noix du Périgord AOP

Combien trouve-t-on d’AOP dans le Sud-Ouest ?

Combien trouve-t-on d’AOP dans le Sud-Ouest ?


Ô combien réputé pour sa gastronomie et l’excellence de ses produits, le sud de la Nouvelle-Aquitaine bénéficie-t-il pour autant d’un gros portefeuille d’AOP (Appellation d’Origine Protégée) ? Comme on peut s’en douter, c’est surtout la viticulture qui joue le rôle de locomotive.

noix du Périgord aop
La noix du Périgord figure parmi les rares produits labellisés – Crédit photo : Syndicat Professionnel de la noix, du cerneau et de l’huile de Noix du Périgord

Mais qu’est-ce que l’AOP en fait ?

La réponse se trouve sur le site de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) : « C’est la notion de terroir qui fonde le concept des Appellations d’origine. L’Appellation d’origine protégée (AOP) et l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) désignent un produit dont toutes les étapes de production sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même aire géographique, qui donne des caractéristiques au produit. »

Le site du ministère de l’Économie nous éclaire davantage : « L’AOP est un sigle européen qui protège le nom du produit dans toute l’Union européenne. L’AOC est l’équivalent national de l’AOP. Elle constitue une étape dans l’obtention du label européen AOP. À noter que le logo AOC ne peut plus figurer sur les produits qui ont été enregistrés comme AOP, à l’exception des vins. »

logo AOP

Nous voilà donc mieux renseignés. Sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine, 80 AOP/AOC ont été obtenues, mais ce nombre diminue de quelque peu si l’on se concentre sur les départements couverts par FranceSudOuest, à savoir la Dordogne, la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques.

Fruits et légumes

Visiblement, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Seule la noix du Périgord décroche la timbale. Elle est cultivée dans une large zone autour de la Dordogne et dans des départements limitrophes, avec quatre variétés principales autorisées : la Franquette, la Marbot, la Corne et la Grandjean. On la trouve sous trois formes dans le commerce : fraîche, sèche et en cerneaux.

Fromages et produits laitiers

On le sait, les fromages restent assez discrets dans le Sud-Ouest. Tout n’est pas perdu grâce à l’Ossau-Iraty. Le fromage traditionnel au lait entier de brebis, à pâte pressée non cuite, originaire du Béarn et du Pays basque, détient l’AOP depuis 1996. Il est élaboré exclusivement à partir de trois races locales de brebis : Manech Tête Noire, Manech Tête Rousse et Basco-Béarnaise.

Viande

On aurait pu penser que le bœuf de Bazas était détenteur de l’AOP, mais tel n’est pas le cas, même s’il bénéficie quand même de l’IGP, signe de grande qualité.

L’AOP, il faut aller la chercher chez les Basques grâce à leur porc Kintoa, dont la viande a été labellisée en 2017 et le jambon en 2019. Plus précisément, il s’agit de la race Pie noir, typique du Pays basque, qui a d’ailleurs failli disparaître dans les années 1980. La filière compte 72 éleveurs, dont 26 qui transforment et commercialisent leurs produits.

Épices, condiments et miels

Une nouvelle fois, les Basques se distinguent, cette fois-ci grâce au piment d’Espelette, reconnu pour sa couleur rouge vif et sa saveur douce relevée. Originaire du Mexique, il a été introduit dans la région au XVIe siècle, probablement par les navigateurs espagnols. Sa culture se développe autour d’Espelette à partir de 1650, trouvant rapidement sa place dans la gastronomie et la conservation des viandes locales grâce aux femmes basques qui sélectionnent et perpétuent la variété dite Gorria.

Aujourd’hui, le piment d’Espelette est la seule épice française à bénéficier d’une AOP, reconnue officiellement depuis 2000, et il incarne autant l’identité culinaire que le patrimoine agraire du Pays basque.

Si la noix du Périgord bénéficie d’une AOP, son huile aussi, et ce depuis 2021. « Le label garantit que les noix utilisées proviennent de vergers spécifiques situés en Dordogne, Corrèze, Lot-et-Garonne, Aveyron, Charente et Lot, et que leur transformation est réalisée par des mouliniers locaux experts » nous apprend l’Agence de l’Alimentation Nouvelle-Aquitaine.

Boissons

Grâce à la viticulture, on passe à un autre niveau. La liste des vins AOP étant un peu longue, restons sur des intitulés génériques : Blaye, Buzet, Côtes de Bordeaux, Côtes de Bourg, Côtes de Duras, Côtes du Marmandais, Entre-Deux-Mers, Fronsac, Gaves, Irouléguy, Jurançon, Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh, Médoc, Pomerol, Saint-Emilion, Sauternes, Tursan, Vins de Bergerac et de Duras, Vins de Bordeaux.

Et pour le petit plaisir de fin de repas, citons le Floc de Gascogne, l’Armagnac et la Fine de Bordeaux.

Peut-on en déduire que le Sud-Ouest est avant tout une terre de soif ?

La liste plus détaillée des vins AOP du Sud-Ouest

Le littoral aquitain est-il vraiment menacé par l’érosion ?

Le littoral aquitain est-il vraiment menacé par l’érosion ?


Changement climatique, tempêtes sans cesse plus violentes, montée du niveau de la mer… Les côtes de Nouvelle-Aquitaine subissent de plein fouet l’érosion.

Les plages aquitaines sont-elles condamnées ? – Crédit photo : Valentin Wechsler

L’une des régions les plus concernées ?

Les études régionales ne prêtent guère à l’optimisme. Plus de 25% du linéaire côtier aquitain, soit environ 270 km, sont concernés par l’érosion, avec certains secteurs (Gironde, Landes) particulièrement touchés. Le recul moyen du trait de côte se situe actuellement à 2,5 m/an en Gironde et à 1,7 m/an dans les Landes, pouvant atteindre localement plus de 10 m/an lors d’événements extrêmes.

Entre l’estuaire de la Gironde et celui de l’Adour, la côte est constituée essentiellement de dunes et de plages sableuses, donc fragiles face aux tempêtes et aux courants.

Certaines zones apparaissent critiques, à l’instar de la pointe de la Négade, de Soulac-sur-Mer et d’autres communes littorales : Cap Ferret, Biscarrosse, Mimizan, Capbreton… En moyenne, le recul du trait de côte sableux pourrait atteindre 50 mètres d’ici 2050, en plus des reculs liés à d’éventuels événements tempétueux majeurs.

On le sait, le changement climatique accentue l’élévation du niveau de la mer, l’intensité des tempêtes et modifie le transit sédimentaire naturel, aggravant ainsi l’érosion. Les activités humaines, telles que l’urbanisation du littoral et l’installation de protections artificielles, déséquilibrent également les processus naturels de renouvellement du sable.

Les conséquences peuvent être importantes. Ainsi, des milliers de logements, équipements publics et infrastructures touristiques sont menacés à moyen et long terme. D’ici 2100, plus de 85 000 logements pourraient être impactés si aucune mesure n’est prise.

L’érosion entraîne également la déstabilisation des écosystèmes côtiers et le recul des dunes, sans même évoquer la pression exercée sur le tourisme.

Diverses stratégies à mettre en place

La région Nouvelle‑Aquitaine privilégie une combinaison de mesures de protection du littoral et de repli stratégique pour répondre à la menace. Ce sont d’abord des techniques de génie écologique, favorisant les solutions douces, telles que la restauration des milieux naturels côtiers (dunes, plages, cordons dunaires) et le renforcement de la végétation pour retenir les sables et limiter l’érosion.

Les autorités ont recours ensuite à la mise en place ponctuelle d’enrochements, épis, ou autres infrastructures défensives seulement là où leur impact environnemental reste limité.

La préservation des espaces littoraux s’impose aussi dans la lutte contre l’érosion. Il s’agit par exemple d’appliquer de manière stricte la Loi Littoral, d’interdire toute construction dans la bande des 100 mètres depuis le rivage hors zones déjà urbanisées, d’assurer une protection renforcée des espaces boisés et des sites remarquables.

Lorsqu’aucune solution pérenne ne peut être envisagée, l’alternative reste celle du repli stratégique, préférentiellement par le déplacement des biens exposés vers des zones moins vulnérables, soit via translation proche, soit par relocalisation complète d’activités ou de bâtiments quand le risque devient critique.

Dans certains cas, il pourrait être procédé à la suppression et à la démolition des installations ou à l’évacuation des populations.

La stratégie régionale (SRGBC) insiste sur la prévention, la culture du risque, le développement de la connaissance, et la concertation locale pour adapter chaque action aux spécificités des territoires.

Depuis 2012, plus de 45 communes sont engagées dans des stratégies locales de gestion de la bande côtière : diagnostics, plans d’actions, financements dédiés pour les opérations de relocalisation et d’adaptation.

Bien que l’état des plages du littoral aquitain ne soit pas alarmant aujourd’hui, les pouvoirs publics encouragent un repli stratégique anticipé et maîtrisé, tout en adaptant les mesures de protection là où elles restent pertinentes, afin de réduire la vulnérabilité à moyen et long terme.

Où trouve-t-on les plus belles bastides dans le Sud-Ouest ?

Où trouve-t-on les plus belles bastides dans le Sud-Ouest ?


Pas moins de 400 bastides agrémentent les paysages du Sud-Ouest. Elles forment un patrimoine architectural et historique unique en Europe.

Bastide de Domme en Dordogne
La bastide de Domme, en Dordogne – Crédit photo : Ghezoart – CC BY-SA 3.0

Qu’est-ce qu’une bastide, au juste ?

Le mot « bastide » est tiré du latin médiéval « bastida », que l’on peut interpréter comme « ville neuve ». Pour l’historien Alcide Curie-Seimbres (1815-1885), « les bastides furent toutes fondées a novo, d’un seul jet, à une date précise, sur un plan préconçu, généralement uniforme, et cela dans la période d’une centaine d’années (1250-1350). » Construites entre la fin de la croisade des Albigeois et le début de la guerre de Cent Ans, ces petites villes répondent à des critères précis :

  • Un plan urbain régulier, souvent en damier ou en grille, avec des rues se coupant à angle droit. Ce plan facilitait la défense et l’organisation de la ville.
  • Une place centrale carrée ou rectangulaire, entourée d’arcades (cornières). La place servait de lieu de marché, de rassemblement et de centre administratif.
  • Une charte municipale permettant aux habitants de s’administrer. Des privilèges et des exemptions fiscales s’appliquaient aux nouveaux habitants pour les attirer. La charte définissait également les droits et les devoirs de la population.
  • Des fortifications dans la plupart des cas. Les portes d’entrée étaient surveillées.
  • Une église et parfois un château ou une maison forte étaient construits à proximité de la place centrale, symbolisant le pouvoir religieux et seigneurial.

Les bastides ont été fondées par des autorités féodales, parfois par le roi de France ou d’Angleterre, dans le contexte des guerres et des conflits territoriaux de l’époque. Elles répondaient à plusieurs préoccupations :

Affirmer le contrôle sur des zones disputées entre les Capétiens et les Plantagenêts.

Dynamiser les territoires et l’économie locale en développant des centres de commerce et d’artisanat.

Regrouper et protéger la population rurale. Celle-ci cultivait les terres environnantes, contribuant à l’autosuffisance alimentaire de la communauté.

Quelques bastides remarquables, parmi tant d’autres

Les bastides sont des témoins précieux de l’architecture médiévale et de l’urbanisme du Moyen Âge. Elles offrent un aperçu des techniques de construction et des modes de vie de l’époque.

Ces petites villes fortifiées attirent de nombreux visiteurs intéressés par l’histoire et l’architecture et représentent souvent des étapes incontournables des circuits touristiques dans le Sud-Ouest de la France.

Parmi les bastides les plus célèbres de la région, nous pouvons citer :

Monpazier (Dordogne) : Considérée comme le « modèle théorisé des bastides » selon l’architecte Viollet-le-Duc, elle est l’une des mieux conservées du Sud-Ouest.

Domme (Dordogne) : Établie en 1281, cette bastide est remarquable pour sa forme atypique qui s’adapte à la topographie du site plutôt que de suivre le plan rectangulaire habituel. La vue qu’elle offre de la vallée de la Dordogne est impressionnante.

Monflanquin (Lot-et-Garonne) : Bâtie en 1252, la bastide est connue pour sa place aux arcades et la Maison dite du Prince Noir. Classée parmi les plus beaux villages de France, elle offre une silhouette pittoresque sur une colline, avec une vue panoramique sur les paysages environnants.

Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) : Fondée en 1253 par Alphonse de Poitiers, Villeneuve-sur-Lot est une bastide bien préservée avec son plan en damier et ses fortifications.

Villeréal (Lot-et-Garonne) : Avec ses belles maisons à pans de bois, ses rues en damier joliment fleuries et sa halle centrale classée, cette bastide est particulièrement photogénique.

La halle à étage de Villeréal - Crédit photo : Comité départemental du Lot-et-Garonne
La halle à étage de Villeréal – Crédit photo : Comité départemental du Lot-et-Garonne

Cadillac (Gironde) : La cité a conservé son plan régulier et deux portes de son enceinte fortifiée.

Sauvette-de-Guyenne (Gironde) : Elle est la seule des huit bastides girondines à avoir conservé ses quatre portes fortifiées d’origine. La porte Saubotte, la mieux conservée, mesure 17 mètres de haut et possède deux salles de garde.

Quelles sont les spécialités culinaires du Bassin d’Arcachon ?

Quelles sont les spécialités culinaires du Bassin d’Arcachon ?


En plus d’offrir un environnement privilégié, le Bassin d’Arcachon profite d’une gamme de spécialités et de produits locaux qui savent mettre l’eau à la bouche. Petit aperçu (non exhaustif).

L’activité ostréicole reste un pilier de l’économie du Bassin – Crédit photo : srg_mro – Flickr

Les huîtres

Franchement, que serait le Bassin sans ses cabanes et son activité ostréicole ? Aujourd’hui, plus de 300 exploitations assurent la réputation de la célèbre huître, dont la production s’étend sur 700 hectares de parcs en mer.

Appréciée des gourmets, elle se déguste plutôt de septembre à avril, même si rien n’interdit de la consommer toute l’année. On l’apprécie avec un filet de citron, une petite sauce à l’échalote et, surtout, accompagnée d’un bon verre de vin blanc sec de l’Entre-Deux-Mers ou d’une bière locale, par exemple la Mira Rhéa (Baies de Sansho), aux légères notes d’agrumes.

Les poissons

Si les bateaux de pêche contribuent (un peu) à la carte postale du Bassin d’Arcachon, ils prouvent surtout que l’activité demeure importante, grâce à la prise quotidienne de dorades, bars, soles, maigres, grisets ou encore mulets, sans même parler des calamars et des seiches. La criée d’Arcachon, qui écoule chaque année 2000 tonnes de poissons frais, attire les commerçants et les restaurateurs dès le petit matin.

Bref, le poisson frais reste un produit incontournable du Bassin, que l’on déguste au restaurant, en se rendant chez son poissonnier ou au marché.

Le caviar d’Aquitaine

Il semble révolu le temps où le caviar de la mer Caspienne inondait les épiceries fines du monde entier. Aujourd’hui, l’Italie, la Chine et la France figurent parmi les premiers pays producteurs, notamment grâce à l’essor des élevages d’esturgeons, qui assurent 90 % de la production mondiale.

En France, c’est du côté de la Nouvelle Aquitaine qu’il faut se tourner pour trouver les précieuses perles noires, notamment sur le Bassin d’Arcachon. Au Teich, Le Caviar Perlita tire sa réputation de sa ferme, impliquée dans toutes les étapes, de l’écloserie jusqu’à la transformation.

À toute proximité, le Moulin de la Cassadotte, situé à Biganos, se déploie sur 12 hectares entièrement dédiés à l’esturgeon.

Le foie gras

Oui, on produit aussi du foie gras sur le Bassin et c’est à Gujan-Mestras que cela se passe. La Conserverie du Bassin prépare ses recettes à partir de foies entiers mi-cuits que lui livrent les producteurs landais, dans le respect du cahier des charges de l’IGP. A la fleur de sel, au piment d’Espelette, à l’Armagnac ou encore au poivre long, la gamme se veut variée et gourmande.

L’établissement propose également des terrines préparées avec des poivrons ou des pruneaux ou des gésiers. Et one parle pas des tartinables, à l’image du crémeux de cèpes au parmesan.

Les Dunes blanches

Souvent associées à la ville de Cap Ferret, les Dunes blanches sont composées de choux caramélisés fourrés de crème pâtissière légère. On les doit au pâtissier Pascal Lucas, qui les a élaborées en s’inspirant des dunes de sable blanc du littoral girondin.

La combinaison de la texture croustillante du chou caramélisé et de la douceur de la crème pâtissière en fait une gourmandise très appréciée, pour ne pas dire addictive.

Crédit photo : Dunes Blanches

Les eaux Abatilles

C’est en 1922 que la source des Abatilles, à Arcachon, est découverte alors que la Société des Hydrocarbures procède à un forage de prospection. Pas de pétrole à l’arrivée, mais une source d’eau chaude puisée à 465 mètres de profondeur. Un établissement thermal est créé trois ans plus tard et contribue à la réputation d’Arcachon.

L’eau des Abatilles, reconnue pour ses vertus thérapeutiques, notamment sur l’arthrose et les calculs urinaires, est alors vendue dans les pharmacies.

Depuis les années 1960, on la trouve dans le commerce, repérable entre mille grâce à l’allure distinguée de sa bouteille dite bordelaise.

Gascogne

Quelles sont au juste les limites géographiques du Sud-Ouest ?

Quelles sont au juste les limites géographiques du Sud-Ouest ?


Si les départements et régions dépendent d’un découpage officiel, le Sud-Ouest reste assez flou sur ses contours.

paysage de gascogne
Vignobles et paysages au cœur de la Gascogne – Crédit photo : Interprofession des Vins du Sud-Ouest – CC BY-SA 4.0

En bas à gauche

On serait tenté, de prime abord, de procéder à un découpage à la hache, consistant à tracer une ligne verticale et une ligne horizontale qui se croiseraient au centre du pays. On obtiendrait alors quatre quarts, dont le quart Sud-Ouest.

Si elle a le mérite de la simplicité, cette méthode laisse quand même planer quelques doutes sur l’intégration de quelques départements. Qui pourrait considérer que la Creuse ou le Sud des Deux-Sèvres appartient bien au Sud-Ouest ?

De fait, le Sud-Ouest de la France ne répond à aucune délimitation juridique ou officielle. Pour Wikipédia, « le Sud-Ouest en France ou Sud-Ouest couvre un ensemble de territoires délimité dans trois directions par les frontières de la France. L’ensemble comprend des départements français situés entre :

  • l’océan atlantique (golfe de Gascogne) à l’ouest,
  • la frontière entre l’Espagne et la France au sud, de l’Atlantique à la Méditerranée,
  • la mer Méditerranée (ou le fleuve Rhône) au sud-est,
  • le seuil du Poitou au nord. »

Pendant longtemps, on a pu considérer que le Sud-Ouest épousait peu ou prou les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Néanmoins, le nouveau découpage officiel, entré en vigueur le 31 décembre 2015, a quelque peu rebattu les cartes. L’Aquitaine s’est considérablement étendue au Nord en absorbant le Poitou-Charentes et la région Midi-Pyrénées a fusionné avec le Languedoc-Roussillon pour donner naissance à l’Occitanie.

Un rapide coup d’œil à la carte permet de se convaincre que le territoire apparaît beaucoup trop vaste pour représenter raisonnablement le Sud-Ouest.

C’est comme on veut, en fait

Dès lors que l’on s’affranchit de toute frontière juridique, le vrai Sud-Ouest est finalement celui qui nous correspond le mieux. Interrogé par Thierry Magnol sur l’identité du Sud-Ouest, le géographe Frédéric Hoffmann répond qu’un « espace géographique est une chose, un sentiment d’appartenance en est une autre. La région sud-ouest peut aussi se définir par son bassin versant [bassin Adour-Garonne] » (Sud-Ouest, 28/01/2018).

Sur le site de questions/réponses Quora, un internaute estime que la frontière Nord du Sud-Ouest se dessine juste après le pont d’Aquitaine, qui enjambe la Garonne à Bordeaux. D’autres considèrent que la Charente-Maritime peut tout à fait entrer dans le périmètre.

Sur son site Clair et Lipide, le blogueur Sylvain s’appuie sur différents critères pour tenter de délimiter le territoire, dont celui du rugby : « une ligne qui va grosso modo de La Rochelle à Béziers. Je parle évidemment de la pratique culturelle du rugby et de l’implantation des clubs. » Il peut aussi s’agit du critère géographique : « prenons l’Atlantique d’une part, la Garonne de l’autre, et enfin les Pyrénées. L’intersection de ces 3 éléments…c’est la Vasconie, l’ensemble formé par le Pays basque et la Gascogne. »

Finalement, ce sont peut-être les aspects culturels qui définissent le mieux le Sud-Ouest. La gastronomie pourrait être l’un deux, à travers la multitude de produits et plats que propose cette terre gourmande. On pense inévitablement au foie gras, mais aussi au cassoulet, à la palombe, à la tomate de Marmande ou encore à la garbure.

Le Sud-Ouest fait aussi penser à ses vignobles, trop nombreux et divers pour être cités sur quelques lignes.

L’esprit de la fête, à grand renfort de bodegas et de bandas, semble tout à fait correspondre à l’image que le territoire peut renvoyer dans le reste du pays.

Bref, les exemples, critères ou symboles ne manquent pas pour imaginer son Sud-Ouest idéal. Celui de FranceSudOuest réunirait tous les départements de l’ex-Aquitaine, auxquels viendraient s’ajouter le Gers, le Tarn-et-Garonne, le Lot, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne.

Château de Fénelon

Combien y a-t-il de châteaux en Dordogne ?

Combien y a-t-il de châteaux en Dordogne ?


Surnommée « le Pays des 1001 châteaux », la Dordogne abrite un patrimoine impressionnant. Essayons de faire le compte.

Le magnifique château de Château-l’Évêque, ouvert à la visite – Crédit photo : Père Igor – CC BY-SA 3.0

L’influence des guerres

Le Périgord, ancré dans la longue histoire de France, s’est enrichi au fil des siècles d’un paysage de monuments. Le département profite d’ailleurs de cet héritage unique pour attirer chaque année de très nombreux touristes venus du monde entier.

La construction des châteaux a été initiée dès le début du Moyen-Âge, lors des tensions entre le duché d’Aquitaine et le royaume de France. Elles forment les prémices de la guerre de Cent Ans, qui oppose Anglais et Français à travers les dynasties des Plantagenêt et des Valois.

Les terres périgourdines représentent le cœur des batailles, justifiant l’édifice de châteaux fortifiés pour protéger les populations et asseoir les positions. La rivière Dordogne forme une frontière naturelle entre le royaume de France et les territoires anglais, plus au sud.

Les rois, soucieux de remporter la guerre et de reconquérir l’Aquitaine, accordent aux seigneurs locaux le droit de construire leurs fortifications, à la condition que ces derniers prêtent allégeance à la couronne de France. Le conflit guerrier motive la décision de la royauté, car, en temps normal, la construction de forteresses représente une menace directe en cas de velléité d’indépendance de l’aristocratie périgourdine.

Tout au long des décennies, de magnifiques et imposants châteaux forts sortent de terre, parmi lesquels les célèbres châteaux de Castelnaud et de Commarque.

Bien sûr, la fin de la guerre de Cent Ans ne marque pas la fin des constructions. L’architecture des châteaux épouse le style de l’époque. Certains monuments adoptent ainsi le style Renaissance ou Classique, moins massif et plus harmonieux que celui ayant prévalu pendant la période médiévale.  

On continue d’édifier des bâtisses jusqu’au 19e siècle, à l’image du magnifique château de la Valouze à la Roche-Chalais.

Un comptage forcément approximatif

La notion même de château peut poser problème, car les manoirs, maisons fortes ou demeures nobles ne sont pas considérés comme tel dès lors qu’ils n’ont jamais hébergé de seigneurs.

Néanmoins, le site Châteaux de France a effectué un recensement exhaustif, incluant les châteaux forts, forteresses, manoirs, vestiges de châteaux et ruines importantes.

Sa conclusion est la suivante : 661 châteaux, 67 châteaux forts et 339 manoirs.

De fait, la Dordogne est le département le plus richement doté de France. Il regroupe près de 11 % des châteaux édifiés dans le pays. Certains sont classés Monuments historiques ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Bon nombre de ces demeures appartiennent à des propriétaires privés. Leur état est variable, selon l’ancienneté ou la rigueur des chantiers de rénovation. Des châteaux ont changé de finalité, à l’instar du château d’Embellie, devenu une grande ferme, ou du château de la Barde, qui accueille des jeunes filles handicapées.

La grande majorité reste fermée au public, mais ceux destinés aux visiteurs attirent chaque année une foule importante, avide d’histoire et de sensations. Si les châteaux de Castelnaud, de Biron ou de Beynac peuvent être considérés comme des super stars, d’autres bâtisses méritent le coup d’œil.

Ainsi, le château de Fénelon, à Sainte-Mondane, impressionne par son architecture et son emplacement en hauteur. Bâti au 12e siècle, classé aux MH en 1962, il promet une visite instructive.

Le château de Beauvais, à Lussas-et-Nontronneau, semble tout droit sorti d’un film de Walt Disney. Construit de 1533 à la fin du 16esiècle, il épouse le style d’architecture archaïsante du Périgord Vert.

Enfin, le château Château-l’Évêque (ou château Vincent) ne peut laisser indifférents ses visiteurs, s’agissant notamment de sa façade nord, qui impose le respect. Le monument a été construit au début du 14e siècle, sous l’impulsion d’un évêque.

Vignoble Saint-Emilion

De quand date le vignoble bordelais ?

De quand date le vignoble bordelais ?


Réputé dans le monde entier, le vin de Bordeaux peut s’enorgueillir d’une histoire deux fois millénaire, aux multiples soubresauts.

Parcelles de vignes à Saint-Emilion – Crédit photo : El Primer Paso Blog – Flickr

La contribution des Romains

Au tout début, il n’y avait rien. Pas un seul pied de vigne. Avant l’invasion romaine (58 – 52 av. J.-C.), les Gaulois d’Aquitaine se consacrent surtout à la production de blé. Le vin reste méconnu, à la différence de la cervoise, obtenue à partir d’orge.

Sur les rives de la Garonne s’est installée la tribu gauloise d’origine celtique des Bituriges Vivisques, fondateurs de Burdigala (Bordeaux). A l’instar des autres tribus, elle doit se soumettre au général Crassus, qui conquiert Burdigala et sa région en 56 av. J.-C.

Passée l’humiliation de la défaite, la présence romaine apporte de nombreuses transformations en Aquitaine. Les habitants découvrent notamment le vin, importé de Pompéi, d’Espagne ou du Narbonnais. La boisson est appréciée, mais reste chère, soumise à des droits élevés.

L’existence des Bituriges Vivisques dépend essentiellement du commerce de l’étain venu d’Armorique et de Bretagne. Après la conquête romaine de la Bretagne, les Gaulois aquitains doivent trouver une nouvelle activité et s’intéressent à un nouveau cépage importé par les Romains, le Biturica, résistant au froid.

De fait, les Bituriges se convertissent à la plantation de vignobles de 40 à 60 après J.-C. Lors de son passage dans le Bordelais en 71, Pline l’Ancien, écrivain et naturaliste romain, témoigne de la présence de vignes autour de Burdigala.

Il est vrai que la région offre un sol adapté et un climat propice aux raisins. Au fil des décennies, le vignoble s’étend, l’expérience s’affine, le commerce se développe et l’histoire du vin de Bordeaux s’écrit. apparaît beaucoup trop vaste pour représenter raisonnablement le Sud-Ouest.

La vigne n’est pas un long fleuve tranquille

Si la présence romaine a permis de transformer Bordeaux en place incontournable du négoce, les premières invasions barbares, dès la fin du IIIe siècle, déstabilisent la production viticole. Il en sera ainsi jusqu’à l’an Mil.

Le Moyen-Âge se révèle autrement plus favorable. D’abord, l’expansion du christianisme s’accompagne d’une demande croissante de vin, essentiel au culte. Ensuite, le défrichement de nouvelles terres permet la plantation de nouveaux vignobles. Enfin, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et de Henri II Plantagenêt en 1154 fait basculer l’Aquitaine sous l’autorité anglaise. Il permet aussi de développer la distribution de vin vers la Grande-Bretagne. Pendant trois siècles, les Bordelais profitent d’avantages fiscaux, les autorisant à construire un commerce solide. Le port de la ville tourne à plein.

Les guerres menées par les rois de France contrarient certes les exportations, mais n’empêchent pas la vigueur viticole. D’autant plus que la qualité du vin ne cesse de s’améliorer et la réputation de Bordeaux de s’amplifier. Au 17e, les Hollandais deviennent d’importants consommateurs. Un siècle plus tard, le commerce explose grâce au trafic colonial et aux îles d’Amérique (Saint-Domingue et les petites Antilles).

Rien ne semble arrêter la prospérité des producteurs et marchands bordelais. Pourtant, en 1853, la maladie de l’oïdium contamine le vignoble français et dévaste les deux tiers de la récolte. Les vignes touchées sont arrachées, la production dégringole. Le remède, à base de vaporisation de soufre, n’est trouvé que quatre ans plus tard.

Quelques années plus tard, la crise du phylloxéra ravage une nouvelle fois les vignes du pays. Le Bordelais est touché en 1866. Malgré les efforts déployés pour endiguer la propagation du puceron, les viticulteurs se résolvent à arracher l’intégralité de leurs pieds de vigne, progressivement remplacés par des plants américains, plus résistants. Ils servent de porte-greffe pour recevoir des greffons français afin de pérenniser les cépages autochtones.

Il faut quasiment attendre le début du 20e siècle pour que le Bordelais se couvre à nouveau de vignobles en pleine santé. Dorénavant plantés en rangs alignés et non plus en ordre dispersé, ils facilitent le passage de chevaux de trait et l’aération du sol.

pruneaux d'Agen

Mais quelle est donc l’origine du pruneau d’Agen ?

Mais quelle est donc l’origine du pruneau d’Agen ?


Réputé pour son goût, ses fibres et vitamines, le pruneau d’Agen est né à l’abbaye de Clairac au 12e siècle. Mais le pruneau était déjà consommé depuis des siècles.

Crédit photo : Bureau national Interprofessionnel du Pruneau

Une très longue histoire

Le pruneau doit certainement son apparition à la route de la soie, reliant la Chine à la Rome antique. Elle a en effet permis au prunier de s’établir sur le pourtour méditerranéen et de s’y développer.

La technique consistant à transformer la prune en pruneau ne revient pas aux habitant du pays d’Agen. Dès l’Antiquité, on procède en effet au séchage du fruit en l’exposant au soleil. Les médecins grecs, romains et arabes recommandent ses vertus diététiques et nutritionnelles.

Ce n’est pas non plus à Agen que les premiers pruniers sont plantés, mais dans la province romaine dite de « La Narbonnaise ». Les Romains introduisent en Gaule plusieurs variétés de prunes, dont la prune Maurine (ou de Saint-Antonin), qui se transforme en petit pruneau très noire.

Il faut attendre le 12e siècle pour que le pruneau d’Agen fasse enfin son apparition. Défaits lors de leur 3e croisade, les Templiers rapportent en France des plants de pruniers de Damas. Les moines-soldats font à ce titre l’objet de nombreuses critiques, beaucoup estimant qu’ils se sont rendus en Orient « pour des prunes », c’est-à-dire pour rien. L’expression est restée !

Les moines bénédictins de l’abbaye de Clairac (à quelques dizaines de kilomètres d’Agen) tirent néanmoins avantage de la situation et plantent quelques pruniers de Damas. Ils ont surtout la bonne idée de greffer les pruniers locaux avec ceux ramenés de Syrie, donnant ainsi naissance à une nouvelle variété de fruit, la prune d’Ente.

La particularité du pruneau d’Agen

Dotée d’une robe bleu mauve, la prune d’Ente s’adapte bien au climat du Sud-Ouest.

Le séchage s’organise en deux étapes. La première consiste à installer les prunes sur un tapis de paille pour profiter du soleil. Les religieux font ensuite preuve d’innovation en répartissant les fruits sur des claies en bois de peuplier qu’ils introduisent dans un four à pain, chauffé à douce chaleur.

L’opération permet d’obtenir un pruneau de belle taille, parfaitement séché, aux saveurs fines et plaisantes. C’est le début d’une grande aventure commerciale.

Récoltés dans la région de Villeneuve-sur-Lot, les pruneaux sont transportés en gabarre du port d’Agen jusqu’à celui de Bordeaux avant d’être chargés à bord de voiliers commerciaux. Les fruits étant enregistrés d’après le nom du port d’embarquement d’origine, on les identifie sous la dénomination de « pruneaux d’Agen », marquée sur chaque baril.

Dès le 17e siècle, les marins apprécient particulièrement le produit. Facile à conserver, goûteux, il représente un remède efficace contre le scorbut.

Sa commercialisation s’internationalise. On apprécie le pruneau d’Agen en Angleterre, aux Pays-Bas, en Afrique du Sud et dans le Nouveau Monde.

Un siècle plus tard, la production de prunes d’Ente se diffuse plus largement, sur les terres argilocalcaires entre la Garonne et le Lot. En 1894, on ne compte pas moins de cinq millions de pruniers dans le Lot-et-Garonne.

séchage des prunes d'ente
Séchages des prunes d’Ente au début du 20e siècle – Crédit photo : BIP

La priorité est de répondre à la forte demande de nombreux pays, qui découvrent la petite pépite noire grâce à la Royale et à la marine marchande française.

Les techniques de séchage évoluent. En 1955, les producteurs ont recours à la technique du tunnel, d’abord chauffé au bois puis au fioul, avant d’adopter le gaz propane.

Aujourd’hui, 1140 exploitations s’impliquent dans la production du pruneau d’Agen, répartie sur les 12735 hectares de la zone IGP. Avec plus de 40 000 tonnes produites chaque année, ils contribuent à pérenniser un fruit réputé et un savoir-faire séculaire.

échassiers landais

Pourquoi les bergers landais utilisaient-ils des échasses ?

Pourquoi les bergers landais utilisaient-ils des échasses ?


C’est toujours l’image d’Épinal des Landes : un berger dressé sur ses échasses, revêtu d’une peau de mouton, auprès de son troupeau. Si les échassiers ont disparu au 19e siècle, le folklore permet de ne pas oublier la culture pastorale landaise, un peu particulière.

Crédit photo : Félix Arnaudin (1844 – 1921)

Une origine incertaine

La documentation historique s’avère insuffisante pour dater avec précision l’apparition des échasses dans les Landes et expliquer leur provenance, si provenance il y a.

Certaines sources pointent vers les Flandres, où les échasses étaient utilisées dès le 12e siècle. Elles auraient été importées par des voyageurs puis progressivement adaptées, car les Flamands les tenaient par les mains, sans fixation au-dessous du genou.

On retrouve même la présence des échasses à des temps encore plus lointains. En Grèce antique, elles servaient aux danses rituelles et aux rites initiatiques. Pour leur part, les Romains y avaient recours lors des représentations théâtrales.

Plus globalement, les échasses ont été adoptées par de très nombreux pays, du Sri Lanka (chez les pêcheurs) au Togo (lors des évènements festifs).

En France, il faut attendre le début du 18e siècle pour voir apparaître les premières mentions des échassiers landais dans la littérature, dont l’ouvrage « Mémoire sur la généralité de Guyenne », rédigé par l’intendant de Bordeaux en 1714.

En 1726, un certain G. Mamier constate « des vachers qui gardent les bestiaux, montés sur des échasses de 3 ou 4 pieds de haut. » Cinquante ans plus tard, le comte de Guibert, de l’Académie française, remarque leur utilisation dans la région de Dax.

Des échasses, mais pour quoi faire ?

Avant leur transformation radicale, décidée par l’empereur Napoléon III, les Landes de Gascogne se composent de grandes étendues d’herbes, de broussailles et de hautes brandes. Le sol est pauvre, sableux, peu propice aux cultures. En revanche, le territoire se révèle particulièrement adapté à l’élevage des moutons et des chèvres.

C’est dans cet environnement que les échasses montrent toute leur efficacité. Juché de 3 à 5 pieds au-dessus du sol, le berger peut surveiller plus facilement son troupeau, généralement constitué de 100 à 150 têtes. Le loup n’est jamais loin.

L’homme peut également se déplacer rapidement malgré la difficulté des sols, éviter les piqûres d’ajoncs, omniprésents, et protéger ses pieds des terrains humides et de la boue. Contrairement à une croyance bien ancrée, les échasses ne servent pas à traverser les marécages (au risque de s’enfoncer), mais plutôt à les repérer afin de les éviter.

bergers landais sur leurs échasses
Les bergers landais vu par le peintre Jean-Louis Gintrac (1808-1886)

Les échasses sont constituées de deux pièces. C’est d’abord « l’escaça », qui signifie « jambe » en gascon, dont la longueur varie entre 90 cm et 1,20 m, et ensuite le « paousse pé » (ou « repose pied »). Elles sont fixées autour de la jambe, juste sous le genou, par une lanière en cuir, bien serrée. Enfin, les embouts sont renforcés de clous.

Le berger peut ainsi profiter de ses mains libres pour vaquer à différentes activités ou tenir son long bâton, sur lequel il s’appuie pour surveiller le troupeau.

Le berger, cet être solitaire

Le géographe Louis Papy apporte quelques précisions sur le berger landais dans son texte « L’ancienne vie pastorale dans la Grande Lande », publié en 1947 dans la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest : « Le pâtre de la Grande Lande est spécialisé dans l’élevage des moutons. Un propriétaire l’a engagé pour un an. Il a la charge de faire paître et de soigner son troupeau. Sa rétribution comportera quelque argent, quelques boisseaux de seigle et de millet, quelques cents de sardines, du sel, une toison. »

Tout au long du 18e siècle, la lande accueillera ce personnage devenu emblématique. Vêtu d’une prisse faite de peau de mouton et d’un béret de laine vissé sur la tête, il parcourt de vastes territoires, accompagné d’un ou deux chiens.

La population locale le considère un peu comme un sorcier, du fait de sa solitude au cœur d’une nature parfois hostile. L’homme vit chichement. Ses repas frugaux se composent de bouillies, de lard, de sardines, de pain frotté d’ail. Il les agrémente parfois du fruit de la chasse.

Lorsque la journée est paisible, ses activités consistent à filer la laine de ses bêtes ou à jouer de petits airs de musique à l’aide de sa tchalemine, une sorte de hautbois rudimentaire.

Ses périples lointains l’amènent de temps en temps à croiser d’autres bergers, avec qui il partage l’oustalet, une petite maison située au milieu de nulle part dans le cœur de la grande lande. Les foires et les fêtes représentent les seules opportunités d’échanges avec les habitants des villages environnants.

Le berger est un nomade, loin de toute vie sociale, parfait connaisseur de son environnement infini.

Une disparition inéluctable

Sous le Second Empire, l’ingénieur Chambrelent s’attaque à l’infertilité des sols de la grande lande. Il observe que l’imperméabilité du sous-sol, née de l’agglutination du sable par les sucs végétaux, rend les eaux de pluie stagnantes l’hiver. La sécheresse estivale contribue également à appauvrir le sol.

Après avoir réglé le problème du drainage, grâce au creusement de petits fossés de 50 cm de profondeur, Chambrelent réalise que la culture de céréales s’avère quasi impossible. Il faudrait pour cela ajouter au sol sableux un mélange d’argile et de calcaire.

En revanche, la culture de pins maritimes peut tout à fait être envisagée pour l’assainissement des sols. En cinq ans, plus de 20 000 hectares sont transformés et ce n’est qu’un début.
Le succès de l’opération incite l’Empereur Napoléon III à généraliser la plantation de forêts de pins à partir de 1857.

forêt landaise
Les forêts de pins maritimes ont mis fin à la vie du berger – Crédit photo : By Maarten Sepp, CC BY-SA 3.0

Le bouleversement de la nature landaise marque la fin du pastoralisme. Le métier de berger ou de paysan disparaît au profit de celui de gemmeur ou d’exploitant de forêts. Les échasses ne se justifient plus et finissent par prendre la poussière dans les appentis. La sylviculture s’impose de manière écrasante en quelques décennies.

Le folklore pour ne pas oublier

Le berger landais juché sur ses échasses aura finalement vécu moins d’un siècle. Il a néanmoins marqué la culture landaise, peut-être grâce à l’originalité de son apparence.

Aujourd’hui, de nombreux groupes folkloriques contribuent à la réputation des échassiers. Ils perpétuent une tradition lancée au 19e siècle, consistant à utiliser les échasses pour des danses, des jeux ou des défis sportifs lors des fêtes de village ou autres évènements.

Le premier groupe folklorique a vu le jour en 1889 à Arcachon, sous l’impulsion de Sylvain Dornon, rendu célèbre par son exploit consistant à gravir les deux premiers étages de la tour Eiffel perché sur ses échasses. La toute première danse exécutée sur des échasses fut «Lou Quadrilh dous Tchancats ».

Les compétitions sportives comprennent la course de vitesse, dont la distance peut varier de 400 mètres à 5 km ; les raids de longue distance, jusqu’à 100 km, ou encore le gymkhana, une course organisée lors de la feria de Dax sur un parcours semé d’épreuves.

Bordeaux Lac

Le lac de Bordeaux est-il naturel ?

Le lac de Bordeaux est-il naturel ?


Site incontournable du paysage urbain, le lac de Bordeaux est bien né de la main de l’homme, après quatre ans de chantier entre 1962 et 1966.

Bordeaux Lac
Comme la douce sensation d’être en vacances – Crédit photo: David McKelvey – Flickr

Les marais comme lieu de vie

Le nord de Bordeaux a été, pendant des siècles, occupé par de vastes marais. Au Moyen-Âge, ces espaces permettaient de nombreuses activités, au prix d’aménagements hydrauliques. Une zone accueillait ainsi une vigne, qui profitait du bourrelet alluvial, alors qu’une autre était transformée en pâture.

La bande marécageuse, appelée « la Palu de Bordeaux », restait très importante et s’étendait des remparts de la ville jusqu’à Parempuyre, en passant par Eysines, Bruges et Blanquefort. On la retrouve d’ailleurs en partie sur l’emplacement actuel de la réserve naturelle de Bruges.

À la fin du 16e siècle, le roi Henri IV décide de l’assèchement du marais de Bordeaux. On le considère comme un lieu hostile, dont les eaux stagnantes contribuent à propager les maladies, comme la peste. Pourtant, les terres de la Palu sont réputées pour leur fertilité, à la condition d’assurer un drainage permanent.

Le roi définit lui-même les plans d’assainissement et fait appel à Van Peule et Conrad Gaussens, deux Flamands expérimentés.

La construction des premières digues constitue le point de départ des travaux d’assèchement, qui se poursuivent jusqu’au 17e siècle.

Trois siècles plus tard, les marais couvrent une superficie de 3000 hectares, infestée de moustiques en été et inondée en hiver. C’est bien ce constat qui suscite la réflexion sur un ambitieux projet de construction, dès les années 1930.

Un lac pour remplacer une zone marécageuse

L’architecte Cyprien Alfred-Duprat est le premier à envisager la création d’un lac artificiel, qu’il relate dans son ouvrage « Bordeaux Visions d’avenir », publié en 1930. Séduit par le projet, le maire finit par y renoncer en raison des coûts trop élevés.

Il faut attendre l’année 1958 pour que la municipalité acquière 1000 hectares d’espaces inondables au nord de Bordeaux. La crue de 1952, exceptionnelle, a laissé de mauvais souvenirs.

Le souhait du maire Jacques Chaban-Delmas, également président de l’Assemblée nationale, est donc d’anticiper au mieux les débordements de la Garonne et d’urbaniser cette partie de la ville, composée de quelques dizaines de maisons.

Lauréat du concours, l’architecte Xavier Arsène-Henry se voit confier la mission de dessiner puis d’aménager la future zone de Bordeaux Lac.

Le chantier, initié en 1962, se prolonge jusqu’en 1966, au prix d’efforts soutenus et d’aléas nombreux. Le futur lac est creusé par dragage, nécessitant l’emploi d’une puis finalement de trois dragues. Des bulldozers délimitent les contours du lac en montant des digues de 3 mètres.

dragues ayant servi à creuser le lac de bordeaux
Les dragues Zazakelly et Lamproie sur le chantier du lac – Crédit photo: Bordeaux Aquitaine Marine

Les dragues doivent souvent s’arrêter du fait que leur pompe aspire en permanence la végétation des lieux (surtout composée de roseaux), qui finit par créer un bouchon.

Pendant l’hiver 1962, particulièrement froid, le responsable du dépôt, à bord de l’une des dragues, tombe à l’eau. Son corps n’est retrouvé qu’en avril 1963, à cause de l’épaisseur de la glace.

En 1963, les pompiers de Bordeaux sont chargés d’attraper les carpes du bassin de la place Gambetta puis de les transporter sur le site du lac. Quelques poissons ne supportent pas l’acidité de l’eau, mais la plupart survivent et s’adaptent, très contents de profiter d’un environnement moins exigu.

Le dragage se poursuit jusqu’en 1966. Au final, plus de 18 millions de m3 de sable et de graviers sont prélevés, permettant de surélever le site afin de ne plus subir la colère de la Garonne sur la rive gauche.

Étendu sur 160 hectares, le lac a profondément changé la physionomie du nord de Bordeaux. Sa création a représenté la première partie du vaste chantier, qui incluait aussi de nombreux aménagements.

Naissance de Bordeaux Lac

Si le joli lac de Bordeaux représente l’identité des lieux, il n’en constitue qu’un élément. Le projet de Xavier Arsène-Henry, très ambitieux, s’est nourri de diverses constructions, dont celle du parc des expositions. Édifié en 1969, il est considéré comme le plus grand hall de France, long de 861 mètres.

Sa construction visait à mieux accueillir la Foire internationale de Bordeaux, qui souffrait d’un emplacement trop restreint sur la place des Quinconces.

parc des expositions de bordeaux
L’impressionnant parc des expositions, devenu incontournable à Bordeaux – Crédit photo: CC BY-SA 3.0, A. Delesse (Prométhée)

Bordeaux Lac n’a cessé d’évoluer au fil des années et des décennies. Les premiers logements sortent de terre à la fin des années 1960, que vient agrémenter le parc floral sur une superficie de 33 hectares. Cet attrait des espaces verts se confirme en 1975, année d’inauguration du bois de Bordeaux, entièrement créé par l’homme sur 87 hectares.

Le casino théâtre Barrière est quant à lui construit en 2004. En plus des salles de jeux, il offre une salle de spectacle de 700 places. Le camping international ouvre ses portes en juin 2009, fort de 193 emplacements et résidences de loisirs.

Pour de nombreux Bordelais, Bordeaux Lac signifie le vaste centre commercial, au côté duquel se dresse l’enseigne Ikea.

Les dernières réalisations marquantes sont bien sûr le nouvel écoquartier Ginko et le stade Matmut-Atlantique.

Outre les nombreuses activités sportives que son environnement permet (aviron, golf, voile, cyclisme, course), le lac de Bordeaux profite d’une plage de sable blanc, propice à la baignade sitôt les beaux jours venus.

Les marais semblent bien loin.