au début du 14e siècle, sous l’impulsion d’un évêque.
Décidée à réveiller un monument assoupi, la coopérative de Monbazillac a lancé un ambitieux programme de rénovation et de promotion.
Olivier Sorondo 14 août 2022 – Dernière MAJ : le 14 août 2022 à 21 h 59 min
Crédit photo : Jonny – Flickr
Image emblématique des célèbres liquoreux
Les vins de Monbazillac, outre leurs qualités gustatives évidentes, profitent d’une image de marque particulière, que leur apporte le château de même nom. Le magnifique monument, édifié au 16e siècle, attire inévitablement le regard grâce à ses quatre grosses tours circulaires. Acquis par la cave coopérative de Monbazillac en 1960, il domine les 25 hectares de vignes et contribue à leur réputation.
Mais « le lieu ronronnait » depuis quelques années, comme le reconnaît Guillaume Barou, président de la cave. Soucieux de réveiller le château, classé aux Monuments historiques, les vignerons ont initié un projet en 2017, à même de faire entrer pleinement l’appellation Monbazillac dans l’ère de l’œnotourisme.
Après un investissement de deux millions d’euros et huit mois de travaux, le prestigieux édifice révèle un nouveau visage, tout entier tourné vers les visiteurs. « Le château de Monbazillac s’ancre dans le tourisme d’avenir avec cette restructuration de notre offre oenotouristique, et devient ainsi une pépinière d’initiatives » se réjouit Guillaume Barou, cité par le site d’information Vitisphere, dédié aux professionnels de la vigne.
Programme ambitieux et ludique
Depuis le mois de juin, le public est invité à découvrir les trois espaces thématiques.
Le premier, agencé sur une superficie de 300 m², suit une finalité muséographique. Les visiteurs découvrent l’histoire de l’appellation et le processus de vinification, de la vigne à la mise en bouteille. Les concepteurs ont insisté sur les outils high-tech, à grand renfort d’images et de son. L’ambition est de proposer « une approche instructive, ludique et humaine », selon Pauline Auban, la responsable de l’œnotourisme citée par Sud-Ouest.
Le deuxième espace se consacre aux expositions dédiées à l’histoire du terroir, selon différents aspects. La première porte sur le protestantisme et la seconde évoque la famille de Bacalan, habitante des lieux pendant la Révolution française.
Enfin, le troisième et dernier espace ouvre ses portes aux artistes. Depuis le 24 juin, Marlène Mocquet et Laurent Mareschal, respectivement céramiste et sculpteur plasticien, exposent le fruit de leur création. Le château suit aussi une politique de résidence d’artistes, en leur offrant l’histoire des lieux et la beauté du parc pour nourrir leur imagination et leurs projets.
Une demi-journée d’immersion
La variété des animations impose de consacrer quelques heures au château de Monbazillac. Les visites se concluent évidemment par une dégustation du divin breuvage, au pavillon des Arômes.
Même si le vin ne les concerne pas de prime abord, les enfants n’ont pas été oubliés par les organisateurs. Ils peuvent se rendre dans les caves, où différentes attractions les attendent, comme la conception et l’édition d’une étiquette d’une bouteille de jus de raisin.
Des animations sont prévues tout au long de l’été, construites autour de quatre thèmes : le métier, l’utilisation de la robotique, le château dans le territoire et le rendez-vous des vignerons. C’est l’occasion rêvée de rencontrer les viticulteurs et d’échanger en leur compagnie.
Le cadre prestigieux du château de Monbazillac se prête aussi fort bien à l’organisation d’un petit pique-nique, à moins que l’on ne préfère profiter du restaurant maison, le Pavillon Brizay.
Les visiteurs enthousiastes et les amateurs de bon vin concluront certainement leur visite par un passage à la boutique, entièrement rénovée.
Tarifs :
Deux formules sont proposées :
Le Monba’licieux : visite de tous les espaces et dégustation commentée de trois vins : 15 €
Le Monbazill’Art : visite libre du château et dégustation d’un vin parmi la sélection : 10 €
Quelques destinations originales dans le Sud-Ouest
Mine de rien, la région regorge de petits endroits sympathiques pas toujours inscrits en tête de liste des lieux touristiques. C’est aussi ce qui fait leur charme.
Olivier Sorondo 6 août 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 10 h 54 min
Le domaine des Terres Blanches, à Espiet – Crédit photo: les Terres Blanches
Les Jardins d’eau de Carsac (24)
Non loin de Sarlat, au cœur du Périgord noir, se niche un petit paradis que n’aurait pas renié Claude Monet. Les Jardins d’eau de Carsac invitent, sur plus de 3 hectares, à une balade hors du temps. Ici, les lotus du Nil, les nymphéas exotiques et de nombreuses autres plantes aquatiques forment un univers enchanté. On le traverse en s’imprégnant des odeurs, en admirant la composition du paysage et en observant la faune, omniprésente. Ce sont les carpes Koï qui frétillent dans les bassins, les hérons cendrés et les aigrettes qui se régalent des têtards, les libellules qui frôlent les plantes ou encore les grenouilles, véritables maîtresses des lieux.
La visite se nourrit aussi d’un labyrinthe aquatique, dont la superficie dépasse les 3 000 m² et l’itinéraire se prolonge sur 550 mètres de passerelles. Il abrite une trentaine de variétés de lotus, plus de soixante espèces de nymphéas et 150 plantes diverses, parmi lesquelles les papyrus du Nil.
Labellisés « Jardin remarquable » en 2012 par le ministère de la Culture, les Jardins d’eau de Carsac promettent une parenthèse rafraîchissante au cœur de l’été et un retour raffiné à la nature.
Adresse : Saint Rome – 24200 CARSAC Tél : 05 53 28 91 96 Horaires : Mai, juin et juillet : 10h à 19h – Août : 18h30 – Septembre : 11h à 18h. Tarifs : Adulte : 8,50 € – Étudiants, jeunes (12 à 17 ans inclus), demandeurs d’emploi, personnes handicapées (indiv. et groupes) : 7 € – Enfants de 6 à 11 ans inclus : 5 €
Crédit photo: Les Jardins d’eau de Carsac
Les Terres Blanches d’Espiet (33)
Si le Bassin d’Arcachon attire de très nombreux touristes chaque année, la Gironde recèle des destinations un peu plus intimes, mais non moins charmantes. Ainsi, à Espiet, village situé à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, les Terres Blanches épousent les contours du paradis. Le domaine, d’une superficie de 90 hectares, est né après des années de travaux, visant à transformer l’ancienne carrière d’un cimentier en lagon de carte postale.
Planté au milieu des vignobles et des forêts, le domaine se consacre aux plaisirs du farniente et de la baignade. Il est vrai que la plage de sable blanc et la vaste étendue d’eau turquoise promettent quelques heures d’abandon et de frissons de plaisir.
Mais le lieu se prête aussi et surtout aux plaisirs de la glisse aquatique. Le Windsor Wakeboard Camp, l’académie de wakeboard et de wakesurf, y a élu domicile, proposant des stages ou la location d’une large gamme d’équipements.
Ceux qui le souhaitent pourront déjeuner ou dîner au restaurant et même prolonger leur envie de détente au spa Les Petits Bains.
Adresse : 13 La Gueynotte – 33420 ESPIET Tél : 06 11 51 68 24 Horaires : Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 heures à 19 heures. Tarifs : Adulte : 5 € – Enfant de moins de 12 ans : 4 € – Réservation obligatoire en ligne.
Crédit photo: les Terres Blanches d’Espiet
La grotte de Lastournelle (47)
En cette période de forte chaleur, la recherche désespérée de fraîcheur peut aussi correspondre à une petite visite culturelle. A Sainte-Colombe, dans le Lot-et-Garonne, la grotte de Lastournelle laisse voir de magnifiques stalactites et stalagmites, mais aussi des coulées de calcite, des draperies et même des colonnes. C’est un spectacle naturel flamboyant qui s’offre au public à travers les sept salles de la grotte, sur plus de 300 mètres.
Pour ajouter un peu d’authenticité à la visite, il est possible de partir à la découverte des salles dans l’obscurité, avec sa seule lampe de poche comme accessoire de progression.
Découverte en 1878 par un paysan qui creuse un puits, la grotte de Lastournelle fait l’objet de quelques explorations. En 1955, les propriétaires du terrain, Joseph et Maria Brys, mettent à jour l’entrée naturelle de la cavité. Un passage est finalement dégagé, permettant un accès plus aisé aux salles et à ses trésors minéraux.
Des animations sont régulièrement proposées au public, comme des chasses au trésor, à même de ravir les enfants.
Un petit restaurant, une boutique et des jeux pour les petits sont proposés aux visiteurs.
Adresse : 1851 Route des Grottes de Lastournelle – 47300 SAINTE-COLOMBE-DE-VILLENEUVE Tél : 05 53 40 08 09 Horaires : Avril à décembre – Horaires des visites variables suivant l’affluence. Tarifs : Adulte : 7,50 € – Enfant (de 4 à 14 ans) : 5 €
Crédit photo : JYB Devot — Travail personnel, CC BY-SA 4.0,
L’Esturgeonnière du Teich (33)
Depuis déjà quelques années, le caviar français s’impose parmi les meilleurs du monde. Le département de la Gironde contribue grandement à la production, notamment grâce au Moulin de la Cassadote à Biganos et au Caviar Perlita, situé non loin, au Teich.
L’établissement ouvre régulièrement ses portes afin de dévoiler toutes les étapes de fabrication du précieux aliment. Fondée en 1990, la ferme aquacole de L’Esturgeonnière s’est d’abord destinée à la production de chair d’esturgeon, avant de se tourner vers le caviar, au terme d’importants travaux.
Aujourd’hui, l’entreprise assure l’ensemble du processus de production, de la naissance des alevins au conditionnement du caviar. Le site profite de la proximité d’une source géothermale, qui préserve la température de l’eau tout au long de l’année. Grâce à une station de traitement dotée d’une double filtration, les eaux ressortent propres dans les milieux naturels avoisinants.
La visite permet donc de s’immiscer dans l’univers si particulier de la production de caviar, servi dans les restaurants gastronomiques de la planète. C’est aussi l’occasion de prendre (un peu) part à la fête puisqu’une dégustation est même proposée au public.
Adresse : Route de Mios Balanos – 33470 LE TEICH Tél : 05 56 22 69 50 Horaires : Avril à septembre, uniquement sur rendez-vous. Tarifs : Adulte : 30 € – Enfant (de 8 à 12 ans) : 24 €
Depuis plus d’un siècle, la Félibrée ouvre une parenthèse enchantée tout entière dédiée à la langue d’oc, au folklore, à l’histoire et aux traditions. C’est surtout l’occasion de réaffirmer la spécificité de l’identité périgourdine.
Olivier Sorondo 27 mai 2022 – Dernière MAJ : le 27 mai 2022 à 19 h 28 min
Crédit photo : Père Igor – CC BY-SA 4.0
Une fête populaire, mais authentique
En septembre 1903, le village de Mareuil accueille la première édition de la Félibrée, ou Felibrejada. L’initiative revient à l’association Lo Bornat dau Perigòrd, fondée deux ans auparavant. Lo Bornat s’inspire du Félibrige, un courant de pensée initié par Frédéric Mistral en 1854, dont la vocation est de contribuer à la considération et à la sauvegarde de la langue et de la culture d’oc.
La Félibrée ouvre ses portes dans un village différent chaque mois de juillet, sur une période de trois jours, dont le point d’orgue est le dimanche. Son organisation, qui reste chapeautée par Lo Bornat, dépend d’un comité local issu de la commune accueillante. Si la fête se déplace de villes en villages, son message et ses valeurs restent immuables. Les majoraux, garants de la philosophie félibréenne, y veillent. L’un d’eux, Jean Monestier, écrivait ainsi en 1984 : « La Félibrée, fête de la langue d’oc et des félibres, fête de la terre et de la tradition périgorde ; ou mieux encore, fête de l’espérance et de la convivialité de tout un peuple qui se réunit pour s’offrir à la fois une journée d’idéal, mais aussi un forum de rencontres qui fait de la Félibrée le grand rassemblement populaire voulu pour témoigner et comprendre. Témoigner d’une identité, d’une volonté de rester différents, comprendre une nouvelle esthétique qui puise ses raisons de vivre et d’espérer au plus profond de la terre natale. »
L’évènement est donc l’occasion de se retrouver et de partager, sous des élans festifs, un même sentiment de cohésion et de respect des valeurs occitanes, appelées à perdurer car profondément ancrées dans l’histoire du Périgord.
Le programme de la Félibrée gravé dans le marbre
Dès le printemps, l’effervescence gagne la cité organisatrice. Il convient en effet de préparer la fête et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. La fabrication des guirlandes de fleurs en papier, appelées à être suspendues, impose un lourd travail, tout comme les nombreux aménagements des lieux ou la décoration des rues. Mais c’est aussi et surtout l’occasion de se retrouver et d’improviser des moments conviviaux, comme la dégustation du tourin, la soupe traditionnelle.
La période printanière permet également de choisir la reine de la Félibrée parmi les jeunes femmes de la commune. Cette dernière doit pouvoir s’exprimer en occitan, répondre à un questionnaire sur la culture locale et convaincre un jury.
Enfin, l’affiche de l’évènement est dévoilée.
La préparation de la Félibrée est peut-être facilitée par le fait que son programme ne varie pas à chaque édition. Le maire remet les clés de la ville aux félibres, qui deviennent symboliquement les gouvernants de la cité le temps des festivités.
Les temps forts se composent d’une messe en occitan et de la fameuse taulada, un énorme banquet réunissant plus de 700 convives, invités à se régaler de plats locaux, dont la fameuse soupe de haricots et de couenne. Le repas est servi dans des assiettes dites à chabrot, spécialement décorées pour l’occasion.
La Félibrée se nourrit de nombreuses autres manifestations, comme la cour d’amour, un spectacle folklorique, le défilé des groupes traditionnels, la démonstration des vieux métiers et, bien sûr, les spectacles de chants et de danses du terroir organisés sur la scène ou parmi la foule.
Tout sauf de la nostalgie
Si la Félibrée puise son énergie dans la réminiscence d’un monde un peu lointain, que vient ressusciter le folklore, elle ne cherche pas à se complaire dans des élans nostalgiques. Ce serait faire injure au Félibrige et à ses nombreux adeptes.
L’évènement consiste surtout à revendiquer haut et fort la culture occitane, sa langue et son ancrage dans la société d’aujourd’hui.
« La Félibrée est en effet, d’abord, une tentative pour reconstituer le Périgord en tant que communauté idéale et fondamentale. Le jour de la Félibrée, c’est la culture « régionale » qui est érigée en culture officielle (…) La culture occitane, et ses représentants patentés, les félibres, prennent le pouvoir le temps d’une fête » écrit ainsi Christian Coulon, professeur émérite à Sciences Po Bordeaux, dans la Revue Française de Science Politique (1988).
« La Félibrée se veut « un retour à une patrie historique et mythique et à une façon de vivre, celle des ancêtres ». Ce « retour » implique que les oppositions et les clivages sociaux et politiques soient oubliés. Le temps de la Félibrée est celui de l’union retrouvée. »
De fait, la manifestation attire de très nombreux Périgourdins, fiers de leur origine, heureux de la survivance de la langue d’oc, qui leur appartient.
La Félibrée 2022 se tiendra à Eymet
Cette ferveur régionaliste n’éloigne pas pour autant les touristes et visiteurs, qui contribuent aussi au succès de la manifestation. Ces derniers peuvent même s’imprégner d’une atmosphère authentique et sincère, gage de la singularité de la Félibrée et de sa pérennité.
Le majoral Monestier décrivait bien cet état d’esprit en 1984 : « Nous avons besoin d’aller droit et loin pour rester ce que nous voulons demeurer, des Périgourdins fidèles aux anciens et regardant le futur que nous voulons meilleur, plus fraternel, plus humain. C’est chaque jour dans la vie qu’il faudrait conserver cet esprit de la Félibrée ; c’est chaque jour dans la vie publique et privée, en parole comme au fond du cœur, qu’il faudrait faire retentir notre langue occitane. Le vœu du Bornat, c’est que vous trouviez dans cette journée d’idéal, un nouvel espoir pour notre siècle. »
Décernée en février dernier, l’Appellation d’Origine Protégée vient récompenser le travail des producteurs et huiliers, héritiers d’un savoir-faire séculaire.
Olivier Sorondo 12 octobre 2021 – Dernière MAJ : le 12 octobre 2021 à 20 h 30 min
La noix et le Périgord partagent une histoire commune. Les nombreuses fouilles archéologiques menées dans les grottes de la vallée de la Vézère ont permis de retrouver la trace de coque de noix vieilles de 17 000 ans.
Tout au long des siècles, la noix s’impose comme un produit local incontournable. Outre sa consommation, elle sert de matière première à l’élaboration de l’huile, que l’on utilise notamment pour l’éclairage, la fabrication de savons et même comme monnaie d’échange.
Au 19e siècle, les producteurs lui redonnent sa valeur initiale, en misant sur la qualité. Car si l’huile de noix ne supporte pas la cuisson, elle se révèle précieuse dans l’univers de la gastronomie.
Une fabrication bien huilée
Au 20e siècle, une nouvelle variété, la franquette du Dauphiné, s’impose dans les noyeraies périgourdines, du fait de sa grande résistance. Néanmoins, elle ne signe pas la mort des autres variétés, à l’ancrage plus ancien : la marbot, la rustique corne et la grandjean.
Toutes ces noix dépendent de la même zone de production, comprise entre les départements de l’Aveyron, de la Charente, de la Corrèze, de la Dordogne, du Lot et du Lot-et-Garonne, où le climat apparaît particulièrement propice.
La conception de l’huile répond à un cahier des charges bien précis, jalonné de différentes étapes : le broyage, le chauffage (sauf en cas d’extraction à froid) et le pressage de la pâte de cerneaux.
Même si les techniques ont évolué au fil du temps, le procédé de fabrication repose toujours sur le savoir-faire des huiliers, transmis de génération à génération.
Deux méthodes d’extraction interviennent dans le processus. Extraite à froid, l’huile profite d’une véritable intensité aromatique, aux accents de mie de pain. Extraite à chaud, elle libère une saveur fuitée, de croûte de pain et de biscuit.
Elle accompagne à la perfection les salades (chicorée, pieds de pissenlits) et les légumes. Il convient toutefois de l’utiliser avec parcimonie, car son gout prononcé et volontaire peut à tout moment couvrir les produits qu’elle est supposée accompagner !
La juste récompense
Ingrédient indispensable des restaurants gastronomiques, l’huile de noix du Périgord semble aujourd’hui avoir trouvé sa juste place. Elle récompense le travail important mené par la filière depuis le début du 20e siècle.
Cette quête de qualité s’est traduite par l’obtention de l’AOC en 2018, qu’est venue compléter l’AOP en février 2021. Le label s’attache à des produits issus de fruits qui ont été récoltés, transformés ou élaborés dans une aire géographique déterminée. Il permet également de reconnaître un savoir-faire indéniable et des produits considérés comme les meilleurs dans leur catégorie.
Pour rappel, la noix du Périgord avait déjà bénéficié de l’AOC en 2004 et de l’AOP en 2004. La boucle est bouclée.
PUB
Nous utilisons des cookies pour améliorer votre expérience et comprendre de quelle manière vous utilisez notre site.OKRefuser