Gastronomie en Gironde

On préfère vous faire saliver encore un peu.


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Gastronomie en Dordogne

Gastronomie en Dordogne


Réputée pour sa diversité et ses produits de terroir d’exception, la gastronomie périgourdine incarne une tradition culinaire où la générosité et l’authenticité sont au cœur des plats.

noix du Périgord
confit de canard
bouteille de Monbazillac

Produits du terroir

Le foie gras

Avec les Landes et le Gers, La Dordogne s’impose comme un département incontournable de la production du foie gras du Sud-Ouest. Apprécié pour son goût raffiné, on le consomme surtout pendant les fêtes, même s’il peut être dégusté à tout moment de l’année. Dans le commerce, on le trouve sous différentes formes, selon ses envies. Les puristes le préféreront sûrement vendu tel quel sous vide et le cuisineront selon leurs préférences et leurs petits secrets. Les plus impatients trouveront le produit en foie gras entier, en bloc, mi-cuit ou en semi-conserve.

En Dordogne, les producteurs se sont regroupés au sein de l’association Foie Gras du Périgord, afin d’harmoniser tout le processus qualité. La démarche se veut payante puisque le foie gras local bénéficie d’une IGP (Indication géographique protégée), qui stipule que les canards sont nourris au maïs, élevés dans une ferme, abattus et préparés par un conservateur local.

Si le foie gras de canard est le plus consommé, le foie gras d’oie fait, paraît-il, le bonheur des gourmets.

Les cèpes

Autre produit raffiné dont le Périgord a le secret : le cèpe. Les grandes forêts de chênes et de châtaigniers permettent au champignon de trouver l’environnement idéal à sa pousse. On peut bien sûr tenter d’aller le cueillir soi-même à l’automne, mais gare de ne pas tomber sur les « locaux » qui défendent avidement leurs coins. Peut-être vaut-il mieux se rabattre sur les marchés agréés à Villefranche-du-Périgord, Mussidan ou encore Saint-Saud Lacoussière.

Dans le département, ce sont surtout le cèpe de Bordeaux et le cèpe « tête noire » que l’on débusque. Pour bien le choisir, quelques petites recommandation s’imposent, comme l’explique le site Traditions du Périgord : « Le cèpe doit être d’apparence jeune et d’une couleur uniforme. Au toucher, vous devez sentir qu’il est bien ferme et d’aspect croquant. Pensez à vérifier aussi que votre cèpe est bien propre et que vous ne voyez ni de grosses taches ni de vers. Enfin, jetez un œil en dessous du chapeau, ce dernier doit être blanc ou gris. »

Oh, le bestiau ! – Crédit photo: Association Cèpe du Périgord

Le champignon est tellement prisé qu’il a justifié la création de l’association Cèpe du Périgord, constituée de producteurs qui organisent la filière à travers un cahier des charges rigoureux et lancent les aménagement nécessaires pour favoriser la pousse du divin boletus.

Il existe bien sûr de multiples façons de le déguster, aussi bien en omelette, en velouté que mélangé à des pommes de terre sarladaises.

Les truffes noires

Encore plus rare et (peut-être) plus recherchée que le cèpe, la truffe se hisse au firmament des petites merveilles produites par la nature périgourdine. Elle se ramasse de novembre à mars, essentiellement dans des truffières, même s’il est toujours possible d’en trouver sur les pieds de vigne, au pied des noisetiers ou des chênes truffiers. Sa quête impose la présence d’un cochon ou d’un chien dressé, capable de flairer le diamant noir sous terre. Certains caveurs ont même recours à l’observation des mouches à truffe, qui pondent à l’aplomb du tubercule.

On dit que la truffe du Périgord est la meilleure de toutes. « Cette truffe a une incomparable odeur de sous-bois, de terre et d’humus, sublimée de fruits secs torréfiés. Son goût finement poivré rappelle les odeurs déjà citées. Elle agrémente tout ce qui est à son contact » indique le site du Comité départemental de tourisme de la Dordogne.

La Tuber Melanosporum est tellement ancrée dans la culture locale qu’on luit a dédié un écomusée. L’établissement apporte toutes les explications sur la trufficulture en Dordogne. Sa boutique propose un large choix de produits truffés et autres spécialités du terroir.

Enfin, ceux qui souhaiteraient acquérir quelques pépites noires en saison feront le déplacement vers les marchés dédiés, notamment à Saint-Alvère, Saint-Astier, Bergerac, Sarlat ou Thiviers. On prendra soin d’effectuer un joli retrait d’argent liquide, car la truffe, du fait de sa rareté, est réputée pour ses prix très élevés.

Les noix du Périgord

Certes moins prestigieuse que la truffe, la noix du Périgord contribue aussi à la réputation gastronomique de la Dordogne. Nous nous sommes déjà intéressés au produit, à l’histoire tumultueuse.

Il semble que les noyers ont toujours composé le paysage du Périgord grâce un sol argilo-calcaire favorable et un climat particulièrement adapté à leur développement. Bref, on y trouve des noix depuis plus de 15 000 ans.

Protégées du gel en fond de vallée ou en coteaux, les noyeraies permettent la production de quatre variétés concernées par l’AOP : la Corne, la Marbot, la Grandjean et la Franquette, introduite plus tardivement que ses copines.

On connaît bien sûr les nombreuses vertus nutritionnelles des noix. Elles sont de très bonnes sources d’Oméga 3 et autres acides gras appréciés par l’organisme humain. On y trouve aussi du calcium, du magnésium, du phosphore, du fer ou encore du zinc.

Elles peuvent être dégustées en cerneaux (par exemple pour agrémenter une salade ou enrichir un bon gâteau), en huile d’assaisonnement et même en liqueur.

Plats typiques

Les pommes de terre sarladaises

Voilà un plat simple et réjouissant, qui sublime les pommes de terre en remplaçant avantageusement le beurre ou l’huile d’olive par une bonne rasade de graisse de canard. On n’oublie bien sûr pas d’ajouter ce qu’il faut d’ail et de persil. La cuisson mérite quand même un peu d’attention. Les pommes de terre sautées doivent être dorées et croquantes à l’extérieur et fondantes en leur cœur.

Le confit de canard

Le palmipède étant sans doute la star des élevages du Périgord, on imagine bien sûr le nombre de plats auquel il participe. Le confit se hisse à la première place (ex-aequo avec le magret) et depuis un certain temps. Cette méthode traditionnelle de conservation de la viande consiste à cuire lentement les morceaux de canard (généralement les cuisses) dans leur propre graisse avant de les stocker immergés dans cette graisse pour une longue conservation. Le plat est réputé pour sa chair fondante et son goût riche et savoureux. On peut s’en régaler avec des pommes de terre sarladaises (voir plus haut).

Le pâté de Périgueux

Oh, voilà un plat qui était tombé dans l’oubli jusqu’à sa résurrection en 1998 grâce à l’initiative d’une bande de gourmets passionnés. Ces derniers créent la Confrérie du Pâté de Périgueux pour retrouver un produit fier et délicieux et, surtout, contribuer à sa réputation grâce à un concours annuel destiné aux artisans. Mais la recette n’accepte pas la moindre improvisation : « Il doit être composé de 57 % de farce de porc de grain du Sud-Ouest, de 40 % de foie gras de canard ou d’oie du Périgord et d’au minimum 3 % de Truffe du Périgord » nous apprend le site Foie Gras Périgord.

Résister à la tentation – Crédit photo: Confrérie des Maîtres Pâtissiers et du Pâté de Périgueux

La flognarde

Et pour finir, une petite touche sucrée. La flognarde est une pâtisserie traditionnelle du Périgord, que l’on peut rapprocher du flan ou du clafoutis. La différence fondamentale repose sur le choix du fruit :  si le clafoutis est traditionnellement réalisé avec des cerises, la flognarde, elle, est préparée avec des pommes, des poires, des prunes ou des raisins. On la savoure tiède ou froide, avec, pourquoi pas, une petite boule de glace à la vanille, un peu de crème fouettée ou une sauce caramel pour encore plus de gourmandise.

Vins & spiritueux

Le Bergerac

Sûrement le vignoble le plus emblématique de la Dordogne. Dotés de l’AOC depuis 1936, les vins de Bergerac sont disponibles en rouge, en rosé ou en blanc, dont le célébrissime Monbazillac parmi les productions liquoreuses. On est obligé de citer le Pécharmant, une appellation rouge connue pour ses vins charpentés et élégants, souvent issus d’assemblages de merlot, cabernets et malbec. Mais ont peut aussi évoquer l’appellation Rosette, plus timide, qui réserve quelques bonnes surprises.

Le vin de Domme

Si l’AOC Bergerac s’impose assez facilement en Dordogne, il serait regrettable de ne pas lorgner du côté des autres productions, même si elles peuvent sembler confidentielles. C’est le cas pour le vin de Domme (AOC lui aussi), dont le vignoble pousse sur les coteaux calcaires du Céou. Au 16e siècle, sa réputation était européenne et les cours royales s’en régalaient. Emporté par la crise du phylloxéra, le vignoble renaît sous l’impulsion d’une bande de passionnés. Les premières vendanges sont assurées en 1996. Aujourd’hui, la superficie de production est considérée comme l’une des plus petites de France, ce qui n’empêche pas le retour d’un vin autrefois plébiscité.

Le Sarlanoix

Pour la distillerie du Périgord, « le Sarlanoix est une boisson légendaire du Périgord, inventée en hommage aux énoiseuses (décortiqueuses de noix) ». Apprécié en apéritif, la boisson est élaborée à partir de macération d’écorces de noix vertes dans l’alcool ajoutées à un vin de liqueur. On l’apprécie depuis plus de 150 ans.

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Éléments d’histoire de la Dordogne


De l’homo erectus à l’addict iPhonus, la Dordogne est le témoin privilégié de notre très longue histoire.

C’est en vallée d’Ossau que tout commença…

Ce climat montagnard, les bergers de la vallée d’Ossau le subissent depuis des siècles. « Les bergers partaient en estive avec leurs moutons, qui fournissaient la laine nécessaire à la fabrication de ce couvre-chef. Il ne fallait pas attraper froid. Et leurs guêtres ne protégeaient pas la tête » précise Évelyne Bétachet, chapelière à Bayonne, au journal Sud-Ouest (17/08/2017).

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Le miel des Landes profitera bientôt de son IGP

Le miel des Landes profitera bientôt de son IGP


Comme le rappelle le site de l’INAO, l’Indication géographique protégée (IGP) identifie un produit agricole, brut ou transformé, dont la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques sont liées à son origine géographique. L’IGP inclura bientôt le miel des Landes, après plus de quinze ans d’efforts de la part des apiculteurs.

Crédit photo : Bernard Fidel – Flickr

Reconnaître avant tout un long savoir-faire

Publié au Journal Officiel le 23 août dernier, l’arrêté d’homologation du dossier « Miel des Landes » constitue l’avant dernière étape avant le Graal de l’IGP, que devra confirmer ces prochains mois la Commission européenne. La validation du cahier des charges par le comité national de l’INAO et le feu vert des ministères de l’Économie et de l’Agriculture ont récompensé le long chemin entrepris par une partie des apiculteurs landais, regroupés derrière le Syndicat des Miels des Landes, créé en 2019.

« C’est l’aboutissement d’une démarche collective de travail portée par la volonté de faire connaître et garantir au consommateur la qualité et l’origine du miel qu’il achète » indique Lénaïc Lecrénais, président du syndicat, à Valérie Durbec d’AquitaineOnLine (28/08/2023).

La quête de l’IGP vise à reconnaître la vivacité de l’apiculture landaise, nourrie d’une tradition séculaire et d’un environnement propice à l’épanouissement des abeilles et à la diversité florale, au gré des saisons. Si le printemps permet de récolter un miel d’acacias ou de bourdaine, l’été favorise plutôt le miel de bruyère ou de callune, aux arômes plus marqués.

Il est vrai que les abeilles profitent d’un très large territoire aux multiples variétés de fleurs sauvages, qui s’étend de la Gironde aux Landes en incluant la partie occidentale du Lot-et-Garonne.

Les apiculteurs locaux s’engagent à respecter des méthodes de production traditionnelles, avec le souci de préserver la qualité et l’identité de leur miel.

L’IGP assurera à n’en pas douter une vraie reconnaissance du travail des producteurs, en rassurant la clientèle sur l’origine du miel et en garantissant un certain niveau de qualité. L’argument commercial est solide. Le miel des Landes s’impose comme la quatrième IGP de miel du pays.

Un enthousiasme pas forcément partagé

Si le Syndicat des Miels des Landes se réjouit des nouvelles perspectives qu’apportera l’IGP, d’autres apiculteurs se montrent plus dubitatifs. « Le risque, c’est que le miel des Landes et son héritage artisanal perdent de leur qualité au nom d’enjeux financiers et commerciaux » redoute Jean-Pierre Lespiaucq, Président de l’Abeille landaise, principal syndicat d’apiculteurs des Landes, cité par Sud-Ouest (28/08/2023).

Les griefs ne manquent pas, dont celui relatif à la zone géographique de production, considérée comme beaucoup trop large pour représenter le miel landais. Ensuite, la certification risque de pousser les apiculteurs à déplacer leurs ruches pour profiter des mannes de l’IGP, à l’instar de ce qui s’est passé en Provence, où les emplacements sont devenus payants. Enfin, la mention du label sur les étiquettes contribuera à augmenter le prix des pots, pour une qualité égale.

Bref, l’IGP se limite, pour les 340 producteurs de l’Abeille landaise, à un projet purement commercial, d’autant qu’il n’embarque qu’une trentaine d’apiculteurs, ces derniers donnant l’impression d’embarquer un savoir-faire pourtant commun.

Un peu éloigné de ces batailles de reconnaissance, d’enjeux financiers et d’ego, Jérémy Saint-Paul a pour sa part décidé il y a quelques années de lâcher son métier chez Orange pour se consacrer à sa passion tardive : les abeilles. Ce jeune Landais, installé dans son village de Souprosse, possède aujourd’hui 130 ruches et reste émerveillé par le destin de ses petites protégées

« Ce sont elles qui nous donnent le tempo suivant leur façon de voler, le bruit qu’elles font. Ce qui est fou, c’est de s’imaginer qu’une abeille ouvrière ne vit que quatre à cinq semaines et que, depuis la nuit des temps, elle passe cette vie éphémère à travailler encore et encore en butinant sans relâche » explique-t-il à Denis Granjou, du Parisien (22/02/2020).

Sa patience et sa passion lui ont valu d’être récompensé par l’Union Nationale des Apiculteurs de France, qui lui a décerné une médaille d’or après avoir dégusté son miel d’acacia. Label IGP ou pas sur ses étiquettes, Jérémy Saint-Paul continue de s’adapter au monde des abeilles pour en tirer le meilleur et une certaine satisfaction.

L’asperge des sables des Landes ouvre la saison

Vin & Gastronomie Produits du Sud-Ouest Landes

L’asperge des sables des Landes ouvre la saison


C’est sur la vaste plaine sablonneuse des Landes de Gascogne que l’asperge blanche est récoltée depuis le début du 20e siècle. Elle a su s’imposer au fil des décennies comme un produit apprécié, mêlant douceur et saveur, loin de toute amertume.

Crédit photo : Syndicat Asperge des Landes – Facebook

L’opportunité d’un environnement favorable

S’il est d’usage de contempler les bourgeons des branches d’arbres pour constater l’arrivée du printemps, les gourmets du Sud-Ouest ont plutôt tendance à scruter les sols sableux, dans l’espoir d’y voir émerger la pointe de l’asperge des sables des Landes.

Dès la mi-mars, l’asperge annonce précocement la promesse de nouvelles saveurs après un hiver long et parfois frustrant. Il faut quand même avouer qu’elle est attendue, sa réputation ayant dépassé depuis bien longtemps le seul département des Landes.

Selon l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité), une enquête menée en 1997 a montré que les acheteurs professionnels classent l’asperge des sables des Landes à la deuxième, voire la première place, en termes de qualité. Le légume est même consommé en Europe, notamment en Allemagne et au Luxembourg.

Les producteurs, soucieux de cette richesse, apportent le plus grand soin à sa culture et à sa récolte. Ils profitent en premier lieu d’un terroir favorable, composé par les sables fauves, au sein des Landes de Gascogne. Le sol, perméable et profond, se révèle riche en matière organique et peu argileux. Il offre aussi la chaleur dont a besoin l’asperge pour se développer et arriver à maturité avant même le début officiel du printemps.

Les conditions climatiques jouent également en faveur du légume, grâce à l’influence régionale océanique, synonyme d’un air tempéré humide. Les températures restent clémentes et les pluies se font abondantes avant que la chaleur printanière ne s’impose. Le massif forestier, pour sa part, contribue à maintenir ces conditions très favorables.

Aujourd’hui, 850 hectares sableux accueillent la production de l’asperge, faisant des Landes le premier département producteur de France. Les premières cultures, lancées au début du 20e siècle pour combler l’abandon progressif du gemmage, ont permis d’installer au fil des décennies un véritable savoir-faire, aujourd’hui reconnu.

Une course contre la montre

L’asperge des sables des landes se caractérise par sa tige (ou turion) rectiligne, droite et cassante, mais jamais filandreuse, que vient terminer une pointe formée de petits bourgeons serrés. Surtout, le légume, bien protégé du soleil dans le sable, conserve une blancheur éclatante, qui participe à sa réputation.

La récolte, effectuée manuellement, impose d’infinies précautions, mais aussi un timing serré. Il convient tout d’abord de protéger l’asperge du soleil pour ne pas altérer sa couleur et ensuite de la conditionner dans un espace frais pour préserver sa fraîcheur et ses qualités gustatives. L’opération est généralement menée en moins de 4 heures.

Depuis 2005, l’asperge des sables des Landes bénéficie d’une IGP (Indication géographique Protégée). Elle garantit aux consommateurs son origine et sa traçabilité jusqu’aux distributeurs. C’est aussi et surtout la reconnaissance d’un produit de terroir haut de gamme et du travail des 160 asparagiculteurs, soumis à un cahier des charges contraignant.

Persuadée de la qualité de son produit, l’association des producteurs d’asperges a initié les démarches pour obtenir l’agrément Label Rouge. Aujourd’hui, seuls quatre produits landais bénéficient du précieux sésame : le bœuf de Chalosse, le canard fermier, le kiwi de l’Adour et les volailles fermières.

En attendant, la récolte se poursuit jusqu’au mois de mai, toujours effectuée à la main dans le respect de la tradition et le souci de ne pas abîmer l’asperge, réputée fragile.

La suavité de son goût

Les gastronomes et chefs cuisiniers attendent l’asperge des Landes avec impatience parce qu’elle annonce, avec un peu d’avance, l’arrivée du printemps, mais surtout pour sa fraîcheur et son goût savoureux. À la différence des autres asperges, elle ne dégage aucune amertume et sa tige n’est jamais filandreuse.

C’est aussi un aliment synonyme de santé. Ses provitamines A, ses vitamines B9, C et E et ses sels minéraux contribuent au renouvellement des cellules alors que ses fibres assurent une bonne régularité du transit intestinal. Elle favorise enfin l’équilibre de l’alimentation en ne proposant que 25 kilocalories.

Apprécier l’asperge des sables des Landes à sa juste valeur suppose de la consommer rapidement, même si elle peut être conservée de trois à cinq jours au réfrigérateur.

Il existe de nombreuses façons de la préparer et de la cuisiner. La plus simple et, peut-être, la plus respectueuse, consiste à la consommer crue, avoir l’avoir pelée et découpée en très fines tranches dans sa longueur. Un petit filet d’huile d’olive et quelques grains de sel et de poivre moulu suffisent à la rendre unique en bouche.

Une entrée gourmande et diététique – Crédit photo : Patrick Janicek – Flickr

La préparer comme on le souhaite

En cuisine, l’asperge peut être cuite plongée dans l’eau bouillante salée, mais sa fragilité justifie l’utilisation de certains faitouts, remplis aux deux tiers d’eau bouillante, permettant ainsi à la pointe de rester hors de l’eau tout en profitant de la vapeur. Sinon, une cuisson à la vapeur convient tout à fait.

Les asperges peuvent être dégustées de mille et une façons. En entrées, assaisonnées d’une vinaigrette maison ou d’une sauce émulsionnée, elles accompagnent à merveille un œuf poché ou une tranche de jambon de pays. Elles se révèlent particulièrement adaptées à la préparation d’un velouté ou peuvent être poêlées avec différents champignons. Ce sont aussi des éléments de garniture fins et goûteux, que l’on sert avec une volaille ou un filet de poisson.

Un produit aussi apprécié méritait bien un hommage appuyé. Chaque année, le 1er mai, la commune de Pontonx-sur-Adour organise la grande fête de l’asperge des sables des Landes. Une occasion unique de rencontrer les producteurs, de profiter de la foire et, bien sûr, de rassasier sa gourmandise.


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Le greuil, fromage santé des Pyrénées

Le greuil, fromage santé des Pyrénées


Confectionné à partir de petit-lait de brebis, le greuil reste un fromage confidentiel, surtout consommé en terres béarnaises et basques.

Mais que seraient le Béarn et le Pays basque sans leurs brebis ? Crédit photo : Office de tourisme Vallée d’Ossau Pyrénées

Un produit naturel, saisonnier et fragile

Si l’origine véritable du béret suscite encore quelques agacements ou rivalités chez les Basques et les Béarnais, la production de fromages, dont l’Ossau-Iraty, revendique une certaine fraternité pyrénéenne.

Le greuil (ou breuil au Pays basque) illustre fort bien cette culture pastorale commune. Tiré du mot béarnais « grulh », qui signifie « grumeau », il s’agit d’un fromage dit de seconde catégorie, car préparé sur la base de petit-lait récupéré après la fabrication des tommes traditionnelles de brebis.

Aussi appelé lactosérum, le petit-lait s’obtient par coagulation après ajout de présure ou de ferment. Il constitue une matière riche en protéines et sage en gras.

La fabrication du greuil passe d’abord par le chauffage du petit lait dans un chaudron, jusqu’à la formation d’une mousse blanche qui précède l’ébullition, signe que les protéines se sont agglomérées avant de remonter à la surface. L’étape suivante consiste à couper la chauffe et à récupérer les grains de caillé au moyen d’une écumoire.  Ils sont ensuite placés dans une toile ou une faisselle pour faciliter l’égouttage et permettre le refroidissement.

Le greuil est né ! C’est un fromage frais, granuleux, onctueux, garanti sans colorant, conservateur ou additif. Il convient néanmoins de le consommer rapidement, car le fromage, fragile, se conserve peu de temps à une température n’excédant pas les 6°C. C’est la raison pour laquelle il est essentiellement vendu sur les marchés basco-béarnais, loin de toute distribution commerciale d’envergure.

Enfin, il convient de préciser que le greuil dépend des saisons de lactation des brebis, de décembre aux prémices de l’été.

Le plaisir gourmand et diététique

Particulièrement apprécié, le greuil se déguste de mille façons. Les puristes le préfèreront brut, juste étalé sur une tranche de pain de campagne ou à la petite cuillère, avec un peu de ciboulette. Mais le fromage se prête aussi bien aux préparations salées que sucrées. Il peut ainsi entrer dans la composition de lasagnes aux épinards, être émietté dans une soupe, enrichir la garniture d’une pizza. Plus simplement, le greuil s’apprécie avec du sucre en poudre, des fraises, du miel ou encore de la confiture. Dans les estives, les bergers le consomment avec du café fort et un soupçon d’armagnac.

Crédit photo : Association des Eleveurs et Transhumants des 3 Vallées Béarnaises

Outre ses arguments gustatifs, le fromage local peut se targuer de ses vertus diététiques grâce à son absence de lipides et sa richesse en protéines.  Elles affichent en effet une composition remarquable en acides aminés, en minéraux (phosphore, calcium) et en vitamines, dans la précieuse B6.

Le greuil permettrait ainsi de renforcer la synthèse de la masse musculaire, de stimuler les défenses immunitaires et de reconstruire les fibres musculaires.  Surtout, il s’impose comme un allié fiable des programmes de régimes en raison de sa faible teneur en matières grasses. Parfait pour caler une petite faim et rester éloigné des tentations industrielles sucrées.

L’engouement suscité par le greuil a d’ailleurs incité deux amies, Marie Barbé-Chouanneau et Aurélie Holley, à lancer leur entreprise, Grulh’Co. Chaque matin, les deux jeunes femmes se rendent chez les producteurs fermiers de la vallée d’Ossau pour y récupérer le petit-lait. Grâce à leur fromagerie mobile, elles procèdent immédiatement à la transformation et au conditionnement en raison de la fragilité du produit, susceptible de s’acidifier dans des délais très courts. Les pots de greuil sont ensuite vendus, notamment auprès des cantines scolaires et des EHPAD.


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Le bœuf gras de Bazas : apprécié, réputé et fêté

Le bœuf gras de Bazas : apprécié, réputé et fêté


En Gironde, la fête du bœuf gras se tient depuis le Moyen-Âge. Elle vise bien sûr à respecter la tradition, mais cherche aussi à promouvoir une viande particulièrement recherchée par les gastronomes.

C’est le grand jour pour les bœufs gras de Bazas, en Gironde – Crédit photo : Lesley – Flick

Le premier défilé des bœufs remonte au 13e siècle

Située à une grosse soixantaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux, la petite commune de Bazas pourrait très bien se confondre parmi les nombreux villages alentour. Elle se démarque pourtant en s’appuyant sur son histoire et l’excellence de sa production bovine. Le bœuf de Bazas jouit en effet d’une excellente réputation, au-delà des limites départementales, auprès des amateurs de bonne chère, qui saluent son onctuosité et son petit goût de noisette.

Il est vrai que les bœufs locaux font l’objet de toutes les attentions, à tel point qu’une fête leur est consacrée chaque année au moment du carnaval. La tradition s’est construite au fil des siècles à partir de 1283, date de leur premier défilé dans les rues du village.

Au Moyen-Âge, de nombreuses villes du royaume de France fêtent le carnaval en organisant des promenades de bétail, comme un pied de nez avant le Mardi Gras, qui introduit le carême et donc l’interdiction de consommer de la viande.

À Bazas, les bouchers obtiennent d’Édouard Ier, duc d’Aquitaine, le privilège de faire défiler leurs bœufs le Jeudi gras, en remerciement du taureau qu’ils offrent chaque année au clergé pour la Saint-Jean. C’est l’occasion d’organiser une grande fête villageoise et de lancer une tradition appelée à traverser les siècles.

Si les défilés finissent par tomber en désuétude à la moitié du 20e siècle dans bon nombre de cités, l’investissement du maire de Bazas en 1945 permet à celui de sa commune de perdurer. Son action est surtout motivée par la constatation que la race bazadaise, destinée au labour, est menacée de disparition. Il convient donc de l’orienter vers une race à viande et de le faire savoir.

L’argument de la qualité

Détenteur du Label Rouge depuis 1997 et de l’IGP depuis 2008, le bœuf de Bazas affiche un CV solide auprès des consommateurs. Il convient toutefois de préciser que ces labels ne se limitent pas à la seule race bazadaise. Ils englobent également la blonde d’Aquitaine et la limousine et autorisent par conséquent les races bovines métissées.
Il n’en demeure pas moins que la bazadaise reste la plus emblématique et constitue l’intérêt central de la fête organisée chaque année en février.

Le bœuf de Bazas est reconnaissable grâce à sa robe grise et à sa puissante morphologie. Longtemps utilisé dans les champs pour sa force de traction, il subit, à partir de la seconde moitié du 20e siècle, la concurrence des engins mécaniques.

La bazadaise, remise au goût du jour, si l’on peut dire – Crédit photo : Georges-Adrien Carcanis – Flickr

L’espèce n’étant pas réputée bonne laitière, elle semble se diriger inexorablement vers une quasi-disparition.

Le salut vient de la qualité et de la spécificité de sa viande, au goût persillé et subtil. Dès lors, les producteurs s’impliquent dans un élevage attentif et rigoureux, à même d’améliorer et de pérenniser la saveur de leur race locale. Leur travail est récompensé par l’obtention des deux labels.

Le cahier des charges impose quelques contraintes. Les animaux doivent être nés, élevés et engraissés dans un périmètre bien défini. Les veaux sont d’abord nourris au pis de leur mère puis profitent ensuite d’un fourrage garanti sans OGM, produit sur place.

L’élevage dit extensif garantit une surface d’un hectare par vache. L’engraissement des bœufs, à base de céréales, est planifié en fonction de la célèbre fête, organisée le jeudi précédant Mardi Gras. Ils peuvent ainsi atteindre un poids compris entre 800 kg et une tonne.

Afin de sublimer son goût, la viande est maturée une dizaine de jours, le temps nécessaire au gras pour envelopper les fibres musculaires et assurer une parfaite onctuosité.

Reconnaissable grâce à sa jolie couleur rouge, la viande se prête à des multiples modes de cuisson et de préparation, aussi goûteuse grillée que braisée.

Vive les bœufs gras de Bazas !

Les efforts consentis par les éleveurs tout au long de l’année méritent bien une récompense. Elle prend la forme de la célèbre fête de Bazas, dont l’organisation semble immuable.

Six jours avant la festivité, les bœufs sélectionnés sont placés au repos et brossés au quotidien. L’opération vise à les relaxer, préparer leur belle apparence et permettre à la graisse de pénétrer dans le muscle.

Le jour de la fête commence tôt pour les éleveurs, qui pratiquent une toilette soignée afin que leur animal puisse attirer l’œil du jury et du public.

Les bœufs sont ensuite escortés par les jeunes du village revêtus de leur tenue folklorique jusqu’à la place des Tilleuls, où les animaux sont pesés.

En tout début d’après-midi, le célèbre défilé des bœufs gras de Bazas peut commencer !  À travers les rues de la commune, les animaux, couronnés de fleurs, jouent les vedettes parmi les chars décorés et les groupes musicaux qui les accompagnent. C’est l’occasion pour les ripatauleras (fifres) de jouer un rigaudon devant chaque boucherie du parcours.

Juste avant le concours du plus beau bœuf gras – Crédit photo: Ministère de la Culture

Arrivés à destination, place de la Cathédrale, les bœufs gras reçoivent la bénédiction du prêtre puis sont soumis à l’examen minutieux du jury, composé d’une douzaine de professionnels. Ces derniers finissent par attribuer trois prix : la conformité aux critères de race, les meilleures aptitudes bouchères, la musculation la plus prononcée.

Après l’annonce des résultats et la remise des trophées, les animaux sont menés à l’abattoir de Bazas, alors que les musiciens entament « La Mort du Bœuf », comme un dernier hommage.

En toute fin d’après-midi, la Confrérie Bazadaise du Bœuf intronise diverses personnalités issues du monde de la gastronomie et de l’élevage.

La fête se poursuit et se termine autour de la table lors la « grande soirée du bœuf ». Les convives peuvent enfin se régaler du bœuf gras de Bazas et de sa saveur exceptionnelle.


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AOC Rosette, vin blanc résistant

AOC Rosette, vin blanc résistant


Menacés de disparition dans les années 1950, les vins de l’appellation Rosette, en terres bergeracoises, traversent le temps en toute discrétion.

Crédit photo : Les Vins de Bergerac Duras – Facebook

Un vignoble installé depuis… 1322

Partir à la conquête des vins et appellations de Bordeaux et du Sud-Ouest impose une solide motivation tant leur diversité est grande. Si les vins prestigieux du Médoc ou charpentés de Madiran jouent les têtes d’affiche, d’autres se détachent de toute ambition de célébrité.

Ainsi, le vin blanc moelleux de l’AOC Rosette poursuit son bonhomme de chemin à travers les siècles. Son territoire correspond à celui délimité en 1322 sous l’appellation de « Vinée de Bergerac ». La vinée aurait d’abord correspondu à la fusion du vignoble du châtelain de Bergerac et de celui de la paroisse de Saint-Martin, avant de s’étendre plus au sud en 1495.

Malgré la modestie de sa surface de production, le Rosette profite pleinement du commerce des vins aquitains vers l’Angleterre pour asseoir sa réputation. Du 17e au 18e siècle, le développement du commerce avec la Hollande lui permet de contribuer au rayonnement des vins du Sud-Ouest, en apportant sa touche souple et moelleuse.

En 1881, la crise du phylloxéra ravage le petit vignoble, comme tous ceux de France. Les quelques pieds survivants ne résistent pas aux terribles gelées hivernales un an plus tard.

Replantées, les vignes reprennent leur existence confidentielle, à l’ombre des fameux Monbazillac et Pécharmant, leurs voisins de terroir. Tout vient à point à qui sait attendre, car en 1946 un décret hisse le Rosette au rang d’AOC, en récompense de sa qualité et de sa singularité.

Hélas, l’appellation ne contribue pas vraiment à son essor commercial. Jusqu’aux années 1980, sa consommation dégringole. Éloigné des attentes du public, à une période où la publicité impose la notoriété à ceux qui peuvent se l’offrir, le vignoble se contracte. La densification urbaine de Bergerac grignote aussi son territoire.

Il faut toute l’énergie d’une petite équipe de viticulteurs rapatriés d’Afrique du Nord pour lui éviter de disparaître.

Continuer d’exister

L’appellation Rosette dépend d’une aire de production délimitée entre les communes de Bergerac, Creysse, Ginestet, Lembras, Maurens et Prigonrieux. Le vignoble est installé sur les coteaux de la rive droite de la Dordogne, dans un environnement enchanteur composé de collines et de massifs forestiers.

Sa superficie officielle s’étend sur 125 hectares, mais seule une quarantaine est actuellement exploitée. La surface reste certes modeste, mais elle s’est étirée depuis les années 2000. En 2008, elle ne dépassait pas les 11 hectares. Le vignoble a su échapper à une disparition lente et inéluctable.

Il profite de sérieux atouts pour justifier sa survivance. D’abord, le microclimat qui couvre cette petite zone de la Dordogne se révèle particulièrement bien adapté à la maturité du raisin. Protégées par un amphithéâtre de collines et plantées sur des coteaux baignés de soleil, les vignes profitent de conditions précieuses.

Ensuite, le sol se compose de sables argileux, d’alluvions et de graviers charriés par la rivière. Riche en fer et en minéraux, il se réchauffe rapidement au printemps, aidé par les coteaux drainants.

Enfin, les trois cépages de l’AOC Rosette (sémillon, sauvignon et muscadelle) restent particulièrement appréciés des consommateurs, justifiant leur pérennité. Ils contribuent à singulariser le Rosette, considéré comme un blanc moelleux et non pas liquoreux.

Aujourd’hui, une dizaine de viticulteurs se consacre à l’appellation. Ils procèdent au passerillage pour obtenir une bonne surmaturation des grains et s’assurer d’une teneur en sucres résiduels suffisante.

Les vendanges sont lancées avant l’apparition du botrytis (ou peu après selon les parcelles) et suffisamment tôt pour conserver la fraîcheur, l’acidité et l’arôme des raisins. Toute l’identité de l’AOC Rosette tient en cette alchimie entre grains suffisamment sucrés et récolte pas trop tardive.

Les raisins sont pressés immédiatement et la fermentation alcoolique se produit en quatre à cinq jours. Le breuvage est ensuite conservé deux à trois mois en cuve ou barrique avant d’être embouteillé.  

La production reste modeste, pour atteindre les 14 000 bouteilles les années fastes.

Un plaisir forcément rare

Il n’est bien sûr pas envisageable de trouver des bouteilles d’AOC Rosette dans son supermarché de quartier, à moins, peut-être, d’habiter Bergerac et ses environs.  Le vin sait se faire discret pour encore mieux se faire désirer.

Les amateurs chanceux apprécient le travail d’assemblage effectué par les vignerons, signature d’un vrai savoir-faire.

À l’œil, le vin dévoile une robe pâle et un jaune paille aux reflets dorés.

Au nez, « les premières senteurs dévoilent un bouquet complexe où les fleurs blanches, l’acacia et le chèvrefeuille en tête, rencontrent les agrumes. À cela s’ajoutent des notes de mangue et d’ananas pour une pointe d’exotisme et de savoureuses touches de poire » écrit Le site spécialisé Tout le Vin.

Des notes anisées ou mentholées peuvent parfois se dévoiler, renforçant le sentiment de fraîcheur.

En bouche, le sucre apporte une sage onctuosité au nectar, en bon équilibre avec la fraîcheur. « Le sémillon apporte la structure, le gras, l’onctuosité, et le sauvignon, la fraîcheur aromatique. On retrouve l’alliance de notes suaves de fruits exotiques et de nuances plus fraîches d’agrumes, qui soulignent la vivacité de la finale » précise le Guide Hachette des Vins.

Le Rosette s’apprécie bien sûr à l’apéritif, servi entre 8 et 10°. À table, il accompagne les volailles, les fruits de mer, les poissons en sauce, le foie gras, les plats truffés ou encore les formages à pâte persillée.

Sa dégustation rend hommage à sa longue histoire, parfois tourmentée. Considéré comme élégant et de grande distinction, le Rosette continue d’exister vaille que vaille et en toute confidentialité.


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Boirons-nous toujours du bon vin de Bordeaux en 2050 ?

Boirons-nous toujours du bon vin de Bordeaux en 2050 ?


Le réchauffement climatique n’épargne pas le vignoble bordelais. Entre amère constatation, expérimentations et amorces de solution, les professionnels sont contraints de s’adapter pour préserver la qualité de leur vin.

Vignoble de Saint-Emilion – Crédit photo : Éric Chicouard – Flickr

Le Bordeaux à un moment charnière de son histoire

La réputation mondiale de la capitale girondine s’est construite, au fil des siècles, sur l’excellence de son vin. Il continue aujourd’hui de jouer un rôle économique majeur, avec des ventes annuelles frôlant les 4 milliards d’euros et une filière représentant près de 60 000 emplois.

Le réchauffement climatique, dont le dernier épisode caniculaire l’été dernier est venu rappeler la triste réalité, bouleverse les règles du jeu. Les températures augmentent (+1,4 °C depuis 1990), les périodes de sécheresse s’intensifient et se prolongent, la ressource en eau se raréfie.

La vigne n’échappe bien sûr pas au phénomène. « Nous sommes à un moment charnière. Le changement climatique est là, on le voit, on le subit » déplore Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, cité par France 3.

Inquiets, les viticulteurs ne peuvent que constater les symptômes. L’avancée de la date des vendanges en est peut-être le plus symbolique. Selon Christophe Riou, directeur adjoint de l’Institut français de la vigne et du vin, cette avancée correspond à un mois en 50 ans.

Les vignes, confrontées à des étés particulièrement secs, souffrent de stress hydrique et se fatiguent à une fréquence plus élevée. Elles se dessèchent et perdent leur rendement habituel.

Sous l’effet d’un soleil plus fort et insistant, le raisin subit une maturation rapide et, en conséquence, des niveaux de sucre plus élevés, donnant lieu à une teneur en alcool qui augmente. C’est, au final, l’équilibre du vin qui s’en trouve bouleversé.

Plus inquiétant, le changement climatique influence les arômes. Les odeurs de fruits frais, comme la fraise et le cassis, s’effacent au profit de celles de fruits confiturés et moins complexes, à l’instar du pruneau. La baisse de l’acidité contribue également à dégrader la fraîcheur des vins, pourtant essentielle à leur identité.

Cépage le plus répandu en terres bordelaises, le merlot est pourtant celui qui résiste le moins à l’évolution du climat. « D’ici 20 à 30 ans, le merlot risque de mûrir au mois d’août et ce sera clairement au détriment de la qualité des vins » estime Kees van Leeuwen, professeur à l’École nationale supérieure des sciences agronomiques de Bordeaux Aquitaine, dans la Revue des Vins de France.

En avoir le cœur net

Soucieuse de s’éloigner des seules prévisions théoriques, l’association des journalistes de l’environnement (AJE) s’est tournée en 2018 vers Pascal Chatonnet, œnologue et vigneron. Ce dernier a accepté d’anticiper la saveur d’un vin de Bordeaux en 2050. Il a ainsi choisi de récolter deux cépages typiques du Bordelais, le merlot et le cabernet-sauvignon, en Tunisie et dans le Minervois, pour concevoir sa « cuvée du futur ». Le résultat ne s’avère pas très concluant.

« À l’aveugle, j’aurais dit un Languedoc, mais basique. On n’a pas le terroir, le sol et le sous-sol, qui font une grosse partie du vin. C’est buvable, mais il y a un manque de finesse, d’authenticité » constate Monique Josse, du musée du vin de Paris, citée par la Revue des Vins de France.

Pour Pascal Chatonnet, interrogé par Vitisphère, « À la dégustation, ce Bordeaux 2050 est d’abord marqué par un nez d’orange et d’épice, qui ne serait pas éloigné d’un… vin chaud. Bordeaux a la typicité d’un nez de fruits frais, rouges ou noirs selon l’année, mais ici on tend vers le fruit cuit, voire sec. »

L’œnologue insiste néanmoins sur l’aspect expérimental de sa démarche, même si sa cuvée représente l’expression des cépages choisis sous ces climats (très) chauds.

Les incertitudes liées au réchauffement climatique ont également interpelé Bernard Magrez, le célèbre propriétaire viticole bordelais, dont quatre grands crus classés. Dès 2013, l’homme d’affaires a développé un dispositif s’appuyant sur les technologies de l’aéronautique pour simuler les conséquences de l’évolution du climat sur le vignoble. L’expérience vise à identifier les cépages susceptibles de résister aux assauts du soleil et à proposer le même niveau de qualité que celui qui entoure aujourd’hui les grands crus.

La phase d’expérimentation a ainsi permis de mettre en place un cuvier de vinification, « composé de 84 cuves thermorégulées permettant la vinification séparée de chacun des cépages de l’étude. Il permettra ainsi de mesurer le potentiel de ces cépages et des vins qui en seront issus comme voie d’adaptation au changement climatique » explique le Figaro Vin.

Les premières pistes de solution

Un patrimoine aussi riche que le vignoble bordelais mérite d’être protégé et sa pérennité passe par des enjeux d’adaptation. Si les inconnues restent encore nombreuses, elles n’empêchent pas les premières démarches.

Pour Nathalie Ollat, ingénieure de recherche, citée par Basta Media, « il n’y a pas une seule solution, mais un ensemble de solutions qui doivent être combinées. »

Depuis déjà quelques années, certains propriétaires de châteaux retardent l’effeuillage jusqu’à la fin de période de croissance du raisin, avec le souhait de réduire les brûlures du soleil. D’autres ne labourent plus le sol pour préserver l’humus.

Le choix peut également consister à introduire dans les vignes des porte-greffe plus tardifs grâce à un enracinement plus profond et à une meilleure captation de l’eau. Modifier la densité de plantation pourrait également soulager le vignoble en réduisant le stress hydrique.

Plus que tout, le changement climatique incite les viticulteurs à s’interroger sur l’encépagement de demain. Emblématique du Bordelais, le merlot souffre d’une maturation trop rapide due aux étés chauds. Les stratégies peuvent consister à retarder son cycle végétatif ou à l’abandonner au profit de cépages moins précoces, à la condition de ne pas dénaturer la caractéristique des vins de Bordeaux, à laquelle le merlot contribue beaucoup.

Les cépages alternatifs ne manquent pas. Les professionnels se tournent vers les cépages anciens, abandonnés à une certaine époque à cause, justement, de leur maturation trop tardive.

« Nous avons à notre disposition plusieurs centaines de cépages plus résistants à la sécheresse et qui produisent un raisin intéressant que nous pourrions planter dès à présent » explique Pascal Chatonnet à la revue Sciences et Avenir. À Bordeaux, des cépages originaires de la région comme le malbec, le carmenère et le petit verdot pourraient retrouver le chemin des coteaux.

D’autres cépages, issus des vignes portugaises, espagnoles ou grecques font également l’objet d’études attentives de la part de l’INRA et de Bordeaux Sciences Agro. Rompus aux fortes chaleurs, ils pourraient demain entrer dans la composition des vins de Bordeaux.

Face à l’enjeu climatique, les professionnels de la viticulture adoptent progressivement de nouvelles méthodes. Le défi n’est pas mince : adapter la vigne au réchauffement pour maintenir la réputation de leur vin.


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Le courant d’Huchet, précieux royaume de la biodiversité

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Le courant d’Huchet, précieux royaume de la biodiversité


Exutoire de l’étang de Léon, à l’ouest du département des Landes, le courant d’Huchet se faufile à travers un paysage amazonien jusqu’à l’océan Atlantique.

Crédit photo : Audric B. – CC BY-SA 4.0

Comme un sentiment hors du temps

Bien naïf celui qui considère les Landes comme une interminable et monotone forêt de pins. Le département regorge de petits territoires singuliers et discrets, souvent éloignés des vagues de touristes, qui contribuent à sa richesse.

Le courant d’Huchet est l’un de ceux-là, même s’il bénéficie d’une notoriété aujourd’hui bien établie. L’endroit suscite il est vrai l’admiration de ses visiteurs depuis déjà de nombreuses décennies. Ainsi, le journaliste Gilles Charles laisse parler son émotion dans le supplément littéraire du Figaro paru le 16 octobre 1921 : « Mais l’on rechercherait vainement ici les molles harmonies des paysages de la Loire et si l’on peut découvrir une harmonie profonde, elle ne manque pas d’une certaine violence. Tant il y a que l’étang de Léon est étrangement séduisant. Et si le courant d’Huchet ne peut vous émouvoir, c’est à désespérer. Imaginez un minuscule cours d’eau qui serpente entre des rives boisées, si minuscule à certains endroits que la barque la plus étroite y passe à grand-peine. Et ce ruisseau forme des criques, de petites anses où la lumière s’opalise dans l’ombre verte des feuillages, où, sur l’eau dormante, s’épanouissent les fleurs des nénuphars, les fougères royales et les hibiscus nuancés. »

La découverte du lieu reviendrait au poète italien Gabriele d’Annunzio en 1908, mais il est fort probable que les habitants de cette partie du littoral le connaissaient depuis fort longtemps. Le Pays de Born et du Marensin laisse d’ailleurs voir d’autres courants, ou petits fleuves côtiers. Tous jouent le rôle d’exutoire des étangs et permettent de drainer les sols sableux.  Ils se jettent dans l’océan Atlantique en franchissant les dunes par une embouchure, ce qui les soumet d’ailleurs au mouvement des marées dans leur partie aval.

Pour sa part, l’embouchure du courant d’Huchet n’a jamais été stabilisée par des travaux d’endiguement. Force est de constater que parmi les fleuves côtiers de cette partie des Landes, il s’impose comme le plus somptueux et remarquable. La richesse de son environnement lui vaut d’être classé dès 1934 au titre des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.

Un écosystème fragile et protégé

Le souci de préserver cet écrin de nature appelle différents classements tout au long des décennies. En 1968, le plan d’eau de Léon est classé parmi les sites pittoresques du département. Ses rives le seront également en 1980, intégrant les communes de Léon et Vielle-Saint-Girons. Un an plus tard, la Réserve naturelle nationale du courant d’Huchet est officiellement créée. Sa gestion revient au syndicat intercommunal d’aménagement et de gestion, en charge de veiller à l’application de la règlementation, de réaliser le suivi scientifique et l’évaluation du patrimoine naturel, d’harmoniser les actions écologiques et d’accueillir le public.

La mission première s’attache bien à la conservation du patrimoine, qui impose un suivi permanent de l’avifaune, des mammifères, de la flore et des habitats naturels, des amphibiens et reptiles, mais aussi de la ressource en eau et des activités humaines.

Sur le terrain, les équipes du syndicat mènent différentes actions, comme le contrôle des espèces exotiques, à même de provoquer des déséquilibres majeurs au sein des écosystèmes. La gestion des niveaux d’eau et des débits répond également à une priorité, celle de laisser évoluer les zones marécageuses et de protéger la population faunistique du courant.

Crédit phot : Philippe B – Flickr – CC BY-ND 2.0 DEED

La même préoccupation vaut pour la fluidité du cours d’eau. Chaque année, les bateliers assurent l’entretien des berges et procèdent au dégagement des encombres.

La rigueur écologique qui anime le syndicat se traduit par de nombreuses initiatives, à l’instar du ramassage des déchets apportés à marée montante et du nettoyage systématique des secteurs fragiles.

Enfin, les équipes de la réserve se chargent d’accueillir le public. S’il s’agit d’abord de faire respecter la règlementation (qui interdit par exemple la présence de chiens ou la cueillette de végétaux), le souhait est aussi de sensibiliser les visiteurs à la richesse du petit territoire d’Huchet. À ce titre, elles organisent régulièrement des animations pédagogiques et des visites guidées, selon différentes thématiques.

La petite Amazonie des Landes

De l’étang de Léon jusqu’à la plage de Moliets-et-Maâ, la réserve occupe une superficie de 618 hectares, tout entière intégrée à la zone humide littorale. Le courant lui-même s’étire sur une distance de 9 km, épicentre d’un univers singulier et dépaysant. Outre l’étang, d’autres zones humides parsèment le territoire, à l’instar du marais du Cout de Mountagne ou du marais de la Pipe, qu’entourent de larges tourbières et marécages. Ce milieu aquatique s’enrichit de l’influence des grandes marées, qui charrient dans ses eaux différents poissons d’eau de mer, dont les civelles.

La réserve abrite une flore riche et diversifiée, dont la forêt-galerie, composée d’aulnes, de saules et de chênes, solidement plantée aux abords du courant. « Ici, la nature règne, libre, sauvage à l’image de ce chêne-liège majestueux qui trône en bord de rive. Planté il y a plus de quatre cents ans, du temps d’Henri IV, l’arbre classé donne au paysage des allures de conte fantastique » écrit, conquise, Anne-Lise Carlo dans Le Monde (07/01/2022).

Plus proche de l’océan, la pinède modifie le paysage. Rempart efficace de la diversité du sous-bois, elle contribue aussi à stabiliser les dunes côtières.

Crédit photo : Bateliers du courant d’HUchet

Plus de 280 espèces végétales ont été recensées dans la réserve, dont certaines présentent un intérêt patrimonial majeur, justifiant leur protection. La richesse botanique des lieux se nourrit d’une multitude de plantes, parfois exotiques, à l’instar du trèfle d’eau, du cyprès chauve, de l’hibiscus rose ou de l’iris jaune.

L’environnement que constitue le courant d’Huchet se révèle bien sûr favorable à l’épanouissement d’une faune variée. Les zones aquatiques constituent le décor parfait pour les loutres d’Europe et les campagnols amphibies. Plus au sec évoluent les genettes communes et les visons, dont l’espèce reste menacée. Les branches d’arbres accueillent pour leur part une grande variété d’oiseaux, d’autant que la réserve se trouve sous un couloir migrateur majeur. Les amateurs d’ornithologie se régaleront en observant, pêle-mêle, la spatule blanche, le balbuzard pêcheur, l’aigle botté ou encore le canard siffleur.

La nécessité d’un tourisme raisonné

Si la Gironde profite de la dune du Pilat comme destination touristique privilégiée, les Landes peuvent faire falloir le courant d’Huchet au titre de trésor départemental. Néanmoins, son attrait ne correspond peut-être pas tout à fait aux attentes des responsables de la réserve. « À présent, le courant attire beaucoup trop de monde. Nous n’étions pas préparés à accueillir presque 100 000 personnes à l’année. Les animaux sont dérangés par cette surfréquentation et le risque, c’est qu’ils ne se reproduisent plus sur la réserve » explique François Faure, le conservateur de la réserve, au Monde (07/01/2022).

Malgré l’attention dont elle fait l’objet, la réserve naturelle reste un écosystème fragile. C’est la raison pour laquelle les visiteurs prennent connaissance, dès leur arrivée, des nombreuses règles à respecter. Le souhait est bien sûr de continuer à proposer la découverte de cet environnement exceptionnel au public, tout en préservant son équilibre fragile.

La visite la plus appréciée est d’ailleurs celle qui impacte le moins courant d’Huchet. Il s’agit d’emprunter l’une des quelques galupes (barques traditionnelles à fond plat) mises à disposition par les bateliers de la réserve. La promenade, longue de 10 kilomètres, promet une immersion complète au cœur de l’Amazonie landaise, agrémentée par les explications précieuses des bateliers et l’univers sonore de la faune. L’occasion rêvée d’apercevoir un busard des roseaux prendre son envol ou une grenouille agile sauter d’un nénuphar.  C’est en tout cas la promesse certaine d’une parenthèse enchantée, fruit du travail quotidien des équipes de la réserve.


Informations pratiques :

Maison de la réserve
374, Rue des berges du lac – 40550 LÉON
Tél : 05 58 48 73 91
Web : www.reservenaturelle-couranthuchet.org

Chalet d’accueil (avril à sept)
Pichelèbe – D328
40660 MOLIETS ET MAÂ

Bateliers du courant d’Huchet
Visites organisées d’avril à octobre.
Balade de 2 heures : 17 € par adulte et 9 € par enfant (jusqu’à 6 ans)
Balade de 3 heures : 23 € et 12 €
Balade de 4 heures : 30 et 15 €

Réservation obligatoire par téléphone : 06 27 82 19 36
Web :  www.bateliers-courant-huchet.fr

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