Tarifs :
6 € / 4 € (étudiants) / 5 € (groupe de plus de 10 personnes) / 3 € (demandeur d’emploi) – Gratuit pour les moins de 12 ans.
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Pour commémorer le 100e anniversaire du décès de l’Impératrice Eugénie de Montijo, le 11 juillet 1920, la Ville de Biarritz propose une exposition inédite au Musée Historique.
Cet été, Biarritz rend hommage à sa plus grande égérie, l’Impératrice Eugénie de Montijo. C’est pour elle que son époux, l’Empereur Napoléon III, fit construire en 1854, face à la mer, le Palais Impérial rebaptisé Hôtel du Palais, l’un des joyaux de la ville.
Éprise de la côte basque où elle passait ses vacances enfant, Eugénie de Montijo, fille d’un grand d’Espagne et d’une aristocrate d’origine écossaise a effectué treize séjours à Biarritz, dont le premier en 1854 au château de Gramont (propriété proche de l’église Saint-Martin).
L’exposition est une invitation à la découverte de ces séjours du couple impérial, entre 1854 et 1868, à travers un parcours inédit, jalonné de rencontres et d’une galerie de portraits méconnus ou célèbres. Elle offre une approche en trois temps – « Biarritz ou l’échappée belle », « Paris est à Biarritz », « Honneurs et bonheurs… », rappelant l’histoire locale et en contrepoint l’environnement politique national et international.
Chaque objet, chaque document, chaque œuvre y a son histoire, reflétant un trait de caractère ou un événement, souvent en écho avec la grande histoire du Second Empire, période d’essor décisif de Biarritz, qui se souvient de la dernière Impératrice des Français, son indéniable « bienfaitrice ».
A titre d’exemple, on retrouvera de nombreux portraits (peintures, lithographies, bustes), des paysages du Palais Impérial, de nombreuses gravures, des épées de cérémonie, médailles, objets… et des pièces exceptionnelles telles que le prestigieux canapé du Wagon impérial (années 1860) ou encore des tissus très rares datant de l’époque du Second Empire.
Les collections sont issues du Musée Historique de Biarritz, du Musée d’Arenenberg (Suisse) ainsi que de prêts de particuliers. Le commissariat d’exposition a été confié à M. Gilles SchmidtLissarague et Mme Bernadette Schmidt-Burn, membres des Amis de Napoléon III.
La Ville de Biarritz a adhéré en 2016 à la marque « Ville Impériale® », tout comme 21 autres destinations en France. Son objectif est de valoriser le patrimoine lié au Premier et au Second Empire. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette exposition.
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Bassins de Lumières – Base sous-marine de Bordeaux
Impasse Brown de Colstoun – 33300 BORDEAUX
Web : www.bassins-lumieres.com
Horaires:
1er avril – 30 septembre :
10h – 19h : du lundi au jeudi et le dimanche
10h – 21h : les vendredis et samedis
1er octobre – 31 mars :
10h – 18h : du lundi au jeudi et le dimanche
10h – 19h : les vendredis et samedis
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Situés dans l’ancienne Base sous-marine de Bordeaux, les Bassins de Lumières présenteront des expositions numériques immersives monumentales dédiées aux grands artistes de l’Histoire de l’art et à la création contemporaine. Ils représentent 3 fois la surface des Carrières de Lumières des Baux-de-Provence et 5 fois l’Atelier des Lumières de Paris.
Les expositions numériques épouseront l’architecture monumentale de la Base sous-marine et se reflétent dans l’eau des quatre immenses bassins ajoutant ainsi une nouvelle dimension à l’expérience immersive. La visite s’effectuera sur des passerelles au-dessus de l’eau et le long des quais des gigantesques bassins.
« Gustav Klimt, d’or et de couleurs » – Programme long
Pour leur ouverture, les Bassins de Lumières, présenteront une création artistique de Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. L’exposition traverse un siècle de peinture viennoise et offre un regard original sur Gustav Klimt et la Sécession viennoise à travers des portraits, paysages, nus, couleurs et dorures. Klimt s’impose à la tête de ce courant qui aspire à l’art total et ouvre la voie à la peinture moderne. Les visiteurs plongent dans la Vienne impériale de la fin du XIXe siècle et découvrent des chefs-d’œuvre en grand format tels que le célèbre Baiser.
L’exposition immersive revient sur les représentants majeurs de la scène artistique viennoise comme Egon Schiele. Poussé par l’effervescence artistique caractéristique de la fin du XIXe siècle, Schiele s’inscrit dans une nouvelle forme de représentation du paysage et du corps humain.
« Paul Klee, peindre la musique » – Programme court
Cette exposition immersive est dédiée aux œuvres colorées et abstraites de l’artiste allemand, Paul Klee. Peintre mais aussi musicien et professeur, l’exposition immersive rend hommage aux deux passions de Klee. Sur des airs de la Flûte enchantée, l’exposition numérique souligne la richesse d’imagination du peintre-musicien, considéré comme l’un des artistes majeurs de la première moitié du XXe siècle.
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Fort prisé par nos voisins d’outre-Pyrénées, il semble un peu logique que plusieurs régions espagnoles cherchent à revendiquer la paternité du touron. Pourtant, on trouverait la toute première mention du nougat blanc dans un livre de cuisine du Xe siècle à Bagdad.
La friandise se serait ensuite diffusée à travers le bassin méditerranéen, pour atteindre l’al-Andalus au XIIIe siècle puis la Catalogne un siècle plus tard.
L’étymologie elle-même suscite quelques interrogations. Selon certaines sources, le mot turrón s’inspirerait du terme catalan torrar ou du verbe latin torrere, c’est-à-dire torréfier ou faire griller.
D’autres sources évoquent le mot torrone, un clin d’œil aux pâtissiers du Moyen-Âge qui travaillaient la pâte jusqu’à obtenir la forme d’une tour.
En Catalogne, on cite le mot terró, la « motte de terre », en référence à la texture et à la couleur du touron local, qui est mou.
Il faut attendre la fin du XVIe siècle pour que le nogat (noix en occitan) soit mentionné dans un ouvrage français de pharmacie. À cette époque, on le trouve déjà en Provence, pas encore rattaché au royaume de France. Le célébrissime nougat de Montélimar, attesté depuis 1701, peut d’ailleurs être considéré comme le digne héritier du nougat de Provence.
Enfin, le touron traverse les Pyrénées pour régaler le Pays basque au XVIe siècle, en provenance de Catalogne.
Différentes variétés de touron
Le touron peut-il est être comparé au nougat ? Oui, dès lors que les mêmes ingrédients entrent dans sa composition. Cependant, le touron affiche une teneur en amandes bien supérieure, de l’ordre de 60%, contre à peine 30% pour son cousin le nougat. Surtout, le touron est un terme générique qui désigne une variété de fabrications et de déclinaisons, propres à chaque région.
Ainsi, dans la province d’Alicante, on trouve à la fois un touron dur, à base d’amandes, de blanc d’œuf et de miel, mais aussi une version molle, fabriquée à Jijona à partir de poudre d’amande. C’est un produit très sucré et huileux.
Le touron classique, bien dur, bien blanc, bien sucré, mais bien bon quand même – Crédit photo : Ra Boe – CC BY-SA 3.0
En Catalogne, ce sont également deux versions, dure et molle, que les gourmands peuvent déguster. À Agramunt, par exemple, on le prépare avec des noisettes ou des amandes, inséré entre deux hosties et reconnaissable à sa forme ronde. Il est également possible de trouver un touron catalan plus tendre, dit « mazapán » ou « massepain », constitué d’une pâte d’amande elle-même parfumée de citron ou de fruits confits.
C’est précisément cette recette que l’on retrouve au Pays basque. Ici, point de touron aussi dur que la pierre et parfois fatal à la dentition. Bien au contraire. La pâte est seulement composée d’amandes moulues et de sucre. À la différence des tourons espagnols, on n’utilise pas de miel ni même d’amandes grillées.
Cette noble matière première se prête ensuite à toutes les fantaisies des artisans, qui y apportent une gamme de saveurs sans cesse renouvelée : piment d’Espelette, pistache, chocolat, gingembre…
Le touron est souvent vendu en petites bouchées multicolores, même si on le trouve aussi en tablettes ou à la coupe.
Les maisons basques, gardiennes du goût
De ce côté-ci des Pyrénées, les maisons Daranatz, à Bayonne, et Pariès, à Urrugne, perpétuent depuis les années 1890 le savoir-faire et la fabrication artisanale.
Chez Daranatz, les amandes ont droit à plusieurs passages entre les meules de pierre jusqu’à obtenir la consistance souhaitée. La pâte est ensuite pétrie par un artisan, qui cherche à enlever un maximum d’air, puis mélangée au sucre. Il ne reste plus qu’à la façonner en petites bouchées, appelées à recevoir de jolies couleurs, à être parfumées ou à s’allier avec des fruits confits (cerise, orange…).
La maison Pariès privilégie elle aussi la pâte d’amande, dorée au jaune d’œuf puis cuite au four, trois à quatre minutes, à 300°C. Le confiseur n’hésite pas à agrémenter son produit d’une trentaine de parfums différents.
De l’autre côté de la frontière, dans la province basque du Guipuscoa, Rafael Gorrotxategi se consacre également à la fabrication du touron, en digne héritier de la maison familiale, fondée en 1680. Pas question pour autant de s’enfermer dans des recettes classiques, éprouvées et approuvées depuis des décennies. Rafa n’hésite pas à proposer des saveurs osées, comme celles du thé, de l’armagnac, de l’infusion ou du chocolat noir.
Rafa Gorrotxategi se lâche dans ses créations: ici, le touron à base d’orange confite et de fleur d’oranger – Crédit photo: Maison Gorrotxategi
Le touron basque n’hésite donc pas à multiplier les pistes de découverte, à la recherche continuelle de nouvelles saveurs, de couleurs saugrenues, de parfums délicats ou de texture originale. C’est peut-être l’utilisation de la pâte d’amande qui autorise ce champ de création.
Le turrón espagnol, plus classique, se prête moins à l’expérimentation. Il n’empêche que ses ventes annuelles atteignent les 30 000 tonnes, notamment grâce à la période Noël. En France, et au Pays basque, la consommation ne dépasse pas les 4 500 tonnes. Un niveau de vente qui laisse finalement la part belle aux artisans, avant tout soucieux de qualité au détriment de la quantité.
Reconnaissable entre mille, le drapeau basque, ou ikurriña, fut hissé pour la première fois en 1894 à Bilbao.
Olivier Sorondo – 18 août 2020 – Dernière MAJ : le 5 octobre 2020 à 19 h 40 min
Crédit photo: Joseba Ariznabarreta – Flickr
La revendication d’un parti nationaliste naissant
Sa vie fut brève, mais intense. Mort à 38 ans en 1903, Sabino Arana Goiri peut être considéré comme le plus fervent partisan du projet de nation basque, traditionnelle, culturelle et catholique, à l’opposé de la vague industrielle qui touche la Biscaye dans les années 1880. Son amertume se nourrit également de la suppression des fueros (privilèges et libertés accordés aux Basques depuis l’occupation romaine), imposée par une loi espagnole promulguée en 1876.
Arana consacre dès lors sa vie à l’identité basque. Il créé le partido nacionalista vasco (parti nationaliste basque), rédige des ouvrages, diffuse des journaux d’opinion, propose la devise « Jaungoikoa eta Laggi-Zarra » (Dieu et les vieilles institutions) et même un hymne, Euzko Abandaeren Ereserkija.
Sa bataille nationaliste passe aussi par le nouveau nom qu’il donne au Pays basque, Euskadi, et par le drapeau qu’il conçoit et dessine avec son frère Luis, l’ikurriña.
Un drapeau d’abord destiné à la seule province de Biscaye
L’ikurriña est hissée pour la première fois le samedi 14 juillet 1894 au 22 de la calle del Correo, dans le quartier de Siete Calles, à Bilbao. L’honneur en revient à Ciriaco de Iturri, le doyen de la société Euskeldun Batzokija.
Pour Sabino Arana Goiri, aucune ambiguïté ne transparaît : le nouveau drapeau se destine seulement à la Biscaye en attendant que les autres provinces basques conçoivent le leur. En dernière phase, un drapeau de la confédération de l’ensemble des provinces symbolisera la naissance d’Euskadi.
Poète, écrivain, idéologue, idéaliste, nationaliste, Sabino Arana est le père de l’ikurriña.
L’idéologue basque n’a cependant pas envisagé le succès rapide que rencontre sa création. Les provinces renoncent à créer leur propre étendard pour adopter l’ikurriña.
Cité par Pays Basque Magazine (février-mars-avril 1996), l’abbé Pierre Laffite écrit : « Les Labourdins trouvèrent l’ikurriña si jolie qu’ils l’adoptèrent tout de suite et, peu à peu, on fit partout de même. »
Dévoilé pour la première fois à l’étranger en 1927 à l’occasion d’un spectacle de danse basque organisé au Royal Albert Hall de Londres, le drapeau profite de la mise en place de la seconde République espagnole en avril 1931 pour être largement diffusé.
Emblème du parti nationaliste, l’ikurriña tend à symboliser au fil des années l’unité spirituelle des Basques. Ainsi, « des milliers de drapeaux basques sont déployés lors du premier Aberri Eguna (jour de la Patrie), organisé à Bilbao en mars 1932 (…) On trouve aussi l’ikurriña à Bayonne en juillet 1932 lors du congrès des Txistularis qui coïncide avec les premières fêtes de Bayonne » écrit Jean-Claude Larronde dans Pays Basque Magazine.
Sur l’ensemble des provinces, le drapeau est avant tout perçu comme un signe de ralliement, voire de fraternité.
En 1936, la guerre civile espagnole encourage le statut d’autonomie d’Euskadi. À ce titre, l’un des premiers décrets signés par le gouvernement est de considérer l’ikurriña comme emblème officiel. Le texte précise même ses dimensions et les mesures des deux croix.
Un design séduisant pour un message clair
C’est un fait : l’ikurriña a suscité un véritable enthousiasme auprès des Basques du Sud et du Nord. Il est vrai que son design (ou vexillographie : design propre aux drapeaux) est agréable à l’œil. Certains y ont vu quelques similitudes graphiques avec le drapeau de l’Union Jack.
Néanmoins, la symbolique répond à des principes auxquels étaient très attachés les frères Arana.
L’ikurriña tel que conçu parles frères Anara en 1894, puis sa version actuelle.
D’abord, le fond rouge représente le peuple basque.
Ensuite, la croix-verte de Saint-André, de la même couleur que le chêne de Biscaye, symbolise la loi qui doit être au-dessus du peuple.
Enfin, la croix blanche sur la croix verte et sur le fond rouge exprime la morale du Christ qui doit régner sur la loi et sur le peuple.
« Ainsi, les différents termes de la devise sont tous représentés au sein du drapeau. Jaungoikoa (Dieu) est représenté par la croix blanche ; Lagi-Zarra (La Vieille Loi) est représentée par la croix verte ; Eta (et) est représenté par l’union des deux croix au centre du drapeau » écrit Sabino Arana.
Retrouvons Hélène et sa petite famille en villégiature sur le Bassin d’Arcachon. Seront-ils condamnés à limiter leurs activités aux seules séances de baignade et de bronzage ? Bien sûr que non.
Olivier Sorondo 11 août 2020 – Dernière MAJ : le 14 novembre 2020
La Teste-de-Buch offre un cadre idéal de vacances – Crédit photo: M.Strīķis – CC BY-SA 3.0
Samedi 8 août
Enfin les vacances, le soleil, la plage, le barbecue et le lâcher-prise. Des semaines que vous y pensez, exténuée par le rythme infernal du quotidien parisien. Rien ne change vraiment, si ce n’est la destination estivale. Cette année, ce sera une belle petite location, certes mitoyenne, mais avec piscine, à la Teste-de-Buch, sous les pins.
La voiture est chargée depuis la veille et votre mari, Christophe, enclenche la première à exactement 5 heures 30 du matin. « On va tous les griller ! On déjeune à midi tapant en terrasse à Arcachon, promis juré ! » jubile-t-il. À l’arrière, Guillaume, 15 ans, fait la tronche tandis qu’Alexia, du haut de ses 10 ans, se prépare à se rendormir.
Bon, vous avez quitté votre maison de Gentilly il y a déjà une heure et l’A10 n’est toujours pas en vue. C’est quand même un (très) gros embouteillage. Vite, vous placez vos écouteurs au fin fond de vos oreilles et vous ouvrez votre application Deezer en regardant votre homme. Le jeu est simple : essayer de deviner les insultes qu’il profère devant son pare-brise. C’est un jeu assez marrant.
La rocade bordelaise se rapproche enfin et il n’est que 13 heures 30 ! Alexia, bien réveillée, se montre enchantée.
« On va pouvoir passer sur le pont d’Aquitaine ! »
« Non, on prend la rocade de l’autre côté, c’est plus court » lui répond son père.
Erreur. Parce que la rocade bordelaise, c’est du rouge écarlate l’été tellement elle est saturée, surtout si on privilégie « l’autre côté ». C’est ce que font tous les touristes.
En ayant choisi la rocade Ouest, on aurait un peu mieux roulé et, surtout, on aurait pu emprunter la discrète sortie 13 au niveau de Pessac, suivre l’avenue du Bourg jusqu’à la D1250, qui aurait permis de rejoindre le Bassin d’Arcachon via Marcheprime en évitant une vingtaine de kilomètres d’embouteillages sur l’A63. C’est trop bête.
Mais bon, fichu pour fichu, vous décidez, après 2 heures de collé-serré avec les autres voitures, de faire une pause à l’aire d’autoroute de Cestas. Après tout, la destination finale n’est plus très loin, les pins maritimes sont agréables à regarder et vous vous sentez déjà un peu en vacances.
La volupté est de courte durée puisque Guillaume vient vous annoncer qu’il souhaite récupérer ses affaires et rejoindre le groupe de Christyntje, une jeune touriste néerlandaise qu’il vient de rencontrer sur le parking. Bien sûr, il restera avec elle après les vacances et ira s’installer pour toujours à Amsterdam où il travaillera dans un coffee shop.
Vous le fusillez du regard.
Deux (bonnes) heures plus tard, vous voici enfin devant le portail de la villa. Juste le temps de couper la radio, branchée sur France Bleu Gironde, qui annonce un soleil éclatant pour le lendemain.
Le propriétaire vous accueille chaleureusement.
« Hé, je vous attendais à midi ! »
Dimanche 9 août
C’est un drôle de bruit qui vous réveille vers 9 heures. Curieuse, vous ouvrez le volet pour constater une pluie torrentielle dans le jardin. Au plus profond de votre esprit, vous maudissez Météo France et réfléchissez au nouveau programme de la journée.
Alexia vous rejoint près de la fenêtre, les yeux tristes.
« On ne va plus à la plage ? »
« Non, ma puce, mais on reste quand même proche de la mer. Ça te dirait de visiter Arcachon, en attendant le retour du soleil ? »
Votre proposition est presque adoptée à l’unanimité par les membres de la famille. Seul Guillaume vote contre, préférant passer la journée sur le canapé à échanger des SMS avec Christyntje, qui vient d’arriver en Espagne.
La pluie cesse, le ciel se dégage et Arcachon se pare de ses plus beaux atouts pour vous séduire. La visite de la ville d’hiver, l’un des quatre quartiers, vous impressionne. Chaque ruelle laisse apparaître des rangées de villas plus belles les unes que les autres. Le quartier en compte plus de 300, toutes bâties au 19e selon le mouvement pittoresque et adoptant des styles différents : néogothique, colonial, mauresque, néoclassique. Vous remarquez même une bâtisse épousant l’architecture d’un chalet suisse.
Bien sûr, quelques villas, parmi les plus imposantes ou originales, ont acquis une certaine postérité : Trocadéro, Athéna, Toledo ou encore Brémontier.
Comme un décor de cinéma à Arcachon – Crédit photo: Patrick Nouhailler – Flickr
Le soleil a repris sa place légitime dans le ciel lorsque vous arrivez, presque par inadvertance, au Parc Mauresque. Refuge enchanteur au cœur de la ville, il a été transformé en arboretum en 1992, sans pour autant dénaturer son influence anglaise originale. Arbres centenaires, théâtre de verdure, massifs fleuris, cascades dans les rochers, jardin d’enfants et même un petit kiosque du 19e composent le décor du lieu. Parmi les plantes et les arbres, vous remarquez des pins maritimes, des ginkos et des liquidambars. Depuis 1987, une extraordinaire roseraie complète l’ensemble et contribue encore plus à sa magie.
Vous profitez de la vue magnifique qu’offre l’endroit lorsqu’Alexia vous signale la présence d’un ascenseur, qui vous mène en un rien de temps un peu plus bas, à la ville d’été. Par chance, il s’agit aussi du centre-ville d’Arcachon, qui se prolonge jusqu’à la plage, entre les jetées d’Eyrac et de la Chapelle. Votre curiosité devient alors plus primitive, dictée par la faim, car il est déjà 13 heures. Un seul objectif : un bon petit restaurant, si possible avec terrasse, celui dont rêvait votre mari la veille. Tout vient à point à qui sait attendre.
Lundi 10 août
Journée courses et farniente dans la villa. Il faut beau, il fait chaud, le centre commercial de La Teste déborde de clients, mais vous prenez votre mal en patience, d’autant plus que les merguez et les chipos affichent une promotion toujours bonne à prendre.
De retour dans votre villégiature, vous constatez que si la villa est mitoyenne, le barbecue l’est aussi. Le prétexte est excellent pour nouer contact avec vos co-vacanciers, qui ont eux aussi préparé leur stock de saucisses. À la bonne franquette, les deux familles décident de faire table commune. Pendant que Christophe débouchonne bruyamment une bouteille de Bordeaux rosé, vous vous enquérez de l’origine géographique de vos nouveaux amis. Bon, votre sourire reste figé lorsqu’ils vous apprennent qu’ils habitent à Gentilly, et même à trois rues de chez vous.
« Ah ben, le monde est petit ! » déclare votre homme, la bouteille à la main.
Guillaume, qui vient pourtant de faire ses adieux définitifs par Skype avec Christyntje, retrouve le sourire après avoir été présenté à Margaux, la jolie jeune fille de vos voisins. Pour le coup, vous êtes plutôt contente qu’ils soient originaires de Gentilly.
Tout au long de l’après-midi, les rires des enfants dans la piscine, le chant des cigales et la chaleur du soleil vous apaisent l’esprit et le corps. Seuls les cris caverneux de Guillaume vous obligent à ouvrir un œil de temps en temps. Sa technique de séduction vous échappe complètement.
Mardi 11 août
Passer quelques jours de vacances à La Teste sans même gravir la dune du Pilat paraît inconcevable à Alexia. Grâce aux conseils avisés du propriétaire, vous privilégiez les vélos à la voiture et vous longez, sur une belle piste cyclable, la D259 qui vous mène directement jusqu’au monstre de sable.
Vous esquissez un large sourire en constatant l’embouteillage qui s’est formé, sur plusieurs centaines de mètres, obligeant les automobilistes à patienter de longues minutes.
« Au moins une demi-heure » estime Guillaume, le souffle court à cause du pédalage.
Manque de chance pour les conducteurs, le panneau du parking de la dune annonce complet, obligeant tout ce beau monde à trouver une place en lisière de forêt et assez loin du site.
Gravir la dune vous rappelle vos souvenirs d’enfance. Force est de constater que la magie du lieu opère toujours, à regarder la joie et la précipitation d’Alexia et de Guillaume, lancés dans une course effrénée. Tiendront-ils la cadence sur 107 mètres ? Pas sûr.
Au sommet, malgré la foule, le paysage de l’entrée du Bassin d’Arcachon et du banc d’Arguin se révèle majestueux. Les parapentes multicolores, toujours nombreux en cette période de l’année, donnent parfois l’impression de se frôler dangereusement.
« Il vont crasher, c’est sûr » fait remarquer Guillaume, qui filme avec son smartphone le ballet des oiseaux de toile, en attente d’un improbable accident.
Après la descente du gros tas de sable, plus rapide et plus fun, vous acceptez de bon cœur de poser devant l’objectif de votre mari à l’entrée du camping de la Dune, qui a servi de décor à la série de films populaires Camping, avec Franck Dubosc. D’ailleurs, vous constatez tout de suite que vous n’êtes pas les seuls à avoir eu cette idée.
Mercredi 12 août
Même en vacances, Alexia considère que le mercredi est la journée des enfants. Après avoir épluché la documentation touristique laissée dans la villa, elle procède à une sélection rigoureuse du parc de loisirs susceptible de répondre à ses attentes. La Coccinelle à Gujan-Mestras ? Pas mal, mais on dirait que le parc se destine surtout aux plus petits. L’Aqualand Bassin d’Arcachon, situé juste à côté ? Mouais, mais ça oblige à être mouillée tout le temps.
Sur votre application Google Maps, vous venez à son aide et vous identifiez, dans le même périmètre, Kid Parc Ile d’Aventures, qui propose des attractions, des jeux et même des spectacles. Largement de quoi passer une journée de détente. Alexia se saisit de votre smartphone, ouvre de grands yeux et finit par vous regarder, visiblement conquise.
De son côté, votre fiston Guillaume accepte l’invitation de vos co-vacanciers de s’initier au surf à la page du Grand Crohot. Les quelques écoles présentes sur place assurent les cours et fournissent le matériel et les combinaisons.
Pour vous et Alexia, c’est une vraie journée de vacances, ponctuée de rire et de complicité.
À votre retour à la villa, le bilan est plus mitigé s’agissant de Guillaume.
« En deux heures, j’ai compté 28 chutes dans la mousse ! Il a un don, aucun doute » vous raconte, hilare, le père de Margaux. Un rapide coup d’œil en direction de Guillaume confirme votre crainte : il fait la tronche comme il ne l’a jamais faite, d’autant plus que vous apprendrez plus tard que Margaux s’est parfaitement bien débrouillée, presque prête à partir à l’assaut des vagues. S’il avait nourri l’ambition de l’impressionner sur la planche, c’est raté. Son amour propre accuse une chute d’au moins 40%, mais il s’en remettra.
Jeudi 13 août
Le temps gris et la chute assez brutale des températures vous obligent à improviser. Après un nouveau conseil de famille (bien sûr sans Guillaume, qui essaye de renouer avec Christyntje via WhatsApp), vous optez pour une visite thématique du bassin d’Arcachon, celle des cabanes.
Contrairement à ce qu’auraient pu attendre votre mari et votre fille, ce ne sont pas les cabanes ostréicoles qui ouvrent le bal, mais celles de Biganos.
« Pouah, ça sent pas bon ! » s’exclame Alexia dans la voiture. Effectivement, une odeur de choux mal cuits et d’œuf pourri envahit rapidement l’habitacle. Soupçonneuse, vous tournez machinalement la tête vers votre mari, qui vous regarde, étonné. Allez, une rapide recherche sur Internet vous apprend que Biganos (en fait Facture, située à côté) accueille l’usine Smurfit Kappa, dédiée à la production de papier kraft, mais aussi réputée pour générer cette désagréable odeur, due au sulfure d’hydrogène (oui, celui qui entre dans la composition des boules puantes).
Arrivés au port de Biganos, Christophe continue de renifler ses vêtements et ordonne de laisser toutes les vitres de la voiture baissées. Pour votre part, vous êtes déjà sous le charme de l’endroit.
Le port se situe sur le delta de la Leyre, influencé par le Bassin, qu’il relie, et la rivière, qui l’alimente. Ici, les poissons de mer et d’eau douce se retrouvent dans une eau saumâtre, que l’on dit d’excellente qualité. Les bateaux de plaisance remontent parfois l’Eyre pour rejoindre le bassin, à travers un paysage sauvage et préservé, où les roseaux, les saules et les baccharis se développent en toute quiétude.
« On aurait pu faire une balade en canoë », regrette Alexia en voyant les petites embarcations jaunes rangées sur la rive.
C’est vrai, mais la découverte des cabanes multicolores vous incite plutôt à vous en approcher. Ces petites maisons de bois ont été construites par les paysans de Biganos, qui abandonnaient un peu leurs terres en hiver pour se consacrer à la pêche. Elles permettaient de stocker le matériel, de préparer les repas et de faire face aux intempéries (et plus difficilement aux épisodes de crue).
Les cabanes n’ont été peintes que bien plus tard, lorsque le port a été classé en zone protégée dans les années 1990. Cette multitude de couleurs participe à la beauté de l’endroit, qui cherche à rester confidentiel.
Port de Biganos – Crédit photo: FranceSudOuest
Ce moment de quiétude vous accompagne tout au long du trajet jusqu’à Andernos-les-Bains, réputé pour son port ostréicole de 44 cabanes. La visite vous permet d’en apprendre davantage sur le processus d’affinage et de finition des huîtres. Alexia s’étonne de la présence de ces nombreuses piscines, mais vous lui indiquez qu’il s’agit en fait de bassins dégorgeoirs, remplis d’eau de mer à la qualité irréprochable. C’est d’ailleurs la dernière étape avant la consommation.
« Et si justement on allait en déguster une p’tite douzaine, avec un bon verre de blanc sec ? » propose votre mari.
« Ah beurk, j’aime pas les huîtres ! » proclame Alexia. « J’espère qu’ils ont un menu enfant. »
Vous lui expliquez que les cabanes ne sont pas des restaurants, mais des lieux de vente gérés par les producteurs. Elle pourra quand même se régaler de crevettes, de bigorneaux et même de pâté !
Sur la terrasse en bois, le deuxième verre d’Entre-Deux-Mers vous tourne un peu la tête. Vous appréciez votre repas, la vue magnifique du Bassin, le retour des bateaux de pêche et l’ambiance détendue du lieu. Seule Alexia semble contrariée.
« J’ai encore faim », finit-elle par avouer.
Pas de souci. Après le déjeuner, vous décidez de longer la plage d’Andernos jusqu’à la jetée, derrière laquelle se tiennent suffisamment de crêperies, restos ou pubs pour sustenter un régiment. Votre fille se calme assez rapidement après avoir englouti une crêpe qui déborde de Nutella et de Chantilly.
C’est le moment d’impressionner votre petite famille en lui annonçant le départ imminent du bateau qui vous mènera jusqu’à l’île aux Oiseaux, dernière étape de votre parcours thématique. C’est fois-ci, ce sont les célébrissimes cabanes tchanquées du bassin qui attireront votre curiosité et votre objectif photo.
Juste le temps de recevoir un bisou admiratif de votre fille et vous vous dirigez au petit trot vers la jetée Louis David, qui, par manque de chance, est la plus longue du Bassin avec ses 232 mètres. Au bout, un petit bateau attend ses derniers passagers avant de mettre le cap à l’ouest.
Pendant le trajet, vous expliquez à Alexia que les cabanes tchanquées constituent en quelque sorte l’identité du bassin d’Arcachon. Elles portent ce drôle de nom en référence aux chancas, les échasses en gascon puisque les deux maisons reposent sur des pilotis.
La toute première a été édifiée sur un banc de sable en 1883 par Martin Pibert, ostréiculteur. Elle servait avant tout à surveiller les parcs à huitres, en offrant une impressionnante perspective du domaine ostréicole. Une grosse tempête la désagrège en 1943 et ses quelques vestiges (essentiellement les piliers) se découvrent à marée basse.
Néanmoins, le Bassin ne reste pas longtemps privé de cabane tchanquée puisqu’un charpentier d’Arcachon, Landry, entreprend la construction d’une nouvelle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Reconnaissable grâce à sa teinte marron et ses volets rouges, elle se situe non loin de la première, dont elle reprend l’architecture.
En 1948, c’est au tour de Julien Longau, maire-adjoint aux travaux de La Teste et entrepreneur, d’ériger la sienne, juste à côté de celle de M’sieur Landry.
Bien sûr, vous les avez vues des dizaines de fois en photo ces fameuses cabanes tchanquées, mais les observer à toute proximité vous impressionne quand même. C’est un peu le sentiment d’approcher une star de cinéma.
« On peut les visiter ? » demande Alexia, elle aussi subjuguée.
« Non, elles sont fermées au public » répondez-vous, un peu désolée.
La maison aux volets blancs – Crédit photo : Grand Parc – Bordeaux – CC BY 2.0
Il s’en est pourtant fallu de peu, puisque la deuxième maison, cédée en 1988 à la commune de La Teste, devait se transformer en musée, après avoir reçu de très importants travaux. Mais le projet n’a pas enthousiasmé le nouveau maire élu en 2008, ce dernier n’envisageant que les contraintes liées aux visites : marées, navettes, nombre réduit de visiteurs.
Si les cabanes tchanquées attirent tous les regards, il convient de rappeler quand même que l’ile aux Oiseaux en accueille une cinquantaine d’autres, réparties entre différents « quartiers » : Port de l’Île, Afrique, Îlot, Saous et Truc Vert. Certes, elles ne sont pas dotées de piliers, mais leur charme reste intact.
De retour à la villa, Alexia se charge de résumer votre journée à vos voisins avant de rejoindre son frère et Margaux dans la piscine. Une douce soirée estivale s’annonce.
Vendredi 14 août
C’est le dernier jour de vos vacances en Gironde et vous constatez que vous n’avez pas encore posé la serviette sur une plage du littoral.
« C’est quand même un peu dommage » fait remarquer votre mari, qui regarde tristement son maillot de bain tout neuf.
Soit, mais vous n’envisagez quand même pas la journée entière sous le parasol. Un compromis s’impose en conseil familial. La matinée se consacrera à la visite de la réserve ornithologique du Teich, située à quelques kilomètres, et l’après-midi permettra de rejoindre la plage de la Lagune, au Sud de la dune du Pilat.
Afin d’inciter votre fiston à vous rejoindre, vous promettez un très bon déjeuner au restaurant de la plage, réputé pour ses gigantesques burgers.
« Est-ce que Margaux peut venir ? » qu’il demande, sans même vous regarder.
« Si elle aime les oiseaux. »
Ouverte en 1972, la réserve s’étend sur une grosse centaine d’hectares. Son environnement se compose de prairies, de petites forêts, de lagunes et bien sûr de marais maritimes, au regard de sa proximité avec le Bassin d’Arcachon.
La réserve offre l’opportunité, pour les visiteurs, d’observer les 363 espèces ou sous-espèces d’oiseaux qui la fréquentent lors des épisodes de migration. On peut notamment y voir des cygnes chanteurs, des bernaches du Canada, des canards à front blanc, des hirondelles rousselines, des goélands et même des chouettes hulottes.
Certes, l’été n’est peut-être pas la saison idéale d’observation puisque deux grandes périodes remplissent le calendrier de réservations de la réserve :
– La migration prénuptiale, de fin janvier à début juin. – La migration postnuptiale, de juin à décembre.
Néanmoins, la diversité des espèces qui viennent souffler quelques heures ou quelques jours à la réserve permet de les admirer tout au long de l’année. La période estivale est également celle de la fin de la nidification, au cours de laquelle les poussins de râle, nés sur place et devenus plus forts, quittent le nid pour affronter leur destin.
Un râle d’eau et son petit, aperçus à la réserve du Teich – Crédit photo : Cédric Deplanque – Flickr
La visite s’organise autour d’un sentier en boucle de 6 km, permettant de traverser tous les types de paysage.
Armée de ses jumelles, Alexia se montre ravie, d’autant plus lorsqu’elle aperçoit la première des vingt cabanes d’observation.
« Maman, tu aurais pu l’inscrire dans notre programme d’hier ! »
Charmante enfant. De son côté, Guillaume fait mine de viser les lointains oiseaux, un œil ouvert, l’autre fermé.
« Avec un fusil de chasse, on ferait un beau carton ici ! » plaisante-t-il.
Vous vous promettez, une fois rentrée à Gentilly, de faire des recherches approfondies sur l’âge bête qui touche les ados, le vôtre en étant particulièrement victime.
Trois heures plus tard, le petit groupe sort enchanté de la réserve. Votre mari a pu profiter de son objectif à longue focale, même si les premières photos qu’il vous montre semblent un peu floues.
« Mais non ! » rétorque-t-il vexé.
En début d’après-midi, après avoir gavé les enfants de hamburgers, de frites et de glaces, vous atteignez enfin votre territoire hautement touristique : la plage. Et vous n’êtes pas déçue. Des centaines de vacanciers ont pris assaut du sable blond, en restant proches de la zone de baignade surveillée. C’est un feu d’artifice de parasols, de tentes Décathlon, de serviettes multicolores et vous vous dites que c’est aussi ça, les vacances.
Ravie, vous trouvez un périmètre à peu près convenable, pas trop éloigné de l’eau.
« Il paraît qu’il y a des naturistes pas très loin d’ici, c’est sympa » annonce Guillaume à Margaux, qui se contente de lever les yeux au ciel.
« En tout cas, il n’y a pas de vagues et tu ne vas pas pouvoir surfer. C’est pas de chance » lui rétorque son père.
Margaux affiche un grand sourire.
Alexia s’est déjà rapprochée de l’océan pour chercher de l’eau et entreprendre la construction d’un château de sable. Votre mari regarde désespérément l’écran de son appareil photo pour constater que TOUTES ses photos sont floues. Guillaume et Marion se précipitent vers la mer, où ils resteront longtemps.
Quant à vous, vous vous réjouissez du spectacle que peut offrir une plage en pleine saison estivale. Des enfants qui rient, d’autres qui courent avec les parents derrière, qui courent aussi en criant, les MNS qui utilisent leur sifflet toutes les 10 minutes (d’ailleurs, l’un d’eux a concerné Guillaume), les familles nombreuses, les jeunes couples qui s’embrassent sous le soleil, les grands-parents qui longent la plage, les pieds dans l’eau, les hommes un peu trop gros qui rentrent le ventre, les femmes qui décident finalement de se passer du haut de leur maillot de bain, les visages rouges frappés un coup de soleil…
Bref, vous nagez en plein cliché et ça vous ravit.
Samedi 15 août
Il est 10 heures et vous terminez l’inspection de votre appartement en compagnie du propriétaire, qui vous rend votre chèque de caution.
La voiture a englouti tous vos bagages.
Guillaume s’attarde auprès de Margaux, dont les vacances se terminent. Peut-être se retrouveront-ils à Gentilly. Peut-être pas.
Pour votre part, une semaine supplémentaire de congés payés vous attend dans les Cévennes. Une charmante location au milieu de nulle part, avec une grande piscine (non mitoyenne cette fois) et, paraît-il, une vue extraordinaire sur les collines et les forêts.
Ce seront des vacances plus paisibles et plus familiales. Bien sûr, vous êtes ravie de cette perspective, mais, bizarrement, après que votre mari ait enclenché la première et que la voiture ait parcouru ses premiers mètres, vous continuez de fixer le rétroviseur, le cœur un peu serré, alors que la villa s’éloigne.
« On pourrait revenir en Gironde l’année prochaine, ici ou dans un autre lieu » proposez-vous enfin à la famille, qui approuve immédiatement votre idée. Seul Guillaume reste complètement détaché, les yeux rivés sur son smartphone. Il faut dire que le père de Margaux vient de lui envoyer les photos de sa session de surf.
Deuxième volet de notre série consacrée aux spécialités apéritives conçues et fabriquées dans le Sud-Ouest. Après la Dordogne, c’est le département des Landes qui nous ouvre son buffet.
Olivier Sorondo 23 juillet 2020 – Dernière MAJ : le 1 avril 2021 à 13 h 58 min
Crédit photo : Comité Interprofessionnel du Floc de Gascogne
NB : Cet article n’est pas un publirédactionnel. Aucune rétribution n’accompagne la citation des produits ou la publication des liens hypertextes, précisés à seul titre informatif.
Il va sans dire que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Il convient donc de découvrir ces apéritifs avec la modération qui s’impose.
Esprit de fête
Difficile d’évoquer les Landes sans mentionner son esprit convivial que viennent nourrir les fêtes de la Madeleine, la feria de Dax et la multitude de petites fêtes patronales organisées dans tout autant de villages.
Cette quête de fraternité et de moments partagés s’accompagne presque naturellement d’une culture de l’apéritif, prélude indispensable aux chaudes soirées estivales.
Une locomotive nommée Floc de Gascogne
Depuis le 16e siècle, on conçoit en cette terre d’Armagnac « lou Floc de Nouste » (« le bouquet de fleurs de chez nous » en occitan) un apéritif doux et goûtu, préparé à partir de 2/3 de jus de raisin frais et 1/3 de jeune armagnac.
Ce vin de liqueur est obtenu lorsque le moût des raisins juste pressés est muté avec l’armagnac produit l’année précédente. L’opération consiste à interrompre le processus de fermentation du jus afin de conserver sa fraîcheur. Le Floc repose ensuite plusieurs mois en chai avant d’être mis en bouteille.
Le produit peut être blanc ou rosé, selon les cépages utilisés.
Pour les puristes, fruits et alcool doivent impérativement provenir de la même exploitation.
C’est en 1976 que le terme « Floc de Gascogne » fait son apparition, peut-être pour des raisons commerciales, mais sans toucher à sa qualité. En 1990, le Floc de Gascogne obtient d’ailleurs son AOC puis, 19 ans plus tard, son AOP.
Pour Myriam Darzacq, du Domaine de Paguy à Betbezer-d’Armagnac, aucun doute n’est permis sur la popularité du Floc. « Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui, après dégustation, n’ait pas aimé ça ! » confie-t-elle à Julie Ducourau du journal Sud-Ouest (25/07/2017).
À l’apéritif, le Floc de Gascogne se déguste très frais. Les amateurs de cocktail le choisiront avec plaisir pour préparer des mélanges audacieux : Daiquiri fraise, Cosmopolitan, sangria, Moji’Floc et même un Floc’Tonic, à base de Floc rouge.
Blanc des Sables et de Chalosse
Le département des Landes peut lui aussi s’enorgueillir d’un patrimoine viticole, certes moins réputé que son voisin du Nord, mais offrant de belles opportunités de découverte.
Ainsi, le vin des Sables de l’Océan est issu d’un vignoble à l’implantation particulière, puisque situé au pied des dunes du littoral, qu’il contribue à fixer, entre Lit-et-Mixe et Capbreton. Populaire dès les 13e siècle, le vin est consommé par centaines de milliers de litres en France et en Angleterre.
Au 19e, différentes vagues de maladie cryptogamique viennent à bout du vignoble, dont seules quelques parcelles subsistent près de Messanges. Fort heureusement, les viticulteurs landais le redécouvrent dans les années 1990 et plantent de nouveaux hectares, dans le respect des cépages locaux.
Dotés de l’IGP depuis 2011, les Sables de l’Océan se déclinent en rouge, rosé et blanc, ce dernier se nourrissant des cépages du crouchen et du chenin. On lui attribue des notes aromatiques, avec des arômes de salinité et une agréable sensation de fraîcheur. Parfait pour l’apéritif après une journée à la plage, peut-être située à seulement quelques centaines de mètres du vignoble.
Plus à l’Est, à toute proximité du Béarn, la région de la Chalosse ne consacre que 250 hectares à son vignoble afin de respecter un cahier des charges strict, qui s’applique aussi à l’encépagement ou à la densité des plantations.
Dans le registre des vins blancs, le petit et le gros manseng, cépages gascons, donnent naissance à un vin moelleux, rond et charnu, avec un nez d’agrumes et des notes de miel et de fruits confits. On peut également apprécier un blanc sec aromatique (cépages baroque et colombard) qui révèle tous ses arômes floraux lorsque servi bien frais.
Au p’tit bonheur des producteurs locaux
Localisé certes dans le Gers, l’artisan liquoriste Aurian propose diverses boissons sympathiques, tel l’apéritif au miel des Landes et au vieil armagnac, qui peut justifier le détour.
L’armagnac intervient également dans la conception du Portagayola, qui accueille dans sa composition du vin, des fruits entiers (oranges, citrons, ananas…) et du sucre pour un petit plaisir espiègle, à la condition de le servir frappé. La paternité en revient au producteur du Domaine de Marquestau, à Hontanx.
Le Portagayola prêt à affronter l’apéro – Crédit photo : Domaine de Marquestau
À tous ceux qui limitent la notion de pastis landais à une simple pâtisserie, le liquoriste/embouteilleur Jean Boyer, domicilié à Saint-Geours-de-Maremne, apporte une autre perspective. Il propose en effet à la vente le pastis gascon Lou Sou (le soleil), élaboré dans les Landes, dans le respect des anciennes techniques provençales. Peu sucrée, la boisson adopte la couleur des plantes ayant servi à sa fabrication.
Brasseries artisanales et sincères
Le département n’a bien sûr pas échappé à l’explosion des petites brasseries locales, dédiées à la recherche de la qualité et des réseaux de proximité. Parmi la dizaine de brasseurs référencés dans les Landes, citons les frères Bourdillas, heureux papas de La Séquère (gossier sec en gascon), une bière lancée en 2014.
« On avait un bar à bière et l’idée nous est venue, en 2008, de créer notre propre bière, que l’on vendrait nous-même » indique Stéphane (Comité régional de tourisme de Nouvelle Aquitaine, 01/08/2019). La bière, dont la conception a demandé quelques années, intègre du maïs dans sa recette, lui apportant ainsi sa touche locale.
Installée à Saint-Sever depuis 2017, la micro-brasserie Micromégas propose pour sa part une gamme de six bières, joliment embouteillées de noir. La Golden Ale, par exemple, trouve son inspiration au Royaume-Uni, où elle est servie au cours des repas en alternative au pain (!) grâce à sa composition céréalière. La Witbier, quant à elle, apporte une vraie fraîcheur grâce à son bouquet d’épices et d’agrumes, fournis par un producteur d’Eugénie-les-Bains. Bref, un plaisir garanti local !
Et sans alcool, qu’est-ce que vous avez ?
Eh bien, pas mal de choses, ma foi. On peut déjà se tourner vers les fruits. À Laurède, Simone et Claude exploitent les Vergers d’Estienne, un domaine chalossais dédié à la culture des fruits de saison (pêches, nectarines, abricots, framboises…) et à la production artisanale de jus de pommes. Pour le couple, le goût et les saveurs des fruits doivent dicter toute démarche de production. Le succès de leurs produits sur les marchés landais depuis une vingtaine d’années semble conforter cet idéal.
Et pourquoi pas un jus de carottes bio des Landes ? Servie fraîche, la boisson peut s’avérer très agréable à l’apéritif et surtout source de bien-être grâce à sa vitamine B, son acide folique, son calcium ou son phosphore. De quoi attaquer le repas en pleine santé.
Si les enfants réclament un soda, la brasserie La Séquère pourra répondre à leur demande grâce son Landes Cola, entièrement fabriqué sur place : « La teinte de caramel, connue des amateurs du genre, est bien présente. Les bulles apparaissent en revanche plus fines que celles des standards (…) Les arômes de pin, pourtant annoncés clairement sur la bouteille, s’avèrent plus subtils à déceler » écrit Benjamin Ferret dans Sud-Ouest (22/04/2015).
Comme un p’tit creux, on dirait
Découvrir tous ces breuvages sans rien se mettre sous la dent paraît difficilement envisageable. Comme il s’agit du département des Landes, on cite immédiatement les petits toasts ou bouchées au foie gras, que l’on confectionne soi-même. C’est bon, c’est facile et c’est rapide.
Les Landes sont aussi une terre d’asperges, qui peuvent apporter une certaine originalité à l’apéritif, servies telles quelles après un bain bouillant de quelques minutes ou bien entrant dans la composition d’un croquant. Miam.
Enfin, si les chips apparaissent souvent incontournables à l’apéro, autant privilégier celles fabriquées localement, à l’instar de la Tchanqué. Les pommes de terre viennent du département et de Gironde, cultivées dans les landes sablonneuses. Quant aux chips, elles sont dorées au chaudron à l’huile de tournesol et légèrement assaisonnées au sel de source des Pyrénées.
Crédit photo: Tchanqué, la chips d’Aqui
Département gourmand et festif, les Landes proposent de multiples produits pour organiser et réussir son apéritif. C’est un peu l’occasion de s’éloigner des marques distribuées en grande surface et de privilégier les producteurs locaux, certainement plus sensibles à la qualité et aux saveurs.
Tempêtes, grandes marées, érosion, surfréquentation… Malgré son exceptionnel gabarit, la dune du Pilat ne cesse de reculer, parfois plus rapidement que le trait de côte.
Olivier Sorondo 6 juillet 2020 – Dernière MAJ : le 23 mai 2022
Crédit photo : Christian Bachelier – Flickr
Un monstre de sable en mouvement
L’identité des plages d’Aquitaine repose en partie sur le cordon dunaire, qui représente un piège à sable permettant non seulement de freiner l’érosion, mais aussi d’empêcher l’ensablement de la forêt de pins maritimes.
La constitution de ces dunes dépend d’abord du rôle joué par l’océan. Il dépose sans relâche le sable sur les plages, que le vent se charge ensuite de pousser vers la forêt. Les premiers obstacles, comme la végétation (de type chiendent des plages), facilitent enfin l’accumulation du sable et génèrent, au fil du temps, des dunes bordières.
« Amortisseur de l’énergie marine, « piège à sable » qui protège l’arrière-pays, réservoir de biodiversité, le massif dunaire est une composante originale et attractive du paysage » indique à ce titre le site de l’Observatoire de la Côte Aquitaine.
À l’entrée du bassin d’Arcachon, l’impressionnante dune du Pilat répond aux mêmes phénomènes naturels. Sa dimension exceptionnelle s’explique avant tout par la proximité du banc d’Arguin, composé d’îlots sableux qui constituent une formidable réserve de sable fin.
La dune adopte par ailleurs une forme asymétrique. La face exposée à l’océan révèle une pente douce. Les grains de sable, poussés par le vent depuis le banc d’Arguin, remontent en effet cette pente pour atteindre le sommet de la dune et se déverser sur l’autre face, à la pente beaucoup plus raide.
Haute de près de 110 mètres, frôlant les 3 kilomètres de long pour 616 mètres de large, la dune du Pilat témoigne de 4000 ans de variations climatiques. Aujourd’hui, sous l’effet des vents dominants et des marées, elle continue de se déplacer vers l’Est, grignotant chaque année quelques mètres de forêt. Le versant Ouest subit quant à lui la pression de l’océan, surtout lors des épisodes de tempête.
L’érosion comme adversaire… ou partenaire
Le 2 mars dernier, Le Monde publie un article au titre évocateur : « La moitié des plages du monde pourraient disparaître d’ici à la fin du siècle ». La journaliste, Audrey Garric, cite ainsi le rapport du GIEC, dont les résultats « montrent que l’érosion des plages sableuses, déjà importante aujourd’hui, va s’aggraver à l’avenir. Une étude parue en 2018 estime que près d’un quart d’entre elles subissent un retrait supérieur à un demi-mètre par an. »
La principale raison est liée au réchauffement climatique, qui accélère la montée des eaux. Les phénomènes de grandes marées et les épisodes récurrents de tempête contribuent également à abîmer le littoral.
En France, un quart des côtes est touché par l’érosion, selon l’étude Eurosion publiée en 2004. Plus localement, les tempêtes hivernales de 2013 et 2014 ont fortement érodé la côte sableuse aquitaine, et particulièrement en Gironde. Par endroit, le trait de côté a reculé de plus de 20 mètres.
Si les moyens de lutte se révèlent à court terme particulièrement coûteux et modérément efficaces, la prise de conscience du caractère immuable de l’érosion peut aussi correspondre à une décision politique. À Lacanau, l’équipe municipale considère sérieusement le projet d’une relocalisation, consistant à acquérir puis à détruire les immeubles du front de mer avant qu’ils ne soient touchés par l’océan.
Une telle démarche de repli stratégique s’avère bien sûr impossible pour la dune du Pilat, pourtant confrontée elle aussi à l’érosion de sa plage, principalement sur la partie Nord. Le littoral situé plus au Sud semble en revanche moins touché ces dernières années, même si la prudence s’impose.
Ainsi, en décembre 2019, les grandes marées et les fortes tempêtes ont généré une importante érosion du littoral de La Teste-de-Buch et créé de nouvelles falaises de sable. La plage de la Corniche, au pied de la dune, n’a certes pas été impactée, mais la grosse houle de février 2020 a emporté les protections en béton et contribué à l’effondrement des perrés.
Conséquences des fortes tempêtes de décembre 2019. Ici, plage de la Lagune, non loin de la dune – Crédit photo: Eric Constantin, Twitter ONF Aquitaine
Un (trop) grand succès touristique
La dune du Pilat peut être considérée comme le site emblématique de Gironde. Ce véritable iceberg de sable attire chaque année plus de deux millions de visiteurs et près de 16 000 touristes par jour en pleine saison.
Si son accès reste gratuit, le parking situé à proximité est en revanche payant. Le site dégagerait ainsi un chiffre d’affaires de 13 M€, complété par la vente de souvenirs. Les recettes indirectes se chiffreraient quant à elles à plus de 150 M€, un montant astronomique justifiant pour certains de préserver la manne touristique, voire même de l’amplifier. Il est ainsi prévu de construire un second parking, pour une capacité d’accueil de 1600 places (contre 750 aujourd’hui).
C’est pourtant la dune elle-même qu’il conviendrait de préserver davantage. Malgré son imposante présence, elle intègre un écosystème complexe et fragile.
« C’est difficile à quantifier, mais on sait que le tourisme de masse a un impact. Le sable s’envole dès qu’il y a du vent, mais en présence de touristes, c’est encore pire » constate Jacques Storelli, ancien président de l’association de défense et de promotion de Pyla-sur-Mer, interrogé dans l’émission Capital (juillet 2019).
Aux alentours, le flux incessant des voitures contribue également à dégrader l’environnement, les véhicules se garant sur le bas-côté de la route, parfois sur une distance supérieure à un kilomètre. Sans même évoquer le risque d’incendie…
Mener une action publique de sauvegarde du site
Attaquée par les éléments naturels et menacée par la surfréquentation, la dune du Pilat nourrit depuis déjà longtemps la réflexion des pouvoirs publics. En 1940, l’État décide de protéger une partie du site contre l’urbanisation du littoral. Le périmètre de protection est d’ailleurs étendu en 1994, permettant le classement de près de 7000 hectares du massif forestier environnant.
Plus récemment, une proposition de loi tendant à réguler l’hyper-fréquentation des sites naturels et culturels patrimoniaux a été adoptée au Sénat et soumise à l’Assemblée nationale. Son vote définitif représenterait un outil précieux pour les maires concernés, qui seraient autorisés à mieux réguler le flux des touristes.
« Il y a eu une époque où nous courions après le tourisme… sauf que les hyper-fréquentations ne peuvent plus être d’actualité » déclare ainsi Jérôme Bignon, le sénateur à l’origine du texte de loi, à France 3 Nouvelle-Aquitaine. Son collège Hervé Gillé, sénateur de Gironde, ne dit pas autre chose : « On assiste aujourd’hui à la création de spots touristiques qui subissent des pressions environnementales importantes alors que ce sont des sites sensibles. »
De son côté, le Conservatoire du littoral mène depuis quelques années une ambitieuse opération de nationalisation de la dune du Pilat et de sa forêt proche. La tâche s’annonce ardue puisque le site se compose en partie de 177 parcelles privées, qu’il convient d’identifier puis de racheter. Aujourd’hui, plus de la moitié a déjà été acquise. Quelques réticences se font jour lorsque ces propriétés accueillent des cabanes de résiniers rénovées au fil des ans et servant de logement estival.
D’autres initiatives sont également à l’étude, à l’instar de celle consistant à privilégier la navette entre la dune et un parking relais, situé plus en retrait. Pour l’ancien maire de La Teste, Jean-Jacques Eroles (battu aux élections municipales de 2020), la mise en place d’un système de quota permettrait de limiter le nombre de touristes, dans la même idée que la proposition de loi soumise au vote du Parlement.
Contrer l’érosion en crachant du sable
Enfin, la préservation du site passe aussi par les opérations de réensablement des plages du Pilat menées tous les deux ans. La drague « Côtes de Bretagne » aspire près de 200 000 m3 de sable déposés sur le banc du Bernet avant de les projeter sur les 4 kilomètres de littoral.
« Même si cette opération permet effectivement de lutter contre l’érosion, notre mission est d’abord de maintenir les usages sur le plan d’eau. Il s’agit d’abord de maintenir la navigation pour les pêcheurs et les ostréiculteurs qui empruntent cette voie pour aller à Arguin, car il y a des secteurs où vous ne passeriez plus en bateau, tellement le secteur s’ensable. Deuxièmement, cette opération permet de réinstaurer un sentier du littoral, pour que l’on puisse continuer à longer la plage. Et le troisième usage, c’est bien entendu l’activité balnéaire » explique Isabelle Laban, directrice de la communication du Siba, à Mickaël Bosredon, du journal 20 Minutes (10/02/1968).
Un recul inéluctable
Que les amoureux de la dune se rassurent : il est peu probable qu’une tempête, aussi puissante soit-elle, vienne décapiter notre gros tas de sable préféré. Au pire, quelques mètres disparaîtront, rapidement reconstitués au gré des rafales de vent, à même de charrier les volumes de sable du banc d’Arguin.
Non, la menace (ou peut-être faudrait-il écrire la fatalité) prend ici la forme du recul que concède la dune chaque année. En 50 ans, ce recul s’est établi à plus de 200 mètres. « Aujourd’hui, sa fixation n’est plus envisagée. Sa progression est inéluctable et participe à son caractère remarquable. Aucune action entreprise ne pourra limiter l’avancée dunaire. Malgré de nombreuses tentatives passées pour la stabiliser, la dune du Pilat reste mobile et « roule » sur elle-même » précise Le Syndicat mixte en charge du site.
L’Observatoire de la Côte Aquitaine assure pour sa part un suivi topographique depuis 2009 en vue d’alimenter une base de données au fil des années. Le travail permettra d’obtenir une vision en trois dimensions de l’évolution de la dune et d’identifier les déplacements des volumes de sable pour affiner la prédiction de son « déplacement ».
Inexorablement, la dune recule et avale un peu plus de forêt chaque année – Crédit photo: Lena Glockner – Flickr
Au final, la célèbre dune du Pilat ne constitue pas l’infranchissable barrière que laisserait deviner sa taille. Moins forte que l’érosion, soumise aux tempêtes, fragilisée par l’hyper-fréquentation, elle concède chaque année quelques mètres de littoral, au grand dam des gérants de campings situés à ses pieds.
Sans aucune possibilité de la stabiliser, l’action fataliste des pouvoirs publics se limite finalement à sa préservation à long terme, au cœur d’une nature rendue plus sauvage et selon un tourisme redevenu raisonnable.
Élaborée par une charcutière de Lormont à la fin du 19e, la recette des grattons a rencontré rapidement un succès franc et gourmand.
Olivier Sorondo 22 juin 2020 – Dernière MAJ : le 16 mars 2022 à 17 h 29 min
Crédit photo : Ville de Lomont
Un plat traditionnel régional et même international
Alors non, bien sûr, les grattons (il paraît que la forme plurielle s’impose) ne sont pas originaires de Bordeaux. Cette charcuterie conçue à partir de morceaux de porc cuits dans la graisse est appréciée depuis longtemps dans de nombreux pays. Aux Pays-Bas ou en Belgique, on l’appelle knabbelspek ; en Thaïlande, son nom est khaep mu; au Mexique, c’est un chicharrón et aux États-Unis, on parle de prok rinds.
Comme on peut s’en douter, les grattons trouvent aussi une origine lointaine dans nos régions, notamment en Angoumois, en Auvergne, dans le Morvan ou en région lyonnaise.
Selon différentes sources, le terme « grattons » serait tiré du verbe « gratter », geste apparemment nécessaire pour racler les derniers petits morceaux de viande grillée restés collés au fond de la marmite.
Si les grattons du monde entier s’appuient sur la même matière première et le même mode de cuisson, c’est la recette qui, au final, fait toute la différence. Et il semblerait que celle élaborée par la charcuterie Gaudin à Lormont (Gironde) ait su s’imposer auprès des gastronomes de la ville et de Bordeaux, de l’autre côté de la Garonne. On pourrait même parler de reconnaissance nationale.
Gloire et honneur à Justine Gaudin
La date précise de la première commercialisation des grattons n’a pas été retenue par l’histoire. Elle se situerait à la fin du 19e siècle. En revanche, aucun doute possible quant à leur provenance : la charcuterie Gaudin, à Lormont, dans la proche banlieue bordelaise.
Bas de l’actuelle rue du Général de Gaulle, à Lormont. C’est ici que se situait la charcuterie Gaudin. Crédit photo: Google Street View
Le commerce est fondé en 1875 par Bernard Gaudin. Grâce à son épouse Justine, il profite assez rapidement d’une jolie notoriété, en raison de la recette savoureuse de grattons que cette dernière vient d’élaborer.
Les clients disent leur satisfaction, le bouche-à-oreille fonctionne à plein et la réputation du plat ne tarde pas à se diffuser dans les rues de la capitale girondine. Chaque dimanche, de petites embarcations traversent la Garonne pour déposer des Bordelais enjoués sur la rive du fleuve, où fleurissent les guinguettes. On y déguste bien sûr l’alose, pêchée dans l’estuaire, mais aussi, et de plus en plus, les grattons de Justine Gaudin, que l’on sert chauds et comme plat principal.
Le plat s’installe durablement dans les habitudes bordelaises, pendant près d’un siècle. En 1971, André Gaudin, le dernier charcutier de la famille, cède son fonds de commerce à Yves Ducos. Ce dernier exige que la vente s’accompagne de la divulgation de la fameuse recette élaborée par Justine, ce qui lui est accordé. De fait, la fabrication des grattons se poursuit jusqu’au début des années 2000.
Une autre version indique que la charcuterie fut reprise par l’apprenti Robert Pelin la même année, c’est-à-dire en 1971, date de départ à la retraite d’André Gaudin.
Aujourd’hui, Lormont n’accueille plus aucun artisan charcutier.
« Une recette et un goût inimitables »
C’est en ces termes élogieux que s’exprime Denis Miklou, le patron du Café du Printemps, fondé par sa grand-mère et situé à proximité de l’ancienne charcuterie.
Justine Gaudin apportait tout son talent à la fabrication des grattons. Sa première préoccupation consistait à choisir les meilleures pièces de jambon, d’épaule et de longue pour la partie maigre. Le gras de porc se composait quant à lui de couenne et de barde.
Le gras, coupé en dés, était cuit à petit feu dans un faitout non couvert. Aux trois quarts de la cuisson, la charcutière incorporait la partie maigre et ajoutait du sel, du poivre et des épices. Le secret ? Obtenir une texture légèrement confite en fin de cuisson.
Surtout, Justine Gaudin faisait en sorte de ne pas broyer ni de hacher la viande, mais de la découper finement au couteau. Les grattons bordelais étaient d’ailleurs reconnaissables aux tranches de jambon et d’épaule qui se détachaient du blanc du gras.
Après quelques heures de repos, la charcutière filtrait sa préparation dans une passoire et la moulait en terrine, en forme de cône. C’est d’ailleurs cet aspect un peu singulier qui constituait la signature finale et permettait d’identifier au premier coup d’œil les véritables grattons de Lormont !
Les grattons ont-ils vraiment disparu ?
Si la dynastie charcutière des Gaudin s’est éteinte, la fabrication du plat n’a pas été complètement abandonnée. Il serait intéressant, à ce titre, de savoir si les artisans ont pu avoir accès à la recette originale, qui doit toujours être disponible, quelque part.
Visuellement, les grattons évoluent assez vite vers une couleur grise, en raison de la présence de sel et donc de l’absence de tout conservateur. Gustativement, ils se rapprochent des rillettes, même s’ils développent une saveur quelque peu différente.
Aujourd’hui, on les consomme frais, sur une tranche de pain de campagne.
Prêt à faire tourner le cône ? Crédit photo : La Charcuterie Bordelaise
Quelques artisans continuent d’assurer la fabrication de ce plat si précieux, à l’instar de la boucherie Ribeiro au marché des Capucins de Bordeaux. D’autres marchés de la région le proposent aussi, à l’instar de Cenon, Gradignan ou Bordeaux Bastide. Bien sûr, on ne citera pas les produits industriels, par respect à l’égard de Justine Gaudin.
Enfin, les cordons bleus pourront s’attaquer eux-mêmes à la recette, publiée dans l’ouvrage « Connaître la cuisine bordelaise », de François Martin (Éditions Sud-Ouest) et disponible à cette adresse.
Mise à jour du 16 mars 2022 : Depuis quelques mois, l’épicerie fine de Lormont, Les Bonnes Choses d’Aurélie, propose à nouveau les grattons à la vente. Le produit est préparé selon la recette originale.
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