Premier et (très) rapide aperçu de la richesse et de la diversité patrimoniale des Pyrénées-Atlantiques. Y’a d’la matière, ça s’est sûr.
Olivier Sorondo – 23 février 2020 – Dernière MAJ : le 23 février 2020 à 21 h 45 min
Grottes d’Isturitz et d’Oxocelhaya
Quartier Herebehere, 64640 SAINT-MARTIN-D’ARBEROUE (D251 entre Isturits et Saint-Martin-d’Arberoue – Tél. 05 59 29 64 72 – Ouverture : mars, avril et mai : de 14h à 17h – juin : visites à 10h30 et 11h30 et de 14h à 17h – juillet et août : de 10h à 18h00 – septembre : visites à 10h30 et 11h30 et de 14h à 17h – octobre et novembre: de 14h à 17h – vacances scolaires et jours fériés : visite à 11h et de 14h à 17h Situées non loin du village d’Hasparren, les Grottes d’Isturitz et d’Oxocelhaya, découvertes en 1895 et classées Monuments historiques en 1953, constituent l’un des plus importants sanctuaires du Paléolithique en Europe. Les galeries ornées de gravures et de peintures montrent que ces lieux furent habités d’abord par l’homme de Neandertal puis par l’Homo Sapiens de 80000 à 15000 avant J.-C. Les fouilles ont permis de découvrir des dizaines de milliers d’objets, dont des flûtes du Paléolithique supérieur, des harpons fabriqués à base d’os, des figurines de bison, des racloirs en silex, des poinçons ou encore des parures. La succession des vastes salles, richement pourvues en concrétions, constitue un spectacle unique. À ce titre, le pilier stalagmitique de la grotte d’Isturitz mérite une observation soutenue pour admirer ses divers motifs gravés, dont la silhouette d’un oiseau, un renne ou encore des biches. Une quinzaine de mètres plus bas, la grotte d’Oxocelhaya impressionne par les dimensions de ses salles. La visite des grottes précède celle du musée archéologique, où de nombreux objets sont exposés. Enfin, des randonnées pédestres balisées autour de ce site permettent de prolonger le plaisir. Il est judicieux de prévoir une petite laine, car l’intérieur des grottes est frisquet.
Crédit photo : Les Grottes d’Isturitz et Oxocelhaya
Gorges de Kakuetta
Sainte-Engrâce – Tél. 05 59 28 73 44 – Ouvert du 15 mars au 15 novembre, tous les jours de 8 heures à la tombée de la nuit – Les Gorges de Kakuetta, situées à l’extrême Sud-Est du Pays basque sont considérées comme l’un des sites les plus sauvages et les plus prestigieux d’Europe. On a parfois l’impression de se retrouver au cœur de l’Amazonie, tant la nature est luxuriante, les animaux omniprésents et les falaises vertigineuses. Aujourd’hui protégé, le site peut se visiter de différentes manières, selon son expérience. Un parcours de 2000 mètres a été aménagé, avec des passerelles à main courante. On y découvre la magie des lieux, comme les grottes, les lacs, les cascades et les falaises parfois séparées de quelques mètres ! Une expérience unique.
Château de Pau
Rue du Château, 64000 PAU – Tél. 05 59 82 38 00 – Ouvert tous les jours : due mi-juin à fin septembre de 9h30 à 17h45 et de fin septembre à mi-juin de 9h30 à 11h45 et 14h à 17h – Fermé les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre Le château de Pau est bien sûr réputé pour avoir abrité la naissance d’Henri IV en 1553. Il s’agit d’une impressionnante forteresse médiévale, dont les trois ailes en triangle donnent naissance à une magnifique cour d’honneur. Construit au Moyen-Âge pour assurer la surveillance d’un gué sur le gave de Pau, le monument fut renforcé au XIVe siècle par Gaston Phébus, qui édifia le donjon en briques, puis transformé en château Renaissance par les vicomtes de Béarn et une nouvelle fois restauré en 1838 par Louis Philippe. La visite des lieux permet de découvrir de riches collections d’œuvres d’art dédiées au roi Henri IV ainsi que des tapisseries du XVIe au XIXe siècle, dont un ensemble décoratif de la Monarchie de Juillet. Difficile de visiter le château sans prévoir une longue balade dans les rues de Pau, qui révèlent mille témoignages de l’histoire de la cité (quartiers, musées, bâtiments anciens, jardins). Cerise sur le gâteau : le Boulevard des Pyrénées et sa vue exceptionnelle de la chaîne montagneuse.
Les sonnailles Daban
ZA Samadet, 64800 BOURDETTES – Tél. 05 59 61 00 41 – Visite le samedi et le lundi après-midi sur rendez-vous. En plein pays de pastoralisme, la maison Daban fabrique depuis la fin du XVIIIe siècle les sonnailles (ou encore les esquires), c’est-à-dire les cloches destinées aux vaches, aux brebis, aux chevaux mais aussi aux chiens de chasse. Le travail s’effectue à partir de plaques de tôle brasées au four en vase clos, façonnées et accordées à la main par des compagnons dotés d’un savoir-faire séculaire. Les instruments de musique du bétail sont en effet martelés à la main afin de donner naissance à un son chaud et reconnaissable entre mille. Les esquires prennent toute leur importance lors de la transhumance, mais aussi en période d’estive pour éviter qu’un animal ne se perde par temps de brouillard ou pour éloigner les vipères du troupeau. Enfin, les sonnailles contribuent au charme bucolique, donnant le sentiment que le temps s’arrête un peu alors que s’improvise un concert mélodieux et apaisé.
Le département des Pyrénées-Atlantiques affiche la singularité d’abriter deux peuples, c’est-à-dire deux cultures et, au final, deux susceptibilités. Écrire sur l’un sans s’intéresser à l’autre risque de poser par conséquent quelques problèmes, ce que nous ne souhaitons évidemment pas.
Olivier Sorondo – 20 février 2020 – Dernière MAJ : le 20 février 2020 à 21 h 15 min
Etxe ou ostau, de l’importance de la maison chez les Basques et les Béarnais
« Encore de nos jours, l’attachement du Basque à sa famille, et partant à la maison qui est en est l’abri, le panthéon, et dont il porte le nom, constitue l’élément interne de l’armature sociale de ce pays, tandis que son amour de la liberté en forme la défense extérieure. » Ces mots d’Alexandre de La Cerda, tirés du livre « Pays basque, entre Nive et Nivelle » (éditions Privat), illustrent bien le rôle central que joue la maison (ou la ferme) dans la tradition basque.
Sa grande superficie suit l’ambition d’accueillir en son sein plusieurs générations, qui se retrouvent pour le travail des champs, mais aussi lors des veillées, sous le regard bienveillant de l’etxekandrea, la maîtresse de maison.
Construits uniquement en bois avant le Moyen-Âge, les logis sont progressivement renforcés par des murs de pierre. La belle maison typique labourdine affiche une architecture définie au XVIe siècle, avec une façade blanche constituée de pans de bois peints en rouge cœur de bœuf ou vert basque. Souvent, le linteau de la porte d’entrée a été gravé afin de préciser la date de construction et le nom de la maison. On peut aussi y apercevoir des motifs religieux, des décors géométriques ou des scènes vivantes.
L’architecture de la maison basque diffère selon la province à laquelle elle appartient. Au Labourd, ce sont donc ces fameuses maisons à colombage rouge ou vert, orientées vers l’est, dotées d’une charpente solide et d’une toiture à deux versants peu inclinés, à même de mieux résister aux coups de vent océaniques.
En Basse-Navarre, la maison est bâtie en pierre, dotée d’une façade plus sobre. On aperçoit parfois un balcon de bois au niveau du grenier, destiné au séchage des récoltes.
Enfin, la maison souletine, de par sa plus grande proximité des Pyrénées, adopte un style architectural adapté à son environnement et proche de celui de la maison béarnaise, composée de deux ou trois bâtiments agencés autour d’une cour. La toiture privilégie une forte pente afin de ne pas supporter de trop gros volumes de neige en saison hivernale.
La maison traditionnelle béarnaise évoque elle aussi la nécessité de protéger la structure sociale au sein d’un environnement agro-pastoral. Comme chez les Basques, elle revient de droit à l’aîné, qui rassemble autour de lui famille et belle-famille au gré des mariages.
La toiture se veut très inclinée, du fait d’une importante pluviométrie et des chutes de neige hivernales. Selon les pays béarnais, on utilise des tuiles plates (ou « picon ») ou de l’ardoise noire, plus légère mais plus onéreuse aussi.
Bien sûr, la diversité régionale, les aléas climatiques et la proximité des matières premières influent sur l’architecture des maisons. En montagne, les demeures privilégient la pierre brute alors que celles situées plus bas dans les vallées laissent voir un bâti composé de galets du gave assemblés grâce au mortier.
Le béret basque, une création…béarnaise
L’origine du béret semble multiple et parfois confuse. Certains évoquent sa présence dès 2000 ans av. J.-C., comme l’attesterait un bas-relief découvert en Sardaigne représentant des hommes déjà pourvus de la coiffe. D’autres signalent son apparition en Béarn au cours de l’occupation romaine sous la forme d’une feutrine couvrant la tête et les épaules des soldats présents en vallée d’Aspe.
Plus concrètement, le musée du béret, situé à Nay, évoque la nécessité, pour les bergers béarnais, de disposer dès le Moyen-Âge d’un couvre-chef efficace contre les aléas de la météo en montagne.
Mais z’alors, pourquoi donc parler de béret basque ? Parce que la coiffe connaît un vrai succès auprès de la communauté des bergers pyrénéens, dont les Basques. Ces derniers l’adoptent définitivement et contribuent à sa diffusion au sein de leur pays et par-delà les mers. Au XIXe, l’empereur Napoléon III, étonné de le voir vissé sur la tête des ouvriers en charge de la construction de sa résidence estivale à Biarritz, parle donc de « béret basque ». Qui sait, si ce dernier avait séjourné à Pau, l’expression « béret béarnais » serait peut-être entrée dans les mœurs.
Il ne reste que quelques fabricants aujourd’hui, dispatchés entre Béarn et Pays basque, dont le plus important est la société Laulhère, située à Oloron-Sainte-Marie. La conception du légendaire couvre-chef suit un long processus, où le savoir-faire se révèle fondamental. Du tricotage de la laine au bichonnage, en passant par le feutrage ou le décatissage, pas moins d’une dizaine d’étapes jalonnent la fabrication du béret sur une période de 12 heures pour chaque pièce.
Originalement écru, le béret a ensuite été teinté en noir, couleur ayant contribué à sa renommée. Les bérets rouges ou verts que l’on compte par milliers lors des fêtes basques relèvent davantage du folklore, ce qui ne retire rien à leur indéniable charme.
L’Ossau-Iraty, la fusion des deux pays
S’il existe parfois de (très) légers agacements entre Basques et Béarnais sur de (petites) questions d’identité ou de culture, les deux peuples savent s’unir pour produire le meilleur, à l’image du goûteux fromage Ossau-Iraty. Son appellation (AOC depuis 1980 et AOP depuis 1996) peut même être considérée comme un compromis : pic du midi d’Ossau et forêt d’Iraty.
Ce sont finalement les Pyrénées et la vie pastorale qui forment le berceau du fromage. L’environnement et la pluviométrie se prêtent particulièrement bien à l’élevage ovin et l’on mentionne déjà le fromage de Brebis dès le premier siècle, sur les étals du marché de Toulouse. Au Moyen-Âge, il sert de valeur d’échange lors de la négociation de contrats de vente ou de location. Au fil du temps, le fromage se diffuse plus largement, tout en conservant la même méthode de fabrication et de transformation. En effet, la production revient essentiellement aux fermes avant d’être progressivement confiée à des fromageries au début du 20e siècle. Ces dernières conservent néanmoins l’exigence de la qualité, comme en témoigne la reconnaissance de l’AOC puis de l’AOP.
La production de l’Ossau-Iraty dépend avant tout du bon vouloir des brebis, toutes issues de races locales. Les animaux passent le plus clair de leur temps sur les pâturages, se nourrissant de fourrages, même si leur alimentation intègre également des céréales et des oléoprotéagineux (colza, tournesol ou pois). Dès l’arrivée de l’estive, les troupeaux gagnent les pâturages d’altitude où ils resteront jusqu’à l’automne, se régalant de l’herbe grasse disponible en abondance.
Bon, une dernière tranche d’Ossau-Iraty, ça ne se refuse pas.
Quant à la fabrication du fromage elle-même, le lait entier est ensemencé par des bactéries lactiques et finit par se solidifier sous l’effet de la présure et de la chaleur. En effet, le cahier des charges interdit la moindre élimination de l’eau pour parvenir à la concentration du lait. La présure ayant initié le caillage, l’opération suivante consiste à découper le lait caillé en grains, déposés dans des moule puis pressés. Après la salaison, le fromage est placé en cave d’affinage pour une période minimale de 80 ou 120 jours selon la taille des pièces.
Il en résulte, selon le site Terroirs de chefs, un fromage de brebis « délicatement typé, [qui] offre une grande palette aromatique. Ses tonalités subtiles varient en fonction de son procédé de fabrication (fermier /laitier) et de sa durée d’affinage. Pour les amateurs de fromage fort en goût et en caractère, le fermier au lait cru s’impose. En revanche, celui fabriqué avec du lait pasteurisé sera plus doux aux papilles (…) Rien d’étonnant à ce que l’Ossau-Iraty ait été consacré trois fois meilleur fromage du monde en 2006, 2011 et dernièrement, en août 2013. »
Les Pyrénées-Atlantiques profitent des richesses naturelles et géologiques du Béarn et du Pays Basque, qui offrent une grande diversité de paysages et de reliefs.
Olivier Sorondo – 18 février 2020 – Dernière MAJ : le 18 février 2020 à 18 h 02 min
Le Béarn, un environnement montagneux et une nature féconde
La culture béarnaise est bien sûr dominée par les Pyrénées et la vie pastorale. Au Sud, se dresse la haute montagne, du Pic d’Anie au Pic de Ger. On peut y observer toute une série de sommets, au pied desquels s’étendent des vallées réputées (Aspe, Ossau, Barétous), sillonnées par les gaves, ces cours d’eaux torrentueux qui naissent dans les montagnes. L’avant-pays béarnais, ou le piémont, est pour sa part constitué de coteaux, de vallées et de landes. On y trouve notamment la grande vallée du gave de Pau, qui accueille les villes de Pau et d’Orthez.
Si les gaves sont indissociables de l’identité du Béarn, les lacs et leur célèbre couleur émeraude contribuent grandement à sa beauté. Lac de l’Ayguelongue, lac d’Ayous, lac d’Estaens, las d’Isabe… Nichés dans des cirques, situés en altitude ou à proximité de Pau, ils assurent la préservation des espèces et illuminent les randonnées pédestres.
Cet environnement naturel favorise une faune et une flore exceptionnelles. Parmi les nombreuses variétés de plantes et de fleurs (on en dénombre plus de 4000, dont 160 espèces endémiques), citons l’iris des Pyrénées et sa magnifique couleur violette, qui se dresse fièrement à plus de 30 cm du sol. On le retrouve en abondance à Gavarnie, en plein cœur de l’été. Le géranium d’Endress, lui aussi endémique des Pyrénées, forme une surface compacte composée de petites feuilles lobées, qui accueille en été de jolies fleurs au rose délicat.
La faune apparaît elle aussi riche et variée, notamment grâce à quelques espèces endémiques comme le desman des Pyrénées (dit aussi rat trompette), l’euprocte, un énorme triton qui se complaît dans les eaux froides des cours d’eau d’altitude ou encore le célèbre isard, le cousin du chamois. La création du Parc national des Pyrénées, en 1967, a fortement contribué à la préservation des espèces animales.
Le Pays basque, une variété de paysages de l’océan aux reliefs abrupts
Le Pays basque, pour sa part, est situé entre les Pyrénées et l’Atlantique, sur la rive du gave d’Oloron et bordé, au nord, par l’Adour. La géographie y est très variée.
Il s’agit d’abord du littoral et de sa quarantaine de kilomètres de plages, destination prisée des touristes chaque été. La côte basque, jusqu’à Anglet, ne semble pas vraiment varier de celle du département voisin des Landes. On y observe la suite de l’interminable cordon dunaire, qui finit par disparaître à la Chambre d’Amour, progressivement remplacé par les falaises. Ces dernières atteignent d’ailleurs les 80 mètres de hauteur à Socoa, du fait de l’érosion marine.
Plus à l’est, la province de la Basse-Navarre dévoile dans sa partie nord des collines vertes et riches, propices à l’élevage et emblématiques de la campagne basque. Au sud, le relief devient escarpé et surplombe de belles vallées, à l’instar de celle de Baïgorry.
En pays de Soule, non loin du Béarn, le paysage se compose de reliefs plus abrupts qu’en basse-Navarre, avec des collines à la végétation rare, notamment sur le flanc sud des Arbailles. Paradoxalement, c’est dans la même région que l’on trouve la forêt d’Iraty, considérée comme la plus vaste hêtraie d’Europe.
On devine facilement que cette diversité géographique s’accompagne d’une diversité animale, dont quelques espèces endémiques, à l’image du pottok, ce petit cheval si typique du Pays basque, auquel on prête une origine préhistorique du fait de sa ressemblance au cheval de Prjevaslki, représenté sur les parois de la grotte de Niaux.
La palombe, ou pigeon ramier s’associe également à la culture basque. L’oiseau migre en direction de l’Espagne ou de l’Afrique sitôt l’automne venu. Lors de son survol des premiers massifs pyrénéens, il est attendu par bon nombre de chasseurs, dissimulés dans leur palombière (cabane construite dans les chênes et dissimulée), qui le chasse au filet ou selon d’autres techniques.
Il convient de citer également le vautour fauve, aujourd’hui protégé et parfaitement adapté aux montagnes, qu’il survole en planant grâce à l’impression envergure de ses ailes, proche des 3 mètres.
Enfin, ce rapide balayage de la faune basque serait incomplet sans mentionner les pibales, ces minuscules anguilles nées dans la mer des Sargasses et entraînées par le Gulf Stream vers les côtes françaises et les estuaires du Golf de Gascogne. C’est lors de leur remontée des cours d’eau qu’elles sont parfois pêchées en toute illégalité, leur prix de vente pouvant atteindre des niveaux astronomiques. Il faut dire que la bébête est très prisée des gastronomes grâce à sa chair particulièrement savoureuse.
Le département des Pyrénées-Atlantiques abrite deux pays qui revendiquent chacun un fort tempérament : le Béarn et le Pays Basque.
Olivier Sorondo – 17 février 2020 – Dernière MAJ : le 17 février 2020 à 13 h 20 min
Du profond sentiment d’indépendance des Béarnais…
L’histoire du Béarn est symbolisée par la célèbre formule : un pays à part soy, distinct et séparé de la couronne de France. Le pays, qui tire son nom de l’un des neuf peuples de la Novempopulanie romaine, fait partie de la multitude de vicomtés des Pyrénées. Le Béarn a toujours cherché, tout au long de son Histoire, à préserver son indépendance, se tenant à l’écart de nombreux conflits et profitant de la guerre de Cent Ans pour asseoir ses ambitions politiques.
De facto, les premiers vicomtes béarnais, les Centulle, profitent d’une autonomie certaine, même s’ils sont considérés comme les vassaux de droits des Ducs de Gascogne. Du IXe au XIe siècle, le territoire s’agrandit grâce à l’occupation de différentes vicomtés.
Parmi les personnages historiques du Béarn, Gaston IV le Croisé, de la famille des Centulle, mène de nombreuses batailles en Palestine et en Aragon, pourchassant les musulmans et nouant des relations étroites avec la Péninsule Ibérique. Au XIIIe siècle, Gaston VII, de la dynastie des Moncade, poursuit cette politique d’indépendance en se désengageant de l’Aragon et en obtenant la succession du comté de Bigorre.
Au XIVe siècle, Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Phébus, déclare qu’il tient le Béarn de Dieu et de son épée, confirmant ainsi la souveraineté de sa vicomté. Même le roi Henri IV, natif de Pau, respecta l’indépendance du Béarn jusqu’à sa mort. C’est son fils, le roi Louis XIII, qui intègre finalement le Béarn à la couronne de France en 1620, en promettant de respecter les lois locales…
… Aux mystères de l’origine des Basques
L’Ouest du département des Pyrénées-Atlantiques est occupé par les 3 provinces » françaises » du Pays Basque. Historiens et ethnologues poursuivent toujours leurs recherches pour comprendre l’origine ethnique des Basques. Leur présence dans le Sud-Ouest est en tout cas très ancienne. Peut-être sont-ils les descendants des Magdaléniens, dont les premières traces datent de 13 000 à 8 000 av. J.-C. ?
Autre sujet d’interrogation : la langue basque. Elle ne ressemble en rien aux langages indo-européens d’Europe occidentale. Certains scientifiques pensent qu’il s’agirait d’une langue parlée en Navarre à la fin du Quaternaire. D’autres supposent que la langue serait d’origine caucasienne…
En 600 av. J.-C., les Basques résistent vaillamment aux Celtes, qui envahissent pourtant toute l’Europe. Mais le Pays Basque sera successivement occupé par les Romains, les Vandales, les Wisigoths (Ve siècle) et les Arabes (VIIIe). C’est ensuite Charlemagne qui s’intéresse à la région, même s’il doit subir le massacre d’une partie de ses troupes lors du fameux épisode du Col de Roncevaux (15 août 778).
Le VIIIe siècle voit également l’apparition de petites provinces indépendantes, qui se répartissent dans les royaumes de Navarre et d’Asturies-Leon. Quatre siècles plus tard, la Castille annexe trois de ces provinces, alors que la Navarre rejoint la France. La guerre menée par la Castille en 1512 permet aux Espagnols de conquérir une partie de la Navarre, mais coupe définitivement le Pays Basque en deux, suivant les frontières de l’Espagne et de la France.
Du côté français, trois provinces (sur les sept que compte le Pays Basque) regroupent les habitants basques : la Soule, la Basse-Navarre et le Labourd. Ces trois provinces vont tenter de résister, pendant fort longtemps, aux politiques fédératrices de la monarchie puis de la Révolution. En 1789, les députés basques désapprouvent l’apparition des départements. Un an plus tard, ils sont contraints d’accepter la création du département français des Basses-Pyrénées, qui les rapproche administrativement des Béarnais.
Entre manifestations culturelles, festives, historiques, gourmandes ou encore musicales, il est difficile de s’ennuyer dans ce merveilleux département. Parole de Gascon.
Olivier Sorondo – 16 février 2020 – Dernière MAJ : le 8 janvier 2023 à 12 h 17 min
Calendrier des festivités du Lot-et-Garonne
Entre manifestations culturelles, festives, historiques, gourmandes ou encore musicales, il est difficile de s’ennuyer dans ce merveilleux département. Parole de Gascon.
Olivier Sorondo – 16 février 2020 – Dernière MAJ : le 8 janvier 2023 à 12 h 17 min
Mai
Salon du livre de Villeneuve-sur-Lot Villeneuve-sur-Lot – Mi-mai Tél. 05 53 41 53 85 Depuis déjà une vingtaine d’années, le Salon du livre de Villeneuve invite une prestigieuse maison d’édition, lui donnant l’occasion de se raconter et de rencontrer ses lecteurs. La manifestation permet également de réunir de très nombreux écrivains et auteurs de bandes dessinées. Entre rencontres conviviales, débats passionnés, animations diverses, découvertes curieuses et remises de prix littéraires, dont le prix de la Bastide, le Salon du livre s’impose comme un rendez-vous culturel incontournable en Aquitaine.
Juin
Les Médiévales de Bruch Bruch – Week-end de Pentecôte Tél. 07 81 81 13 81 – Web : www.medievales-bruch.fr Organisées chaque année par la Compagnie des Tours, les Médiévales de Bruch invitent le public à perdre ses repères et à s’immerger entièrement dans l’univers médiéval. Il faut dire que le village, au lointain passé, constitue le décor parfait, notamment grâce à ses deux magnifiques tours et aux restes de l’enceinte. Les Médiévales offrent l’occasion festive et ludique de sensibiliser les visiteurs à l’histoire, à travers de nombreuses animations assurées par différentes troupes. Les enfants peuvent découvrir moult jeux en bois ou de plateau, qui ont le grand avantage de fonctionner sans pile. Combats de chevaliers, danses de troubadours, exercices de fauconnerie, campement de bâtisseurs, marché reconstitué et même un banquet médiéval pour faire bonne ripaille composent le menu de cet évènement ambitieux et de qualité. Une excellente idée de sortie, d’autant plus que l’entrée est gratuite.
Garorock Marmande – Fin juin Tél. 05 53 64 44 44 – Web : www.garorock.com Est-il encore nécessaire de présenter Garorock (contraction de Garonne et Rock), l’évènement musical majeur du Sud-Ouest ? Hein ? Depuis 1997, le festival réunit la fine fleur française et internationale des groupes, chanteurs (euses) et musicien(ne)s. La liste est longue et impressionnante : The Offspring, The Specials, Alpha Blondy, De La Soul, LKJ, Assassin, Ben Harper… En 2019, la fréquentation a dépassé les 160 000 festivaliers. On fait d’ores et déjà le pari que ce chiffre record sera battu ces prochaines années.
Une référence des festivals nationaux – Crédit photo : Garorock
Juillet
Festival du rire de Villeneuve-sur-Lot Villeneuve-sur-Lot – Début juillet Tél. 05 53 40 49 49 – Web : www.rirevilleneuve.fr À Villeneuve, on aime donc lire (voir plus haut) et rigoler. Le festival du Rire sollicite les zygomatiques du public depuis déjà une trentaine d’années. La bonne idée repose sur la volonté des organisateurs de promouvoir les humoristes débutants, qui peuvent ainsi et enfin se produire devant le public, en première partie d’un artiste reconnu. On imagine le trac. Genre la bouche sèche, les mains moites, le sourire figé, l’envie d’aller aux toilettes… C’est le métier qui rentre.
Festival de théâtre Agen Agen – Mi-juillet Tél. 05 53 47 82 09 – Web : www.theatredujour.com Pendant une semaine, les représentations sont organisées dans la cour historique du collège Chaumié, au sein de la ville. A 18 heures, ce sont les spectacles destinés aux enfants. Ceux des adultes suivent à 21h. Les pièces, tirée du répertoire classique ou contemporain, sont interprétées par les élèves comédiens de la compagnie Pierre Debauche, une structure fondée en 1994.
GaronnaShow Port-Sainte-Marie – Début juillet Tél. 05 53 87 21 19 – Facebook : www.facebook.com/GaronnaShowFestival Garonna Show ouvre grand ses portes aux familles et à toutes les générations. Le festival se déploie sur l’ensemble de la petite commune de Port-Sainte-Marie, où les animations se succèdent dans les rues. Trois espaces scéniques se consacrent aux principaux concerts, mais la musique est omniprésente grâce à la présence d’une bonne vingtaine de formations, dont des bandas. Ambiance festive et décontractée.
Festivino Cocumont – Dernier week-end de juillet Tél. 05 53 20 74 46 – Web : https://festivino47.com Initié en 2011 par les vignerons du Marmandais, Festivino suit l’ambition première d’assurer la promotion des vins locaux auprès d’un public plus large. À ce titre, une grande fête est organisée le dernier week-end de juillet, au programme chargé : concerts, animations diverses dont celles à destination des enfants, spectacles de rue, Festi Night, rassemblement de voitures anciennes, atelier dégustation, conférences… C’est aussi (et surtout ?) l’occasion idéale de découvrir les excellents vins estampillés AOC Côtes du Marmandais, dont le vignoble profite allègrement des coteaux et des vallons. La production annuelle avoisine les 50 000 hectolitres et implique une petite centaine de vignerons.
Août
Le festival des menteurs de Moncrabeau Moncrabeau – Premier dimanche d’août Tél. 05 53 97 32 25 – Web : www.academiedesmenteurs.fr Si vous êtes un jour la cible d’une remarque de type « Oh, le gros menteur ! », inutile d’adopter un air effaré. Tournez plutôt le regard vers Moncrabeau, cette charmante petite commune du Lot-et-Garonne, où vous pourriez être consacré roi. A Moncrabeau, le mensonge est un art subtil, qu’il faut savoir manier avec talent et conviction, à grand renfort d’arguments affûtés et d’affirmations définitives. Le premier dimanche d’août, le festival mondial des menteurs donne l’occasion d’écouter de magnifiques spécimens de la contre-vérité, des artistes de l’imagination attestée, des fans absolus de la mythomanie, des apôtres de la menterie. Si vous avez de vraies choses fausses à dire, rien ne vous empêche de vous inscrire. Vous aurez droit à un public attentif et, peut-être, à une couronne dorée.
Festival de Bonaguil Château de Bonaguil (Fumel) – Première semaine d’août Tél. 05 53 71 17 17 – Web : https://festivaldebonaguil-fumel.fr Initié en 1962, le festival de Bonaguil s’est d’abord attaché à la musique classique. Le théâtre ne fait son apparition qu’en 1985, sous l’impulsion des Baladins en Agenais. En 1997, l’art théâtral s’impose définitivement dans le décor somptueux du château, grâce à une affluence sans cesse plus importante. La ligne artistique des organisateurs consiste à identifier les pièces de la saison parisienne ayant rencontré un vrai succès populaire et à inviter les artistes à se produire dans un cadre différent et une atmosphère particulière. Le répertoire se nourrit tout aussi bien de pièces classiques que contemporaines.
BASTID’Art Miramont-de-Guyenne – Début août Tél. 09 67 52 73 46 – Web : https://bastidart.org Au fil des année, le festival s’est imposé comme une référence incontournable des arts de la rue, aussi bien en France qu’à l’international. « Nous sommes une énigme pour la fédération des Arts de la rue. Ils se demandent comment on arrive à faire venir en résidence en Lot-et-Garonne une artiste comme Vanessa Pahud, qui est une sommité mondiale du trapèze » déclare Thierry Jouseins, le directeur de BASTID’Art au quotidien régional Sud-Ouest. En plein cœur de l’été, les ruelles de la bastide accueillent une profusion de spectacles gratuits en tout genre, de la danse au théâtre en passant par le cirque ou les séances de magie. Une grosse cinquantaine de compagnies se charge d’assurer l’animation. Il semble que ce soit la bonne formule puisque BASTID’Art vient de fêter son 25e anniversaire.
Les Journées médiévales de Monflanquin Monflanquin – Mi-août Tél. 05 53 71 18 85 – Web : www.gemmonflanquin.fr Organisée en la superbe bastide Monflanquin, la fête médiévale rend hommage à la très longue histoire du territoire lot-et-garonnais, riche de dizaines de bastides. Le programme des Journées se veut riche et éclectique : tournois de de chevalerie, initiation à la taille de pierre, visite guidée de la bastide, parade aux flambeaux, jeux médiévaux, divers spectacles de rue impliquant des cracheurs de feu, des troubadours… Immersion complète.
Roots – Crédit photo : Médiéfest
Duras fête son vin Château de Duras – Mi-août Tél.05 53 83 63 06 – Web : https://durasfetesonvin.com Si les producteurs des Côtes du Marmandais organisent chaque année une p’tite sauterie en l’honneur de leur vin (voir plus haut), rien n’empêche ceux de Duras de rendre hommage au leur. C’est chose fête, si l’on ose dire. Dans le cadre du prestigieux château des ducs de Duras, une journée complète se consacre à la production de Duras, représentée par quelques vignerons heureux de pouvoir échanger sur leur vin et le faire déguster. Bien sûr, de nombreuses animations s’ouvrent au public, comme les montgolfiades, qui permettent de découvrir la région à bord d’une nacelle, des ateliers ludiques à destination des enfants, l’organisation d’un match amical de rugby, le salon des vins, l’ouverture d’une bodega, le concert…
Les Fêtes d’Agen – Pruneau Show Agen – Dernier week-end d’août Tél. 05 53 69 47 64 – Web : www.grandpruneaushow.fr Bien sûr, impossible d’imaginer un calendrier festif en Lot-et-Garonne sans le moindre hommage à la pépite noire du département. Ce sont donc trois jours de grosse fête qui attendent les visiteurs dans les rues d’Agen. Les organisateurs ont pensé à tout : déambulations de machinerie, spectacles pour les enfants, défilés de fanfares, démonstrations sportives ou concerts majestueux (Jenifer et Radio Elvis sont venus en 2019). C’est aussi l’occasion de se rendre au marché des producteurs et de savourer moult recettes élaborées à partir du pruneau.
Nuits Lyriques de Marmande Marmande (Théâtre Comoedia) – Dernière semaine d’août Tél. 05 53 89 68 75 – Web : https://nuits-lyriques.fr Chaque année, le concours international de chant de Marmande permet à près de 200 jeunes chanteurs, originaires d’une trentaine de pays, de se produire sur scène devant le public et un jury de professionnels. Pour certains, il s’agit de la première opportunité de fouler les planches usées d’une scène et de démontrer leur talent devant une audience passionnée et attentive. Les éliminatoires se déroulent pendant deux jours, aux termes desquels interviennent la demi-finale puis la finale, ultime étape. Pour les heureux lauréats, l’annonce du palmarès est peut-être le début d’une carrière prometteuse. Depuis la création du concours, plus de 5000 candidats ont pu être auditionnés et près de 400 talents ont été découverts.
Septembre
Foire d’Agen Parc d’exposition d’Agen – Première quinzaine de septembre Tél. 05 53 48 49 50 – Web : https://foire-agen.com Allez, on va pas se mentir. Que ce soit à Bordeaux, à Périgueux ou à Agen, on les aime bien ces foires, généralement organisées à la rentrée. Des centaines d’exposants, plein de trucs à déguster ou à grignoter, des cuisinistes qui se jettent sur nous, des démonstrations de la gendarmerie, des spécialistes de la réflexologie plantaire, des manèges, des drones… Il ne faut pas chercher de sens ou de thématique, c’est juste un gros fouillis plus ou moins bien organisé. Finalement, chacun y trouve son compte, même si on ne sait pas ce qu’on est venu chercher.
Le département du Lot-et-Garonne peut s’enorgueillir d’un patrimoine riche, varié et séculaire, sans ressentir la moindre jalousie ou frustration vis-à-vis de sa voisine la Dordogne, pourtant plus exposée aux touristes. Première et timide sélection de sites.
Olivier Sorondo – 12 février 2020 – Dernière MAJ : le 18 février 2020 à 18 h 41 min
Château de Poudenas
2 rue du château 47170 POUDENAS – Tél. 05 53 65 70 53 – Visites de groupes et uniquement sur réservation – Parc ouvert au public. Édifié au 13e siècle par les seigneurs de Poudenas, vassaux du duc d’Aquitaine et roi d’Angleterre Edouard 1er de Plantagenêt, le château sert d’abord de forteresse militaire, notamment grâce à sa position dominante de la vallée de la Gélise. Le monument reçoit tout au long des siècles de nombreuses évolutions et modifications, dont l’ouverture de fenêtres à meneaux ou l’installation de deux terrasses. Les transformations apportées à la façade sud au 17e siècle, en pleine Renaissance, finissent par faire ressembler le château à une gigantesque villa toscane. Aujourd’hui, l’édifice offre une configuration impressionnante, dont la superficie au sol dépasse les 2700 m². On peut visiter six salles, qui présentent chacune un style différent, dont la bibliothèque, restaurée au 19e siècle. Le parc s’étend quant à lui sur une dizaine d’hectares agrémentés d’une centaine d’essences, qu’il s’agisse des cèdres de l’Atlas ou des cyprès âgés de quatre siècles.
La Toscane en plein Sud-Ouest – Crédit photo: MOSSOT – Own work – CC BY-SA 4.0
Bastide de Villeréal
Place de la halle 47210 VILLERÉAL – Tél. 05 53 36 09 65 Le Lot-et-Garonne reste quand même l’un des berceaux des bastides dans le Sud-Ouest. Pour rappel, les bastides correspondent à ces villages fortifiés, construits généralement en quelques années au Moyen-Âge et dont les rues quadrillées forment des îlots agencés autour de la place centrale, lieu de vie de la cité. Villeréal illustre fort bien ce renouveau architectural, avec tout le charme qui lui est propre. Édifiée en 1267, la bastide est toujours pourvue de ses maisons médiévales à colombages ou à encorbellement, dont chacune ne manque pas d’attirer le regard. La place centrale accueille une halle exceptionnelle, de par son état et la présence d’un étage en torchis. Refaite à l’identique en 1515, elle servait aux mesures officielles des grains. Son étage, quant à lui, se réservait aux notables du village. À l’instar des autres bastides ou villages du territoire, la découverte des lieux s’effectue lors d’une promenade nonchalante, sans précipitation, en complète immersion.
Clairac plage
Route de la Plage 47320 CLAIRAC – Tél. 05 53 84 22 21 – Accès gratuit – Baignade surveillée en juillet et août de 14h à 19h. Aménagée sur les rives du Lot, au cœur du joli village de Clairac, la plage invite au farniente sur son sable blanc sitôt les chaleurs estivales venues. On peut s’y baigner en toute tranquillité, l’endroit étant conforme aux normes européennes et l’eau régulièrement contrôlée. Juste à côté se tient le camping-restaurant municipal, fort de sa petite cinquantaine d’emplacements et de ses nombreux jeux mis gracieusement à la disposition des clients. La terrasse du restaurant offre quant à elle un chouette panorama de la rivière, de la plage et du village. Bref, une image de carte postale au soleil couchant, au moment de l’apéritif.
Crédit photo : Comité Départemental du Tourisme de Lot-et-Garonne
Villascopia
66 rue de Lamarque, 47240 CASTELCULIER – Tél. 05 53 68 08 68 – Ouverture : d’avril à septembre, du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 17h, mercredi / samedi et dimanche de 14h à 17h. En juillet et août : tous les jours de 10h30 à 18h00. Vacances scolaires de Toussaint : tous les jours de 14h à 17h (fermé le 01/11) – Tarif : 6 € pour les adultes et 4 € pour les enfants. En 1970, un agriculteur de Castelculier découvre une statue en labourant son champ. Les archéologues en déduisent qu’il s’agit d’une représentation de Minerve, fille de Jupiter. Il s’ensuit, de 1986 à 1998, un vaste et long chantier de fouilles, qui permet de mettre à jour les ruines d’une villa gallo-romaine, et plus particulièrement ses thermes, sur une surface de 3500 m². Le projet Villascopia tend à raconter l’histoire des lieux il y a 1800 ans à travers la technologie Scénovision, faisant intervenir Paulin de Pella, petit-fils du célèbre Ausone, qui raconte son souvenir d’enfance à la villa de Castelculier en compagnie de ses amis. Après cette immersion dans le passé, le public est invité à visiter l’espace muséographique consacré aux divers objets trouvés pendant les fouilles et bien sûr les vestiges de la villa, dont la zone thermale, entièrement dégagée.
Centrale hydroélectrique de Fumel
20 avenue de l’Usine, 47500 FUMEL – Tél. 05 53 71 13 70 – Visites hebdomadaires en haute saison, uniquement sur réservation. Se renseigner auprès de l’office de tourisme Fumel-Vallée du Lot. Tarif : 6 € pour les plus de 12 ans et 4 € de 6 à 12 ans. Mise en service juste après la Seconde Guerre mondiale, la centrale hydroélectrique a permis d’alimenter de nombreuses années durant l’usine métallurgique de Fumel, et plus précisément son énorme machine de Watt, une soufflerie dont il ne reste que deux exemplaires dans le monde. La conception de la centrale, toute de verre et de béton, repose sur le principe d’un barrage à clapets haut de 7 mètres dominant la rivière Lot et permettant de diriger l’eau vers les deux turbines Kaplan, capables de produire 3500 kWh. Vendue en 2005 à un propriétaire privé, la centrale continue de fonctionner comme au bon vieux temps. La production d’énergie (propre et durable), vendue à EDF, profite à 7000 foyers.
Souvent associé à son immense forêt de plus d’un million d’hectares, le département des Landes profite pourtant d’une réelle diversité de petits pays, au patrimoine et à la culture propres, qui contribuent à sa diversité et à sa richesse.
Olivier Sorondo – 7 février 2020 – Dernière MAJ : le 15 avril 2020 à 17 h 30 min
Le Marais d’Orx
005 Route du Marais d’Orx, 40530 Labenne – Tél. 05 59 45 42 46 – Visite guidée grand public (1/2 journée) : adultes 7,50€ / enfants 3,50€ (6 à 16 ans) – Gratuit moins de 6 ans Situé à toute proximité de la commune de Labenne, le marais d’Orx s’étend sur un millier d’hectares et bénéficie depuis 1995 du classement en Réserve naturelle nationale, intégrée au réseau européen Natura 2000. Né il y a 3 millions d’années de la formation du cordon dunaire sur le littoral qui empêche le ruissellement des eaux vers l’océan, le marais est asséché au 19e siècle sur ordre de l’empereur, soucieux de développer l’activité agricole. La nature reprend progressivement ses droits jusqu’à la résurrection du marais, racheté par le Conservatoire du littoral en 1989. La Réserve représente une étape importante pour les oiseaux migrateurs et leur offre une variété de milieux naturels (prairies, plans d’eau, saulaies…) bien adaptés à leur séjour. On a ainsi compté près de 250 espèces d’oiseaux sur le site, dont les oiseaux hivernants ou migrateurs et les espèces nicheuses. L’oiseau le plus emblématique des lieux est certainement la spatule blanche, qui prête d’ailleurs sa silhouette au logo du syndicat mixte en charge de la gestion du marais. Bien sûr, la zone humide favorise toute une biodiversité, propice aux espèces inféodées (amphibiens, reptiles, poissons ou mammifères). Le domaine ne se visite qu’à pied, le long d’un sentier de 6 km (aller et retour) jalonné d’observatoires. Toute l’année, des animations et des visites guidées sont proposées au public.
Les arènes de Pomarez
Tél. 05 58 89 02 25 – Visite guidée uniquement sur rendez-vous pour les groupes (5 €). Si l’on souhaite s’imprégner de la culture landaise, c’est en Chalosse que l’on se rend, et plus précisément à Pomarez, charmante bourgade de 1500 habitants située non loin d’Orthez. Pourquoi Pomarez alors que pays environnant est riche d’autres ravissants villages ? Parce que la commune est considérée comme la Mecque de la course landaise, où sont nés de grands noms de la discipline, qu’ils fussent sauteurs ou écarteurs, et dont la renommée s’est étendue dans tout le département et même au-delà. Les magnifiques arènes imposent d’ailleurs le respect. Édifiées en 1931 d’après les plans d’Albert Pomade, déjà à l’origine des arènes de Dax, elles présentent la particularité d’être couvertes. Leur capacité est de 3000 places et elles accueillent chaque année diverses épreuves de compétition, notamment celles de la Pentecôte et du 15 août, fort prisées. C’est également ici que l’on trouve la seule école taurine des Landes. On peut bien sûr les visiter sur rendez-vous tout au long de l’année, mais leur découverte sera plus agréable et authentique un jour de course, au son des bandas et au milieu du public.
Château de Gaujacq
2 route de Brassempouy, 40330 GAUJACQ – Tél. 05 58 89 01 01 – Du 15/04 au 30/06 : visite guidée à 15h, 16h, 17h – Du 01/07 au 31/08 : visite guidée à 11 h, 15 h, 16 h, 17 h et 18 h – Du 01/09 au 17/09 : visite guidée à 15h, 16h, 17h – Tarifs : 7 € pour les adultes, 6 € pour les enfants de 12 à 18 ans – Visites nocturnes aux chandelles tous les lundis soir à 21h30 (réservation obligatoire – 10 €). Classé Monument historique, le château de Gaujacq a été construit au 17e siècle en faveur de François de Sourdis, lieutenant général des armées de Louis XIV. Les plans ont été tracés par Mansart, premier architecte du roi, à qui l’on doit entre autres la place Vendôme à Paris ou la salle des Glaces au château de Versailles. Concevant un château de plain-pied, Mansart s’est inspiré de l’architecture grecque antique, style qu’il complète par une magnifique galerie à l’italienne tout autour du jardin intérieur. Les nombreuses pièces de l’édifice se consacrent, à travers le mobilier, la scénographie et la multitude de détails, dont l’art de la table, aux 17e et 18e siècles. Enfin, la visite du château de Gaujacq peut se compléter par celle du plantarium, situé juste à côté. Conçu par le botaniste Jean Thoby, il permet la conservation de nombreux végétaux, que l’on peut admirer en parcourant les allées du jardin à la française. Deux fois par an (en mai et octobre), le botaniste organise le RANAPECO, qui rassemble moult pépiniéristes collectionneurs. Un évènement attendu des amateurs.
Réserve naturelle du courant d’Huchet
374 rue des Berges du Lac, 40550 LÉON – Tél. 05 58 48 73 91 – Visites guidées pédestres organisées tout au long de l’année, de 2 heures à 4 heures, sur réservation (tarifs : 6 € adulte et 3 € enfant). Dans les Landes, les courants désignent des fleuves côtiers, qui sont en fait des cordons ombilicaux servant d’exutoire entre les étangs (ou les lacs) et l’océan. Les étangs reçoivent eux-mêmes les eaux des raus (ou ruisseaux). Parmi les quelques courants landais, il convient de citer celui de Soustons et, bien sûr, le courant d’Huchet, qui sert d’exutoire à l’étang de Léon. Long de 9 kilomètres, le courant d’Huchet s’entoure d’une végétation luxuriante et magnifique, ayant largement justifié la création d’une Réserve naturelle, en 1981. On y recense près de 300 espèces végétales, dont certaines exotiques, à l’instar de la fougère royale ou du cyprès de Louisiane. L’écosystème se révèle idéal pour l’avifaune, d’ailleurs très dense. Parmi les espèces ayant adopté ce p’tit coin de paradis, citons le héron cendré, la bécasse des bois, le lézard vivipare, la loutre ou encore la lamproie marine. La visite des lieux s’effectue en accès libre grâce aux itinéraires de promenade à travers la forêt. Il est également possible de descendre le courant en galupe (barque à fond plat) que dirige un batelier Ambiance garanti, on se croirait presque en Amazonie.
Ferme solaire du Gabardan
40240 LOSSE – Tél. 05 58 44 86 06 La centrale solaire photovoltaïque de Losse, dite aussi ferme solaire du Gabardan, a été mise en service en 2010. Son parc rassemble pas moins de 872 300 panneaux répartis sur 317 hectares, dont des « trackers », conçus poursuivre la course du soleil tout au long de la journée. Chaque année, la production tirée de l’infrastructure atteint les 84 GWh, susceptibles d’alimenter en électricité une ville de près de 40 000 habitants. Le souhait de l’initiateur du projet, EDF Énergies nouvelles, est de favoriser les énergies renouvelables et positives. En matière de coût environnemental lié à l’installation d’une telle entité, chaque parcelle déboisée a été compensée non loin, dans le pays de Gabardan. La ferme solaire forme un paysage anachronique au milieu de la forêt de pins. C’est l’une des raisons, parmi d’autres, qui motive les demandes de visite émises par les écoles, les curistes ou les touristes. Le site étant fermé au public, il convient de prendre rendez-vous auprès de l’office de tourisme de Saint-Justin, habilité à organiser des visites guidées.
Le Bas Quercy est réputé pour sa production de chasselas, ou chasselas de Moissac, considéré comme l’un des meilleurs raisins de table de France, qui profite d’un savoir-faire séculaire, d’une géographie avantageuse et d’un sol argilo-calcaire adapté.
Olivier Sorondo 28 janvier 2020 – Dernière MAJ : le 23 septembre 2020 à 16 h 31 mi
L’observation de certains chapiteaux du cloître de Moissac permet de se rendre compte que la vigne est plantée en terres quercynoises depuis le Moyen-Âge. Les moines bénédictins ont contribué au développement de la viticulture dans leurs domaines, participant à la réputation du chasselas, un cépage blanc d’origine suisse, pays où il est cultivé pour la production d’un vin sec de terroir, parfaitement adapté à la gastronomie locale.
Le chasselas (dont le terme serait lié à la commune de Saône-et-Loire) est également utilisé à des fins vinicoles en Allemagne et en France, notamment à Fontainebleau et à Thomery.
À Moissac, le chasselas prend le virage du raisin de table au XIXe siècle, comme l’attestent les rapports rédigés lors des comices départementaux en 1839, 1845 et 1859. C’est à cette époque que se développent les transports ferroviaires et fluviaux, ouvrant de nouveaux territoires de consommation. La production du précieux cépage augmente et les viticulteurs, déjà riches d’une solide expérience, deviennent des professionnels avisés, les chasselatiers. Nous pourrions même parler de chasselatières puisque les travaux sont en grande partie assurés par les femmes.
La crise du phylloxera, qui dévaste les trois quarts des vignes françaises lors de la seconde moitié du XIXe siècle, n’épargne pas le Bas Quercy. Deux propriétaires, Laborie et Combadazou, prennent l’initiative de greffer le chasselas sur des plants américains, rapidement imités par de nombreux producteurs. Les vignes renaissent et occupent à nouveau les coteaux dès les années 1900.
En 1912, un publicitaire de la compagnie du chemin de fer de Paris-Orléans, Georges-François Charmeux, issu d’une lignée familiale vouée corps et âme au chasselas, s’implique dans la promotion et la distribution du raisin moissagais. Il permet le transport ferroviaire gratuit du chasselas pour différentes expositions en France et en Allemagne et vulgarise les techniques de conservation et d’enséchage, mises au point par son parent Baptiste-Rose Charmeux.
À la veille de la Première Guerre mondiale, la surface de culture s’étend sur 4 100 hectares et autorise une production annuelle de 18 000 tonnes.
Le chasselas s’impose dans la vie économique de Moissac et de sa région. Au cours des années 1920 et 1930, les chasselatiers se regroupent au sein de puissantes fédérations agricoles et associations de producteurs afin de défendre leurs intérêts, assurer la qualité de la production et imposer des règles sur le conditionnement.
Le succès du chasselas de Moissac incite la municipalité à nourrir de fortes ambitions. Le docteur Rouanet, président du Comité de la Semaine du Chasselas, envisage ainsi la construction d’une véritable cité uvale, susceptible d’attirer le public de France et d’ailleurs. Le projet n’est pas modeste : grand hôtel, promenades, port de plaisance sur le Tarn, piscine, casino, plage reconstituée, restaurants… Au final, les réalisations sont plus étriquées puisque seuls l’uvarium (devenu restaurant) et l’Hôtel du Moulin (toujours ouvert) voient le jour. En 1935, la commune de Moissac est néanmoins reconnue comme première cité uvale de France.
Fête du chasselas à Moissac en 1951 – Crédit photo: Fonds André Cros, CC BY-SA 4.0
En raison de l’essor industriel, la main d’œuvre devient plus rare et plus chère après la Seconde Guerre mondiale. Les surfaces d’exploitation diminuent et la production est moins abondante. Qui plus est, les chasselatiers doivent faire face à certains producteurs indélicats qui commercialisent leurs produits sous l’appellation « Chasselas de Moissac ». En 1953, le tribunal civil de Moissac reconnaît l’appellation d’origine, qui impose des caractéristiques précises de qualité et de localisation.
Il faut attendre l’année 1971 pour que l’INAO attribue l’AOC. Le syndicat de défense du chasselas de Moissac fait part au ministère de l’Agriculture de sa volonté de promulguer un décret qui autorise notamment de déclarer en mairie toutes les parcelles de vignes AOC et la centralisation des déclarations permettant un registre d’appellation. Le décret est publié en 2003.
Enfin, en 1996, l’appellation européenne AOP est attribuée, confirmant et protégeant la qualité du chasselas de Moissac et le savoir-faire des viticulteurs quercynois.
Un raisin haut de gamme, de fortes exigences
L’aire géographique du chasselas de Moissac n’a pas varié depuis 1953 et s’étend du Nord-Ouest du Tarn-et-Garonne au Sud-Ouest du Lot. Le climat y est propice à l’exploitation viticole, grâce aux hivers doux, accompagnés de vents d’Ouest et de précipitations, et aux étés chauds et ensoleillés, qui favorisent la maturité des raisins. Le vent d’Autan qui souffle en automne facilite l’évapotranspiration.
Le cahier des charges de l’AOC est contraignant : pas d’irrigation fertilisante, aération du feuillage afin de favoriser la maturation du raisin, respect d’une densité et d’un écartement définis, rendement contrôlé (inférieur à 16 tonnes l’hectare), mise en place des grappes obligatoires car permettant « une disposition libre et aérée des grappes sur le cep », etc.
De fait, l’entretien de la vigne demande un effort permanent tout au long de l’année. Les chasselatiers entretiennent le sol, débarrassent les pieds des rameaux non fructifères, sélectionnent les bourgeons les mieux placés, évitent que les grappes ne s’enchevêtrent entre elles ou dans les feuilles, éclaircissent les vignes et procèdent à l’irrigation en cas de fortes chaleurs.
La récolte intervient dès lors que la maturité est atteinte (indice de maturité de 25 et teneur en sucre supérieur ou égal à 160 g/l), généralement entre la fin du mois d’août et les premières gelées. La cueillette est manuelle et fractionnée en trois passages, au gré de la maturité du raisin.
Une fois cueillies, les grappes sont délicatement posées « la queue vers le haut » sur une seule couche dans les cagettes. Elles sont ensuite transportées à l’atelier de ciselage et de conditionnement, que l’on appelle aussi le Tradou. C’est ici que les ciseleuses entrent en action. Leur travail consiste à éliminer, à l’aide d’une paire de petits ciseaux pointus, tous les grains abîmés ou jugés peu présentables. Malgré la charge de travail élevée et la patience dont il convient de faire preuve, l’ambiance est souvent conviviale et joyeuse dans le Tradou, qui a constitué, de longues années durant, un lieu de rencontres privilégié entre chasselatiers et ciseleuses.
Les raisins sont ensuite stockés dans une chambre froide, avant d’être conditionnés et commercialisés (40 % sont destinés à la vente au détail et 60 % rejoignent le circuit de la grande distribution). Chaque cagette doit mentionner « Chasselas de Moissac » et indiquer le nom de son producteur.
Le chasselas, c’est bon pour toi
Tous les efforts du chasselatier sont récompensés par le plaisir du consommateur. Le chasselas de Moissac, reconnaissable grâce à sa couleur dorée, à sa grappe souple et à la pruine qui recouvre ses grains, propose une saveur de fleur miellée ou de tilleul et un goût subtil, très doux et sucré. Bien sûr, il est peut être consommé tel quel, à n’importe quelle heure de la journée, servir d’accompagnement au foie gras et au fromage ou être utilisé dans de nombreuses recettes de magrets de canard, de poêlées de boudin noir, de tartes et de crumbles.
Les fines bouches apprécieront quant à elles le chasselas de Noël, réputé pour son goût intense et récolté en octobre lorsque les dernières grappes ont atteint leur pleine maturité. Le raisin est conservé en chambre froide jusqu’au moment des fêtes.
Surtout, le chasselas est une source de vitamines A, B et C, pauvre en matières grasses et protéines. Il concentre les oligoéléments (calcium, potassium, magnésium) assimilables par l’organisme et constitue une source naturelle d’énergie. Enfin, il est réputé pour ses vertus antioxydantes et les propriétés de ses polyphénols aident à renforcer le système cardiovasculaire.
L’uvarium construit à Moissac en 1933 proposait d’ailleurs des cures uvales, au cours desquelles seul le chasselas était consommé (essentiellement sous la forme de jus). Aujourd’hui, quelques producteurs organisent à nouveau des cures, qui peuvent être une opportunité originale de purifier son organisme et de retrouver le peps !
Et demain ?
En 2011, les chasselatiers ont convié le chef étoilé Christian Constant, enfant du pays, à célébrer en leur compagnie le 40e anniversaire de l’AOC. Quelques années auparavant, en 1998 plus précisément, des producteurs ont eu l’idée de se regrouper afin de transmettre leur savoir-faire, d’expliquer leur profession et de partager leur passion à travers la mise à disposition de CD-ROM, de films, de publications et d’un site Internet officiel. Une application dédiée aux smartphones équipés d’Android est même disponible.
Plus récemment, la communication a été entièrement revue et un nouveau visuel, qui se veut un clin d’œil à l’affichiste moissagais Firmin Bouisset, accompagne désormais le chasselas de Moissac, de la cagette aux campagnes de promotion.
Les producteurs ont su moderniser leurs outils et leur organisation s’est améliorée : recours aux sécateurs électriques, enherbage, mise en place de filets paragrêle, irrigation goutte à goutte…
Depuis 2008, les chasselatiers expérimentent les plantations en « T Bord », une initiative lancée par un producteur local, Monsieur Bord. La dépêche du Midi, dans son édition du 11 juillet 2012, en donne une explication : « L’astuce ? Un piquet robuste que vient barrer une planche en son sommet (la forme « T ») et sur lequel sont tirés des fils qui courent le long des rangs. Les sarments, coincés dessous, retombent naturellement de chaque côté. »
La technique permet de protéger naturellement le raisin du soleil, qui profite d’une meilleure ventilation. La vigne passe de 1,40 mètre à 1,70 mètre, à hauteur d’homme, facilitant de fait le travail quotidien. L’étude menée par la Mutualité Sociale Agricole du Tarn-et-Garonne a confirmé que cette méthode de culture affaiblissait la pénibilité du travail, à l’exception de la taille. « Au-delà des aspects de prévention des risques professionnels, les gains de productivité semblent jouer nettement en faveur du «T Bord» qu’en palissage traditionnel. Travailler debout, avec des fruits à portée de main sans avoir à se baisser va fortement simplifier les travaux en vert (ébrindillage, mise en place des grappes) » écrit la dépêche du Midi dans son édition du 15 janvier 2015. Selon Gilles Adgié, le « T Bord » permettra de réaliser une économie de 50 % en main d’œuvre sur les travaux précédant la récolte.
Enfin, les chasselatiers s’investissent depuis quelques années dans la culture biologique. Une trentaine d’entre eux a déjà passé le cap, pour une production actuelle d’environ 200 tonnes. Il est à parier que le chasselas de Moissac bio s’imposera de plus en plus dans les circuits de distribution, répondant aux nouvelles attentes de consommation et marquant peut-être une nouvelle étape de l’histoire du précieux fruit moissagais.
Passé, présent et futur. Depuis le XIXe siècle, les chasselatiers consacrent leur vie au grain d’or du Sud-Ouest, avec le même souci de qualité, de petite jouissance gustative et de fierté locale. L’AOC et l’AOP ont finalement confirmé cette quête du travail bien fait et du raisin d’exception. Même s’il est affiché à des tarifs plus élevés dans le commerce, le chasselas de Moissac offre la garantie d’un raisin savoureux et délicat, intense et étonnant. Quelques instants de plaisir égoïste et de résistance face à des produits standardisés et sans aucune âme.
En guise de conclusion
« C’est le roi des coteaux au blason prestigieux, Ce chasselas doré, blond comme une pépite, C’est un grand guérisseur au renom fabuleux Dont l’uvale saison est toujours bénéfique.
Car chacun de ses grains est source de jouvence, Ils craquent sous la dent, ils flattent le palais, C’est l’amour et le miel de ma contrée clémente, C’est son plus beau fleuron, sa grâce, son bouquet !
Combien sont repartis de Moissac la jolie, Revigorés, virils, aux lèvres une chanson, Lors même si c’était l’automne de leur vie, Demandant à Vénus encore une saison.
Le vigneron s’incline et met genou à terre, Pour cueillir ce fruit d’or, comme s’il adorait Ce buveur de soleil, d’estivale lumière Gorgés du suc ardent des coteaux moissagais.
Il va le confier aux mains douces des femmes, Pour être ciselé, tout paré de rubans, Puis gracieux troubadour qui célèbre sa dame Il s’en ira chanter nos vignes aux quatre vents.
Je voudrais, c’est mon souhait, m’en aller en septembre, Pour qu’on mette en mes mains la grappe vénérée, Ce chasselas joli, pailleté d’or et d’ambre Que j’offrirai au Christ en pardon des péchés.
S’il se laissait toucher par ma superbe offrande, Je serais, je crois bien, à demi-pardonné, D’avoir fait bien souvent, ferventes révérences Au chasselas, ce Dieu de ma douce contrée ! »
Plat emblématique du Sud-Ouest, la garbure a richement nourri des générations de Gascons soumis au travail de la ferme et aux conditions climatiques parfois rudes en hiver.
Olivier Sorondo 25 janvier 2020 – Dernière MAJ : le 8 décembre 2020 à 16 h 46 min
Plus fort que l’hiver – Crédit photo : Garburade – CC BY-SA 3.0
On reste calme
L’origine précise du plat suscite encore quelques agacements entre Béarnais et Landais, qui en revendiquent la paternité. Afin d’éviter tout regain de tension, nous parlerons donc d’un plat gascon, qui autorise de toute façon des centaines de recettes différentes, au gré de son garde-manger, de ses envies ou des produits disponibles proches de soi.
La garbure, c’est donc une soupe traditionnelle (très) généreusement composée de légumes de saison (surtout du chou) et de viandes confites. On peut tout à fait la considérer comme un plat principal, sans craindre la petite fringale à l’heure du goûter ou au milieu de la nuit.
Après s’être repu d’une bonne garbure, les paysans gascons étaient fins prêts à affronter le vent glacé des Pyrénées (s’agissant des Béarnais) ou l’humidité des tourbières (s’agissant des Landais). Le plat a surtout permis à des populations pauvres de se nourrir correctement et même de se régaler.
Bon à… savoir :
Il est vivement recommandé de faire tremper ses haricots secs (tarbais de préférence) pendant au moins 12 heures.
Si la garbure reste très savoureuse après avoir été réchauffée, il convient quand même de la consommer assez rapidement, sans une trop longue conservation, du fait de la présence de chou et de navet parmi les ingrédients, des légumes qui fermentent assez vite.
L’autocuiseur est à bannir pour cette recette, qui préfère plutôt une cuisson à feu doux, sans précipitation (entre 2 heures 30 et 4 heures). C’est le prix du bonheur.
Enfin, le championnat du monde de garbure, la Garburade, est organisé le premier week-end de septembre à Oloron-Sainte-Marie, au cœur du Béarn. Les équipes s’affrontent afin de proposer à un jury de professionnels la meilleure garbure de l’année (ou la plus originale ou la plus innovante). C’est surtout l’occasion d’organiser une grande fête gourmande, à laquelle participe plus d’un millier de convives.
Le haricot tarbais, ingrédient indispensable de la garbure – Crédit photo : Patrick BOILLAUD
La recette
Les ingrédients (pour 6 personnes) :
1 crosse de jambon
1 kg de lard maigre
1 confit d’oie ou de canard
1 chou vert
3 carottes
1 poireau
1500 g de pommes de terre
4 navets
500 g de haricots blancs secs
2 oignons piqués d’un clou de girofle
1 bouquet garni
Sel et poivre du moulin
Préparation :
Prendre une cocotte, la remplir d’eau et y déposer la crosse de jambon. Porter à ébullition.
Passer ensuite le jambon sous l’eau froide, l’égoutter et renouveler l’opération. Procéder de même avec le lard fumé, afin de bien le blanchir. Bien égoutter la crosse de jambon et le lard et les remettre dans la cocotte nettoyée. Ajouter 4 litres d’eau et faire cuire pendant 1h30 à petit bouillon.
Nettoyer les carottes, le poireau et les navets et les couper en petits morceaux. Éplucher les oignons et les gousses d’ail. Ajouter tous ces légumes, ainsi que les haricots blancs et le bouquet garni, dans la cocotte, avec la viande et porter à ébullition. Couvrir ensuite la cocotte et laisser mijoter à feu doux pendant 3/4 d’heure.
Couper le chou en quartiers, en prenant soin de supprimer le trognon. Faire blanchir 5 minutes à l’eau bouillante, passer sous l’eau froide, bien égoutter et réserver. Éplucher les pommes de terre, les laver et les couper en morceaux. Les mettre avec les autres ingrédients dans la cocotte. Dès que les haricots commencent à être cuits, ajouter le chou et le confit d’oie. Couvrir et laisser cuire encore 15 minutes.
Lorsque la cuisson touche à sa fin, retirer les oignons, le bouquet garni et penser à désosser toutes les viandes, en les coupant en très petits morceaux. Remettre les chairs dans la cocotte.
Rectifier l’assaisonnement si besoin et servir bien chaud.
Vous pouvez accompagner la garbure de tranches de pain de campagne bien grillées.
Qu’est-ce qu’on boit avec ça ?
La garbure étant avant tout un plat robuste, on peut lui associer sans difficulté un Madiran, suffisamment tannique et charpenté pour l’accompagner comme il se doit. De plus, on reste dans la même région, ce qui n’est que justice.
S’il reste un fond de bouillon dans l’assiette après avoir terminé son plat, ne pas hésiter une seule seconde à faire chabrot, c’est-à-dire à verser un peu de son vin dans l’assiette, qu’on porte directement à sa bouche pour se régaler de ce divin mélange.
« Un p’tit chabrot pour faire passer tout ça, un p’tit Armagnac et au lit.«
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