Quelles sont les plages labellisées Pavillon Bleu dans le Sud-Ouest ?
Comme chaque année, l’association Teragir décerne son célèbre label Pavillon Bleu, qui récompense les plages et les ports de plaisance engagés dans la préservation de l’environnement. Petit état des lieux dans le Sud-Ouest.
Olivier Sorondo – 30 mai 2025 – Dernière MAJ : le 30 mai 2025 à 19:48
A Biarritz, on peut se baigner en toute quiétude – Crédit photo : NRay91
Un écolabel international
Le label Pavillon Bleu est décerné chaque année aux plages et aux ports de plaisance qui mettent en œuvre une politique de développement touristique durable et respectueuse de l’environnement. Créé en France en 1985 sous l’égide de l’association Teragir, il est aujourd’hui présent dans 52 pays, avec plus de 4 000 plages et 700 ports labellisés dans le monde.
Le Pavillon Bleu repose sur des critères exigeants et évolutifs, articulés autour de neuf grands domaines : la qualité de l’eau et l’assainissement, la biodiversité, la gestion du milieu naturel, la sécurité, la gestion des déchets, l’éducation au développement durable, l’accessibilité, l’équipement et les services, la sobriété, ainsi que l’information aux usagers.
Pour les plages, cela implique notamment une qualité de l’eau de baignade « excellente » selon la directive européenne, au moins cinq contrôles par saison, la présence de points d’eau potable, la collecte sélective d’au moins trois types de déchets, et des actions d’éducation à l’environnement.
Le label garantit aux touristes et aux plaisanciers de profiter des plages et des ports tout en limitant l’impact de leurs activités sur l’environnement.
Cette année, 492 sites littoraux et continentaux ont été labellisés en France, contre 505 l’an passé.
Les sites labellisés dans le Sud-Ouest
Cinquante plages et trois ports de plaisance ont décroché le célèbre pavillon en 2025 sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine. Et dans le Sud-Ouest plus précisément ?
Dordogne (4 plages) : Carsac de Gurson : Plage du Lac de Gurson La Jemaye-Ponteyraud : Plage du Grand Étang Saint-Estèphe : Plage du Grand Étang Tamniès : Étang de Loisirs de Tamniès
Gironde (8 plages) : Bordeaux : Plage du lac Grayan et l’Hôpital : Le Gurp, Plage de dépée (Euronat) Le Verdon-sur-Mer : Plage de la Chambrette (Estuaire), Plage océanne de Saint-Nicolas Soulac-sur-Mer L’Amélie : Plage Centrale, Plage des Naïades
Landes (2 plages) : Bussière-Galant : Espace Hermeline Saint Hilaire les Places : Lac de plaisance
Pyrénées-Atlantiques (21 plages) : Anglet : Petite Chambre d’Amour, Les sables d’or, Marinella, Les Corsaires, La Madrague, L’Océan, Les cavaliers, La Barre Biarritz : Milady, Marbella, Côte des basques, Port Vieux, Grande Plage, Miramar Bidart Ilbarritz : Pavillon Royal, Erretegia, Bidart centre, Parlementia Hendaye Grande plage: Plage des deux jumeaux
En tout, 35 plages toutes belles et parfaitement respectueuses de leur environnement attendent les vacanciers.
Fort d’un héritage millénaire, longtemps réputé auprès des cours européennes, le vin de Domme ne résista pourtant pas à la crise du phylloxéra au 19e siècle. Aujourd’hui, sa modeste production rend hommage à son histoire prestigieuse.
Olivier Sorondo 27 mai 2025 – MAJ le 6 juin 2025
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Crédit photo: commune de Florimont-Gaumier
Comme un long déclin
La Dordogne abrite de petits vignobles, souvent confidentiels, pourtant héritiers d’une très longue histoire. C’est par exemple le cas pour l’AOC Rosette, blanc moelleux apprécié depuis le 14e siècle, dont la superficie exploitée ne dépasse pas les 40 hectares. À peine plus grand, les côtes-de-Montravel s’étendent sur 49 hectares. Certes, ces deux terroirs bénéficient de l’appellation Bergerac, mieux connue des consommateurs.
Pour sa part, le vignoble de Domme, en Périgord Noir, se revendique comme le plus petit de France, avec ses 18 hectares situés sur les coteaux calcaires du Céou (affluent de la Dordogne).
Et pourtant, à la fin du 19e siècle, le vin de Domme rayonnait dans le Sud-Ouest et même au-delà, fort de ses 2 700 hectares. Les premières vignes auraient été plantées par les moines cisterciens de Cadouin dès le 12e siècle. Les archives attestent de la perception de droits sur la production viticole à Domme un siècle plus tard.
Au fil du temps, la vigne ne cesse de progresser, finissant par occuper une place aussi importante que la forêt. Le vin périgourdin jouit d’une formidable réputation au sein du royaume et même dans les cours européennes. Chargées du précieux breuvage, les gabarres quittent le petit port de Domme et empruntent la Dordogne jusqu’à Bordeaux, où il est ensuite transporté vers de lointaines capitales. Sans nul doute, la production viticole contribue au développement économique de la vallée de la Dordogne, justifiant même une activité de monoculture.
En 1870, le vignoble dommois talonne celui des vins de Bergerac, mais la crise du phylloxéra anéantit toute ambition. Le Périgord, attaqué vers 1879 par le terrible puceron, est profondément touché. À Domme, les vignes disparaissent du paysage en quelques années. Seules subsistent de petites parcelles, destinées à la consommation familiale.
(Presque) mort et ressuscité
Les vignerons de Bergerac parviennent à relancer progressivement leur production, notamment grâce aux porte-greffes américains. À Domme, la renaissance se veut beaucoup plus contrainte et modeste. Dans sa monographie consacrée à la commune de Florimont-Gaumier (non loin de Domme), Pierre Soulillou, instituteur agricole itinérant à la retraite, constate que la vigne est passée de 255 ha avant le phylloxéra à 20 ha dans les années 1960. Plus globalement, le vignoble dommois ne dépasse pas les 540 hectares. Le Périgord Noir s’est tourné vers d’autres productions agricoles, à l’instar du maïs, du tabac ou de l’élevage. En 1985, seuls sont recensés 90 hectares de vignes. Inexorablement, le vin de Domme s’éteint dans l’indifférence, malgré ses siècles d’histoire et de prestige.
Si la superficie a rétréci, les cépages ont changé. Ainsi, le Pied-de-Perdrix, qui a contribué à la renommée du vin de Domme, n’est plus privilégié par les producteurs. Leur choix se tourne vers une plus grande diversité, dont le Jurançon rouge, l’Abouriou ou encore le Grand Noir de la Calmette, qui couvrent 30 % du vignoble.
La relance de la vigne n’intervient que dans les années 1980, initiée par Germinal Peiro, nouveau conseiller régional du canton de Domme. Il organise diverses rencontres avec l’administration des douanes et l’Office national interprofessionnel des vins pour évoquer l’opportunité d’un redémarrage concret de la production. En 1993, les élus et habitants locaux créent l’association des Amis du Vin du Pays de Domme.
De fait, une parcelle est plantée à titre expérimental. La première vendange est effectuée en 1996, dans une grange mise à disposition du groupe de passionnés. Ces derniers font d’ailleurs preuve d’une bonne humeur à toute épreuve : « Si on ne le vend pas, on le boira ! »
Organisation et ambition
La création de la Cave Coopérative des Vignerons des Coteaux du Céou en 1998 vient confirmer la nouvelle dynamique. L’année suivante, le chai coopératif est inauguré, ouvert aux quinze producteurs.
Bref, la structure juridique existe et les équipements sont enfin disponibles. Les vignerons ont les cartes en main pour mener à bien leur mission audacieuse : renouer avec un vin qui fit les grandes heures du Périgord Noir.
Le vignoble n’est pas très étendu ? Peu importe. Il profite d’un environnement particulièrement adapté à la culture du raisin, notamment grâce à la parfaite exposition solaire qu’offrent les coteaux du Céou. Le sol, de type argilo-calcaire, apparaît bien adapté aux cépages et contribue à apporter au vin un équilibre entre caractère et souplesse.
S’agissant justement des cépages, les vignerons dommois choisissent le Merlot, le Cabernet franc et le Malbec pour leur vin rouge. Pour le blanc, ce sont le Chardonnay et le Sémillon qui retiennent leur attention. Enfin, le rosé reprend les mêmes cépages que le rouge, à l’exception du Merlot.
La qualité ne tolère aucune concession : « Pour les rouges, nous dégustons les raisins de toutes les parcelles, afin de définir des lots (parcelles) homogènes de qualité. Cela permet d’organiser les vendanges entre chaque viticulteur, et de faire des vinifications parcellaires, dans le but d’exprimer au mieux le potentiel de chaque parcelle » expliquent les viticulteurs sur le site officiel du vin de Domme.
La vinification diffère selon la production. Les blancs sont élevés en cuve de fibre de verre. Les rosés, après un pressurage direct, sont quant à eux vinifiés en cuve inox. Enfin, parmi les rouges, les cuvées Périgord Noir et des Fondateurs se reposent dans des fûts de chêne pendant au moins un an.
La reconnaissance du travail bien fait
L’abnégation finit par payer. Le vin de Domme attire l’intérêt des professionnels et des consommateurs. Il décroche plusieurs médailles au concours général de Paris et, surtout, reçoit le label IGP en 2012, qui récompense les produits dont la qualité ou la réputation est liée au lieu de production, de transformation ou d’élaboration.
Pas question pour autant de se reposer sur ses feuilles de vigne. Progressivement, les vignerons se tournent vers l’agriculture bio. En 2018, la moitié des parcelles est déjà convertie et, aujourd’hui, l’ambition est de couvrir la totalité du vignoble. « Le bio, ça marche très bien. Il n’y a pas de baisse de rendement, juste un peu plus de travail et de soin. Des rosiers positionnés en bout de rang permettent de sauvegarder la vigne, car ils prennent la maladie avant elle » explique Bernard Manière, président de la coopérative, au journal Sud-Ouest. L’objectif est bien de préserver la biodiversité, d’autant que les parcelles sont entourées de forêts.
Le souhait est aussi de s’intéresser aux cépages qui prévalaient avant la terrible crise du phylloxéra. Après tout, ils ont contribué à la réputation internationale du vin de Domme et représenteraient à n’en pas douter un argument singulier auprès des clients.
Il ne semble pas, en revanche, que les vignerons rêvent d’étendre davantage leur vignoble, préférant la qualité à la quantité. La production annuelle se limite à 900 hectolitres (contre 260 000 hectolitres pour les seuls vins rouges des appellations Bergerac).
Un vin surtout local
De fait, la vente du vin de Domme ne dépasse pas, ou peu, les frontières du Périgord Noir. La plus grosse part des ventes se fait directement au chai de Moncalou, pour 70 % de la production. Les producteurs ont eu la bonne idée d’aménager à Florimont-Gaumier un lieu propice à la curiosité et aux visites, alors que se développe l’œnotourisme.
« Le chai de Moncalou est un bel emplacement au milieu des collines, entouré des vignes, et qui vous attend. Elle devient un lieu de dégustation, bien sûr, et d’animation. Depuis Domme, on prend, de colline en colline, de charmantes petites routes typiques du Périgord Noir, pour arriver au beau milieu des vignes de Vin de Domme » écrit ainsi Jean-Marc Blancherie sur le site AquitaineOnLine.
Crédit photo : Domaine de Lasfargues
Les vignerons peuvent aussi compter sur la confrérie des Amis du Vin de Domme, fondée en 2007. Ses douze membres mouillent la tunique rouge et or pour assurer la promotion de leur produit chéri lors des fêtes de village, foires ou autres évènements culturels.
Finalement, les efforts consentis par cette bande de passionnés depuis déjà quelques décennies portent leurs fruits. Le site de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) estime que « le vignoble de l’IGP Périgord est situé sur des sols calcaires, qui donnent à ces vins un équilibre flatteur, à la fois chaleureux et nerveux (…) Les vins rouges sont assez souples en attaque avec un nez expressif de fruits rouges. Ceux élevés en fût de chêne présentent une touche réglissée et légèrement boisée. Les rosés ont une couleur soutenue. En bouche, ils se caractérisent par un bel équilibre avec du volume et une finale portée sur la fraicheur. Les blancs, eux, présentent un nez frais et vif sur des notes florales et d’agrumes. »
Le Guide Hachette des Vins se dit également charmé en 2003 : « Le Vin de Domme Périgord Noir élevé en fût de chêne rouge a obtenu la note de 1 étoile, ce qui correspond à un vin très réussi. »
Hier, aujourd’hui, demain : qui a dit que le Périgord n’était que grottes et châteaux ?
Clément Bouynet propose dans cet ouvrage un instantané, ici et maintenant, du quatrième plus grand département français. Loin des clichés, sa prise de vue est celle d’un journaliste qui a sillonné les routes et connaît les nombreuses initiatives et personnalités qui ont forgé ce pays et en font ce qu’il est à présent.
Une merveilleuse clé d’entrée pour découvrir ou redéfinir ce territoire mais aussi s’interroger sur le développement des ruralités modernes.
« Clément Bouynet navigue avec aisance entre références historiques, récits vivants de reportages, souvenirs de jeunesse et anecdotes familiales ou amicales. Avec une originalité que se permet rarement le journaliste : écrire « je ». Ce qui donne un portrait du département sensible et incarné. » Sud-Ouest – 27/11/2024
Paquebots à Bordeaux : entre essor touristique, débat écologique et saturation urbaine
Bordeaux s’apprête à vivre une saison record en 2025 avec 49 escales de paquebots prévues en centre-ville, un chiffre en hausse constante ces dernières années. Cette effervescence témoigne de l’attractivité croissante de la ville, mais soulève aussi des interrogations sur la capacité d’accueil et l’impact de ces géants des mers sur la vie locale et l’environnement.
Olivier Sorondo – 6 mai 2025 – Dernière MAJ : le 6 mai 2025 à 23:29
Un paquebot passe sous le pont Chaban-Delmas – Crédit photo : Bernard Gaillard
Un afflux de navires et de visiteurs
Chaque escale de paquebot transforme le port de la Lune en vitrine internationale : des milliers de passagers débarquent, générant d’importantes retombées économiques, notamment pour le commerce, l’hôtellerie et la restauration. En 2023, près de 60 000 passagers ont fait escale à Bordeaux, avec des dépenses estimées à 3,2 millions d’euros pour les commerces de la ville (hors excursions).
Pour le seul mois de mai de cette année, 13 escales sont prévues, d’une durée ne dépassant pas les deux jours. Parmi les bateaux attendus, l’Oceania Vista ne devrait pas passer inaperçu avec ses 198 mètres de long et ses 32 mètres de large, capable d’embarquer 1 200 passagers. En tout, 49 escales devraient être organisées en 2025, contre 40 en 2023 et 46 en 2024.
Mais cette manne touristique a un revers : la levée du pont Chaban-Delmas, indispensable au passage des navires, entraîne plus de 80 coupures de circulation entre avril et octobre, perturbant la mobilité urbaine. Les Bordelais voient aussi leur panorama urbain ponctuellement masqué par ces mastodontes, relançant chaque année le débat sur l’équilibre entre accueil touristique et qualité de vie.
Les Bordelais partagés sur la question
Selon une consultation récente, 53 % des participants sont favorables au déplacement des paquebots hors du centre-ville, tandis que 42 % s’y opposent. Cette division reflète deux préoccupations majeures : l’impact environnemental et urbain d’un côté, et les retombées économiques de l’autre.
Une part croissante des habitants considère les paquebots comme une nuisance : 14 % en 2021, puis 25 % en 2023 selon l’Office de tourisme. Certains dénoncent la pollution, les coupures de circulation lors des manœuvres, et l’aspect visuel de ces « monstres des mers », jugés insupportables par certains riverains. D’autres, au contraire, apprécient le spectacle des navires à quai et rappellent le rôle historique du port dans l’identité bordelaise.
Beaucoup se souviennent de l’incident survenu en 2023, lorsqu’un paquebot avait généré une forte vague dans l’estuaire, endommageant une habitation de Saint-Louis-de-Montferrand. Une telle situation de devrait pas se reproduire, selon les services du Port de Bordeaux, qui veillent désormais à la vitesse d’arrivée des énormes embarcations.
Un impact environnemental limité mais surveillé
La question de la pollution générée par les paquebots revient régulièrement dans l’actualité. Pourtant, les dernières études menées par Atmo Nouvelle-Aquitaine montrent que l’impact des paquebots sur la qualité de l’air à Bordeaux reste faible, bien moindre que celui du trafic routier ou du chauffage au bois. Les pics de pollution observés lors des escales sont ponctuels et inférieurs aux seuils réglementaires, et la tendance est même à la baisse grâce à l’électrification progressive des quais.
Toutefois, les niveaux de dioxyde d’azote et de particules fines dépassent encore les recommandations de l’OMS sur certains points de mesure, signe que la vigilance reste de mise. La Ville de Bordeaux envisage d’ailleurs de déplacer d’ici 2030 les zones d’amarrage des croisières vers la rive droite, en aval du pont Chaban-Delmas, pour limiter la pollution en centre-ville et permettre le branchement électrique à quai.
Vers une régulation du nombre d’escales ?
Face à la saturation annoncée, la municipalité souhaite réduire le nombre de paquebots accueillis à Bordeaux à 40 par an. Ce projet, soutenu par des arguments écologiques et urbains, suscite néanmoins la réserve des acteurs économiques, qui rappellent le rôle stratégique de Bordeaux comme escale prisée des armateurs et l’importance des retombées pour la région.
La capitale régionale, victime de son succès, doit aujourd’hui trouver un équilibre entre dynamisme touristique, exigences environnementales et préservation de la qualité de vie de ses habitants. Le débat est loin d’être clos, mais la ville semble engagée sur la voie d’une régulation et d’une modernisation de ses infrastructures pour concilier tous les enjeux.
Les trois visages de la maison basque : Labourdine, Bas-Navarraise et Souletine
Indissociable de la culture basque, l’etxe (maison) s’impose depuis des siècles comme le fondement de la famille et de la vie sociale. Chaque province revendique son style d’architecture.
Olivier Sorondo 3 mai 2025 – MAJ le 3 mai 2025
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Maison à Cambo-les-Bains, au cœur du Labourd – Crédit photo : Stephen Downes – Flickr
Le pilier de la famille
Quiconque pense au Pays basque visualise presque immédiatement les magnifiques maisons blanches, agrémentées de colombages en bois peints, de couleur rouge ou verte. Ces maisons, souvent imposantes, contribuent à l’identité régionale, sans nul doute au succès touristique, mais illustrent surtout la dimension politique et religieuse qui façonne la société basque depuis toujours.
Plus qu’un simple lieu d’habitation, l’etxe permet avant tout de regrouper la famille sur plusieurs générations et d’en assurer la pérennité. Maison et famille sont indissociablement liées. Comme l’explique le prêtre anthropologue José-Miguel de Barandiarán (1889-1991), « la famille est la société de ceux qui ont le même sang et sont unis à la même maison. Elle est constituée par les parents, les enfants et les ancêtres. Ils ont la même maison pour refuge, lieu de travail et de réunion, chapelle et tombe. Cette maison, ainsi que les terres et les biens qui lui sont attachés, maintiennent fortement unis, jusqu’à nos jours, à la maison, ceux de la maison. »
Au Nord, les trois provinces basques situées en France.
Selon les lois en Ipparalde (provinces basques françaises), la maison revient à l’aîné, qui en devient le maître. La propriété, intimement liée à la terre, s’impose comme argument social et politique. A titre d’exemple, seuls les chefs de famille propriétaires d’une maison (et le plus souvent d’une ferme) assistent aux assemblées du village. Pas de maison, pas de statut respectable.
Des fermes aux maisons de ville
C’est essentiellement dans les campagnes basques que la maison revêt sa force symbolique. D’abord construites en bois, les fermes adoptent la pierre à partir du 16e siècle et affichent le style architectural que nous lui connaissons aujourd’hui. « Sous le toit à deux battants apparaissent des balcons, au niveau du grenier, pour faire sécher le maïs. La façade de la maison est tournée vers l’est, tandis que les autres murs sont presque aveugles, pour protéger des vents dominants venus de l’océan. Ces fermes sont également dotées d’une porte charretière, par laquelle passent les hommes mais aussi les animaux. Le rez-de-chaussée est réservé au bétail et à la cuisine, tandis que les chambres sont situées à l’étage » précise l’architecte Michel Berger sur le site Maison à Part.
Le style est progressivement repris par les maisons de ville, qui reçoivent quelques adaptations, comme la pose d’un plus grand nombre de fenêtres. Certaines sont conçues pour accueillir des commerces au rez-de-chaussée. Malgré l’environnement urbain, elles conservent généralement de grandes surfaces d’habitation et se destinent d’abord aux notables, avant de se généraliser parmi la population.
Dans les trois provinces basques du Nord, situées en France, l’architecture diffère légèrement, en fonction de l’environnement et des ressources naturelles disponibles.
Maison labourdine, la star !
Impossible de la dissocier de l’image du Pays basque. Grande, massive, dotée d’une structure en bois, équipée d’un toit singulier, elle fait la fierté de la province du Labourd. Les murs sont majoritairement en pierre, blanchis à la chaux, avec des pans de bois apparents (colombages) peints traditionnellement en rouge ou en vert, couleurs obtenues avec des pigments locaux. Le rouge, très fréquent, provenait à l’origine du sang de bœuf utilisé pour protéger le bois contre les insectes.
La célèbre Villa Arnaga, construite par le poète Edmond Rostand, affiche un style néo-basque propre au Labourd – Crédit photo : Bernard Blanc – Flickr
La façade principale fait l’objet de soins décoratifs : linteaux sculptés (parfois gravés du nom du propriétaire et de la date), balcons en bois, fenêtres croisées, pierres d’angle, inscriptions. La toiture est à deux versants en pente douce, couverte de tuiles creuses rouges. La faible pente limite la prise au vent, particulièrement adaptée au climat océanique du Labourd. Le faîtage est parallèle à la façade principale, avec un débord important à l’est et peu ou pas à l’ouest.
L’aspect souvent dissymétrique de la maison labourdine contribue aussi à son charme. En fait, il s’agit, dans la plupart des cas, d’agrandissements successifs et non du plan initial.
Maison navarraise, sous influence
Il s’agit d’abord de l’influence historique de la province espagnole de Navarre, à laquelle la Basse-Navarre fut rattachée jusqu’en 1530. C’est ensuite et surtout l’influence de la géologie des sols, riches en argile, qui permet la fabrication de briques dès le 18e siècle. Ces briques plates viennent s’ajouter aux pierres.
Maison typique de Basse-Navarre, dans la commune d’Armendarits – Crédit photo : Harrieta171 – CC BY-SA 3.0
On utilise aussi la chaux pour mettre en valeur la pierre calcaire locale, notamment dans les encadrements de fenêtres et les chaînes d’angle. La façade principale est plate, sans encorbellement ni porche, contrairement à la maison labourdine. Les fenêtres sont petites, à petits carreaux, et symétriquement réparties. Le colombage, quand il existe, se limite à l’étage supérieur ou à certaines parties de la façade, mais il est moins répandu et moins décoratif qu’en Labourd.
Le toit à deux versants est couvert de tuiles rousses, avec un faîtage parallèle à la façade principale.
Enfin, l’intérieur, agencé de façon fonctionnelle, se compose d’une succession de pièces rectangulaires de petite longueur.
Peut-être moins emblématiques que leurs sœurs labourdines, les maisons de Basse-Navarre s’entourent d’un charme certain, donnant cette impression de force tranquille.
Maison souletine, adaptée au climat montagnard
En province de Soule, l’océan Atlantique apparaît un peu lointain. La réalité, ici, c’est la chaîne des Pyrénées et les maisons se sont adaptées au contexte montagnard. Si certaines similitudes architecturales peuvent apparaître entre maisons labourdines et navarraises, le style des maisons souletines se rapproche de celui des maisons béarnaises.
Magnifique etxe à Aroue-Ithorots-Olhaïby – Crédit photo : Nikonmania – Flickr
La maison n’est généralement pas un bloc unique massif comme dans les provinces basques voisines, mais adopte souvent des formes en L, en T, ou se compose de plusieurs bâtiments indépendants autour d’une cour. Cette organisation permet une imbrication des fonctions d’habitation et d’exploitation agricole, chaque volume étant adapté aux besoins et au relief local.
La toiture adopte une forme pointue et à forte pente, recouverte de tuiles plates ou d’ardoises, souvent terminée par un coyau (adoucissement de la pente en bas de toit) pour mieux évacuer la neige et l’eau. Les épis de faîtage en zinc sont fréquents et parfois très ouvragés.
La façade principale, à deux niveaux et généralement à trois travées symétriques autour de la porte, reçoit une décoration sobre. Les ouvertures sont de deux types : une porte piétonne pour le logis et une ou plusieurs portes charretières pour les usages agricoles. Au-dessus de la porte principale, une pierre gravée (cartouche) porte souvent le nom du constructeur ou du propriétaire et la date des travaux.
Les menuiseries sont peintes dans des couleurs variées : gris bleu, vert, brun, rouge, avec une prédominance ancienne du vert et du bleu, le rouge étant plus récent.
Ce n’est quand même pas rien. L’association internationale Dark Sky vient d’attribuer son label RICE au Parc naturel régional (PNR) des Landes de Gascogne. Ce label, attribué le 12 février 2025, fait de ce parc la 6e réserve de ce type en France et la 22e dans le monde, mais également la première située en plaine. Comme le rappelle le site officiel des parc nationaux, « un territoire labellisé RICE bénéficie d’un ciel étoilé d’une qualité exceptionnelle qui fait l’objet d’une mise en valeur à des fins scientifiques, éducatives, culturelles, touristiques ou dans un but de préservation de la nature. Chaque réserve comprend une zone centrale où la noirceur naturelle est préservée au maximum et une région périphérique où les élus, les individus et les entreprises reconnaissent l’importance du ciel étoilé et s’engagent à le protéger à long terme. »
Le PNR des Landes de Gascogne rejoint donc les cinq réserves labellisées en France :
Pic du Midi de Bigorre (2013)
Première RICE en France et en Europe.
Située dans les Hautes-Pyrénées, elle s’étend sur 3 000 km² et est cogérée par le Parc national des Pyrénées, l’établissement du Pic du Midi, et le syndicat départemental d’énergie des Hautes-Pyrénées.
Parc national des Cévennes (2018)
Plus vaste RICE d’Europe avec une superficie de 3 560 km².
Reconnu pour la qualité exceptionnelle de son ciel, comparable à celui du désert d’Atacama.
Alpes Azur Mercantour (2019)
S’étend sur 2 300 km² et regroupe 74 communes au croisement de l’arc méditerranéen et alpin.
Créée à l’initiative du Parc national du Mercantour et du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur.
Parc naturel régional de Millevaches en Limousin (2021)
Zone rurale préservée avec une faible pollution lumineuse, idéale pour l’observation astronomique.
Parc naturel régional du Vercors (2023)
Comprend les trois quarts sud du parc, avec des zones particulièrement sombres permettant d’observer jusqu’à 3 000 étoiles à l’œil nu.
Une nouvelle opportunité pour les astronomes amateurs
La zone cœur de la RICE s’étend sur 945 km² et se situe au cœur des Landes de Gascogne, au plus haut de ce vaste plateau sableux (soit à 145 m), à la tête de 3 bassins versants : la Leyre, la Midouze et le Ciron. La qualité du ciel nocturne du coeur de la RICE mesurée s’élève en moyenne à 21,2 mag/arcsec², avec des valeurs optimales à 21,9 mag/arsec². La zone périphérique qui protège cette zone cœur, concerne quant à elle 3 818km². Les lieux permettent une observation exceptionnelle. Jusqu’à 4 000 étoiles sont visibles à l’œil nu dans cette zone, un phénomène rare dans un monde où plus d’un tiers de la population ne peut plus admirer la Voie Lactée à cause de la pollution lumineuse.
Depuis plusieurs années, le parc a mis en place différentes initiatives pour diminuer l’impact de l’éclairage artificiel :
Adoption d’un éclairage public plus respectueux (par exemple, passage aux LED et extinction nocturne entre 1 heure et 5 heures dans certaines communes).
Sensibilisation des habitants et des élus locaux sur les bienfaits d’un ciel sombre pour la biodiversité (oiseaux migrateurs, insectes) et la santé humaine.
Le label RICE met en avant non seulement l’importance de préserver un patrimoine naturel unique, mais aussi les bénéfices éducatifs, culturels et touristiques qu’un ciel étoilé peut offrir. Cette reconnaissance pourrait également servir de modèle pour d’autres territoires qui souhaitent s’engager dans une démarche similaire.
Cette labellisation est une fierté collective pour les Landes de Gascogne et un atout majeur pour reconnecter les habitants et visiteurs avec un ciel nocturne préservé.
La fête de la mer à Mimizan est une célébration annuelle qui a lieu le 1er mai. Elle honore la relation entre Mimizan-Plage et l’Océan Atlantique. Cette journée est marquée par diverses animations et marque le début de la saison touristique de la station balnéaire.
La fête coïncide avec la tradition de la mayade, où un pin maritime décoré est planté devant la maison d’une personne que l’on souhaite honorer pour un événement particulier. Cette tradition est inscrite à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
Les festivités incluent des défilés nautiques, des dépôts de gerbes en mer, des spectacles de rue, des ateliers scientifiques pour enfants, des vide-greniers, et des animations musicales avec des bandas et des chœurs locaux. La journée est également ponctuée par des activités pour les familles, comme des structures gonflables et des jeux pour enfants.
Programme 2025 :
10 h – Messe en présence des associations marines et de la Sirène de l’Océan.
10 h 30 – atelier scientifique pour les enfants place du marché
17 h – Défilé Nautique et dépôt de gerbe à la mer (yacht-club, Mimizan Pêche Plaisance, pinasse, jet-ski, cercle Nautique, anciens marins)
14 h – balade à poney, parking des arènes et atelier scientifique, place du marché
14 h 15 – spectacle tout public Bill Boquet place du marché
Puis animations : les majorettes Les Perles de la côte d’Argent, la banda El Pafin’hot Band, Lous Amics du Born, Lous Cames de Boy, Areia Batucada et Tralala Landes
Et aussi toute la journée : Nouveauté 2025 : animation voitures anciennes avec Rétro auto moto avenue du courant Vide grenier Cerfs volants (embouchure du courant) Structures gonflables Landes Emotion Sports esplanade de la Garluche
Pratique
Quand ?
Le 1er mai 2025
Où ?
Boulevard des Pêcheurs Place du Marché 40200 MIMIZAN
Chaque printemps, depuis 16 ans, un vent hispanique souffle sur Périgueux et la Dordogne dans les cinémas, les galeries d’art, les librairies, les théâtres, les cafés, les médiathèques, les milieux empêchés, les écoles, les collèges, les lycées, les salles municipales ou encore dans la rue.
Le Festival CINESPAÑOL donne aux spectateurs séduits un bel aperçu de la culture hispanique, toujours avec le même choix fort : la gratuité pour tout et pour tous.
Les temps forts :
Deux expositions exceptionnelles
Le Cubain Ricardo de Armas, maître du trait, expose ses grands formats à la Visitation (salle d’exposition) du 31 mars au 12 avril.
L’artiste vénézuélien Damian Tirado déploie ses personnages pressés En movimiento dans le hall de la Mairie de Trélissac du 2 au 29 avril.
2025, le virage musique classique
Cinq concerts du Duo Sostenuto. Musiciens chevronnés, Benoît Roulland et Marie-Laure Bouillon savent ravir les publics par leur maestria et transmettre leur passion musicale par la simplicité du propos et une atmosphère chaleureuse.
Deux concerts flûte traversière et orgue : église de Sorges le 29 mars à 18h30 et à l’église Saint-Martin de Périgueux le 3 avril à 14h00, deux lieux choisis pour leur acoustique. Pour cette nouveauté nous avons fait confiance à Valérie Leroux et à Christian Mouyen, deux musiciens périgordins reconnus qui ont accepté de se plier avec brio à ces Folies d’Espagne.
2025, l’expression féminine favorisée
Galerie l’APP’ART, Périgueux. Neuf femmes de la République Dominicaine sous la conduite de Rosario Marrero nous feront partager leur art. Cette même artiste expose dans le hall du CLUB à La Roche Chalais, une série plus intime : « Jazz, la musique de mes ancêtres». Cécile Poncet étalera ses sculptures de papier “détournés” et compressés dans la chapelle de la Visitation au côté des “fers” du Catalan français Michel (Miquel) Alalinarde. Enfin Pedro Almodóvar expose au Prieuré de Montignac l’infini de son amour : Nunca te podré olvidar (Jamais je ne t’oublierai).
Cinéma
Soy Nevenka & El olivo de Icíar Bollaín ; La buena estrella de Ricardo Franco ; ¡Ay Carmela! de Carlos Saura ; Cerdita de Carlota Mártinez Pereda, cinq films qui nous montrent la femme persécutée et avilie, la femme passeuse de mémoire, la femme qui défend son idéal politique, la femme sans arrêt agressée… toutes ont en commun la volonté de se battre quoiqu’il leur en coûte.
Arts vivants
Création à Montpon Ménestérol en partenariat avec le service Culturel de la Ville, de Sarah viendra demain, lecture théâtralisée de et par Jean-Pierre Prout (auteur du roman éponyme) en un seul-en-scène avec Christine Bougouin, voix off, Paul Granet et Michel Marty, illustration sonore. NB : tous sociétaires de ¡Estupendo! Société d’Etudes Hispaniques.
Histoire
Lors de sa conférence Sur les pas de Pierre Paris (éminent archéologue), Rafael Navarra évoquera La Dama de Elche, visage majestueux d’une possible société matriarcale d’avant Jésus-Christ. Mercredi 9 avril à 10 heures, amphithéâtre Jean-Moulin à Périgueux.
Où trouve-t-on les plus belles bastides dans le Sud-Ouest ?
Pas moins de 400 bastides agrémentent les paysages du Sud-Ouest. Elles forment un patrimoine architectural et historique unique en Europe.
Olivier Sorondo – 19 mars 2025 – Dernière MAJ : le 19 mars 2025
La bastide de Domme, en Dordogne – Crédit photo : Ghezoart – CC BY-SA 3.0
Qu’est-ce qu’une bastide, au juste ?
Le mot « bastide » est tiré du latin médiéval « bastida », que l’on peut interpréter comme « ville neuve ». Pour l’historien Alcide Curie-Seimbres (1815-1885), « les bastides furent toutes fondées a novo, d’un seul jet, à une date précise, sur un plan préconçu, généralement uniforme, et cela dans la période d’une centaine d’années (1250-1350). » Construites entre la fin de la croisade des Albigeois et le début de la guerre de Cent Ans, ces petites villes répondent à des critères précis :
Un plan urbain régulier, souvent en damier ou en grille, avec des rues se coupant à angle droit. Ce plan facilitait la défense et l’organisation de la ville.
Une place centrale carrée ou rectangulaire, entourée d’arcades (cornières). La place servait de lieu de marché, de rassemblement et de centre administratif.
Une charte municipale permettant aux habitants de s’administrer. Des privilèges et des exemptions fiscales s’appliquaient aux nouveaux habitants pour les attirer. La charte définissait également les droits et les devoirs de la population.
Des fortifications dans la plupart des cas. Les portes d’entrée étaient surveillées.
Une église et parfois un château ou une maison forte étaient construits à proximité de la place centrale, symbolisant le pouvoir religieux et seigneurial.
Les bastides ont été fondées par des autorités féodales, parfois par le roi de France ou d’Angleterre, dans le contexte des guerres et des conflits territoriaux de l’époque. Elles répondaient à plusieurs préoccupations :
Affirmer le contrôle sur des zones disputées entre les Capétiens et les Plantagenêts.
Dynamiser les territoires et l’économie locale en développant des centres de commerce et d’artisanat.
Regrouper et protéger la population rurale. Celle-ci cultivait les terres environnantes, contribuant à l’autosuffisance alimentaire de la communauté.
Quelques bastides remarquables, parmi tant d’autres
Les bastides sont des témoins précieux de l’architecture médiévale et de l’urbanisme du Moyen Âge. Elles offrent un aperçu des techniques de construction et des modes de vie de l’époque.
Ces petites villes fortifiées attirent de nombreux visiteurs intéressés par l’histoire et l’architecture et représentent souvent des étapes incontournables des circuits touristiques dans le Sud-Ouest de la France.
Parmi les bastides les plus célèbres de la région, nous pouvons citer :
Monpazier (Dordogne) : Considérée comme le « modèle théorisé des bastides » selon l’architecte Viollet-le-Duc, elle est l’une des mieux conservées du Sud-Ouest.
Domme (Dordogne) : Établie en 1281, cette bastide est remarquable pour sa forme atypique qui s’adapte à la topographie du site plutôt que de suivre le plan rectangulaire habituel. La vue qu’elle offre de la vallée de la Dordogne est impressionnante.
Monflanquin (Lot-et-Garonne) : Bâtie en 1252, la bastide est connue pour sa place aux arcades et la Maison dite du Prince Noir. Classée parmi les plus beaux villages de France, elle offre une silhouette pittoresque sur une colline, avec une vue panoramique sur les paysages environnants.
Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) : Fondée en 1253 par Alphonse de Poitiers, Villeneuve-sur-Lot est une bastide bien préservée avec son plan en damier et ses fortifications.
Villeréal (Lot-et-Garonne) : Avec ses belles maisons à pans de bois, ses rues en damier joliment fleuries et sa halle centrale classée, cette bastide est particulièrement photogénique.
La halle à étage de Villeréal – Crédit photo : Comité départemental du Lot-et-Garonne
Cadillac (Gironde) : La cité a conservé son plan régulier et deux portes de son enceinte fortifiée.
Sauvette-de-Guyenne (Gironde) : Elle est la seule des huit bastides girondines à avoir conservé ses quatre portes fortifiées d’origine. La porte Saubotte, la mieux conservée, mesure 17 mètres de haut et possède deux salles de garde.
Inauguré en 1888, le plus grand parc de Bordeaux continue de répondre à sa vocation première : donner une campagne à ceux qui n’en ont pas.
Olivier Sorondo 17 mars 2025 – MAJ le 18 mars 2025
Temps de lecture : 7 mn
Un peu de quiétude et de vert – Crédit photo : FranceSudOuest
La générosité de Camille Godard
Finalement, les 28 hectares de parcelles agricoles, de forêts et de vignes auraient pu disparaître au profit de l’expansion urbaine en cette seconde partie du 19e siècle. À l’Ouest de Bordeaux, la commune de Caudéran (devenu en 1965 un quartier de la capitale girondine) ne cesse de se développer autour du bourg de Saint-Amand. Les riches négociants apprécient le lieu, situé non loin des Chartrons, et y construisent de somptueuses maisons.
En 1864, Frank Cutler, un négociant britannique installé en France, a la bonne idée d’acheter la petite trentaine d’hectares de terres pour y installer un parc et un jardin d’acclimatation. Malgré le soutien de quelques actionnaires regroupés en société anonyme, son projet échoue.
Pour autant, l’ambition de proposer un vaste espace vert aux Bordelais ne s’éteint pas grâce au legs de Camille Godard (1823-1881) à la Ville de Bordeaux. Fils d’une riche famille de négociants en vin et Cognac, propriétaire du prestigieux château Kirwan, réputé humaniste et esthète, Camille Godard lègue toute sa fortune à la commune, aux conditions suivantes : « Faires des créations utiles et profitables pour un grand nombre avec la création de squares, de jardins, de promenades… Et pour commencer, que la Ville crée une école de jardiniers pour les cultures maraîchères, fruitières, pour l’arboriculture et la culture florale. »
La municipalité se porte acquéreuse des 28 hectares en 1882 et respecte la volonté de son généreux mécène. À la fin du 19e siècle, les politiques publiques entament un « mouvement hygiéniste », comme l’explique l’architecte Michel Pétuaud-Létang, cité par Sud-Ouest. « Alors que les villes devenaient de plus en plus insalubres, les espaces verts étaient vus comme la solution pour purifier l’air. »
Trois ans de travaux
C’est aux architectes-paysagistes Denis et Eugène Bühler qu’est confiée la lourde mission de transformer cette vaste superficie en parc d’agrément. Les deux frères jouissent d’une excellente réputation nationale grâce à leurs projets antérieurs, notamment le parc de la Tête d’Or à Lyon et le parc du Thabor à Rennes.
Les travaux débutent en 1885 et se poursuivent jusqu’en 1888. Au départ, les Bühler souhaitent « réunir les spécimens remarquables de la flore et la faune des divers pays du monde », mais y renoncent au regard du coût trop élevé de l’entretien.
Ils doivent aussi prendre en considération les vœux exprimés par Camille Godard, qui voulait que soient plantés des magnolias, des noyers d’Amérique, des cyprès chauves de Louisiane et même des séquoias. Ces espèces végétales avaient été introduites dans la région par le botaniste bordelais Toussaint-Yves Catros au début du siècle.
Les frères Bühler orientent donc leur projet vers un parc plus traditionnel et s’inspirent en partie des parcs parisiens. Ils tracent un axe principal, surnommé le « baladoir », qui permet de rejoindre les espaces boisés, dont certains composés d’arbres antérieurs à la création du parc ou formés de chênaies. Ce sont aussi de multiples itinéraires de promenade plus étroits et discrets, qui renforcent l’impression champêtre.
La construction du plan d’eau, large de plus d’un hectare, ajoute au prestige des lieux. Les paysagistes se servent d’ailleurs des remblais issus du creusement pour créer des parties vallonnées, toujours dans le souci de reconstituer un environnement naturel et authentique. Le petit lac se prolonge d’une rivière que vient enjamber un pont à l’anglaise.
Vue sur le lac du Parc Bordelais, vers 1900.
Ce sont en fait différentes scènes végétales que les deux frères ont réussi à agencer autour du baladoir. « Des salles de verdures et des bosquets, un bois en étoile planté dans la tradition classique, des points de vue sur la rivière, le lac et la cascade » détaille le Comité des Parcs et Jardins de France sur son site Internet.
La campagne en ville
Afin de proposer une expérience nouvelle au public bordelais, Denis et Eugène Bühler ne lésinent sur aucun détail. Ils agencent une vaste aire de jeux pour les enfants, prévoient une largeur conséquente du baladoir (11 mètres) afin de permettre le passage des voitures à cheval, font bâtir un mini-zoo, installent des abris en toit de chaume pour se protéger de la pluie ou du soleil, veillent à la diversité des plantes et arbustes…
Le Parc Bordelais est officiellement inauguré le 28 avril 1888 par le Président de la République, Sadi Carnot, en compagnie du maire de Bordeaux, Alfred Daney.
La Ville dispose de son plus grand parc depuis près de 140 ans, véritable poumon vert au cœur d’un territoire aujourd’hui largement urbanisé. Les plus grands soins lui sont apportés, comme ce fut le cas en 1999, après le passage des tempêtes Lothar et Martin. Plus de 700 arbres ne résistent pas à la puissance des vents, semant la désolation dans le parc. La municipalité fait alors appel à la paysagiste Françoise Phiquepal pour réhabiliter le site. La spécialiste des jardins historiques redonne âme au Parc Bordelais en replantant les essences d’origine. Elle intervient à nouveau entre 2004 et 2006 pour réaménager l’endroit, en veillant à retrouver les grands espaces, libèrer l’eau stagnante du lac, déplacer les jeux d’enfants, installer un parc à chiens et tracer un chemin non goudronné tout autour du parc, aujourd’hui fréquenté par les joggers.
Et demain ?
Le parc fait valoir de nombreux arguments pour apaiser et retenir les visiteurs, comme la ravissante petite auberge où il fait bon siroter un verre en terrasse, le rucher-école chargé de mener des actions d’initiation à l’apiculture, la ferme abritant des espèces endémiques de la région, sans même parler de la faune, à l’instar des lapins, des écureuils (très nombreux), des canards et des oies à proximité du plan d’eau.
Pour leur part, les enfants profitent d’une petite piste dédiée aux voiturettes électriques, assistent aux spectacles de marionnettes du légendaire Guignol Guérin, jettent du pain aux canards ou se défoulent sur les aires de jeux à leur disposition.
La richesse botanique du parc et les soins permanents dont il fait l’objet lui valent le label « Jardin Remarquable » en 2011. La mairie de Bordeaux lui attribue le label « Famille Plus ».
Idéal pour le footing, le sentier forme une boucle de près de 2 km – Crédit photo: FranceSudOuest
Bref, le Parc Bordelais répond à sa vocation originelle d’offrir un peu de campagne aux citadins. Ce n’est pourtant pas suffisant pour l’association « Caudéran mon village », qui veut se montrer plus ambitieuse. Elle mène le combat pour que le site soit inscrit au titre des Monuments Historiques afin d’imposer un cadre pour toute modification, percevoir des subventions et attirer davantage de touristes. Pour argumenter son dossier, « l’association défend à la fois le parc en tant qu’œuvre, celle de l’architecte et paysagiste Eugène Bühler, mais aussi en tant que témoignage historique de l’esprit de philanthropie (un peu paternaliste) du 19e siècle » précise le journaliste Gwenaël Badets dans Sud-Ouest (04/09/2024).
Force est de constater que les magnifiques grilles du parc, notamment celles de l’entrée située rue du Bocage, subissent les outrages du temps et de la rouille. Sans même évoquer les incivilités, toujours plus nombreuses.
En attendant, le parc Bordelais s’est imposé comme une destination incontournable pour la population urbaine, avec ce doux sentiment d’oublier la ville pendant quelques heures.
Pratique
Accès : Quartier Caudéran, à l’ouest de la ville. Accès par les barrières Saint-Médard et du Médoc. Plusieurs entrées: rue du Bocage, avenue Carnot, avenue d’Eysines, avenue Charles de Gaulle, rue Godard… S’agissant des transports en commun (à privilégier, car les places de stationnement à proximité ne sont pas toujours évidentes), la station Courbet la ligne de tramway D et les lignes de bus G, 2, 23 desservent fort bien le parc.
Ouverture : Tous les jours et toute l’année. Ouverture à 7 heures. Fermeture à 18 heures du 1er novembre au 14 février, à 19 heures du 15 février au 31 mars et du 1er au 31 octobre, à 20 heures du 1er avril au 31 mai et du 1er au 30 septembre, à 21 heures du 1er juin au 31 août.