Conjoncture difficile pour les viticulteurs bordelais
Un tiers d’entre eux subit des difficultés financières et un quart envisage d’abandonner son activité.
Olivier Sorondo – 24 janvier 2023 – Dernière MAJ : le 24 janvier 2023 à 16 h 58 min
Pertes de revenus, arrachage des vignes… Le vignoble de Bordeaux traverse une crise profonde – Crédit photo Sergey Nemo from Pixabay
Une situation qui se dégrade puis 2018
La manifestation organisée le 6 décembre dernier a sûrement symbolisé l’exaspération des viticulteurs de Gironde. Plus d’un millier d’entre eux se sont retrouvés à Bordeaux pour crier leurs revendications et attirer l’attention sur la crise à laquelle ils sont confrontés depuis quelques années.
Le constat n’est guère réjouissant pour la viticulture bordelaise, pourtant fer-de-lance de l’économie locale. Sur les 4 000 vignerons, plus de 1 300 se déclarent en difficulté financière. « Sur l’exercice 2021, 70 % des exploitations agricoles girondines (à 80 % viticoles) ne gagnent pas le Smic, et 1/3 du total ont un revenu négatif » explique Philippe Abadie, directeur du Pôle Entreprises de la Chambre d’agriculture, au micro de BFM TV (22/01/2023).
Depuis 2018, la situation n’a cessé de se dégrader, en raison notamment de la baisse de la consommation, de la hausse des coûts ou du réchauffement climatique. La crise Covid est venue jeter de l’huile sur le feu, en fermant tout ou partie le marché chinois. Aujourd’hui, les vins se vendent en dessous des coûts de production.
Consciente du problème, la Chambre d’agriculture a lancé une vaste étude auprès des acteurs de la filière. Pour sa part, la préfecture a mis en place une cellule de crise, qui réunira les représentants de l’État, de la Région, du Département, des banques et des organisations professionnelles.
Arrachage de la vigne et diversification
Pour les viticulteurs, la première amorce de solution passe par l’arrachage subventionné. Au regard de la baisse de la consommation, il ne s’avère plus opportun d’assurer la gestion de vignobles trop importants. « Il faut réduire la voilure, produire moins tout en gardant de la compétitivité » estime Dominique Guignard, Président l’AOC Graves, cité par le site Vitisphère (06/12/22).
Cet arrachage attendu de la part des vignerons devrait couvrir 15 000 hectares, pour un coût estimé à 150 M€. Selon les services de l’État, cette aide financière n’est pas envisageable. Les différentes pistes de solution doivent être trouvées à l’échelle régionale.
Les professionnels attendent également le déclenchement d’un véritable plan social, permettant de reconnaître leur situation et de venir en aide aux plus précaires.
La pérennité de l’activité agricole en Gironde se trouve peut-être dans la diversification. Les espaces laissés libres après l’arrachage pourraient accueillir de nouvelles cultures, comme celles des oliviers et des noisetiers. Les réunions organisées par la Chambre d’agriculture sur la diversification commencent d’ailleurs à attirer les viticulteurs.
Ces derniers misent aussi sur le développement de l’œnotourisme et de l’agritourisme, à même de générer des ressources supplémentaires dans un département très fréquenté pendant les vacances.
C’est probablement un combat à long terme qui s’engage, synonyme d’adaptation au marché et au réchauffement climatique. C’est aussi un enjeu pour la nouvelle génération, alors qu’un viticulteur sur deux est aujourd’hui en droit de prendre sa retraite.
La douceur de températures n’a pas permis l’enneigement des stations pyrénéennes, contraintes de fermer certaines de leurs pistes en attendant le retour du froid.
Olivier Sorondo – 4 janvier 2023 – Dernière MAJ : le 24 janvier 2023 à 16 h 52 min
En l’absence de neige, les vacanciers profitent du petit train d’Artouste – Crédit photo : Angel de los Rios – Flickr
Attendre désespérément la neige
Le constat est amer dans les Pyrénées et les autres massifs montagneux du pays. La vague de redoux qui sévit depuis la fin du mois dernier a privé les stations du manteau neigeux tant attendu. Les structures de moyenne montagne se retrouvent particulièrement impactées, avec son lot de désillusions et de difficultés économiques.
La station de la Pierre-saint-Martin a ainsi dû renoncer à fermer son domaine skiable en espérant de meilleures conditions pour les vacances de février.
Même constatation à Gourette. Si la station a pu laisser ouvertes ses pistes dédiées aux débutants, décision a été prise de fermer celles réservées aux skieurs plus confirmés.
A Artouste, le domaine subit lui aussi l’absence de neige. Le célèbre petit train de la commune, qui se faufile à flanc de montagne, continue heureusement d’attirer les vacanciers, mais l’occupation touristique ne dépasse pas les 50 %.
« On a ouvert à Noël en mode été. Et s’il faut, on rouvrira en février en mode été également si la neige est absente » déclare, un brin fataliste, Jean-Christophe Lalanne, le directeur de la station, interrogé par France 3 Aquitaine.
Le Mourtis, Ax-3-Domaines, les Monts d’Olmes, Luchon-Superbagnères… La liste des stations pyrénéennes s’allonge aussi vite que fond la neige au soleil.
La même situation défavorable prévaut dans certaines stations des Alpes, à l’instar de Combloux, et du Jura. En décembre, une piste de ski alpin sur deux a été fermée.
Les projections météorologiques ne laissent pas voir d’amélioration avant la mi-janvier.
Des conséquences économiques
L’absence de neige met à mal toute l’activité des stations. Les touristes se font moins présents, les nuitées diminuent, les restaurants n’affichent pas complet, les remontées mécaniques ne tournent plus, les moniteurs se tournent les pouces. A Superbagnères, le chiffre d’affaires s’est effondré de 80 %.
Les saisonniers, pour leur part, choisissent l’activité partielle pour s’adapter à la conjoncture. Les permanents prennent leurs congés ou subissent le chômage technique.
Au-delà de l’espoir de bonnes chutes de neige avant février, les professionnels observent les effets éventuels du changement climatique. Si de tels épisodes de redoux venaient à se succéder, la solution passerait par une autre approche de la montagne, avec des arguments moins centrés sur la neige.
« Un noël sans neige est déjà arrivé, alors c’est inconfortable pour les professionnels et décevant pour la clientèle, mais les vacanciers ont joué le jeu en participant à nos activités de VTT, luge sur tapis comme en été, karting en chiens de traineau » déclare Régine Casaucau, de l’office de tourisme Haut Béarn La Pierre Saint-Martin à France 3 Aquitaine.
Les Pyrénées offrent un décor grandiose pour envisager autrement ses vacances d’hiver et les considérer, un peu, au même titre que les vacances estivales.
Destinations touristiques durables : Bordeaux classée au top 5 mondial
La capitale girondine figure parmi les meilleures cités soucieuses de proposer un tourisme responsable.
Olivier Sorondo – 10 novembre 2022 – Dernière MAJ : le 10 novembre 2022 à 19 h 14 min
Bordeaux marque des points dans le tourisme responsable – Crédit photo : Loïc Graniczny from Pixabay
Une belle progression depuis l’année dernière
Le palmarès du Global Destination Sustainability Movement (GDSM), s’il n’est pas forcément connu du grand public, reste très attendu chaque année par de nombreuses villes à travers la planète.
Considéré comme une référence, le GDSM vise à promouvoir les efforts consentis en matière de développement durable par les municipalités dans leur offre touristique. Son palmarès constitue, à n’en pas douter, un argument supplémentaire auprès des touristes, de plus en plus sensibles aux valeurs environnementales.
En 2021, Bordeaux s’était hissée au neuvième rang mondial. Cette année, la ville affiche une belle progression en atteignant la cinquième place, derrière les villes de Göteborg (Suède), Bergen (Norvège), Copenhague et Aalborg (Danemark).
Les deux autres villes françaises, Lyon et Paris, se classent respectivement à la 11e et 25e places.
Bordeaux déjà élue capitale européenne du smart tourisme
Le classement flatteur dont vient de bénéficier la ville portuaire s’ajoute au prix décerné l’année dernière par l’Union européenne, celui de European Capital of Smart Tourism. Quatre catégories avaient été retenues dans l’évaluation : l’accessibilité, le développement durable, la numérisation, ainsi que le patrimoine culturel et la créativité.
Ce prix vise à créer un réseau de villes européennes attractives et ingénieuses qui partagent entre elles les bonnes pratiques à mettre en place pour un tourisme plus vertueux.
À travers ces récompenses, Bordeaux anticipe le tourisme de demain, « notamment grâce à l’accompagnement des entreprises touristiques dans leur transition, la performance sociale et les actions de Bordeaux Tourisme & Congrès et la performance environnementale » écrit Sud-Ouest (10/11/2022).
La Teste-de-Buch : sauver ce qui peut l’être après l’incendie
Il y a deux mois, un gigantesque incendie ravageait la forêt de pins située aux alentours de la commune girondine. L’ONF dresse un premier bilan et trace ses perspectives.
Olivier Sorondo – 3 octobre 2022 – Dernière MAJ : le 4 octobre 2022 à 19 h 49 min
Intervention des pompiers dans la forêt de la Teste-de-Buch en juillet dernier – Crédit photo : Ville de la Teste-de-Buch
Un environnement dévasté
À la faveur des quelques précipitations qui ont arrosé la Gironde ces derniers jours, l’incendie de la Teste-de-Buch a été déclaré officiellement éteint par les autorités. En juillet, le feu a ravagé plus de 7 000 hectares de forêt ainsi que des campings, des restaurants et des habitations.
Toujours interdite au public par mesure de sécurité, la zone comprise entre la dune du Pilat et Biscarrosse s’est transformée en paysage lunaire, royaume des troncs noircis et des fougères calcinées.
Pour l’ONF (Office National des Forêts), il convient de s’organiser entre action urgente et réflexion à plus long terme.
Dans l’immédiat, les agents se chargent d’un premier nettoyage du millier d’hectares brûlés de la forêt domaniale. Selon les estimations de l’institution, près de 400 hectares de pins incendiés devront être abattus, nécessitant d’engager une trentaine d’engins forestiers. L’objectif prioritaire consiste à éviter un développement trop important des champignons, qui bleuissent les troncs, et surtout des scolytes, insectes réputés pour creuser des galeries sous l’écorce afin d’y déposer leurs œufs. Les pins n’y survivent généralement pas.
« Dans un écosystème de pins, le scolyte peut augmenter de 10 % à 30 % le volume de bois mort. On va essayer de le limiter à 10 % » déclare Francis Maugard, expert en pin maritime, au journal Le Monde (03/10).
Il s’agit aussi de récupérer un maximum de matières afin que le bois soit utilisé par la filière et les professionnels de la transformation. Même si les pins ont été brûlés en surface, « le bois à l’intérieur n’est que peu altéré et donc il est encore utilisable. Mais plus on va attendre, moins il sera exploitable » explique Yann Rolland, responsable du service bois pour l’agence ONF, dans les colonnes de Ouest France (26/09).
D’ici la fin du mois de décembre, plus de 80 000 mètres cubes de bois devraient être récupérés et valorisés (contreplaqué, lambris, emballages, palettes). Ce niveau correspond à huit fois le volume d’une année normale.
Une étude attentive du terrain
La mission de l’ONF consiste également à anticiper le futur aménagement de la forêt. Il s’agit en premier lieu de préserver les pins les moins touchés par le feu, dès lors que des aiguilles vertes continuent d’orner leur branches.
« Si un pin meurt dans un ou deux ans, mais qu’il donne d’ici là une dernière pluie de graines, qui pourra favoriser la régénération naturelle, c’est déjà ça » estime Fabrice Carré, technicien, cité par Le Monde.
Les associations environnementales considèrent pour leur part que la renaissance naturelle de la forêt se retrouve perturbée par les travaux de l’ONF : « Les arbres, les fougères, les herbes, tout est en train de repousser en beauté, même les arbustes. La moindre intervention lourdement mécanisée va porter un préjudice absolument gravissime à cette reviviscence naturelle » déplore Françoise Brangré, membre de l’association Bassin d’Arcachon Écologie, interrogée par France Info (01/10).
De fait, la nature semble déjà reprendre ses droits. Des fougères ont fait leur réapparition et des repousses sont observées au pied des arbres. La faune n’a pas disparu non plus, comme l’atteste la présence de renards, de lièvres et de chevreuils. Le retour d’espèces plus rares, à l’instar du lézard ocellé ou du petit pessereau, continue de susciter des interrogations.
Enfin, si la prochaine saison touristique n’est pas considérée aujourd’hui comme un objectif prioritaire, l’ONF anticipe quand même la réouverture des plages du Petit Nice, de la Lagune et de la Salie, au sud de la dune du Pilat.
« Il va falloir mettre l’ensemble des financeurs autour de la table. On a commencé à faire des estimations. Pour rouvrir ces sites, c’est à minima 1 million d’euros » souligne Cédric Boucher, le responsable du site, au micro de France Bleu (27/09). La plage de la Lagune pourrait être desservie par des navettes et les estivants seraient encouragés à utiliser leur vélo pour rejoindre leur spot favori. Il faudra au préalable rouvrir la D218 entre le Pyla et Biscarrosse, toujours fermée en raison des travaux de sécurisation.
L’incendie laissera des traces pendant encore de nombreuses années.
La renaissance du château des Milandes en Dordogne
Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker en novembre dernier, le château de Milandes enregistre une explosion de ses entrées.
Olivier Sorondo – 20 septembre 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 14 h 26 min
Le public se presse au château des Milandes – Crédit photo: Jacques Bodin – CC BY 2.0
Joséphine Baker entre dans l’Histoire de France
L’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, le 30 novembre 2021, a suscité une abondante couverture médiatique. Peut-être était-elle due au choix singulier d’une femme noire, d’origine américaine, rendue célèbre par la Revue Nègre en 1925. Il s’agissait surtout de rendre hommage à un personnage exceptionnel, militante de la Ligue internationale contre l’Antisémitisme en 1938, infirmière à la Croix-Rouge, résistante zélée tout au long de l’Occupation.
En 1937, elle loue le château des Milandes, non loin de Castelnaud-la-Chapelle. Bâti en 1489, il accueille les seigneurs de Caumont jusqu’à la Révolution. La demeure profite d’une architecture Renaissance et intègre de somptueux éléments gothiques.
Dix ans plus tard, Joséphine Backer décide d’acheter le château et y apporte le confort moderne : électricité, eau courante, chauffage central… Le monument se transforme en nid douillet, permettant à l’artiste et à son mari d’adopter et d’accueillir douze enfants. La grande famille y vivra une vingtaine d’années.
Joséphine Baker au château des Milandes en 1961 – Crédit photo : Jack de Nijs pour Anefo – CC0
Accablée par les dettes, Joséphine Baker doit pourtant se résoudre à vendre le château en 1968. Quatre propriétaires se succèdent, dont Henry et Claude de Labarre, qui l’acquièrent en 2001. Ils en confient la gestion à leur fille Angélique, qui entreprend de lui redonner tout son panache en dépoussiérant l’œuvre de Joséphine Baker.
C’est bien grâce à son travail que le château des Milandes est aujourd’hui associé à l’artiste franco-américaine.
La gardienne du temple ne cache pas son admiration, comme elle l’explique au journal Le Point (01/08/20216) : « Tout me fascine chez cette femme, car c’est une personnalité à facettes. Tout le monde essaie de se raccorder à Joséphine. On voit débarquer des juifs – son premier mari, Jean Lion, était juif –, des francs-maçons, des chrétiens, des libres-penseurs qui affirment qu’elle est des leurs. Mais elle refusait tout embrigadement. Elle militait pour un idéal de fraternité en voulant se mélanger à tout le monde. Pour elle, il n’y avait qu’une race : la race humaine. »
Une fréquentation en forte hausse
Le travail accompli par Angélique de Saint-Exupéry ces dernières années n’aura pas été vain. Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker, le château des Milandes attire un nombre croissant de visiteurs.
La responsable de l’accueil, Oriane Rouland, constate le dynamisme initié par l’évènement, comme elle le confie à France Bleu (14/08/2022) : « On a presque doublé par rapport à juillet août 2019. On fait des journées à plus de 2.400 visiteurs et ces journées s’enchainent depuis fin juillet. Habituellement, pendant l’été, il y avait certains jours avec des pics à 1.700 ou 1.900 voire 2.000 visiteurs. »
De fait, le château des Milandes s’impose depuis cette année comme une attraction incontournable de la Dordogne. Le public attiré par l’aura de Joséphine Baker profite sur place du travail de fourmi réalisé par la propriétaire des lieux. Angélique de Saint-Exupéry n’hésite pas à parcourir le monde entier pour chiner et récupérer le moindre objet, document ou vêtement ayant appartenu à l’artiste.
La visite des salles muséographiques permet de se plonger dans la vie de Joséphine Baker, depuis sa naissance miséreuse à Saint-Louis (Missouri) en 1906 jusqu’à son bonheur familial au château périgourdin. Succès artistiques à Paris, missions secrètes au service du contre-espionnage français pendant la guerre, combats en faveur de l’égalité raciale aux États-Unis… Ce sont des décennies d’engagement et d’abnégation que relate aujourd’hui le château des Milandes.
Le lieu s’est progressivement adapté à l’inflation heureuse des visiteurs. Ainsi, un food truck et un snack proposent une offre de restauration, en plus de la brasserie. De petits spectacles organisés par des associations locales s’offrent au public coincé dans la file d’attente.
Parallèlement, les travaux de restauration se poursuivent et se concentrent depuis peu sur la chapelle et l’une des tours.
Ce regain de dynamisme vise à pérenniser le magnifique château des Milandes et, surtout, à porter le souvenir d’une femme exceptionnelle, à qui le pays vient de rendre le plus précieux des hommages.
Jeu vidéo « Dordogne » : un peu de quiétude dans un univers de brutes
Le studio bordelais Un Je Ne sais Quoi sortira en début d’année prochaine sa dernière production, Dordogne. Un jeu vidéo bucolique et nostalgique, qui revendique sa différence et son originalité.
Olivier Sorondo – 12 septembre 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 15 h 47 min
Une approche picturale originale et poétique – Crédit photo : Studio Un Je Ne sais Quoi
Un pari osé, mais prometteur
Inutile de nier la réalité. L’industrie du jeu vidéo s’est essentiellement construite sur des modèles de violence extrême, à même du subjuguer les joueurs et les inciter à interagir en permanence. Call of Duty, Fortnite, Grand Theft Auto, Warcraft… Tuer avant d’être tué, selon une règle entendue et sans doute appréciée du public.
Les possibilités technologiques qu’offrent les consoles ou PC permettent aussi de concevoir des univers apaisés et de proposer une approche ludique plus respectueuse de la manette.
C’est en tout cas l’ambition du studio bordelais Un Je Ne sais Quoi. Associée à la compagnie Umanimation (installée non loin, à Pessac), l’entreprise s’apprête à commercialiser sa dernière production, intitulée Dordogne.
Le jeu nous met en présence de Mimi, une jeune femme de 32 ans de retour dans la maison périgourdine de sa grand-mère, récemment décédée. Cette dernière lui a laissé des lettres et des énigmes à résoudre, obligeant Mimi à se replonger dans ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle passait ses vacances auprès de son aïeule.
Annoncé depuis deux ans, le jeu a été présenté à la dernière Gamescom, organisée en août à Cologne. Le public et les journalistes ont pu découvrir une approche picturale à rebours des productions actuelles. Les 180 décors qui composent le jeu ont en effet été peints à l’aquarelle.
Les créateurs ont privilégié la narration, un peu hors du temps, plutôt que les situations poussant à la dextérité. Il s’agit ici de s’imprégner des mille et un petits détails de la vie à la campagne, comme le chant des oiseaux, le vent qui souffle dans les arbres ou le clapotis de l’eau.
L’émotion comme fil conducteur
La progression dépend donc de la capacité du joueur à résoudre les puzzles et énigmes laissés par la grand-mère. Mimi est ainsi appelée à prendre des photos Polaroïd, à enregistrer des sons, à trouver des mots… bref, à se montrer curieuse. La petite fille explore d’abord la maison de sa grand-mère.
« Nous parcourons d’abord avec Mimi les pièces comme nous feuilletons les pages d’un livre d’images. Au passage, nous interagissons avec des éléments du décor, comme de vieux Paris Match dans les toilettes. Certaines actions nous permettent de trouver des mots, que l’on récolte comme des coquillages glissés dans une poche lors d’une promenade en bord de mer. Une fois que nous les avons tous glanés, nous avons ensuite accès à une nouvelle pièce de la maison : la cuisine, où nous attendent des tartines et du lait » écrit Pierre Trouvé, dans Le Monde (25/08/2022).
Mimi poursuit sa quête hors des murs de la vieille maison, à la découverte des paysages magnifiques de la Dordogne. Les collines, villages lointains, rivières qui serpentent, forêts majestueuses contribuent à attirer l’attention du joueur et à l’inviter à la contemplation. Ici, il est avant tout question de prendre son temps avant de dénicher les réponses aux énigmes.
La commercialisation du jeu est annoncée pour le premier trimestre 2023. Son originalité ne manquera pas de susciter la curiosité du public et de la presse internationale. Les créateurs ont d’ores et déjà été invités au prochain Tokyo Game Show.
À n’en pas douter, Dordogne soufflera un vent nouveau et bienvenu, à même de séduire ceux qui considèrent que le jeu vidéo ne se limite pas à un tir de rafales ou à l’explosion d’une grenade.
Consommé depuis des siècles par les Basques, le sagarnoa (ou sagardoa) est considéré à tort comme un cidre local. La différence se veut plus subtile.
Olivier Sorondo 6 septembre 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 14 h 39 min
Crédit photo : Mikel Arrazola – CC BY 3.0
Boisson traditionnelle du Pays basque
Les pommiers occupent depuis fort longtemps les terres basques, propices à leur développement. Fort logiquement, les autochtones ont su en tirer profit en aménageant des vergers et des pommeraies. Devenue incontournable, la pomme s’est imposée comme la reine des fruits et l’unique ingrédient d’une boisson rattachée à la culture locale : le sagarnoa.
Ce terme basque désigne le « vin de pomme », et non pas le cidre. Le malentendu persiste depuis quelques siècles. Peut-être est-il dû à une traduction erronée puisque le terme basque « sagarnoa » équivaut au mot espagnol « sidra », lui-même (faussement) traduit « cidre » dans la langue de Molière. Cette double traduction a donc initié une mauvaise désignation du divin breuvage en France.
Une approche plus technique confirme d’ailleurs cette confusion. La règlementation française relative au cidre impose une fermentation de moûts de pommes fraîches, extraits avec ou sans addition d’eau. De plus, le cidre doit afficher un titre alcoométrique volumétrique de 5% au minimum, une acidité volatile maximale de 1g/litre et une teneur en sucres résiduels de 35 g/litre.
Pour sa part, le sagarnoa n’est pas pétillant et ne reçoit aucun ajout de sucre. Essentiellement produit en Espagne, il atteint 2,2 g d’acidité, un niveau plus élevé que le cidre, et un degré d’alcool à 6°.
Le vin de pomme basque laisse deviner des saveurs équilibrées et un caractère affirmé. Il est apprécié à l’apéritif, en accompagnement de délicieux tapas ou pintxos.
Des origines lointaines
Mythes, légendes et théories entourent l’apparition des pommiers au Pays basque. Certains estiment que les arbres fruitiers ont été introduits par les Arabes. D’autres considèrent que les Romains les auraient plantés lors de leur grande invasion. Quelques pistes évoquent même le rôle des oiseaux migrateurs, porteurs de pépins de pommes.
Il n’en demeure pas moins que le climat humide et tempéré du Pays basque a encouragé l’exploitation des pommiers. Les premières traces écrites seraient celles de règlements, ordonnances et décrets royaux publiés en 1189, relatifs aux pommeraies du Labourd.
Les pèlerins, en chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle, mentionnent eux aussi l’existence de vastes plantations au 12e siècle.
Il convient enfin de mentionner les écrits des « fueros », dédiés à la plantation des arbres et au commerce du sagarnoa, qui livrent des conseils sur la protection des pommiers contre les animaux et les voleurs.
Les marins basques chassent la baleine en Atlantique Nord.
Si la boisson emblématique du Pays basque s’installe assez largement dans les foyers, elle conquiert ses lettres de noblesse grâce aux marins. Ces derniers embarquent de nombreux tonneaux à bord de leur voilier avant de rejoindre les eaux froides de l’Atlantique pour pécher la morue et chasser la baleine. Le sagarnoa s’impose comme le remède parfait contre le scorbut grâce à son apport en vitamine C. Les contrats stipulent d’ailleurs que chaque membre d’équipage doit en boire entre deux et trois litres chaque jour. On imagine les joyeux chants basques sur le pont des bateaux !
Le vin de pomme, tout au long des siècles, contribue à la renommée du Pays basque et à sa puissance économique. La culture s’intensifie et les pressoirs se multiplient sur le territoire.
L’âge d’or du sagarnoa atteint son apogée au 16e siècle. L’introduction progressive de nouvelles cultures, dont celle du maïs, grignote les pommeraies. Au 20e siècle, la guerre civile espagnole et l’essor industriel relèguent la boisson basque à un moindre niveau de production et de consommation.
Heureusement, la province du Guipuscoa a su conserver les ressources et le savoir-faire, malgré la fermeture de nombreux pressoirs. La résilience des producteurs locaux a permis d’éviter la disparition de cette boisson emblématique, toujours appréciée aujourd’hui.
La production aujourd’hui
Le Pays basque compte une soixantaine de cidreries, dont la majorité se situe logiquement en Guipuscoa. Les établissements misent sur le regain des consommateurs pour étoffer les pommeraies et profiter de fruits locaux. Environ 400 hectares supplémentaires permettraient de ne plus dépendre des pommes venues de Normandie et même de République tchèque. Elles représentent aujourd’hui plus de la moitié de la matière première.
Le mouvement semble amorcé du côté français. De nouvelles variétés sont plantées et testées, en complément des pommes déjà connues comme l’Ondomotxa, la Peatxa et la Txakala. Plus d’un millier de variétés a été recensé.
La fabrication du sagarnoa débute bien sûr par la récolte des pommes, entre septembre et décembre. Les fruits sont ensuite lavés, triés, pressés avant de reposer quelques heures afin de décanter le moût. Il s’ensuit l’importante étape de la fermentation, dans des conditions de températures basses. Le jus de pomme est stocké dans des kupelas (tonneaux) pendant une période de quatre à huit semaines, nécessaire à la transformation du sucre en alcool.
Le produit final est un vin de pomme non pétillant, dont la teneur en alcool se situe entre 5 et 6°. Son goût équilibré et acidulé résulte du choix des pommes douces, acides et amères. Le léger perlé qui caractérise le sagarnoa (on ne parle même pas d’effervescence) provient du gaz résiduel généré pendant la fermentation.
Chaque producteur donne naissance à une boisson différente. Pour Bixintxo Aphaule, cité par le site En Pays basque, « la diversité est intéressante. Plusieurs producteurs font sensiblement le même travail à plusieurs endroits du Pays basque, pourtant aucun de leurs cidres n’a le même goût. »
La différence apparaît également entre le Nord et Sud du Pays basque. En Espagne, le sagarnoa est plus sec et acidulé.
Les niveaux de consommation varient énormément des deux côtés de la frontière, le sagarnoa étant lié à une certaine habitude culturelle du côté espagnol.
Le rôle crucial des sagarnotegis
Les cidreries, ou plutôt les « sagarnotegis », ont su préserver cet héritage de la culture basque, essentiellement dans les provinces espagnoles. Lorsque vient enfin le temps de la dégustation, de la mi-janvier à la fin avril, le public se presse nombreux dans les chais afin de se prêter à l’exercice du « Txotx ».
Il s’agit en quelque sorte d’un rituel. Les sagarnotegis proposent à leurs clients un repas roboratif, dont le menu, composé de produits locaux, ne varie pas d’un établissement à un autre : omelette à la morue, dés de morue frite, txuletta (côte de bœuf) cuite au feu de bois, fromage de brebis accompagné de confiture de coing et de noix. Le moment se veut convivial grâce aux grandes tablées et aux plats généreux dans lesquels chacun se sert.
C’est bien parti ! – Crédit photo : Kent Wang – Flickr
Dès que le maître des lieux crie « Txotx ! » pour annoncer l’ouverture d’une kupela après avoir retiré le bouchon, les convives sont invités à se rapprocher munis de leur verre. La mission est simple, mais requiert un peu d’habilité : placer son verre sous le jet de sagarnoa en l’inclinant légèrement et en remontant jusqu’à la source. L’opération vise à provoquer une oxygénation rapide de la boisson afin de l’apprécier davantage. La règle sous-jacente suppose de ne pas remplir son verre, car les dégustations se multiplient au fur et à mesure de l’ouverture des tonneaux. Chaque kupela révèle en effet un sagarnoa au goût différent.
Si l’écrasante majorité des sagarnotegis se situe au Sud du Pays basque, quelques établissements parviennent à faire vivre la tradition dans les provinces localisées en France, à l’instar de Txopinondo. La « cidrerie » artisanale, créée en 1999, ouvre ses portes tout au long de l’année à Ascain. On y retrouve l’esprit des sagarnotegis en profitant d’une visite des lieux et des explications sur la fabrication du sagarnoa.
Surnommée « le Pays des 1001 châteaux », la Dordogne abrite un patrimoine impressionnant. Essayons de faire le compte.
Olivier Sorondo – 19 août 2022 – Dernière MAJ : le 14 novembre 2022 à 17 h 09 min
Le magnifique château de Château-l’Évêque, ouvert à la visite – Crédit photo : Père Igor – CC BY-SA 3.0
L’influence des guerres
Le Périgord, ancré dans la longue histoire de France, s’est enrichi au fil des siècles d’un paysage de monuments. Le département profite d’ailleurs de cet héritage unique pour attirer chaque année de très nombreux touristes venus du monde entier.
La construction des châteaux a été initiée dès le début du Moyen-Âge, lors des tensions entre le duché d’Aquitaine et le royaume de France. Elles forment les prémices de la guerre de Cent Ans, qui oppose Anglais et Français à travers les dynasties des Plantagenêt et des Valois.
Les terres périgourdines représentent le cœur des batailles, justifiant l’édifice de châteaux fortifiés pour protéger les populations et asseoir les positions. La rivière Dordogne forme une frontière naturelle entre le royaume de France et les territoires anglais, plus au sud.
Les rois, soucieux de remporter la guerre et de reconquérir l’Aquitaine, accordent aux seigneurs locaux le droit de construire leurs fortifications, à la condition que ces derniers prêtent allégeance à la couronne de France. Le conflit guerrier motive la décision de la royauté, car, en temps normal, la construction de forteresses représente une menace directe en cas de velléité d’indépendance de l’aristocratie périgourdine.
Tout au long des décennies, de magnifiques et imposants châteaux forts sortent de terre, parmi lesquels les célèbres châteaux de Castelnaud et de Commarque.
Bien sûr, la fin de la guerre de Cent Ans ne marque pas la fin des constructions. L’architecture des châteaux épouse le style de l’époque. Certains monuments adoptent ainsi le style Renaissance ou Classique, moins massif et plus harmonieux que celui ayant prévalu pendant la période médiévale.
On continue d’édifier des bâtisses jusqu’au 19e siècle, à l’image du magnifique château de la Valouze à la Roche-Chalais.
Un comptage forcément approximatif
La notion même de château peut poser problème, car les manoirs, maisons fortes ou demeures nobles ne sont pas considérés comme tel dès lors qu’ils n’ont jamais hébergé de seigneurs.
Néanmoins, le site Châteaux de France a effectué un recensement exhaustif, incluant les châteaux forts, forteresses, manoirs, vestiges de châteaux et ruines importantes.
Sa conclusion est la suivante : 661 châteaux, 67 châteaux forts et 339 manoirs.
De fait, la Dordogne est le département le plus richement doté de France. Il regroupe près de 11 % des châteaux édifiés dans le pays. Certains sont classés Monuments historiques ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Bon nombre de ces demeures appartiennent à des propriétaires privés. Leur état est variable, selon l’ancienneté ou la rigueur des chantiers de rénovation. Des châteaux ont changé de finalité, à l’instar du château d’Embellie, devenu une grande ferme, ou du château de la Barde, qui accueille des jeunes filles handicapées.
La grande majorité reste fermée au public, mais ceux destinés aux visiteurs attirent chaque année une foule importante, avide d’histoire et de sensations. Si les châteaux de Castelnaud, de Biron ou de Beynac peuvent être considérés comme des super stars, d’autres bâtisses méritent le coup d’œil.
Ainsi, le château de Fénelon, à Sainte-Mondane, impressionne par son architecture et son emplacement en hauteur. Bâti au 12e siècle, classé aux MH en 1962, il promet une visite instructive.
Le château de Beauvais, à Lussas-et-Nontronneau, semble tout droit sorti d’un film de Walt Disney. Construit de 1533 à la fin du 16esiècle, il épouse le style d’architecture archaïsante du Périgord Vert.
Enfin, le château Château-l’Évêque (ou château Vincent) ne peut laisser indifférents ses visiteurs, s’agissant notamment de sa façade nord, qui impose le respect. Le monument a été construit au début du 14e siècle, sous l’impulsion d’un évêque.
Loin des tomates insipides qui peuplent les étals des supermarchés, la Marmande revendique depuis plus d’un siècle ses arômes prononcés, issus d’un travail passionné et artisanal.
Olivier Sorondo 18 août 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 11 h 06 min
Belle, charnue, juteuse et gourmande, c’est la Marmande !
Au tout début, une histoire d’amour
C’est une légende charmante qui entoure l’apparition de la tomate de Marmande.
Il était une fois une très belle jeune femme, Ferline Giraudeau, fille d’un bourgeois de Marmande. Au grand désespoir de son père, veuf et vieillissant, aucun des prétendants ne trouvait grâce aux yeux de la belle demoiselle. Encore plus pauvre et plus timide que ses rivaux, Peyot Bory renonça à déclarer son amour et décida de s’embarquer pour les Amériques depuis le port de Bordeaux.
Après quatre ans d’aventures et de découvertes, Peyot revint à Marmande, riche d’un sac de graines. Il les sema dans le jardin paternel et, dès les premiers jours de l’été, obtint de superbes fruits rouges, ronds et lisses. N’ayant pas oublié sa chère Ferline, il prit l’habitude de lui déposer chaque matin une corbeille bien garnie au pied de sa fenêtre.
Intriguée, celle-ci finit par le surprendre :
– Dis-moi, ami, comment s’appelle donc ce fruit délicieux que tu m’apportes chaque jour ?
– Lorsque j’étais aux Amériques, les Indiens l’appelaient la « tomate », mais moi, je l’appelais « Ferline » en souvenir de toi, tant elle était belle !
– Eh bien, lui dit-elle en se jetant dans ses bras, à partir d’aujourd’hui, nous l’appellerons « La pomme d’amour ».
Ce titre de pomme d’amour accompagna d’ailleurs de nombreuses années la tomate de Marmande.
Originaire des Andes d’Amérique et introduite en Europe au 16e siècle, la tomate fait son apparition dans le Marmandais en 1863. Sa culture permet de compenser les lourdes pertes engendrées par l’épidémie de phylloxéra, qui ravage les vignes.
Quelques décennies plus tard, les producteurs parviennent à croiser les variétés pondorosa et mikado pour donner naissance à la future tomate de Marmande. Fruit à maturité hâtive (entre 55 et 65 jours), la tomate révèle des qualités gustatives supérieures et se prête fort bien au transport. Au 19e siècle, d’importantes quantités sont exportées en Angleterre.
Le succès commercial oblige à étendre la zone de production et agrandir les exploitations. L’apparition des conserveries marque le début du cycle de transformation de la tomate. Les établissements sont construits au bord de la Garonne, afin de faciliter le transport des produits et profiter de l’eau pour laver les fruits.
La qualité comme premier argument
Au cœur du Lot-et-Garonne, la tomate de Marmande bénéficie d’un climat océanique favorable, avec des températures douces en hiver, des étés chauds et des pluies abondantes au printemps. La variété Marmande se compose de trois tomates bien distinctes :
– La tomate côtelée : avec une couleur qui varie du brun foncé au jaune orangé en passant par le rouge, elle se déguste en salade et même farcie.
– La tomate cornue : on la repère tout de suite grâce à sa forme de piment. Contrairement à ses sœurs, la cornue est avare en jus, ce qui permet de la passer au barbecue ou de l’ajouter à un sandwich, avec du fromage et du jambon.
– La tomate cœur : de forme allongée, impossible de l’apprécier autrement qu’en salade grâce à sa texture fondante, avec un filet d’huile d’olive ou une pointe de sel.
Sa culture répond à un cahier des charges méticuleux. Les meilleures variétés sont choisies, à même de développer une saveur prononcée, similaire à celle ayant contribué à la réputation du fruit. Bien sûr, pas de hors-sol en terres marmandaises. Le mode de culture se veut traditionnel, en pleine terre et sous abri. La plantation s’effectue à la main et l’irrigation est assurée grâce au système de goutte-à-goutte. L’apport de matières organiques et de minéraux permet une fertilisation traditionnelle. La pollinisation dépend de la mise en place de ruches à bourdons et le désherbage reste manuel, sans aucun produit chimique. La main de l’homme reste aussi le seul outil lors de la récolte et du conditionnement.
Encore un peu de patience – Crédit photo : Quisnovus – Flickr
D’un poids variant entre 200 et 400 grammes, la tomate de Marmande, très parfumée et sucrée, suscite le plaisir du goût retrouvé. Sa distribution, entre mai et octobre, se limite essentiellement aux magasins et marchés de la région, du fait aussi de sa faible production.
En effet, seule une quinzaine de producteurs se consacre aujourd’hui à la culture du fruit de bouche. Sur une surface de 14 hectares, la production ne dépasse pas les 1 500 tonnes. « Si l’on ne fait rien, dans quinze ans, ce mode de production aura disparu car, progressivement, les producteurs arrêtent, confrontés à une rentabilité qui n’est pas au rendez-vous » constate Gilles Bertrandias, le directeur général de Paysans de Rougeline, cité par le site Business Les Échos.
Les tomates destinées à la transformation (jus, sauce, tourin, ketchup) donnent lieu à une activité plus soutenue. Près d’une centaine de producteurs s’affaire, sur une zone de culture dépassant les 500 hectares. La production annuelle s’établit à environ 35 000 tonnes, dont une partie en bio. Cette étape de la transformation permet une diffusion commerciale beaucoup plus large de la pomme d’amour.
Une marque en attendant l’IGP
Soucieux d’assurer une meilleure image de son produit roi, l’association des fruits et légumes du Lot-et-Garonne (AIFLG) a lancé en 2020 la marque collective « Tomate de Marmande ». Elle est depuis commercialisée par les supermarchés et les grossistes.
L’enjeu consiste avant tout à « valoriser le savoir-faire et le terroir », selon Danielle Marcon, la présidente de l’AIFLG. La tomate de Marmande doit en effet faire face à la concurrence redoutable des produits exportés d’Espagne, d’Italie et du Maroc.
Pour Gilles Bertrandias, « l’objectif, c’est qu’il n’y ait plus aucun producteur qui arrête son activité, mais aussi que de nouveaux producteurs lancent la leur. Si on ne faisait rien, cette production locale risquait de disparaître ! »
Adhérer à la marque « Tomate de Marmande » suppose de respecter le cahier des charges établi par l’AIFLG. « Il faut faire partie d’une zone géographique qui, en gros, s’étend sur la vallée fluviale de la Garonne, du Lot, de la Dordogne. Il faut aussi respecter des critères de variétés, de traçabilité, de respect de l’environnement. En matière de variétés, il faut par exemple cultiver ses tomates en pleine terre et non en hors-sol. Autrement dit, pour le consommateur, c’est une promesse de qualité et surtout de production locale » explique Frédéric Marchezin, producteur implanté à Puch d’Agenais et cité par le site Actu.fr.
La création de la marque, reconnue par l’INPI, constitue la première démarche visant à décrocher l’IGP (Indication Géographique Protégée), qui s’attache aux produits dont la qualité est liée au lieu de production, de transformation et d’élaboration. À ce titre, le cahier des charges a été rédigé au premier semestre 2022, mais le combat sera long et difficile. L’instruction du dossier « peut prendre jusqu’à 15 ans » reconnaît Danièle Marçon.
Il est également question de lancer le chantier du Label Rouge, véritable Graal des producteurs locaux. Félix Pizon, le directeur de l’AIFLG, indique à La Dépêche que le processus a déjà été initié : « Nous voulons recentrer la production autour du bassin du Marmandais (…) Les recherches variétales vont dans le sens d’une amélioration gustative, plus de sucre parfois, ou encore une chair différente. Pour la tomate transformée, il s’agit surtout de travailler la résistance aux maladies. »
Les espoirs apparaissent donc forts au sein de la filière, qui concerne un millier d’emplois directs. Les producteurs restent persuadés que la qualité de la Marmande contribuera à une meilleure reconnaissance et à une plus forte rentabilité, essentielle à la pérennité de l’activité.
Ils peuvent en tout cas compter sur la confrérie des chevaliers de la tomate de Marmande. Ambassadrice zélée, elle assure tout au long de l’année la promotion et la valorisation de la pomme d’amour, notamment lors de la fête de la tomate, organisée chaque été dans la cité gasconne.
Décidée à réveiller un monument assoupi, la coopérative de Monbazillac a lancé un ambitieux programme de rénovation et de promotion.
Olivier Sorondo 14 août 2022 – Dernière MAJ : le 14 août 2022 à 21 h 59 min
Crédit photo : Jonny – Flickr
Image emblématique des célèbres liquoreux
Les vins de Monbazillac, outre leurs qualités gustatives évidentes, profitent d’une image de marque particulière, que leur apporte le château de même nom. Le magnifique monument, édifié au 16e siècle, attire inévitablement le regard grâce à ses quatre grosses tours circulaires. Acquis par la cave coopérative de Monbazillac en 1960, il domine les 25 hectares de vignes et contribue à leur réputation.
Mais « le lieu ronronnait » depuis quelques années, comme le reconnaît Guillaume Barou, président de la cave. Soucieux de réveiller le château, classé aux Monuments historiques, les vignerons ont initié un projet en 2017, à même de faire entrer pleinement l’appellation Monbazillac dans l’ère de l’œnotourisme.
Après un investissement de deux millions d’euros et huit mois de travaux, le prestigieux édifice révèle un nouveau visage, tout entier tourné vers les visiteurs. « Le château de Monbazillac s’ancre dans le tourisme d’avenir avec cette restructuration de notre offre oenotouristique, et devient ainsi une pépinière d’initiatives » se réjouit Guillaume Barou, cité par le site d’information Vitisphere, dédié aux professionnels de la vigne.
Programme ambitieux et ludique
Depuis le mois de juin, le public est invité à découvrir les trois espaces thématiques.
Le premier, agencé sur une superficie de 300 m², suit une finalité muséographique. Les visiteurs découvrent l’histoire de l’appellation et le processus de vinification, de la vigne à la mise en bouteille. Les concepteurs ont insisté sur les outils high-tech, à grand renfort d’images et de son. L’ambition est de proposer « une approche instructive, ludique et humaine », selon Pauline Auban, la responsable de l’œnotourisme citée par Sud-Ouest.
Le deuxième espace se consacre aux expositions dédiées à l’histoire du terroir, selon différents aspects. La première porte sur le protestantisme et la seconde évoque la famille de Bacalan, habitante des lieux pendant la Révolution française.
Enfin, le troisième et dernier espace ouvre ses portes aux artistes. Depuis le 24 juin, Marlène Mocquet et Laurent Mareschal, respectivement céramiste et sculpteur plasticien, exposent le fruit de leur création. Le château suit aussi une politique de résidence d’artistes, en leur offrant l’histoire des lieux et la beauté du parc pour nourrir leur imagination et leurs projets.
Une demi-journée d’immersion
La variété des animations impose de consacrer quelques heures au château de Monbazillac. Les visites se concluent évidemment par une dégustation du divin breuvage, au pavillon des Arômes.
Même si le vin ne les concerne pas de prime abord, les enfants n’ont pas été oubliés par les organisateurs. Ils peuvent se rendre dans les caves, où différentes attractions les attendent, comme la conception et l’édition d’une étiquette d’une bouteille de jus de raisin.
Des animations sont prévues tout au long de l’été, construites autour de quatre thèmes : le métier, l’utilisation de la robotique, le château dans le territoire et le rendez-vous des vignerons. C’est l’occasion rêvée de rencontrer les viticulteurs et d’échanger en leur compagnie.
Le cadre prestigieux du château de Monbazillac se prête aussi fort bien à l’organisation d’un petit pique-nique, à moins que l’on ne préfère profiter du restaurant maison, le Pavillon Brizay.
Les visiteurs enthousiastes et les amateurs de bon vin concluront certainement leur visite par un passage à la boutique, entièrement rénovée.
Tarifs :
Deux formules sont proposées :
Le Monba’licieux : visite de tous les espaces et dégustation commentée de trois vins : 15 €
Le Monbazill’Art : visite libre du château et dégustation d’un vin parmi la sélection : 10 €
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