AOC Rosette, vin blanc résistant

AOC Rosette, vin blanc résistant


Menacés de disparition dans les années 1950, les vins de l’appellation Rosette, en terres bergeracoises, traversent le temps en toute discrétion.

Crédit photo : Les Vins de Bergerac Duras – Facebook

Un vignoble installé depuis… 1322

Partir à la conquête des vins et appellations de Bordeaux et du Sud-Ouest impose une solide motivation tant leur diversité est grande. Si les vins prestigieux du Médoc ou charpentés de Madiran jouent les têtes d’affiche, d’autres se détachent de toute ambition de célébrité.

Ainsi, le vin blanc moelleux de l’AOC Rosette poursuit son bonhomme de chemin à travers les siècles. Son territoire correspond à celui délimité en 1322 sous l’appellation de « Vinée de Bergerac ». La vinée aurait d’abord correspondu à la fusion du vignoble du châtelain de Bergerac et de celui de la paroisse de Saint-Martin, avant de s’étendre plus au sud en 1495.

Malgré la modestie de sa surface de production, le Rosette profite pleinement du commerce des vins aquitains vers l’Angleterre pour asseoir sa réputation. Du 17e au 18e siècle, le développement du commerce avec la Hollande lui permet de contribuer au rayonnement des vins du Sud-Ouest, en apportant sa touche souple et moelleuse.

En 1881, la crise du phylloxéra ravage le petit vignoble, comme tous ceux de France. Les quelques pieds survivants ne résistent pas aux terribles gelées hivernales un an plus tard.

Replantées, les vignes reprennent leur existence confidentielle, à l’ombre des fameux Monbazillac et Pécharmant, leurs voisins de terroir. Tout vient à point à qui sait attendre, car en 1946 un décret hisse le Rosette au rang d’AOC, en récompense de sa qualité et de sa singularité.

Hélas, l’appellation ne contribue pas vraiment à son essor commercial. Jusqu’aux années 1980, sa consommation dégringole. Éloigné des attentes du public, à une période où la publicité impose la notoriété à ceux qui peuvent se l’offrir, le vignoble se contracte. La densification urbaine de Bergerac grignote aussi son territoire.

Il faut toute l’énergie d’une petite équipe de viticulteurs rapatriés d’Afrique du Nord pour lui éviter de disparaître.

Continuer d’exister

L’appellation Rosette dépend d’une aire de production délimitée entre les communes de Bergerac, Creysse, Ginestet, Lembras, Maurens et Prigonrieux. Le vignoble est installé sur les coteaux de la rive droite de la Dordogne, dans un environnement enchanteur composé de collines et de massifs forestiers.

Sa superficie officielle s’étend sur 125 hectares, mais seule une quarantaine est actuellement exploitée. La surface reste certes modeste, mais elle s’est étirée depuis les années 2000. En 2008, elle ne dépassait pas les 11 hectares. Le vignoble a su échapper à une disparition lente et inéluctable.

Il profite de sérieux atouts pour justifier sa survivance. D’abord, le microclimat qui couvre cette petite zone de la Dordogne se révèle particulièrement bien adapté à la maturité du raisin. Protégées par un amphithéâtre de collines et plantées sur des coteaux baignés de soleil, les vignes profitent de conditions précieuses.

Ensuite, le sol se compose de sables argileux, d’alluvions et de graviers charriés par la rivière. Riche en fer et en minéraux, il se réchauffe rapidement au printemps, aidé par les coteaux drainants.

Enfin, les trois cépages de l’AOC Rosette (sémillon, sauvignon et muscadelle) restent particulièrement appréciés des consommateurs, justifiant leur pérennité. Ils contribuent à singulariser le Rosette, considéré comme un blanc moelleux et non pas liquoreux.

Aujourd’hui, une dizaine de viticulteurs se consacre à l’appellation. Ils procèdent au passerillage pour obtenir une bonne surmaturation des grains et s’assurer d’une teneur en sucres résiduels suffisante.

Les vendanges sont lancées avant l’apparition du botrytis (ou peu après selon les parcelles) et suffisamment tôt pour conserver la fraîcheur, l’acidité et l’arôme des raisins. Toute l’identité de l’AOC Rosette tient en cette alchimie entre grains suffisamment sucrés et récolte pas trop tardive.

Les raisins sont pressés immédiatement et la fermentation alcoolique se produit en quatre à cinq jours. Le breuvage est ensuite conservé deux à trois mois en cuve ou barrique avant d’être embouteillé.  

La production reste modeste, pour atteindre les 14 000 bouteilles les années fastes.

Un plaisir forcément rare

Il n’est bien sûr pas envisageable de trouver des bouteilles d’AOC Rosette dans son supermarché de quartier, à moins, peut-être, d’habiter Bergerac et ses environs.  Le vin sait se faire discret pour encore mieux se faire désirer.

Les amateurs chanceux apprécient le travail d’assemblage effectué par les vignerons, signature d’un vrai savoir-faire.

À l’œil, le vin dévoile une robe pâle et un jaune paille aux reflets dorés.

Au nez, « les premières senteurs dévoilent un bouquet complexe où les fleurs blanches, l’acacia et le chèvrefeuille en tête, rencontrent les agrumes. À cela s’ajoutent des notes de mangue et d’ananas pour une pointe d’exotisme et de savoureuses touches de poire » écrit Le site spécialisé Tout le Vin.

Des notes anisées ou mentholées peuvent parfois se dévoiler, renforçant le sentiment de fraîcheur.

En bouche, le sucre apporte une sage onctuosité au nectar, en bon équilibre avec la fraîcheur. « Le sémillon apporte la structure, le gras, l’onctuosité, et le sauvignon, la fraîcheur aromatique. On retrouve l’alliance de notes suaves de fruits exotiques et de nuances plus fraîches d’agrumes, qui soulignent la vivacité de la finale » précise le Guide Hachette des Vins.

Le Rosette s’apprécie bien sûr à l’apéritif, servi entre 8 et 10°. À table, il accompagne les volailles, les fruits de mer, les poissons en sauce, le foie gras, les plats truffés ou encore les formages à pâte persillée.

Sa dégustation rend hommage à sa longue histoire, parfois tourmentée. Considéré comme élégant et de grande distinction, le Rosette continue d’exister vaille que vaille et en toute confidentialité.


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Boirons-nous toujours du bon vin de Bordeaux en 2050 ?

Boirons-nous toujours du bon vin de Bordeaux en 2050 ?


Le réchauffement climatique n’épargne pas le vignoble bordelais. Entre amère constatation, expérimentations et amorces de solution, les professionnels sont contraints de s’adapter pour préserver la qualité de leur vin.

Vignoble de Saint-Emilion – Crédit photo : Éric Chicouard – Flickr

Le Bordeaux à un moment charnière de son histoire

La réputation mondiale de la capitale girondine s’est construite, au fil des siècles, sur l’excellence de son vin. Il continue aujourd’hui de jouer un rôle économique majeur, avec des ventes annuelles frôlant les 4 milliards d’euros et une filière représentant près de 60 000 emplois.

Le réchauffement climatique, dont le dernier épisode caniculaire l’été dernier est venu rappeler la triste réalité, bouleverse les règles du jeu. Les températures augmentent (+1,4 °C depuis 1990), les périodes de sécheresse s’intensifient et se prolongent, la ressource en eau se raréfie.

La vigne n’échappe bien sûr pas au phénomène. « Nous sommes à un moment charnière. Le changement climatique est là, on le voit, on le subit » déplore Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, cité par France 3.

Inquiets, les viticulteurs ne peuvent que constater les symptômes. L’avancée de la date des vendanges en est peut-être le plus symbolique. Selon Christophe Riou, directeur adjoint de l’Institut français de la vigne et du vin, cette avancée correspond à un mois en 50 ans.

Les vignes, confrontées à des étés particulièrement secs, souffrent de stress hydrique et se fatiguent à une fréquence plus élevée. Elles se dessèchent et perdent leur rendement habituel.

Sous l’effet d’un soleil plus fort et insistant, le raisin subit une maturation rapide et, en conséquence, des niveaux de sucre plus élevés, donnant lieu à une teneur en alcool qui augmente. C’est, au final, l’équilibre du vin qui s’en trouve bouleversé.

Plus inquiétant, le changement climatique influence les arômes. Les odeurs de fruits frais, comme la fraise et le cassis, s’effacent au profit de celles de fruits confiturés et moins complexes, à l’instar du pruneau. La baisse de l’acidité contribue également à dégrader la fraîcheur des vins, pourtant essentielle à leur identité.

Cépage le plus répandu en terres bordelaises, le merlot est pourtant celui qui résiste le moins à l’évolution du climat. « D’ici 20 à 30 ans, le merlot risque de mûrir au mois d’août et ce sera clairement au détriment de la qualité des vins » estime Kees van Leeuwen, professeur à l’École nationale supérieure des sciences agronomiques de Bordeaux Aquitaine, dans la Revue des Vins de France.

En avoir le cœur net

Soucieuse de s’éloigner des seules prévisions théoriques, l’association des journalistes de l’environnement (AJE) s’est tournée en 2018 vers Pascal Chatonnet, œnologue et vigneron. Ce dernier a accepté d’anticiper la saveur d’un vin de Bordeaux en 2050. Il a ainsi choisi de récolter deux cépages typiques du Bordelais, le merlot et le cabernet-sauvignon, en Tunisie et dans le Minervois, pour concevoir sa « cuvée du futur ». Le résultat ne s’avère pas très concluant.

« À l’aveugle, j’aurais dit un Languedoc, mais basique. On n’a pas le terroir, le sol et le sous-sol, qui font une grosse partie du vin. C’est buvable, mais il y a un manque de finesse, d’authenticité » constate Monique Josse, du musée du vin de Paris, citée par la Revue des Vins de France.

Pour Pascal Chatonnet, interrogé par Vitisphère, « À la dégustation, ce Bordeaux 2050 est d’abord marqué par un nez d’orange et d’épice, qui ne serait pas éloigné d’un… vin chaud. Bordeaux a la typicité d’un nez de fruits frais, rouges ou noirs selon l’année, mais ici on tend vers le fruit cuit, voire sec. »

L’œnologue insiste néanmoins sur l’aspect expérimental de sa démarche, même si sa cuvée représente l’expression des cépages choisis sous ces climats (très) chauds.

Les incertitudes liées au réchauffement climatique ont également interpelé Bernard Magrez, le célèbre propriétaire viticole bordelais, dont quatre grands crus classés. Dès 2013, l’homme d’affaires a développé un dispositif s’appuyant sur les technologies de l’aéronautique pour simuler les conséquences de l’évolution du climat sur le vignoble. L’expérience vise à identifier les cépages susceptibles de résister aux assauts du soleil et à proposer le même niveau de qualité que celui qui entoure aujourd’hui les grands crus.

La phase d’expérimentation a ainsi permis de mettre en place un cuvier de vinification, « composé de 84 cuves thermorégulées permettant la vinification séparée de chacun des cépages de l’étude. Il permettra ainsi de mesurer le potentiel de ces cépages et des vins qui en seront issus comme voie d’adaptation au changement climatique » explique le Figaro Vin.

Les premières pistes de solution

Un patrimoine aussi riche que le vignoble bordelais mérite d’être protégé et sa pérennité passe par des enjeux d’adaptation. Si les inconnues restent encore nombreuses, elles n’empêchent pas les premières démarches.

Pour Nathalie Ollat, ingénieure de recherche, citée par Basta Media, « il n’y a pas une seule solution, mais un ensemble de solutions qui doivent être combinées. »

Depuis déjà quelques années, certains propriétaires de châteaux retardent l’effeuillage jusqu’à la fin de période de croissance du raisin, avec le souhait de réduire les brûlures du soleil. D’autres ne labourent plus le sol pour préserver l’humus.

Le choix peut également consister à introduire dans les vignes des porte-greffe plus tardifs grâce à un enracinement plus profond et à une meilleure captation de l’eau. Modifier la densité de plantation pourrait également soulager le vignoble en réduisant le stress hydrique.

Plus que tout, le changement climatique incite les viticulteurs à s’interroger sur l’encépagement de demain. Emblématique du Bordelais, le merlot souffre d’une maturation trop rapide due aux étés chauds. Les stratégies peuvent consister à retarder son cycle végétatif ou à l’abandonner au profit de cépages moins précoces, à la condition de ne pas dénaturer la caractéristique des vins de Bordeaux, à laquelle le merlot contribue beaucoup.

Les cépages alternatifs ne manquent pas. Les professionnels se tournent vers les cépages anciens, abandonnés à une certaine époque à cause, justement, de leur maturation trop tardive.

« Nous avons à notre disposition plusieurs centaines de cépages plus résistants à la sécheresse et qui produisent un raisin intéressant que nous pourrions planter dès à présent » explique Pascal Chatonnet à la revue Sciences et Avenir. À Bordeaux, des cépages originaires de la région comme le malbec, le carmenère et le petit verdot pourraient retrouver le chemin des coteaux.

D’autres cépages, issus des vignes portugaises, espagnoles ou grecques font également l’objet d’études attentives de la part de l’INRA et de Bordeaux Sciences Agro. Rompus aux fortes chaleurs, ils pourraient demain entrer dans la composition des vins de Bordeaux.

Face à l’enjeu climatique, les professionnels de la viticulture adoptent progressivement de nouvelles méthodes. Le défi n’est pas mince : adapter la vigne au réchauffement pour maintenir la réputation de leur vin.


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Le courant d’Huchet, précieux royaume de la biodiversité

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Le courant d’Huchet, précieux royaume de la biodiversité


Exutoire de l’étang de Léon, à l’ouest du département des Landes, le courant d’Huchet se faufile à travers un paysage amazonien jusqu’à l’océan Atlantique.

Crédit photo : Audric B. – CC BY-SA 4.0

Comme un sentiment hors du temps

Bien naïf celui qui considère les Landes comme une interminable et monotone forêt de pins. Le département regorge de petits territoires singuliers et discrets, souvent éloignés des vagues de touristes, qui contribuent à sa richesse.

Le courant d’Huchet est l’un de ceux-là, même s’il bénéficie d’une notoriété aujourd’hui bien établie. L’endroit suscite il est vrai l’admiration de ses visiteurs depuis déjà de nombreuses décennies. Ainsi, le journaliste Gilles Charles laisse parler son émotion dans le supplément littéraire du Figaro paru le 16 octobre 1921 : « Mais l’on rechercherait vainement ici les molles harmonies des paysages de la Loire et si l’on peut découvrir une harmonie profonde, elle ne manque pas d’une certaine violence. Tant il y a que l’étang de Léon est étrangement séduisant. Et si le courant d’Huchet ne peut vous émouvoir, c’est à désespérer. Imaginez un minuscule cours d’eau qui serpente entre des rives boisées, si minuscule à certains endroits que la barque la plus étroite y passe à grand-peine. Et ce ruisseau forme des criques, de petites anses où la lumière s’opalise dans l’ombre verte des feuillages, où, sur l’eau dormante, s’épanouissent les fleurs des nénuphars, les fougères royales et les hibiscus nuancés. »

La découverte du lieu reviendrait au poète italien Gabriele d’Annunzio en 1908, mais il est fort probable que les habitants de cette partie du littoral le connaissaient depuis fort longtemps. Le Pays de Born et du Marensin laisse d’ailleurs voir d’autres courants, ou petits fleuves côtiers. Tous jouent le rôle d’exutoire des étangs et permettent de drainer les sols sableux.  Ils se jettent dans l’océan Atlantique en franchissant les dunes par une embouchure, ce qui les soumet d’ailleurs au mouvement des marées dans leur partie aval.

Pour sa part, l’embouchure du courant d’Huchet n’a jamais été stabilisée par des travaux d’endiguement. Force est de constater que parmi les fleuves côtiers de cette partie des Landes, il s’impose comme le plus somptueux et remarquable. La richesse de son environnement lui vaut d’être classé dès 1934 au titre des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.

Un écosystème fragile et protégé

Le souci de préserver cet écrin de nature appelle différents classements tout au long des décennies. En 1968, le plan d’eau de Léon est classé parmi les sites pittoresques du département. Ses rives le seront également en 1980, intégrant les communes de Léon et Vielle-Saint-Girons. Un an plus tard, la Réserve naturelle nationale du courant d’Huchet est officiellement créée. Sa gestion revient au syndicat intercommunal d’aménagement et de gestion, en charge de veiller à l’application de la règlementation, de réaliser le suivi scientifique et l’évaluation du patrimoine naturel, d’harmoniser les actions écologiques et d’accueillir le public.

La mission première s’attache bien à la conservation du patrimoine, qui impose un suivi permanent de l’avifaune, des mammifères, de la flore et des habitats naturels, des amphibiens et reptiles, mais aussi de la ressource en eau et des activités humaines.

Sur le terrain, les équipes du syndicat mènent différentes actions, comme le contrôle des espèces exotiques, à même de provoquer des déséquilibres majeurs au sein des écosystèmes. La gestion des niveaux d’eau et des débits répond également à une priorité, celle de laisser évoluer les zones marécageuses et de protéger la population faunistique du courant.

Crédit phot : Philippe B – Flickr – CC BY-ND 2.0 DEED

La même préoccupation vaut pour la fluidité du cours d’eau. Chaque année, les bateliers assurent l’entretien des berges et procèdent au dégagement des encombres.

La rigueur écologique qui anime le syndicat se traduit par de nombreuses initiatives, à l’instar du ramassage des déchets apportés à marée montante et du nettoyage systématique des secteurs fragiles.

Enfin, les équipes de la réserve se chargent d’accueillir le public. S’il s’agit d’abord de faire respecter la règlementation (qui interdit par exemple la présence de chiens ou la cueillette de végétaux), le souhait est aussi de sensibiliser les visiteurs à la richesse du petit territoire d’Huchet. À ce titre, elles organisent régulièrement des animations pédagogiques et des visites guidées, selon différentes thématiques.

La petite Amazonie des Landes

De l’étang de Léon jusqu’à la plage de Moliets-et-Maâ, la réserve occupe une superficie de 618 hectares, tout entière intégrée à la zone humide littorale. Le courant lui-même s’étire sur une distance de 9 km, épicentre d’un univers singulier et dépaysant. Outre l’étang, d’autres zones humides parsèment le territoire, à l’instar du marais du Cout de Mountagne ou du marais de la Pipe, qu’entourent de larges tourbières et marécages. Ce milieu aquatique s’enrichit de l’influence des grandes marées, qui charrient dans ses eaux différents poissons d’eau de mer, dont les civelles.

La réserve abrite une flore riche et diversifiée, dont la forêt-galerie, composée d’aulnes, de saules et de chênes, solidement plantée aux abords du courant. « Ici, la nature règne, libre, sauvage à l’image de ce chêne-liège majestueux qui trône en bord de rive. Planté il y a plus de quatre cents ans, du temps d’Henri IV, l’arbre classé donne au paysage des allures de conte fantastique » écrit, conquise, Anne-Lise Carlo dans Le Monde (07/01/2022).

Plus proche de l’océan, la pinède modifie le paysage. Rempart efficace de la diversité du sous-bois, elle contribue aussi à stabiliser les dunes côtières.

Crédit photo : Bateliers du courant d’HUchet

Plus de 280 espèces végétales ont été recensées dans la réserve, dont certaines présentent un intérêt patrimonial majeur, justifiant leur protection. La richesse botanique des lieux se nourrit d’une multitude de plantes, parfois exotiques, à l’instar du trèfle d’eau, du cyprès chauve, de l’hibiscus rose ou de l’iris jaune.

L’environnement que constitue le courant d’Huchet se révèle bien sûr favorable à l’épanouissement d’une faune variée. Les zones aquatiques constituent le décor parfait pour les loutres d’Europe et les campagnols amphibies. Plus au sec évoluent les genettes communes et les visons, dont l’espèce reste menacée. Les branches d’arbres accueillent pour leur part une grande variété d’oiseaux, d’autant que la réserve se trouve sous un couloir migrateur majeur. Les amateurs d’ornithologie se régaleront en observant, pêle-mêle, la spatule blanche, le balbuzard pêcheur, l’aigle botté ou encore le canard siffleur.

La nécessité d’un tourisme raisonné

Si la Gironde profite de la dune du Pilat comme destination touristique privilégiée, les Landes peuvent faire falloir le courant d’Huchet au titre de trésor départemental. Néanmoins, son attrait ne correspond peut-être pas tout à fait aux attentes des responsables de la réserve. « À présent, le courant attire beaucoup trop de monde. Nous n’étions pas préparés à accueillir presque 100 000 personnes à l’année. Les animaux sont dérangés par cette surfréquentation et le risque, c’est qu’ils ne se reproduisent plus sur la réserve » explique François Faure, le conservateur de la réserve, au Monde (07/01/2022).

Malgré l’attention dont elle fait l’objet, la réserve naturelle reste un écosystème fragile. C’est la raison pour laquelle les visiteurs prennent connaissance, dès leur arrivée, des nombreuses règles à respecter. Le souhait est bien sûr de continuer à proposer la découverte de cet environnement exceptionnel au public, tout en préservant son équilibre fragile.

La visite la plus appréciée est d’ailleurs celle qui impacte le moins courant d’Huchet. Il s’agit d’emprunter l’une des quelques galupes (barques traditionnelles à fond plat) mises à disposition par les bateliers de la réserve. La promenade, longue de 10 kilomètres, promet une immersion complète au cœur de l’Amazonie landaise, agrémentée par les explications précieuses des bateliers et l’univers sonore de la faune. L’occasion rêvée d’apercevoir un busard des roseaux prendre son envol ou une grenouille agile sauter d’un nénuphar.  C’est en tout cas la promesse certaine d’une parenthèse enchantée, fruit du travail quotidien des équipes de la réserve.


Informations pratiques :

Maison de la réserve
374, Rue des berges du lac – 40550 LÉON
Tél : 05 58 48 73 91
Web : www.reservenaturelle-couranthuchet.org

Chalet d’accueil (avril à sept)
Pichelèbe – D328
40660 MOLIETS ET MAÂ

Bateliers du courant d’Huchet
Visites organisées d’avril à octobre.
Balade de 2 heures : 17 € par adulte et 9 € par enfant (jusqu’à 6 ans)
Balade de 3 heures : 23 € et 12 €
Balade de 4 heures : 30 et 15 €

Réservation obligatoire par téléphone : 06 27 82 19 36
Web :  www.bateliers-courant-huchet.fr

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La Gironde, terre de cinéma

La Gironde, terre de cinéma


La diversité de ses paysages et la richesse de son patrimoine attirent les équipes de tournage depuis des décennies. Petit état des lieux, forcément limité et subjectif.

Camping, sorti en 2006, avec Franck Dubosc.

La Gironde, vieille habituée des plateaux

Est-il besoin de rappeler que l’une toutes premières vedettes du cinéma français, Max Linder (1883-1925), est originaire de Gironde, et plus précisément de Saint-Loubès. Jeune homme, il entre au Conservatoire de Bordeaux et joue le répertoire classique dans les théâtres de la ville, avant de connaître un formidable succès cinématographique quelques années plus tard à Paris. En 1922, il revient sur ses terres natales pour tourner le début de son film L’étroit mousquetaire, une parodie de l’œuvre de Dumas.

Autre enfant du pays, Émile Couzinet (1896-1964) lance sa carrière dans l’exploitation de salles de cinéma dans le Sud-Ouest et à Bordeaux avant de privilégier la production et la réalisation de films. Ses œuvres s’inspirent de l’esprit vaudeville du théâtre. Dès 1939, il plante ses caméras dans la capitale girondine (et à Royan) pour tourner L’intrigante (la belle Bordelaise), une histoire de rivalité amoureuse puis de complicité entre un père et son fils.

S’il est difficile de savoir quel a été le premier film réalisé dans le département, on sait que Julien Duvivier a tourné en 1919 sa toute première œuvre, Haceldama ou le prix du sang, dans le Médoc et en Corrèze. Les paysages se prêtent parfaitement à l’ambiance western voulue par le jeune homme, qui s’imposera en quelques années comme un réalisateur majeur.

En 1922, Abel Gance tourne quelques plans de son film La Roue au Casino Mauresque d’Arcachon. L’action du film se déroule à Nice, mais le cinéaste a choisi la station balnéaire girondine pour quelques jours afin de permettre à sa compagne, malade, de profiter des vertus de l’air marin. Cette dernière décèdera pourtant à la fin du tournage…

Des châteaux et des vignes

Pourvoyeuse de talents, la Gironde a aussi su charmer les scénaristes et réalisateurs au fil des décennies. Certains sites se prêtent volontiers à l’accueil des tournages. Ainsi, le château de Roquetaillade, à Mazères, accueille en 1963 Louis de Funès et Jean Marais pour le tournage de quelques scènes de Fantômas. En 1972, c’est au tour de Jean-Paul Belmondo de profiter du prestigieux décor de Roquetaillade dans le film Docteur Popaul, réalisé par Claude Chabrol. Le réalisateur Christophe Gans choisit également le château girondin pour quelques scènes de son célèbre film Le pacte des loups (2001), qui attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles.

Bien sûr, l’immense vignoble du département s’impose naturellement aux productions relatant les sagas des riches producteurs de vin. En 1982, le réalisateur Robin Davis choisit le château Pontet-Canet, situé à Pauillac, pour tourner J’ai épousé une ombre, réunissant Nathalie Baye et Francis Huster. Le scénario relate l’histoire de Hélène, enceinte et abandonnée par son compagnon, qui prend la place d’une femme lui ressemblant au sein de la belle famille, riche propriétaire d’une exploitation.

En 2011, ce sont les relations difficiles entre un père (Niels Arestrup) et son fils (Lorànt Deutsch), qui exploitent un vignoble prestigieux de Saint-Émilion, que choisit de raconter Gilles Legrand dans son film Tu seras mon fils. Vigneron exigeant et passionné, Paul considère que son fils manque de talent et de charisme pour assurer sa succession. Outre le drame familial, le long-métrage rend un vibrant hommage à l’univers vinicole.

Le bassin d’Arcachon, studio en plein air

Grâce à ses décors de carte postale, le bassin d’Arcachon suscite l’engouement des réalisateurs.

Si Claude Chabrol, dans son film La fleur du mal (2003), situe une bonne partie de la narration sur le bassin, Fabien Onteniente décide quant à lui de s’y consacrer pleinement. Excellente décision puisque son film Camping (2006), avec Franck Dubosc dans le rôle principal, dépasse les 5,5 millions d’entrées. Tourné au Camping de la Dune (Camping des Flots bleus à l’image), au pied de la dune du Pilat, le film narre les aventures estivales de Patrick Chirac et de ses amis vacanciers.

Le décor devenu emblématique du film Camping – Crédit photo : Camping de la Dune

Le succès populaire est tel que deux suites sont tournées en 2009 et 2015, mais sans jamais atteindre le même nombre d’entrées.

Détruit lors du terrible incendie survenu à l’été 2022, le camping ayant servi au tournage a pu être entièrement reconstruit, au terme de sept mois de travaux. Les prémices d’un futur camping 4 ?

Autre succès commercial, Les petits mouchoirs, tourné par et avec Guillaume Canet en 2009, donne la part belle aux décors du Cap Ferret, que le public retrouve dix ans plus tard dans Nous finirons ensemble.

C’est également à la pointe du Cap-Ferret qu’a été tourné L’année du requin en 2021. Librement inspiré du célèbre film de Spielberg, Les dents de la mer, le long-métrage des frères Boukherma décrit la frayeur des touristes d’une station balnéaire à l’approche d’un gros requin-bouledogue, en misant toutefois sur quelques touches d’humour. Il ne semble pas que ce pari narratif ait séduit le public ou la critique. « Hybride foutraque qui doit tout à la passion de ses auteurs, mais ne sait pas sur quel aileron nager, ce film de requin made in France est assurément le divertissement le plus bizarroïde de l’été » écrit ainsi le site Écran Large.

Bordeaux, incontournable

Il serait fastidieux de dresser la liste exhaustive des films tournés à Bordeaux. La capitale girondine peut s’enorgueillir d’avoir accueilli des tournages importants, à l’instar de celui du Corniaud en 1964, avec Bourvil et Louis de Funès. Certes, Bordeaux n’apparaît qu’une vingtaine de secondes à l’image, mais les plans d’ensemble filmés par Gérard Oury suffisent à identifier la ville, notamment grâce aux quais, au Pont de Pierre et à la Grosse Cloche. Le film permet aussi de se rendre compte à quel point la ville a changé.

Une autre comédie populaire tournée à Bordeaux ? Les fugitifs ! Réalisé en 1986, le film de Francis Veber complète la trilogie des films d’aventure du couple Pierre Richard et Gérard Depardieu, après La chèvre et Les compères. Cette fois, la cité girondine ne sert pas à tourner quelques plans, elle constitue le décor principal de la fiction. Les aventures rocambolesques de Jean Lucas (Depardieu), ancien repris de justice, et de François Pignon (Richard), chômeur au bout du rouleau, permettent d’identifier quelques lieux, comme le jardin public, la rue Sainte-Catherine ou encore la place du Champs-de-Mars.

Nul besoin de construire des décors historiques et onéreux lorsque les rues bordelaises répondent à l’attente des cinéastes, même si leur histoire est supposée se dérouler à Paris.

Ainsi, en 1982, Robert Hossein adapte Les misérables de Victor Hugo et tourne quelques scènes à Bordeaux. Même réflexe de la part de Patrice Chéreau en 1993 lorsqu’il lance le tournage de La reine Margot, avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre. Ce sont les rues de la Tour-du-Pin et de Saint-Éloi qui accueillent techniciens et comédiens pendant trois semaines.

La même rue de la Tour-du-Pin, décidément très cinégénique, sert également de décor au film Vidocq en 2000, avec Gérard Depardieu et Guillaume Canet.


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Le chien de berger basque, l’indispensable compagnon des troupeaux

Le chien de berger basque, l’indispensable compagnon des troupeaux


Peu connu du grand public, le Berger Basque assure ses missions de gardien du bétail avec intelligence et habileté.

L’Iletsua constitue l’une des deux variétés de la race – Crédit photo : Euskal Artzain Txakurraren Adiskideak – Travail personnel – CC BY-SA 4.0

Une origine préhistorique

C’est surtout l’image du Border Collie que l’on associe aux bergers et à leurs troupeaux. Discipliné, obéissant et travailleur, le chien noir et blanc s’est imposé comme une figure incontournable du pastoralisme. La race est même utilisée au Pays Basque, où l’activité d’élevage reste importante.

Pourtant, quelques bergers préfèrent s’adjoindre les services du Berger Basque, certes moins répandu, mais tout aussi efficace dans la gestion d’un troupeau au pied des Pyrénées.

Cette race autochtone serait considérée comme l’une des plus anciennes. Des fouilles archéologiques au Nord de l’Espagne ont ainsi permis de mettre à jour des squelettes canins vieux de 12 000 ans, affichant des caractéristiques proches de celles du Berger Basque.  

Traditionnellement implantée dans les zones de pâturage de Navarre, Guipuzcoa ou de Bizkaia, la race s’est révélée particulièrement adaptée à la conduite de troupeaux.

Son existence n’a pas été oubliée par la mythologie basque. L’une des légendes raconte que le Basajaun (géant des montagnes) l’aurait créé pour mener le combat contre un loup menaçant.

On retrouve aussi le Berger Basque dans de nombreuses peintures du 16e au 18e siècle, signe de son intérêt de la part de l’aristocratie. Des artistes comme Doré ou Guiard représentent ainsi le toutou dans leurs œuvres, tout comme le fera, au 20e siècle, l’artiste Ramiro Arrue.

Néanmoins, la race est menacée à partir de la fin du 19e siècle, à cause notamment des attaques de loups. Les bergers trouvent la parade en faisant appel à des Mastiffs ou à des Patous, dont la puissance apporte une réponse plus appropriée.

Fort heureusement, l’initiative de quelques bergers évite la disparition annoncée du Berger Basque. Ce dernier est employé comme chien d’alarme à proximité des hameaux. À défaut de pouvoir attaquer les loups, le chien prévient de leur arrivée.

Le chien endémique du Pays Basque

Aujourd’hui encore, la population des Bergers Basques reste marginale et localisée dans ses terres d’origine.

La race se compose de deux variétés, aux caractéristiques similaires, mais physiquement différentes.

Il s’agit d’abord du Gorbeiakoa, reconnaissable grâce à sa robe de couleur vive fauve ou rouge feu, son pelage lisse et son museau mince et allongé, souvent pourvu d’une pigmentation. Ses yeux épousent une forme d’amande et ses pattes apparaissent fortes et musclées.

De nature docile et affective, le Gorbeiakoa est particulièrement apprécié au sein des familles d’agriculteurs et de bergers. Ses qualités physiques et son intelligence contribuent à faciliter son dressage et à l’utiliser comme chien de troupeau. C’est donc lui que le public découvre lors des concours de chiens de berger.

Pour sa part, l’Iletsua laisse voir un pelage plus long, une couleur du poil cannelle, une largeur de poitrine plus importante et des oreilles toujours tombantes.

Un peu plus rebelle que le Gorbeiakoa, l’Iletsua reste un gardien vigilant de son territoire, pouvant se montrer méfiant envers les inconnus. Son physique plus imposant lui permet d’assurer des tâches de gardiennage.

« Beaucoup utilisent le Border Collie, qui fait un excellent travail, mais si nous, les Basques, nous ne développons pas le chien de berger basque, qui le fera ? Le Gorbeiakoa a un caractère plus dur que le Border Collie, et il est plus difficile à dresser. Mais une fois que les ordres sont assimilés, ça va assez vite » explique Juan Maiza, éleveurs de Bergers Basques, dans un reportage de France 3 Aquitaine.

La race apparaît toujours menacée aujourd’hui, du fait notamment de l’emploi plus important du Border Collie. Le défi des éleveurs consiste donc à l’imposer davantage auprès des bergers, mais peut-être aussi parmi les particuliers à la recherche d’une race authentique. Il convient toutefois de préciser que le chien n’est pas adapté à la vie citadine, malgré sa gentillesse naturelle. Son quotidien se nourrit de courses et de jeux à la campagne ou dans les décors montagnards.


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La Chalosse : petit paradis discret

La Chalosse : petit paradis discret


Située au Sud du département des Landes, à la naissance du Béarn, la Chalosse préserve son intimité depuis des siècles, peut-être pour protéger ses paysages contrastés, son patrimoine précieux et sa douceur de vie.

Ô calme, ô volupté – Crédit photo: Office de tourisme Landes Chalosse

Lorsque s’efface la forêt des Landes de Gascogne

« Demandez à un Français ce qu’est la Chalosse, vous ne recevrez point de réponse, pas même d’un méridional. » Extraite d’un article publié en 1935 dans la Revue du Touring Club de France, cette phrase susciterait sans nul doute la même interrogation aujourd’hui.

De fait, la Chalosse a toujours su s’entourer d’une certaine discrétion. Pour la découvrir, il convient de quitter la vaste forêt des Landes de Gascogne, symbole de l’identité landaise, et d’emprunter la direction du Béarn, là où se dessinent les premières collines pré-pyrénéennes. 

S’il n’a jamais bénéficié de contours officiels ni même historiques, le pays de Chalosse s’étire au Nord jusqu’à l’Adour, se perd non loin de Dax à l’Ouest, s’ouvre aux vignes de Tursan à l’Est et, enfin, devient Béarn au Sud.

Ici, les célèbres pins maritimes ne composent plus un décor monotone et presque infini. La Chalosse tire sa beauté de la diversité de ses paysages, constitués de coteaux adoucis, de forêts, de prairies, de champs et de vignobles que découpent les rivières.

« Le paysage n’est jamais le même ; il se fond, se contracte ou s’étale suivant l’inclinaison du soleil. Horizons infinis qui se perdent dans le rêve, la méditation. Paysages mouvants, mais aussi merveilleusement composés qui ravissent peintres et poètes » écrit, inspirée, Michèle Barrault, dans son ouvrage Les Landes (Collection Découverte, Éditions Beba, 1988).

La Chalosse se caractérise aussi par les bocages, qui ajoutent une note bucolique au panorama à travers la multitude de bosquets et de haies entre les champs de maïs, les prairies artificielles et les landes d’ajoncs. Les interminables plages landaises semblent bien lointaines à quiconque admire la vallée de l’Adour depuis les belvédères de Montfort-en-Chalosse et de Mugron.

Un pays riche d’une (très) longue histoire

La Chalosse a accueilli les hommes dès le Paléolithique supérieur (de -4000 à 9500) comme en témoignent les outils en silex et en os, ainsi que diverses parures, retrouvés dans la grotte du Pape, à Brassempouy. Le lieu jouit d’une renommée mondiale depuis la découverte, en 1894, de neuf figurines en ivoire de mammouth, dont la célèbre « Dame à la capuche ». Le précieux objet, d’une hauteur de 3,65 cm, est considéré comme l’une des plus anciennes représentations du visage humain.

La célèbre statuette de la dame de Brassempouy – Crédit photo : Jean-Gilles Berizzi

À l’époque gallo-romaine, le terroir profite de la richesse de ses sols pour permettre une activité agricole intense. La culture du blé, du lin, du seigle, puis plus tard du maïs, assure l’approvisionnement des cités alentours, notamment celle de Dax, très fréquentée grâce à ses sources thermales.

Surtout, les coteaux ensoleillés se prêtent parfaitement bien à la plantation et au développement de la vigne. Au fil des siècles, le vin s’impose comme la ressource principale de la Chalosse.

De fait, grâce à son activité agricole séculaire, la Chalosse a accueilli une population importante, essentiellement partagée entre les propriétaires terriens, issus de la petite noblesse ou de la bourgeoisie, et les paysans. Dans leur immense majorité, les fermiers dépendaient du métayage pour survivre. Le terroir se compose d’ailleurs d’une multitude de petites exploitations. « La Chalosse était à la fois un pays riche par ses terres et pauvre par les gens qui y résidaient » précise avec justesse le site Terres de Chalosse.

Le métayage a perduré jusque dans les années 1920, lorsque les paysans se révoltent, excédés par leurs conditions précaires.

Aujourd’hui, les petites fermes composent toujours le paysage chalossais, dispatchées entre les villages et monuments moyenâgeux, qui participent eux aussi au charme de ce pays préservé.

L’attrait du patrimoine et du mode de vie

Édifice emblématique de la Chalosse, l’abbaye de Saint-Sever fut fondée à la fin du 10e siècle par Guillaume Sanche, comte de Gascogne. L’église abbatiale a été classée monument historique en 1911 puis inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

L’église a conservé un magnifique chevet à sept absides (tête de l’église, l’extrémité du côté de l’autel, lorsque cette extrémité est de plan arrondi ou polygonal) échelonnées, la forme la plus courante n’en proposant que trois. Autre particularité : les 77 chapiteaux et le tympan nord, véritable chef-d’œuvre du 11e siècle. La surface, qui fut l’une des toutes premières de l’art roman à être sculptée, représente une scène tirée de l’Apocalypse, dernier livre du Nouveau Testament.

Parmi les autres monuments religieux, l’abbaye d’Arthous (et son espace d’exposition) ou encore l’abbaye de Sordes, à l’architecture impressionnante, méritent amplement le coup d’œil.

Les visiteurs tombés amoureux de l’endroit ne manqueront pas de fréquenter le musée de la Chalosse, qui propose un parcours immersif. C’est l’occasion rêvée de s’imprégner des paysages, des cultures et de la douceur de vie de ce pays que l’on dit salubre.

La Chalosse tire aussi son charme de ses petits bourgs, édifiés au Moyen-Âge sur des sites perchés pour faciliter leur défense. En leur cœur, les communes typiques accueillent l’incontournable arène, dédiée à la course landaise, la place du foirail sur laquelle se tient le marché, le terrain de rugby et bien sûr l’église romane. Peu visitées, les églises chalossaises révèlent pourtant des trésors grâce à leurs chapiteaux naïfs, leur nef colorée ou encore leurs Vierges polychromes.

Le chevet de l’abbatiale de Saint-Sever – Crédit photo : Ville de Saint-Sever – CC BY-SA 4.0

L’héritage agricole s’est bien sûr accompagné d’une riche tradition culinaire. Les habitants du terroir de la Chalosse aiment le plaisir de la table et savent y contribuer. À travers une cuisine simple, le bœuf de Chalosse, le canard gras ou la truie gasconne régalent les familles depuis des siècles. On étanche sa soif en profitant d’un vin des côteaux-de-Chalosse, ce qui n’empêche pas de se tourner vers le Tursan ou le Madiran. Le premier, doté d’une IGP, s’invite souvent à l’apéritif alors que le second s’avère puissant et racé en bouche.

Mais que voir et que faire en Chalosse ?

Le pays peut représenter une destination de vacances opportune, à l’abri du tourisme de masse et à toute proximité de ses habitants. C’est la garantie d’un séjour dépaysant, serein, gourmand et réconfortant.

Pour ressentir l’esprit de la Chalosse, pourquoi ne pas emprunter, sur quelques kilomètres, l’un des deux chemins du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle ? La voie limousine traverse les villages de Saint-Sever, Audignon, Horsarrieu, Hagetmau, Argelos et Beyries, que séparent de magnifiques paysages. La voie du Puy-en-Velay mène les marcheurs vers les communes de Miramont-Sensacq et de Pimbo.

D’autres possibilités de randonnée s’offrent au public, notamment celle de la Voie Verte, ancienne voie ferrée réaménagée. Elle permet de belles et longues promenades à pied, en VTT ou à dos de cheval.

La Voie Verte serpente entre les arbres – Crédit photo : Tourisme Landes

Bien sûr, le patrimoine local représente une multitude d’opportunités de découverte. Montfort-en-Chalosse, Saint-Sever, Mugron, Samadet, Amou, Pimbo ou encore Castelnau-Tursan… Autant de villages, souvent médiévaux et souvent haut perchés, qui ne demandent qu’à être découverts. Les amateurs de course landaise ne manqueront de se rendre à Pomarez, considéré comme la Mecque de la discipline.

La Chalosse, ce sont aussi des abbayes, des châteaux et des manoirs qui parsèment le paysage, sans même évoquer les maisons de maître, typiques de la région.

En période printanière et tout au long de l’été, les activités se multiplient : baignade dans les six piscines de la région, plaisir du canoë sur l’Adour, pêche à la ligne sur les berges des rivières Adour, les Gaves ou le Luy, initiation au jeu de quilles traditionnel, relaxation totale aux thermes de Préchacq-les-Bains.

Ne pas évoquer le sens de la fête constituerait une erreur impardonnable. Comme dans l’ensemble des Landes, les ferias dictent la vie nocturne de bon nombre de communes, où bodegas et bandas promettent une ambiance haute en décibels.

Enfin, entre les producteurs locaux (dont les éleveurs de poulet de Saint-Sever), les marchés et les bons petits restaurants, il est à parier que le temps passé à table grignotera joyeusement les après-midi et soirée.

Mais n’est-ce pas finalement la philosophie de ce petit territoire discret, tout entier dédié à la douceur de vie ?


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Banc d’Arguin : la vie fragile au pied de la dune du Pilat

Banc d’Arguin : la vie fragile au pied de la dune du Pilat


Façonné par l’action des vents, des courants marins et de la houle, le banc d’Arguin symbolise l’entrée du Bassin d’Arcachon, entre la célèbre dune et la pointe du Cap Ferret.

Le banc d’Arguin vu depuis la dune du Pilat – Crédit photo : Christian Bachellier – Flickr

De la nécessité d’une réserve naturelle

C’est un constat fâcheux qui serait à l’origine de la création de la réserve naturelle du banc d’Arguin. En 1966, alors que des centaines de couples de sternes caugeks (oiseaux marins) nichent pour la première fois sur l’îlot, des plaisanciers profitent de l’abondance des œufs pour les utiliser comme projectiles au cours d’une bataille improvisée.

Consternés, les ornithologues et naturalistes décident de mieux protéger le fragile écosystème. Ils lancent un vibrant appel dans le journal Sud-Ouest et, en 1969, fondent l’association SEPANSO (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest). Leur ténacité est récompensée trois ans plus tard lorsque paraît le décret autorisant le classement du site en réserve naturelle nationale du banc d’Arguin.

La réserve couvre aujourd’hui 4360 hectares et apporte une réponse concrète à la préservation des îlots et de leur proche environnement.

L’endroit, il est vrai, donne l’impression d’un petit paradis. Il se situe à l’entrée du Bassin d’Arcachon, traversé par les deux grandes passes qui permettent à la marée de monter et de descendre. Surtout, le banc d’Arguin profite de sa célèbre voisine la dune du Pilat, qu’il contribue à alimenter en sable, pour se faire admirer des visiteurs perchés à plus de 100 mètres.

Son charme tient aussi du fait qu’il n’offre jamais la même physionomie en raison des vents et des courants marins, parfois puissants. À marée basse, le bang d’Arguin se dévoile tout entier, long de 4 km et large de 2 km.

La réserve se compose de trois zones :

  • Les sommets des bancs de sable, où pousse une végétation spécifique à l’écosystème, comme les oyats.
  • La zone sublittorale, profonde de 20 mètres, dont les fonds laissent voir un vaste herbier grâce à l’abondante présence de zostères (plantes marines).
  • Les plages et étendues de sable. Soumises aux aléas climatiques et à la force des courants, elles changent continuellement d’aspect et de superficie.

Le travail de la nature depuis des millénaires

Le bassin d’Arcachon n’est pas né en un jour. Il y a 6 000 ans, il constituait le delta de la Leyre, le fleuve côtier qui prend sa source dans les Landes. Sous la force du courant qui descend le long de la côte aquitaine, une langue de sable se dessine au nord. Au cours des siècles, elle s’étoffe, progresse vers le sud et se transforme en flèche sableuse pour devenir l’actuelle presqu’île du Cap-Ferret.

Ces longs mouvements géologiques donnent naissance à une lagune semi-fermée. D’une superficie de 155 km², le vaste estuaire accueille des passes (ou chenaux) orientées vers le nord-ouest et subit en permanence le courant des marées. Cette interaction avec l’océan, aidée par une embouchure de 3 km, dessine l’écosystème du Bassin d’Arcachon.

L’origine des îlots, dont le banc d’Arguin, suscite toujours quelques interrogations. Pour certains, la transformation progressive de l’estuaire de la Leyre en bassin se serait accompagnée du détachement de morceaux de territoires à proximité de La Teste. D’autres estiment que les bancs de sable ont toujours existé., héritiers du delta.

L’absence de cartes pendant de nombreux siècles facilite les suppositions. L’une des premières représentations graphiques du lieu est publiée dans le « Recueil des cartes marines levées et gravées par ordre du roy », vers 1690. Elle laisse voir un seul banc, au centre de l’embouchure, appelé « l’île du Terray ». Au 18e siècle, une nouvelle carte apporte davantage de précision. Elle répertorie « l’isle de Marock », située à l’endroit de l’actuel banc d’Arguin, ainsi que le « banc du Muscla » et le « banc du Cannton ».

Carte tirée du Recueil des cartes marines levées et gravées par ordre du roy, publié en 1690.

Le banc d’Arguin est mentionné pour la première fois en 1835, sur une carte réalisée par Paul Monnier. Ingénieur hydrographe de la marine, Monnier est chargé d’étudier l’évolution des mouvements de sable afin de juger de la possibilité de créer « une passe profonde et de facile accès, par laquelle des bâtiments de guerre de toute grandeur pourraient parvenir sur la rade intérieure de La Teste. »

Nul ne sait pourquoi l’ingénieur hydrographe a choisi cette dénomination. Peut-être s’est-il inspiré du naufrage de la frégate française La Méduse, survenu 19 ans plus tôt sur le banc d’Arguin, non loin du littoral mauritanien. Rendu célèbre par le tableau « Le radeau de la Méduse » de Géricault, le naufrage causa la mort de 140 marins.

Le refuge d’une faune et d’une flore typiques

Des hauteurs de la dune du Pilat, le banc d’Arguin pourrait donner l’impression d’un îlot de sable blond désert sur lequel les plaisanciers s’accordent un moment de détente. Pourtant, le lieu, situé sur l’un des huit grands couloirs migratoires de la planète, recèle une vie foisonnante.

Depuis 1972, plus de 200 espèces d’oiseaux y ont été recensées, parmi lesquelles la sterne caugek, le passereau ou encore l’huîtrier pie. Si certains oiseaux se posent le temps de reprendre des forces, d’autres préfèrent y nicher et se reproduire. Le banc d’Arguin peut ainsi accueillir jusqu’à 4000 couples de sternes caugek chaque année.

La réserve est également fréquentée par les grands dauphins, les phoques gris et les tortues luths grâce à la proximité des fosses abyssales.

Plus discrets, les mollusques et les petits crustacés s’épanouissent dans les zones abritées de la houle. Leur existence est souvent brève, car ils forment un mets de choix pour les oiseaux migrateurs.

Le banc d’Arguin, ce sont aussi différentes espèces d’insectes, comme le hanneton foulon à l’état larvaire, les puces et les araignées.

Les végétaux contribuent à la pérennité de la réserve naturelle. Ainsi, la linaire à feuilles de thym se révèle parfaitement adaptée à son environnement parfois difficile (vents puissants, salinité, manque d’eau douce). Endémique du sud-ouest de la France, elle est aujourd’hui protégée.

La faune se compose d’autres plantes, à l’instar des oyats, du cakilier maritime et du chiendent des sables.

Le fond marin est pour sa part tapissé de zostères, que l’on considère souvent comme des algues, mais qui sont en fait des plantes à fleurs. Elles forment un vaste herbier, essentiel à l’écosystème du Bassin.  Elles offrent un refuge idéal pour la reproduction des crustacés et la conservation des œufs et enrichissent aussi l’eau en oxygène grâce à leur fonction photosynthétique.

La menace de l’homme et du climat

La SEPANSO veille à la préservation et à la pérennité de la réserve naturelle du banc d’Arguin, qui fête son cinquantième anniversaire cette année. Si les excès constatés dans les années 1960 semblent loin, la vigilance n’en demeure pas moins permanente.

Certes, le fait que le banc ne soit accessible qu’en bateau le protège d’une surfréquentation touristique, à l’image de celle de la dune du Pilat. Néanmoins, les plaisanciers apparaissent chaque année plus nombreux sur le petit îlot, attirés par le sable blond et les eaux transparentes.

La règlementation du site se veut stricte : interdiction de venir avec son chien, de cueillir les végétaux, d’installer un bivouac, de chasser et de prétendre au mouillage de son bateau du coucher au lever du soleil.

Vu sur la passe et la dune du Pilat depuis la p’tite plage du banc d’Arguin – Crédit photo : FranceSudOuest

Pourtant, ces restrictions écologiques ne conviennent pas à toutes les parties, notamment les membres du Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon. Ces derniers reprochent à l’État et à la SEPANSO de vouloir sanctuariser le banc d’Arguin. La zone de protection intégrale, interdite à quiconque, a ainsi été étendue en 2017.

Pour Joël Coudant, président de la Confédération des associations d’usagers du Bassin d’Arcachon, la coupe est pleine, comme il le dénonce dans Sud-Ouest (4/12/2021) : « On a perdu 80 % de nos zones de mouillage. On n’a rien contre les oiseaux, mais les ayatollahs de l’écologie, ça suffit ! »

Le PNM a d’ailleurs rendu un avis négatif sur le futur plan de gestion de la réserve naturelle d’Arguin, regrettant l’absence de concertation et la volonté politique d’éloigner toujours plus loin les plaisanciers, les pêcheurs et les ostréiculteurs.

L’autre source de préoccupation est liée au réchauffement climatique et au phénomène d’érosion. Le 10 septembre dernier, le banc d’Arguin se retrouvait coupé en deux à marée haute. L’évènement ne venait que souligner l’érosion qui touche le sud du banc depuis déjà quelques mois.

« En effet, la pointe sud du banc est rongée dans sa partie exposée à l’océan. La magnifique lagune qui s’était formée tout au sud et qui émerveillait les plaisanciers il y a quelques années, n’existe plus aujourd’hui » constate David Patsouris dans Sud-Ouest (11/09/2022).

Selon Benoît Dumeau, le conservateur de la réserve, la pointe sud a perdu 600 mètres en un an. Même si le banc se déforme en permanence au gré de la houle et des vents, il semble qu’une période d’érosion plus durable se dessine, obligeant les autorités à supprimer la zone de débarquement des bateaux dans la partie sud.

La décision risque d’exacerber encore plus les usagers du Bassin, mais elle montre toute la fragilité du banc d’Arguin, pourtant si paisible et familier.


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A la recherche du temps perdu dans les Landes


Exutoire de l’étang de Léon, à l’ouest du département des Landes, le courant d’Huchet se faufile à travers un paysage amazonien jusqu’à l’océan Atlantique.

Crédit photo : Maison Lillet – Facebook

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Exutoire de l’étang de Léon, à l’ouest du département des Landes, le courant d’Huchet se faufile à travers un paysage amazonien jusqu’à l’océan Atlantique.

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Bien naïf celui qui considère les Landes comme une interminable et monotone forêt de pins. Le département regorge de petits territoires singuliers et discrets, souvent éloignés des vagues de touristes, qui contribuent à sa richesse.

Le courant d’Huchet est l’un de ceux-là, même s’il bénéficie d’une notoriété aujourd’hui bien établie. L’endroit suscite il est vrai l’admiration de ses visiteurs depuis déjà de nombreuses décennies. Ainsi, le journaliste Gilles Charles laisse parler son émotion dans le supplément littéraire du Figaro paru le 16 octobre 1921 : « Mais l’on rechercherait vainement ici les molles harmonies des paysages de la Loire et si l’on peut découvrir une harmonie profonde, elle ne manque pas d’une certaine violence. Tant il y a que l’étang de Léon est étrangement séduisant. Et si le courant d’Huchet ne peut vous émouvoir, c’est à désespérer. Imaginez un minuscule cours d’eau qui serpente entre des rives boisées, si minuscule à certains endroits que la barque la plus étroite y passe à grand-peine. Et ce ruisseau forme des criques, de petites anses où la lumière s’opalise dans l’ombre verte des feuillages, où, sur l’eau dormante, s’épanouissent les fleurs des nénuphars, les fougères royales et les hibiscus nuancés. »

La découverte du lieu reviendrait au poète italien Gabriele d’Annunzio en 1908, mais il est fort probable que les habitants de cette partie du littoral le connaissaient depuis fort longtemps. Le Pays de Born et du Marensin laisse d’ailleurs voir d’autres courants, ou petits fleuves côtiers. Tous jouent le rôle d’exutoire des étangs et permettent de drainer les sols sableux.  Ils se jettent dans l’océan Atlantique en franchissant les dunes par une embouchure, ce qui les soumet d’ailleurs au mouvement des marées dans leur partie aval.

Pour sa part, l’embouchure du courant d’Huchet n’a jamais été stabilisée par des travaux d’endiguement. Force est de constater que parmi les fleuves côtiers de cette partie des Landes, il s’impose comme le plus somptueux et remarquable. La richesse de son environnement lui vaut d’être classé dès 1934 au titre des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.

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La beauté des Landes dans le reflet de l’eau

Le courant d’Huchet est l’un de ceux-là, même s’il bénéficie d’une notoriété aujourd’hui bien établie. L’endroit suscite il est vrai l’admiration de ses visiteurs depuis déjà de nombreuses décennies. Ainsi, le journaliste Gilles Charles laisse parler son émotion dans le supplément littéraire du Figaro paru le 16 octobre 1921 : « Mais l’on rechercherait vainement ici les molles harmonies des paysages de la Loire et si l’on peut découvrir une harmonie profonde, elle ne manque pas d’une certaine violence. Tant il y a que l’étang de Léon est étrangement séduisant. Et si le courant d’Huchet ne peut vous émouvoir, c’est à désespérer. Imaginez un minuscule cours d’eau qui serpente entre des rives boisées, si minuscule à certains endroits que la barque la plus étroite y passe à grand-peine. Et ce ruisseau forme des criques, de petites anses où la lumière s’opalise dans l’ombre verte des feuillages, où, sur l’eau dormante, s’épanouissent les fleurs des nénuphars, les fougères royales et les hibiscus nuancés. »

La découverte du lieu reviendrait au poète italien Gabriele d’Annunzio en 1908, mais il est fort probable que les habitants de cette partie du littoral le connaissaient depuis fort longtemps. Le Pays de Born et du Marensin laisse d’ailleurs voir d’autres courants, ou petits fleuves côtiers. Tous jouent le rôle d’exutoire des étangs et permettent de drainer les sols sableux.  Ils se jettent dans l’océan Atlantique en franchissant les dunes par une embouchure, ce qui les soumet d’ailleurs au mouvement des marées dans leur partie aval.

Pour sa part, l’embouchure du courant d’Huchet n’a jamais été stabilisée par des travaux d’endiguement. Force est de constater que parmi les fleuves côtiers de cette partie des Landes, il s’impose comme le plus somptueux et remarquable. La richesse de son environnement lui vaut d’être classé dès 1934 au titre des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.


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