Dogue de Bordeaux

Le Dogue de Bordeaux est-il vraiment originaire de Bordeaux ?

Le Dogue de Bordeaux est-il vraiment originaire de Bordeaux ?


L’adorable toutou ne vient pas précisément de la capitale girondine, mais plutôt d’Aquitaine. Ses ancêtres auraient été introduits en Gaule dès le Ve siècle, lors des grandes invasions.

Dure destinée que celle du Dogue de Bordeaux – Crédit photo: Sandra Carmen Maschke – Flickr

Un chien à l’ancienneté longue comme une patte

L’origine réelle du Dogue de Bordeaux suscite quelques interrogations, peut-être en raison de sa très longue histoire. Pour certains, ses ancêtres auraient accompagné les légions romaines dès le 1er siècle avant J.-C.

Pour d’autres, c’est aux Alains, un peuple iranien nomade, que l’on devrait son introduction sur notre sol. Lors de la période des grandes invasions, qui secouent l’Europe dès l’an 375, les Alains fuient devant les Huns et se retrouvent en Germanie. Ils franchissent ensuite le Rhin, accompagnés d’autres tribus en 407 et dévastent la gaule romaine, où ils s’installent pendant plusieurs décennies. L’Aquitaine n’échappe pas à leur emprise.

Ces guerriers, accompagnés de chiens de combat, auraient introduit l’Alano en Espagne, un molosse avant tout destiné à garder le bétail.

Une autre hypothèse suggère que le dogue de Bordeaux, race indigène, serait issu de croisements entre le Mâtin napolitain, le Mâtin du Tibet, l‘Alano espagnol et le Mastiff anglais.
Cette piste de croisements semble vérifiée, quelle que soit l’origine réelle du chien.

La première littérature faisant allusion à l’animal revient au comte de Foix Gaston III qui, dans son Livre de chasse, mentionne un chien « dont la morsure est équivalente de celle de trois lévriers ».

Le Dogue de Bordeaux se développe principalement en Aquitaine, compagnon fidèle de la noblesse locale. Il se montre utile pour la chasse au gros gibier et indispensable comme gardien des domaines.

Quelques risques de disparition, quand même

Si la Révolution française est particulièrement difficile pour les aristocrates du Sud-Ouest (ou du pays d’ailleurs), elle l’est aussi pour les pauvres chiens, massacrés du fait de leur proximité avec leur maître. La race, géographiquement limitée, se retrouve menacée. Les quelques spécimens survivants quittent la splendeur des châteaux pour s’imposer comme gardiens de fermes.

Les conflits humains ne semblent décidément pas convenir au pauvre toutou, une nouvelle fois menacé d’extinction lors de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale. Il faut quand même dire que la race, malgré son ancienneté, reste plus discrète et moins répandue que celle des caniches ou des bergers allemands.

dogue de Bordeaux
Crédit photo: pipilongstockings – Flickr

Il faut toute l’énergie de l’éleveur périgourdin Maurice Van Capel au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour installer durablement le Dogue de Bordeaux dans le paysage canin français. Son combat est relayé par Raymond Triquet, président de la Société des Amateurs de Dogues de Bordeaux, qui assure la promotion du chien, se démène pour sa reconnaissance et encourage son élevage.

La race n’est d’ailleurs officiellement reconnue par la Fédération Cynologique Internationale qu’en 1951.

C’est sûrement grâce à l’énergie de ces deux hommes que le Dogue de Bordeaux est un chien particulièrement apprécié, au-delà des frontières de l’Aquitaine et même du pays.

Ce molosse aime les enfants

Difficile de ne pas être impressionné en regardant un Dogue de Bordeaux. La bête a des arguments massifs à faire valoir : mâchoires larges, tête courte en forme de trapèze, corps puissant et musclé, avec un garrot bien marqué.

On l’imagine fort bien garder un domaine ou une maison, sachant se faire imposer sans trop d’effort.

Pourtant, le Dogue de Bordeaux est réputé être un excellent chien de compagnie, très heureux au sein d’une famille. Son instinct protecteur convient bien aux enfants, avec lesquels il se montre doux, patient et prévenant.

De nature plutôt tranquille, il aime jouer avec ses maîtres, dont il connaît toutes les habitudes. Pas têtu, bonne pomme, il se contente de deux balades par jour pour rester en forme. Une grosse peluche, quoi.

drapeau basque

Quelle est la signification du drapeau basque ?

Quelle est la signification du drapeau basque ?


Reconnaissable entre mille, le drapeau basque, ou ikurriña, fut hissé pour la première fois en 1894 à Bilbao.

Crédit photo: Joseba Ariznabarreta – Flickr

La revendication d’un parti nationaliste naissant

Sa vie fut brève, mais intense. Mort à 38 ans en 1903, Sabino Arana Goiri peut être considéré comme le plus fervent partisan du projet de nation basque, traditionnelle, culturelle et catholique, à l’opposé de la vague industrielle qui touche la Biscaye dans les années 1880. Son amertume se nourrit également de la suppression des fueros (privilèges et libertés accordés aux Basques depuis l’occupation romaine), imposée par une loi espagnole promulguée en 1876.

Arana consacre dès lors sa vie à l’identité basque. Il créé le partido nacionalista vasco (parti nationaliste basque), rédige des ouvrages, diffuse des journaux d’opinion, propose la devise « Jaungoikoa eta Laggi-Zarra » (Dieu et les vieilles institutions) et même un hymne, Euzko Abandaeren Ereserkija.

Sa bataille nationaliste passe aussi par le nouveau nom qu’il donne au Pays basque, Euskadi, et par le drapeau qu’il conçoit et dessine avec son frère Luis, l’ikurriña.

Un drapeau d’abord destiné à la seule province de Biscaye

L’ikurriña est hissée pour la première fois le samedi 14 juillet 1894 au 22 de la calle del Correo, dans le quartier de Siete Calles, à Bilbao. L’honneur en revient à Ciriaco de Iturri, le doyen de la société Euskeldun Batzokija.

Pour Sabino Arana Goiri, aucune ambiguïté ne transparaît : le nouveau drapeau se destine seulement à la Biscaye en attendant que les autres provinces basques conçoivent le leur. En dernière phase, un drapeau de la confédération de l’ensemble des provinces symbolisera la naissance d’Euskadi.

portrait de sabino arana
Poète, écrivain, idéologue, idéaliste, nationaliste, Sabino Arana est le père de l’ikurriña.

L’idéologue basque n’a cependant pas envisagé le succès rapide que rencontre sa création. Les provinces renoncent à créer leur propre étendard pour adopter l’ikurriña.

Cité par Pays Basque Magazine (février-mars-avril 1996), l’abbé Pierre Laffite écrit : « Les Labourdins trouvèrent l’ikurriña si jolie qu’ils l’adoptèrent tout de suite et, peu à peu, on fit partout de même. »

Dévoilé pour la première fois à l’étranger en 1927 à l’occasion d’un spectacle de danse basque organisé au Royal Albert Hall de Londres, le drapeau profite de la mise en place de la seconde République espagnole en avril 1931 pour être largement diffusé.

Emblème du parti nationaliste, l’ikurriña tend à symboliser au fil des années l’unité spirituelle des Basques. Ainsi, « des milliers de drapeaux basques sont déployés lors du premier Aberri Eguna (jour de la Patrie), organisé à Bilbao en mars 1932 (…) On trouve aussi l’ikurriña à Bayonne en juillet 1932 lors du congrès des Txistularis qui coïncide avec les premières fêtes de Bayonne » écrit Jean-Claude Larronde dans Pays Basque Magazine.

Sur l’ensemble des provinces, le drapeau est avant tout perçu comme un signe de ralliement, voire de fraternité.

En 1936, la guerre civile espagnole encourage le statut d’autonomie d’Euskadi. À ce titre, l’un des premiers décrets signés par le gouvernement est de considérer l’ikurriña comme emblème officiel. Le texte précise même ses dimensions et les mesures des deux croix.

Un design séduisant pour un message clair

C’est un fait : l’ikurriña a suscité un véritable enthousiasme auprès des Basques du Sud et du Nord. Il est vrai que son design (ou vexillographie : design propre aux drapeaux) est agréable à l’œil. Certains y ont vu quelques similitudes graphiques avec le drapeau de l’Union Jack.

Néanmoins, la symbolique répond à des principes auxquels étaient très attachés les frères Arana.

drapeau basque
L’ikurriña tel que conçu parles frères Anara en 1894, puis sa version actuelle.

D’abord, le fond rouge représente le peuple basque.

Ensuite, la croix-verte de Saint-André, de la même couleur que le chêne de Biscaye, symbolise la loi qui doit être au-dessus du peuple.

Enfin, la croix blanche sur la croix verte et sur le fond rouge exprime la morale du Christ qui doit régner sur la loi et sur le peuple.

« Ainsi, les différents termes de la devise sont tous représentés au sein du drapeau. Jaungoikoa (Dieu) est représenté par la croix blanche ; Lagi-Zarra (La Vieille Loi) est représentée par la croix verte ; Eta (et) est représenté par l’union des deux croix au centre du drapeau » écrit Sabino Arana.

boue thermale de dax

Quelle est la propriété des boues thermales de Dax ?

Quelle est la propriété des boues thermales de Dax ?


Réputées depuis l’Antiquité pour leur action bénéfique sur l’arthrose ou les rhumatismes, elles soulagent près de 60 000 curistes chaque année.

C’est pour votre bien – Crédit photo: Grand Dax, Tourisme et Thermalisme

Comme un don de la nature

Il n’est pas un Dacquois qui ne connaisse pas la légende de sa ville, d’ailleurs symbolisée par une statue située sur la place de la Cathédrale.

Lors de l’occupation romaine, un légionnaire en garnison à l’endroit où allait bientôt se dresser la ville d’Aquae Tarbellicae (puis Dax !) se désolait de voir son vieux chien souffrir de ses rhumatismes. La mort dans l’âme, il prit la décision de le jeter dans l’Adour, soucieux d’abréger ses douleurs.

À son retour de campagne, quelques mois plus tard, quelle ne fut pas sa surprise de voir son compagnon à quatre pattes se précipiter vers lui, visiblement ragaillardi. Le chien avait en effet dérivé le long de la rivière, jusqu’à s’immobiliser dans des flaques de boue pour y retrouver une seconde jeunesse.

La réputation des boues thermales de ce petit coin de Gaule s’envola à travers tout l’Empire romain, contribuant à édifier une cité thermale toujours active aujourd’hui.

Le Dr Maurice Delmas, dans son ouvrage « Dax, ses eaux, ses boues, ses indications thérapeutiques » publié en 1898, apporte un semblant d’explication : « Séparée en deux parties bien distinctes par un fleuve, l’Adour, la ville de Dax est surtout remarquable par l’abondance et la haute thermalité de ses sources. Plus de vingt millions de litres d’une eau à 6o° centigrades sortent journellement des griffons des différentes sources. On peut donc dire d’une façon pittoresque que Dax est arrosée extérieurement par un fleuve froid, l’Adour, tandis que sous elle passe un torrent d’eau chaude. L’eau minérale hyperthermale a été de tout temps la cause de la notoriété de la cité de Dax ; c’est elle qui donne naissance aux boues végéto-minérales si justement appréciées dans le traitement des manifestations rhumatismales. »

À boue (bien) portant

À quoi tient donc ce miracle géologique ? Eh bien, il dépend d’abord de la rencontre du limon déposé sur les berges de l’Adour et de l’eau thermale souterraine, qui remonte par endroit. Des excavations boueuses se forment ensuite, elles-mêmes soumises au doux climat de la région, propice à l’émergence de l’algue bleue. Cette cyanobactérie, aussi vieille que notre bonne terre, utilise le soleil pour générer du dioxygène selon le mécanisme de photosynthèse.

fontaine chaude dax
La célèbre Fontaine chaude de Dax, avec son eau à 64°C – Crédit photo:  AubdaX — Travail personnel – CC BY-SA 4.0

La microalgue qui apporte toute sa spécificité à la boue dacquoise appartient à la famille des Clostridium bifermentans, bactéries du cycle du soufre. « Ces bacilles Gram+ » anaérobies transforment les sulfates de l’eau minérale en sulfures. La transformation donne à la boue une coloration foncée et une odeur caractéristique » nous apprend ainsi le rapport de l’ENSP consacré aux boues thermales (Gwladys François, Anne Micollier, Isabelle Rouvié – 2005).

C’est d’ailleurs cette coloration particulière qui donne à la boue le nom de péloïde, tiré du grec : pélos (noirâtre) et eidos (aspect).

Et voilà, le péloïde constitue le cœur de l’activité thermale de Dax depuis déjà de nombreux siècles, selon la même recette : limon, eau chaude thermale, algue bleue.

Des bienfaits concrets et pérennes

L’application du péloïde chaud sur le corps du curiste promet un effet décontractant et le soulagement des couleurs. « Grâce à leurs propriétés stimulantes, les boues ont un effet bénéfique sur les échanges au niveau du cartilage, mais aussi sur le tonus musculaire. Leurs propriétés résolutives vont résorber les inflammations articulaires chroniques ou les lésions dégénératives des articulations. Les propriétés sédatives vont participer à la détente des contractures musculaires » précisent les auteures du rapport de l’ENSP Rennes.

Le péloïde génère une relaxation immédiate des muscles contracturés. La chaleur et l’action biochimique assouplissent la peau, permettent la dilatation des pores et contribuent au passage transcutané des éléments actifs (c’est là qu’on retrouve notre cyanobactérie).

Il s’ensuit, on le devine aisément, un sentiment de bien-être, surtout chez les personnes souffrant d’arthrose, de rhumatisme. Ces dernières, au terme de leur séjour thermal, retrouvent davantage de facilité à se mouvoir et réduisent leur consommation médicamenteuse.

La boue thermale vient également en aide aux curistes sujets à la fibromyalgie, à l’ostéoporose. On l’utilise aussi dans des cas de traumatologie et à la suite de chirurgie orthopédique.

Indispensable Régie municipale des eaux et des boues

À Dax, le péloïde est considéré comme une ressource très précieuse. Sa gestion revient à la Régie municipale, qui assure toutes les étapes du processus, de l’extraction à la vente en sacs de 10 kg aux établissements thermaux.

Cette première opération de prélèvement s’effectue en été, période au cours de laquelle l’accès aux carrières est rendu plus facile. Il s’avère nécessaire de creuser entre 2 et 9 mètres avant d’accéder au limon fossile, situé les alluvions.

Le limon est ensuite mélangé à l’eau thermale, tamisé et placé dans le fermenteur. On y ajoute ensuite la microalgue, désormais cultivée sous serre pour renforcer ses éléments actifs. Cette étape de maturation se déroule sur six jours.

Enfin, le péloïde est conditionné puis livré aux établissements dacquois.

La Régie, soucieuse de la pérennité de sa matière première, a initié depuis déjà quelques années une politique de développement durable. Le limon utilisé est récupéré puis redéposé sur son lieu de forage. Les carrières font quant à elles l’objet d’aménagements paysagers.

Il s’agit après tout d’un juste retour à la nature pour cette boue que l’on dit unique au monde, capable de soulager les corps fatigués depuis l’Antiquité.

roi Léon

Pourquoi le roi Léon s’appelle-t-il Léon ?

Pourquoi le roi Léon s’appelle-t-il Léon ?


Personnage indétrônable des fêtes de Bayonne, le roi Léon ouvre chaque jour les festivités, bien installé sur le balcon de l’Hôtel de Ville.

roi léon
Une nouvelle journée de fête commence – Crédit photo: Fêtes de Bayonne

Une création relativement récente

Quiconque a déjà revêtu la belle tenue blanche et rouge avant de s’abandonner à la foule et (surtout) à la fête l’apprécie et le respecte. Pour tous les autres, le bonhomme s’entoure de mystère. Mais qui est donc le roi Léon ? Et pourquoi s’appelle-t-il Léon ?

Pour rappel, les fêtes de Bayonne ont vu le jour en 1932, lancées par un groupe de copains de l ’Aviron ayant l’habitude de festoyer à Pampelune. En 1947, le maire confie pour la première fois les clés de la ville aux festayres. La fête ne cesse de gagner en réputation, son programme s’élargit et se diversifie.

Ce n’est qu’en 1987 que le roi Léon fait son apparition. L’initiative en revient à André Lascoumes et Jacky Barenot, de la peña Or Konpon. « Nous avons eu l’idée de nous inspirer des géants de nos voisins de Vitoria Gasteiz (ville du Pays basque espagnol), chez qui une poupée est devenue une sorte d’icône des fêtes locales » explique André Lascoumes au Journal Sud-Ouest (31/08/2017).

Ras-le-bol de la reine des fêtes

Si le projet de la mascotte est acté, il convient de lui donner un nom.

Les deux amis, bien intégrés à la vie bayonnaise, ne peuvent ignorer l’existence de Raphaël Dachary, surnommé Léon, figure incontournable des fêtes dans les années 50. Commis-vendeur chez un commerçant de la ville, simple d’esprit, interprète passionné d’art lyrique, Léon fut encouragé par ses copains à concourir au titre de « roi de Bayonne ». Le souhait des jeunes Bayonnais était avant tout de mettre fin au règne de la reine des fêtes, nommée systématiquement chaque année.

Au terme du concours officiel, qui réunit 14 candidats, Léon Dachary fut proclamé « roi des fêtes de Bayonne » et c’est tout auréolé de gloire qu’il ouvrit les festivités en 1949.

On retient donc que sans l’existence de ce surnom, le roi des fêtes de Bayonne se serait appelé Raphaël.

Raphaël dachary, le vrai roi des fêtes de Bayonne.
Un livre, publié aux éditions Atlantica, est consacré à Raphaël Dachary, inspirateur du roi Léon

Le roi mérite un visage

Les premières esquisses du roi Léon sont l’œuvre de Jacky Barenot, ensuite confiées à Jean Duverdier, dessinateur de presse, collaborateur régulier de Sud-Ouest ou d’Anglet Magazine.

L’artiste le décrit de cette manière aux journalistes de France 3 Aquitaine en 2015 : « Il est un peu comme un gros gamin, un peu comme Obélix sans avoir sa force. Il représente la fête, la bonhommie. Il est aussi un peu naïf. Il lui arrive des histoires dues à sa naïveté. C’est quand même fou de constater l’engouement des familles et des enfants qui viennent le voir. Ils ont adopté le personnage et ses couleurs. »

Il est vrai que le personnage, doté d’un gros nez rouge et d’une belle coiffure blonde, attire immédiatement la sympathie, peut-être grâce à son sourire jovial.

Le même rituel chaque année

Chaque matin, à 11 heures précises, les géants de la cour du roi fendent la foule pour venir réveiller leur bon roi et l’inciter à ouvrir la fête.

Le rituel s’accompagne même d’une chanson, « Debout Léon », que reprennent toutes les personnes présentes. Dès les premières notes, le souverain daigne quitter ses appartements pour venir saluer ses sujets.

Du haut de ses 4 mètres, bien installée sur le balcon, la grande marionnette domine la fête jusqu’au bout de la nuit.

On dit le roi sensible à la bonne humeur, au rythme des bandas, aux chansons improvisées et aux éclats de rire. Il est devenu indétrônable dans son rôle et symbolise plus que jamais l’âme festive des Basques.

vignoble armagnac

Quelle est la différence entre le cognac et l’armagnac ?

Quelle est la différence entre le cognac et l’armagnac ?


Les deux alcools ambrés, dont les zones de production ne sont séparées que de 300 petits kilomètres, revendiquent quelques singularités qui contribuent à leur réputation.

Vignoble en terre d’Armagnac – Crédit photo : Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac

Une apparente similitude

Un simple consommateur est-il capable de désigner, d’un rapide coup d’œil, le verre de cognac et celui d’armagnac ? Après tout, les alcools dépendent tous deux de territoires viticoles et d’un même processus de fabrication : distillation du vin blanc en vue d’obtenir une eau-de-vie, vieillissement dans des fûts de chêne, assemblage destiné à donner naissance à un arôme harmonieux.

On retrouve également la présence de cépages communs, comme l’ugni blanc, le colombard ou encore la folle blanche.

Cognac et armagnac profitent d’une AOC, placée sous la responsabilité d’un bureau national interprofessionnel (le BNIC pour le cognac, le BNIA pour l’armagnac).

Enfin, les deux nectars se commercialisent généralement selon une teneur de 40% d’alcool.

Par conséquent, pousser l’analyse un peu plus loin pour apprécier les particularités de chaque produit ne semble pas complètement inutile.

Des terroirs proches, mais différents

Il suffit de regarder une carte viticole du Sud-Ouest de la France pour constater la relative proximité des deux zones de production.
S’agissant du cognac, le vignoble s’étend sur une large partie de la Charente, la quasi-totalité de la Charente-Maritime et les alentours de quelques communes des Deux-Sèvres et de la Dordogne.

La zone d’appellation contrôlée se partage en six crus : Borderies, Grande Champagne, Petite Champagne, Fins Bois, Bon Bois et Bois Ordinaires.

Même s’il affiche quelques variations, le sol charentais se compose essentiellement de couches argilo-calcaires, avec une teneur élevée en calcaire à la surface.

La région profite d’un climat océanique tempéré, assez homogène, peu propice aux périodes de sécheresse. Les épisodes pluvieux se succèdent tout au long de l’année et les températures, assez douces, encouragent la maturité du raisin.

carte des crus du cognac

Plus au sud-est, le vignoble armagnacais couvre entièrement le département du Gers et partiellement ceux du Lot-et-Garonne et des Landes, à travers une aire d’appellation composée elle aussi de trois territoires.

C’est d’abord le Bas-Armagnac, intégrant une large partie du Gers et des Landes. Le sol y est sablo-limoneux.

Vient ensuite la Ténarèze, autour de Condom, où les sols boulbènes et argilo-calcaires favorisent un raisin puissant.

Enfin, Le Haut-Armagnac, à l’Est du Gers, représente la superficie la plus modeste et la plus récente. On y trouve un sol de calcaire marneux, surmonté de boulbène.

Les sols du terroir armagnacais révèlent une composition plus diverse que ceux de la région du cognac, à dominante calcaire.

En matière climatique, l’Armagnac relève également de l’influence climatique, mais aussi méditerranéenne, promettant des étés plus chauds et plus secs qu’en terres cognaçaises.

Une plus grande diversité de cépages en Armagnac

Les informations délivrées par le BNIC se veulent claires : l’ugni blanc s’impose dans 98% du vignoble de Cognac (contre 55% en Armagnac). D’origine italienne, le cépage est réputé pour sa résistance aux maladies et pour son excellent rendement. Sa maturité tardive se prête bien aux vins de distillation, qui doivent être acides et peu alcoolisés. Comme l’explique le site officiel du Bureau national interprofessionnel, « l’acidité permet au vin de se conserver naturellement durant les mois d’hiver avant la distillation, et le faible degré alcoolique conduit à concentrer davantage les arômes contenus dans les vins. »

Les autres cépages utilisés, dans des proportions plus modestes, sont le colombard, la folle blanche, le montils et le folignan, issu d’un croisement entre l’ugni blanc et la folle blanche.

En pays d’Armagnac, les producteurs misent davantage sur la variété puisque dix cépages entrent dans le cahier des charges. Outre l’ugni-blanc, malgré tout majoritaire dans les vignobles, la folle blanche continue d’être exploitée. Le cépage apporte des accents floraux à l’Armagnac, appréciés lorsqu’il est encore jeune.

Le baco doit également être pris en considération lorsqu’on parle d’armagnac. Conçu à la suite de la crise du phylloxéra, il est issu de la folle blanche et du noah, particulièrement résistant et bien adapté au sol sableux du Bas-Armagnac. Sa présence assure une certaine rondeur à l’eau-de-vie.

Le colombard figure aussi parmi les cépages essentiels au digestif gascon, notamment grâce à ses arômes fruités, précieux lors de l’assemblage.

Les autres cépages, parmi lesquels la clairette de Gascogne, le jurançon blanc, le meslier Saint-François, ne sont cultivés que sur quelques hectares de vigne. Le plant de graisse, cépage russe entrant dans la composition de la vodka, s’impose davantage ces dernières années.

La distillation, une question de philosophie

Si toutes les étapes de conception des deux eaux-de-vie se révèlent importantes, on conviendra que celle de la distillation l’est tout particulièrement.

En terres cognaçaises, la méthode traditionnelle, dite « à repasse » dépend d’un alambic en cuivre. Surtout, le processus privilégie une distillation à double chauffe. La première chauffe permet d’obtenir le brouillis, qui se situe entre 20 et 30 %. La seconde chauffe sert à distiller ce brouillis afin de donner naissance à l’eau-de-vie de Cognac, d’une teneur d’environ 70 % d’alcool.

En Armagnac, la distillation s’effectue dans un alambic continu armagnacais, dont le brevet a été déposé en 1818 puis sans cesse amélioré. Cet alambic contribue grandement à la personnalité et à la réputation de l’eau-de-vie gasconne.

Ici, point de double chauffe (même si elle reste possible), mais un processus particulier, comme le décrit le site du BNIA : « Le vin alimente en permanence l’alambic par le bas du réfrigérant. C’est grâce à lui que les vapeurs d’alcool contenues dans le serpentin se refroidissent. Il est conduit vers la colonne où il descend de plateau en plateau jusqu’à la chaudière. Sous l’effet de la forte chaleur produite par le foyer, des vapeurs de vin remontent à contre-courant et « barbotent » dans le vin au niveau de chaque plateau. Elles s’enrichissent de l’alcool et de la majorité des substances aromatiques du vin et sont condensées puis refroidies dans le serpentin. »

Le précieux liquide affiche un degré alcoolique situé entre 52 et 72% à la sortie de l’alambic. Comme pour le cognac, il convient d’attendre la phase dite de vieillissement en fûts de chêne pendant quelques années avant de procéder à l’assemblage puis à l’embouteillage. A ce stade, le niveau d’alcool s’est stabilisé à 40%.

Un vieillissement prolongé contribue à accentuer les arômes et la couleur, tout en jouant sur le goût final du produit. Après quelques années, l’eau-de-vie devient plus moelleuse et son bouquet se complexifie. Les substances boisées gagnent en délicatesse et les arômes se précisent : notes de champignons, de sous-bois et de noix pour le cognac, touches de vanille et de pruneau pour l’armagnac.

Que choisir au final ? Un cognac ou un armagnac ?

Chacun reste bien sûr maître de ses goûts. En France, mais surtout à l’étranger, le cognac reste plus facile à trouver. La filière s’appuie sur des milliers de professionnels (exploitants, négociants bouilleurs…), pour une production annuelle estimée à près de 180 millions de bouteilles. Pour sa part, l’armagnac dépend de structures plus modestes et artisanales, qui semblent mieux correspondre à sa philosophie. La production annuelle ne dépasserait pas les 6 millions de bouteilles.

Certains amateurs auront peut-être tendance à privilégier l’âge de leur eau-de-vie préférée. Un cognac XO apportera sûrement plus de plaisir gustatif qu’un armagnac encore jeune. D’autres, au contraire, privilégieront la notion de terroir, estimant qu’un armagnac conclue parfaitement un bon repas gascon.

Il en est de même pour le dernier geste avant la dégustation. En terres cognaçaises, on n’est pas toujours partisan de la petite opération consistant à chauffer son alcool en plaçant le verre tulipe dans le creux de sa main, au risque de trop détacher l’alcool, qui prend le dessus lors de la dégustation. En Armagnac, au contraire, le nectar doit dépasser la température ambiante pour libérer la magie de ses arômes.

La dégustation de l’une ou l’autre de ces eaux-de-vie reste en tous les cas un moment privilégié. Leur fabrication valorise un réel savoir-faire, le respect d’un cahier des charges exigeant, de longues années de vieillissement et un vrai talent d’assemblage.

baïne

Qu’est-ce qu’une baïne ?

Qu’est-ce qu’une baïne ?


Responsables chaque année de nombreux accidents, parfois mortels, les baïnes sévissent sur le littoral atlantique, et particulièrement sur les plages de Gironde et des Landes. Un danger réel et trop souvent ignoré.

Baïne en formation sur la plage de Capbreton, dans les Landes – Crédit photo : Tangopaso

Se méfier de l’eau qui dort

Chaque année, le même scénario se répète au cœur de la saison touristique. Gêné par la promiscuité engendrée par la zone de surveillance, notre ami baigneur préfère s’écarter pour profiter pleinement des joies de l’océan. Si les plages de la côte Atlantique impressionnent parfois par la force de leurs vagues, elles offrent aussi des zones plus apaisées, sans roulis ni écume. Bref, le vacancier y voit toutes les conditions propices à un moment agréable de baignade, loin de la foule située à quelques centaines de mètres.

Après quelques minutes de crawl bien inspiré en direction du large, il a la surprise de constater qu’il se situe déjà à 100 ou 200 mètres de la plage. Considérant cette distance (beaucoup) plus importante que prévu, il décide de revenir vers le bord, mais s’aperçoit assez rapidement que ses efforts sont vains. La plage ne se rapproche pas, elle aurait même tendance à s’éloigner.

La naissance d’une baïne

Les baïnes peuvent être grossièrement comparées à des bassines, des piscines naturelles. On parle aussi de couloirs. Leur formation dépend directement de la houle, des bancs de sable, des vagues et du vent. Les courants déplacent en effet vers le large le sable de fond et contribuent ainsi à creuser des bassines, qui finissent par se remplir d’eau.

Lorsque la marée monte, le ressac permet à l’eau de franchir les bancs de sable et de remplir la cuvette. Après quelques heures, l’eau s’évacue à travers des « couloirs » qui pointent vers le large, plus étroits que la bassine (effet « entonnoir » ou « de vidange »). Il en résulte des courants dits de sortie de baïnes, puissants et rapides, à l’origine des nombreux accidents sur le littoral aquitain.

Si la baïne ne représente pas un vrai danger à toute marée basse, du fait de sa faible profondeur et de son courant modéré (on y voit souvent des enfants barboter), elle se révèle extrêmement dangereuse deux à trois heures après le début de la marée montante. Puissante, invisible, bien calée, elle entraîne chaque année des dizaines de baigneurs vers le large. Selon Jeff, du site Lacanau Surf Info, sa vitesse peut atteindre 1,50 m par seconde, plus rapide que celle d’un nageur lambda.

Et le pire se produit…

Il suffit d’ouvrir les pages « Faits divers » du quotidien Sud-Ouest pour constater que les touristes payent un lourd tribut à l’océan, souvent par méconnaissance absolue des règles élémentaires de sécurité.
Pris dans un courant d’arrachement, un baigneur n’a aucune chance de revenir au bord en se déplaçant perpendiculairement à la plage. Il ne fait que se confronter au courant qui le pousse au large, en dépensant toute son énergie et en cédant à la panique.

Sortir d’une baïne ne relève heureusement pas de l’impossibilité. Quelle que soit la situation, il convient avant tout de conserver son calme, exercice certes délicat dès lors que le rivage ne cesse de s’éloigner. Si la plage est fréquentée, la bonne tactique consiste à faire des gestes en croisant ses bras au-dessus de sa tête afin de donner l’alerte aux autres vacanciers, aux surfeurs et aux MSN.

L’autre solution, si la personne sait correctement nager ou si l’endroit s’avère désert, est de se laisser emporter par le courant puis essayer de nager parallèlement à la plage afin de gagner les zones plus agitées, là où se forment ou déferlent les vagues. Les vagues permettront de regagner le bord, même au prix de quelques tasses bien salées.

En conclusion

Un vacancier bien informé est un vacancier heureux. L’impatience que suscitent les vacances ne doit pas se traduire par des comportements hasardeux, à l’instar de ces touristes partis visiter la Mer de Glace de Chamonix en espadrilles il y a quelques années !

En Aquitaine, l’océan est fougueux et souvent dangereux, justifiant de respecter les zones de baignade surveillées, même si elles sont fréquentées. Rien n’empêche un vacancier d’installer sa serviette où il le souhaite et de venir nager entre les deux drapeaux bleus. Il y a toujours moins de monde à l’eau que sur le sable !

Enfin, quelques minutes d’observation de l’océan suffisent pour identifier les baïnes, en n’oubliant jamais que les zones les plus calmes sont souvent les plus dangereuses. Il peut être utile également de télécharger une appli qui indique les heures de marée de la plage ou de poser des questions aux MNS, qui apporteront toutes les réponses souhaitées.