La noix du PĂ©rigord, de l’huile d’éclairage Ă  l’appellation

La noix du Périgord, de l’huile d’éclairage à l’appellation


Première région productrice de noix en Europe, le Périgord perpétue un savoir-faire séculaire, justement récompensé par l’AOC et l’AOP.

Quelques mots d’histoire, vite fait

Disons-le franchement : l’homme de Cro-Magnon n’était pas vraiment réputé pour le soin apporté au ménage de sa grotte. Cette absence de rigueur domestique a au moins représenté l’opportunité de retrouver des coques de noix datant de plus de 17 000 ans dans les habitats de la vallée de la Vézère, preuve que nos ancêtres s’en régalaient déjà.

De fait, la noix s’impose parfois dans l’histoire locale. Les paysans l’utilisent pour payer leurs dettes jusqu’au Xe siècle. Au XIIIe siècle, les moines de l’abbaye citersienne de Dalon reçoivent de l’huile de noix comme acquittement des baux. Un siècle plus tard, les noix sont considérées comme une importante source de revenus par certains châtelains.

NĂ©anmoins, la noix a somme tout connu une histoire relativement discrète de longs siècles durant. Comme l’écrit Pierre Guillaume, professeur Ă©mĂ©rite en histoire contemporaine Ă  l’UniversitĂ© de Bordeaux 3, dans l’excellent ouvrage Les produits des terroirs aquitains (Revue de l’Agenais – 2009) : « La noix et les variations de sa production n’ont pas marquĂ© l’histoire comme ce fut le cas pour le blĂ© et autres cĂ©rĂ©ales ou, plus tard, en Irlande notamment, pour la pomme de terre. L’explication de cette discrĂ©tion tient au fait que la noix n’a Ă©tĂ© traditionnellement pour les producteurs qu’une ressource d’appoint et qu’elle n’a jamais constituĂ© pour les consommateurs le fond de leur alimentation. Elle n’a ainsi jamais eu l’importance qu’ont pu avoir, dans les rĂ©gions de production et de consommation, l’olive ou mĂŞme la châtaigne. »

Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’huile de noix est surtout utilisée pour l’éclairage ou la fabrication de savons. En cuisine, les réticences sont plus nombreuses, notamment à cause de sa propension à rancir rapidement en cas d’exposition à la lumière et à la chaleur. De plus, l’huile n’est pas adaptée à la cuisson, « ce qui explique qu’elle soit absente de tous les livres de cuisine puisque son utilisation ne se conçoit que pour les salades » précise encore Pierre Guillaume.

Il n’en demeure pas moins que l’huile de noix rencontre un certain succès commercial, en profitant de l’activité foisonnante du port de Bordeaux, où est organisée l’exportation vers l’Angleterre, l’Allemagne ou encore les États-Unis.

Le XIXe siècle est moins souriant. En 1830, les températures hivernales polaires ravagent les noyeraies. L’apparition de nouvelles huiles (colza…) ne contribue pas à dynamiser les ventes, pas plus que l’utilisation massive des lampes à pétrole, qui remplacent celles alimentées en huile de noix.

Les producteurs reviennent progressivement au fruit basique et commencent à exploiter son cerneau. À la fin du XIXe siècle, les États-Unis commandent des quantités importantes de noix du Périgord et du Dauphiné.

« V’nez énoiser, qu’y disaient. Ce sera drôle, qu’y disaient. » – « Tu me casses les noix, Joséphine, et, bizarrement, ça fait pas avancer le travail. »

Dans les années 1950, de nouvelles noyeraies sont plantées. Il est décidé d’introduire dans le Sud-Ouest la franquette du Dauphiné, une noix jugée plus résistante. Elle concerne aujourd’hui plus de 70 % de la récolte locale.

Quatre variétés de noix…

Même si la franquette s’impose de plus en plus auprès des producteurs, la noix du Périgord comprend quatre variétés distinctes, qui contribuent à sa renommée.

On trouve d’abord la marbot, très précoce, à la coque mince et fragile, que l’on vend fraîche et que l’on consomme assez rapidement. Son goût est très fin.

La rustique corne (ou corne du Périgord) est une noix réputée fort goûteuse. On la reconnaît grâce à la taille moyenne de sa coque et à la blancheur de son cerneau. On peut la conserver plus longtemps que la marbot.

La grandjean (ou grosjean) offre une coque bien plus imposante que la rustique corne. On peut facilement extraire le cerneau, que l’on dit très parfumé. Au goût, la grandjean présente un soupçon d’amertume.

Enfin, la franquette, originaire de Notre-Dame-de-Losier, en Isère. Introduite il y a une soixantaine d’années dans le Sud-Ouest, elle se présente sous la forme d’une grosse coque. Ses qualités gustatives ne sont plus à démontrer et les amateurs apprécient son arrière-goût de noisette.

… Et quatre régions de production

Si la noix du Périgord est historiquement liée à sa région naturelle, la zone de production comprend aujourd’hui le Quercy (dans le Lot) et les départements de la Corrèze et de la Charente. Le regroupement de ces terroirs a permis de développer 7 500 hectares de vergers, qui se développent sur des sols argilocalcaires du secondaire.

Une attention toute particulière a été portée aux lieux d’implantation. Ainsi, les vallées non gélives et les coteaux ne dépassant pas 500 mètres d’altitude ont été privilégiés, offrant aux noyers les conditions idéales de croissance. Des investissements importants ont été réalisés, afin d’encourager l’exportation des noix vers différents pays européens, mais aussi contrer la suprématie de la Chine et des Etats-Unis, qui produisent chaque année 540 000 tonnes de noix en coque (sur une production mondiale de 1 million de tonnes). La France produit quant à elle 30 000 tonnes par an, dont 15 000 tonnes issues du Dauphiné et du Périgord…

Un produit récompensé par l’AOC

La noix du Périgord, c’est bon et on peut la déguster de mille et une façons. La noix fraîche, par exemple, est un vrai régal. Récoltée à maturité dès la mi-septembre, séparée de son brou (chair du fruit), on peut l’acheter aussitôt et la consommer rapidement.

La noix sèche, plus facilement accessible dans le commerce, présente autant d’arguments gustatifs. On la récolte dès le début du mois d’octobre, lorsqu’elle tombe naturellement des arbres. Lavée puis passée dans des séchoirs d’air chaud, elle se conserve sur une plus longue durée, pour peu qu’on l’entrepose dans un endroit frais et sec.

Le cerneau de noix du Périgord (ou amande) ne demande aucun effort puisqu’il a déjà été extrait de la coquille. On peut le manger comme ça, brut de décoffrage, ou l’utiliser comme accompagnement de salades, fromages et desserts.

Cette constante quête de la qualité, menée depuis des années par les producteurs, a (enfin) été récompensée en 2002, lorsque l’Appellation d’Origine Contrôlée a publié son décret permettant ainsi à la noix du Périgord de rejoindre le cercle très fermé des produits de qualité. En 2004, l’AOP est venue confirmer ce savoir-faire.

Les passionnés ne manqueront pas d’emprunter, au moins une fois dans leur vie, la route de la Noix du Périgord, qui permet de partir à la découverte de son terroir. Ils trouveront sur leur chemin des producteurs, des restaurants, des marchés locaux ou des musées consacrés à ce petit fruit à coque.


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Les bienfaits des produits du Gers

Les bienfaits des produits du Gers


CĹ“ur de la Gascogne, le Gers est rĂ©putĂ© pour son art de vivre et la qualitĂ© de sa gastronomie. C’est Ă©galement l’un des dĂ©partements oĂą l’on vit le plus vieux et oĂą l’on enregistre le moins de maladies cardiovasculaires.

CrĂ©dit photo : OT de Lupiac – CC BY-SA 4.0

Introduction

Le pays de d’Artagnan est très certainement le berceau du French Paradox qui intrigue les scientifiques américains et fait toujours l’objet de nombreuses études. La richesse de la cuisine gersoise et plus encore la qualité des produits qui la compose en sont la principale explication.

Trois d’entre eux méritent d’être découverts ou redécouverts : la figue, le melon et l’ail.

La figue, riche en calcium

Les figues sont historiquement l’une des premières cultures de l’homme et la gastronomie gersoise lui rend chaque année ses lettres de noblesse en l’accommodant dans ses plats et desserts. À juste titre puisque les figues peuvent jouer un rôle équilibrant dans l’alimentation, grâce à sa densité élevée en minéraux, notamment le calcium.

Ainsi, en mangeant l’équivalent d’une demi-tasse de figues, vous obtenez autant de calcium que lorsque vous buvez une demi-tasse de lait. Nécessaire pour les os forts et les dents, le calcium est le minerai le plus abondant dans le corps, mais qui souvent manque dans les régimes. Les adolescents en pleine croissance et les femmes enceintes ont particulièrement un besoin élevé de calcium.

Et ce n’est pas tout. La figue assure Ă©galement un complĂ©ment non nĂ©gligeable en vitamines du groupe B (souvent dĂ©ficitaires dans l’alimentation), ainsi qu’en substances anthocyaniques ayant des propriĂ©tĂ©s « vitamine P Â» (prĂ©cieuses pour la santĂ© des petits vaisseaux sanguins). Son apport Ă©nergĂ©tique se rĂ©vèle finalement raisonnable, puisqu’une figue reprĂ©sente moins de 25 kcalories : la figue est donc sans danger pour la ligne.

Enfin, le fruit est riche en fibres qui se trouvent très efficaces pour stimuler les intestins. De ce fait, la figue est particulièrement indiquĂ©e en cas de tendance Ă  la constipation et, pour une meilleure digestibilitĂ©, il est conseillĂ© de la choisir bien mĂ»re. Cependant, les personnes souffrant de diverticulose colique doivent impĂ©rativement l’écarter de leurs menus : ses petits « grains Â» risqueraient de s’accumuler dans les diverticules de l’intestin, et de provoquer des troubles.

Consommée en fruit, en accompagnement de magrets et confits, la figue peut être également réduite en purée et employée pour substituer la graisse dans les aliments cuits au four. Mais en terre de Gascogne, la figue sert également au gavage des canards. L’engraissement à base de figues est ici une tradition plus que millénaire qui confère à la chair du canard une finesse, une onctuosité et une saveur incomparables et des propriétés diététiques élevées.

Le Professeur René Babile, de l’École Nationale Supérieure d’Agriculture de Toulouse, a mis en évidence grâce à une étude réalisée en 1998, que la figue modifie la composition des tissus adipeux des canards en apportant plus d’acides gras poly-insaturés et notamment les acides linoléiques et alpha-linoléniques. En augmentant le rapport entre acides gras insaturés sur acides gras saturés, la figue attribue à la viande des facteurs plus favorables à la santé humaine que le canard engraissé au maïs.

Le Melon, sans modération !

Introduit en France à la fin du 15e siècle, le melon a trouvé en Lomagne un sol particulièrement propice. Fruit de l’été par excellence, il peut se consommer dès juin sans hésitation. Il se situe parmi les fruits moyennement énergétiques : il apporte environ 48 kcalories aux 100 g, soit 200 kJ, et sa teneur en sucre est comparable à celle de la plupart des fruits frais (10 à 12 %). Il constitue une excellente source de provitamine A (ou carotène), dont il assure un apport de sécurité : on couvre la moitié du besoin quotidien avec une portion de 100 g de melon.

Le melon fournit également une quantité appréciable de vitamine C (25 mg aux 100 g en moyenne), ainsi que de nombreux minéraux. Riche en potassium (300 mg/100 g), ce fruit du soleil est aussi très désaltérant (92% d’eau). Enfin, c’est surtout une excellente source d’acide folique (ou vitamine B9), nécessaire au développement et au fonctionnement du système nerveux et à l’élaboration des cellules sanguines. Le melon est donc tout particulièrement recommandé pour les femmes enceintes, qui sont souvent carencées en vitamine B9.

Consommé en hors-d’œuvre, il possède des vertus apéritives, et en dessert, il constitue une fin de repas légère et digeste. C’est aussi le fruit de l’élimination, puisque ses fibres favorisent un bon transit intestinal, tandis que sa richesse en potassium et en eau facilite la diurèse. Attention si vous avez les intestins fragiles, ses fibres peuvent elles aussi être agressives pour votre digestion.

melons de lectoure
La rĂ©putation des melons de Lectoure n’est plus Ă  dĂ©montrer – CrĂ©dit Photo: Agence de l’alimentation de Nouvelle Aquitaine

L’ail, facteur de longévité

Qu’il soit blanc ou rose, le Gers est le premier producteur d’ail en France et sa cuisine l’utilise abondamment. L’ail est un condiment apporté par les Croisés qui présente de nombreuses vertus nutritionnelles et pharmacologiques : il préserve l’organisme de bien des atteintes et le maintien en parfait état jusqu’à un âge avancé.

Les chercheurs étudient d’ailleurs activement ses propriétés médicamenteuses, surtout en matière de prévention cardio-vasculaire. Ainsi, l’ail présente une action diurétique qui semble porter surtout sur l’élimination de l’eau, et non de l’urée ou du sodium. Elle est due au rapport potassium/sodium élevé, ainsi qu’à la présence des fructosanes, substances dotées de fortes propriétés diurétiques. De même, l’ail offre une action antibactérienne reconnue expérimentalement par Pasteur en 1858. Cette action vise notamment les bactéries gram +, ainsi que les salmonelles et Escherichia coli. Cette propriété serait le résultat de l’action de l’allicine (ou de ses dérivés).

L’ail renferme également, et en faibles quantités, une substance hypotensive, la prostaglandine PGA 1. Sa consommation régulière permet d’abaisser la pression sanguine.

Enfin, l’ail a des effets bénéfiques sur la fluidité du sang et le taux du cholestérol sanguin. Il réduit en effet l’agrégation plaquettaire, garde au sang une fluidité satisfaisante, et évite la formation de caillots indésirables. Cela s’explique par la présence de certains composés soufrés : trisulfure de méthyle, trisulfure d’allyle, et « ajoène E ». Par ailleurs, selon les études les plus récentes, la consommation d’une gousse d’ail cru par jour (soit environ 3 grammes) permettrait d’obtenir un abaissement significatif – de l’ordre de 20 % – du taux du cholestérol sanguin, et particulièrement du « mauvais » cholestérol LDL.

Sur les parois des vaisseaux sanguins, l’ail inhibe la prolifération cellulaire à l’origine des premières lésions d’athérosclérose. L’ail pourrait également diminuer la synthèse des triglycérides, et freiner ainsi l’évolution d’une éventuelle pathologie cardio-vasculaire.

Des études japonaises ont mis en évidence que l’ail possède un effet antiallergique particulièrement puissant : des extraits d’ail diminuent de plus de 90 % la réponse cellulaire après exposition à un allergène. Dans ce domaine, il se montre huit fois plus actif que l’oignon, et quatre fois plus que le poireau. On a pu démontrer que l’extrait d’ail agit comme un antioxydant (au même titre que la vitamine E), protégeant ainsi les cellules contre les indésirables radicaux libres.

Last but not least, l’ail pourrait avoir, outre ses propriétés antimicrobiennes et bactéricides, une action antitumorale vis-à-vis de certaines cellules cancéreuses. Chez l’homme, la consommation régulière d’ail (ou d’extrait d’ail) semble renforcer les défenses immunitaires de l’organisme. Sans hésiter, la consommation d’ail est nécessaire, sinon vitale !


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Côtes du Marmandais : des vins méconnus et précieux

Côtes du Marmandais : des vins méconnus et précieux


La région de Marmande, réputée pour ses tomates charnues et savoureuses, pourrait l’être davantage grâce à ses vins.

Le jour se lève sur le vignoble: Crédit photo: Cave du Marmandais

Catalogué parmi les vins du Sud-Ouest

C’est le destin de tous les vignobles régionaux qui n’entrent pas dans le périmètre de Bordeaux. Leur existence propre, leur histoire, leur particularité et leur qualité dépendent en premier lieu d’une classification générique et un peu floue. Il convient donc de se pencher sur la carte viticole pour mieux identifier la trentaine d’appellations AOC et/ou AOP du Sud-Ouest, parmi lesquelles figure presque modestement celle des Côtes du Marmandais.

Elle rejoint d’ailleurs les autres appellations du Lot-et-Garonne, à l’instar du Brulhois, de Buzet et des Côtes de Duras, permettant au département de s’imposer comme une terre viticole à part entière.

logo cĂ´tes du marmandais

Un vignoble Ă  la superficie modeste

Si le vignoble bordelais s’étend sur près de 118 000 hectares, celui des Côtes du Marmandais ne dépasse pas les 1320 hectares, agencés sur les deux rives de la Garonne.

On dit de la rive gauche qu’elle est terre de Gascogne. Son paysage se compose de vastes plaines et de collines à pente douce. Le sol repose sur une grave perméable que viennent enrichir des couches d’argile, des marnes bleues et grises et des gros sables, propices au drainage.

La rive droite, ou terre de Guyenne, se distingue par ses coteaux abrupts, dont la géologie révèle des épaisseurs de molasses argilocalcaires.

À chaque nature de sol correspondent des cépages particuliers, qui contribuent à considérer les deux rives comme deux terroirs distincts et complémentaires.

Avant tout, la variété des cépages

« Le Marmandais est caractĂ©risĂ© par des vins d’assemblage. Nous ne pouvons pas faire du Marmandais en monocĂ©page, il faut forcĂ©ment associer au minimum deux cĂ©pages. Â» InterviewĂ© pour le site Vins et Variations, Fabien Tarascon, vigneron, rĂ©sume bien l’esprit qui prĂ©vaut en terre lot-et-garonnaise.

Ici, les cépages sont nombreux et variés. Le cabernet franc, le cabernet sauvignon et le merlot, qui représentent 85% de l’encépagement, doivent aussi compter avec le malbec, la syrah, le fer servadou et le gamay.

Si tous contribuent peu ou prou à apporter cette touche particulière aux vins locaux, l’abouriou peut se targuer d’être le chef de file de l’assemblage et la mascotte du Marmandais.

CĂ©page endĂ©mique, sauvĂ© et choyĂ© par les producteurs, « il peut accoucher de vins très fruitĂ©s, aux parfums de baies noires (cassis, mĂ»re, myrtille), parfois enrobĂ©s de notes boisĂ©es Ă  la suite d’un Ă©levage en barriques assez frĂ©quent. La bĂŞte demande Ă  se patiner avant d’être bue, elle est musclĂ©e et ses Ă©paules peineraient Ă  passer la porte du palais. Fine sur la rive droite, elle gagne en charpente sur les graves Â» Ă©crit fort joliment OphĂ©lie Neiman dans Le Monde (25/08/2019).

Même s’il ne représente que 10% de la production, le blanc se nourrit des cépages sémillon, sauvignon blanc et sauvignon gris.

Le rôle central joué par la Cave du Marmandais

L’AOC, obtenue en 1990, a-t-elle contribué à installer progressivement la Cave du Marmandais, née de la fusion de la Cave du Cocumont (rive gauche) et de la Cave de Beaupuy (rive droite) ?

Il n’empêche que depuis 2003, elle regroupe 90% de la production locale, assurée par une centaine de vignerons. Cette concentration ne perturbe pas la qualité intrinsèque des vins ni la subtilité de l’assemblage. Le rôle de la coopérative consiste avant tout à installer les Côtes du Marmandais parmi les appellations dignes d’intérêt et à assurer une meilleure communication auprès du public.

Une petite dizaine de producteurs indépendants poursuit la même démarche, convaincus du potentiel de leurs vins. Ainsi, Elian Da Ros mène un combat sans répit en faveur de l’excellence depuis son installation en 1998. Ses vins sont aujourd’hui inscrits sur la carte de 120 restaurants étoilés et continuent d’être recherchés par des amateurs du monde entier.

« J’ai commencé à vendre mes vins à des sommeliers qui avaient la niaque, comme moi. Ils ont apprécié que je leur propose quelque chose de différent. Ce sont vraiment eux qui ont été la clé de la reconnaissance de mes vins. Les jeunes chefs, surtout, ne sont pas des buveurs d’étiquette, ils n’ont pas d’a priori » déclare-t-il à Laure Gasparotto, du Monde (19 juin 2019).

Aucun complexe face aux bordeaux

« Les vins produits ici ont leur typicitĂ© et c’est comme ça qu’on les aime. Vouloir essayer d’élaborer un vin typĂ© « bordeaux » est selon nous une erreur, peut-ĂŞtre pas d’un point de vue commercial, mais très certainement d’un point de vue de l’intĂ©rĂŞt gustatif. Â» Ce court passage tirĂ© du site spĂ©cialisĂ© Le Guide Vigne-Vin semble rĂ©sumer l’esprit qui prĂ©vaut chez les vignerons marmandais.

La richesse des cépages autorise il est vrai la revendication d’une production singulière. Elle naît de la liberté de création lors de la phase d’assemblage.

« Nous avons une grande diversitĂ© de profils de vins. Nous pouvons aller sur des vins croquants, des vins copains, mais aussi des vins plus structurĂ©s Â» dĂ©clare Ă  ce titre Fabien Tarascon.

MĂŞme discours chez Emmanuelle Piovesan, vigneronne elle aussi : « Il y a une trame au Marmandais, mais qui est en fait très diverse. On va trouver des choses très diffĂ©rentes chez les mĂŞmes producteurs, entre les cuvĂ©es, ou d’un vigneron Ă  l’autre. Je pense que c’est presque Ă  l’infini au niveau de ce que l’on peut faire. Â»

Des critiques plutĂ´t flatteuses

En rouge, les vins affichent une robe intense et profonde. « En bouche, c’est un vin Ă  l’attaque franche, Ă  la matière dense et Ă  la structure fine, une belle rondeur qui enveloppe le tout, pas de lourdeur, car l’aciditĂ© et de très grande qualitĂ©. Les tanins sont fermes, fins, mais sont lĂ  pour donner au vin une tenue et pour le maintenir dans le temps, car c’est un vin qui est prĂ©disposĂ© Ă  la garde Â» indique le site Guide Vigne-Vin.

Pour le Guide Hachette des Vins, « la matière est ronde, ample, sans excès, avec une sensation tannique bien Ă©quilibrĂ©e. Â»

Le rosé laisse pour sa part exprimer des notes de fruits rouges et impose des tannins dotés d’une vraie personnalité.

Le blanc profite des arômes propres au sauvignon, avec des notes d’agrumes, de pamplemousse ou encore de tilleul. À l’instar du rouge et du rosé, l’attaque en bouche se veut plutôt costaude, mais toute en rondeur.

Enfin, le dernier argument en faveur des Côtes du Marmandais est peut-être celui de leur prix. Une invitation supplémentaire à les découvrir et, sans nul doute, à les apprécier.


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Le jambon de Bayonne, une longue histoire d’Adour

Le jambon de Bayonne, une longue histoire d’Adour


Doté de l’IGP en 1998, le jambon peut se targuer de régaler les papilles depuis le Moyen-Âge. Qui dit mieux ?

Crédit photo : Consortium du Jambon de Bayonne

Le jambon de Bayonne est peut-être né par hasard

La légende raconte qu’au XIVe siècle, le célèbre Gaston Phoebus, comte de Foix, partit chasser le sanglier sur ses terres béarnaises lors d’une rude journée d’hiver. Il réussit à blesser la bête, mais perdit sa trace. Quelques mois plus tard, au retour de l’été, il trouva l’animal mort, parfaitement conservé. Le corps du sanglier, tombé dans le lit desséché d’une rivière, était recouvert de sel, naturellement présent dans les cours d’eau de la région.

La viande fut goûtée et appréciée par tous, et plus particulièrement la cuisse. Cet « accident » permit aux habitants de conserver la viande de porc et de sanglier dans le sel, abondant dans la région de Salies.

On peut aussi apercevoir sur le portail de la cathédrale de Sainte-Marie d’Oloron des sculptures du XIIe siècle représentant des sacrifices de porc et de gros jambons.
Ce n’est donc pas précisément à Bayonne qu’apparurent les premiers jambons. Mais la cité basque, forte de l’intense activité de son port, permit d’exporter le jambon et d’en assurer la promotion. Au fil des années, l’appellation « jambon de Bayonne » s’imposa presque logiquement.

Le noble produit devient une référence gastronomique. Rabelais lui ouvre les portes de la littérature. Les rois de France, d’Henri IV à Louis XIV, s’en délectent. Et même la Révolution l’épargne !

Une aire de production bien définie

Afin de pérenniser la qualité qui entoure le jambon de Bayonne, des critères précis ont été définis au fil du temps. En 1998, l’Union européenne a attribué son IGP (Indication Géographique protégée), qui permet notamment d’officialiser le terme « jambon de Bayonne » et d’éviter d’éventuelles copies commerciales.

Cette reconnaissance s’entoure néanmoins de règles strictes à respecter. À titre d’exemple, les porcs du Sud-Ouest doivent être engraissés avec un aliment contenant au moins 60% de céréales ou de céréales et de poids. La zone de production englobe 22 départements, répartis entre la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie.

Parmi les animaux retenus, citons les cochons de race « Large White Â» croisĂ©e « PiĂ©train Â», qui donneront les jambons estampillĂ©s « IbaĂŻona Â» (les meilleurs, selon les puristes !). Les animaux sont Ă©levĂ©s au minimum 11 mois, dès que leur poids dĂ©passe les 180 kg.

Les porcs de « race basque Â» (ou pie noir) sont particulièrement apprĂ©ciĂ©s. La race, qui a failli disparaĂ®tre il y a quelques annĂ©es, se dĂ©veloppe aujourd’hui, grâce aux efforts conjoints des Ă©leveurs basques et bĂ©arnais.

Le long processus de l’élaboration

Si la plus grande attention entoure l’élevage des porcs, la salaison est considérée comme l’étape fondamentale de la fabrication du jambon. Elle est cantonnée à la région du bassin de l’Adour, qui présente les meilleures conditions géologiques et climatiques, notamment grâce au Foehn, le vent sec du Sud. Il permet au sel de pénétrer les jambons, leur apportant ce goût si particulier.

Les salaisonniers respectent un cahier des charges bien précis. Les jambons frais entiers sont d’abord frottés avec du sel provenant exclusivement du bassin de l’Adour, puis recouverts de sel. On les place alors au saloir, et ce au début de l’hiver.

Vient ensuite la période du repos. Les jambons sont pendus et commencent à sécher, à faible température. La période du séchage intervient juste après et permet au jambon de dégager ses premières vraies saveurs. C’est au cours du séchage que l’on procède au pannage, consistant à appliquer sur les parties charnues, un mélange de graisse de porc et de farine. Le pannage permet de mieux accompagner le séchage, en évitant notamment l’apparition d’une croûte dure.

Enfin, l’affinage conclut cette longue période de maturité et d’observation de la part des producteurs. En moyenne, le séchage prend 9 mois, mais peut parfois atteindre les 15 mois, comme c’est le cas pour les jambons Ibaïona.

Ă€ l’arrivĂ©e, les jambons retenus sont frappĂ©s du sceau  Â» Bayonne  Â» et peuvent ĂŞtre commercialisĂ©s.

Oui au plaisir coupable !

S’il existe probablement mille et une façons de consommer le jambon de Bayonne, rien n’empêche de se servir une tranche avec les doigts et de la dévorer en rentrant du boulot. Outre le plaisir gustatif né de sa souplesse et de ses arômes, le jambon se révèle riche en vitamines B1, en acides gras Omega 6 et acide oléique, que l’on retrouve aussi dans l’huile d’olive.

Affiche de la campagne publicitaire initiée par le Consortium du Jambon de Bayonne

Le produit intervient également dans bon nombre de recettes, chaudes ou froides, parmi lesquelles la piperade ou le cake au jambon et olives. On peut même l’ajouter à sa recette de tarte et/ou de pizza.

Enfin, il convient de mentionner la célèbre foire au jambon, organisée au début mois d’avril à Bayonne depuis 1426 ! Une date qui impose le respect et justifie la gourmandise.


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Chasselas de Moissac: le grain d’or du Sud-Ouest

Chasselas de Moissac: le grain d’or du Sud-Ouest


Le Bas Quercy est réputé pour sa production de chasselas, ou chasselas de Moissac, considéré comme l’un des meilleurs raisins de table de France, qui profite d’un savoir-faire séculaire, d’une géographie avantageuse et d’un sol argilo-calcaire adapté.

La promesse d’un goût sucré et délicat – Crédit photo: Syndicat de Défense du Chasselas de Moissac AOP

La petite histoire du chasselas de Moissac

L’observation de certains chapiteaux du cloître de Moissac permet de se rendre compte que la vigne est plantée en terres quercynoises depuis le Moyen-Âge. Les moines bénédictins ont contribué au développement de la viticulture dans leurs domaines, participant à la réputation du chasselas, un cépage blanc d’origine suisse, pays où il est cultivé pour la production d’un vin sec de terroir, parfaitement adapté à la gastronomie locale.

Le chasselas (dont le terme serait lié à la commune de Saône-et-Loire) est également utilisé à des fins vinicoles en Allemagne et en France, notamment à Fontainebleau et à Thomery.

À Moissac, le chasselas prend le virage du raisin de table au XIXe siècle, comme l’attestent les rapports rédigés lors des comices départementaux en 1839, 1845 et 1859. C’est à cette époque que se développent les transports ferroviaires et fluviaux, ouvrant de nouveaux territoires de consommation. La production du précieux cépage augmente et les viticulteurs, déjà riches d’une solide expérience, deviennent des professionnels avisés, les chasselatiers. Nous pourrions même parler de chasselatières puisque les travaux sont en grande partie assurés par les femmes.

La crise du phylloxera, qui dévaste les trois quarts des vignes françaises lors de la seconde moitié du XIXe siècle, n’épargne pas le Bas Quercy. Deux propriétaires, Laborie et Combadazou, prennent l’initiative de greffer le chasselas sur des plants américains, rapidement imités par de nombreux producteurs. Les vignes renaissent et occupent à nouveau les coteaux dès les années 1900.

En 1912, un publicitaire de la compagnie du chemin de fer de Paris-Orléans, Georges-François Charmeux, issu d’une lignée familiale vouée corps et âme au chasselas, s’implique dans la promotion et la distribution du raisin moissagais. Il permet le transport ferroviaire gratuit du chasselas pour différentes expositions en France et en Allemagne et vulgarise les techniques de conservation et d’enséchage, mises au point par son parent Baptiste-Rose Charmeux.

À la veille de la Première Guerre mondiale, la surface de culture s’étend sur 4 100 hectares et autorise une production annuelle de 18 000 tonnes.

Le chasselas s’impose dans la vie économique de Moissac et de sa région. Au cours des années 1920 et 1930, les chasselatiers se regroupent au sein de puissantes fédérations agricoles et associations de producteurs afin de défendre leurs intérêts, assurer la qualité de la production et imposer des règles sur le conditionnement.

Le succès du chasselas de Moissac incite la municipalité à nourrir de fortes ambitions. Le docteur Rouanet, président du Comité de la Semaine du Chasselas, envisage ainsi la construction d’une véritable cité uvale, susceptible d’attirer le public de France et d’ailleurs. Le projet n’est pas modeste : grand hôtel, promenades, port de plaisance sur le Tarn, piscine, casino, plage reconstituée, restaurants… Au final, les réalisations sont plus étriquées puisque seuls l’uvarium (devenu restaurant) et l’Hôtel du Moulin (toujours ouvert) voient le jour. En 1935, la commune de Moissac est néanmoins reconnue comme première cité uvale de France.

FĂŞte du chasselas Ă  Moissac en 1951 – CrĂ©dit photo: Fonds AndrĂ© Cros, CC BY-SA 4.0

En raison de l’essor industriel, la main d’œuvre devient plus rare et plus chère après la Seconde Guerre mondiale. Les surfaces d’exploitation diminuent et la production est moins abondante. Qui plus est, les chasselatiers doivent faire face à certains producteurs indélicats qui commercialisent leurs produits sous l’appellation « Chasselas de Moissac ». En 1953, le tribunal civil de Moissac reconnaît l’appellation d’origine, qui impose des caractéristiques précises de qualité et de localisation.

Il faut attendre l’année 1971 pour que l’INAO attribue l’AOC. Le syndicat de défense du chasselas de Moissac fait part au ministère de l’Agriculture de sa volonté de promulguer un décret qui autorise notamment de déclarer en mairie toutes les parcelles de vignes AOC et la centralisation des déclarations permettant un registre d’appellation. Le décret est publié en 2003.

Enfin, en 1996, l’appellation européenne AOP est attribuée, confirmant et protégeant la qualité du chasselas de Moissac et le savoir-faire des viticulteurs quercynois.

Un raisin haut de gamme, de fortes exigences

L’aire géographique du chasselas de Moissac n’a pas varié depuis 1953 et s’étend du Nord-Ouest du Tarn-et-Garonne au Sud-Ouest du Lot. Le climat y est propice à l’exploitation viticole, grâce aux hivers doux, accompagnés de vents d’Ouest et de précipitations, et aux étés chauds et ensoleillés, qui favorisent la maturité des raisins. Le vent d’Autan qui souffle en automne facilite l’évapotranspiration.

Le cahier des charges de l’AOC est contraignant : pas d’irrigation fertilisante, aération du feuillage afin de favoriser la maturation du raisin, respect d’une densité et d’un écartement définis, rendement contrôlé (inférieur à 16 tonnes l’hectare), mise en place des grappes obligatoires car permettant « une disposition libre et aérée des grappes sur le cep », etc.

De fait, l’entretien de la vigne demande un effort permanent tout au long de l’année. Les chasselatiers entretiennent le sol, débarrassent les pieds des rameaux non fructifères, sélectionnent les bourgeons les mieux placés, évitent que les grappes ne s’enchevêtrent entre elles ou dans les feuilles, éclaircissent les vignes et procèdent à l’irrigation en cas de fortes chaleurs.

La récolte intervient dès lors que la maturité est atteinte (indice de maturité de 25 et teneur en sucre supérieur ou égal à 160 g/l), généralement entre la fin du mois d’août et les premières gelées. La cueillette est manuelle et fractionnée en trois passages, au gré de la maturité du raisin.

Une fois cueillies, les grappes sont délicatement posées « la queue vers le haut » sur une seule couche dans les cagettes. Elles sont ensuite transportées à l’atelier de ciselage et de conditionnement, que l’on appelle aussi le Tradou. C’est ici que les ciseleuses entrent en action. Leur travail consiste à éliminer, à l’aide d’une paire de petits ciseaux pointus, tous les grains abîmés ou jugés peu présentables. Malgré la charge de travail élevée et la patience dont il convient de faire preuve, l’ambiance est souvent conviviale et joyeuse dans le Tradou, qui a constitué, de longues années durant, un lieu de rencontres privilégié entre chasselatiers et ciseleuses.

Les raisins sont ensuite stockés dans une chambre froide, avant d’être conditionnés et commercialisés (40 % sont destinés à la vente au détail et 60 % rejoignent le circuit de la grande distribution). Chaque cagette doit mentionner « Chasselas de Moissac » et indiquer le nom de son producteur.

Le chasselas, c’est bon pour toi

Tous les efforts du chasselatier sont récompensés par le plaisir du consommateur. Le chasselas de Moissac, reconnaissable grâce à sa couleur dorée, à sa grappe souple et à la pruine qui recouvre ses grains, propose une saveur de fleur miellée ou de tilleul et un goût subtil, très doux et sucré. Bien sûr, il est peut être consommé tel quel, à n’importe quelle heure de la journée, servir d’accompagnement au foie gras et au fromage ou être utilisé dans de nombreuses recettes de magrets de canard, de poêlées de boudin noir, de tartes et de crumbles.

Les fines bouches apprécieront quant à elles le chasselas de Noël, réputé pour son goût intense et récolté en octobre lorsque les dernières grappes ont atteint leur pleine maturité. Le raisin est conservé en chambre froide jusqu’au moment des fêtes.

Surtout, le chasselas est une source de vitamines A, B et C, pauvre en matières grasses et protéines. Il concentre les oligoéléments (calcium, potassium, magnésium) assimilables par l’organisme et constitue une source naturelle d’énergie. Enfin, il est réputé pour ses vertus antioxydantes et les propriétés de ses polyphénols aident à renforcer le système cardiovasculaire.

L’uvarium construit à Moissac en 1933 proposait d’ailleurs des cures uvales, au cours desquelles seul le chasselas était consommé (essentiellement sous la forme de jus). Aujourd’hui, quelques producteurs organisent à nouveau des cures, qui peuvent être une opportunité originale de purifier son organisme et de retrouver le peps !

Et demain ?

En 2011, les chasselatiers ont convié le chef étoilé Christian Constant, enfant du pays, à célébrer en leur compagnie le 40e anniversaire de l’AOC. Quelques années auparavant, en 1998 plus précisément, des producteurs ont eu l’idée de se regrouper afin de transmettre leur savoir-faire, d’expliquer leur profession et de partager leur passion à travers la mise à disposition de CD-ROM, de films, de publications et d’un site Internet officiel. Une application dédiée aux smartphones équipés d’Android est même disponible.

Plus récemment, la communication a été entièrement revue et un nouveau visuel, qui se veut un clin d’œil à l’affichiste moissagais Firmin Bouisset, accompagne désormais le chasselas de Moissac, de la cagette aux campagnes de promotion.

Les producteurs ont su moderniser leurs outils et leur organisation s’est améliorée : recours aux sécateurs électriques, enherbage, mise en place de filets paragrêle, irrigation goutte à goutte…

Depuis 2008, les chasselatiers expérimentent les plantations en « T Bord », une initiative lancée par un producteur local, Monsieur Bord. La dépêche du Midi, dans son édition du 11 juillet 2012, en donne une explication : « L’astuce ? Un piquet robuste que vient barrer une planche en son sommet (la forme « T ») et sur lequel sont tirés des fils qui courent le long des rangs. Les sarments, coincés dessous, retombent naturellement de chaque côté. »

La technique permet de protéger naturellement le raisin du soleil, qui profite d’une meilleure ventilation. La vigne passe de 1,40 mètre à 1,70 mètre, à hauteur d’homme, facilitant de fait le travail quotidien. L’étude menée par la Mutualité Sociale Agricole du Tarn-et-Garonne a confirmé que cette méthode de culture affaiblissait la pénibilité du travail, à l’exception de la taille. « Au-delà des aspects de prévention des risques professionnels, les gains de productivité semblent jouer nettement en faveur du «T Bord» qu’en palissage traditionnel. Travailler debout, avec des fruits à portée de main sans avoir à se baisser va fortement simplifier les travaux en vert (ébrindillage, mise en place des grappes) » écrit la dépêche du Midi dans son édition du 15 janvier 2015. Selon Gilles Adgié, le « T Bord » permettra de réaliser une économie de 50 % en main d’œuvre sur les travaux précédant la récolte.

Enfin, les chasselatiers s’investissent depuis quelques années dans la culture biologique. Une trentaine d’entre eux a déjà passé le cap, pour une production actuelle d’environ 200 tonnes. Il est à parier que le chasselas de Moissac bio s’imposera de plus en plus dans les circuits de distribution, répondant aux nouvelles attentes de consommation et marquant peut-être une nouvelle étape de l’histoire du précieux fruit moissagais.

Passé, présent et futur. Depuis le XIXe siècle, les chasselatiers consacrent leur vie au grain d’or du Sud-Ouest, avec le même souci de qualité, de petite jouissance gustative et de fierté locale. L’AOC et l’AOP ont finalement confirmé cette quête du travail bien fait et du raisin d’exception. Même s’il est affiché à des tarifs plus élevés dans le commerce, le chasselas de Moissac offre la garantie d’un raisin savoureux et délicat, intense et étonnant. Quelques instants de plaisir égoïste et de résistance face à des produits standardisés et sans aucune âme.

En guise de conclusion

« C’est le roi des coteaux au blason prestigieux,
Ce chasselas doré, blond comme une pépite,
C’est un grand guérisseur au renom fabuleux
Dont l’uvale saison est toujours bénéfique.

Car chacun de ses grains est source de jouvence,
Ils craquent sous la dent, ils flattent le palais,
C’est l’amour et le miel de ma contrée clémente,
C’est son plus beau fleuron, sa grâce, son bouquet !

Combien sont repartis de Moissac la jolie,
Revigorés, virils, aux lèvres une chanson,
Lors même si c’était l’automne de leur vie,
Demandant Ă  VĂ©nus encore une saison.

Le vigneron s’incline et met genou à terre,
Pour cueillir ce fruit d’or, comme s’il adorait
Ce buveur de soleil, d’estivale lumière
Gorgés du suc ardent des coteaux moissagais.

Il va le confier aux mains douces des femmes,
Pour être ciselé, tout paré de rubans,
Puis gracieux troubadour qui célèbre sa dame
Il s’en ira chanter nos vignes aux quatre vents.

Je voudrais, c’est mon souhait, m’en aller en septembre,
Pour qu’on mette en mes mains la grappe vénérée,
Ce chasselas joli, pailleté d’or et d’ambre
Que j’offrirai au Christ en pardon des péchés.

S’il se laissait toucher par ma superbe offrande,
Je serais, je crois bien, à demi-pardonné,
D’avoir fait bien souvent, ferventes révérences
Au chasselas, ce Dieu de ma douce contrée !
»

Roger Boulzac, chasselatier.


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Les bienfaits des produits du PĂ©rigord

Les bienfaits des produits du PĂ©rigord


Le terroir pĂ©rigourdin est riche et gĂ©nĂ©reux et l’harmonie de ses mets et vins en fait une rĂ©gion systĂ©matiquement citĂ©e comme gastronomique. Truffe noire, foie gras d’oie et de canard, fruits et lĂ©gumes… Parmi la grande variĂ©tĂ© de produits, trois prĂ©sentent de hautes qualitĂ©s diĂ©tĂ©tiques : la noix, le cèpe et la châtaigne.

La nature pĂ©rigourdine est l’amie de notre organisme – CrĂ©dit photo : Owen Mathias – Flickr

La noix, une protection des maladies cardio-vasculaires

La culture du noyer est une longue tradition périgourdine. Au XIe siècle, certaines redevances étaient déjà payées en setiers de noix. À la suite de la maladie du ver à soie et de l’apparition du phylloxéra au XIXe, le noyer est cultivé de façon intensive, particulièrement en Périgord.

Dans cette région, les noix sont de petits calibres et présentent une coquille tachetée ; elles produisent une excellente huile. Riche en lipides (+ de 60 %), remarquable pour la qualité et la richesse de ses protéines, éléments minéraux et vitamines, la noix peut être consommée fraîche ou sèche. Mais attention, après le début de la récolte, fin septembre, la noix fraîche doit être consommée rapidement ou conservée en réfrigérateur. Sèche, on peut la manger tout au long de l’année.

Ă€ la suite de recherches effectuĂ©es par la facultĂ© de pharmacie de Bordeaux, les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© particulièrement intĂ©ressants. Ils montrent en effet que les personnes qui consomment des noix ou de l’huile de noix tous les jours ont un taux de cholestĂ©rol HDL (le bon cholestĂ©rol) plus Ă©levĂ© que les  Â» non-consommateurs « . Or, cette augmentation est un facteur de protection vis-Ă -vis des maladies cardiovasculaires. Toutefois, riches en calories, un apport de 30 Ă  50 g par jour pourrait s’avĂ©rer suffisant et raisonnable.

Les cèpes, plaisir et santé réunis !

Les cèpes ne sont pas seulement des mets de choix. Très sains, ils contribuent à notre équilibre et à notre bonne santé. Seules les personnes dont l’appareil digestif est un peu susceptible risquent de plus ou moins bien supporter les champignons sauvages, les plus riches en fibres.

En dehors de cela, les responsables de la Fédération française de cardiologie estiment que les cèpes peuvent être servis sans restriction dans la grande majorité des régimes : surpoids, diabète, excès de cholestérol, hypertension… Ce n’est pas surprenant. Composés à 90% d’eau, ils sont peu caloriques et n’apportent en moyenne qu’une quinzaine de calories pour 100 g. Mieux encore, elles sont apportées presque en totalité sous forme de protéines, de vitamines et de sels minéraux.

Sauvages la plupart du temps ou cultivés sur couches, les cèpes sont en effet très riches en vitamines du groupe B et en vitamines PP. Ils sont ainsi bénéfiques pour le système nerveux et la peau.

Le cèpe de Bordeaux aiment bien les forêts du Périgord – Crédit Photo : Matthieu Brochon -CC BY 4.0

En moyenne, 100 grammes de cèpes suffisent aux besoins journaliers en vitamines B1, B2 et B3. En revanche ils sont pauvres en vitamine C. Plus encore que des vitamines, ils vous apporteront du sélénium, réputé pour ses propriétés antioxydantes. Le sélénium est impliqué dans l’élimination des radicaux libres qui accélèrent le vieillissement cellulaire, et plusieurs travaux internationaux lui prêtent d’intéressantes propriétés. Il nous protégerait ainsi contre les maladies cardio-vasculaires, mais aussi contre certains cancers digestifs. Or les cèpes représentent l’une des principales sources alimentaires, devant même les huîtres dont c’est pourtant une des qualités principales. Il suffit de 50 grammes de cèpes pour satisfaire aux besoins de l’organisme pendant 24 heures ! Alors faites-vous plaisir et, pour une fois, sans modération !

La châtaigne, le plein d’énergie

La châtaigne constitua durant plusieurs siècles la base de l’autosuffisance alimentaire des communautés rurales périgourdines. Devenue synonyme de nourriture du pauvre, la châtaigne subsista longtemps à titre résiduel, jusqu’à connaître un nouvel essor à partir des années 80. Le regain d’intérêt dont elle bénéficie s’appuie entre autres sur sa qualité alimentaire et diététique.
Le taux de glucide de la châtaigne sèche est de 73 % (40 % pour le fruit frais), soit une valeur supérieure à celle des céréales (blé, maïs, orge, seigle). Les teneurs en lipides, à hauteur de 5%, sont également plus élevées ; les protides (7,4%) sont au contraire plus bas. La châtaigne contient des acides gras libres, essentiellement l’acide linoléique, palmique, et oléique, éléments indispensables à la prévention des maladies hépatiques, sanguines et respiratoires.

L’apport vitaminique est constitué principalement par les vitamines B1 et B2 qui interviennent dans le métabolisme énergétique et de la vitamine C dont on connaît les vertus antiscorbutiques. Même si une quantité non négligeable, mais difficile à évaluer de façon précise et constante, disparaît au chauffage, les vitamines se retrouvent encore dans la farine de châtaigne.

Parfois, prendre une châtaigne peut s’avĂ©rer salutaire pour notre santĂ© – CrĂ©dit photo : user:Fir0002 – GFDL 1.2

Enfin, le fruit sec contient de nombreux éléments minéraux : en quantité importante du potassium et du phosphore, en quantité moindre du soufre, du magnésium, du calcium et du sodium.

La châtaigne, c’est bon pour le tonus !


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La garbure, plus forte que Red Bull

La garbure, plus forte que Red Bull


Plat emblématique du Sud-Ouest, la garbure a richement nourri des générations de Gascons soumis au travail de la ferme et aux conditions climatiques parfois rudes en hiver.

Plus fort que l’hiver – CrĂ©dit photo : Garburade – CC BY-SA 3.0

On reste calme

L’origine précise du plat suscite encore quelques agacements entre Béarnais et Landais, qui en revendiquent la paternité. Afin d’éviter tout regain de tension, nous parlerons donc d’un plat gascon, qui autorise de toute façon des centaines de recettes différentes, au gré de son garde-manger, de ses envies ou des produits disponibles proches de soi.

La garbure, c’est donc une soupe traditionnelle (très) généreusement composée de légumes de saison (surtout du chou) et de viandes confites. On peut tout à fait la considérer comme un plat principal, sans craindre la petite fringale à l’heure du goûter ou au milieu de la nuit.

Après s’être repu d’une bonne garbure, les paysans gascons étaient fins prêts à affronter le vent glacé des Pyrénées (s’agissant des Béarnais) ou l’humidité des tourbières (s’agissant des Landais). Le plat a surtout permis à des populations pauvres de se nourrir correctement et même de se régaler.

Bon à… savoir :

Il est vivement recommandé de faire tremper ses haricots secs (tarbais de préférence) pendant au moins 12 heures.

Si la garbure reste très savoureuse après avoir été réchauffée, il convient quand même de la consommer assez rapidement, sans une trop longue conservation, du fait de la présence de chou et de navet parmi les ingrédients, des légumes qui fermentent assez vite.

L’autocuiseur est à bannir pour cette recette, qui préfère plutôt une cuisson à feu doux, sans précipitation (entre 2 heures 30 et 4 heures). C’est le prix du bonheur.

Enfin, le championnat du monde de garbure, la Garburade, est organisé le premier week-end de septembre à Oloron-Sainte-Marie, au cœur du Béarn. Les équipes s’affrontent afin de proposer à un jury de professionnels la meilleure garbure de l’année (ou la plus originale ou la plus innovante). C’est surtout l’occasion d’organiser une grande fête gourmande, à laquelle participe plus d’un millier de convives.

Le haricot tarbais, ingrĂ©dient indispensable de la garbure – CrĂ©dit photo : Patrick BOILLAUD

La recette

Les ingrédients (pour 6 personnes) :

  • 1 crosse de jambon
  • 1 kg de lard maigre
  • 1 confit d’oie ou de canard
  • 1 chou vert
  • 3 carottes
  • 1 poireau
  • 1500 g de pommes de terre
  • 4 navets
  • 500 g de haricots blancs secs
  • 2 oignons piquĂ©s d’un clou de girofle
  • 1 bouquet garni
  • Sel et poivre du moulin

Préparation :

Prendre une cocotte, la remplir d’eau et y déposer la crosse de jambon. Porter à ébullition.

Passer ensuite le jambon sous l’eau froide, l’égoutter et renouveler l’opération. Procéder de même avec le lard fumé, afin de bien le blanchir. Bien égoutter la crosse de jambon et le lard et les remettre dans la cocotte nettoyée. Ajouter 4 litres d’eau et faire cuire pendant 1h30 à petit bouillon.

Nettoyer les carottes, le poireau et les navets et les couper en petits morceaux. Éplucher les oignons et les gousses d’ail. Ajouter tous ces légumes, ainsi que les haricots blancs et le bouquet garni, dans la cocotte, avec la viande et porter à ébullition. Couvrir ensuite la cocotte et laisser mijoter à feu doux pendant 3/4 d’heure.

Couper le chou en quartiers, en prenant soin de supprimer le trognon. Faire blanchir 5 minutes à l’eau bouillante, passer sous l’eau froide, bien égoutter et réserver. Éplucher les pommes de terre, les laver et les couper en morceaux. Les mettre avec les autres ingrédients dans la cocotte. Dès que les haricots commencent à être cuits, ajouter le chou et le confit d’oie. Couvrir et laisser cuire encore 15 minutes.

Lorsque la cuisson touche à sa fin, retirer les oignons, le bouquet garni et penser à désosser toutes les viandes, en les coupant en très petits morceaux. Remettre les chairs dans la cocotte.

Rectifier l’assaisonnement si besoin et servir bien chaud.

Vous pouvez accompagner la garbure de tranches de pain de campagne bien grillées.

Qu’est-ce qu’on boit avec ça ?

La garbure étant avant tout un plat robuste, on peut lui associer sans difficulté un Madiran, suffisamment tannique et charpenté pour l’accompagner comme il se doit. De plus, on reste dans la même région, ce qui n’est que justice.

S’il reste un fond de bouillon dans l’assiette après avoir terminé son plat, ne pas hésiter une seule seconde à faire chabrot, c’est-à-dire à verser un peu de son vin dans l’assiette, qu’on porte directement à sa bouche pour se régaler de ce divin mélange.

« Un p’tit chabrot pour faire passer tout ça, un p’tit Armagnac et au lit.« 

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Irouléguy, un vignoble intime

Irouléguy, un vignoble intime


Protégé des vents humides de l’océan par les massifs, le vignoble d’Irouléguy profite de l’effet foehn, synonyme d’un microclimat plus sec et plus chaud, dont se régale le raisin.

Crédit photo : Syndicat des Vins d’Irouléguy

Une production séculaire

La vigne au Pays basque est présente depuis l’Antiquité, mais la viticulture ne s’y est vraiment développée qu’au 3e siècle, sous l’occupation romaine. À la recherche de minerais, les Romains ont sans doute décelé aux alentours du village d’Irulegi des propriétés particulièrement favorables à la culture de la vigne.

Les coteaux qui dominent le village, sur les contreforts du mont Jara, forment en effet un îlot de calcaire blanc émergeant d’une masse de marnes rouges, propice au développement de la vigne de par son exposition, son microclimat et la nature du terrain.

Dès lors, le nom d’Irouléguy commence à devenir une référence de qualité pour le vin local. La légende dit même que Roland le Preux, en 778, au Col de Roncevaux, puisa dans ce vin une telle énergie qu’il fendit la montagne d’un coup d’épée…mais cette énergie ne fût-elle sans doute pas assez grande, car il ne put maîtriser ces diables de Basques qui mirent en déroute son armée.

Quoi qu’il en soit, les moines de l’Abbaye de Roncevaux sont bien inspirés d’installer un prieuré à Irouléguy au 12e siècle. Ils se mettent à cultiver les vergers et la vigne avec succès. Le vin qu’ils proposent aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle trouvent rapidement place dans les calices.

Au 17e siècle, le châtelain de Saint-Étienne-de-Baïgorry, le vicomte d’Urdos, entreprend à son tour la culture de la vigne sur les pentes de son domaine, initiative suivie par les paysans de la vallée.

Le vin d’Irouléguy connaît son heure de gloire au 18e siècle. Ses barriques sont acheminées, via le port de Bayonne, jusqu’en Allemagne, en Angleterre et aux Pays-Bas.

Malheureusement, l’apparition du phylloxera et l’exode rural du 19e siècle marquent son déclin. En 1953, une poignée d’hommes décide néanmoins de replanter et de relancer sa culture. Le vin d’Irouléguy accède alors à l’appellation VDQS, puis obtient le label AOC en 1970.

Le plus petit vignoble de France

Situé à 50 km au sud de Bayonne, au pied du col d’Ibaneta (Roncevaux), le vignoble d’Irouléguy s’étend au flanc des coteaux de Saint-Etienne-de Baïgorry, de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Bidarray, à l’abri du vent du nord.

La surface plantée représente 230 hectares, dont les deux tiers en terrasses, ce qui en fait le plus petit vignoble de France et d’Europe. La production revient à une dizaine de domaines, chapeautés par une coopérative.

La vigne plantĂ©e en terrasse, au regard du terrain lĂ©gèrement accidentĂ© – CrĂ©dit photo : sylvie krinbarg – Flickr

Le décret du 23 octobre 1970 (AOC) a limité l’encépagement pour les vins rouges et rosés à deux cépages : tannat (bordelesas en basque) et cabernet (axeria) pour les vins rouges, courbu (xuri cerratia) et manseng (ixiriota xuri) pour les vins blancs. Grâce au regroupement de petits récoltants, la production s’est développée pour atteindre en moyenne 55.000 hectolitres par an.

L’appellation Irouléguy a obtenu de nombreux prix au Concours général Agricole et sa réputation ne cesse de croître.

La dégustation d’un vin rare et de qualité

Depuis des années, la qualité du vignoble ne cesse de s’améliorer, notamment grâce à l’utilisation de matériels adaptés à la déclivité du terrain et au perfectionnement des techniques de culture et de vinification. Le vin d’Irouléguy présente aujourd’hui un caractère particulier et connaît une réputation internationale.

Marqué par les cabernets et les tanins plutôt souples, l’Irouléguy rouge, à la robe pourpre foncée, déploie un bouquet de fruits mûrs accompagné d’arômes de violette et de cannelle. Long en bouche et charnu, tout en faisant preuve d’une réelle légèreté, il doit être servi entre 17° et 20°. C’est le compagnon parfait des viandes rôties ou en sauce, du gibier et des fromages de brebis, tellement savoureux en cette terre basque.

Crédit photo : Syndicat des Vins d’Irouléguy

Le blanc, à consommer entre 8°C à 10°C, se boit sur les poissons, les fruits de mer, le pain d’épices et les confitures. Quant au rosé (servir entre 9°C et 12°C), il accompagne merveilleusement viandes et poissons grillés.


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Le pruneau d’Agen, plaisir et bienfaits

Le pruneau d’Agen, plaisir et bienfaits


Consommé depuis le Moyen-Âge, le pruneau d’Agen a toujours été considéré comme source de santé, notamment grâce à ses fibres, ses vitamines, son apport énergétique et son activité antioxydante.

Crédit photo : Bureau national Interprofessionnel du Pruneau

La contribution des Templiers

L’origine du pruneau d’Agen remonterait au XIIe siècle. On dit que les Croisés de l’Ordre des Templiers découvrirent le prunier de Damas pendant le siège de la ville. Ils le rapportèrent en France, et plus particulièrement dans le Sud-Ouest, qui présentait les conditions climatiques idéales à son développement.

Un siècle plus tard, les moines de l’Abbaye de Clairac, située près d’Agen, entreprirent de croiser le prunier de Damas à un prunier local. Cette opération donna naissance au prunier d’Ente, qui fournit encore aujourd’hui les fruits bénéficiant de l’appellation Pruneaux d’Agen.

Les moines de l’Abbaye de Clairac découvrirent également que l’exposition des prunes au soleil permettait de les sécher et de les conserver toute l’année.

Le pruneau d’Agen venait d’apparaître !

Il connut rapidement le succès, notamment auprès des marins, qui profitèrent d’un aliment nouveau, goûteux, riche en vitamines et facile à conserver. Parfait contre le scorbut.

Les pruniers d’Ente

La plus grande attention est portée à la production.

Les pruniers d’Ente bénéficient, en premier lieu, des excellentes conditions climatiques du Lot-et-Garonne. La terre, essentiellement composée d’argile et de calcaire, favorise aussi la pousse et le développement des arbres.

On veille à respecter un écart de 7 mètres entre chaque arbre, disposé en carré. Les pruniers d’Ente peuvent vivre une cinquantaine d’années et atteindre une hauteur de 5 mètres, à la condition de bénéficier d’une surveillance permanente, tout au long de l’année. Dès le mois de mars, ils sont traités contre les insectes et les maladies. De novembre à mars, les arbres sont taillés avec précision.

Les premiers bourgeons apparaissent au printemps. Les pruniers fleurissent très vite, en moins de dix jours. Les fruits commencent Ă  se dĂ©velopper dès la fin de la floraison. Cette Ă©tape se prolonge jusqu’au mois d’aoĂ»t, lorsque la prune d’Ente revĂŞt une couleur pourpre violette, qu’on appelle « robe de sergent Â».

Les premiers fruits qui tombent sonnent l’heure de la récolte, généralement organisée entre le 25 août et le 25 septembre.

Les arbres sont secoués à l’aide de vibreurs mécaniques. Les prunes tombent dans de larges filets tendus. Chaque prunier peut donner une centaine de kilos de fruits. Les fruits ramassés sont ensuite lavés à l’eau et prêts à être séchés.

Naissance du pruneau

Les tunnels à séchage peuvent être comparés à de vastes fours ventilés. Chauffés à 75°C, ils reçoivent les prunes d’Ente pendant une vingtaine d’heures. À la sortie, les prunes sont devenues des pruneaux. Cahier des charges oblige, la teneur en eau ne doit pas dépasser les 23%.

Les pruneaux sont ensuite triés, selon leur taille et leur qualité. Le calibrage, considéré comme une opération très importante, détermine le prix payé au producteur et l’uniformité des pruneaux vendus dans le commerce.

Cette quête permanente de la qualité et le respect d’une localisation déterminée s’agissant de toutes les étapes de production (séchage, conditionnement et transformation) ont permis aux producteurs d’obtenir en 2002 la très convoitée IGP (Indication Géographique Protégée).

Les fruits qui ne sont pas distribués dans l’immédiat sont stockés dans de grosses caisses de bois appelées palloxs, qui permettent à l’air de circuler et de conserver la qualité originelle du pruneau.

Un pilier de l’économie locale

Même si la production du pruneau d’Agen s’étend sur six départements du Sud-Ouest, elle reste essentiellement concentrée dans le Lot-et-Garonne. Plus d’un millier d’exploitations agricoles contribuent directement à la production, regroupées parmi huit organisations. La transformation revient à plus d’une soixantaine d’entreprises locales.

L’ensemble des acteurs de la filière s’appuie sur le Bureau national interprofessionnel du pruneau, dont la mission consiste à faciliter les relations entre producteurs et transformateurs, mais aussi à assurer le développement de la notoriété du pruneau, à suivre le marché ou à représenter la filière auprès des organismes officiels.

La production moyenne annuelle s’établit à près de 40000 tonnes. Le chiffre d’affaires global s’élève à près de 120 M€, réparti entre des ventes en France (70%) et à l’étranger (30%).

Bon pour la santé !

Comme on le sait, le pruneau d’Agen est utilisé dans bon nombre de recettes. Il accompagne merveilleusement les plats à base de porc, de boeuf, de volaille ou de gibier.

On peut aussi le déguster naturellement à n’importe quelle heure de la journée. Faiblement pourvu en protides et en lipides, il permet de profiter des vitamines B, A et E. Sa teneur en fer et la richesse de ses fibres en font un aliment excellent pour la santé, notamment lors d’épisodes de constipation.

Il est enfin recommandé aux sportifs, aux femmes enceintes, aux adolescents en pleine croissance et aux personnes âgées.


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L’Armagnac, sept siècles de tradition gasconne

L’Armagnac, sept siècles de tradition gasconne


Produit emblématique du Sud-Ouest, l’Armagnac continue de bénéficier d’une production artisanale qui privilégie la qualité à la quantité.

CrĂ©dit photo : Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac

L’invasion, ça a du bon

Véritable carte d’identité de la Gascogne, l’Armagnac est considéré comme la plus ancienne eau-de-vie de France.

On dit que sa naissance est le fait des différentes invasions qui tourmentèrent le territoire il y a bien longtemps. Les Romains introduisirent tout d’abord la vigne, puis les Arabes firent découvrir l’alambic et les Celtes, enfin, apportèrent leur connaissance de l’utilisation des fûts.

La production de l’Armagnac se développa dès le XVe siècle. L’eau-de-vie connut un succès certain et dépassa rapidement les simples frontières gasconnes.

En 1909, un décret permit de délimiter la zone de production. En 1936, un nouveau décret précisa les conditions de fabrication de l’Armagnac et lui attribua l’Appellation d’Origine Contrôlée (A.O.C.).

Les régions de l’Armagnac

L’appellation Armagnac concerne trois départements : le Gers, les Landes et le Lot-et-Garonne. Près de 15 000 hectares accueillent les vignes, dont les grains mûrissent au sein de trois régions bien distinctes : le Bas-Armagnac, la Ténarèze et le Haut-Armagnac.

Situé à l’ouest, le Bas-Armagnac donne naissance à une eau-de-vie délicate et fruitée.

L’Armagnac issu de la région de la Ténarèze, située tout au centre, se veut plus vigoureux et corsé. On le laisse vieillir plus longtemps en fûts.

Enfin, le Haut-Armagnac, situé dans les environs d’Auch, produit une quantité d’eau-de-vie plus faible, mais à la qualité gustative reconnue par tous.

Les trois régions, leur sol différent et leur personnalité propre contribuent donc à la richesse et à la diversité de l’Armagnac.

Vignoble d’Armagnac, entre Landes et Gers – Crédit Photo: Jibi44 – Wikimedia Commons

Les cépages

Dix cépages ont été autorisés pour la fabrication de l’Armagnac.

Les producteurs ont surtout retenu quatre d’entre eux, car ils donnent à l’eau-de-vie toute sa personnalité et façonnent son identité.

La Folle Blanche reste le cépage le plus fameux, car il existe depuis le tout début, même si on le cultive moins aujourd’hui. La Folle Blanche apporte à l’Armagnac une signature fine et goûteuse.

L’Ugni-blanc est un cépage que l’on retrouve principalement dans la Ténarèze et en Bas-Armagnac.

Le Colombard est utilisé sur l’ensemble des trois régions, grâce à ses arômes épicés.

Enfin, le Baco blanc est apparu après la crise du phylloxéra qui ravagea le vignoble français à la fin du XIXe. Il apporte une touche de rondeur à l’Armagnac et se présente aujourd’hui comme un cépage incontournable pour les producteurs.

Les Ă©tapes de la production

La récolte a lieu au mois d’octobre. Les raisins sont pressés et le jus obtenu est mis en fermentation.

La distillation est engagée à la fin de l’hiver ou au début du printemps. De toute façon, elle doit obligatoirement avoir lieu avant la date-butoir du 31 mars. Pour cela, on utilise différents alambics, dont l’alambic armagnacais ou l’alambic double-chauffe.

À la sortie, l’eau-de-vie est très alcoolisée. On la met alors rapidement en vieillissement dans des fûts de chêne blanc, qui demandent eux-mêmes un long travail de la part des tonneliers. Les fûts sont généralement d’une contenance de 400 à 420 litres et permettent le mélange harmonieux du bois et de l’eau-de-vie.

Le maître de chais devient alors le personnage central de la naissance de l’Armagnac. Il observe le vieillissement, surveille l’évaporation de l’alcool, supervise le transfert de l’alcool dans d’autres fûts plus âgés, constate la couleur qui apparaît.

Enfin, c’est lui qui décide que l’Armagnac a assez vieilli et qu’il est temps de procéder aux coupes. Cette opération consiste à assembler différentes eaux-de-vie, qui n’ont pas toutes le même âge ou la même origine. La mise en bouteilles peut alors commencer.

DĂ©gustation

Si la production de l’Armagnac est un art, sa dégustation l’est tout autant.

Inutile de se jeter dessus dès la fin du repas, ce serait faire injure aux artisans qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Il est d’abord recommandé d’attendre un bon moment après la fin du repas (ou du café), afin d’offrir à l’eau-de-vie un palais neutre et réceptif. Les amateurs de bonnes choses choisiront plutôt un verre tulipe, qui se glisse dans la paume de la main et permet de chauffer le précieux alcool.

A savourer en prenant son temps – CrĂ©dit photo : Nick Webb – Flickr

La dégustation doit d’abord s’effectuer avec les yeux. L’Armagnac développe des couleurs somptueuses, dorées ou ambrées. Vient ensuite le plaisir olfactif. Ne pas hésiter à tourner le verre tulipe sur lui-même, afin de libérer les arômes de fruits, de fleurs, de bois qui s’entremêlent judicieusement. L’eau-de-vie doit au moins atteindre les 15 °C avant d’être goûtée.

La première gorgée sera « timide », afin d’habituer le palais et le préparer aux autres gorgées. Les puristes parlent de « queue de paon » lorsque les arômes se détachent doucement en fin de dégustation.


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