Il est souvent difficile de retracer l’histoire d’une spécialité. S’agissant de celle de la niniche bordelaise, la délicieuse confiserie au chocolat, la légende raconte qu’elle serait le fruit des femmes de dockers. Ces dernières profitaient de l’arrivage des voiliers au port de Bordeaux, chargés de sucre et de cacao issus des territoires coloniaux, pour confectionner de petites friandises.
Longtemps cantonnée au cercle familial, la niniche amorce un décollage commercial grâce à la chocolaterie Saunion, qui ouvre ses portes en 1893. Son propriétaire, Emmanuel Saunion, se révèle particulièrement avant-gardiste en matière de marketing. Il n’hésite pas à donner une petite pièce aux enfants du quartier pour les encourager à jeter des étiquettes estampillées « Chocolaterie Saunion » dans les rues de Bordeaux. L’effet est immédiat. Les passants, surpris de voir autant de petits papiers joncher les trottoirs, considèrent que les produits de la chocolaterie sont très populaires et donc très bons.
Cette manœuvre publicitaire permet d’asseoir la réputation du commerçant et de favoriser la vente des chocolats, dont la niniche.
La niniche est une confiserie, pas une pâtisserie
Il suffit de parcourir les sites de recettes culinaires pour lever les yeux au ciel. Pour certains cuisiniers amateurs, la niniche s’apparente à un gâteau au chocolat, que l’on fabrique logiquement avec des œufs. Au final, le produit finit par ressembler à un moelleux sans en être un. Ce n’est pas non plus un fondant au chocolat ni même un mi-cuit.
Sa recette originale ne rassemble que quelques ingrédients : chocolat noir, sucre en poudre, miel, lait et beurre.
Certains parlent de caramel au chocolat et d’autres de chocolat caramélisé. La confection du bonbon passe par l’ajout de chocolat râpé au caramel et par une cuisson précisément réglée à 117°C. C’est là tout son secret.
Au final, on obtient un bonbon au caramel mou, riche en chocolat noir, qui fond très vite en bouche, sans (trop) coller aux dents.
Le petit conseil des puristes ? Laisser fondre la niniche dans la bouche en la bloquant entre la langue et le palais. Elle s’abandonnera en libérant toutes ses saveurs. Un petit moment égoïste et jouissif qu’on aurait tort d’éviter.
Pas la même chose que la niniche de Quiberon
Si les deux friandises partagent le même nom et, peut-être, la même origine (que l’on dit bordelaise), elles se révèlent assez différentes. Certes, le beurre frais et le sucre entrent dans chacune des compositions, mais c’est à peu près tout.
« La différence, c’est qu’on ne trouve pas de chocolat dans la niniche de Quiberon, tout simplement parce que ce ne serait pas réalisable. Ils peuvent la faire avec de la poudre de cacao, mais pas avec du chocolat.
La présentation va être différenciée par le fait que la niniche de Quiberon est sur un bâton torsadé alors que la niniche bordelaise est sur un format carré d’un petit caramel » explique Thierry Lalet, l’actuel propriétaire de la chocolaterie Saunion, interrogé par France Bleu Gironde (04/09/2018).
La niniche bretonne se décline en différentes couleurs, « du jaune parfum banane au vert anis, en passant par le rose framboise ou le brun chocolat. On croirait de la guimauve » comme l’écrit Lili Barbery-Coulon dans Le Monde (01/08/2014).
Pour sa part, la niche bordelaise revendique haut et fort son identité chocolatière !
Vous en avez envie ?
On l’aura compris, la niniche bordelaise ne doit son existence qu’à une seule maison, située au cœur de Bordeaux.
Les gourmands un peu éloignés du Sud-Ouest peuvent heureusement se rabattre sur le site du commerçant, qui propose ses produits à la vente en ligne.
Les plus impatients n’hésiteront pas à se lancer dans la fabrication du bonbon.
Ingrédients : 80 g de chocolat noir râpé 125 g de sucre en poudre 100 g de miel 20 cl de lait (facultatif) 40 g de beurre
Recette de Thierry Lalet : Râper le chocolat. Dans une casserole, faire fondre le sucre et le miel jusqu’à obtenir une couleur caramel. Ajouter une pincée de fleur de sel pour atténue un peu le goût du sucre. Verser ensuite la moitié du chocolat râpé. Remuer et laisser cuire jusqu’à 117°C. Si vous ne disposez pas d’un thermomètre de cuisine, sortir un peu de produit avec la spatule, le déposer sur une assiette, qu’on incline ensuite. Si le caramel chocolaté coule légèrement, c’est qu’il est à la bonne température ! Ajouter ensuite l’autre moitié de chocolat râpé, le beurre et bien mélanger. Étaler la préparation sur une plaque couverte d’un papier cuisson et laisser refroidir. Couper ensuite en petits cubes, de la forme d’un bonbon.
Forêt d’Art Contemporain : la magie derrière les arbres
Au cœur de la forêt des Landes de Gascogne se cachent des œuvres monumentales ou surprenantes, qui promettent un itinéraire pour le moins singulier.
Olivier Sorondo 19 mars 2021 – Dernière MAJ : le 20 mars 2021 à 14 h 16 min
Crédit photo: Forêt d’Art Contemporain
La renaissance après l’hécatombe
En janvier 2009, la tempête Klaus balaye le Sud-Ouest de la France, provoquant d’immenses dégâts au sein de la forêt des Landes de Gascogne, déjà éprouvée par la tempête de 1999. Au total, 40 millions de m3 de bois sont dévastés, soit quatre fois la récolte annuelle.
Même si une vaste campagne de replantations est initiée, trois acteurs culturels locaux s’interrogent sur l’opportunité de repenser l’environnement, en y apportant un aménagement inédit. C’est ainsi que l’association Culture et Loisirs de Sabres, l’association des Floralies de Garein et l’Écomusée de Marquèze lancent le projet de la Forêt d’Art Contemporain.
La vocation est simple, mais ambitieuse : tracer un itinéraire, entre Gironde et Landes, composé d’œuvres contemporaines commandées à des artistes en résidence.
Afin d’apporter une vision affûtée au projet, la direction artistique est confiée tous les cinq ans à un professionnel de l’art, qui endosse le costume de commissaire. Sa mission ? Assurer la programmation artistique, choisir les artistes plasticiens appelés en résidence, définir en leur compagnie la future œuvre et déterminer le lieu final d’exposition permanente.
Depuis 2018, c’est Irwin Marchal qui occupe les fonctions de commissaire. Après des études de beaux-arts à Bordeaux, il ouvre en 2015 la galerie Silicone, destinée à dynamiser la scène artistique locale.
Une balade enchantée
Ceux qui espèrent admirer les 22 œuvres dans la même journée en seront pour leurs frais. Le parcours artistique s’étend en effet du Bassin d’Arcachon jusqu’aux limites de Mont-de-Marsan. La Forêt d’Art Contemporain se découvre au fil des jours, selon le souhait d’un tourisme culturel, qui privilégie la diversité des lieux et des sensations.
Parmi les créations dispatchées sur les 336 000 hectares de la forêt des Landes de Gascogne, Les Trois sans nom, de Sébastien Vonier, laissent voir à Salles trois figures fantomatiques constituées par un équilibre de poutres autoportantes. Peut-être est-ce la représentation de fagots de bois, de fantômes d’arbres tombés pendant la tempête ou bien de gardiens célestes extirpés d’une légende landaise.
Les Trois sans nom, de Sébastien Vonier. Comme une ambiance du Seigneur des Anneaux – Crédit photo: la Forêt d’Art contemporain
Impossible de rester de marbre face à la création d’Alain Domagala, Aux impétueuses manœuvres de l’imprévu, à Garein. Ici, l’œuvre représente une table gigantesque renversée, en souvenir de la tempête Klaus. L’artiste évoque la vie perturbée des habitants, mais aussi la formation heureuse d’un rempart.
« J’aime l’idée qu’on puisse aborder cette sculpture en étant confronté à cette face qui ressemble à une grande palissade. Qu’elle apparaisse dans un premier temps comme une construction architecturale et diffère ainsi l’appréhension du meuble surdimensionné » déclare l’artiste.
Le souvenir persistant de la tempête – Crédit photo: la Forêt d’Art contemporain
La Forêt d’Art Contemporain permet aussi de découvrir le concept de Stéphanie Cherpin, Vis Mineralis, à Commensacq. L’artiste a ainsi utilisé un ancien wagon de la ligne qui reliait la gare de Sabres à celle Labouheyre.
« Si celui-ci a perdu à jamais sa fonction, il garde en mémoire l’empreinte d’une activité humaine forte au cœur de la forêt. Il ne s’agit pas d’élever un monument ou de magnifier une ruine, mais de raviver un signe vivant de l’union entre l’environnement et les objets techniques, produits et manifestations d’une mémoire humaine » explique Stéphanie Cherpin.
Un wagon figé dans le temps, en souvenir d’une activité disparue – Crédit photo: la Forêt d’Art Contemporain
L’aventure culturelle se poursuit
Si 22 œuvres ont déjà été installées, une dizaine de projets artistiques viendra compléter la Forêt d’Art Contemporain. La volonté des trois acteurs est d’apporter un « enrichissement progressif de l’espace de vie quotidien des habitants des Landes », sans oublier pour autant les amateurs d’art et/ou de nature.
La vie de la Forêt d’Art Contemporain se nourrit également de balades familiales à thème avec un guide-médiateur, de conférences, d’ateliers et de visites scolaires.
Le public peut prolonger son expérience grâce à l’ouvrage La Forêt d’Art Contemporain, publié par les éditions Confluence (14,50 € – 64 pages). Le livre « reprend toutes les données du projet, de la forêt à la production des œuvres, convoquant aussi l’histoire des Landes et la figure tutélaire de Félix Arnaudin, interrogeant les artistes, mais aussi les différents acteurs de l’aventure, en ponctuant cet entretien de photographies et de projets. »
Mais puisqu’on vous dit que le béret n’est pas basque !
Une certaine confusion semble s’être installée depuis le 19e siècle, au détriment des Béarnais, qui peuvent pourtant revendiquer la paternité du célèbre couvre-chef.
Olivier Sorondo 3 mars 2024 – Dernière MAJ : le 15 avril 2024 à 18 h 12 min
Fête de la Saint-Jean à Eaux-Bonnes – Les danseurs, musiciens et spectateurs portent fièrement le béret.
C’est en vallée d’Ossau que tout commença…
Les Pyrénées occidentales restent fortement exposées aux perturbations atlantiques, qui s’accompagnent de précipitations importantes, notamment en hiver et au printemps. L’été, si les températures apparaissent agréables, le soleil peut taper fort et longtemps.
Ce climat montagnard, les bergers de la vallée d’Ossau le subissent depuis des siècles. « Les bergers partaient en estive avec leurs moutons, qui fournissaient la laine nécessaire à la fabrication de ce couvre-chef. Il ne fallait pas attraper froid. Et leurs guêtres ne protégeaient pas la tête » précise Évelyne Bétachet, chapelière à Bayonne, au journal Sud-Ouest (17/08/2017).
Dès le Moyen-Âge, les bergers ressentent donc le besoin de mieux se protéger des intempéries, d’autant plus qu’ils passent leur journée dehors. La laine des moutons fournit la précieuse matière première de ce qui allait devenir le béret.
D’ailleurs, le mot « béret » serait tiré du nom béarnais « berret », lui-même issu du latin « birretum ». Preuve de son ancienneté en Béarn ? Les sculptures sur la façade de l’église Notre-Dame de Bellocq, construite au 13e siècle, montrent bien de petits personnages (des pèlerins ?) coiffés du couvre-chef feutré.
Certes, certains pourraient considérer que le béret trouve plutôt son origine du côté de la Tunisie, où la chéchia existe depuis fort longtemps. Le couvre-chef, qui épouse la même méthode de fabrication que le béret, aurait été introduit en Espagne lors de l’occupation arabe.
Le berger béarnais, son béret et son troupeau.
Les Béarnais ne remercient pas l’empereur
Si le béret recouvre la tête des bergers d’Ossau depuis la nuit des temps (ou presque), pourquoi diable parle-t-on de béret basque ?
Aucune source historique sérieuse ne peut répondre à ce questionnement légitime. On sait que le béret était vendu par les colporteurs, qui l’ont sûrement introduit au Pays basque au fil des marchés de villages.
Selon la légende, l’empereur Napoléon III, présent à Biarritz pour superviser le chantier du futur palais, aurait remarqué l’étrange galette vissée sur la tête des ouvriers. Après avoir reçu quelques explications, ce dernier aurait parlé de « béret basque », une expression relayée par les journalistes présents sur place.
La publicité du béret basque est amplifiée par les marins qui traversent l’Atlantique à de multiples reprises tout au long du 19e siècle. Le couvre-chef se diffuse ainsi en Uruguay, en Argentine, au Chili, au Pérou et en Argentine, considéré à chaque fois comme un accessoire basque.
L’Histoire eut été sans doute différente si Napoléon III avait décidé d’édifier son palais à Pau. Le terme de « béret béarnais » se serait installé dans le langage courant.
Une production artisanale, mais de qualité
À l’origine, les bergers d’Ossau fabriquaient eux-mêmes le béret, en tricotant la laine de leurs moutons puis en le moulant autour du genou avant de le plonger dans l’eau et de procéder à un foulonnage à la pierre pour former le feutre.
Dès le 17e, les premières manufactures permettent une production et une diffusion plus larges.
D’abord écru ou brunâtre, le béret adopte différentes couleurs selon les territoires pyrénéens. La couleur noire n’apparaît qu’au 20e siècle.
Dans les années 1960, le béret tombe un peu en désuétude. De fait, la production ralentit, les manufactures ferment et seules quelques-unes poursuivent leur activité, parfois au prix de grandes difficultés.
Ainsi, la maison Laulhère, fondée en 1840 à Oloron-Sainte-Marie, cherche à se diversifier en orientant une partie de sa production vers les foulards et les chapeaux pour femmes. Après avoir déposé le bilan en 2012, l’entreprise est reprise en 2017 par Rosabelle Forzy et le groupe Cargo, avec l’ambition de maintenir un vrai niveau de qualité, loin des produits chinois.
Le béret Elton de la marque Laulhère – Crédit photo: Maison Laulhère
La clé de la réussite ? Respecter la tradition en y ajoutant une touche de modernité.
« Il ne faut rien s’interdire, mais ne jamais sortir des codes, garder la forme et l’image. Il n’y a pas de limite à l’imagination, mais un béret reste un béret » explique l’entrepreneuse à Gilles Trichard, du site Dirigeants.fr (30 juillet 2020). Pari gagné, puisque le chiffre d’affaires a presque doublé, pour frôler les 4 M€.
D’autres acteurs, certes de taille plus modeste, interviennent également sur le marché, à l’instar de La Manufacture des Bérets, à Orthez, rachetée par Sara Goupy après avoir été formée par l’ancien propriétaire. Sara travaille seule, assurant toutes les étapes de la fabrication et même la vente du célèbre couvre-chef.
Le béret est-il devenu folklorique ?
La question mérite d’être posée. S’il continue d’équiper de nombreux corps d’armée à travers la planète, force est de constater qu’on l’aperçoit rarement vissé sur la tête des passants.
Pourtant, le soin apporté à sa conception en fait un accessoire pratique. Naturellement imperméable, antiseptique et thermorégulateur, il se porte toute l’année et se glisse facilement dans la poche ou dans un sac dès qu’on le retire.
S’il reste accolé à l’image un peu ringarde du Français moyen, le béret a pu profiter de l’intérêt que lui ont montré les stylistes et les créateurs de mode, le considérant comme un accessoire chic. Coco Chanel fut la première à l’utiliser pour ses défilés, ciblant le public féminin.
Aujourd’hui, les fabricants rivalisent d’imagination pour lui apporter de nouvelles couleurs ou de nouvelles formes, de style « casquette gavroche ». Des initiatives propres à séduire un nouveau public.
Connue dans le monde entier, entrée dans l’Histoire grâce à des personnages emblématiques comme Che Guevara (oui, il portait un béret Laulhère !), la galette de laine feutrée surmontée de sa petite queue continue de nourrir la fierté des Béarnais. Même si leurs poings se serrent toujours un peu lorsqu’ils entendent parler de béret basque.
À la découverte du (délicieux) dindon de Varaignes
Et pourquoi ne pas se détourner, le temps d’un repas, de notre traditionnel poulet, canard et autre volaille pour faire honneur au dindon ? Ça tombe bien, à Varaignes, on privilégie un produit d’excellence.
Olivier Sorondo 9 février 2021 – Dernière MAJ : le 24 février 2021 à 18 h 59 min
La foire au dindon de Varaignes bat son plein – Crédit photo : CPIE Périgord-Limousin
La renaissance d’un élevage traditionnel
Originaire d’Amérique, le dindon fut introduit en Espagne au début du XVIe siècle, avant de s’étendre en France et dans le reste de l’Europe.
Il est vrai que l’on imagine plus facilement le dindon occuper les grandes tablées des seigneurs, au même titre que le cygne, le paon ou la cigogne. De fait, la consommation du gallinacé s’est essoufflée au cours des siècles, au profit de la femelle, la dinde, à la taille plus modeste.
À Varaignes, en Dordogne, le dindon appartient à l’histoire du village depuis des siècles. Sa foire gourmande, organisée chaque année le 11 novembre, daterait de l’époque du bon roi Henri IV.
Pourtant, l’élevage traditionnel a presque disparu après le départ à la retraite des petits producteurs. C’était sans compter sur la motivation de quatre éleveurs qui décident de redonner ses lettres de noblesse à l’imposant volatile, fierté locale. Leur initiative est d’ailleurs soutenue par la Chambre d’Agriculture de la Dordogne.
En 2007, ils créent l’association de producteurs de dindons de Varaignes et se partagent l’élevage, en parallèle de leur activité agricole habituelle.
L’un d’eux, Patrice Gourinchas, producteur laitier, se réjouit de l’initiative : « Cette production s’inscrit dans la tradition fermière. Elle n’est pas trop gourmande en temps et c’est plutôt sympa. Les principales contraintes sont d’ordre sanitaire. Il faut être vigilant surtout lorsqu’ils sont jeunes. Les dindons arrivent sur ma ferme, à l’âge de sept semaines et ils sont abattus entre 8 et 9 mois » explique-t-il à Claude-Hélène Yvard, du site Aqui ! (09/02/2013).
Le plus grand soin est apporté à l’élevage. Ainsi, René Lachaize, autre éleveur, n’hésite pas à aller chercher l’eau de la rivière pour ses précieux gallinacés, considérant celle de la concession « trop javellisée ». Les dindons, élevés en plein air, se nourrissent de céréales produites sur place jusqu’à atteindre un poids respectable, entre 10 et 14 kg.
Une bonne et très grosse volaille
Car c’est peut-être l’imposant format du dindon qui empêche sa commercialisation à plus grande échelle, sauf à la période des fêtes de Noël, propice aux retrouvailles familiales.
Si un poulet contente largement quatre personnes, le dindon peut quant à lui satisfaire une douzaine de gourmets. Au moins.
Ce modeste succès commercial est regrettable, car la chair blanche et délicate du dindon jouit d’une solide réputation gustative.
Fort heureusement, les producteurs proposent toute une gamme de produits transformés avec l’aide du lycée agricole de Coulounieix-Chamiers. L’établissement met à disposition son laboratoire pour élaborer différentes recettes, comme celles de la rillette de dindon, du civet ou de la galantine au foie gras.
La volaille peut aussi être vendue sous forme de rôtis ou d’escalope, même si son périmètre de distribution reste assez limité. Ceux qui se sentent d’appétit devront fréquenter les marchés de producteurs en Dordogne, la boutique des éleveurs à Varaignes ou encore les coopératives de produits régionaux (Charente Coop et la Périgourdine).
Mais point de frustration non plus. L’imposant gallinacé fait l’objet d’une foire annuelle, organisée chaque année à la date du 11 novembre. L’occasion, pour une dizaine de milliers de visiteurs, de rendre hommage et de déguster le célébrissime dindon de Varaignes, dont la statue prône sur la place du village.
La foire de Varaignes, une institution gourmande
La foire daterait de l’époque d’Henri IV. À l’instar de la foire de la Latière, organisée depuis le Moyen-Âge à Saint-Aulaye, on peut dire que la Dordogne sait préserver ses traditions avec un certain brio.
Le 11 novembre, jour de la Saint-Martin, le dindon est donc à la fête, à tous les sens du terme. Impossible de louper le défilé des magnifiques animaux au plumage noir, rois du village, qui ignorent probablement le sort qui leur est réservé quelques heures plus tard, pour le banquet.
Impossible non plus de ne pas assister au concours du meilleur glouglou, toujours impressionnant même si une certaine hilarité s’empare du public.
Le clou de la journée, c’est bien sûr l’impressionnant banquet, qui réunit des centaines de convives (réservation obligatoire). On y sert la star locale, rôtie à souhait, mais aussi du pot-au-feu limousin.
La foire est également l’occasion de profiter de la présence de 130 exposants, de s’imprégner de l’ambiance festive, d’acheter (enfin) un dindon prêt à cuire, que l’on consomme généralement de janvier à mars et de novembre à décembre.
Mais quelle est donc la différence entre la Dordogne et le Périgord ?
Si la Dordogne est le département officiel, beaucoup lui préfèrent le terme de Périgord, ancré dans l’histoire et l’authenticité.
Olivier Sorondo – 18 janvier 2021 – Dernière MAJ : le 18 janvier 2021 à 18 h 42 min
La Dordogne vue du village de Domme – Crédit photo : Angel de los Rios
Le Périgord, une très longue histoire
Il faut remonter à la Gaule antique pour identifier les premiers contours du Périgord. Le territoire est habité par une peuplade gauloise d’origine celtique, les Pretocorii (ou « Prétrocores »), dont l’étymologie viendrait du gaulois petru (quatre) et du celte corios (armée, clan). En effet, les quelques tribus vivant sur les rives des rivières Isle, Vézère, Dronne et Dordogne se sont fédérées pour former le peuple des Prétrocores, ou Quatre Armées. Leur capitale est Vesunna, connue aujourd’hui sous le nom de Périgueux.
Lors de l’invasion romaine, en 52 avant notre ère, les Prétrocores envoient 5 000 hommes combattre auprès de Vercingétorix. Le chef gaulois doit déposer les armes et Jules César, tout puissant, redessine le pays, en créant notamment Aquitania, vaste territoire délimité par l’océan Atlantique, les Pyrénées, la Gaule Narbonnaise et la Garonne. En -27, l’ajout des terres conquises au sud de la Loire permet à Auguste d’étendre davantage la possession romaine, qui prend le nom de Gallia Aquitania.
Au 3e siècle, face aux invasions barbares, l’empereur Doclétien découpe la région en trois parties, dont l’Aquitania Secunda, qui intègre le territoire des Prétrocores. Les Wisigoths l’envahissent en 412 et l’occupent jusqu’en 507, date à laquelle ils sont chassés par les troupes de Clovis Ier, roi des Francs.
En 779, Charlemagne érige le Périgord au titre de comté et le confie à un certain Widbode, premier des comtes. Deux ans plus tard, le futur empereur donne naissance au royaume d’Aquitaine, à la tête duquel il place son fils Louis le Pieux.
En 877, le royaume d’Aquitaine se scinde en deux duchés, Gascogne et Aquitaine (ou de Guyenne), auquel est rattaché le comté du Périgord. Presque un siècle plus tard, il rejoint la maison de la Marche, comme dot de mariage.
Des siècles de lutte
Au Xe siècle, en pleine invasion normande, quatre baronnies s’installent en terres périgourdines : Beynac, Biron, Bourdeilles et Beynac. De fait, les barons imposent un pouvoir absolu. Des forteresses sortent de terre, mais aussi des églises, des abbayes et des monastères, bientôt considérés comme des étapes majeures du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
À la suite du second mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenet en 1152, futur roi d’Angleterre, la province du Périgord tombe dans l’escarcelle des Anglais. Fort mécontents, les comtes mènent bataille contre l’envahisseur, perdant puis reprenant de nombreux châteaux. C’est à cette époque qu’apparaissent les bastides, premiers villages fortifiés.
Le château de Castelnaud, édifié au 12e siècle, témoin de la longue histoire du Périgord – Crédit photo: Guy Bettray
La lutte contre les Plantagenets débouche sur la guerre de Cent Ans, que viendra conclure la victoire française à Castillon (Gironde) en 1453. La province du Périgord rejoint le royaume de France et s’impose comme un territoire à la forte identité, à travers notamment la convocation des États du Périgord à partir de 1455.
En 1481, la province rejoint le giron de la maison d’Albret, à la suite du mariage d’Alain d’Albret et la comtesse du Périgord, Françoise de Blois-Bretagne. Le comté revient finalement à Henri III de Navarre, le futur roi Henri IV, à la mort de sa mère, Jeanne d’Albret. Il intègre ensuite le Périgord à la couronne en 1607.
Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, la province est confrontée à de terribles conflits, dont les guerres de Religion à partir du 16e siècle, particulièrement sanglantes en Périgord. Nombreux sont les nobles à épouser les idées de la Réforme, au cœur d’une terre profondément ancrée dans le catholicisme.
Déjà touchés par la famine et les épidémies, les paysans périgourdins se révoltent contre l’augmentation des impôts. Ils forment ce que l’on appelle les croquants et s’attaquent aux seigneurs, aux collecteurs d’impôts et aux officiers de justice. La noblesse locale, qu’elle soit catholique ou convertie au protestantisme, s’unit pour écraser le mouvement en 1595. Le roi finit Henri IV par intervenir en faveur des croquants, qui reprendront pourtant leur mouvement quelques années plus tard.
Et la province devient département
Le 18e siècle apporte fort heureusement la quiétude au Périgord, touché de plein fouet par la Fronde, entre 1648 et 1653. La Révolution, qui ébranle Paris en 1789 et bouleverse l’ordre établi, reste somme toute assez limitée en terres périgourdines.
La fin de la monarchie et l’arrivée au pouvoir des révolutionnaires se traduisent par un redécoupage du pays. En 1790, les députés de l’Assemblée constituante décident de la création des départements, après avoir mis fin aux privilèges de certaines provinces.
Le comité, créé pour l’occasion, envisage dans un premier temps de donner naissance à 81 subdivisions de 70 kilomètres de côté, s’inspirant du découpage des États américains. Au terme de longues négociations politiques, surtout liées à des préoccupations électorales, la délimitation des futurs départements se dessine. Leur nombre est fixé à 83, selon le décret du 26 février 1790. Il est également décidé que le nom de ces départements doit rompre avec celui des anciennes provinces. Les noms de rivières, de fleuves ou de montagnes retiennent l’intérêt des députés révolutionnaires.
C’est donc de cette manière que disparaît le terme de Périgord au profit de celui de la Dordogne, son principal cours d’eau. La nouvelle dénomination est officiellement actée le par décret le 26 février 1790.
C’est donc la Dordogne qui a donné son nom au département, en 1790 – Crédit photo: : Krzysztof Golik – Own work – CC BY-SA 4.0
D’un point de vue géographique, le département épouse à peu près la même délimitation que le Périgord. Il se compose de presque toutes les communautés paroissiales de l’ancienne province, d’une petite partie de l’Agenais, du Limousin et de l’Angoumois.
Tout au long des siècles, depuis les Prétrocores, il est intéressant de constater que le territoire a su conserver son unité et assurer sa continuité.
Pourquoi continue-t-on d’employer le terme de Périgord ?
La longue histoire de ce « petit pays » explique sans doute le maintien du terme Périgord auprès de ses habitants et de bon nombre de ses visiteurs. Le Périgord évoque certes une certaine nostalgie, mais aussi le poids de la culture locale, des traditions et d’une certaine authenticité. La Dordogne, pour sa part, revêt un caractère plus administratif.
Les producteurs locaux n’hésitent d’ailleurs pas à privilégier cette dénomination, un peu comme une appellation. On parle ainsi de « noix du Périgord », de « foie gras du Périgord » et de « truffe du Périgord ».
C’est aussi un argument touristique solide, orienté vers le prestigieux patrimoine et la diversité de ses paysages. D’ailleurs, ne parle-t-on pas des quatre Périgord ? Le Périgord Noir, dans le Sarladais, tient son nom des vastes forêts sombres de chênes. Le Périgord Blanc trouve son origine dans la présence des plateaux calcaires. Le Périgord Vert s’illustre par sa végétation omniprésente, que viennent alimenter de nombreux cours d’eau. Enfin, le Périgord Pourpre est celui du vignoble du Bergeracois.
Quand une exploitation agricole se transforme en réserve naturelle régionale
Malgré l’intensification de l’agriculture, la ferme du Moulin de la Ville lutte pour protéger et préserver un milieu naturel à la riche biodiversité.
Olivier Sorondo 13 décembre 2020 – Dernière MAJ : le 14 décembre 2020 à 19 h 09 min
Crédit photo: CPIE Pays de Serres-Vallée du Lot- Association ARPE 47
Une certaine vocation écologique
C’est à toute proximité de la bourgade de Tombebœuf que se trouve la ferme du Moulin de la Ville.
Pendant fort longtemps, les propriétaires, la famille Piveteau, se sont livrés à la polyculture, assez massive en Lot-et-Garonne.
Pourtant, la dernière génération a décidé de revoir son modèle, excédée par l’agriculture intensive et l’utilisation des produits phytosanitaires.
« Mes parents étaient des écolos sans le savoir. Pendant leur activité, ils ont observé les oiseaux, les insectes et les fleurs présents sur leurs terres et n’ont pas voulu que tout cela disparaisse. Ils n’ont pas souhaité vendre à d’autres agriculteurs pour faire du tournesol ou du blé » précise Lydie Piveteau, la propriétaire, à Céline Belliard de Rue 89 Bordeaux (09/11/2020).
Dès les années 90, la famille a eu à cœur de valoriser ses terres, en traçant un circuit de promenade au sein de la forêt alluviale et en maintenant les espaces semi-naturels dans un bon état de conservation.
De fait, les 12 hectares de l’exploitation, dont une partie a été reconvertie en prairie de fauche depuis une vingtaine d’années, constituent un domaine préservé au cœur d’un territoire tout entier dédié à l’activité agricole.
Le paradis de la biodiversité
Depuis le retour à la vie « sauvage », le domaine du Moulin de la Ville s’est transformé en véritable îlot de quiétude. Les milieux naturels se sont développés, à l’instar des prairies humides ou permanentes, de la lande à fruticée, des ruisseaux, de la chênaie mésophile, des forêts alluviales ou encore des pelouses à orchidées.
La flore laisse découvrir des espèces protégées, comme la jacinthe romaine, la tulipe sylvestre et l’orchis à fleurs lâches.
Ce retour en force du monde végétal contribue à celui de la faune, qui se révèle riche et variée. Au total, plus de 300 espèces ont été recensées, dont 95 sont protégées au niveau national. Les différentes études ont ainsi permis de recenser de nombreux oiseaux, qu’ils soient nicheurs ou pas, parmi lesquels la chouette hulotte, le busard Saint-Martin, le milan royal et le héron pourpré.
Parmi les mammifères, le site abrite des renards roux, des blaireaux, des lapins de garenne, des putois d’Europe et même des loutres. L’endroit présente un écosystème favorable à l’accueil des musaraignes et des chauves-souris, qui se seraient déjà installées, selon les premières études.
Les amphibiens trouvent sur place toutes les conditions propices à leur développement. Les différents inventaires ont ainsi permis d’identifier la présence de tritons marbrés et de pélodytes ponctués.
Enfin, cinq espèces de reptiles ont été observées, dont le lézard vert ou la couleuvre à collier. Le site offre en effet de nombreux milieux favorables aux serpents (haies, zones humides, prairies…), laissant d’ailleurs supposer la présence de la couleuvre d’Esculape, inconnue en Lot-et-Garonne.
En route pour le classement !
L’implication des propriétaires a permis, au cours des dernières années, de préserver le site, riche d’une grande biodiversité que nourrit la mosaïque d’habitats naturels. Leurs efforts ont déjà permis d’obtenir le label départemental « Espace Naturel Sensible » depuis 2011.
Surtout, la famille Piveteau a su se tourner vers l’association ARPE 47 (CPIE Pays de Serres-Vallée du Lot) pour l’aider à pousser plus loin son ambition et prétendre au classement en Réserve Naturelle Régionale (RNR), un précieux sésame qui permettrait de faire face aux pressions agricoles environnantes.
Depuis déjà quelques années, l’association procède à un référencement méticuleux des nombreuses espèces qui composent le territoire. Le souhait est de constituer un dossier solide en vue du futur classement. Une première sollicitation du Conseil Régional a d’ailleurs été initiée dès 2014 afin de mieux cerner les modalités administratives nécessaires à l’obtention du statut de RNR.
Les démarches juridiques n’empêchent bien sûr pas d’ouvrir le site aux visiteurs, à travers des sorties thématiques. Le public peut ainsi observer les amphibiens, mammifères et oiseaux, découvrir le verger riche de nombreuses variétés anciennes ou plus simplement s’imprégner de la beauté des lieux.
Il est également prévu d’y organiser des échanges sur l’agroécologie en partenariat avec des professionnels de l’agriculture (INRA, Agrobio47, Conservatoire Végétal d’Aquitaine de Montesquieu).
Enfin, le CPIE poursuit son action en assurant notamment le suivi des populations d’orchis bouffons et de tulipes sylvestres et en organisant différents ateliers participatifs, à l’instar des pêches de l’écrevisse de Louisiane, espèce invasive.
La politique de préservation du site passe aussi par la mise en place d’évènements (projection de films, randonnées …) destinés au public afin de le sensibiliser à la valeur patrimoniale de ce petit bout de paradis.
Quatrième volet de notre série consacrée aux spécialités apéritives conçues et fabriquées dans le Sud-Ouest. Après la Dordogne, les Landes et le Pays basque, c’est la Gironde qui nous ouvre son buffet.
Olivier Sorondo 28 novembre 2020 – Dernière MAJ : le 1 avril 2021 à 14 h 58 min
Crédit photo : Maison Lillet – Facebook
NB : Cet article n’est pas un publirédactionnel. Aucune rétribution n’accompagne la citation des produits ou la publication des liens hypertextes, précisés à seul titre informatif.
Il va sans dire que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Il convient donc de découvrir ces apéritifs avec la modération qui s’impose.
Lillet superstar
C’est dans la charmante commune de Podensac, au Sud-Est de Bordeaux, qu’est née la Maison Lillet en 1872. Les frères Lillet, liquoristes et négociants, profitent du foisonnement du port de Bordeaux pour accéder à des multiples épices, écorces et fruits en provenance des Antilles.
En 1887, ils donnent naissance au Lillet blanc, assemblage de vins du Sauternais, de liqueurs de fruits exotiques et de quinquina (la recette originale reste secrète !). Vieilli plusieurs mois en fût de chêne, le breuvage laisse éclater en bouche des arômes d’orange confite, de miel et de résine de pin.
Le produit rencontre un succès local rapide puis part à la conquête du pays et de l’Europe au terme de la Première Guerre mondiale.
Au début des années 60, l’apéritif bordelais conquiert même les États-Unis. C’est d’ailleurs à l’attention des consommateurs américains que Pierre Lillet conçoit le Lillet rouge en 1962. La boisson se veut plus tanique en bouche, sur la base de fruits rouges bien mûrs et de parfums prononcés d’orange fraîche.
Le Lillet rosé, mélange de Lillet blanc et rouge, complète la gamme, offrant une légère acidité en bouche.
Même si l’équipe en charge de sa production ne dépasse pas les huit artisans, défenseurs d’un savoir-faire certain, le Lillet s’écoule à près de 7 millions de bouteilles dans le monde entier. On le déguste frais, entre 6 et 8°C, sur un nid de glaçons avec une rondelle d’orange ou de citron vert. Le breuvage se prête aussi parfaitement aux cocktails.
D’autres spécialités quand même
Également conçue à base de vin, la Garluche ne suit pas la même ambition commerciale que le Lillet, ce qui ne l’empêche pas de revendiquer crânement sa place parmi les apéritifs girondins. Léger, peu sucré, le produit résulte d’un assemblage de vin blanc de Bordeaux, de sucre de canne, de rhum de Martinique, de caramel et de zestes d’orange amère.
Inventée par le grand-père Bauer au début du 20e siècle, la recette finit par être transmise à Philippe, le petit-fils, qui décide de lancer la commercialisation du produit en 1990.
Après avoir trouvé le nom, tiré d’une pierre de construction landaise, de même couleur rouille que son apéritif, Phillipe installe son atelier de production à Blanquefort. Aujourd’hui, 20 000 bouteilles s’écoulent chaque année, principalement dans le Sud-Ouest, mais aussi grâce à la vente en ligne.
Crédit photo : Cave La Tulipe
Et pourquoi ne pas mentionner Le Broc ? Cet apéritif artisanal reçoit de jeunes pousses des petits pruniers sauvages, que Laurent Fermis, le producteur, laisse macérer plusieurs jours dans du vin rouge, blanc ou rosé, en y ajoutant du sucre et du miel.
« Le rouge a un petit goût de cerise et d’amandes, le blanc celui de l’amande douce, et dans le rosé sont rajoutées des pointes d’agrumes bio, orange, pamplemousse et citron » indique Laurent au Républicain de Sud Gironde (23/05/2015).
La production annuelle reste somme toute assez modeste, aux alentours du millier de bouteilles. Les amateurs d’apéritif en quête de nouveauté peuvent passer commande directement à la propriété (06 80 08 16 62).
Mais l’apéritif, c’est aussi la simplicité, comme l’illustre fort bien le kir médocain. Le petit secret ? Remplacer le vin blanc par un bon rosé, et même un rouge, tout en conservant bien sûr le fond de crème de cassis (et même la crème de mûre pour le rouge). Goûtu.
Dans le foisonnement des vins blancs de Bordeaux
Sec, liquoreux, mousseux… C’est un choix pléthorique et parfois difficile qui se dessine pour celle ou celui qui souhaite précéder son repas d’un bon verre de vin blanc.
Le Bordeaux sec, essentiellement à base de Sauvignon et de Sémillon, est le plus répandu en Gironde, à travers un vignoble de 6 500 ha. Servi frais, il offre, en plus de sa belle acidité, des notes aromatiques boisées ou de fruits, toujours agréables en bouche. Le cépage Muscadelle, plus rare, apporte pour sa part des arômes sauvages et musqués, qui conviennent tout à fait à l’apéritif.
Les fans de la chose sucrée se tourneront plutôt vers les blancs moelleux ou liquoreux, parmi lesquels se détache presque immédiatement le Sauternes. Parfait compagnon du foie gras, complice du fromage bleu, ami des desserts, il s’invite aussi à l’apéritif, à condition de ne pas le servir avec du saucisson ou des cacahouètes. On préférera des pruneaux au lard ou des tranches de pain brioché au chèvre.
Mais la région située entre Cadillac et Langon, que vient découper la Garonne, offre d’autres opportunités de vins blancs liquoreux. Ainsi, l’AOC Barsac profite du microclimat qui contribue au développement de la pourriture noble, cette dernière permettant de concentrer le sucre dans le raisin. Il en ressort un vin de grande qualité, que l’on dit racé et onctueux.
C’est aussi le domaine du Loupiac, dont les vignobles se trouvent sur la rive droite de la Garonne, face à ceux de Barsac. La vendange reste manuelle afin de ne récolter que les raisins gorgés de sucre. Au final, le vin se révèle élégant, bien équilibré, onctueux sans pour autant sacrifier son profil aérien.
By Madrapour – Own work, CC BY-SA 3.0
On produit également des mousseux dans le Bordelais, commercialisés sous l’AOC crémant de Bordeaux depuis 1990, selon diverses déclinaisons : brut, demi-sec ou doux, en fonction de la teneur en sucre rajouté.
Sa qualité dépend en partie des galeries creusées dans les coteaux à toute proximité de la Garonne, garantissant une humidité importante et une amplitude thermique faible, indispensables à la prise de mousse.
Le royaume des brasseries locales
La Gironde n’est pas seulement une terre de vin, c’est aussi, et de plus en plus, celle de la bière. Pas moins de 53 brasseries artisanales (elles étaient 32 en 2018) occupent aujourd’hui le marché départemental.
Cette profusion représente autant d’opportunités pour les consommateurs, à même de puiser parmi une très riche variété de bières.
Crédit photo : Brasserie La Canaulaise
Ainsi, La Canaulaise propose une gamme limitée de bières, signe de qualité et de vocation artisanale. Toutes les bières, de fermentation haute, restent trois semaines en cuve et autant de temps en bouteille. Aucune opération de filtrage ou de pasteurisation n’intervient, dans le respect du goût authentique.
La blonde développe une saveur qui tend vers le biscuit et le caramel alors que la blanche revendique sa légère acidité et son goût d’agrumes orangés, parfaite après une session de surf juste à côté.
La brasserie Gasconha, fondée en 2010, peut déjà revendiquer une certaine ancienneté. Localisée à Pessac, elle regroupe aujourd’hui quatre salariés et affiche une production annuelle de 2000 hectolitres. Son ambition est avant tout « de changer les goûts des consommateurs, habitués aux grands groupes et à de la bière de basse qualité ».
Pour cela, la brasserie privilégie le brassage traditionnel des « real ales » britanniques, loin des objectifs de rendements élevés. Les bières ne reçoivent aucun additif ni conservateur, et ne sont pas non plus filtrées ou pasteurisées.
Deux gammes, la Gasconha et l’Alouette, sont proposées par la brasserie. À titre d’illustration, la Gasconha Seigle se révèle surprenante avec sa robe noire profonde, sa texture lourde et ses arômes de café nés de la torréfaction des malts. L’étonnement entraîne parfois la gourmandise.
S’amuser et se régaler sans alcool
Fondée en 1879, la Maison Meneau peut se targuer d’être une véritable institution en Gironde et même au-delà. À l’époque, l’entreprise familiale fabriquait des eaux-de-vie, dont des liqueurs, avant de dédier entièrement sa production aux sirops, jus de fruits et même smoothies.
La Maison Meneau a fait le choix du bio et du commerce équitable pour l’ensemble de ses produits. Si les frères Lassalle Saint-Jean concoctent en permanence de nouvelles recettes, les classiques continuent d’être plébiscités par les consommateurs. « On n’a jamais voulu toucher à la recette de grenadine de notre père » admet ainsi Philipe Lassalle Saint-Jean à Elsa Provenzano, du journal 20 minutes (07/04/2019).
Dans la catégorie des sirops, le choix se veut aussi riche qu’original : noisette, caramel, agave, citron vert, vanille, cola… L’entreprise produit également des thés glacés (comme celui au citron-thym), des jus et des smoothies (açaï-myrtille). De quoi prendre l’apéritif tous les jours.
Presque un siècle et demi d’histoire – Crédit photo: Maison Meneau
Si l’on souhaite une boisson 100% girondine, il convient de mélanger son sirop Meneau avec de l’eau minérale Abatilles, elle aussi jouissant d’une belle réputation. Avant d’être puisée au cœur du Bassin d’Arcachon, l’eau naturelle a parcouru un long chemin depuis le Massif Central, lui permettant de se charger de minéraux (roche, sable, argile).
La renommée des vignobles bordelais sert aussi la production de jus de raisin. Le producteur Didier Goubet, situé dans la Drôme, accorde une grande importance à la qualité de son jus, conçu sur la base du même cépage que celui des vins blancs de Bordeaux, le Sémillon. Obtenu par pressurage direct de la vendange, sans additif ni sucres ajoutés, son jus de raisin bio cherche également à flatter le palais à travers des arômes de pêche blanche, de coing et de miel.
Pour sa part, le château Rioublanc produit un jus de raisin bio élaboré à partir de Merlot. La boisson existe en version tranquille ou pétillante, cette dernière promettant une belle rondeur en bouche et une vraie fraîcheur grâce à l’effervescence. Comme l’indique la fiche technique du produit, « la magie de la pasteurisation est de conserver ce caractère bourru, caractéristique des vendanges. »
Le choix d’amuse-gueules bien, bien riches
En Gironde, l’on peut sans problème piocher parmi les spécialités charcutières pour composer son apéritif. Ainsi, pourquoi ne pas se tourner vers un joli morceau de grenier médocain, le découper en dominos, servis ensuite piqués d’un cure-dent ? Pour rappel, la recette du grenier médocain traditionnel n’accepte qu’un ingrédient principal, l’estomac de porc. Après avoir été dégraissé et lavé, il est assaisonné de sel, poivre et ail haché puis roulé sur lui-même et enfin plongé dans un court-bouillon de légumes pendant 3 heures.
Dans la même catégorie calorique, le célèbre grattons bordelais, servi sur de petites tranches de pain, peut tout à fait s’inviter à l’apéritif. Inventé par une charcutière lormontaise à la fin du 19e siècle, le produit fait appel aux meilleures pièces de jambon, d’épaule et de longue pour la partie maigre ; le gras étant pour sa part composé de couenne et de barde. On dit que la réputation du produit fut rapide et franche à sa sortie, poussant les Bordelais à traverser la Garonne pour venir se régaler le dimanche dans les guinguettes de Lormont.
Pure spécialité de Bordeaux, le cannelé se décline aussi en version salée. Audrey, productrice, propose toute une gamme de mini-cannelés (tous sans gluten) qui feront sensation auprès des convives. Différentes déclinaisons sont aujourd’hui vendues : chèvre-miel, curry, comté-chorizo, olives-pesto…
Un peu d’audace et d’originalité dans notre grignotage – Crédit photo : Crackers Résurrection
Enfin, impossible de conclure ce rapide passage en revue des produits locaux sans citer les crackers Résurrection, fabriqués selon une démarche écoresponsable. L’origine de la recette remonte à la découverte des drêches, ces céréales d’orge maltée ayant servi à la fabrication de la bière. Sorties de la cuve du brasseur, elles sont recyclées et mélangées à d’autres ingrédients nobles afin de donner naissance à de délicieux crackers, originaux à souhait : « châtaigne, carvi & curcuma », « duo de lin & piment d’Espelette » ou encore « figue & noix du Périgord ».
Cette satanée crise sanitaire ne doit pas non plus nous détourner des bonnes et vieilles traditions du Sud-Ouest, à l’instar des marchés au gras. Les premiers ouvrent ce mois-ci en terres périgourdines et landaises.
Olivier Sorondo 18 novembre 2020 – Dernière MAJ : le 18 novembre 2020 à 16 h 49 min
C’est un rendez-vous immuable, depuis des siècles, alors que l’automne s’est déjà bien installé et que l’hiver se profile doucement. Le mois de novembre sonne l’ouverture des marchés au gras, qui laissent supposer des repas festifs au sein de familles retrouvées pendant les vacances de Noël. Comment expliquer cette période précise de l’année ? Il semblerait que les producteurs de gras ne gavaient leurs animaux que pendant l’hiver il y a quelques décennies, et la saisonnalité a été respectée.
Autre élément important : seule l’oie était gavée, et pas encore le canard.
Aujourd’hui, les marchés au gras permettent aux consommateurs de trouver tous les produits entiers, mais aussi de découpe, en semi-conserve ou en conserve : foie gras, mi-cuit, poêlé, rillettes, magret fourré au foie gras, gésiers.
En parallèle, des ateliers sont proposés aux amateurs, comme celui pour apprendre à déveiner correctement un foie gras ou à cuisiner une terrine selon les règles de l’art.
Ces rendez-vous représentent des moments importants pour les producteurs, en contact direct avec leurs clients. C’est aussi l’occasion de profiter de bonnes affaires, de goûter aux produits locaux, de recevoir des conseils précieux et, surtout, de s’imprégner d’une ambiance profondément gasconne, même avec un masque sur le nez.
Guide pratique
Quelques rendez-vous :
Dordogne :
– Périgueux, place Saint-Louis : le mercredi et le samedi matin de début novembre à mi-mars. – Thiviers, place Foch : le samedi matin, de début novembre à fin février. A ne pas manquer en janvier (date à déterminer) : concours des meilleurs produits du canard et de l’oie, défilé des confréries, animation musicale. – Ribérac, place Pradeau : le vendredi matin, de la mi-novembre à la mi-mars – Saint-Astier, halle de Saint-Astier : le jeudi matin de novembre à avril. – Excideuil, halle municipale : le jeudi matin de début novembre à début mars. – Terrasson-Lavilledieu, rue Jean Rouby : le jeudi matin, de décembre à février. – Sarlat, place Boissarie : le samedi matin, de décembre à février.
Landes :
– Villeneuve de Marsan, marché couvert : le mercredi matin, d’octobre à avril. – Dax, carreau des halles : le samedi matin, de novembre à mars. – Mont-de-Marsan, marché Saint-Roch : le mardi et le samedi matin, de novembre à février. – Peyrehorade, les halles : le mercredi matin, de novembre à mars. – Saint-Sever, place de la halle : le samedi matin, de novembre à mars.
Ouvert en 2016, non loin de la grotte originale, le Centre International de l’Art Pariétal restitue parfaitement la magie de Lascaux, entre rigueur scientifique et émotion du public.
Olivier Sorondo 14 novembre 2020 – Dernière MAJ : le 14 novembre 2020 à 17 h 26
Crédit photo :JanManu – CC BY-SA 4.0
De l’extraordinaire découverte à la fermeture sanitaire
L’histoire est connue de tous, à en devenir une légende.
En septembre 1940, Marcel Ravidat, jeune apprenti garagiste, tente de se glisser dans un petit trou de renard, situé dans les bois de Lascaux, non loin de Montignac. Surnommé le « trou du Diable » par les villageois, il s’agirait de l’entrée d’un souterrain susceptible de mener au manoir de Lascaux.
Mal équipé, Marcel renonce à son projet, mais revient quatre jours plus tard, le 12 septembre, avec trois amis et quelques outils. Ensemble, ils agrandissent l’orifice de l’anfractuosité, ce qui permet enfin à Marcel de s’introduire dans une petite cheminée verticale, bientôt suivi par les autres garçons.
Ensemble, ils traversent une salle d’une trentaine de mètres de long, qui se dévoile à la faible lueur de la lampe à acétylène. Lorsque les parois de la grotte finissent par se resserrer, le petit groupe aperçoit les premières peintures d’animaux, admirablement exécutées.
Les quatre amis ignorent qu’ils viennent de découvrir l’une des plus belles grottes ornées préhistoriques jamais mises à jour. Les 1 900 représentations (peintures et gravures) datent de 19 000 à 17 000 ans.
L’exploitation touristique qui s’ensuit permet d’attirer plus d’un million de personnes entre 1948 et 1963. Les premiers signes d’altération sont constatés dès 1955, dus à l’excès de dioxyde de carbone généré par la respiration des visiteurs. Malgré diverses tentatives de ventilation et de filtrage, des micro-organismes envahissent les parois et les œuvres, poussant le ministre de la Culture, André Malraux, à interdire définitivement l’accès à la grotte, en 1963.
La série des fac-similés
La fermeture pose rapidement la question d’une alternative crédible, à même de contribuer à la promotion du lieu, jugé exceptionnel, et à sa portée culturelle.
Le premier fac-similé, Lascaux 2, ouvre ses portes le 18 juillet 1983. Construit à moins de 200 mètres de la grotte originale, il ne propose au public qu’une reproduction partielle, limitée à la Salle des Taureaux, à la Nef et au Diverticule axial. Les concepteurs ne s’attendent pas au succès, d’autant plus qu’aucune campagne de communication n’a entouré l’ouverture du site. C’est pourtant tout le contraire qui se produit. Dès la fin du mois de juillet, ce ne sont pas moins de 2 000 personnes qui se pressent chaque jour à Lascaux 2 pour y admirer le travail de reproduction, confié à l’IGN, d’après ses relevés stéréo-photogrammétriques.
Une reproduction d’auroch exécutée pour Lascaux 2, aujourd’hui visible au Centre pariétal – Crédit photo: FranceSudOuest
Le succès se confirme tout au long des 33 ans d’existence de Lascaux 2, avec plus de 10 millions de visiteurs. Néanmoins, ce passage incessant du public finit par fragiliser le couvert végétal et par entraîner des infiltrations d’eau au sol, qui menacent la grotte originelle, située en souterrain. La colline est donc classée zone protégée, le fac-similé est démonté et le projet d’une reconstitution encore plus ambitieuse commence à occuper l’esprit des promoteurs de Lascaux.
Entre-temps, c’est une aventure mobile qui est proposée au public de France, mais aussi du monde entier. Lascaux 3 peut en effet être considéré comme un véritable fac-similé « hors les murs ».
Inaugurée en 2012 à Bordeaux, l’exposition reprend cinq parois ornées et dévoile les œuvres les plus emblématiques de la grotte, reconstituées sur de larges panneaux, tels les « bisons adossés », « la scène du puits », « la vache noire » ou encore « la frise des cerfs ».
Le projet permet surtout au public du monde entier de découvrir, en grandeur nature, la richesse de la grotte originelle et de ressentir, peut-être, la même émotion que celle des quatre gamins en 1940.
Une nouvelle fois, le succès est au rendez-vous : Paris, Bruxelles, Genève, Séoul, Tokyo, Shanghaï, Houston, Montréal… L’exposition suscite à chaque fois la curiosité du public, attirant au total plus de 2 millions de visiteurs.
Lascaux 4, comme une évidence
C’est un fait : Lascaux suscite l’engouement populaire, aussi bien en France qu’à l’étranger. Si le site Lascaux 2 a permis de préserver la grotte, il a aussi généré quelques frustrations chez les promoteurs, soucieux d’offrir au public un fac-similé ambitieux, fidèle à l’original, promettant une véritable immersion dans cet exceptionnel univers du paléolithique.
C’est à ce titre qu’un budget de près de 60 M€ est réuni par différents acteurs, dont le Conseil départemental de la Dordogne, la Région, l’État ou l’exploitant Sémitour.
Initié en 2013, le chantier revient aux équipes spécialisées de l’Atelier des Fac-Similés du Périgord, situé tout près, à Montignac. Avant même d’envisager la copie des œuvres pariétales, le premier défi consiste à reproduire fidèlement la grotte, en respectant chaque anfractuosité de la roche, sur une superficie de 900 m².
Les techniciens, qui s’appuient sur les données 3D de la grotte originale, exécutent d’abord un fraisage numérique des blocs de polystyrène, qui constituent les 53 panneaux destinés à former les parois et le plafond. Ensuite, les sculpteurs restituent « le moindre creux ou bosse, jusqu’au grain de la roche, à la main, avec parfois des outils de dentiste » raconte Francis Ringenbach, le directeur artistique de l’Atelier, cité par Sud-Ouest dans son numéro spécial.
Ces parois sont ensuite moulées en résine industrielle, recouverte d’un voile minéral puis patinées pour afficher la couleur de la roche.
Ensuite, ce sont les faussaires de génie qui prennent le relais, et la tâche s’annonce immense : reproduire au millimètre près les 680 fresques et 1500 gravures. Chaque artiste dispose d’une capture numérique de l’œuvre à copier diffusée sur la paroi par un vidéoprojecteur, à l’instar d’un système de calque.
Les artistes de l’AFSP en plein travail sur le chantier de Lascaux 4 – Crédit photo: Atelier des Fac-Similés du Périgord
La première difficulté repose sur l’utilisation des mêmes techniques et matériaux que celles utilisées il y a 20 000 ans. S’agissant des pigments naturels, les ocres, les jaunes et les rouges sont obtenus à base d’oxyde de fer alors que l’oxyde de manganèse donne naissance au noir attendu. Les peintres reconstituent également les pinceaux similaires à ceux des premiers habitants et adoptent leurs techniques, comme celle consistant à projeter la poudre de pigment par effet soufflé à l’aide d’un tube.
Le défi suivant consiste, pour chacun des artistes, à ne pas ajouter sa touche personnelle à l’œuvre copiée. « « C’est le plus dur. On est souvent nombreux à peindre sur une même paroi. Mais ça ne doit pas se voir. L’ensemble doit rester cohérent et, surtout, il faut que l’œuvre soit respectée » explique ainsi Beth O’Reilly, l’une des peintres, au Monde en 2016. Après une trentaine de mois d’effort, de concentration, le fac-similé le plus abouti de Lascaux est enfin terminé.
Une reproduction qui impressionne
À la différence des précédents fac-similés, Lascaux 4 ne suscite aucun sentiment de frustration chez ses concepteurs, bien au contraire. « L’émotion est intacte. Ce n’est pas une simple copie. C’est une œuvre » avoue Germinal Peiro, le Président du Conseil départemental de Dordogne interrogé par Sud-Ouest.
Jean Clottes, le spécialiste de l’art pariétal, se dit également bouleversé après sa visite du Centre international de l’art pariétal (ou Lascaux 4) : « J’ai visité la grotte de Lascaux moult fois. Si je ne trouvais pas cette grande réalisation fidèle à l’originale, je ne serais pas venu. Il faut respecter le public, les gens sont sensibles à la très grande qualité, cela va de soi. Le conseil scientifique suit les travaux, demande des modifications et le résultat est là » indique-t-il à Ludivine Loncle, dans le Monde (13/12/2016).
Il est vrai que la découverte des lieux donne l’impression de pénétrer dans la grotte originale, à part bien sûr le parcours à suivre, parfaitement adapté à l’accueil du public.
Obscurité savamment travaillée, où seules les fresques profitent d’un éclairage discret, parois de la grotte fidèlement reconstituées, peintures et gravures minutieusement reproduites dans le moindre détail. Tout contribue à susciter l’intérêt puis l’émotion du visiteur, emporté par 20 000 ans d’histoire. Même la température des lieux (13°C en hiver 16°C en été) participe à l’immersion du public.
Il suffit de se laisser porter, tout au long de la visite, par les commentaires affûtés de la guide pour se persuader de la presque authenticité des lieux, comme l’impressionnante Salle des Taureaux ou le plafond du Diverticule axial, riche d’un formidable bestiaire.
Plus que jamais, la magie continue d’opérer, à quelques centaines de mètres du site original, aujourd’hui protégé et en convalescence. A la mi-juillet 2019, deux ans et demi après son ouverture, Lascaux 4 avait déjà attiré plus d’un million de visiteurs.
Adresse et contact : Avenue de Lascaux, 24290 Montignac – Tél. 05 53 50 99 10 Web: www.lascaux.fr – Facebook: www.facebook.com/LascauxOfficiel Ouverture : De fin janvier à fin octobre – Différents horaires en fonction des saisons – De 8h30 à 20h30 en juillet et août. Tarifs : Adulte (13 ans et +) : 20,00 € – Enfant (de 5 à 12 ans) : 12,90 € – Gratuit pour les moins de 5 ans – Tarif réduit pour étudiants, demandeurs d’emploi et handicapés.
Le Dogue de Bordeaux est-il vraiment originaire de Bordeaux ?
L’adorable toutou ne vient pas précisément de la capitale girondine, mais plutôt d’Aquitaine. Ses ancêtres auraient été introduits en Gaule dès le Ve siècle, lors des grandes invasions.
Olivier Sorondo – 5 octobre 2020 – Dernière MAJ : le 5 octobre 2020 à 20 h 17 min
Dure destinée que celle du Dogue de Bordeaux – Crédit photo: Sandra Carmen Maschke – Flickr
Un chien à l’ancienneté longue comme une patte
L’origine réelle du Dogue de Bordeaux suscite quelques interrogations, peut-être en raison de sa très longue histoire. Pour certains, ses ancêtres auraient accompagné les légions romaines dès le 1er siècle avant J.-C.
Pour d’autres, c’est aux Alains, un peuple iranien nomade, que l’on devrait son introduction sur notre sol. Lors de la période des grandes invasions, qui secouent l’Europe dès l’an 375, les Alains fuient devant les Huns et se retrouvent en Germanie. Ils franchissent ensuite le Rhin, accompagnés d’autres tribus en 407 et dévastent la gaule romaine, où ils s’installent pendant plusieurs décennies. L’Aquitaine n’échappe pas à leur emprise.
Ces guerriers, accompagnés de chiens de combat, auraient introduit l’Alano en Espagne, un molosse avant tout destiné à garder le bétail.
Une autre hypothèse suggère que le dogue de Bordeaux, race indigène, serait issu de croisements entre le Mâtin napolitain, le Mâtin du Tibet, l‘Alano espagnol et le Mastiff anglais. Cette piste de croisements semble vérifiée, quelle que soit l’origine réelle du chien.
La première littérature faisant allusion à l’animal revient au comte de Foix Gaston III qui, dans son Livre de chasse, mentionne un chien « dont la morsure est équivalente de celle de trois lévriers ».
Le Dogue de Bordeaux se développe principalement en Aquitaine, compagnon fidèle de la noblesse locale. Il se montre utile pour la chasse au gros gibier et indispensable comme gardien des domaines.
Quelques risques de disparition, quand même
Si la Révolution française est particulièrement difficile pour les aristocrates du Sud-Ouest (ou du pays d’ailleurs), elle l’est aussi pour les pauvres chiens, massacrés du fait de leur proximité avec leur maître. La race, géographiquement limitée, se retrouve menacée. Les quelques spécimens survivants quittent la splendeur des châteaux pour s’imposer comme gardiens de fermes.
Les conflits humains ne semblent décidément pas convenir au pauvre toutou, une nouvelle fois menacé d’extinction lors de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale. Il faut quand même dire que la race, malgré son ancienneté, reste plus discrète et moins répandue que celle des caniches ou des bergers allemands.
Crédit photo: pipilongstockings – Flickr
Il faut toute l’énergie de l’éleveur périgourdin Maurice Van Capel au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour installer durablement le Dogue de Bordeaux dans le paysage canin français. Son combat est relayé par Raymond Triquet, président de la Société des Amateurs de Dogues de Bordeaux, qui assure la promotion du chien, se démène pour sa reconnaissance et encourage son élevage.
La race n’est d’ailleurs officiellement reconnue par la Fédération Cynologique Internationale qu’en 1951.
C’est sûrement grâce à l’énergie de ces deux hommes que le Dogue de Bordeaux est un chien particulièrement apprécié, au-delà des frontières de l’Aquitaine et même du pays.
Ce molosse aime les enfants
Difficile de ne pas être impressionné en regardant un Dogue de Bordeaux. La bête a des arguments massifs à faire valoir : mâchoires larges, tête courte en forme de trapèze, corps puissant et musclé, avec un garrot bien marqué.
On l’imagine fort bien garder un domaine ou une maison, sachant se faire imposer sans trop d’effort.
Pourtant, le Dogue de Bordeaux est réputé être un excellent chien de compagnie, très heureux au sein d’une famille. Son instinct protecteur convient bien aux enfants, avec lesquels il se montre doux, patient et prévenant.
De nature plutôt tranquille, il aime jouer avec ses maîtres, dont il connaît toutes les habitudes. Pas têtu, bonne pomme, il se contente de deux balades par jour pour rester en forme. Une grosse peluche, quoi.
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