Le Sud-Ouest est-il une terre de fromages ?

Le Sud-Ouest est-il une terre de fromages ?


Personne ne conteste la réputation gastronomique du sud de la Nouvelle-Aquitaine, entre foie gras, poulet basquaise, garbure, confit de canard ou caviar. Mais quelle est la place des fromages, en fait ?

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Point de laiteries en Gascogne ? – Crédit photo : Agnès Maillard – Unsplash.

Une production fromagère artisanale et confidentielle

Si la Normandie peut s’enorgueillir de ses célèbres fromages (Camembert, Livarot, Pont-l’Évêque, Neuchâtel), si l’Auvergne aime bomber le torse dès que l’on mentionne le Cantal, le Salers, la Fourme d’Ambert ou le Saint-Nectaire, si la Bourgogne-Franche-Comté suscite l’admiration grâce à son Comté, son Époisses, son Chaource ou son Morbier, la discrétion prévaut dès que l’on tourne le regard vers la Nouvelle-Aquitaine et plus précisément le Sud-Ouest.

C’est un fait. Mis à part l’Ossau-Iraty, seul (délicieux) produit détenteur d’une AOP, aucun fromage local ne s’invite dans la cour des grands. Bien sûr, l’on pourrait tricher gentiment en étirant le périmètre couvert par FranceSudOuest pour citer le Rocamadour ou le Roquefort.

Pourtant, il existe bien une variété de fromages dans le Sud-Ouest, mais essentiellement artisanaux et fermiers. Les ventes ne dépassent pas les marchés environnants ou les circuits de distribution restreints.  La Gascogne n’a jamais possédé de tradition forte de transformation fromagère qui s’inscrive dans la culture, l’économie locale et l’image de marque du territoire. De fait, la création d’une AOP s’en trouve entravée et la structuration d’une filière spécifique quasiment impossible.

En Gironde, l’activité viticole domine largement, captant terres et investissements au détriment de l’élevage laitier, essentiel pour une filière fromagère dynamique. Dans les Landes, la sylviculture et le maïs irrigué occupent aussi la majorité des surfaces. Le Lot-et-Garonne, quant à lui, s’oriente vers le maraîchage, les cultures légumières et fruitières, ce qui laisse peu de place à l’élevage laitier ou caprin.

Ce déficit fromager est donc multifactoriel : économie locale orientée autrement, traditions différentes, faiblesse du tissu d’élevage laitier… et une histoire agricole qui a privilégié d’autres productions bien plus lucratives dans ces trois départements.

Quelques perles rares quand même ?

Difficile de trouver en Gironde une appellation ou un produit de renommée nationale, à la différence des vins. Une recherche patiente des fermes et domaines permet de dénicher de petites productions, à l’instar de la ferme de Tartifume, située à Pessac, qui propose notamment sa tome affinée de Magonty, élaborée à partir du lait de l’exploitation.

À Gironde-sur-Dropt, la fromagerie Beauséjour s’est spécialisée dans la production de goudas. Ce choix n’est peut-être pas un hasard, au regard de l’origine néerlandaise du maître des lieux, Jan Spoorenberg. Ce dernier confectionne toute une gamme de goudas, à base de lait de vache et de brebis, selon différentes déclinaisons : piment d’Espelette, tomate, truffe, moutarde…

Dans le quartier des Chartrons, à Bordeaux, le fromager Pierre Rollet est le créateur du (presque) célèbre Bleu de Bordeaux, un fromage au lait cru à pâte persillée, macéré au moût de raisin puis affiné en cave pendant trois mois.  Le produit semble très apprécié des consommateurs, après des années d’élaboration de la part du fromager.

La recherche gourmande de pépites fromagères dans les Landes aboutit à un triste constat : nada. Il serait fâcheux toutefois de ne pas mentionner l’Amou, fabriqué dans le village de même nom, un fromage de brebis à pâte pressée non cuite, affiné huit mois en cave humide.

Même constat s’agissant du Lot-et-Garonne, surtout réputé pour ses légumes et ses fruits. Quelques producteurs se consacrent pourtant au frometon, à l’instar de Monique Valenti, installée à Virazeil, qui propose des briquettes au lait entier de chèvre. Pour sa part, Corinne Taret produit dans son exploitation de Bon-Encontre divers produits laitiers, dont la tomme de la Bosse, qu’elle vend à la ferme ou sur les marchés locaux.

L’Ossau-Iraty, la star des Pyrénées et du Sud-Ouest

C’est sur les terres basco-béarnaises qu’il faut aller chercher un regain de fierté. Doté de l’AOC depuis 1980 et de l’AOP depuis 1996, l’Ossau-Iraty est un délicieux fromage au lait cru, thermisé ou pasteurisé de brebis, doux et fruité.

Sa réputation s’assoit sur une longue tradition pastorale remontant au Néolithique. Les premiers bergers du Béarn et du Pays basque pratiquaient déjà la transhumance et fabriquaient du fromage de brebis il y a plus de 3 000 ans. Des vestiges d’outils de bergers dans les vallées d’Ossau attestent d’un savoir-faire ancien où l’élevage et la transformation du lait étaient au cœur du mode de vie local.

Un p’tit creux ? – Crédit photo : AOP Ossau-Iraty

Au fil des siècles, les méthodes de transformation ont peu évolué.  Le lait provient uniquement de trois races locales (Manech Tête Rousse, Manech Tête Noire ou Basco-Béarnaise).  Il est collecté pendant la période de lactation naturelle des brebis, généralement de décembre à juillet. Suivent les opérations essentielles à la conception d’un bon fromage, dans le strict respect du cahier des charges des deux labels : découpage, brassage, moulage, pressage et salage. La touche finale est apportée par l’affinage, qui prévoit un stockage en caves fraîches pour une durée oscillant entre 80 et 120 jours selon le format.  Un temps long pour retourner et brosser les délicieux produits et leur donner cette croûte grise ou dorée, reconnaissable entre mille.

Point d’usine ou de process industriel en pays d’Ossau. La filière se compose d’environ 1 500 éleveurs et producteurs, que viennent compléter près de 150 transformateurs. En 2024, le volume commercialisé s’est situé à près de 5 000 tonnes.

Cette organisation, qui privilégie le savoir-faire et les petites exploitations, permet de proposer aux consommateurs un fromage authentique, au subtil goût de noisette.

Même s’il reste peu vendu à l’international, l’Ossau-Iraty a su conquérir le palais des gourmets britanniques et américains. En 2011, les premiers l’ont classé « World’s Best Unpasteurised Cheese » et « « Best French Cheese » lors d’un concours. En 2018, le fromage basco-béarnais a été désigné « Meilleur Fromage du Monde » lors du World Championship Cheese Contest, organisé à Madison (Wisconsin).

D’autres fromages dignes de nom

Le massif pyrénéen représente décidément la locomotive de la production fromagère du Sud-Ouest. Certes moins réputée que l’Ossau-Iraty, la Tomme des Pyrénées peut quand même se vanter de son IGP, d’abord pour sa version pasteurisée au lait de vache (1996) puis pour ses laits crus ou traités thermiquement de vache et de chèvre (2020).

Il s’agit d’un fromage rustique, né au 10e siècle, fabriqué à l’origine dans les fermes et en haute montagne. Autrefois, cette tomme était faite à partir de lait de vache, de brebis, de chèvre ou de mélanges, chaque vallée produisant selon sa disponibilité et ses usages.

La technique consiste à presser le caillé dans des moules et à affiner le fromage en cave fraîche pendant plusieurs semaines à plusieurs mois.

La Tomme des Pyrénées propose une pâte souple et souvent fondante, mais qui se raffermit progressivement. Son goût varie bien sûr selon le lait utilisé, multipliant ainsi les petits plaisirs en bouche.

La Dordogne tire aussi son épingle du jeu, notamment grâce à son Cabécou, un petit fromage de chèvre au lait cru. Il est obtenu par coagulation lente du lait, moulage, salage, puis affinage en cave de 5 à 10 jours pour développer une croûte fine et une texture fondante. Sa pâte blanche, tendre et crémeuse exhale un arôme délicatement acidulé et caprin. La version protégée, « Cabécou du Périgord », est encadrée par une marque collective depuis 1992, garantissant le respect d’un cahier des charges strict.

Ce petit plaisir périgourdin se savoure froid sur du pain, ou chaud en salade, en feuilletés, avec du miel ou des noix. Il accompagne idéalement les vins blancs secs ou moelleux du vignoble local, assez dense.

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mystères en lot-et-garonne

Le Lot-et-Garonne, terre de mystères

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Le Lot-et-Garonne, terre de mystères


Châteaux médiévaux, constructions mégalithiques, forêts denses, ruines… Le patrimoine ancien du Lot-et-Garonne se prête fort bien aux mythes et mystères qui font parfois froid dans le dos.

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Châteaux hantés dans le Lot-et-Garonne
Dans le doute, on évitera une visite des châteaux du Lot-et-Garonne à la nuit tombée…

Le château de Bonaguil, sa Dame blanche et ses fantômes

Fièrement juché sur un éperon rocheux à toute proximité du village de Saint-Front-sur-Lémance, le château de Bonaguil fut érigé au XIIIe siècle puis transformé en forteresse par le puissant Bérenger de Roquefeuil deux siècles plus tard.

En 1761, Marguerite de Fumel rachète l’imposant monument et y apporte de nombreux aménagements, dont la construction de nouveaux appartements et la transformation des sept ponts-levis en ponts-dormants.

Elle s’éteint peu avant la Révolution française et n’assiste pas au saccage du château décidé par une loi de 1793. Les tours sont décapitées, le corps de logis détruit, les boiseries arrachées, le mobilier dispersé…

Est-ce cette désolation qui aurait poussé l’esprit de Marguerite de Fumel à venir hanter Bonaguil ? La légende raconte qu’à chaque mois de novembre, une Dame blanche erre dans les salles et couloirs obscurs du château. Ses pleurs précèdent souvent son apparition.

Château de Bonaguil
Crédit photo : Cwervaec – CC BY-SA 3.0

Le quotidien Sud-Ouest rappelle qu’il y a quelques années, une équipe de l’émission RIP (Recherches, Investigations, Paranormal) est venue mener son enquête. « Équipée de plusieurs moyens technologiques permettant d’entrer en communication avec de possibles fantômes, elle y a passé deux nuits et a rapporté des faits troublants : sensation de pression sur le corps, de brûlures, bruits étranges, chute de température brutale… »

On rapporte aussi la présence d’autres spectres, dont celui d’une nièce de Bérenger de Roquefeuil, qui aurait refusé d’épouser l’homme imposé par son oncle. Fou de colère, ce dernier l’aurait emmurée dans le donjon.

Enfin, le mystère de Bonaguil tient aussi en ses graffitis exécutés à la pointe sèche sur les murs internes de la grosse tour. Ils représentent notamment des portraits de femmes, la silhouette d’un fantôme et un carré Sator, considéré comme magique. Il contient le palindrome latin SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS et suscite diverses hypothèses parmi les savants, qui ont aussi retrouvé sa trace à Pompéi.

Las Naou Peyros, repère de sorcières

La jolie petite commune de Réaup-Lisse, située non loin de Nérac, abrite un cromlech, c’est-à-dire une enceinte mégalithique composée de monolithes agencés en cercle et délimitant une surface. Un tel site reste assez rare en Aquitaine, les cromlechs étant surtout présents dans les pays nordiques et les îles britanniques.

Celui de Réaup-Lisse, nommé Las Naou Peyros (Les neuf Pierres), mentionné depuis 1587, est connu comme ayant été un cimetière. De fait, les nombreuses fouilles organisées ont révélé des ossements humains (dont un squelette placé au centre de l’édifice), des fragments de silex et des restes de poteries.

Si les fouilles ont endommagé le site, elles n’ont pas altéré les nombreuses croyances et légendes qui l’entourent.  Peut-être sont-elles dues à l’atmosphère sonore particulière du lieu, où l’on entend paraît-il les pierres siffler dès que se lève le vent.  Ces mêmes pierres bougeraient d’elles-mêmes ou changeraient de place certaines nuits, renforçant l’idée qu’elles possèdent une puissance mystérieuse.

Crédit photo : Gatoreed

Ce sont d’ailleurs les pierres de Las Naou Peyros, comme d’autres sites mégalithiques, qui ont attiré les sorcières depuis des siècles. Aux solstices d’été et d’hiver, mais aussi aux nuits de pleine lune, elles se seraient réunies pour danser, invoquer les esprits et pratiquer des rituels mystérieux.

Les paysans, dit-on, n’osaient pas s’approcher la nuit de peur de voir surgir des flammes, des ombres ou d’entendre des chants étranges.

Selon certaines versions, les sorcières choisissaient les pierres comme point de passage entre le monde des vivants et celui de l’invisible, un portail sacré qui ne s’ouvrait que certaines nuits.

Une autre tradition laisse penser qu’un trésor fabuleux était caché. Personne ne sait vraiment ce qu’il contient (or antique, objets sacrés, offrandes des anciens peuples ?), mais il serait protégé par un serpent gigantesque, parfois comparé à un dragon.  Selon la tradition orale, quiconque tenterait de déterrer les pierres sans affronter la créature serait maudit, ou englouti par la terre qui se refermerait sur lui.

Le trésor du prieuré Saint-Sardos de Laurenque

Les spectres ou sorcières ne nourrissent pas toujours les légendes locales. Ainsi, le prieuré Saint-Sardos, situé dans le hameau de Laurenque non loin de Gavaudun, accueillit des religieuses dès le XIIe siècle. Celles-ci y restèrent jusqu’à la destruction du noble bâtiment par les protestants, en 1569, alors qu’éclataient les Guerres de religion.

Obligées de fuir, la mère supérieure et les religieuses auraient jeté dans le puits du prieuré le trésor du couvent afin qu’il ne soit pas volé. Les huguenots auraient ensuite tenté de le récupérer, mais un violent orage aurait subitement comblé le puits.

On raconte que, plus tard, des pièces d’or auraient été retrouvées à flanc de coteau dans les eaux de la source du Touron, et en aval dans la rivière la Lède, ce qui crédibiliserait la légende.

 prieuré Saint-Sardos de Laurenque
Crédit photo : MOSSOT — CC BY-SA 4.0

Depuis, chaque fois qu’on tente des fouilles ou des recherches à l’endroit supposé, un orage survient, empêchant les travaux. Mais quand le soleil revient, les eaux de la source s’illuminent et l’on voit des reflets d’or apporter une touche de magie au lieu.

La légende est toujours entretenue par les conteurs locaux, pour le plus grand plaisir des habitants de Gavaudun. Elle reflète l’attachement des habitants à leur patrimoine et à leur histoire, tout en entretenant une part de mystère qui fascine les visiteurs.

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livre "La Nouvelle-Aquitaine à l'écran"

La Nouvelle-Aquitaine à l’écran

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La Nouvelle-Aquitaine à l’écran (Tome II)


Pierre Beylot – Clémentine Collignon – Camille Gendrault – Presses Universitaires de Bordeaux – 280 pages – 25 €

Date de parution: Mars 2025

Pourquoi la Nouvelle-Aquitaine est-elle une région cinématographiquement attractive ? On le découvre dans ce volume en examinant les politiques engagées en faveur du cinéma, la cartographie des tournages, les types de territoires représentés et les circulations d’un territoire à l’autre.

Après un premier volume consacré aux imaginaires des territoires, cet ouvrage dresse un état des lieux inédit des politiques engagées en faveur du cinéma et analyse la cartographie des tournages en Nouvelle-Aquitaine. Il place ainsi son approche sous le signe des tropismes et des circulations : quels sont les sites qui captent l’installation de tournages ? Pourquoi sont-ils choisis ? Quelles représentations en sont-elles proposées, véhiculées, construites ? Avec quels lieux, proches ou lointains, les films mettent-ils en relation la Nouvelle-Aquitaine ? Suivant quelles trajectoires intra ou extra-régionales, voire extra-continentales, les films, séries et unitaires organisent-il l’espace

C’est à ces questions que cet ouvrage, qui rassemble les contributions d’universitaires (économistes, géographes, spécialistes de cinéma) et de professionnels, tels que le responsable du Bureau d’accueil des tournages de Dordogne et les réalisateurs Xabi Molia et Rodrigo Sorogoyen, tente de répondre.

Au-delà des chercheurs et des cinéphiles, il s’adresse à tout public désireux de découvrir sous quelles formes contrastées, et parfois inattendues, la Nouvelle-Aquitaine comme une terre de cinéma.

Le littoral aquitain est-il vraiment menacé par l’érosion ?

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Le littoral aquitain est-il vraiment menacé par l’érosion ?


Changement climatique, tempêtes sans cesse plus violentes, montée du niveau de la mer… Les côtes de Nouvelle-Aquitaine subissent de plein fouet l’érosion.

Les plages aquitaines sont-elles condamnées ? – Crédit photo : Valentin Wechsler

L’une des régions les plus concernées ?

Les études régionales ne prêtent guère à l’optimisme. Plus de 25% du linéaire côtier aquitain, soit environ 270 km, sont concernés par l’érosion, avec certains secteurs (Gironde, Landes) particulièrement touchés. Le recul moyen du trait de côte se situe actuellement à 2,5 m/an en Gironde et à 1,7 m/an dans les Landes, pouvant atteindre localement plus de 10 m/an lors d’événements extrêmes.

Entre l’estuaire de la Gironde et celui de l’Adour, la côte est constituée essentiellement de dunes et de plages sableuses, donc fragiles face aux tempêtes et aux courants.

Certaines zones apparaissent critiques, à l’instar de la pointe de la Négade, de Soulac-sur-Mer et d’autres communes littorales : Cap Ferret, Biscarrosse, Mimizan, Capbreton… En moyenne, le recul du trait de côte sableux pourrait atteindre 50 mètres d’ici 2050, en plus des reculs liés à d’éventuels événements tempétueux majeurs.

On le sait, le changement climatique accentue l’élévation du niveau de la mer, l’intensité des tempêtes et modifie le transit sédimentaire naturel, aggravant ainsi l’érosion. Les activités humaines, telles que l’urbanisation du littoral et l’installation de protections artificielles, déséquilibrent également les processus naturels de renouvellement du sable.

Les conséquences peuvent être importantes. Ainsi, des milliers de logements, équipements publics et infrastructures touristiques sont menacés à moyen et long terme. D’ici 2100, plus de 85 000 logements pourraient être impactés si aucune mesure n’est prise.

L’érosion entraîne également la déstabilisation des écosystèmes côtiers et le recul des dunes, sans même évoquer la pression exercée sur le tourisme.

Diverses stratégies à mettre en place

La région Nouvelle‑Aquitaine privilégie une combinaison de mesures de protection du littoral et de repli stratégique pour répondre à la menace. Ce sont d’abord des techniques de génie écologique, favorisant les solutions douces, telles que la restauration des milieux naturels côtiers (dunes, plages, cordons dunaires) et le renforcement de la végétation pour retenir les sables et limiter l’érosion.

Les autorités ont recours ensuite à la mise en place ponctuelle d’enrochements, épis, ou autres infrastructures défensives seulement là où leur impact environnemental reste limité.

La préservation des espaces littoraux s’impose aussi dans la lutte contre l’érosion. Il s’agit par exemple d’appliquer de manière stricte la Loi Littoral, d’interdire toute construction dans la bande des 100 mètres depuis le rivage hors zones déjà urbanisées, d’assurer une protection renforcée des espaces boisés et des sites remarquables.

Lorsqu’aucune solution pérenne ne peut être envisagée, l’alternative reste celle du repli stratégique, préférentiellement par le déplacement des biens exposés vers des zones moins vulnérables, soit via translation proche, soit par relocalisation complète d’activités ou de bâtiments quand le risque devient critique.

Dans certains cas, il pourrait être procédé à la suppression et à la démolition des installations ou à l’évacuation des populations.

La stratégie régionale (SRGBC) insiste sur la prévention, la culture du risque, le développement de la connaissance, et la concertation locale pour adapter chaque action aux spécificités des territoires.

Depuis 2012, plus de 45 communes sont engagées dans des stratégies locales de gestion de la bande côtière : diagnostics, plans d’actions, financements dédiés pour les opérations de relocalisation et d’adaptation.

Bien que l’état des plages du littoral aquitain ne soit pas alarmant aujourd’hui, les pouvoirs publics encouragent un repli stratégique anticipé et maîtrisé, tout en adaptant les mesures de protection là où elles restent pertinentes, afin de réduire la vulnérabilité à moyen et long terme.

Hendaye

Tourisme en Nouvelle-Aquitaine : un été jugé satisfaisant par les professionnels

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Tourisme en Nouvelle-Aquitaine : un été jugé satisfaisant par les professionnels


Les derniers embouteillages sur la route du retour ont marqué la fin de la saison dans le Sud-Ouest. Même si les données économiques doivent encore être affinées, la fréquentation s’est révélée plutôt encourageante.

plage d'Hendaye
Pas de problème de fréquentation touristique à Hendaye comme sur le littoral aquitain – Crédit photo : Thierry Llansades – Flickr

Un mois de juillet solide

En 2024, les acteurs du tourisme espéraient renouveler la saison exceptionnelle observée un an plus tôt. Si les chiffres n’avaient finalement pas atteint le niveau attendu, ils avaient considéré la période estivale comme satisfaisante.

Cette année, c’est donc avec plus de prudence qu’a été appréhendée la nouvelle saison. Les premières données se veulent rassurantes. Selon le site Ecomnews, spécialisé dans l’actualité économique du sud de la France, 59 % des professionnels se disent satisfaits de la fréquentation en juillet.

« La situation n’est pas catastrophique, mais nous connaissons une légère baisse de la fréquentation globale sur la région par rapport à juillet 2024 » constate Christelle Chassagne, présidente du Comité régional du tourisme de Nouvelle-Aquitaine, citée par Sud-Ouest (08/08/2025).

En matière d’hébergement, les gérants d’hôtels sont ceux qui affichent le plus large sourire (77 %), suivis des propriétaires de campings et de résidences de tourisme. Cette satisfaction est bien sûr plus marquée sur le littoral que dans les départements éloignés de l’océan.

Le moral se veut également bon parmi les gestionnaires des sites de visite, qui profitent toujours d’un patrimoine riche et varié dans le Sud-Ouest. La joie apparaît en revanche plus modérée parmi les acteurs des sports et loisirs, victimes d’une météo un peu capricieuse.

Si les touristes français ont répondu présent cette année encore, les professionnels ont également pu compter sur les Allemands, Néerlandais et Britanniques pour assurer leur chiffre d’affaires, d’autant que les vacanciers européens dépensent plus.

Et un mois d’août rassurant

Toujours selon Ecomnews, la première quinzaine du mois d’août a réservé de très bonnes surprises. Pas moins de 87 % des professionnels disent être satisfaits de la pleine saison, 36 % d’entre eux ayant même dépassé leur fréquentation d’août 2023, pourtant exceptionnelle. C’est particulièrement vrai pour les campings.

Sans surprise, les hébergements situés hors de la zone littorale revendiquent un succès commercial plus modeste, les hôtels et villages de vacances souffrant même d’une baisse de la fréquentation, aussi bien française qu’étrangère. La vague de chaleur qui a frappé le Sud-Ouest (et le reste du pays) a peut-être incité les touristes à se rapprocher des plages et de l’air marin.

Selon le média Aquitaine On Line, la « capitale » de la Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux, continue d’attirer les visiteurs malgré une conjoncture délicate. La cité girondine figure toujours parmi les destinations urbaines les plus prisées, consolidant sa place parmi le top 5.

À date, la ville enregistre plus de 7 millions de nuitées, un niveau quasiment égal à celui de l’année dernière. « Avec une fréquentation stable et des indicateurs de satisfaction record, Bordeaux démontre en 2025 sa capacité à s’adapter aux défis du tourisme contemporain. Entre baisse du pouvoir d’achat, arbitrages des dépenses des visiteurs et enjeux environnementaux, la métropole mise sur l’équilibre entre tourisme de loisirs et tourisme d’affaires, tout en renforçant son engagement pour un tourisme responsable » écrit Isabelle Chanu sur le site aquitain (29/08/25).

Festival des Scieurs et de la Forêt

Festival des Scieurs et de la Forêt


festival des scieurs

Le Festival des Scieurs et de la Forêt donne la parole à des acteurs et actrices de la filière bois-forêt, des spécialistes de l’écosystème forestier, et crée du lien entre savoir-faire et initiatives locales.
En rappelant la diversité des usages de la forêt écologique, social, patrimonial, nourricier, économique, le festival vise à promouvoir des pratiques sylvicoles respectueuses des sols et de l’ambiance forestière indispensable à la qualité de l’eau, de l’air et de la vie locale.

L’équipe passionnée et motivée a le plaisir de convier tous les amoureux du bois et de la forêt les vendredi 12 et samedi 13 septembre 2025 à partir de 9h à la scierie associative « Au Coin des Scieurs » au 261 Chemin de la Grave à TURSAC.

12 septembre 2025

09h00 : Ouverture – Café d’accueil
10h00 : Chemin du bois
Parcours guidé à la rencontre de l’écosystème forestier et des métiers de la filière.
Départs à 10h / 10h15 / 10h30
11h à 12h15 : Table ronde « Les métiers du bois et de la forêt ».
12h30 : Inauguration & démonstration de sciage.
14h00 : Chemin du bois
Parcours guidé à la rencontre de l’écosystème forestier et des métiers de la filière.
Départs à 14h / 14h30 / 15h / 15h30.
16h00 : Conférence de Pascal Waringo.
Compagnon bâtisseur, spécialiste du ceinturage et de la coupe raisonnée.
18h00 : Démonstration de sciage.
18h30 : Spectacle – Danse voltige.
Par la Cie Alix Pays des Merveilles.
19h30 : Clôture – Repas en musique.
La Balançoire du Silence.

Animations en continu : Démonstration d’artisanat, équarrissage, charpente traditionnelle (taille et levage), vente d’outils traditionnels, stands des métiers et des associations locales, grimpe en forêt, initiation de danse voltige, jeux en bois.

13 septembre 2025

09h00 : Ouverture – Café d’accueil
10h00 : Chemin du bois
Parcours guidé à la rencontre de l’écosystème forestier et des métiers de la filière.
Départs à 10h / 10h30
11h à 12h30 : Table ronde « Les métiers du bois et de la forêt ».
14h00 : Chemin du bois
Parcours guidé à la rencontre de l’écosystème forestier et des métiers de la filière.
Départs à 14h / 14h30 / 15h / 15h30.
16h00 : Conférence de Pascal Waringo.
Compagnon bâtisseur, spécialiste du ceinturage et de la coupe raisonnée.
18h00 : Démonstration de sciage.
18h30 : Spectacle – Danse voltige.
Par la Cie Alix Pays des Merveilles.
19h30 : Clôture – Repas en musique.
La Bonne Jeambette.

Animations ponctuelles : pain au four à bois, balade nature, bain en forêt, débardage à cheval.


Pratique


Quand ?

Du 12 au 13 septembre 2025

Où ?

261 chemin de la Grave
24620 TURSAC

Allo ?

Tél. : 06 24 42 26 19

Site ?

https://aucoindesscieurs.fr/festival

Combien ?

5 euros

Nuit du Toro

Nuit du Toro


La nuit du toro

Depuis sa création en 2006, La Nuit du Toro est bien plus qu’un spectacle : c’est une véritable célébration de la bravoure, du courage et de l’héritage des acteurs de la tauromachie landaise « La course landaise » Tous les deux ans, les Arènes de Dax sont le théâtre d’un affrontement spectaculaire où tradition et excellence se rencontrent, attirant près de 8000 spectateurs.

Après une interruption forcée par la pandémie, l’édition 2025 relèvera un défi hors du commun, en partenariat avec la ville de Dax.

Un affrontement unique entre les meilleurs toreros landais et les recortadores espagnols, dans un défi d’une intensité inédite.

Face à 10 toros de plus de 500 kg, ces gladiateurs modernes mettront à l’épreuve leur courage et leur maîtrise dans un spectacle exceptionnel, alliant tradition, audace, bravoure et respect de l’animal.

Ce défi monumental, qui réunit l’élite des deux pays, souligne l’engagement physique et émotionnel des participants. De nombreuses surprises et invités exceptionnels viendront agrémenter ce spectacle déjà hors normes.


Pratique


Quand ?

Le 12 septembre 2025 à 20h30

Où ?

Arènes de Dax
1 Bd Lasaosa
40100 DAX

Allo ?

Tél. : 05 58 909 909

Site ?

www.daxlaferia.fr

Combien ?

De 13,50 à 35,50 euros

Albret Jazz Festival

Albret Jazz Festival


Albret Jazz Festival

Albret Jazz Festival est un festival de jazz organisé par l’Office de Tourisme de l’Albret en partenariat avec la Communauté des Communes de l’Albret.

En 2017, a été créé le festival Albret Jazz Sessions. Se déroulant dans un cadre idyllique, en plein air, dans des châteaux de l’Albret, il permettait d’allier la musique et le patrimoine du territoire.

En 2021, après quatre années, le festival se renouvelle et se transforme en Albret Jazz Festival !

L’Office de Tourisme de l’Albret a confié la direction artistique à Didier Bergen.

Programme 2025 :

Vendredi 12 Septembre
Judith Hill, Térez Montcalm, Crazy Dolls and the Bollocks et DJ Balatman

Samedi 13 Septembre
Manu Katché, Veronica Swift, Guilty Delight, Grappelli My Love, La 45, Lean Wolf et DJ Balatman

Dimanche 14 Septembre
Thomas Dutronc, Jérémy Rollando, École de Musique de l’Albret, CrawFish Wallet, DJ Balatman et Fireflies Swing Orchestra


Pratique


Quand ?

Du 12 au 14 septembre 2025

Où ?

Parc de la Garenne
47600 NERAC

Allo ?

Tél. : 05 53 65 27 75

Site ?

www.albret-jazz-festival.com

Combien ?

Pass vendredi : 30 à 35 euros.
Pass samedi : 30 à 35 euros.
Pass dimanche : 35 à 40 euros.
Pass 2 jours au choix : 55 à 65 euros.
Pass 3 jours : 85 à 90 euros.
Accès au village des saveurs : 5 euros.

Fête du sel

Fête du sel à Salies-de-Béarn


La heste de la saü (la fête du sel), du 11 au 14 septembre.

Au fil des années, la fête du sel s’est imposée comme un rendez-vous incontournable de toute une région fière de son sol, de ses traditions, … et de son sel !

La thématique de cette édition 2025 est lancée : « La fête du sel s’écrit avec une plume » !
Concerts, repas, marché artisanal, défilés, … le tout orchestré sur 4 jours de fête.
Bienvenue en Béarn des gaves, une terre riche d’un patrimoine vivant !

Programme 2025 :

Jeudi 11 septembre
19 h : soirée cantère avec l’Orphéon, histoirottes « Paul Jean Toulet et le Béarn », rétrospective de la fête du sel 2024, cantère et grignotère
À la salle Maurice Ravel (entrée à 5 € + sachet de sel à 2 €)

Vendredi 12 septembre
19 h 30 : ouverture officielle de la fête du sel, à la place du Bayaà
20 h : festival de bandas, buvette et restauration rapide, à la place du Bayaà

Samedi 13 septembre
À partir de 10 h : marché artisanal dans les rues de Salies-de-Béarn, espace enfants autour du jardin public : jeux et manèges
15 h : la Trottisel, courses de trottinettes au jardin public
17 h : course de herrades et herradinettes : ces seaux en bois remplis d’eau sont transportés lors d’une course unique en son genre dans les rues de Salies-de-Béarn, au Bayaà
19 h 30 : dîner de la jurade, au Bayaà (18 €, sur réservation auprès de la Jurade du sel, voir renseignements en bas de page)
20 h : soirée musicale au Bayaà avec Damso and co et Podium étoile

Dimanche 14 septembre
8 h : estanquets des associations, au Bayaà
10 h : marché artisanal dans les rues de Salies-de-Béarn
10 h : grand-messe en béarnais, à l’église Saint-Vincent
11 h : défilé des confréries, villages et associations
11 h 30 : intronisations des personnalités, au Bayaà
12 h : quadrille salisien suivi des sauts traditionnels, au Bayaà
13 h : grand repas de la heste (30 €, sur réservation auprès de la Jurade du sel, voir renseignements en bas de page), au Bayaà
15 h 15 : défilé avec 19 chars et bandas sur le thème Le fête du sel s’écrit avec une plume
18 h : championnat du monde des porteurs de sameaux, baquets de bois emblématiques de la cité du sel, au Bayaà
19 h : bal de clôture avec Hesti Music jusqu’à 21 h, au Bayaà


Pratique


Quand ?

Du 11 au 14 septembre 2025

Où ?

Rues de la ville
64270 SALIES-DE-BEARN

Allo ?

Tél. : 06 16 57 02 68

Site ?

Page Facebook

Combien ?

Port du sachet de sel obligatoire à 2€

Entre boudins basque et béarnais, le coup de sang ?

Entre boudins basque et béarnais, le coup de sang ?


On le sait, la rivalité basco-béarnaise s’illustre en matière de culture, de tradition et de savoir-vivre. Mais qu’en est-il de la gastronomie et, plus précisément, de la fabrication du boudin, que chacun considère comme meilleur que celui de son voisin ?

Temps de lecture : 6 mn

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On se calme ! – Crédit visuel: ChatGPT, OpenAI, 2025.

Je t’aime, moi non plus

Si le littoral donne du Pays basque une image sereine et apaisée, la fierté se fait peut-être plus pointue au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’océan pour s’approcher de la Basse-Navarre et de la Soule. Les deux provinces jouxtent en effet le Béarn, ennemi juré depuis la nuit des temps, pour des raisons tellement évidentes que plus personne ne s’en souvient vraiment.

« Du Béarnais, le Basque dit notamment qu’il constitue « une principauté isolée, dont le régime politique est fondé sur la probatocratie, le pouvoir aux moutons ». Du Basque, le Béarnais a fait un Belge, multipliant les sites de blagues à deux sous : « Il te reste six mois à vivre, où vas-tu ? Au Pays basque, car ils ont cent ans de retard. »  Les quelques lignes du journaliste Sylvain Cottin publiées dans Sud-Ouest (28/07/2012) résument fort bien la douce fraternité qui unit les deux peuples.

Certes, l’affaire du béret (lire notre article sur ce sujet délicat) n’a pas arrangé les choses au 19e siècle, mais la dureté de la vie imposée par la chaîne pyrénéenne aurait dû logiquement encourager la solidarité et l’entraide.

S’agissant de gastronomie, il convient pourtant de saluer la fructueuse collaboration des Basques et des Béarnais dans la fabrication du délicieux fromage de brebis Ossau-Iraty. En revanche, la question du saumon suscite toujours moult tensions, les Béarnais reprochant aux Basques de tendre de (trop) larges filets à l’embouchure de l’Adour. De fait, le précieux poisson ne peut plus (ou presque) remonter le cours du fleuve et de ses affluents (les gaves de Pau, d’Ossau et d’Oloron) pour s’y reproduire. « Car le salmonidé n’est pas seulement un pilier de la faune pyrénéenne : c’est aussi un enjeu économique non négligeable pour toute la région. Dans les montagnes, les villages ont fait de sa pêche sportive leur principale attraction touristique » écrit Constance Daire dans Capital (11/10/2018).

Non, ce n’est pas le même produit, non

La cuisine basque et la gastronomie béarnaise n’ont aucune raison de se jalouser. Toutes deux reflètent une recherche continuelle du bon plat, du meilleur accompagnement, de la saveur palpitante. Axoa de veau, jambon de Bayonne, chipirons, ttoros, piperade d’un côté. Garbure, confit de canard, poule au pot, trinxat, sauce béarnaise de l’autre.

Pour le gourmet, la diversité des plats participe à la réputation gastronomique des Pyrénées-Atlantiques. Mais vouloir réunir deux territoires sans prendre en compte leurs spécificités relève du jeu dangereux (à moins de courir vite). Surtout lorsque ces deux terroirs proposent, en apparence, un produit identique : le boudin.

Il existe bel et bien un boudin basque et un boudin béarnais. Chaque produit bénéficie d’un savoir-faire propre et d’ingrédients spécifiques, à l’instar du piment d’Espelette au Pays basque.

Mais la signature principale dépend du porc choisi. Idéalement, les artisans privilégient une race locale, ce que l’on retrouve surtout dans les productions fermières. Ainsi, au Pays basque, c’est la race Pie Noir qui s’impose. Rustique, au poil noir et blanc, elle a longtemps été menacée de disparition et profite aujourd’hui d’un label AOP pour le jambon et les produits charcutiers.  Sa chair, plus persillée et goûteuse, donne un boudin riche et parfumé.

La truie gasconne ne se dit pas jalouse du cochon Pie Noir – Crédit photo : Darreenvt – CC BY-SA 4.0

En terres béarnaises, les producteurs fermiers ont plutôt recours au porc gascon, une race ancienne du Sud-Ouest. La race est exploitée par de petits éleveurs pour une production organisée sous l’appellation d’origine Porc noir de Bigorre. N’en déplaise aux Basques, le porc gascon est lui aussi réputé pour la qualité et la saveur de sa viande. Ce choix permet d’obtenir un boudin généreux et savoureux.

Tout est affaire de préparation

Si la sélection de la race intervient dans la personnalité du produit final, il serait malheureux de ne pas tenir compte de tous les ingrédients inscrits dans la recette et des méthodes de préparation.

Chez les Basques, le boudin est préparé à partir de sang de porc, souvent issu de la première charcuterie produite après avoir tué le cochon, y ajoutant de la viande de tête de porc, des abats, des poireaux, des oignons, de la fleur de thym, des épices dont le sel, le poivre et impérativement du piment d’Espelette qui apporte une saveur épicée caractéristique absente des autres boudins français.

Sa composition peut varier selon les régions. En Biscaye, les artisans utilisent par exemple de l’oignon rouge, un peu de riz cuit ou encore de la poitrine coupée en dés. Plus au nord, à Biriatou, le boudin est préparé avec des restes de l’épaule, du cou et de l’estomac et même des… carottes.

Bien sûr, il n’est point question de piment d’Espelette dans la recette du boudin béarnais. Le sel, le poivre et les différentes épices suffisent à sublimer son goût. Il est assez courant que les producteurs ajoutent du pain rassis ou de la mie trempée dans du lait pour gagner en moelleux. Les oignons, comme chez les Basques, jouent un rôle essentiel dans la composition. La version béarnaise est considérée comme plus rustique, riche en abats (langue, gorge, poumons, cœur) et en légumes, mais dépourvue de céréales. Souvent, son diamètre peut atteindre deux à trois fois celui d’un boudin noir « standard ».

Le boudin made in Béarn se caractérise par une méthode artisanale ancienne, une composition simple centrée sur la viande et le sang, et une cuisson soignée qui lui confère une texture ferme mais fondante.

En guise de conclusion

Pour rappel, le boudin est le premier produit que l’on fabrique après avoir tué le cochon pour éviter que le sang ne coagule. Cette règle biologique vaut aussi bien pour les Basques que pour les Béarnais, et toutes les régions du monde où il est élaboré.

Certes, la susceptibilité entretenue par chacun des frères ennemis pyrénéens contribue à promouvoir sa gastronomie, ô combien importante dans le Sud-Ouest. Une rapide comparaison permet de relever les singularités des deux produits.

Ainsi, le boudin basque profite d’une touche chaude et parfumée grâce au piment d’Espelette. Sa texture revendique la rusticité, avec parfois des morceaux de viande ou de gras perceptibles. Son goût est généreux et gentiment relevé, sans être piquant. Enfin, il se marie fort bien avec la piperade pour quiconque souhaite se régaler d’un repas typiquement basque.

Le boudin béarnais se veut plus doux, avec une texture plus fine et homogène grâce au pain ou au lait incorporé dans certaines recettes. Il diffuse un goût rond et sobre, dans la lignée des traditions gasconnes, et s’accommode parfaitement d’un plat de haricots tarbais.

En résumé, l’on pourrait dire que le boudin basque réveille, tandis que le boudin béarnais rassure.  Sans aucun doute, chacun promet un plaisir gustatif authentique, que l’on peut accompagner d’une bonne bouteille de vin local, sans ouvrir une nouvelle polémique entre le vin basque et béarnais.

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