Phare de Courdouan

Le phare de Cordouan inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO

Le phare de Cordouan inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO


Inauguré en 1611, le célèbre phare guide les navires à l’entrée de l’estuaire de la Gironde depuis plus de 400 ans.

phare de cordouan au soleil
Le roi des phares, dans toute sa majesté. Crédit photo: Polodup – Own work – CC BY-SA 4.0

Un projet voulu par le roi Henri III

Sécuriser la voie maritime vers Bordeaux, cité commerciale et port de premier plan, s’avère rapidement indispensable. Ainsi, dès le 14e siècle, le prince d’Aquitaine ordonne la construction sur l’île de Corduan d’une tour à feu.

Trois siècles plus tard, le bâtiment tombe en ruine et les naufrages de bateaux se multiplient. Henri III charge donc l’architecte Louis de Foix de concevoir, en lieu et place, une tour impressionnante, symbole du pouvoir royal.

Hélas, la difficulté du chantier, le coût des travaux et les guerres de religion retardent l’érection du phare. Le projet est cependant maintenu par Henri IV.

En 1611, près de 30 ans après le début des travaux, le phare de Cordouan est enfin inauguré. Sa hauteur s’établit à 37 mètres.

En 1780, une nouvelle vague de travaux est lancée, permettant de surélever l’édifice d’une vingtaine de mètres afin d’offrir une meilleure visibilité aux marins.

le phare de Cordouan avant et après son élévation.
Le phare de Cordouan avant et après son élévation.

La reconnaissance mondiale de l’UNESCO

Espérée depuis déjà quelques années, l’inscription du phare de Cordouan au patrimoine de l’UNESCO est finalement intervenue le 24 juillet dernier.

Créée en 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’UNESCO suit la mission d’instaurer la paix dans le monde par l’éducation, la science et la culture. En 2020, plus d’un millier de sites est inscrit au titre du patrimoine mondial, dont 45 en France.

« Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir » indique d’ailleurs l’UNESCO.

Le dossier de candidature soumis à l’organisation internationale a fait valoir la prouesse architecturale du phare, bâti dans un périmètre marin difficile, mais pourtant doté d’une grande beauté, digne des anciennes merveilles du monde.

La ministre de la Mer a salué dans un communiqué « une victoire pour le patrimoine maritime français. Mais elle implique une grande responsabilité, celle de continuer à préserver ce site exceptionnel pour les générations futures (…) Après avoir guidé des milliers de marins et leurs embarcations, ce phare continue de symboliser le génie français et possède une place à part dans notre patrimoine maritime national. »

Un sursaut touristique attendu

Toujours en activité, le phare de Cordouan reçoit chaque année près de 25 000 visiteurs, qui croisent les deux gardiens chargés de l’entretien des lieux, mais aussi de l’accueil du public.

La barge de débarquement des touristes pour le phare de Cordouan
La barge de débarquement des touristes pour le phare de Cordouan en manœuvre sur le plateau à marée basse – Crédit photo: AYE R – Own work – CC BY-SA 4.0

L’inscription du site au patrimoine mondial de l’UNESCO contribuera sans doute à augmenter la fréquentation et donc le budget dédié à son fonctionnement. Car si la reconnaissance du phare promet de belles perspectives touristiques, elle ne s’accompagne d’aucune subvention ni d’aucun avantage. En revanche, l’environnement reste préservé (pas d’éolienne à proximité, par exemple) et le phare profite d’une politique de conservation constante. La dernière vague de travaux vient d’ailleurs de se terminer.

Surnommé le « Versailles de la mer » ou le « roi des phares », le magnifique édifice de Cordouan promet d’imposer encore longtemps son impressionnante architecture à tous ceux qui l’approchent.

Gironde

La Gironde autrement

La Gironde autrement


Conçu par le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne et l’agence de voyages Chemins Solidaires, le programme « La Gironde autrement » propose une semaine d’immersion en pleine nature.

gorges du ciron en gironde
La beauté sauvage des gorges du Ciron – Crédit photo :  Lamiot – Own work – CC BY-SA 4.0

La volonté d’un tourisme durable

Dans son interview accordé à l’Écho Touristique en mars dernier, Anthony Demel, directeur général adjoint du Comité régional de tourisme de Nouvelle-Aquitaine, insistait sur l’ambition de la région en matière de tourisme durable.

Son discours s’appuie d’ores et déjà sur des actions concrètes, menées localement. Ainsi, le Cercle des Imaginaterres, constitué cette année, cherche à consolider et élargir le réseau des acteurs d’écotourisme en territoire Landes de Gascogne. Le souhait est de sensibiliser les partenaires institutionnels et prestataires touristiques à la démarche environnementale entourant l’accueil du public, loin du tourisme de masse.

logo du cercle imaginaterres
Le cercle des Imaginaterres où le souci d’un tourisme durable.

C’est dans cette logique que s’inscrit le programme « La Gironde autrement », élaboré par les représentants du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne et l’agence Chemins Solidaires.

L’objectif est de proposer aux vacanciers un séjour original, dépaysant, au plus profond du Sud Gironde.

Six jours pour tout oublier

Il est vrai que le département, le plus vaste de France, offre de multiples opportunités de découvertes et de sensations. Loin des plages océanes surfréquentées, le périple concocté par Chemins Solidaires invite les touristes à vivre la pleine aventure, ponctuée d’étapes et de rencontres.

Organisé sur une période de six jours, le séjour commence par la prise de possession des vélos et une chouette balade à travers forêts et vignes, qui précèdent une halte méritée au château de Roquetaillade. À quelques petits kilomètres, l’hébergement insolite installé au cœur d’un airial tend ses bras pour la soirée et la nuit.

Le deuxième jour ouvre la voie vers le village médiéval d’Uzeste et le château royal de Cazeneuve, propriété du roi Henri IV. La forêt de bambous du parc vaut, paraît-il, le coup d’œil, tout comme la grotte en contrebas, où la reine Margot recevait, paraît-il, ses amants.

château de Cazeneuve
Classé au titre des monuments historiques, le château royal de Cazeneuve constitue l’une des étapes du périple – Crédit photo : Pline — Travail personnel – CC BY-SA 3.0

Si le troisième jour commence par une courte randonnée en vélo, il se poursuit par une longue balade en canoé, à la conquête des gorges du Ciron. La zone se veut très sauvage, royaume de la tortue cistude ou de la loutre.

Après le vélo et le canoé, pourquoi ne pas se frotter au traineau ? C’est effectivement le programme du quatrième jour : une cani-rando avec un musher et ses chiens nordiques. Il est fortement conseillé de s’occuper des toutous avant et après l’escapade.

L’aventure canine se poursuit d’ailleurs le lendemain matin. L’après-midi est libre. L’occasion de se détendre au camp de base ou d’envisager une baignade dans le Ciron.

Le dernier jour réserve son lot de surprises, après une belle randonnée à vélo dans le Sauternais. À toute proximité du château Rayne-Vigneau, l’hôte attend ses invités pour une dégustation perchée à la cime d’un cèdre bicentenaire. Le plaisir intense de profiter d’un Sauternes en profitant d’une vue magnifique sur le vignoble.

Pratique :

Tél: 06 50 72 37 90
Web: www.detours-inconnus.fr/la-gironde-autrement/

Cinq destinations estivales en Lot-et-Garonne

Richesses du Sud-Ouest Sites & Cités Lot-et-Garonne

Cinq destinations estivales en Lot-et-Garonne


Le département est riche d’opportunités de découvertes et de loisirs. Quelques idées de sorties, parmi tant d’autres.

Crédit photo : Comité Départemental du Tourisme de Lot-et-Garonne

Bastide de Villeréal

Terre de bastides, le Lot-et-Garonne promet un voyage à travers le temps qui se fige au Moyen-Âge. Ces villes nouvelles, édifiées en quelques années tout au long du 13e siècle, bénéficient d’une fortification. Les rues y sont agencées en angle droit et composent des îlots. La place centrale constitue le cœur de vie de la cité, où se déroule le marché.

Villeréal figure parmi les plus belles bastides du Sud-Ouest. La ville a été parfaitement conservée depuis sa construction en 1267 sous l’impulsion d’Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis.

Les maisons médiévales à colombage ou à encorbellement attirent le regard et provoquent l’admiration, tout comme les jardins clos à l’ancienne.

L’église Notre-Dame dévoile une architecture défensive, comme le montrent les meurtrières, les deux tours et le chemin de ronde. Elle devait en effet servir de dernier refuge aux habitants en cas d’attaque.

La halle se veut exceptionnelle, notamment grâce à son étage en torchis, réservé aux notables.

C’est un véritable retour vers le passé, authentique et puissant, que propose Villeréal à ses visiteurs. La cité figure parmi les plus beaux villages de France depuis 2018.


Tél. 05 53 36 09 65 (office de tourisme Cœur de Bastides)

maison médiévale à Villeréal
Magnifique maison sur cornières – Crédit photo: Par MOSSOT — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11437883

Base de Loisirs du Lac de Clarens

L’été est particulièrement chaud en Lot-et-Garonne, justifiant une pause rafraîchissante. Certes, les piscines municipales sont nombreuses et variées, mais le plaisir de la baignade sera plus fort au lac de Clarens.

D’abord, le lac profite de ravissantes plages de sable blanc, dont deux sont surveillées. Ensuite, la pinède offre des zones ombragées, où il fait bon pique-niquer et se détendre à l’abri du soleil. Enfin, les activités proposées sont nombreuses et variées : pédalo, stand-up paddle, canoë, flyboard, accrobranche, parc aqualudique, parcours d’orientation, sentier de randonnée…

Bref, largement de quoi y passer la journée. Des bars et des commerces de restauration sont à la disposition du public.


Adresse : Route de Mont-de-Marsan – 47700 CASTELJALOUX
Tél. 05 53 93 48 00
Tarifs : 2,50 € de mi-juin à fin août – Gratuit pour les enfants de moins de 12 ans
Accessible aux personnes à mobilité réduite.

base de loisirs du lac de clarens
Une journée à la plage ? Oh oui ! – Crédit photo: Comité départemental du tourisme du Lot-et-Garonne

Œnotourisme en Marmandais

Injustement méconnues, les Côtes du Marmandais révèlent pourtant une grande diversité de profils de vins. Nés de savants assemblages, ils ont permis de sauver et de pérenniser l’abouriou, un cépage endémique, qui apporte tout son fruité et une vraie pointe d’originalité.

Le vignoble du Marmandais, installé sur les deux rives de la Garonne, entre Guyenne et Gascogne, se veut modeste (1350 hectares), presque intime. Il n’en demeure pas moins que la centaine de vignerons chérit sa production, d’ailleurs récompensée par l’AOC en 1990.

Il peut donc s’avérer très intéressant de partir à la découverte de ce terroir, en toute proximité de ceux qui le font vivre.

La Cave du Marmandais propose quotidiennement des visites de caves et des escapades dans le vignoble, à bord d’un combi Volkswagen dans son jus.

Si la dégustation du divin breuvage vous séduit, les boutiques de Beaupuy et de Cocumont vous ouvrent grand leur porte pour prolonger le plaisir.


Adresse : La Cure – 47250 COCUMONT
Tél : 05 53 94 19 01
Web https://cave-du-marmandais.fr/visitez/
Tarifs: 7 € par personne, gratuit pour les moins de 16 ans

vignoble du marmandais
Un p’tit combi Volkswagen pour partir à la découverte du vignoble et de ses vignerons – Crédit photo: Cave du Marmandais

Réserve naturelle de l’étang de la Mazière

Classé réserve naturelle nationale, l’étang de la Mazière se situe non loin du village de Villeton et à un jet de pierre de la Garonne.

Sur une superficie de 102 hectares, la réserve propose une vraie diversité de milieux, que viennent composer les prairies humides et sèches, les mares temporaires ou permanentes, l’étang, les roselières et les gravières.

Cet environnement est bien sûr propice au développement d’une faune diverse et variée : milan noir, loriot d’Europe, rousserole effarvatte, grenouille agile, cistude d’Europe… Depuis 1985, les inventaires naturalistes ont permis d’identifier 50 espèces de mammifères, 244 espèces d’oiseaux, 13 espèces de poissons ou encore 356 espèces de plantes. C’est pas rien.

Le site donne aussi à voir une ferme typique du Marmandais entièrement restaurée, un séchoir à tabac, un four à pain et un pigeonnier.

Enfin, un espace muséographique situé au premier étage de la maison de la réserve permet d’approfondir ses connaissances sur la réserve naturelle.


Adresse : Maison de la Réserve – Petite Mazière – 47400 VILLETON
Tél. 05 53 88 02 57
Web www.sepanlog.org/reserve-naturelle-de-la-maziere
Visites organisées mensuellement – Se renseigner auprès de la Maison RNN
Tarifs : 7 € pour les adultes et 5 € pour les enfants.

étang de la mazière
L’entrée du jardin d’Eden ? – Crédit photo: Sepanso

Chemin de fer touristique du pays de l’Albret

Et pourquoi ne pas emprunter un petit train brinquebalant à travers des paysages magnifiques ? Ça tombe bien, l’association du Chemin de fer touristique du pays de l’Albret propose un itinéraire enchanté entre Nérac et Mézin.

Le petit tronçon de ligne, long de 13 km, est une portion de l’ancienne ligne qui reliait les gares de Nérac et de Mont-de-Marsan, achevée en 1889.

Le voyage s’entend bien sûr aller et retour (c’est mieux, mais l’aller simple est possible) et il faut compter environ 2 heures de balade à travers champs, exploitations agricoles, coteaux et sous-bois. On ne parle même pas du long tunnel de 1,5 km qui promet quelques sensations et un peu de fraîcheur en plein cœur de l’été.

Les voitures du train, de type « baladeuses », sont semi-ouvertes et permettent de s’imprégner encore plus de la nature environnante.


Adresse : Gare de Nérac – 14 avenue du 19 mars 1962 – 47600 NÉRAC
Tél : 06 98 16 55 33
Web https://chemin-de-fer-touristique-du-pays-de-l-albret.blog4ever.com/
Tarifs : 14 € pour les adultes, 10 € pour les enfants (4 à 12 ans) et gratuit pour les tout-petits.
Il est fortement recommandé de réserver.

petit train touristique du pays d'albret
En voiture ! – Crédit photo: Ville de Mézin

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Le Floc de Gascogne, l’esprit du Sud-Ouest

Le Floc de Gascogne, l’esprit du Sud-Ouest


Malgré son indéniable qualité gustative et toute la rigueur qui accompagne sa fabrication, le Floc de Gascogne souffre encore de sa trop timide notoriété. Et c’est bien dommage.

Prêt pour une nouvelle aventure gustative ? Crédit photo: Comité interprofessionnel du Floc de Gascogne

Un bouquet de saveurs

En matière d’apéritif, si le Pays basque revendique haut et fort le Patxaran, la Gascogne peut dégainer son célèbre Floc.

Conçue à partir d’une recette datant du 16e siècle, la douce boisson se limite, pendant trois siècles, à une consommation familiale et personnelle chez les paysans gascons.

Le Floc doit son nom à un vigneron gersois, poète dans l’âme. Ce dernier, sensible au parfum du noble breuvage, qui évoque la violette, la rose et la prune, choisit en 1954 de l’appeler « lou flòc de nouste ». Ces quelques mots occitans signifient littéralement « le bouquet de fleurs de chez nous ».

Il faut attendre l’année 1976 pour que les producteurs s’organisent à travers la création de leur syndicat et baptisent le produit Floc de Gascogne, plus commercial. C’est d’ailleurs cette année-là que le Floc part officiellement à la conquête de ses clients.

Mais qu’est-ce que le Floc au juste ? Il s’agit d’un vin de liqueur, de 16 à 18°, né de l’assemblage de deux tiers de jus de raisin et d’un tiers de jeune armagnac. Détail qui a son importance : les raisins et l’alcool doivent provenir de la même propriété.

Disponible en rouge (on peut dire rosé) ou blanc, il se sert bien frais à l’apéritif. On peut aussi le déguster en accompagnement de foie gras, de melons, de fromages virils ou de fruits délicats, comme la fraise. C’est enfin l’ingrédient précieux de nombreux cocktails.

Preuve de sa qualité et de la rigueur qui entoure sa conception, le Floc de Gascogne a reçu l’AOC en 1990 et l’AOP en 2009.

Un territoire limité, mais de multiples cépages

Le vignoble dédié au Floc reste d’une superficie somme toute modeste, puisqu’il ne dépasse pas les 900 hectares. Les vignes se répartissent entre le Gers (80%), les Landes et le Lot-et-Garonne. Ce territoire se compose du Bas Armagnac, de l’Armagnac Ténazère et du Haut Armagnac.

La région de production, qui jouit de l’Appellation Armagnac, profite d’un sol argilocalcaire et sableux ainsi que de coteaux à pentes douces. Il convient également de retenir l’influence du climat, aux influences océanique, continentale et méditerranéenne, propices à la maturation du raisin. Le Floc gagne ainsi en force aromatique et développe une touche fruitée qui contribue à sa réputation.

caret di vignoble du floc

L’apéritif gascon tire sa richesse gustative de la diversité des cépages entrant dans sa composition. Ainsi, le Floc blanc est élaboré à partir de l’ugni blanc, synonyme de fraîcheur et de concentration des arômes ; du colombard, cépage emblématique de la Gascogne, aux saveurs de pamplemousse et de citron et enfin du gros manseng, plus rond à travers ses arômes de fleurs épicées et de fruits confits.

D’autres cépages blancs peuvent intervenir dans la réalisation du Floc, à l’instar de la folle blanche, du sauvignon, du sémillon ou du mauzac.

Le Floc rosé ne reçoit pour sa part que des cépages noirs. Le cabernet franc apporte des arômes de framboise, de cassis et de violette. Le cabernet sauvignon, utilisé pour concevoir les grands vins du Médoc, développe une vraie puissance tannique et diffuse des saveurs de fruits rouges, d’épices et même de poivron. Le merlot, peut-être la star des cépages, est réputé pour sa rondeur, due à son taux de sucre plus élevé. Il dégage des arômes de prune, de réglisse et de cerise noire. Enfin, le tannat, d’origine béarnaise, se distingue par sa vigueur et sa nervosité.

Les secrets de la fabrication du Floc

Au mois d’août, point de vacances pour le viticulteur gascon, même si les plages océanes ne sont jamais très loin. C’est la période idéale pour contrôler la maturité du raisin, qui doit être aromatique, sans pour autant développer trop d’acidité ni être trop sucré.

À l’automne, sitôt les vendanges terminées, les fruits rejoignent le chai, où le pressage est effectué sans délai afin d’éviter tout risque d’oxydation, néfaste aux arômes. Si le Floc blanc dépend d’un jus de raisin obtenu par une légère pressé, le Floc rosé résulte d’une opération d’éraflage, qui consiste à séparer le raisin de la rafle, c’est-à-dire la structure herbacée de la grappe. Le souhait est d’éviter les saveurs herbacées et d’atténuer le potassium de la rafle, coupable de réduire l’acidité.

L’éraflage précède le foulage, dont le but est de faire éclater les baies de raisin pour en extraire le moût. Avant la mécanisation, on foulait les raisins au pied !

Les étapes suivantes de l’élaboration s’entendent pour les deux Flocs. Il s’agit d’abord de procéder au mutage, consistant à placer le moût de raisin au fond de la cuve à l’abri de l’air et à y ajouter délicatement l’armagnac distillé l’année précédente.

Issu de la même propriété, l’armagnac constitue un tiers du mélange. Son ajout interrompt le processus de fermentation du raisin et préserve sa fraîcheur.

Afin de marier moût et armagnac, le brassage se poursuit encore quelques jours.

La période de repos intervient ensuite, jusqu’au début du printemps. Le Floc est conservé dans un chai, afin qu’il puisse développer tous ses futurs arômes.

Les dernières opérations peuvent alors être effectuées : soutirage, collage, filtration et stabilisation.

En mars, les producteurs conditionnent enfin leur précieux breuvage, uniquement en bouteilles, comme l’impose l’AOC.

La toute dernière étape est celle de l’agrément. Les producteurs ont en effet mis en place une commission en 1990 afin de tester et de juger le Floc avant sa commercialisation. Le souhait est de proposer aux clients un produit de qualité.

Enfin le moment de la dégustation

Profiter pleinement du Floc de Gascogne suppose de suivre quelques petites règles.

D’abord, on évite de le ranger dans sa cave en considérant que son vieillissement lui apportera davantage de saveur. Le Floc se consomme jeune, lorsque les arômes frais du raisin s’expriment en toute franchise.

Ensuite, on ne le sert pas à température ambiante. Selon les producteurs, un bon Floc se déguste entre 5 et 7°C. C’est de cette manière que sa finesse aromatique caresse le palais et suscite le plaisir. Après ouverture, il se conserve quelques semaines au réfrigérateur.

Les puristes ou les amoureux de la Gascogne ne manqueront pas de procéder à un examen visuel. Le Floc blanc laisse voir différentes gammes de jaune, selon les cépages entrant dans sa composition. Pour le Floc rosé, la teinte apparaît violacée, parfois brune, en fonction là aussi des cépages et de la période de macération.

verre de floc de gascogne
Des larmes bien grasses – Crédit photo: Alliance française de Wuhan

Avant la dégustation, l’examen olfactif apporte quelques indices précieux et agréables. Au tout début de sa maturation, c’est surtout l’armagnac qui impose ses arômes. Progressivement, les saveurs se complexifient pour donner lieu, s’agissant du Floc rouge, à un petit univers de fruits rouges, comme la fraise, le cassis et la mûre. Le Floc blanc laisse planer pour sa part des arômes de violette, de poire, de coing et même de miel.

Il est enfin temps de déguster le breuvage gascon. À la différence des vins liquoreux, le Floc profite d’un très bon équilibre en sucre et d’une faible acidité. Généreux et subtil en bouche, il apporte une vraie fraîcheur et suscite un plaisir immédiat.

Pour Myriam Darzacq, du Domaine de Paguy à Betbezer-d’Armagnac, aucun doute n’est permis à ce sujet. « Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui, après dégustation, n’ait pas aimé ça ! » confie-t-elle à Julie Ducourau du journal Sud-Ouest (25/07/2017).

La personnalité d’un terroir

Les 150 producteurs du Floc de Gascogne forment un groupe soudé, soucieux de la qualité de leur produit. La mise en place de leur propre commission d’agrément témoigne de cette volonté d’excellence, que soulignent d’ailleurs l’AOC et l’AOP.

En matière économique, l’organisation de la filière a permis de dessiner une alternative à la baisse de la production d’armagnac, divisée par trois depuis les années 1990. Aujourd’hui, les ventes annuelles de Floc avoisinent le million de bouteilles. Elles pourraient certainement être augmentées en renforçant la notoriété du produit et sa distribution commerciale, notamment dans les grandes surfaces.

L’Académie des Dames du Floc de Gascogne, créée en 1980, pourrait peut-être contribuer à une meilleure communication. Composée d’amatrices vêtues d’une jolie cape verte, l’Académie participe à de nombreuses manifestations pour assurer la promotion du Floc, avec toujours la même devise : « les capes, les bouteilles et en avant ! »

Surtout consommé à l’apéritif, le Floc de Gascogne peut très bien accompagner de nombreux produits du Sud-Ouest, à l’instar du foie gras, du melon de Lectoure et de délicieuses pâtisseries.
Il est également utilisé en cuisine pour réaliser un fond de sauce ou déglacer les sucs de viande.

Enfin, de nombreux établissements l’utilisent comme ingrédient incontournable de cocktails, à qui il apporte fraîcheur et délicatesse aromatique.


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Bordeaux Lac

Le lac de Bordeaux est-il naturel ?

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Le lac de Bordeaux est-il naturel ?


Site incontournable du paysage urbain, le lac de Bordeaux est bien né de la main de l’homme, après quatre ans de chantier entre 1962 et 1966.

Bordeaux Lac
Comme la douce sensation d’être en vacances – Crédit photo: David McKelvey – Flickr

Les marais comme lieu de vie

Le nord de Bordeaux a été, pendant des siècles, occupé par de vastes marais. Au Moyen-Âge, ces espaces permettaient de nombreuses activités, au prix d’aménagements hydrauliques. Une zone accueillait ainsi une vigne, qui profitait du bourrelet alluvial, alors qu’une autre était transformée en pâture.

La bande marécageuse, appelée « la Palu de Bordeaux », restait très importante et s’étendait des remparts de la ville jusqu’à Parempuyre, en passant par Eysines, Bruges et Blanquefort. On la retrouve d’ailleurs en partie sur l’emplacement actuel de la réserve naturelle de Bruges.

À la fin du 16e siècle, le roi Henri IV décide de l’assèchement du marais de Bordeaux. On le considère comme un lieu hostile, dont les eaux stagnantes contribuent à propager les maladies, comme la peste. Pourtant, les terres de la Palu sont réputées pour leur fertilité, à la condition d’assurer un drainage permanent.

Le roi définit lui-même les plans d’assainissement et fait appel à Van Peule et Conrad Gaussens, deux Flamands expérimentés.

La construction des premières digues constitue le point de départ des travaux d’assèchement, qui se poursuivent jusqu’au 17e siècle.

Trois siècles plus tard, les marais couvrent une superficie de 3000 hectares, infestée de moustiques en été et inondée en hiver. C’est bien ce constat qui suscite la réflexion sur un ambitieux projet de construction, dès les années 1930.

Un lac pour remplacer une zone marécageuse

L’architecte Cyprien Alfred-Duprat est le premier à envisager la création d’un lac artificiel, qu’il relate dans son ouvrage « Bordeaux Visions d’avenir », publié en 1930. Séduit par le projet, le maire finit par y renoncer en raison des coûts trop élevés.

Il faut attendre l’année 1958 pour que la municipalité acquière 1000 hectares d’espaces inondables au nord de Bordeaux. La crue de 1952, exceptionnelle, a laissé de mauvais souvenirs.

Le souhait du maire Jacques Chaban-Delmas, également président de l’Assemblée nationale, est donc d’anticiper au mieux les débordements de la Garonne et d’urbaniser cette partie de la ville, composée de quelques dizaines de maisons.

Lauréat du concours, l’architecte Xavier Arsène-Henry se voit confier la mission de dessiner puis d’aménager la future zone de Bordeaux Lac.

Le chantier, initié en 1962, se prolonge jusqu’en 1966, au prix d’efforts soutenus et d’aléas nombreux. Le futur lac est creusé par dragage, nécessitant l’emploi d’une puis finalement de trois dragues. Des bulldozers délimitent les contours du lac en montant des digues de 3 mètres.

dragues ayant servi à creuser le lac de bordeaux
Les dragues Zazakelly et Lamproie sur le chantier du lac – Crédit photo: Bordeaux Aquitaine Marine

Les dragues doivent souvent s’arrêter du fait que leur pompe aspire en permanence la végétation des lieux (surtout composée de roseaux), qui finit par créer un bouchon.

Pendant l’hiver 1962, particulièrement froid, le responsable du dépôt, à bord de l’une des dragues, tombe à l’eau. Son corps n’est retrouvé qu’en avril 1963, à cause de l’épaisseur de la glace.

En 1963, les pompiers de Bordeaux sont chargés d’attraper les carpes du bassin de la place Gambetta puis de les transporter sur le site du lac. Quelques poissons ne supportent pas l’acidité de l’eau, mais la plupart survivent et s’adaptent, très contents de profiter d’un environnement moins exigu.

Le dragage se poursuit jusqu’en 1966. Au final, plus de 18 millions de m3 de sable et de graviers sont prélevés, permettant de surélever le site afin de ne plus subir la colère de la Garonne sur la rive gauche.

Étendu sur 160 hectares, le lac a profondément changé la physionomie du nord de Bordeaux. Sa création a représenté la première partie du vaste chantier, qui incluait aussi de nombreux aménagements.

Naissance de Bordeaux Lac

Si le joli lac de Bordeaux représente l’identité des lieux, il n’en constitue qu’un élément. Le projet de Xavier Arsène-Henry, très ambitieux, s’est nourri de diverses constructions, dont celle du parc des expositions. Édifié en 1969, il est considéré comme le plus grand hall de France, long de 861 mètres.

Sa construction visait à mieux accueillir la Foire internationale de Bordeaux, qui souffrait d’un emplacement trop restreint sur la place des Quinconces.

parc des expositions de bordeaux
L’impressionnant parc des expositions, devenu incontournable à Bordeaux – Crédit photo: CC BY-SA 3.0, A. Delesse (Prométhée)

Bordeaux Lac n’a cessé d’évoluer au fil des années et des décennies. Les premiers logements sortent de terre à la fin des années 1960, que vient agrémenter le parc floral sur une superficie de 33 hectares. Cet attrait des espaces verts se confirme en 1975, année d’inauguration du bois de Bordeaux, entièrement créé par l’homme sur 87 hectares.

Le casino théâtre Barrière est quant à lui construit en 2004. En plus des salles de jeux, il offre une salle de spectacle de 700 places. Le camping international ouvre ses portes en juin 2009, fort de 193 emplacements et résidences de loisirs.

Pour de nombreux Bordelais, Bordeaux Lac signifie le vaste centre commercial, au côté duquel se dresse l’enseigne Ikea.

Les dernières réalisations marquantes sont bien sûr le nouvel écoquartier Ginko et le stade Matmut-Atlantique.

Outre les nombreuses activités sportives que son environnement permet (aviron, golf, voile, cyclisme, course), le lac de Bordeaux profite d’une plage de sable blanc, propice à la baignade sitôt les beaux jours venus.

Les marais semblent bien loin.

À Bordeaux, la niniche s’affiche et aguiche

À Bordeaux, la niniche s’affiche et aguiche


Recette traditionnelle de grand-mère, la niniche est finalement commercialisée au début du 20e siècle par la chocolaterie Saunion, à Bordeaux.

Crédit photo : Maison Saunion, Bordeaux.

Le respect de la recette originale

Il est souvent difficile de retracer l’histoire d’une spécialité. S’agissant de celle de la niniche bordelaise, la délicieuse confiserie au chocolat, la légende raconte qu’elle serait le fruit des femmes de dockers. Ces dernières profitaient de l’arrivage des voiliers au port de Bordeaux, chargés de sucre et de cacao issus des territoires coloniaux, pour confectionner de petites friandises.

Longtemps cantonnée au cercle familial, la niniche amorce un décollage commercial grâce à la chocolaterie Saunion, qui ouvre ses portes en 1893. Son propriétaire, Emmanuel Saunion, se révèle particulièrement avant-gardiste en matière de marketing. Il n’hésite pas à donner une petite pièce aux enfants du quartier pour les encourager à jeter des étiquettes estampillées « Chocolaterie Saunion » dans les rues de Bordeaux. L’effet est immédiat. Les passants, surpris de voir autant de petits papiers joncher les trottoirs, considèrent que les produits de la chocolaterie sont très populaires et donc très bons.

Cette manœuvre publicitaire permet d’asseoir la réputation du commerçant et de favoriser la vente des chocolats, dont la niniche.

La niniche est une confiserie, pas une pâtisserie

Il suffit de parcourir les sites de recettes culinaires pour lever les yeux au ciel. Pour certains cuisiniers amateurs, la niniche s’apparente à un gâteau au chocolat, que l’on fabrique logiquement avec des œufs. Au final, le produit finit par ressembler à un moelleux sans en être un. Ce n’est pas non plus un fondant au chocolat ni même un mi-cuit.

Sa recette originale ne rassemble que quelques ingrédients : chocolat noir, sucre en poudre, miel, lait et beurre.

Certains parlent de caramel au chocolat et d’autres de chocolat caramélisé. La confection du bonbon passe par l’ajout de chocolat râpé au caramel et par une cuisson précisément réglée à 117°C. C’est là tout son secret.

Au final, on obtient un bonbon au caramel mou, riche en chocolat noir, qui fond très vite en bouche, sans (trop) coller aux dents.

Le petit conseil des puristes ? Laisser fondre la niniche dans la bouche en la bloquant entre la langue et le palais. Elle s’abandonnera en libérant toutes ses saveurs. Un petit moment égoïste et jouissif qu’on aurait tort d’éviter.

Pas la même chose que la niniche de Quiberon

Si les deux friandises partagent le même nom et, peut-être, la même origine (que l’on dit bordelaise), elles se révèlent assez différentes. Certes, le beurre frais et le sucre entrent dans chacune des compositions, mais c’est à peu près tout.

« La différence, c’est qu’on ne trouve pas de chocolat dans la niniche de Quiberon, tout simplement parce que ce ne serait pas réalisable. Ils peuvent la faire avec de la poudre de cacao, mais pas avec du chocolat.

La présentation va être différenciée par le fait que la niniche de Quiberon est sur un bâton torsadé alors que la niniche bordelaise est sur un format carré d’un petit caramel » explique Thierry Lalet, l’actuel propriétaire de la chocolaterie Saunion, interrogé par France Bleu Gironde (04/09/2018).

La niniche bretonne se décline en différentes couleurs, « du jaune parfum banane au vert anis, en passant par le rose framboise ou le brun chocolat. On croirait de la guimauve » comme l’écrit Lili Barbery-Coulon dans Le Monde (01/08/2014).

Pour sa part, la niche bordelaise revendique haut et fort son identité chocolatière !

Vous en avez envie ?

On l’aura compris, la niniche bordelaise ne doit son existence qu’à une seule maison, située au cœur de Bordeaux.

Les gourmands un peu éloignés du Sud-Ouest peuvent heureusement se rabattre sur le site du commerçant, qui propose ses produits à la vente en ligne.

Les plus impatients n’hésiteront pas à se lancer dans la fabrication du bonbon.

Ingrédients :
80 g de chocolat noir râpé
125 g de sucre en poudre
100 g de miel
20 cl de lait (facultatif)
40 g de beurre

Recette de Thierry Lalet :
Râper le chocolat.
Dans une casserole, faire fondre le sucre et le miel jusqu’à obtenir une couleur caramel.
Ajouter une pincée de fleur de sel pour atténue un peu le goût du sucre.
Verser ensuite la moitié du chocolat râpé.
Remuer et laisser cuire jusqu’à 117°C. Si vous ne disposez pas d’un thermomètre de cuisine, sortir un peu de produit avec la spatule, le déposer sur une assiette, qu’on incline ensuite. Si le caramel chocolaté coule légèrement, c’est qu’il est à la bonne température !
Ajouter ensuite l’autre moitié de chocolat râpé, le beurre et bien mélanger.
Étaler la préparation sur une plaque couverte d’un papier cuisson et laisser refroidir.
Couper ensuite en petits cubes, de la forme d’un bonbon.


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Forêt d’Art Contemporain : la magie derrière les arbres

Forêt d’Art Contemporain : la magie derrière les arbres


Au cœur de la forêt des Landes de Gascogne se cachent des œuvres monumentales ou surprenantes, qui promettent un itinéraire pour le moins singulier.

Crédit photo: Forêt d’Art Contemporain

La renaissance après l’hécatombe

En janvier 2009, la tempête Klaus balaye le Sud-Ouest de la France, provoquant d’immenses dégâts au sein de la forêt des Landes de Gascogne, déjà éprouvée par la tempête de 1999. Au total, 40 millions de m3 de bois sont dévastés, soit quatre fois la récolte annuelle.

Même si une vaste campagne de replantations est initiée, trois acteurs culturels locaux s’interrogent sur l’opportunité de repenser l’environnement, en y apportant un aménagement inédit. C’est ainsi que l’association Culture et Loisirs de Sabres, l’association des Floralies de Garein et l’Écomusée de Marquèze lancent le projet de la Forêt d’Art Contemporain.

La vocation est simple, mais ambitieuse : tracer un itinéraire, entre Gironde et Landes, composé d’œuvres contemporaines commandées à des artistes en résidence.

carte de la forêt d'art contemporain

Afin d’apporter une vision affûtée au projet, la direction artistique est confiée tous les cinq ans à un professionnel de l’art, qui endosse le costume de commissaire. Sa mission ? Assurer la programmation artistique, choisir les artistes plasticiens appelés en résidence, définir en leur compagnie la future œuvre et déterminer le lieu final d’exposition permanente.

Depuis 2018, c’est Irwin Marchal qui occupe les fonctions de commissaire. Après des études de beaux-arts à Bordeaux, il ouvre en 2015 la galerie Silicone, destinée à dynamiser la scène artistique locale.

Une balade enchantée

Ceux qui espèrent admirer les 22 œuvres dans la même journée en seront pour leurs frais. Le parcours artistique s’étend en effet du Bassin d’Arcachon jusqu’aux limites de Mont-de-Marsan. La Forêt d’Art Contemporain se découvre au fil des jours, selon le souhait d’un tourisme culturel, qui privilégie la diversité des lieux et des sensations.

Parmi les créations dispatchées sur les 336 000 hectares de la forêt des Landes de Gascogne, Les Trois sans nom, de Sébastien Vonier, laissent voir à Salles trois figures fantomatiques constituées par un équilibre de poutres autoportantes. Peut-être est-ce la représentation de fagots de bois, de fantômes d’arbres tombés pendant la tempête ou bien de gardiens célestes extirpés d’une légende landaise.

la sculpture les 3 sans nom
Les Trois sans nom, de Sébastien Vonier. Comme une ambiance du Seigneur des Anneaux – Crédit photo: la Forêt d’Art contemporain

Impossible de rester de marbre face à la création d’Alain Domagala, Aux impétueuses manœuvres de l’imprévu, à Garein. Ici, l’œuvre représente une table gigantesque renversée, en souvenir de la tempête Klaus. L’artiste évoque la vie perturbée des habitants, mais aussi la formation heureuse d’un rempart.

« J’aime l’idée qu’on puisse aborder cette sculpture en étant confronté à cette face qui ressemble à une grande palissade. Qu’elle apparaisse dans un premier temps comme une construction architecturale et diffère ainsi l’appréhension du meuble surdimensionné » déclare l’artiste.

table renversée - foret d'art contemporain
Le souvenir persistant de la tempête – Crédit photo: la Forêt d’Art contemporain

La Forêt d’Art Contemporain permet aussi de découvrir le concept de Stéphanie Cherpin, Vis Mineralis, à Commensacq. L’artiste a ainsi utilisé un ancien wagon de la ligne qui reliait la gare de Sabres à celle Labouheyre.

« Si celui-ci a perdu à jamais sa fonction, il garde en mémoire l’empreinte d’une activité humaine forte au cœur de la forêt. Il ne s’agit pas d’élever un monument ou de magnifier une ruine, mais de raviver un signe vivant de l’union entre l’environnement et les objets techniques, produits et manifestations d’une mémoire humaine » explique Stéphanie Cherpin.

oeuvre vis mineralis
Un wagon figé dans le temps, en souvenir d’une activité disparue – Crédit photo: la Forêt d’Art Contemporain

L’aventure culturelle se poursuit

Si 22 œuvres ont déjà été installées, une dizaine de projets artistiques viendra compléter la Forêt d’Art Contemporain. La volonté des trois acteurs est d’apporter un « enrichissement progressif de l’espace de vie quotidien des habitants des Landes », sans oublier pour autant les amateurs d’art et/ou de nature.

La vie de la Forêt d’Art Contemporain se nourrit également de balades familiales à thème avec un guide-médiateur, de conférences, d’ateliers et de visites scolaires.

Le public peut prolonger son expérience grâce à l’ouvrage La Forêt d’Art Contemporain, publié par les éditions Confluence (14,50 € – 64 pages). Le livre « reprend toutes les données du projet, de la forêt à la production des œuvres, convoquant aussi l’histoire des Landes et la figure tutélaire de Félix Arnaudin, interrogeant les artistes, mais aussi les différents acteurs de l’aventure, en ponctuant cet entretien de photographies et de projets. »


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Mais puisqu’on vous dit que le béret n’est pas basque !

Mais puisqu’on vous dit que le béret n’est pas basque !


Une certaine confusion semble s’être installée depuis le 19e siècle, au détriment des Béarnais, qui peuvent pourtant revendiquer la paternité du célèbre couvre-chef.

Fête de la Saint-Jean à Eaux-Bonnes – Les danseurs, musiciens et spectateurs portent fièrement le béret.

C’est en vallée d’Ossau que tout commença…

Les Pyrénées occidentales restent fortement exposées aux perturbations atlantiques, qui s’accompagnent de précipitations importantes, notamment en hiver et au printemps. L’été, si les températures apparaissent agréables, le soleil peut taper fort et longtemps.

Ce climat montagnard, les bergers de la vallée d’Ossau le subissent depuis des siècles. « Les bergers partaient en estive avec leurs moutons, qui fournissaient la laine nécessaire à la fabrication de ce couvre-chef. Il ne fallait pas attraper froid. Et leurs guêtres ne protégeaient pas la tête » précise Évelyne Bétachet, chapelière à Bayonne, au journal Sud-Ouest (17/08/2017).

Dès le Moyen-Âge, les bergers ressentent donc le besoin de mieux se protéger des intempéries, d’autant plus qu’ils passent leur journée dehors. La laine des moutons fournit la précieuse matière première de ce qui allait devenir le béret.

D’ailleurs, le mot « béret » serait tiré du nom béarnais « berret », lui-même issu du latin « birretum ». Preuve de son ancienneté en Béarn ? Les sculptures sur la façade de l’église Notre-Dame de Bellocq, construite au 13e siècle, montrent bien de petits personnages (des pèlerins ?) coiffés du couvre-chef feutré.

Certes, certains pourraient considérer que le béret trouve plutôt son origine du côté de la Tunisie, où la chéchia existe depuis fort longtemps. Le couvre-chef, qui épouse la même méthode de fabrication que le béret, aurait été introduit en Espagne lors de l’occupation arabe.

Le berger béarnais, son béret et son troupeau.

Les Béarnais ne remercient pas l’empereur

Si le béret recouvre la tête des bergers d’Ossau depuis la nuit des temps (ou presque), pourquoi diable parle-t-on de béret basque ?

Aucune source historique sérieuse ne peut répondre à ce questionnement légitime. On sait que le béret était vendu par les colporteurs, qui l’ont sûrement introduit au Pays basque au fil des marchés de villages.

Selon la légende, l’empereur Napoléon III, présent à Biarritz pour superviser le chantier du futur palais, aurait remarqué l’étrange galette vissée sur la tête des ouvriers. Après avoir reçu quelques explications, ce dernier aurait parlé de « béret basque », une expression relayée par les journalistes présents sur place.

La publicité du béret basque est amplifiée par les marins qui traversent l’Atlantique à de multiples reprises tout au long du 19e siècle. Le couvre-chef se diffuse ainsi en Uruguay, en Argentine, au Chili, au Pérou et en Argentine, considéré à chaque fois comme un accessoire basque.

L’Histoire eut été sans doute différente si Napoléon III avait décidé d’édifier son palais à Pau. Le terme de « béret béarnais » se serait installé dans le langage courant.

Une production artisanale, mais de qualité

À l’origine, les bergers d’Ossau fabriquaient eux-mêmes le béret, en tricotant la laine de leurs moutons puis en le moulant autour du genou avant de le plonger dans l’eau et de procéder à un foulonnage à la pierre pour former le feutre.

Dès le 17e, les premières manufactures permettent une production et une diffusion plus larges.

D’abord écru ou brunâtre, le béret adopte différentes couleurs selon les territoires pyrénéens. La couleur noire n’apparaît qu’au 20e siècle.

Dans les années 1960, le béret tombe un peu en désuétude. De fait, la production ralentit, les manufactures ferment et seules quelques-unes poursuivent leur activité, parfois au prix de grandes difficultés.

Ainsi, la maison Laulhère, fondée en 1840 à Oloron-Sainte-Marie, cherche à se diversifier en orientant une partie de sa production vers les foulards et les chapeaux pour femmes. Après avoir déposé le bilan en 2012, l’entreprise est reprise en 2017 par Rosabelle Forzy et le groupe Cargo, avec l’ambition de maintenir un vrai niveau de qualité, loin des produits chinois.

Le béret Elton de la marque Laulhère – Crédit photo: Maison Laulhère

La clé de la réussite ? Respecter la tradition en y ajoutant une touche de modernité.

« Il ne faut rien s’interdire, mais ne jamais sortir des codes, garder la forme et l’image. Il n’y a pas de limite à l’imagination, mais un béret reste un béret » explique l’entrepreneuse à Gilles Trichard, du site Dirigeants.fr (30 juillet 2020). Pari gagné, puisque le chiffre d’affaires a presque doublé, pour frôler les 4 M€.

D’autres acteurs, certes de taille plus modeste, interviennent également sur le marché, à l’instar de La Manufacture des Bérets, à Orthez, rachetée par Sara Goupy après avoir été formée par l’ancien propriétaire. Sara travaille seule, assurant toutes les étapes de la fabrication et même la vente du célèbre couvre-chef.

Le béret est-il devenu folklorique ?

La question mérite d’être posée. S’il continue d’équiper de nombreux corps d’armée à travers la planète, force est de constater qu’on l’aperçoit rarement vissé sur la tête des passants.

Pourtant, le soin apporté à sa conception en fait un accessoire pratique. Naturellement imperméable, antiseptique et thermorégulateur, il se porte toute l’année et se glisse facilement dans la poche ou dans un sac dès qu’on le retire.

S’il reste accolé à l’image un peu ringarde du Français moyen, le béret a pu profiter de l’intérêt que lui ont montré les stylistes et les créateurs de mode, le considérant comme un accessoire chic. Coco Chanel fut la première à l’utiliser pour ses défilés, ciblant le public féminin.

Aujourd’hui, les fabricants rivalisent d’imagination pour lui apporter de nouvelles couleurs ou de nouvelles formes, de style « casquette gavroche ». Des initiatives propres à séduire un nouveau public.

Connue dans le monde entier, entrée dans l’Histoire grâce à des personnages emblématiques comme Che Guevara (oui, il portait un béret Laulhère !), la galette de laine feutrée surmontée de sa petite queue continue de nourrir la fierté des Béarnais. Même si leurs poings se serrent toujours un peu lorsqu’ils entendent parler de béret basque.


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À la découverte du (délicieux) dindon de Varaignes

À la découverte du (délicieux) dindon de Varaignes


Et pourquoi ne pas se détourner, le temps d’un repas, de notre traditionnel poulet, canard et autre volaille pour faire honneur au dindon ? Ça tombe bien, à Varaignes, on privilégie un produit d’excellence.

La foire au dindon de Varaignes bat son plein – Crédit photo : CPIE Périgord-Limousin

La renaissance d’un élevage traditionnel

Originaire d’Amérique, le dindon fut introduit en Espagne au début du XVIe siècle, avant de s’étendre en France et dans le reste de l’Europe.

Il est vrai que l’on imagine plus facilement le dindon occuper les grandes tablées des seigneurs, au même titre que le cygne, le paon ou la cigogne. De fait, la consommation du gallinacé s’est essoufflée au cours des siècles, au profit de la femelle, la dinde, à la taille plus modeste.

À Varaignes, en Dordogne, le dindon appartient à l’histoire du village depuis des siècles. Sa foire gourmande, organisée chaque année le 11 novembre, daterait de l’époque du bon roi Henri IV.

Pourtant, l’élevage traditionnel a presque disparu après le départ à la retraite des petits producteurs. C’était sans compter sur la motivation de quatre éleveurs qui décident de redonner ses lettres de noblesse à l’imposant volatile, fierté locale. Leur initiative est d’ailleurs soutenue par la Chambre d’Agriculture de la Dordogne.

En 2007, ils créent l’association de producteurs de dindons de Varaignes et se partagent l’élevage, en parallèle de leur activité agricole habituelle.

L’un d’eux, Patrice Gourinchas, producteur laitier, se réjouit de l’initiative : « Cette production s’inscrit dans la tradition fermière. Elle n’est pas trop gourmande en temps et c’est plutôt sympa. Les principales contraintes sont d’ordre sanitaire. Il faut être vigilant surtout lorsqu’ils sont jeunes. Les dindons arrivent sur ma ferme, à l’âge de sept semaines et ils sont abattus entre 8 et 9 mois » explique-t-il à Claude-Hélène Yvard, du site Aqui ! (09/02/2013).

Le plus grand soin est apporté à l’élevage. Ainsi, René Lachaize, autre éleveur, n’hésite pas à aller chercher l’eau de la rivière pour ses précieux gallinacés, considérant celle de la concession « trop javellisée ». Les dindons, élevés en plein air, se nourrissent de céréales produites sur place jusqu’à atteindre un poids respectable, entre 10 et 14 kg.

Une bonne et très grosse volaille

Car c’est peut-être l’imposant format du dindon qui empêche sa commercialisation à plus grande échelle, sauf à la période des fêtes de Noël, propice aux retrouvailles familiales.

Si un poulet contente largement quatre personnes, le dindon peut quant à lui satisfaire une douzaine de gourmets. Au moins.

Ce modeste succès commercial est regrettable, car la chair blanche et délicate du dindon jouit d’une solide réputation gustative.

Fort heureusement, les producteurs proposent toute une gamme de produits transformés avec l’aide du lycée agricole de Coulounieix-Chamiers. L’établissement met à disposition son laboratoire pour élaborer différentes recettes, comme celles de la rillette de dindon, du civet ou de la galantine au foie gras.

La volaille peut aussi être vendue sous forme de rôtis ou d’escalope, même si son périmètre de distribution reste assez limité. Ceux qui se sentent d’appétit devront fréquenter les marchés de producteurs en Dordogne, la boutique des éleveurs à Varaignes ou encore les coopératives de produits régionaux (Charente Coop et la Périgourdine).

Mais point de frustration non plus. L’imposant gallinacé fait l’objet d’une foire annuelle, organisée chaque année à la date du 11 novembre. L’occasion, pour une dizaine de milliers de visiteurs, de rendre hommage et de déguster le célébrissime dindon de Varaignes, dont la statue prône sur la place du village.

La foire de Varaignes, une institution gourmande

La foire daterait de l’époque d’Henri IV. À l’instar de la foire de la Latière, organisée depuis le Moyen-Âge à Saint-Aulaye, on peut dire que la Dordogne sait préserver ses traditions avec un certain brio.

Le 11 novembre, jour de la Saint-Martin, le dindon est donc à la fête, à tous les sens du terme. Impossible de louper le défilé des magnifiques animaux au plumage noir, rois du village, qui ignorent probablement le sort qui leur est réservé quelques heures plus tard, pour le banquet.

Impossible non plus de ne pas assister au concours du meilleur glouglou, toujours impressionnant même si une certaine hilarité s’empare du public.

Le clou de la journée, c’est bien sûr l’impressionnant banquet, qui réunit des centaines de convives (réservation obligatoire). On y sert la star locale, rôtie à souhait, mais aussi du pot-au-feu limousin.

La foire est également l’occasion de profiter de la présence de 130 exposants, de s’imprégner de l’ambiance festive, d’acheter (enfin) un dindon prêt à cuire, que l’on consomme généralement de janvier à mars et de novembre à décembre.

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Dordogne Périgord

Mais quelle est donc la différence entre la Dordogne et le Périgord ?

Mais quelle est donc la différence entre la Dordogne et le Périgord ?


Si la Dordogne est le département officiel, beaucoup lui préfèrent le terme de Périgord, ancré dans l’histoire et l’authenticité.

La Dordogne vue du village de Domme – Crédit photo : Angel de los Rios

Le Périgord, une très longue histoire

Il faut remonter à la Gaule antique pour identifier les premiers contours du Périgord. Le territoire est habité par une peuplade gauloise d’origine celtique, les Pretocorii (ou « Prétrocores »), dont l’étymologie viendrait du gaulois petru (quatre) et du celte corios (armée, clan). En effet, les quelques tribus vivant sur les rives des rivières Isle, Vézère, Dronne et Dordogne se sont fédérées pour former le peuple des Prétrocores, ou Quatre Armées. Leur capitale est Vesunna, connue aujourd’hui sous le nom de Périgueux.

Lors de l’invasion romaine, en 52 avant notre ère, les Prétrocores envoient 5 000 hommes combattre auprès de Vercingétorix. Le chef gaulois doit déposer les armes et Jules César, tout puissant, redessine le pays, en créant notamment Aquitania, vaste territoire délimité par l’océan Atlantique, les Pyrénées, la Gaule Narbonnaise et la Garonne. En -27, l’ajout des terres conquises au sud de la Loire permet à Auguste d’étendre davantage la possession romaine, qui prend le nom de Gallia Aquitania.

Au 3e siècle, face aux invasions barbares, l’empereur Doclétien découpe la région en trois parties, dont l’Aquitania Secunda, qui intègre le territoire des Prétrocores. Les Wisigoths l’envahissent en 412 et l’occupent jusqu’en 507, date à laquelle ils sont chassés par les troupes de Clovis Ier, roi des Francs.

En 779, Charlemagne érige le Périgord au titre de comté et le confie à un certain Widbode, premier des comtes. Deux ans plus tard, le futur empereur donne naissance au royaume d’Aquitaine, à la tête duquel il place son fils Louis le Pieux.

En 877, le royaume d’Aquitaine se scinde en deux duchés, Gascogne et Aquitaine (ou de Guyenne), auquel est rattaché le comté du Périgord. Presque un siècle plus tard, il rejoint la maison de la Marche, comme dot de mariage.

Des siècles de lutte

Au Xe siècle, en pleine invasion normande, quatre baronnies s’installent en terres périgourdines : Beynac, Biron, Bourdeilles et Beynac. De fait, les barons imposent un pouvoir absolu. Des forteresses sortent de terre, mais aussi des églises, des abbayes et des monastères, bientôt considérés comme des étapes majeures du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.

À la suite du second mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenet en 1152, futur roi d’Angleterre, la province du Périgord tombe dans l’escarcelle des Anglais. Fort mécontents, les comtes mènent bataille contre l’envahisseur, perdant puis reprenant de nombreux châteaux. C’est à cette époque qu’apparaissent les bastides, premiers villages fortifiés.

château de castelnaud
Le château de Castelnaud, édifié au 12e siècle, témoin de la longue histoire du Périgord – Crédit photo: Guy Bettray

La lutte contre les Plantagenets débouche sur la guerre de Cent Ans, que viendra conclure la victoire française à Castillon (Gironde) en 1453. La province du Périgord rejoint le royaume de France et s’impose comme un territoire à la forte identité, à travers notamment la convocation des États du Périgord à partir de 1455.

En 1481, la province rejoint le giron de la maison d’Albret, à la suite du mariage d’Alain d’Albret et la comtesse du Périgord, Françoise de Blois-Bretagne. Le comté revient finalement à Henri III de Navarre, le futur roi Henri IV, à la mort de sa mère, Jeanne d’Albret. Il intègre ensuite le Périgord à la couronne en 1607.

Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, la province est confrontée à de terribles conflits, dont les guerres de Religion à partir du 16e siècle, particulièrement sanglantes en Périgord. Nombreux sont les nobles à épouser les idées de la Réforme, au cœur d’une terre profondément ancrée dans le catholicisme.

Déjà touchés par la famine et les épidémies, les paysans périgourdins se révoltent contre l’augmentation des impôts. Ils forment ce que l’on appelle les croquants et s’attaquent aux seigneurs, aux collecteurs d’impôts et aux officiers de justice. La noblesse locale, qu’elle soit catholique ou convertie au protestantisme, s’unit pour écraser le mouvement en 1595. Le roi finit Henri IV par intervenir en faveur des croquants, qui reprendront pourtant leur mouvement quelques années plus tard.

Et la province devient département

Le 18e siècle apporte fort heureusement la quiétude au Périgord, touché de plein fouet par la Fronde, entre 1648 et 1653. La Révolution, qui ébranle Paris en 1789 et bouleverse l’ordre établi, reste somme toute assez limitée en terres périgourdines.

La fin de la monarchie et l’arrivée au pouvoir des révolutionnaires se traduisent par un redécoupage du pays. En 1790, les députés de l’Assemblée constituante décident de la création des départements, après avoir mis fin aux privilèges de certaines provinces.

Le comité, créé pour l’occasion, envisage dans un premier temps de donner naissance à 81 subdivisions de 70 kilomètres de côté, s’inspirant du découpage des États américains. Au terme de longues négociations politiques, surtout liées à des préoccupations électorales, la délimitation des futurs départements se dessine. Leur nombre est fixé à 83, selon le décret du 26 février 1790. Il est également décidé que le nom de ces départements doit rompre avec celui des anciennes provinces. Les noms de rivières, de fleuves ou de montagnes retiennent l’intérêt des députés révolutionnaires.

C’est donc de cette manière que disparaît le terme de Périgord au profit de celui de la Dordogne, son principal cours d’eau. La nouvelle dénomination est officiellement actée le par décret le 26 février 1790.

fleuve Dordogne
C’est donc la Dordogne qui a donné son nom au département, en 1790 – Crédit photo: : Krzysztof Golik – Own work – CC BY-SA 4.0

D’un point de vue géographique, le département épouse à peu près la même délimitation que le Périgord. Il se compose de presque toutes les communautés paroissiales de l’ancienne province, d’une petite partie de l’Agenais, du Limousin et de l’Angoumois.

Tout au long des siècles, depuis les Prétrocores, il est intéressant de constater que le territoire a su conserver son unité et assurer sa continuité.

Pourquoi continue-t-on d’employer le terme de Périgord ?

La longue histoire de ce « petit pays » explique sans doute le maintien du terme Périgord auprès de ses habitants et de bon nombre de ses visiteurs. Le Périgord évoque certes une certaine nostalgie, mais aussi le poids de la culture locale, des traditions et d’une certaine authenticité. La Dordogne, pour sa part, revêt un caractère plus administratif.

Les producteurs locaux n’hésitent d’ailleurs pas à privilégier cette dénomination, un peu comme une appellation. On parle ainsi de « noix du Périgord », de « foie gras du Périgord » et de « truffe du Périgord ».

C’est aussi un argument touristique solide, orienté vers le prestigieux patrimoine et la diversité de ses paysages. D’ailleurs, ne parle-t-on pas des quatre Périgord ? Le Périgord Noir, dans le Sarladais, tient son nom des vastes forêts sombres de chênes. Le Périgord Blanc trouve son origine dans la présence des plateaux calcaires. Le Périgord Vert s’illustre par sa végétation omniprésente, que viennent alimenter de nombreux cours d’eau. Enfin, le Périgord Pourpre est celui du vignoble du Bergeracois.