Bordeaux, la belle endormie s’est réveillée

Bordeaux, la belle endormie s’est réveillée


Longtemps considérée comme une cité (trop) calme du temps de Jacques Chaban-Delmas, Bordeaux s’est imposée, au fil des années, comme une capitale régionale dynamique, attirant sans cesse plus d’habitants et de touristes.

Temps de lecture : 11 mn

La flèche Saint-André se détache du ciel – Crédit photo : Vincent.RCT – CC BY-SA 4.0

De sacrés arguments à faire valoir

Les grandes villes françaises profitent souvent de surnoms flatteurs ou sympathiques, qui contribuent un peu à leur renommée. Marseille devient la cité phocéenne, Toulouse la ville rose, Paris la ville lumière et Lille la capitale des Flandres. Depuis des décennies, Bordeaux jouit d’une image moins reluisante, celle de belle endormie, due à la torpeur dans laquelle elle était peut-être plongée malgré son statut de capitale régionale.

Mais depuis les vastes travaux lancés par l’ancien maire Alain Juppé et la connexion au réseau TGV, Bordeaux a révélé tout son potentiel : cadre de vie agréable, magnifique patrimoine du 18e, proximité du Bassin d’Arcachon et de l’océan, porte d’entrée des terroirs du Sud-Ouest, accès rapide depuis Paris.

Aidée par une campagne de presse nationale et internationale qui l’a redécouverte et encensée, la ville profite aujourd’hui d’une nouvelle aura, à même de séduire les visiteurs de tous horizons. Le dernier baromètre Global Destination Sustainability Index le montre d’ailleurs clairement, avec 7 millions de nuitées marchandes enregistrées en 2023. Les touristes, composés à 53 % d’étrangers et à 47 % de Français, ont généré 1,4 milliard d’euros de retombées économiques. L’étude précise également que 8 % de l’emploi marchand à Bordeaux dépend de l’activité touristique.

Il est vrai que Bordeaux peut s’appuyer sur sa longue histoire, son offre culturelle et sa beauté architecturale pour séduire un large public. Les opportunités de visite, de balade et de lâcher-prise ne manquent pas.

Promenons-nous sur les quais

Ils forment depuis toujours le cœur de la métropole girondine, dont l’économie a longtemps dépendu de son activité portuaire. Surtout voués aux dockers et aux hangars jusqu’au déclin du port, les quais ont été progressivement abandonnés, faisant peine à voir.

« En vingt ans, Bordeaux a retrouvé son sourire et son dynamisme, le coup de génie d’Alain Juppé et de ses partenaires a été de retourner la ville vers le fleuve, son réel axe central et historique. En 1995 le pari était audacieux, les esprits assez conservateurs n’avaient pas accepté la mort du port industriel en centre-ville » indique fort à propos le blog BordAvenir, dédié aux projets d’urbanisme de la métropole bordelaise.

Aujourd’hui, les quais représentent un lieu incontournable de balade pour les Bordelais et les touristes. Depuis le Pont de Pierre jusqu’au pont Chaban-Delmas, ils s’étirent sur plus de deux kilomètres, offrant une vue incomparable sur la Garonne et les immeubles rénovés. Surtout, ils permettent de profiter des nombreux aménagements installés ces dernières années, dont le désormais célèbre miroir d’eau. Situé face à la place de la Bourse, il attire comme un aimant les enfants lorsque le brouillard d’eau se forme grâce au millier d’injecteurs placés dans chaque dalle. Sensation de fraîcheur garantie !

Le miroir d’eau est testé et validé par les enfants – Crédit photo: Michael Foley – Flickr

C’est aussi l’occasion de jeter un coup d’œil à la place de la Bourse, emblématique de Bordeaux. « Cette place Royale qui est tout simplement une moitié de place Vendôme, posée au bord de l’eau » écrivait joliment Victor Hugo. En son centre, la Fontaine des Trois Grâces apporte une touche majestueuse à l’ensemble, comprenant l’hôtel de la Bourse et l’hôtel des Fermes.

Un peu plus loin, c’est l’esplanade des Quinconces qui apparaît. Dotée d’une superficie de 12 hectares, dont la moitié d’espaces verts, elle est considérée comme la plus grande place d’Europe, que vient agrémenter l’immense monument aux Girondins, édifié en 1895.

Entrée de la place des Quinconces – Par Albert Bergonzo — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

Outre leurs parcelles de gazon, où il fait bon se poser sous le soleil, les quais proposent une trentaine de boutiques, installées dans les hangars réaménagés, et une quinzaine de bars et restaurants. Largement de quoi profiter de la Garonne.

La Cité du Vin et quelques autres musées

Impossible de rejoindre la Cité du Vin sans apercevoir à ses abords une forêt de smartphones brandis par les touristes, soucieux de prendre la meilleure photo. L’architecture originale du bâtiment ne laisse personne indifférent. Inaugurée en 2016, la Cité du Vin a été conçue par les architectes Anouk Legendre et Nicolas Desmazières de l’agence XTU. Ces derniers ont privilégié la rondeur et donné à leur bâtiment la forme d’un cep de vigne « pour rappeler à la fois un vin tournant dans un verre et les remous de la Garonne, qui borde le site », selon la journaliste Caroline Brenière.

L’architecture du bâtiment attire l’oeil – Crédit photo : Pascal Lebleu – Pixabay

Le lieu vise avant tout à combler une lacune, puisqu’aucune structure ambitieuse ne se consacrait au vin à Bordeaux, un comble. La Cité permet de s’imprégner du monde la vigne depuis l’Antiquité et sur les cinq continents. La visite s’organise en six univers et dix-huit modules, sur près de 3.000 mètres carrés, où les opportunités d’interaction sont nombreuses.

Petite cerise sur le gâteau : le billet d’entrée donne droit à la dégustation d’un verre de vin au belvédère, qui surplombe Bordeaux. On peut aussi se rendre à l’impressionnante cave, au design futuriste, pour espérer trouver une bonne bouteille issue de 70 pays.

D’autres musées accueillent les visiteurs avides de culture. Ainsi, le musée d’Aquitaine offre un témoignage précieux et fourni (plus de 70 000 pièces) de l’histoire régionale depuis la Préhistoire. Ses expositions temporaires et son programme annuel de conférences suscitent un intérêt toujours renouvelé.

Pour sa part, le CAPC musée d’art contemporain, labellisé Musée de France en 2002, conserve une vaste collection d’œuvres d’art minimal, conceptuel et de land art, que viennent enrichir les expositions temporaires. On y découvre de nombreuses créations d’artistes français (Pascal Convert, Christian Boltanski, Daniel Buren…) et étrangers (Richard Long, Robert Barry, Cristina Iglesias…).

L’ancien entrepôt Lainé s’est transformé en lieu culturel.

Ouvert en 2009, le musée Mer Marine (ou MMM pour les intimes) se consacre tout entier à l’univers maritime, sur presque 8.000 mètres carrés d’exposition. Le parcours permanent retrace l’histoire de la navigation (découvertes, batailles navales, expéditions scientifiques) et laisse voir son riche patrimoine, à travers moult pièces et œuvres d’art.

La Grosse Cloche et autres joyeusetés architecturales

L’on dit souvent que Bordeaux figure parmi les plus belles villes de France. Il est vrai que la cité girondine profite d’un magnifique patrimoine, né de sa période faste au 18e siècle. Cependant, quelques-uns de ses monuments s’enorgueillissent d’un passé bien plus lointain, à l’image de l’imposante cathédrale Saint-André. Édifiée entre le 12e et le 16e siècle, elle écrase de son impressionnante architecture la place Pey-Berland, sensation que vient renforcer la tour de même nom, située juste à côté. Il s’agit en fait du campanile de la cathédrale, et sa séparation de l’église permet de ne pas transmettre les vibrations des cloches, susceptibles de fragiliser l’édifice. On peut bien sûr grimper au sommet de la tour (233 marches quand même) pour profiter d’un superbe point de vue de la ville.

La cathédrale Saint-André accueillit le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et du futur roi Louis VII en 1137

S’agissant de cloche, justement, celle que l’on appelle la grosse apparaît indissociable de l’identité bordelaise. Elle est un vestige du Bordeaux médiéval et correspond en fait à la porte Saint-Éloi de l’ancien rempart, notamment empruntée par les pèlerins en marche vers Compostelle. La porte est ensuite devenue beffroi, servant à alerter les habitants sur un incendie ou à signifier le début des vendanges. La Grosse Cloche vaut pour son admirable architecture. Elle figure d’ailleurs sur les armoiries de Bordeaux et retentit chaque premier dimanche du mois à midi pile.

L’un des emblèmes de la ville – Crédit photo : Grand Parc – Bordeaux -CC BY 2.0

Autre monument emblématique de Bordeaux, le Grand Théâtre et ses célèbres colonnes servent souvent de lieu de retrouvailles aux Bordelais avant une soirée dans le quartier Saint-André. Conçu par l’architecte Victor Louis et inauguré en 1780, l’Opéra national de Bordeaux (c’est son autre nom) propose chaque saison un programme culturel étoffé et éclectique. Il illumine aussi la place de la Comédie et offre un décor prestigieux aux clients du Grand Hôtel de Bordeaux, tranquillement assis en terrasse.

La rue Sainte-Catherine, l’interminable plaisir du shopping

Si Bordeaux peut se vanter d’accueillir la plus grande place européenne, elle peut également rouler des mécaniques en citant la rue Sainte-Catherine, plus longue rue commerçante d’Europe. Sur 1,2 kilomètre, des centaines de boutiques, dont un grand nombre échappe encore au dictat des enseignes nationales ou mondiales, s’offrent à la joie et au portefeuille des passants.

La rue, entièrement piétonnisée en 1984, relie la place de la Victoire à celle de la Comédie. Elle est bordée de nombreuses petites rues, qui incitent à découvrir des quartiers ou des places ne figurant pas forcément dans les guides touristiques, mais qui contribuent pourtant à la réputation de la ville (dont la moitié a été classée Patrimoine Mondial de l’UNESCO).

Les amateurs de shopping tranquille éviteront de fréquenter l’endroit le samedi après-midi, lorsqu’il est envahi par une foule (très) nombreuse et (très) compacte.

Il y a foule rue Sainte-Catherine – Crédit photo : Marc Ryckaert – CC BY 3.0

Les enseignes Apple, FNAC, H&M ou McDonald’s se partagent le public avec des magasins plus authentiques, à l’instar de la boutique des Girondins de Bordeaux (un peu secouée quand même par la relégation de son équipe), principalement situés du côté de la place de la Victoire.  

On peut même s’échapper un peu de la foule et du temps en se faufilant au sein de la Galerie Bordelaise, un magnifique passage couvert construit en 1834 et inscrit au titre des Monuments historiques. Il donne accès à la rue Piliers de Tutelle et donc à l’épicerie fine Le Comptoir Bordelais, à la devanture ancienne et magique, qui mérite amplement le coup d’œil. On y trouve de nombreux produits locaux et artisanaux, merveilleusement présentés. Le charme d’une ville tient aussi dans ses boutiques.

Les Capucins, le ventre de Bordeaux

Et pourquoi ne pas s’immerger dans la vie bordelaise ? Le marché des Capucins représente à ce titre la destination parfaite. Considérés comme une institution, les « Capus » forment le plus gros marché de la ville, initié en 1744 par le marquis de Tourny. Après la Révolution, il gagne en importance grâce à son activité de vente de bétail puis se diversifie progressivement, accueillant des bouchers, des charcutiers, des herboristes ou encore des drapiers.

Aménagés en 1857, les Capus se délaissent du bétail pour se tourner vers les maraîchers, qui « arrivent en charrettes tirées par les chevaux pour vendre leurs produits : de Macau, avec leurs artichauts ; d’Eysines, avec leurs pommes de terre, leurs courges et leur cresson ; de Gradignan, avec leurs tomates ; de Pessac, avec leurs fraises » précise Cathy Lafon dans Sud-Ouest (11/12/2020).

Ce sont les prémices du marché tel qu’on le connaît aujourd’hui, mais il faut attendre 1881 pour que les Capucins soient recouverts et dotés des deux halles.

Même si l’on dit que l’âge d’or des Capus s’est éteint dans les années 1950, après la mise en place du marché d’intérêt national à Belcier, force est de constater que le marché continue de rythmer la vie gourmande des Bordelais. Il accueille aujourd’hui 91 commerçants (bouchers, boulangers, chocolatiers, ostréiculteurs…), des clients fidèles et de nombreux touristes venus du monde entier.

L’un des nombreux stands du marché – Crédit photo : Marché des Capucins

C’est l’occasion rêvée de s’imprégner de l’ambiance des lieux, de remplir son panier de produits frais et locaux et de se poser dans l’un des petits restaurants qui participent au charme de l’endroit.

En guise de conclusion (pratique)

Bordeaux profite d’une longue histoire et d’un riche patrimoine, qu’il serait trop long de décrire ici. Parmi les lieux justifiant une visite, citons pêle-mêle Darwin, l’écosystème de la rive droite ; les Bassins des Lumières, considéré comme le plus grand centre d’art numérique au monde ; le quartier des Chartrons et son ambiance si particulière ; les places du Parlement, du Palais et de Saint-Michel, qui invitent à se poser ; le Jardin Public ou le Parc Bordelais, havres de nature en ville ; la Porte Cailhau

La place Saint-Projet et sa jolie fontaine construite en 1715 – Crédit photo : Brenac – CC BY 3.0

Le plus simple consiste finalement à se perdre dans les rues de la cité, qui réservent tôt ou tard une heureuse surprise. C’est peut-être le meilleur moyen de sentir Bordelais et d’approcher la ville sans précipitation, dans toute son authenticité.


Informations pratiques :

Bordeaux dispose d’un chouette réseau de transport en commun, assuré par TBM. Bus et tramways permettent de se déplacer facilement, de l’aéroport Bordeaux-Mérignac jusqu’à la gare Saint-Jean.

L’offre et la diversité des hôtels permettent de trouver son hébergement en fonction du budget disponible. Et on ne parle même pas des locations ou autre Airbnb.

Le choix des restaurants est pléthorique, offrant l’occasion de se régaler d’une cuisine traditionnelle du Sud-Ouest ou de découvrir le dernier Japonais à la mode.

Quitter Bordeaux sans ramener une bonne bouteille de vin constituerait presque un crime de lèse-majesté. Les dizaines de boutiques spécialisées combleront facilement cette lacune.

Enfin, tous les attraits de la ville sont dûment référencés sur les sites Bordeaux Tourisme et Visiter Bordeaux, gérés par l’Office de tourisme et des Congrès de Bordeaux. Ils affichent de nombreuses informations pratiques, notamment celles liées aux visites guidées.

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Le courant d’Huchet, précieux royaume de la biodiversité

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Le courant d’Huchet, précieux royaume de la biodiversité


Exutoire de l’étang de Léon, à l’ouest du département des Landes, le courant d’Huchet se faufile à travers un paysage amazonien jusqu’à l’océan Atlantique.

Crédit photo : Audric B. – CC BY-SA 4.0

Comme un sentiment hors du temps

Bien naïf celui qui considère les Landes comme une interminable et monotone forêt de pins. Le département regorge de petits territoires singuliers et discrets, souvent éloignés des vagues de touristes, qui contribuent à sa richesse.

Le courant d’Huchet est l’un de ceux-là, même s’il bénéficie d’une notoriété aujourd’hui bien établie. L’endroit suscite il est vrai l’admiration de ses visiteurs depuis déjà de nombreuses décennies. Ainsi, le journaliste Gilles Charles laisse parler son émotion dans le supplément littéraire du Figaro paru le 16 octobre 1921 : « Mais l’on rechercherait vainement ici les molles harmonies des paysages de la Loire et si l’on peut découvrir une harmonie profonde, elle ne manque pas d’une certaine violence. Tant il y a que l’étang de Léon est étrangement séduisant. Et si le courant d’Huchet ne peut vous émouvoir, c’est à désespérer. Imaginez un minuscule cours d’eau qui serpente entre des rives boisées, si minuscule à certains endroits que la barque la plus étroite y passe à grand-peine. Et ce ruisseau forme des criques, de petites anses où la lumière s’opalise dans l’ombre verte des feuillages, où, sur l’eau dormante, s’épanouissent les fleurs des nénuphars, les fougères royales et les hibiscus nuancés. »

La découverte du lieu reviendrait au poète italien Gabriele d’Annunzio en 1908, mais il est fort probable que les habitants de cette partie du littoral le connaissaient depuis fort longtemps. Le Pays de Born et du Marensin laisse d’ailleurs voir d’autres courants, ou petits fleuves côtiers. Tous jouent le rôle d’exutoire des étangs et permettent de drainer les sols sableux.  Ils se jettent dans l’océan Atlantique en franchissant les dunes par une embouchure, ce qui les soumet d’ailleurs au mouvement des marées dans leur partie aval.

Pour sa part, l’embouchure du courant d’Huchet n’a jamais été stabilisée par des travaux d’endiguement. Force est de constater que parmi les fleuves côtiers de cette partie des Landes, il s’impose comme le plus somptueux et remarquable. La richesse de son environnement lui vaut d’être classé dès 1934 au titre des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.

Un écosystème fragile et protégé

Le souci de préserver cet écrin de nature appelle différents classements tout au long des décennies. En 1968, le plan d’eau de Léon est classé parmi les sites pittoresques du département. Ses rives le seront également en 1980, intégrant les communes de Léon et Vielle-Saint-Girons. Un an plus tard, la Réserve naturelle nationale du courant d’Huchet est officiellement créée. Sa gestion revient au syndicat intercommunal d’aménagement et de gestion, en charge de veiller à l’application de la règlementation, de réaliser le suivi scientifique et l’évaluation du patrimoine naturel, d’harmoniser les actions écologiques et d’accueillir le public.

La mission première s’attache bien à la conservation du patrimoine, qui impose un suivi permanent de l’avifaune, des mammifères, de la flore et des habitats naturels, des amphibiens et reptiles, mais aussi de la ressource en eau et des activités humaines.

Sur le terrain, les équipes du syndicat mènent différentes actions, comme le contrôle des espèces exotiques, à même de provoquer des déséquilibres majeurs au sein des écosystèmes. La gestion des niveaux d’eau et des débits répond également à une priorité, celle de laisser évoluer les zones marécageuses et de protéger la population faunistique du courant.

Crédit phot : Philippe B – Flickr – CC BY-ND 2.0 DEED

La même préoccupation vaut pour la fluidité du cours d’eau. Chaque année, les bateliers assurent l’entretien des berges et procèdent au dégagement des encombres.

La rigueur écologique qui anime le syndicat se traduit par de nombreuses initiatives, à l’instar du ramassage des déchets apportés à marée montante et du nettoyage systématique des secteurs fragiles.

Enfin, les équipes de la réserve se chargent d’accueillir le public. S’il s’agit d’abord de faire respecter la règlementation (qui interdit par exemple la présence de chiens ou la cueillette de végétaux), le souhait est aussi de sensibiliser les visiteurs à la richesse du petit territoire d’Huchet. À ce titre, elles organisent régulièrement des animations pédagogiques et des visites guidées, selon différentes thématiques.

La petite Amazonie des Landes

De l’étang de Léon jusqu’à la plage de Moliets-et-Maâ, la réserve occupe une superficie de 618 hectares, tout entière intégrée à la zone humide littorale. Le courant lui-même s’étire sur une distance de 9 km, épicentre d’un univers singulier et dépaysant. Outre l’étang, d’autres zones humides parsèment le territoire, à l’instar du marais du Cout de Mountagne ou du marais de la Pipe, qu’entourent de larges tourbières et marécages. Ce milieu aquatique s’enrichit de l’influence des grandes marées, qui charrient dans ses eaux différents poissons d’eau de mer, dont les civelles.

La réserve abrite une flore riche et diversifiée, dont la forêt-galerie, composée d’aulnes, de saules et de chênes, solidement plantée aux abords du courant. « Ici, la nature règne, libre, sauvage à l’image de ce chêne-liège majestueux qui trône en bord de rive. Planté il y a plus de quatre cents ans, du temps d’Henri IV, l’arbre classé donne au paysage des allures de conte fantastique » écrit, conquise, Anne-Lise Carlo dans Le Monde (07/01/2022).

Plus proche de l’océan, la pinède modifie le paysage. Rempart efficace de la diversité du sous-bois, elle contribue aussi à stabiliser les dunes côtières.

Crédit photo : Bateliers du courant d’HUchet

Plus de 280 espèces végétales ont été recensées dans la réserve, dont certaines présentent un intérêt patrimonial majeur, justifiant leur protection. La richesse botanique des lieux se nourrit d’une multitude de plantes, parfois exotiques, à l’instar du trèfle d’eau, du cyprès chauve, de l’hibiscus rose ou de l’iris jaune.

L’environnement que constitue le courant d’Huchet se révèle bien sûr favorable à l’épanouissement d’une faune variée. Les zones aquatiques constituent le décor parfait pour les loutres d’Europe et les campagnols amphibies. Plus au sec évoluent les genettes communes et les visons, dont l’espèce reste menacée. Les branches d’arbres accueillent pour leur part une grande variété d’oiseaux, d’autant que la réserve se trouve sous un couloir migrateur majeur. Les amateurs d’ornithologie se régaleront en observant, pêle-mêle, la spatule blanche, le balbuzard pêcheur, l’aigle botté ou encore le canard siffleur.

La nécessité d’un tourisme raisonné

Si la Gironde profite de la dune du Pilat comme destination touristique privilégiée, les Landes peuvent faire falloir le courant d’Huchet au titre de trésor départemental. Néanmoins, son attrait ne correspond peut-être pas tout à fait aux attentes des responsables de la réserve. « À présent, le courant attire beaucoup trop de monde. Nous n’étions pas préparés à accueillir presque 100 000 personnes à l’année. Les animaux sont dérangés par cette surfréquentation et le risque, c’est qu’ils ne se reproduisent plus sur la réserve » explique François Faure, le conservateur de la réserve, au Monde (07/01/2022).

Malgré l’attention dont elle fait l’objet, la réserve naturelle reste un écosystème fragile. C’est la raison pour laquelle les visiteurs prennent connaissance, dès leur arrivée, des nombreuses règles à respecter. Le souhait est bien sûr de continuer à proposer la découverte de cet environnement exceptionnel au public, tout en préservant son équilibre fragile.

La visite la plus appréciée est d’ailleurs celle qui impacte le moins courant d’Huchet. Il s’agit d’emprunter l’une des quelques galupes (barques traditionnelles à fond plat) mises à disposition par les bateliers de la réserve. La promenade, longue de 10 kilomètres, promet une immersion complète au cœur de l’Amazonie landaise, agrémentée par les explications précieuses des bateliers et l’univers sonore de la faune. L’occasion rêvée d’apercevoir un busard des roseaux prendre son envol ou une grenouille agile sauter d’un nénuphar.  C’est en tout cas la promesse certaine d’une parenthèse enchantée, fruit du travail quotidien des équipes de la réserve.


Informations pratiques :

Maison de la réserve
374, Rue des berges du lac – 40550 LÉON
Tél : 05 58 48 73 91
Web : www.reservenaturelle-couranthuchet.org

Chalet d’accueil (avril à sept)
Pichelèbe – D328
40660 MOLIETS ET MAÂ

Bateliers du courant d’Huchet
Visites organisées d’avril à octobre.
Balade de 2 heures : 17 € par adulte et 9 € par enfant (jusqu’à 6 ans)
Balade de 3 heures : 23 € et 12 €
Balade de 4 heures : 30 et 15 €

Réservation obligatoire par téléphone : 06 27 82 19 36
Web :  www.bateliers-courant-huchet.fr

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La Gironde, terre de cinéma

La Gironde, terre de cinéma


La diversité de ses paysages et la richesse de son patrimoine attirent les équipes de tournage depuis des décennies. Petit état des lieux, forcément limité et subjectif.

Camping, sorti en 2006, avec Franck Dubosc.

La Gironde, vieille habituée des plateaux

Est-il besoin de rappeler que l’une toutes premières vedettes du cinéma français, Max Linder (1883-1925), est originaire de Gironde, et plus précisément de Saint-Loubès. Jeune homme, il entre au Conservatoire de Bordeaux et joue le répertoire classique dans les théâtres de la ville, avant de connaître un formidable succès cinématographique quelques années plus tard à Paris. En 1922, il revient sur ses terres natales pour tourner le début de son film L’étroit mousquetaire, une parodie de l’œuvre de Dumas.

Autre enfant du pays, Émile Couzinet (1896-1964) lance sa carrière dans l’exploitation de salles de cinéma dans le Sud-Ouest et à Bordeaux avant de privilégier la production et la réalisation de films. Ses œuvres s’inspirent de l’esprit vaudeville du théâtre. Dès 1939, il plante ses caméras dans la capitale girondine (et à Royan) pour tourner L’intrigante (la belle Bordelaise), une histoire de rivalité amoureuse puis de complicité entre un père et son fils.

S’il est difficile de savoir quel a été le premier film réalisé dans le département, on sait que Julien Duvivier a tourné en 1919 sa toute première œuvre, Haceldama ou le prix du sang, dans le Médoc et en Corrèze. Les paysages se prêtent parfaitement à l’ambiance western voulue par le jeune homme, qui s’imposera en quelques années comme un réalisateur majeur.

En 1922, Abel Gance tourne quelques plans de son film La Roue au Casino Mauresque d’Arcachon. L’action du film se déroule à Nice, mais le cinéaste a choisi la station balnéaire girondine pour quelques jours afin de permettre à sa compagne, malade, de profiter des vertus de l’air marin. Cette dernière décèdera pourtant à la fin du tournage…

Des châteaux et des vignes

Pourvoyeuse de talents, la Gironde a aussi su charmer les scénaristes et réalisateurs au fil des décennies. Certains sites se prêtent volontiers à l’accueil des tournages. Ainsi, le château de Roquetaillade, à Mazères, accueille en 1963 Louis de Funès et Jean Marais pour le tournage de quelques scènes de Fantômas. En 1972, c’est au tour de Jean-Paul Belmondo de profiter du prestigieux décor de Roquetaillade dans le film Docteur Popaul, réalisé par Claude Chabrol. Le réalisateur Christophe Gans choisit également le château girondin pour quelques scènes de son célèbre film Le pacte des loups (2001), qui attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles.

Bien sûr, l’immense vignoble du département s’impose naturellement aux productions relatant les sagas des riches producteurs de vin. En 1982, le réalisateur Robin Davis choisit le château Pontet-Canet, situé à Pauillac, pour tourner J’ai épousé une ombre, réunissant Nathalie Baye et Francis Huster. Le scénario relate l’histoire de Hélène, enceinte et abandonnée par son compagnon, qui prend la place d’une femme lui ressemblant au sein de la belle famille, riche propriétaire d’une exploitation.

En 2011, ce sont les relations difficiles entre un père (Niels Arestrup) et son fils (Lorànt Deutsch), qui exploitent un vignoble prestigieux de Saint-Émilion, que choisit de raconter Gilles Legrand dans son film Tu seras mon fils. Vigneron exigeant et passionné, Paul considère que son fils manque de talent et de charisme pour assurer sa succession. Outre le drame familial, le long-métrage rend un vibrant hommage à l’univers vinicole.

Le bassin d’Arcachon, studio en plein air

Grâce à ses décors de carte postale, le bassin d’Arcachon suscite l’engouement des réalisateurs.

Si Claude Chabrol, dans son film La fleur du mal (2003), situe une bonne partie de la narration sur le bassin, Fabien Onteniente décide quant à lui de s’y consacrer pleinement. Excellente décision puisque son film Camping (2006), avec Franck Dubosc dans le rôle principal, dépasse les 5,5 millions d’entrées. Tourné au Camping de la Dune (Camping des Flots bleus à l’image), au pied de la dune du Pilat, le film narre les aventures estivales de Patrick Chirac et de ses amis vacanciers.

Le décor devenu emblématique du film Camping – Crédit photo : Camping de la Dune

Le succès populaire est tel que deux suites sont tournées en 2009 et 2015, mais sans jamais atteindre le même nombre d’entrées.

Détruit lors du terrible incendie survenu à l’été 2022, le camping ayant servi au tournage a pu être entièrement reconstruit, au terme de sept mois de travaux. Les prémices d’un futur camping 4 ?

Autre succès commercial, Les petits mouchoirs, tourné par et avec Guillaume Canet en 2009, donne la part belle aux décors du Cap Ferret, que le public retrouve dix ans plus tard dans Nous finirons ensemble.

C’est également à la pointe du Cap-Ferret qu’a été tourné L’année du requin en 2021. Librement inspiré du célèbre film de Spielberg, Les dents de la mer, le long-métrage des frères Boukherma décrit la frayeur des touristes d’une station balnéaire à l’approche d’un gros requin-bouledogue, en misant toutefois sur quelques touches d’humour. Il ne semble pas que ce pari narratif ait séduit le public ou la critique. « Hybride foutraque qui doit tout à la passion de ses auteurs, mais ne sait pas sur quel aileron nager, ce film de requin made in France est assurément le divertissement le plus bizarroïde de l’été » écrit ainsi le site Écran Large.

Bordeaux, incontournable

Il serait fastidieux de dresser la liste exhaustive des films tournés à Bordeaux. La capitale girondine peut s’enorgueillir d’avoir accueilli des tournages importants, à l’instar de celui du Corniaud en 1964, avec Bourvil et Louis de Funès. Certes, Bordeaux n’apparaît qu’une vingtaine de secondes à l’image, mais les plans d’ensemble filmés par Gérard Oury suffisent à identifier la ville, notamment grâce aux quais, au Pont de Pierre et à la Grosse Cloche. Le film permet aussi de se rendre compte à quel point la ville a changé.

Une autre comédie populaire tournée à Bordeaux ? Les fugitifs ! Réalisé en 1986, le film de Francis Veber complète la trilogie des films d’aventure du couple Pierre Richard et Gérard Depardieu, après La chèvre et Les compères. Cette fois, la cité girondine ne sert pas à tourner quelques plans, elle constitue le décor principal de la fiction. Les aventures rocambolesques de Jean Lucas (Depardieu), ancien repris de justice, et de François Pignon (Richard), chômeur au bout du rouleau, permettent d’identifier quelques lieux, comme le jardin public, la rue Sainte-Catherine ou encore la place du Champs-de-Mars.

Nul besoin de construire des décors historiques et onéreux lorsque les rues bordelaises répondent à l’attente des cinéastes, même si leur histoire est supposée se dérouler à Paris.

Ainsi, en 1982, Robert Hossein adapte Les misérables de Victor Hugo et tourne quelques scènes à Bordeaux. Même réflexe de la part de Patrice Chéreau en 1993 lorsqu’il lance le tournage de La reine Margot, avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre. Ce sont les rues de la Tour-du-Pin et de Saint-Éloi qui accueillent techniciens et comédiens pendant trois semaines.

La même rue de la Tour-du-Pin, décidément très cinégénique, sert également de décor au film Vidocq en 2000, avec Gérard Depardieu et Guillaume Canet.


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Le chien de berger basque, l’indispensable compagnon des troupeaux

Le chien de berger basque, l’indispensable compagnon des troupeaux


Peu connu du grand public, le Berger Basque assure ses missions de gardien du bétail avec intelligence et habileté.

L’Iletsua constitue l’une des deux variétés de la race – Crédit photo : Euskal Artzain Txakurraren Adiskideak – Travail personnel – CC BY-SA 4.0

Une origine préhistorique

C’est surtout l’image du Border Collie que l’on associe aux bergers et à leurs troupeaux. Discipliné, obéissant et travailleur, le chien noir et blanc s’est imposé comme une figure incontournable du pastoralisme. La race est même utilisée au Pays Basque, où l’activité d’élevage reste importante.

Pourtant, quelques bergers préfèrent s’adjoindre les services du Berger Basque, certes moins répandu, mais tout aussi efficace dans la gestion d’un troupeau au pied des Pyrénées.

Cette race autochtone serait considérée comme l’une des plus anciennes. Des fouilles archéologiques au Nord de l’Espagne ont ainsi permis de mettre à jour des squelettes canins vieux de 12 000 ans, affichant des caractéristiques proches de celles du Berger Basque.  

Traditionnellement implantée dans les zones de pâturage de Navarre, Guipuzcoa ou de Bizkaia, la race s’est révélée particulièrement adaptée à la conduite de troupeaux.

Son existence n’a pas été oubliée par la mythologie basque. L’une des légendes raconte que le Basajaun (géant des montagnes) l’aurait créé pour mener le combat contre un loup menaçant.

On retrouve aussi le Berger Basque dans de nombreuses peintures du 16e au 18e siècle, signe de son intérêt de la part de l’aristocratie. Des artistes comme Doré ou Guiard représentent ainsi le toutou dans leurs œuvres, tout comme le fera, au 20e siècle, l’artiste Ramiro Arrue.

Néanmoins, la race est menacée à partir de la fin du 19e siècle, à cause notamment des attaques de loups. Les bergers trouvent la parade en faisant appel à des Mastiffs ou à des Patous, dont la puissance apporte une réponse plus appropriée.

Fort heureusement, l’initiative de quelques bergers évite la disparition annoncée du Berger Basque. Ce dernier est employé comme chien d’alarme à proximité des hameaux. À défaut de pouvoir attaquer les loups, le chien prévient de leur arrivée.

Le chien endémique du Pays Basque

Aujourd’hui encore, la population des Bergers Basques reste marginale et localisée dans ses terres d’origine.

La race se compose de deux variétés, aux caractéristiques similaires, mais physiquement différentes.

Il s’agit d’abord du Gorbeiakoa, reconnaissable grâce à sa robe de couleur vive fauve ou rouge feu, son pelage lisse et son museau mince et allongé, souvent pourvu d’une pigmentation. Ses yeux épousent une forme d’amande et ses pattes apparaissent fortes et musclées.

De nature docile et affective, le Gorbeiakoa est particulièrement apprécié au sein des familles d’agriculteurs et de bergers. Ses qualités physiques et son intelligence contribuent à faciliter son dressage et à l’utiliser comme chien de troupeau. C’est donc lui que le public découvre lors des concours de chiens de berger.

Pour sa part, l’Iletsua laisse voir un pelage plus long, une couleur du poil cannelle, une largeur de poitrine plus importante et des oreilles toujours tombantes.

Un peu plus rebelle que le Gorbeiakoa, l’Iletsua reste un gardien vigilant de son territoire, pouvant se montrer méfiant envers les inconnus. Son physique plus imposant lui permet d’assurer des tâches de gardiennage.

« Beaucoup utilisent le Border Collie, qui fait un excellent travail, mais si nous, les Basques, nous ne développons pas le chien de berger basque, qui le fera ? Le Gorbeiakoa a un caractère plus dur que le Border Collie, et il est plus difficile à dresser. Mais une fois que les ordres sont assimilés, ça va assez vite » explique Juan Maiza, éleveurs de Bergers Basques, dans un reportage de France 3 Aquitaine.

La race apparaît toujours menacée aujourd’hui, du fait notamment de l’emploi plus important du Border Collie. Le défi des éleveurs consiste donc à l’imposer davantage auprès des bergers, mais peut-être aussi parmi les particuliers à la recherche d’une race authentique. Il convient toutefois de préciser que le chien n’est pas adapté à la vie citadine, malgré sa gentillesse naturelle. Son quotidien se nourrit de courses et de jeux à la campagne ou dans les décors montagnards.


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Banc d’Arguin : la vie fragile au pied de la dune du Pilat

Banc d’Arguin : la vie fragile au pied de la dune du Pilat


Façonné par l’action des vents, des courants marins et de la houle, le banc d’Arguin symbolise l’entrée du Bassin d’Arcachon, entre la célèbre dune et la pointe du Cap Ferret.

Le banc d’Arguin vu depuis la dune du Pilat – Crédit photo : Christian Bachellier – Flickr

De la nécessité d’une réserve naturelle

C’est un constat fâcheux qui serait à l’origine de la création de la réserve naturelle du banc d’Arguin. En 1966, alors que des centaines de couples de sternes caugeks (oiseaux marins) nichent pour la première fois sur l’îlot, des plaisanciers profitent de l’abondance des œufs pour les utiliser comme projectiles au cours d’une bataille improvisée.

Consternés, les ornithologues et naturalistes décident de mieux protéger le fragile écosystème. Ils lancent un vibrant appel dans le journal Sud-Ouest et, en 1969, fondent l’association SEPANSO (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest). Leur ténacité est récompensée trois ans plus tard lorsque paraît le décret autorisant le classement du site en réserve naturelle nationale du banc d’Arguin.

La réserve couvre aujourd’hui 4360 hectares et apporte une réponse concrète à la préservation des îlots et de leur proche environnement.

L’endroit, il est vrai, donne l’impression d’un petit paradis. Il se situe à l’entrée du Bassin d’Arcachon, traversé par les deux grandes passes qui permettent à la marée de monter et de descendre. Surtout, le banc d’Arguin profite de sa célèbre voisine la dune du Pilat, qu’il contribue à alimenter en sable, pour se faire admirer des visiteurs perchés à plus de 100 mètres.

Son charme tient aussi du fait qu’il n’offre jamais la même physionomie en raison des vents et des courants marins, parfois puissants. À marée basse, le bang d’Arguin se dévoile tout entier, long de 4 km et large de 2 km.

La réserve se compose de trois zones :

  • Les sommets des bancs de sable, où pousse une végétation spécifique à l’écosystème, comme les oyats.
  • La zone sublittorale, profonde de 20 mètres, dont les fonds laissent voir un vaste herbier grâce à l’abondante présence de zostères (plantes marines).
  • Les plages et étendues de sable. Soumises aux aléas climatiques et à la force des courants, elles changent continuellement d’aspect et de superficie.

Le travail de la nature depuis des millénaires

Le bassin d’Arcachon n’est pas né en un jour. Il y a 6 000 ans, il constituait le delta de la Leyre, le fleuve côtier qui prend sa source dans les Landes. Sous la force du courant qui descend le long de la côte aquitaine, une langue de sable se dessine au nord. Au cours des siècles, elle s’étoffe, progresse vers le sud et se transforme en flèche sableuse pour devenir l’actuelle presqu’île du Cap-Ferret.

Ces longs mouvements géologiques donnent naissance à une lagune semi-fermée. D’une superficie de 155 km², le vaste estuaire accueille des passes (ou chenaux) orientées vers le nord-ouest et subit en permanence le courant des marées. Cette interaction avec l’océan, aidée par une embouchure de 3 km, dessine l’écosystème du Bassin d’Arcachon.

L’origine des îlots, dont le banc d’Arguin, suscite toujours quelques interrogations. Pour certains, la transformation progressive de l’estuaire de la Leyre en bassin se serait accompagnée du détachement de morceaux de territoires à proximité de La Teste. D’autres estiment que les bancs de sable ont toujours existé., héritiers du delta.

L’absence de cartes pendant de nombreux siècles facilite les suppositions. L’une des premières représentations graphiques du lieu est publiée dans le « Recueil des cartes marines levées et gravées par ordre du roy », vers 1690. Elle laisse voir un seul banc, au centre de l’embouchure, appelé « l’île du Terray ». Au 18e siècle, une nouvelle carte apporte davantage de précision. Elle répertorie « l’isle de Marock », située à l’endroit de l’actuel banc d’Arguin, ainsi que le « banc du Muscla » et le « banc du Cannton ».

Carte tirée du Recueil des cartes marines levées et gravées par ordre du roy, publié en 1690.

Le banc d’Arguin est mentionné pour la première fois en 1835, sur une carte réalisée par Paul Monnier. Ingénieur hydrographe de la marine, Monnier est chargé d’étudier l’évolution des mouvements de sable afin de juger de la possibilité de créer « une passe profonde et de facile accès, par laquelle des bâtiments de guerre de toute grandeur pourraient parvenir sur la rade intérieure de La Teste. »

Nul ne sait pourquoi l’ingénieur hydrographe a choisi cette dénomination. Peut-être s’est-il inspiré du naufrage de la frégate française La Méduse, survenu 19 ans plus tôt sur le banc d’Arguin, non loin du littoral mauritanien. Rendu célèbre par le tableau « Le radeau de la Méduse » de Géricault, le naufrage causa la mort de 140 marins.

Le refuge d’une faune et d’une flore typiques

Des hauteurs de la dune du Pilat, le banc d’Arguin pourrait donner l’impression d’un îlot de sable blond désert sur lequel les plaisanciers s’accordent un moment de détente. Pourtant, le lieu, situé sur l’un des huit grands couloirs migratoires de la planète, recèle une vie foisonnante.

Depuis 1972, plus de 200 espèces d’oiseaux y ont été recensées, parmi lesquelles la sterne caugek, le passereau ou encore l’huîtrier pie. Si certains oiseaux se posent le temps de reprendre des forces, d’autres préfèrent y nicher et se reproduire. Le banc d’Arguin peut ainsi accueillir jusqu’à 4000 couples de sternes caugek chaque année.

La réserve est également fréquentée par les grands dauphins, les phoques gris et les tortues luths grâce à la proximité des fosses abyssales.

Plus discrets, les mollusques et les petits crustacés s’épanouissent dans les zones abritées de la houle. Leur existence est souvent brève, car ils forment un mets de choix pour les oiseaux migrateurs.

Le banc d’Arguin, ce sont aussi différentes espèces d’insectes, comme le hanneton foulon à l’état larvaire, les puces et les araignées.

Les végétaux contribuent à la pérennité de la réserve naturelle. Ainsi, la linaire à feuilles de thym se révèle parfaitement adaptée à son environnement parfois difficile (vents puissants, salinité, manque d’eau douce). Endémique du sud-ouest de la France, elle est aujourd’hui protégée.

La faune se compose d’autres plantes, à l’instar des oyats, du cakilier maritime et du chiendent des sables.

Le fond marin est pour sa part tapissé de zostères, que l’on considère souvent comme des algues, mais qui sont en fait des plantes à fleurs. Elles forment un vaste herbier, essentiel à l’écosystème du Bassin.  Elles offrent un refuge idéal pour la reproduction des crustacés et la conservation des œufs et enrichissent aussi l’eau en oxygène grâce à leur fonction photosynthétique.

La menace de l’homme et du climat

La SEPANSO veille à la préservation et à la pérennité de la réserve naturelle du banc d’Arguin, qui fête son cinquantième anniversaire cette année. Si les excès constatés dans les années 1960 semblent loin, la vigilance n’en demeure pas moins permanente.

Certes, le fait que le banc ne soit accessible qu’en bateau le protège d’une surfréquentation touristique, à l’image de celle de la dune du Pilat. Néanmoins, les plaisanciers apparaissent chaque année plus nombreux sur le petit îlot, attirés par le sable blond et les eaux transparentes.

La règlementation du site se veut stricte : interdiction de venir avec son chien, de cueillir les végétaux, d’installer un bivouac, de chasser et de prétendre au mouillage de son bateau du coucher au lever du soleil.

Vu sur la passe et la dune du Pilat depuis la p’tite plage du banc d’Arguin – Crédit photo : FranceSudOuest

Pourtant, ces restrictions écologiques ne conviennent pas à toutes les parties, notamment les membres du Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon. Ces derniers reprochent à l’État et à la SEPANSO de vouloir sanctuariser le banc d’Arguin. La zone de protection intégrale, interdite à quiconque, a ainsi été étendue en 2017.

Pour Joël Coudant, président de la Confédération des associations d’usagers du Bassin d’Arcachon, la coupe est pleine, comme il le dénonce dans Sud-Ouest (4/12/2021) : « On a perdu 80 % de nos zones de mouillage. On n’a rien contre les oiseaux, mais les ayatollahs de l’écologie, ça suffit ! »

Le PNM a d’ailleurs rendu un avis négatif sur le futur plan de gestion de la réserve naturelle d’Arguin, regrettant l’absence de concertation et la volonté politique d’éloigner toujours plus loin les plaisanciers, les pêcheurs et les ostréiculteurs.

L’autre source de préoccupation est liée au réchauffement climatique et au phénomène d’érosion. Le 10 septembre dernier, le banc d’Arguin se retrouvait coupé en deux à marée haute. L’évènement ne venait que souligner l’érosion qui touche le sud du banc depuis déjà quelques mois.

« En effet, la pointe sud du banc est rongée dans sa partie exposée à l’océan. La magnifique lagune qui s’était formée tout au sud et qui émerveillait les plaisanciers il y a quelques années, n’existe plus aujourd’hui » constate David Patsouris dans Sud-Ouest (11/09/2022).

Selon Benoît Dumeau, le conservateur de la réserve, la pointe sud a perdu 600 mètres en un an. Même si le banc se déforme en permanence au gré de la houle et des vents, il semble qu’une période d’érosion plus durable se dessine, obligeant les autorités à supprimer la zone de débarquement des bateaux dans la partie sud.

La décision risque d’exacerber encore plus les usagers du Bassin, mais elle montre toute la fragilité du banc d’Arguin, pourtant si paisible et familier.


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Château es Milandes

La renaissance du château des Milandes en Dordogne

La renaissance du château des Milandes en Dordogne


Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker en novembre dernier, le château de Milandes enregistre une explosion de ses entrées.

château des Milandes
Le public se presse au château des Milandes – Crédit photo: Jacques Bodin – CC BY 2.0

Joséphine Baker entre dans l’Histoire de France

L’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, le 30 novembre 2021, a suscité une abondante couverture médiatique. Peut-être était-elle due au choix singulier d’une femme noire, d’origine américaine, rendue célèbre par la Revue Nègre en 1925. Il s’agissait surtout de rendre hommage à un personnage exceptionnel, militante de la Ligue internationale contre l’Antisémitisme en 1938, infirmière à la Croix-Rouge, résistante zélée tout au long de l’Occupation.

En 1937, elle loue le château des Milandes, non loin de Castelnaud-la-Chapelle. Bâti en 1489, il accueille les seigneurs de Caumont jusqu’à la Révolution. La demeure profite d’une architecture Renaissance et intègre de somptueux éléments gothiques.

Dix ans plus tard, Joséphine Backer décide d’acheter le château et y apporte le confort moderne : électricité, eau courante, chauffage central… Le monument se transforme en nid douillet, permettant à l’artiste et à son mari d’adopter et d’accueillir douze enfants. La grande famille y vivra une vingtaine d’années.

joséphine Baker au château des Milandes
Joséphine Baker au château des Milandes en 1961 – Crédit photo : Jack de Nijs pour Anefo – CC0

Accablée par les dettes, Joséphine Baker doit pourtant se résoudre à vendre le château en 1968. Quatre propriétaires se succèdent, dont Henry et Claude de Labarre, qui l’acquièrent en 2001. Ils en confient la gestion à leur fille Angélique, qui entreprend de lui redonner tout son panache en dépoussiérant l’œuvre de Joséphine Baker.

C’est bien grâce à son travail que le château des Milandes est aujourd’hui associé à l’artiste franco-américaine.

La gardienne du temple ne cache pas son admiration, comme elle l’explique au journal Le Point (01/08/20216) : « Tout me fascine chez cette femme, car c’est une personnalité à facettes. Tout le monde essaie de se raccorder à Joséphine. On voit débarquer des juifs – son premier mari, Jean Lion, était juif –, des francs-maçons, des chrétiens, des libres-penseurs qui affirment qu’elle est des leurs. Mais elle refusait tout embrigadement. Elle militait pour un idéal de fraternité en voulant se mélanger à tout le monde. Pour elle, il n’y avait qu’une race : la race humaine. »  

Une fréquentation en forte hausse

Le travail accompli par Angélique de Saint-Exupéry ces dernières années n’aura pas été vain. Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker, le château des Milandes attire un nombre croissant de visiteurs.

La responsable de l’accueil, Oriane Rouland, constate le dynamisme initié par l’évènement, comme elle le confie à France Bleu (14/08/2022) : « On a presque doublé par rapport à juillet août 2019. On fait des journées à plus de 2.400 visiteurs et ces journées s’enchainent depuis fin juillet. Habituellement, pendant l’été, il y avait certains jours avec des pics à 1.700 ou 1.900 voire 2.000 visiteurs. »

De fait, le château des Milandes s’impose depuis cette année comme une attraction incontournable de la Dordogne. Le public attiré par l’aura de Joséphine Baker profite sur place du travail de fourmi réalisé par la propriétaire des lieux. Angélique de Saint-Exupéry n’hésite pas à parcourir le monde entier pour chiner et récupérer le moindre objet, document ou vêtement ayant appartenu à l’artiste.

La visite des salles muséographiques permet de se plonger dans la vie de Joséphine Baker, depuis sa naissance miséreuse à Saint-Louis (Missouri) en 1906 jusqu’à son bonheur familial au château périgourdin. Succès artistiques à Paris, missions secrètes au service du contre-espionnage français pendant la guerre, combats en faveur de l’égalité raciale aux États-Unis… Ce sont des décennies d’engagement et d’abnégation que relate aujourd’hui le château des Milandes.

Le lieu s’est progressivement adapté à l’inflation heureuse des visiteurs. Ainsi, un food truck et un snack proposent une offre de restauration, en plus de la brasserie. De petits spectacles organisés par des associations locales s’offrent au public coincé dans la file d’attente.

Parallèlement, les travaux de restauration se poursuivent et se concentrent depuis peu sur la chapelle et l’une des tours.

Ce regain de dynamisme vise à pérenniser le magnifique château des Milandes et, surtout, à porter le souvenir d’une femme exceptionnelle, à qui le pays vient de rendre le plus précieux des hommages.

Quelques destinations originales dans le Sud-Ouest

Quelques destinations originales dans le Sud-Ouest


Mine de rien, la région regorge de petits endroits sympathiques pas toujours inscrits en tête de liste des lieux touristiques. C’est aussi ce qui fait leur charme.

Le domaine des Terres Blanches, à Espiet – Crédit photo: les Terres Blanches

Les Jardins d’eau de Carsac (24)

Non loin de Sarlat, au cœur du Périgord noir, se niche un petit paradis que n’aurait pas renié Claude Monet. Les Jardins d’eau de Carsac invitent, sur plus de 3 hectares, à une balade hors du temps. Ici, les lotus du Nil, les nymphéas exotiques et de nombreuses autres plantes aquatiques forment un univers enchanté. On le traverse en s’imprégnant des odeurs, en admirant la composition du paysage et en observant la faune, omniprésente. Ce sont les carpes Koï qui frétillent dans les bassins, les hérons cendrés et les aigrettes qui se régalent des têtards, les libellules qui frôlent les plantes ou encore les grenouilles, véritables maîtresses des lieux.

La visite se nourrit aussi d’un labyrinthe aquatique, dont la superficie dépasse les 3 000 m² et l’itinéraire se prolonge sur 550 mètres de passerelles. Il abrite une trentaine de variétés de lotus, plus de soixante espèces de nymphéas et 150 plantes diverses, parmi lesquelles les papyrus du Nil.

Labellisés « Jardin remarquable » en 2012 par le ministère de la Culture, les Jardins d’eau de Carsac promettent une parenthèse rafraîchissante au cœur de l’été et un retour raffiné à la nature.


Adresse : Saint Rome – 24200 CARSAC
Tél : 05 53 28 91 96
Horaires : Mai, juin et juillet : 10h à 19h – Août : 18h30 – Septembre : 11h à 18h.
Tarifs : Adulte : 8,50 € – Étudiants, jeunes (12 à 17 ans inclus), demandeurs d’emploi, personnes handicapées (indiv. et groupes) : 7 € – Enfants de 6 à 11 ans inclus : 5 €

les jardins d'eau de carsac
Crédit photo: Les Jardins d’eau de Carsac

Les Terres Blanches d’Espiet (33)

Si le Bassin d’Arcachon attire de très nombreux touristes chaque année, la Gironde recèle des destinations un peu plus intimes, mais non moins charmantes. Ainsi, à Espiet, village situé à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, les Terres Blanches épousent les contours du paradis. Le domaine, d’une superficie de 90 hectares, est né après des années de travaux, visant à transformer l’ancienne carrière d’un cimentier en lagon de carte postale.

Planté au milieu des vignobles et des forêts, le domaine se consacre aux plaisirs du farniente et de la baignade. Il est vrai que la plage de sable blanc et la vaste étendue d’eau turquoise promettent quelques heures d’abandon et de frissons de plaisir.

Mais le lieu se prête aussi et surtout aux plaisirs de la glisse aquatique. Le Windsor Wakeboard Camp, l’académie de wakeboard et de wakesurf, y a élu domicile, proposant des stages ou la location d’une large gamme d’équipements.

Ceux qui le souhaitent pourront déjeuner ou dîner au restaurant et même prolonger leur envie de détente au spa Les Petits Bains.


Adresse : 13 La Gueynotte – 33420 ESPIET
Tél : 06 11 51 68 24
Horaires : Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 heures à 19 heures.
Tarifs : Adulte : 5 € – Enfant de moins de 12 ans : 4 € – Réservation obligatoire en ligne.

les terres blanches d'espiet
Crédit photo: les Terres Blanches d’Espiet

La grotte de Lastournelle (47)

En cette période de forte chaleur, la recherche désespérée de fraîcheur peut aussi correspondre à une petite visite culturelle. A Sainte-Colombe, dans le Lot-et-Garonne, la grotte de Lastournelle laisse voir de magnifiques stalactites et stalagmites, mais aussi des coulées de calcite, des draperies et même des colonnes. C’est un spectacle naturel flamboyant qui s’offre au public à travers les sept salles de la grotte, sur plus de 300 mètres.

Pour ajouter un peu d’authenticité à la visite, il est possible de partir à la découverte des salles dans l’obscurité, avec sa seule lampe de poche comme accessoire de progression.

Découverte en 1878 par un paysan qui creuse un puits, la grotte de Lastournelle fait l’objet de quelques explorations. En 1955, les propriétaires du terrain, Joseph et Maria Brys, mettent à jour l’entrée naturelle de la cavité. Un passage est finalement dégagé, permettant un accès plus aisé aux salles et à ses trésors minéraux.

Des animations sont régulièrement proposées au public, comme des chasses au trésor, à même de ravir les enfants.

Un petit restaurant, une boutique et des jeux pour les petits sont proposés aux visiteurs.


Adresse : 1851 Route des Grottes de Lastournelle – 47300 SAINTE-COLOMBE-DE-VILLENEUVE
Tél : 05 53 40 08 09
Horaires : Avril à décembre – Horaires des visites variables suivant l’affluence.
Tarifs : Adulte : 7,50 € – Enfant (de 4 à 14 ans) : 5 €

la grotte de lastournelle
Crédit photo : JYB Devot — Travail personnel, CC BY-SA 4.0,

L’Esturgeonnière du Teich (33)

Depuis déjà quelques années, le caviar français s’impose parmi les meilleurs du monde. Le département de la Gironde contribue grandement à la production, notamment grâce au Moulin de la Cassadote à Biganos et au Caviar Perlita, situé non loin, au Teich.

L’établissement ouvre régulièrement ses portes afin de dévoiler toutes les étapes de fabrication du précieux aliment. Fondée en 1990, la ferme aquacole de L’Esturgeonnière s’est d’abord destinée à la production de chair d’esturgeon, avant de se tourner vers le caviar, au terme d’importants travaux.

Aujourd’hui, l’entreprise assure l’ensemble du processus de production, de la naissance des alevins au conditionnement du caviar. Le site profite de la proximité d’une source géothermale, qui préserve la température de l’eau tout au long de l’année. Grâce à une station de traitement dotée d’une double filtration, les eaux ressortent propres dans les milieux naturels avoisinants.

La visite permet donc de s’immiscer dans l’univers si particulier de la production de caviar, servi dans les restaurants gastronomiques de la planète. C’est aussi l’occasion de prendre (un peu) part à la fête puisqu’une dégustation est même proposée au public.


Adresse : Route de Mios Balanos – 33470 LE TEICH
Tél : 05 56 22 69 50
Horaires : Avril à septembre, uniquement sur rendez-vous.
Tarifs : Adulte : 30 € – Enfant (de 8 à 12 ans) : 24 €

l'esturgeonnière du teich
Crédit photo: Gironde Tourisme

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Marathon du Médoc : boire ou courir, pourquoi choisir ?

Marathon du Médoc : boire ou courir, pourquoi choisir ?


Lancé en 1985 par une bande de copains médecins, le Marathon des châteaux du Médoc, organisé chaque année en septembre, donne la part belle à l’ambiance festive et à la dégustation des crus de la région.

Crédit photo : Marathon des Châteaux du Médoc

Une course à contre-courant

On le sait, le marathon et ses 42,195 km règlementaires imposent un physique affûté, un entraînement régulier et une hygiène de vie irréprochable. Le visage des athlètes marqué par l’effort contribue à la légende de cette course particulière.

New York, Paris, Berlin, Tokyo… Autant de villes réputées qui accueillent chaque année des milliers de coureurs venus du monde entier, sous le regard des médias internationaux.

Pourtant, dans le Sud-Ouest de la France, et à Pessac plus précisément, un évènement suscite une curiosité croissante et un engouement jamais démenti.

Lancé en 1985 par six amis et la Commanderie du Bontemps (confrérie viticole), le Marathon des Châteaux du Médoc a immédiatement joué la carte de la singularité. L’un des fondateurs raconte :

« À cette époque, les courses en France sont destinées à la performance pour la plupart et l’ambiance s’en ressent ; les « ringards » dont nous faisons partie ont parfois l’impression de déranger. Pourquoi ne pas créer un évènement festif et sportif se basant sur nos richesses naturelles, la région, ses châteaux et ses vins, notre amour du bien-vivre, notre expérience de marathoniens qui nous permet d’aller au-devant de l’attente de nos coureurs et enfin notre passion commune ? »

Le pari peut sembler de prime abord un peu décalé. Entourer une épreuve de marathon d’une ambiance folle et de la dégustation de crus du Médoc ne correspond pas au modèle du genre. Et pourtant, le succès accompagne la première édition, en réunissant plus de 500 coureurs quand le Marathon de Bordeaux n’en attire pas plus de 200.

C’est le début d’une grande aventure sportivo-festive, bâtie sur quatre piliers : spectacle, santé, vin et sport.

Privilégier le « fun effort »

Les vignobles et châteaux du Médoc constituent le cadre et le cœur du marathon. Il faut avouer que les appellations Pauillac, Saint-Julien, Saint-Estèphe, Médoc et Haut-Médoc suscitent presque instinctivement l’envie de dégustation, même chez les athlètes.

De fait, une vingtaine d’étapes jalonne le parcours. Organisées par les propriétaires des domaines, elles permettent de se désaltérer en profitant d’un petit verre de vin goûtu. Certains marathoniens s’accordent le temps de la dégustation, d’autres privilégient un cul sec afin d’atteindre le prochain stand dans les meilleurs temps.

Le maître mot est celui du plaisir. « La vaste majorité des coureurs, dont le nombre est limité volontairement à 8 500 et qui viennent de 75 pays, ne se sont pas inscrits dans l’espoir de vaincre, mais de faire la fête » écrit fort justement Michel Arseneault dans L’Actualité (5 février 2020).

Ici, l’obsession du chrono est tout à fait relative. L’évènement est d’ailleurs qualifié de « marathon le plus long du monde » au regard du temps que s’accordent les sportifs lors des pauses aux points relais.

superman devant un stand de dégustation
Même Superman succombe au plaisir de la dégustation – Crédit photo : © Marathon du Médoc

Les 22 stands de dégustation de grands crus ne sont pas les seuls à enchanter les papilles. Dès le 28e kilomètre, des huîtres sont proposées aux athlètes, prélude à un repas roboratif. Car, oui, c’est bien le fumet d’entrecôtes grillées sur sarments de vigne qui chatouille les narines au 39e kilomètre (proche de l’arrivée). Les insatiables marquent deux nouveaux arrêts, d’abord pour déguster le fromage, ensuite pour s’enfiler une glace.

Il arrive parfois que certains marathoniens franchissent la ligne d’arrivée en titubant, peut-être à cause d’arrêts prolongés aux stands ou de douleurs musculaires. Malgré la bienveillance qui entoure la compétition, les organisateurs imposent un temps de course maximal de 6 heures 30, au risque de finir dans la voiture-balai. On devine qu’elle rentre rarement vide.

C’est la fête !

Proposer des grands crus et de savoureux plats, c’est bien. Mais le Marathon du Médoc revendique avant tout son esprit festif. C’est la raison pour laquelle les coureurs sont encouragés à se déguiser avant de prendre le départ. Honte à tous ceux qui conserveraient short et débardeur !

Les déguisements suivent le thème annuel du marathon. Ainsi, en 2019, les participants ont pu enfiler des costumes de super-héros. L’année précédente, c’est le thème de la fête foraine qui s’est imposé. Cette année, le public aura peut-être le sentiment d’être au Festival de Cannes puisque la thématique retenue est celle du cinéma. Ce sera sûrement l’occasion de voir James Bond courir aux côtés de Dark Vador et d’un T-rex échappé de Jurassic Park.

L’ambiance de fête se veut omniprésente. Dès la veille de la course, la soirée Mille-Pâtes accueille 1500 convives dans l’un des châteaux partenaires. Apéritif dans les jardins, dîner, dégustation des crus du domaine, bal… Les marathoniens invités ont peut-être intérêt à ne pas trop tarder.

En plus des pauses dégustation, la course s’organise autour d’une cinquantaine d’animations tout au long du tracé : orchestres, bandas, danses improvisées, ateliers, spectacles divers.

C’est aussi l’un des secrets de la réussite du marathon. Le public, toujours très nombreux, est partie prenante des festivités. Il contribue directement à la convivialité et à la bonne humeur.

« Pour Conor Clune, un Irlandais qui en est à son sixième marathon, celui du Médoc est le plus chaleureux de tous. Plus encore, admet-il à contrecœur, que celui de Dublin. « Durant tout le parcours, les gens voient nos prénoms sur nos dossards et crient : “Allez, Conor !”, “Courage, Conor !” Ça change tout. Ailleurs, le public nous encourage. Ici, il nous aime. » (L’Actualité, 5 février 2020).

La fête se poursuit en soirée et en musique, bien après la fin de la course. Le lendemain, la balade de récupération permet à 4000 personnes de partir à la découverte des vignobles, avec des arrêts dans quelques châteaux, qui ressortent les bouteilles pour l’occasion.

La santé comme fil conducteur

Toutes ces joyeuses initiatives n’occultent en rien le souci de santé qui se doit d’entourer un marathon. La course est longue, la chaleur parfois étouffante, l’effort permanent malgré les pauses.

Ainsi, le congrès médical et le colloque médico-sportif, organisés la veille du marathon, suivent l’objectif d’apporter au public et athlètes des informations précises sur la pratique d’un sport d’endurance et les pathologies qui peuvent en résulter.

La course elle-même permet d’observer au plus près l’état physique et de santé des coureurs. Sont ainsi menées des milliers d’études cardiologiques, électrocardiographiques, tensionnelles, mais aussi podologiques, digestives ou épidémiologiques.

Tout au long de l’épreuve, 300 personnes assurent l’assistance médicale et une dizaine de postes de soins jalonnent le tracé. La ligne d’arrivée franchie, les participants peuvent trouver réconfort et assistance dans cinq tentes mises à leur disposition.

Les verres de vin servis pendant le marathon ne sont bien sûr jamais remplis à ras bord. Il s’agit plutôt d’un fond, surtout destiné à faire découvrir et apprécier le cru d’un domaine. De même, les entrecôtes grillées sont servies découpées en petits morceaux et ne sont proposées qu’en fin de parcours. La distribution de bouteilles d’eau se veut permanente.

Les marathoniens sont des sportifs accomplis et connaissent leurs possibilités et limites. Si le contexte festif du Marathon du Médoc les incite à moins se soucier du classement et du chrono, ils savent que la distance de 42,195 km reste une redoutable épreuve. Cette vision est bien sûr partagée par les organisateurs.

En conclusion, le Marathon des Châteaux du Médoc aura superbement réussi son pari. Grâce à la mobilisation de 3000 bénévoles, il est aujourd’hui considéré comme un évènement incontournable pour les coureurs et le public. Sa réputation a dépassé depuis longtemps les frontières, puisque des milliers de marathoniens venus du monde entier y participent.

Surtout, il a réussi à raboter la notion de compétition au profit de la convivialité et du plaisir commun de partager un moment précieux. Largement de quoi lever son verre.


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La Félibrée, pour que vive la culture occitane

La Félibrée, pour que vive la culture occitane


Depuis plus d’un siècle, la Félibrée ouvre une parenthèse enchantée tout entière dédiée à la langue d’oc, au folklore, à l’histoire et aux traditions. C’est surtout l’occasion de réaffirmer la spécificité de l’identité périgourdine.

Crédit photo : Père Igor – CC BY-SA 4.0

Une fête populaire, mais authentique

En septembre 1903, le village de Mareuil accueille la première édition de la Félibrée, ou Felibrejada. L’initiative revient à l’association Lo Bornat dau Perigòrd, fondée deux ans auparavant. Lo Bornat s’inspire du Félibrige, un courant de pensée initié par Frédéric Mistral en 1854, dont la vocation est de contribuer à la considération et à la sauvegarde de la langue et de la culture d’oc.

La Félibrée ouvre ses portes dans un village différent chaque mois de juillet, sur une période de trois jours, dont le point d’orgue est le dimanche. Son organisation, qui reste chapeautée par Lo Bornat, dépend d’un comité local issu de la commune accueillante. Si la fête se déplace de villes en villages, son message et ses valeurs restent immuables. Les majoraux, garants de la philosophie félibréenne, y veillent. L’un d’eux, Jean Monestier, écrivait ainsi en 1984 : « La Félibrée, fête de la langue d’oc et des félibres, fête de la terre et de la tradition périgorde ; ou mieux encore, fête de l’espérance et de la convivialité de tout un peuple qui se réunit pour s’offrir à la fois une journée d’idéal, mais aussi un forum de rencontres qui fait de la Félibrée le grand rassemblement populaire voulu pour témoigner et comprendre. Témoigner d’une identité, d’une volonté de rester différents, comprendre une nouvelle esthétique qui puise ses raisons de vivre et d’espérer au plus profond de la terre natale. »

L’évènement est donc l’occasion de se retrouver et de partager, sous des élans festifs, un même sentiment de cohésion et de respect des valeurs occitanes, appelées à perdurer car profondément ancrées dans l’histoire du Périgord.

Le programme de la Félibrée gravé dans le marbre

Dès le printemps, l’effervescence gagne la cité organisatrice. Il convient en effet de préparer la fête et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. La fabrication des guirlandes de fleurs en papier, appelées à être suspendues, impose un lourd travail, tout comme les nombreux aménagements des lieux ou la décoration des rues. Mais c’est aussi et surtout l’occasion de se retrouver et d’improviser des moments conviviaux, comme la dégustation du tourin, la soupe traditionnelle.

La période printanière permet également de choisir la reine de la Félibrée parmi les jeunes femmes de la commune. Cette dernière doit pouvoir s’exprimer en occitan, répondre à un questionnaire sur la culture locale et convaincre un jury.

Enfin, l’affiche de l’évènement est dévoilée.

La préparation de la Félibrée est peut-être facilitée par le fait que son programme ne varie pas à chaque édition. Le maire remet les clés de la ville aux félibres, qui deviennent symboliquement les gouvernants de la cité le temps des festivités.

la félibrée en 2012
La Félibrée à Piégut-Pluviers en 2012 – Crédit photo : © Traumrune

Les temps forts se composent d’une messe en occitan et de la fameuse taulada, un énorme banquet réunissant plus de 700 convives, invités à se régaler de plats locaux, dont la fameuse soupe de haricots et de couenne. Le repas est servi dans des assiettes dites à chabrot, spécialement décorées pour l’occasion.

La Félibrée se nourrit de nombreuses autres manifestations, comme la cour d’amour, un spectacle folklorique, le défilé des groupes traditionnels, la démonstration des vieux métiers et, bien sûr, les spectacles de chants et de danses du terroir organisés sur la scène ou parmi la foule.

Tout sauf de la nostalgie

Si la Félibrée puise son énergie dans la réminiscence d’un monde un peu lointain, que vient ressusciter le folklore, elle ne cherche pas à se complaire dans des élans nostalgiques. Ce serait faire injure au Félibrige et à ses nombreux adeptes.

L’évènement consiste surtout à revendiquer haut et fort la culture occitane, sa langue et son ancrage dans la société d’aujourd’hui.

« La Félibrée est en effet, d’abord, une tentative pour reconstituer le Périgord en tant que communauté idéale et fondamentale. Le jour de la Félibrée, c’est la culture « régionale » qui est érigée en culture officielle (…) La culture occitane, et ses représentants patentés, les félibres, prennent le pouvoir le temps d’une fête » écrit ainsi Christian Coulon, professeur émérite à Sciences Po Bordeaux, dans la Revue Française de Science Politique (1988).

« La Félibrée se veut « un retour à une patrie historique et mythique et à une façon de vivre, celle des ancêtres ». Ce « retour » implique que les oppositions et les clivages sociaux et politiques soient oubliés. Le temps de la Félibrée est celui de l’union retrouvée. »

De fait, la manifestation attire de très nombreux Périgourdins, fiers de leur origine, heureux de la survivance de la langue d’oc, qui leur appartient.

La Félibrée 2022 se tiendra à Eymet

Cette ferveur régionaliste n’éloigne pas pour autant les touristes et visiteurs, qui contribuent aussi au succès de la manifestation. Ces derniers peuvent même s’imprégner d’une atmosphère authentique et sincère, gage de la singularité de la Félibrée et de sa pérennité.

Le majoral Monestier décrivait bien cet état d’esprit en 1984 : « Nous avons besoin d’aller droit et loin pour rester ce que nous voulons demeurer, des Périgourdins fidèles aux anciens et regardant le futur que nous voulons meilleur, plus fraternel, plus humain. C’est chaque jour dans la vie qu’il faudrait conserver cet esprit de la Félibrée ; c’est chaque jour dans la vie publique et privée, en parole comme au fond du cœur, qu’il faudrait faire retentir notre langue occitane. Le vœu du Bornat, c’est que vous trouviez dans cette journée d’idéal, un nouvel espoir pour notre siècle. »


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Les fêtes de la Madeleine, joyeuse identité de Mont-de-Marsan

Les fêtes de la Madeleine, joyeuse identité de Mont-de-Marsan


Souffrant peut-être d’une moindre notoriété que les fêtes de Bayonne ou la feria de Dax, les fêtes de la Madeleine restent néanmoins incontournables dans le Sud-Ouest.

Crédit photo : Mont de Marsan ma ville

Des fêtes initiées par Henri IV

En 1594, décision est prise par le bon roi de fêter Marie-Madeleine, sainte patronne de la ville de Mont-de-Marsan. L’évènement se veut avant tout religieux. La ville, bâtie au 12e siècle, se situe en effet sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui débute à la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay (Yonne). Mont-de-Marsan apparaît donc comme une étape importante pour les pèlerins.

Certes, il n’est pas encore question de fête débridée. La manifestation correspond surtout au culte rendu à Sainte-Marie-Madeleine, dont la statue est portée en procession à travers les rues de la ville. Néanmoins, une certaine réjouissance s’empare de la population et la tradition festive finit par s’inscrire dans les mœurs des Montois.

Il faut attendre le 17e siècle pour que la tauromachie vienne agrémenter les fêtes de la Madeleine. Il est procédé à des lâchers de taureaux et de vaches sauvages dans les rues de la cité. Si la course des ruminants suscite l’enthousiasme du public, elle provoque aussi de nombreux accidents. De fait, les courses finissent par être interdites et donnent même lieu à une ordonnance royale émise par Louis XV : « Les villes de Mont-de-Marsan, Dax, Tartas et Saint-Sever auraient à construire chacune un cirque entouré de barrières élevées et solides, environné de gradins pour les spectateurs ».

Les premières arènes voient donc le jour, quelque peu improvisées sur la place Saint-Roch, à l’aide de barrières basiques et de charrettes. Constatant le manque de sécurité et l’affluence, les autorités locales ordonnent la construction d’un amphithéâtre en bois au 18e siècle.

Les fêtes de la Madeleine prennent tournure

C’est en 1852 que les nouvelles arènes, financées grâce à une souscription, voient le jour. De forme carrée, adaptées à un public nombreux, elles sont montées chaque année le temps des fêtes. Les spectacles taurins contribuent à la réputation de Mont-de-Marsan et des festivités de la Madeleine.

Hélas, tout s’arrête le 19 juillet 1878 lorsqu’un incendie (volontaire ?) ravage les arènes, provoquant la consternation de la population.

Même si la corrida commence à susciter quelques mouvements de désapprobation, notamment chez les hommes politiques, la municipalité de Mont-de-Marsan opte pour la construction d’arènes pérennes. Le projet, confié à l’architecte Jules Dupouy, donne naissance aux arènes du Plumaçon, érigées en 1889 et toujours en place aujourd’hui.

La nouvelle structure rend indissociables les fêtes de la Madeleine et l’esprit de la tauromachie. Le culte religieux n’est pas oublié pour autant puisque l’ouverture des festivités dépend toujours de la procession, organisée depuis l’église de la Madeleine jusqu’aux arènes.

Les fêtes finissent par devenir incontournables dans les Landes et même au-delà. En 1913, elles permettent de célébrer avec éclat l’arrivée de l’électricité à Mont-de-Marsan. Vingt ans plus tard, les arènes du Plumaçon sont rénovées et agrandies.

corrida aux arènes du plumaçon
Olé ! – Crédit photo : Régie municipale des Fêtes et Animations de Mont-de-Marsan

Mais limiter les fêtes de la Madeleine à la seule tauromachie ne donnerait pas une image exacte de l’évènement. Au fil des décennies, un vrai programme festif s’est mis en place, permettant à tous les publics de profiter de la folle ambiance qui règne pendant cinq jours.

Depuis 2012, les fêtes s’ouvrent le premier mercredi qui suit le 14 juillet. Le maire remet les clés de la ville aux représentants de la jeunesse montoise et déclare le lancement officiel des festivités !

Cinq jours au rythme des bandas

Les rues de Mont-de-Marsan se transforment en décor de fêtes, prêtes à accueillir plus de 600 000 festayres jusqu’au dimanche soir.

Contrairement à Dax et à Bayonne, la tenue des participants doit privilégier le blanc et le bleu, et non le rouge.

Les fêtes de la Madeleine proposent une multitude de temps forts : animations, bals, spectacles, défilés, évènements sportifs, fête foraine permanente, expositions, concours, concerts, activités pour les enfants… Ces derniers profitent d’ailleurs d’une journée qui leur entièrement consacrée, la Heste dous Pitchouns, avec moult activités ludiques.

Depuis 2007, l’encierro permet aux festayres de défier les vachettes lâchées entre le boulevard de la République et les arènes.

Pour sa part, la cavalcade signe certainement l’identité des fêtes montoises. Elle consiste en un défilé coloré et joyeux de chars conçus par les bénévoles de l’Amicale des fêtes de quartiers. Le défilé s’agrémente de la présence de musiciens et de danseurs, dont certains montés sur des échasses, tradition oblige.

L’intendance est assurée par les bodegas, placées sous le contrôle des associations (surtout les clubs de sport). Elles servent à boire ou proposent de se restaurer, souvent à prix modique et dans une ambiance chaleureuse, pour peu qu’une banda passe à proximité.

S’agissant de tauromachie, les fêtes de la Madeleine proposent un cycle classique de cinq corridas, une novillada piquée, une non-piquée et une corrida portugaise.

Un retour en force après la pandémie

Les festivités reprennent de plus belle cette année, après deux années perturbées par la crise sanitaire. Réunie le 9 avril dernier, la Régie municipale des Fêtes et Animations de Mont-de-Marsan a annoncé le programme de la prochaine édition, qui se tiendra du 20 au 24 juillet.

« ll y aura des Fêtes de la Madeleine, sécurisées bien sûr, mais elles reviendront dans le format d’avant Covid. Il y aura quelques nouveautés, mais on va surtout retrouver nos fondamentaux : les bandas, les chars, les bodegas, les feux d’artifice, et bien sûr, la tauromachie » a ainsi indiqué le maire, Charles Dayot, au micro de France Bleu.

L’annonce a également permis de préciser l’intégralité des cartels de la feria taurine, avec la présence des stars Antonio Ferrera, Diego Urdiales et Emilio de Justo.

Enfin, l’affiche des fêtes 2022 a pu être dévoilée au public. Conçue par le Dacquois Jérôme Pradet, déjà auteur des affiches pour les arènes de Madrid en 2018, Toros y Salsa en 2019 ou encore les 30 ans d’Arte flamenco en 2018.

« Une affiche qui montre la tauromachie, fait référence à ce qui est emblématique de notre place, l’architecture du Plumaçon, et de notre ville, avec la sculpture. Et le côté festif et poétique de la feria avec le feu d’artifice.  Une affiche dans l’esprit de Jérôme Pradet, à la façon des vieux films de la Metro-Goldwyn-Mayer. De l’élégance, de la mode, le corps, la lumière » commente, un brin admiratif, le maire de la ville, cité par Sud-Ouest (09/04/22).


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